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Mondialisation, circulations, transnationalisation

Le changement d’échelle que représente la mondialisation des sociétés contemporaines, tout en s’inscrivant dans des historicités singulières et des temporalités plus ou moins distendues, interroge les outils des sciences sociales pour saisir les caractéristiques des acteurs, les échelles d’analyse et les espaces de pouvoir. L’objectif de ce groupe AFSP est de rassembler des politistes voulant ouvrir la boîte – parfois noire – du transnational, et cherchant à situer clairement nos échelles d’observation, questionner nos méthodes, et interroger la construction de nos objets.

 

Un acquis fondamental de la science politique contemporaine est d’avoir construit un relatif consensus sur la double-nécessité de décentrer la discipline et de l’émanciper de prismes d’analyse exclusivement étatiques, et ce dès lors que la production scientifique contemporaine s’attache à saisir les processus de circulation ou de transnationalisation, les logiques multi-scalaires ou encore la portée de mobilisations échappant aux médiations étatiques et, plus largement, aux enrégimentements institutionnels. Cependant, ce glissement des centres d’intérêts au-delà et en dehors de l’Etat occidental n’a pas débouché sur une transformation épistémologique et méthodologique de la même ampleur. La persistance d’un prisme étatique, conditionné par les échelles de production des données et l’organisation institutionnelle de la discipline plutôt que par les objets et enjeux étudiés, conduit à oblitérer les débats normatifs, épistémologiques et méthodologiques que devraient susciter le dépassement empirique du nationalisme méthodologique. Emerge ainsi une dissociation croissante entre des objets pensés comme transnationaux, circulants et/ou mondialisés, tandis que les cadres conceptuels reposent encore souvent sur la dissociation entre systèmes nationaux ou internes d’une part, internationaux ou externes d’autre part.

Au plan normatif, penser la science politique à partir de l’échelle mondiale, et banaliser l’étude de phénomènes transnationaux, conduit à renouveler l’approche de phénomènes que le prisme étatique avait d’abord marginalisés puis cantonnés à leur dimension illégale ou “turbulente”. Tout l’enjeu du décentrement consiste alors à saisir comment banaliser le fait que les logiques étatiques ne soient pas seules à faire système, tout en tenant compte de la permanence de la “portée infrastructurelle” de l’Etat et du fait que l’organisation étatique et interétatique du politique demeure le point de référence normatif et institutionnel des sociétés contemporaines.

Sur le plan épistémologique, les approches visant à dépasser la centralité de la distinction entre phénomènes internes ou extérieurs à l’Etat sont quant à elles confrontées au risque de sombrer dans la lecture univoque d’une « globalité » surplombante, qui risquerait d’écraser l’historicité des sociétés et la singularité des pratiques. Comment, dès lors, saisir des phénomènes pensés à priori comme « globaux » sans reconstruire et imposer des prismes dominants ?

En termes méthodologiques, enfin, l’étude de phénomènes mondiaux ou transnationaux incite à penser la représentativité des terrains d’observation, les liens qui se tissent entre échelles d’analyse, et les complémentarités entre analyses multiscalaires et trans-locales. Si l’on entend échapper à l’exclusivité du prisme étatique, peut-on élaborer une science politique globale à partir de terrains situés, et quel(s) point(s) de référence adopter pour saisir les implications des circulations de normes, d’acteurs ou de pratiques ?

 

Responsables scientifiques :

  • Delphine ALLES, professeure de science politique et directrice de la filière Relations internationales de l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), est chercheuse au Centre Asie du Sud-Est (CASE/UMR 8170). Son travail porte sur les approches extra-occidentales des Relations internationales et la confessionnalisation du système international, au regard de cas sud-est asiatiques et notamment indonésiens. delphine.alles@inalco.fr
  • Jacobo GRAJALES, professeur de science politique à l’université de Lille, est chercheur au CERAPS. Son travail porte sur les rapports entre politiques de sortie de conflit et enjeux fonciers. Ses terrains actuels sont la Côte d’Ivoire et la Colombie. jacobo.grajales-lopez@univ-lille.fr
  • Louise PERRODIN, doctorante en science politique à l’Université Paris-Est, est chercheuse au LIPHA et membre associée de l’Institut de Recherche sur l’Asie du Sud-Est Contemporaine (IRASEC). Sa thèse porte sur l’influence des normes internationales dans l’ancrage des exilés Rohingyas en Malaisie. louise.perrodin@univ-paris-est.fr

Juillet 2019 / CONGRES AFSP : Le groupe Inégalités et discriminations a organisé l’une des Sections thématiques du 15ème Congrès national de science politique.

Le groupe Mondialisation, transnationalisation, circulations a organisé une section thématique au congrès de l’AFSP à Bordeaux intitulée « Peut-on faire une science politique globale ? Enjeux normatifs, épistémologiques et méthodologiques ». D’une part, il s’est agi de réfléchir à l’articulation des échelles d’observation et la prise en compte de la circulation des acteurs fait à la construction des objets scientifiques. D’autre part, les débats ont été centrés sur les enjeux méthodologiques de ce changement d’échelle, qu’il s’agisse de la localisation d’un « terrain » d’observation, de l’identification des acteurs, de leur comparaison, ou encore des problématiques éthiques et scientifiques liées aux généalogies coloniales de nos catégories de lecture.
Retrouvez toutes les infos détaillées sur la ST…

Les Labels 2019-2020

Le groupe labellise des séminaires et groupes de recherche organisés par ses membres, en lien avec les questionnements développés ci-dessus.

Le séminaire Sociologie politique de l’international (SPI)

Des membres du groupe organisent chaque mois un séminaire intitulé « sociologie politique de l’international ». Il se donne pour but de présenter des travaux partageant une approche relationnelle et historiquement située d’objets de recherche engageant une réflexion sur l’ordre international, et construits sur la base d’enquêtes empiriques (observations, entretiens, archives, enquêtes ethnographiques). Son objectif est de contribuer au décloisonnement d’espaces académiques qui travaillent la question de l’international dans une perspective de sciences sociales : sociologie des élites, sociologie politique de l’économie, de la sécurité, ou des organisations internationales, histoire connectée, études postcoloniales, anthropologie, relations internationales, études du développement, ou encore les travaux adoptant une perspective aréale (telles que l’étude des mondes arabes, de l’Amérique latine…), etc. Il s’agit ainsi de dépasser les logiques propres à ces différents espaces disciplinaires et/ou thématiques pour favoriser des échanges plus transversaux.

Ce séminaire, dont le programme est disponible ici, peut-être suivi à distance par visio-conférence.

Le séminaire du Groupe de recherche sur l’action multilatérale (GRAM)

« Dans une perspective socio-historique et transdisciplinaire, le séminaire du groupe de recherche sur l’action multilatérale (GRAM) vise à interroger le changement à l’échelle internationale en prenant comme objet central les organisations internationales. Il s’agit moins d’un espace de présentation des travaux de recherche en cours que d’un moment de discussion collective autour de la recherche : sont privilégiées les questions relatives à l’état de la recherche, aux méthodes et aux résultats des recherches présentées par les invité.e.s. »

Vous trouverez ici le programme et la page de présentation du séminaire.

Aucun événement organisé par ce groupe.