Section thématique 17

L’européanisation des systèmes partisans en Europe

f Responsables

Mathieu Petithomme (IUE Florence) Mathieu.Petithomme@eui.eu
Nicolas Sauger (CEE) nicolas.sauger@sciences-po.fr

Présentation scientifique

Dates des sessions

Programme Résumés Participants

 

f Présentation scientifique

Depuis le milieu des années 1990, le terme « d’européanisation » est utilisé de manière croissante au sein de la littérature internationale comme un outil permettant de conceptualiser les réponses sociales et institutionnelles aux effets de l’intégration européenne. L’essor de ce concept et l’opérationnalisation d’approches empiriques cherchant à comprendre les mécanismes d’adaptation, de résistance ou de « traduction » des normes et des contraintes européennes au niveau national soulignent en fait une évolution de l’agenda de recherche relatif à l’intégration européenne (Mair 2004). En termes d’objets, les partis politiques et les systèmes partisans n’ont obtenu qu’une attention récente au sein de la littérature internationale portant sur les processus d’européanisation, de telle sorte qu’il est assez simple de dresser un panorama. Pendant longtemps, depuis les premières élections européennes en 1979, il s’agissait de comprendre dans quelles conditions des partis et un système de partis étaient en voies d’émergence au niveau communautaire (Bardi 1994; Hix 1996). Établir le lien entre partis politiques et intégration européenne revenait à s’intéresser aux modes organisationnels des «Euro-partis», à la dynamique des coalitions Euro-parlementaires ou au rôle décisionnel du Parlement Européen au sein du système politique de l’UE (Attina 1990, Ladrech 1993).

Le second courant de la littérature s’intéressa aux positions des partis sur l’enjeu européen, le plus souvent conceptualisés sur une ligne unidimensionnelle démarquant les pro-fédéralistes des eurosceptiques (Ray 1999; Aspinwall 2002). Cependant, plus récemment, Peter Mair a formulé plusieurs hypothèses relatives à l’impact limité de l’Europe sur la restructuration des systèmes partisans, tout en défendant que les effets du niveau européen peuvent aussi être indirects en limitant le répertoire d’action, les instruments et l’espace de la compétition politique au niveau national (Mair 2000 et 2006). Robert Ladrech a tenté de construire un cadre théorique systématique afin d’ouvrir un nouvel agenda de recherche relatif à l’«européanisation des partis politiques» en testant empiriquement les effets de l’intégration européenne sur l’organisation interne des partis, les divisions factionnelles, les changements programmatiques, la restructuration des systèmes partisans ou encore les relations entre partis nationaux et Euro-partis (Ladrech 2002). La première réelle étude empirique comparative portant sur l’européanisation des partis au niveau national s’est focalisée sur la dimension du changement organisationnel, soulignant notamment que l’intégration européenne tend à renforcer l’autonomie des exécutifs partisans une fois au gouvernement (Poguntke et al. 2007a et 2007b).

Au sein de la littérature francophone, aucune étude systématique comparée n’existe à ce jour sur l’européanisation des partis et des systèmes partisans. Céline Belot et Bruno Cautrès (2005) ont initialement posé les «premiers sillons sur un terrain en friche» en 2005, mais là encore le numéro spécial de Politique Européenne concerné comprenait des contributions portant sur les « différents facettes » des partis politiques, représentation communautaire, positionnement des partis, attitudes à l’égard de l’Europe et étude de cas.

La section thématique entend poursuivre, dans le champ francophone, ces premières analyses des effets de l’intégration européenne sur les partis, dans une perspective comparative. Elle s’appuie de ce fait tant sur des études de cas que des perspectives plus générales, au niveau européen. La section se structure autour d’une double distinction : distinction entre processus d’européanisation par institutionnalisation ou bien par pénétration pour reprendre la distinction posée par P. Mair (2007) d’une part ; distinction entre analyse au niveau des organisations des partis et étude des systèmes partisans d’autre part. C’est par le croisement de ces perspectives que pourront être ainsi abordées les questions de la formation hypothétique d’un système partisan au niveau européen, celle de l’européanisation des structures de la compétition politique nationale dans les différents pays de l’UE, et enfin de l’effet de l’intégration européenne sur les organisations et les positionnements des partis européens.

Références :
Aspinwall, M. (2002), “Preferring Europe: Ideology and national preferences on European integration”, European Union Politics, 3(1), pp. 81-111.
Attinà, F. (1990), “The voting behaviour of European Parliament members and the problem of the Europarties”, European Journal of Political Research, 18(5), pp. 557-579.
Bardi, L. (1994), “Transnational party federations, European parliamentary party groups, and the building of Europarties”, in Katz, R. S. and Mair, P., (eds.), How Parties Organize, London: Sage, pp. 357-372.
Belot, C. et Cautrès, B., eds, (2005), Vers une européanisation des partis politiques ?, Politique Européenne, n° 16.
Hix, S. (1996), “The Transnational Party Federations”, in Gaffney, J. (ed.), Political Parties and the European Union, London: Routledge, 123-46.
Ladrech, R. (1993), “Social Democratic Parties and EC Integration: Transnational Party Responses to Europe, 1992”, European Journal of Political Research, 24(1), pp. 195-210.
Ladrech, R. (2002), “Europeanization and Political Parties: Towards a Framework for Analysis”, Party Politics, 8(4), pp. 389-403.
Mair, P. (2000), “The Limited Impact of Europe on National Party Systems”, in Goetz, K. H. & Hix, S. (eds.), Europeanised Politics? Special Issue of West European Politics, 23(4), pp. 27-51.
Mair, P. (2004), “The Europeanization dimension”, Journal of European Public Policy, 11(2), pp. 337-348.
Mair, P. (2006), “Political Parties and Party Systems”, Graziano, P. and Vink, M., (eds.), Europeanization: New Research Agendas, Basingstoke: Palgrave Macmillan, pp. 154-66.
Poguntke, T., Aylott, N., Ladrech, R. & Luther, K. R. (2007a), “The Europeanization of National Party Organizations: A Conceptual Analysis”, European Journal of Political Research, 46, pp. 747-71.
Poguntke, T. Aylott, N., Carter, E., Ladrech, R. & Luther, K. R., eds. (2007b), The Europeanization of National Political Parties. Power and Organizational Adaptation, London: Routledge.
Ray, L. (1999), “Measuring Party Orientations towards European Integration: Results from an Expert Survey”, European Journal of Political Research, 36(2), pp. 283-306.

Since the mid-1990s, the concept of Europeanization has been increasingly used within the international scientific literature, as a tool for conceptualizing the social and institutional responses to the effects of European integration. Conceptual developments and the progressive operationalization of empirical approaches which have tried to delineate the mechanisms of adaptation, resistance or “translation” of the European norms and constraints at the national level, pinpoint an evolution of the research agenda related to European integration (Mair 2004). In terms of objects, political parties and party systems have only experienced a recent attention through the international literature dealing with Europeanization, so that it is relatively simple to define the current state of the art. For a long time, since the first European elections in 1979, the research agenda was focused on understanding under which conditions parties and a specific type of party system were emerging at the European level (Bardi 1994; Hix 1996). Establishing the link between political parties and European integration meant to be interested in the modalities of organization of “Euro-parties”, in the dynamic of Euro-parliamentary coalitions or in the role of decision of the European Parliament within the EU political system (Attina 1990; Ladrech 1993).

A second stream of the literature was interested in party positions over European integration, generally conceptualized on a one-dimensional line distinguishing pro-federalists from Eurosceptics (Ray 1999; Aspinwall 2002). However, more recently, Peter Mair has formulated various hypotheses related with the limited impact of Europe on the restructuration of national party systems, while defending that the effects of the European level can also be indirect, through the limitation of action repertoire, of the instruments and of the space available for competition at the national level (Mair 2000, 2006). Robert Ladrech has also intended to construct a systematic theoretical framework, opening a new research agenda related to the “Europeanization of political parties” by empirically testing the effects of European integration on internal party organizations, on factional divisions, on programmatic changes, on the restructuration of party systems or on the relations between national and Euro-parties (Ladrech 2002). The first real comparative empirical study on party Europeanization at the national level has been focused on the dimension of organizational change, showing that European integration tend to reinforce the autonomy of national party executives while in government (Poguntke et al. 2007a, 2007b).

Within the francophone literature, no systematic comparative study on the Europeanization of parties and party systems has emerged up to now. Céline Belot and Bruno Cautrès (2005) have initially “plough a furrow on a land which lies fallow”, but the concerned special issue of Politique Européenne included contributions dealing with the “different facets” of political parties from European representation, party positions, attitudes towards Europe to case studies.

The thematic section aims to pursue, within the French-speaking perspective, those tentative analyses on the effects of European integration on political parties, within a comparative framework. It builds as much on case studies as on more general outlooks, at the European level. The section is structured around a double distinction: on the one hand, a distinction between processes of Europeanization through institutionalization or through penetration as described by P. Mair (2004); and on the other hand, a differentiation between analysis at the level of party organizations and at the level of party systems. It is only through the complementary viewpoints provided by these perspectives that the questions of the hypothetic formation of a European party system, of the Europeanization of national political competition in the different EU member states, and of the effects of European integration on party organizations and party positions might be considered.


f Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 4 : 8 septembre 2009 16h-18h20
Session 5 : 9 septembre 2009 9h-11h20
Session 6 : 9 septembre 2009 14h-16h20
Voir planning général...

Lieu : UPMF / Galerie des Amphis (Amphi 2)


f Programme

Axe 1
La dynamique européenne

Axe 2
L'européanisation des partis et des campagnes électorales

Axe 3
L'européanisation des systèmes partisans


f Résumés des contributions

Axe 1

Mathieu Petithomme (IUE Florence), Nicolas Sauger (Sciences Po – CEE)

L’européanisation des partis politiques et des systèmes partisans

Depuis le milieu des années 1990, le terme « d’européanisation » est utilisé de manière croissante au sein de la littérature internationale comme un outil permettant de conceptualiser les réponses sociales et institutionnelles aux effets de l’intégration européenne. L’essor de ce concept et l’opérationnalisation d’approches empiriques cherchant à comprendre les mécanismes d’adaptation, de résistance ou de « traduction » des normes et des contraintes européennes au niveau national soulignent en fait une évolution de l’agenda de recherche relatif à l’intégration européenne (Mair 2004). En termes d’objets, les partis politiques et les systèmes partisans n’ont obtenu qu’une attention récente au sein de la littérature internationale portant sur les processus d’européanisation. Cette communication se propose de tracer les grandes lignes structurant ce champ de recherche.

The Europeanization of political parties and party systems

Since the mid-1990s, the concept of Europeanization has been increasingly used within the international scientific literature, as a tool for conceptualizing the social and institutional responses to the effects of European integration. Conceptual developments and the progressive operationalization of empirical approaches which have tried to delineate the mechanisms of adaptation, resistance or “translation” of the European norms and constraints at the national level, pinpoint an evolution of the research agenda related to European integration (Mair 2004). In terms of objects, political parties and party systems have only experienced a recent attention through the international literature dealing with Europeanization. This paper provides a general framework so as to understand key contributions and challenges to this literature.

Martin Pierre (IEP Grenoble), Vieira Mathieu (IEP Grenoble)

Existe-t-il un système partisan européen ?

Si la science politique a traité du phénomène partisan au niveau européen en produisant une littérature abondante sur les Europartis, elle ne s’est penchée que très rarement sur l’émergence possible d’un système de partis au niveau européen. Pourtant, le système partisan ne livre-t-il pas la clef la plus pertinente pour comprendre le système politique européen ? L’étude du système que forment les groupes politiques au Parlement européen et les fédérations transnationales de partis nous invite à aborder la problématique de la représentation dans l’Union européenne et la question du double déficit, démocratique et en légitimité, dont elle souffre.
Comment qualifier cet « objet politique non identifié » ? Doit-on parler comme certains observateurs de « système de partis européen naissant » ou « embryonnaire » ?
Nous proposons d’analyser si ce système de forces politiques européen correspond à la définition de A. Dézé et N. Sauger comme « L’ensemble structuré des interactions résultant de la compétition et de la coopération pour la conquête du pouvoir entre partis d’un système politique donné ». Ce qui pose directement la question de la nature du pouvoir du Parlement européen et de celui que peuvent exercer les groupes parlementaires et les « partis européens » dans le cadre de l’Union européenne.

Does exist a European party system ?

While the political science have studied the party phenomenon at the European level by producing significant literature on Europarties, they have rarely investigated the possible emergence of a party system therein. However, is it not this very investigation that would give us a more comprehensive understanding of the European political system?
The study of the system formed by both the political groups at the European Parliament and the transnational federations of parties invites us to consider the joint issues of representation in the European Union and its double deficit, both of democracy and of legitimacy.
How do we describe this “unidentified political object”? Are we right to talk, like certain observers, of a “nascent” or “embryonic European party system”?
We intend to examine if this European system meets the definition, as produced by A. Dézé and N. Sauger, of a “structured set of interactions resulting from both competition and cooperation between parties of a given political system in the pursuit of power”. Of particular interest is the nature of the power of the European Parliament as well as the potential power exerted by parliamentary groups and “European parties” within the European Union.

Shim Sung-Eun (Université Paris 10 – Nanterre)

Sont les partis du PE fidèles ? Les partis en oscillation entre la cohésion idéologique et la grande coalition

Les études récentes montrent que les partis du PE tiennent leurs préférences idéologiques, les cohésions autour du clivage gauche/droite, et que le PE fonctionne de même manière qu’un parlement national. Or, cette théorie ne sait échapper aux critiques qui en relèvent une erreur de méthode et une limite de portée. Une erreur de méthode, parce que dans cette théorie tous les votes sont traités d’égal à égal sans tenir compte des variations de poids des questions. Une limite de portée, parce qu’elle ne semble pas retracer l’évolution ou la volte-face parfois des préférences des partis.
Pour surmonter ces problèmes, j’analyse les résultats de votes sur une question relevée par la Commission et observe l’évolution des préférences à travers les questions importantes, telles que la directive Bolkestein et la réforme de la PAC. Dans le premier cas, le changement de préférences des partis est bien évident, car les partis de gauche ont changé leur position après les oppositions et les manifestations des citoyens-électeurs. Les partis du PE sont ainsi susceptibles à changer les préférences sur la question sensible et sont en effet en oscillation entre « la cohésion idéologique » et « la grande coalition » de gauche et la droite.

Are the parties of the EP faithful? The parties in fluctuation between ideological cohesion and big coalition

The recent studies show that the EP parties keep ideological preferences, the cohesion around left-right cleavage, and that the EP is working in the same way as national parliament. Yet this theory can not help from critics which point out methodological and efficiency problems. There are methodological problems, because in this theory all the votes are treated of equal importance without taking into account different importances of questions. There are efficiency problems, because they can’t get evolution or eventual volte-face of party preferences.
To overcome these problems, I analyze votes of the same questions raised by the European Commission, and observe evolutions of party preferences on big questions like Bolkestein directive and Common Agricultural Policy. In the first case, changes of party preferences are so evident, because left parties have changed position after massive demonstrations of citizens-voters. So, parties of the EP stay sensitive to important questions, and thus are in fluctuation between “ideological cohesion” and “big coalition” of left-right parties.

Axe 2

Reungoat Emmanuelle (Université Paris 1)

L’européanisation dans le texte : La place et le traitement de l’Europe dans les euromanifestes des partis français

Cette communication vise à tester l’hypothèse d’une européanisation des partis français via l’étude des productions textuelles que sont les euromanifestes. Il s’agit ici d’interroger l’effectivité d’une montée en puissance de l’objet européen dans ces discours ainsi que les modalités de son insertion et de sa pérennisation. L’analyse quantitative longitudinale des professions de foi se réalise sur la période des élections européennes de 1979 à 2004 au travers de deux prismes principaux de comparaison : l’analyse de la part respective des thématiques nationales et européennes dans les manifestes et de l’évolution de leur équilibre. Il apparaît pour l’instant que si l’enjeu européen est globalement peu présent aux débuts de la décennie 80 et les élections largement nationalisées, on assiste progressivement à des transformations, qui demeurent limitées, de la part des enjeux européens dans les textes, et surtout on constate de fortes disparités entre les formations. En s’intéressant ensuite au mode d’insertion de l’Europe dans les euromanifestes, on assiste à une adaptation progressive des schèmes de discours partisans au niveau européen plus qu’à une modification ou un renouveau. L’intégration européenne n’a pas produit un bouleversement des doctrines partisanes: l’enjeu européen semble avoir été absorbé dans les cadres idéologiques et schèmes de discours traditionnels. Ceux-ci s’en retrouvent néanmoins européanisés à la marge et l’intégration des questions européennes contribue à l’activation de certains thèmes.

Place and processing of the European Issue in the Euromanifestos of French Political Parties

The central point of analysis addressed in this study is the exploration of the potential europeanization of French political Parties. Trough an analysis of their Euromanifestos, this paper aims at testing the hypothesis of an increase of the European issue in parties’ discourses, as well as to identify the way the issue has been integrated. To answer these questions and address the above hypothesis, an empirical study has been built, based on a quantitative comparison of parties’ Euromanifestos from 1979 to 2004, especially focusing on two points of measurement. First, an analysis of the level of discourse allowing to evaluate the balance between French and European level of speaking and the evolution of it. If European elections are clearly nationalized at the beginning of the eighties, we can then observe some transformations -which remain soft- and, above all, high disparities among parties. Second, the observation of the incorporation of European issue in French Euromanifestos shows more adaptation of parties’ traditional discourse patterns than a strong transformation of them or their replacement by new ones. European integration has not disrupted parties’ doctrines and behaviors but they happen to be slightly europeanized by this adjustment of the parties.

Petithomme Mathieu (IUE Florence)

Les effets de la collusion partisane entre partis de gouvernement sur les dynamiques de compétition politique lors des référendums européens: une perspective comparée

Comment les référendums européens affectent-ils les dynamiques de compétition des partis politiques ? La tendance à la politisation des référendums européens contraste avec la faiblesse des mobilisations partisanes lors des élections européennes, qui demeurent globalement appréhendées à travers le prisme de la théorie du « second ordre ». Cette communication propose de s’intéresser aux effets du positionnement idéologique des partis de gouvernements sur les dynamiques de compétition lors des référendums. L’idéologie tend globalement à prévaloir sur la stratégie dans la définition du positionnement des partis dans le contexte référendaire. Le traditionnel modèle de compétition entre le parti au gouvernement et le principal parti ou coalition de l’opposition, se trouve donc substitué par un modèle de collusion partisane, limitant la capacité du principal parti de l’opposition à jouer pleinement son rôle. L’idéologie pro-européenne de ce dernier renforce la convergence avec le gouvernement et engendre une « cartellisation » perçue de la compétition politique, alors que les partis périphériques bénéficient de cette situation puisqu’ils remettent en cause idéologiquement l’intégration européenne tout en demeurant stratégiquement opposés au gouvernement national. Les effets de cette collusion partisane semblent récurrents sur la cohésion interne du principal parti de l’opposition, sur sa capacité à transmettre son positionnement et à mobiliser ses sympathisants en accord avec la ligne du parti.

The effects of mainstream party collusion on party competition dynamics in European referendums: A comparative perspective

How do European referendums affect party competition dynamics? The increasing politicisation of European referendums contrasts with the low party mobilizations which tend to prevail in the context of European elections, which are still considered through the lens of the theory of “second order elections”. This communication proposes to specify the effects of mainstream parties’ ideological positions on the dynamics of political competition during referendums. Ideology generally tends to prevail over strategy in the definition of party positions in the referendum context. The traditional model of party competition between the party in government and the main opposition party or party coalition, becomes substituted by a model of party collusion, which limits the ability of the main opposition party to fully play its role. Its pro-European ideology reinforces convergence with the government and engenders a perceived “cartelization” of political competition, while peripheral parties generally benefit from the situation, given that they are both ideologically opposed to European integration and strategically to the national government. The effects of this party collusion seem recurrent on the internal cohesion of the main opposition party and on its capacity to cue its voters according to the party line.

Guinaudeau Isabelle (Sciences Po Bordeaux)

L’ « européanisation » de la compétition électorale ? Une analyse empirique du positionnement socio-économique du PS, du Labour et du SPD (1979-2007)

Les développements théoriques autour de l’idée d’européanisation invitent à s’interroger sur l’impact de l’intégration européenne sur les systèmes politiques nationaux. La typologie proposée par Peter Mair pour analyser les dynamiques partisanes dans cette perspective est combinée avec des informations sur le degré d’intégration de différents secteurs, ainsi que sur le contenu des normes européennes dans chacun de ces secteurs, pour formuler des hypothèses sur les effets de l’intégration européenne sur l’environnement des partis et sur les conséquences probables pour leur positionnement électoral. Les hypothèses sont différenciées en fonction du type (gouvernemental, protestataire), de la tradition idéologique et du degré d’implication des partis au niveau européen. Ces conjectures théoriques sont mises à l’épreuve d’une analyse empirique du positionnement socio-économique du PS, du parti travailliste britannique et du parti social-démocrate allemand depuis 1979. L’étude combine une analyse qualitative des projets législatifs des trois partis et des analyses de correspondance multiples portant sur les données du Comparative Agenda Project. Les trajectoires respectives des trois partis permettent de mettre en évidence un impact de l’intégration européenne, mais également des spécificités propres à chaque système de partis.

Europeanization of electoral competition? An empirical analysis of the socio-economic positioning of the PS, the Labour and the SPD (1979-2007)

Theoretical developments around the idea of Europeanization invite to investigate the impact of European integration on national political systems. The typology proposed by Peter Mair to analyze partisan dynamics in this perspective is combined with information on the degree of integration in different sectors as well as on the content of European norms in each of these sectors, to formulate hypotheses on the effects of European integration on parties’ environment and on their consequences for their electoral positioning. The hypotheses are differentiated according to parties’ type (governmental, protest parties), ideological tradition and degree of commitment at the European level. These theoretical conjectures are confronted with an empirical analysis of the socio-economic positioning of the French PS, the British Labour and the German social-democratic party since 1979. The study combines a qualitative analysis of the manifestos with multiple correspondence analyses of the data collected by the Comparative Agenda Project. The respective trajectories of the three parties allow us to show an impact of European integration, but also specificities particular to each party system.

Duseigneur Guillaume (CEPEN, IEP Lille)

« Lentement, mais sûrement » : la conversion pro-UE des acteurs partisans suédois.

Depuis son entrée au sein de l’UE, la Suède s'est distinguée, tant dans les enquêtes d’opinion que lors de consultations électorales (PE ou référendum), par un positionnement « tiède » vis-à-vis du processus d’intégration. Ces dynamiques eurosceptiques traduisent, depuis les premiers débats sur l'adhésion, une fracture d'ordre vertical entre les citoyens et les élites politiques et s'expriment, paradoxalement, principalement au sein des partis présents au Parlement. Il est cependant significatif de souligner une récente évolution pro-UE du système partisan suédois. Nous nous proposons donc d’interroger les différentes illustrations de ce qui semble apparaître comme une lente mais sûre conversion à l’UE des partis politiques suédois.
Notre propos mettra l'accent sur les dynamiques des mutations européennes intra-partisanes. La corrélation structurelle entre les modes de saisie de l’UE, les attitudes des partis vis à vis de l’intégration et leur propre degré d’institutionnalisation, leur caractère gestionnaire, retiendra toute notre attention.
Nous isolerons donc les mécanismes programmatiques, stratégiques, organisationnels et procéduriers qui accompagnent ces évolutions. Des mutations qui doivent être appréhendées par le prisme du potentiel de coalition des partis et qui posent la question de la recomposition du champ partisan national, notamment autour de la capacité de la Liste de Juin à s'installer durablement sur la scène politique domestique.

« Slowly but certainly », the pro-EU conversion of Swedish political parties

Sweden has always been considered as a reluctant member of the EU. Since 1995 successive polls or elections (EP or referenda) have illustrated a deep scepticism towards the integration process. The Swedish eurosceptic dynamics have reflected a vertical conflict between the citizens and the political elite and have, paradoxically, been mostly defended and embodied by parliamentary political parties. However, we must underline a recent pro-UE evolution of the Swedish party system. We propose here to analyse the various illustrations of what seems to be a “slow but certain” conversion to support of the integration process of the Swedish political parties.
We will focus in our paper on the European intra-parties’ dynamics. The structural connexion between the ways parties deal with the EU issue, their attitudes towards integration and their respective degree of institutionalisation, their governmental dimension, will shape our analyse.
We shall isolate programmatic, strategic, organisational, procedural mechanisms that take place in the frame of these evolutions. Mutations that have to be considered through the prism of parties’ coalition potential and a hypothetic resetting of the domestic party system with the question of the capacity of the June List to establish itself on a long term basis in the domestic political competition.

Axe 3

Tania Gosselin (Université du Québec à Montréal), Marina Popescu (University of Essex), Odette Tomescu-Hatto (Sciences Po Paris)

L’enjeu de l’intégration européenne dans les stratégies partisanes en Roumanie postcommuniste

L’adhésion et le processus d’intégration à l’UE n’ont pas été contestés en Roumanie. Les partis politiques présentent l’adhésion comme un but économique, politique et social majeur dès la chute du régime en 1989. Au sein de la population, la popularité de l’Union est grande bien que le contenu des politiques liées à l’acquis communautaire n’ait pas été négociable et que les Roumains possèdent relativement peu de connaissances sur l’UE. Le soutien des partis à la participation aux institutions de l’Union depuis l’adhésion en 2007 constitue un argument de poids auprès de l’électorat sans égard aux questions idéologiques ou programmatiques; le « retour à l’Europe » fait office de substitut idéologique. À l’aide d’une analyse des politiques et programmes des principaux partis politiques roumains, cette communication propose d’examiner deux aspects de l’européanisation de la scène politique roumaine. Dans un premier temps, elle se penche sur la manière dont les questions liées à l’intégration à l’UE sont utilisées dans la compétition partisane après 1989. Elle éclaire l’articulation entre les discours des leaders politiques et les programmes qui tentent de « mimer » une convergence entre les clivages politiques roumains et européens d’une part, et l’utilisation de questions issues du processus d’intégration (notamment la corruption) à des fins politiques d’autre part. Dans un second temps, elle propose d’explorer les relations entre les partis politiques roumains et européens.

The issue of European integration in party strategies in post-communist Romania

Since the early 1990s, political parties in Romania have presented the country’s integration to the European Union as a major economic, political and social goal. Support for integration in the population is high, despite the non-negotiable character of the acquis communautaire and the fact that Romanians are generally not very well informed about the EU. In these conditions, the “return to Europe” is a powerful electoral argument that may be used regardless of ideological or programmatic connections with party policies. We propose to analyze the manifestos and policies of the main political parties to better understand how adhering and participating to EU institutions since 2007 has been integrated in partisan competition. We seek to highlight the manner in which parties’ discourse links domestic and European political cleavages on the one hand, and how specific questions put forward by the EU, such as corruption, are recuperated and used in domestic partisan conflicts on the other hand. The paper will also address the relationship between Romanian parties and European political groups.

Bouillaud Christophe (IEP de Grenoble)

L’Italie à l’américaine, dernier acte ? Les élections européennes de juin 2009.

L’Italie de la « Première République » (1946-1992) était fondée sur un système électoral proportionnel destiné à représenter avec précision toutes les nuances de l’opinion. Le mode de scrutin des européennes adopté en 1979 en était l’illustration tardive, alors même que certains à droite, très minoritaires alors dans l’opinion publique, réclamaient (ou complotaient) déjà un changement radical de mode de scrutin en un sens majoritaire pour les élections politiques qui aboutirait à un bipartisme à l’américaine. Avec les élections politiques d’avril 2008, la messe semble dite pour tous les petits partis, le (quasi) bipartisme à l’américaine souhaité par la droite des années 1970 semble enfin devenir réalité, et les deux partis dominants depuis lors se sont mis d’accord pour modifier le mode de scrutin des Européennes pour le rendre bien moins accueillant aux petites formations. L’euthanasie des petits partis qu’on souhaite ainsi réussir à cette occasion s’inscrit ainsi dans une généalogie inscrite dans l’histoire longue de la démocratie italienne, et n’a guère à voir avec la nature européenne de l’élection en question.

Italy American-style, the Last Act? The European Elections of June 2009.

Italy of the “First Republic” (1946-1992) was based on a proportional electoral system aimed to represent with the outmost precision every trend of public opinion. The electoral system of the European elections chosen in 1979 was a late illustration of it, at the same moment at which some actors, at the time at the rightist fringe of the public opinion, were already asking (or plotting) for a u-turn to plurality for the general elections which should lead to an American-style two-party system. After the general elections of 2008, all little parties seem to be doomed, the American-style (quasi)two-party system dreamed of by the rightists of the late seventies seems to get real, more so that the now two dominant parties have chosen to change the electoral rules of the European elections to make them far less congenial to small-sized political forces. The euthanasia of small parties which is aimed at this occasion so appears as the result of a genealogy written the long history of Italian democracy, and has little to do with any European nature of this election.

Izquierdo Jean-Marie (SPIRIT Sciences Po Bordeaux ; CECL, UPPA, Pau)

L’européanisation des enjeux politiques frontaliers grâce à la constitution d’un sous-système politique basque

Les modes de mobilisation des acteurs politiques et la façon dont leurs logiques d’action se réinstitutionnalisent, est emblématique de la dimension offerte par l’européanisation des systèmes partisans.
Si l’on s’intéresse au système partisan basque, qui s’établit sur deux sous-systèmes politiques en étroite relation sur deux États (France et Espagne), on observe que des dynamiques partisanes se développent au-delà de la frontière institutionnelle franco-espagnole, à l’instar d’autres dynamiques d’européanisation, notamment de l’action publique (Coopération transfrontalière…). Ce fut le cas dès 1986 pour ces partis, pour Eusko alkartasuna (EA), du Parti nationaliste basque (EAJ-PNV) en 1996, puis celui de Batasuna simultanément en France et en Espagne en 2001 qui sont venus « s’installer » de l’autre côté de la frontière sur un espace régional basque et européen. Ce faisant, ils ont fini par exporter leur système partisan de l’autre côté de la frontière, engendrant des positionnements idéologiques, stratégiques (logiques d’alliances, de front d’opposition…) et politiques se déclinant de l’échelon local à l’européen, faisant parfois fi des contradictions des système politiques en les confrontant à des logiques multiniveaux (Cf. Questions des limites des circonscriptions électorales pour les élections européennes, de la représentativité des Euro-parti , des coalitions qui défendent les positions infra-étatique en Europe)

The europeanisation of the political borders problematics through the constitution of a basque political party sub-system

The mobilisation dynamics ot the political actors and the way they integrate europeanisation process to redefine new logical actions demonstrate the opportunity offered by this phenomena for party systems.
Il we consider the basque party system, situated on both side of the border but with tight links together (France and Spain), we observe that party system dynamics exist over the franco-spanish institutional frontier, thanks to the europeanisation of policies and public action. This movement began in 1986 (when Spain integrates EEC), for Eusko alkartasuna (EA), for the Basque nationalist Party (EAJ-PNV) in 1996, and Batasuna at the same time on both territories in 2001. All this political parties came on the other side but in a same wide basque and european territory. Doing so, they also exported the original party system, provoking ideological arrangments, strategical positionnings (alliances…) and dynamics from the early local level to the European one, promoting original multilevel solutions in Europe (new electoral district, Euro-party, infra-State coallition in transborder dynamics).

Yazmaci Umit (CRPS-Université Paris I et Université de Marmara)

L’européanisation du clivage politique dans la périphérie de l’Europe : L’impact de l’UE sur le système partisan turc

La question essentielle de notre proposition est d’examiner comment la référence à l’UE est articulée dans le système partisan d’un pays qui se trouve non seulement géographiquement mais aussi politiquement dans la périphérie de l’Europe. Depuis la déclaration de son statut de pays candidat à l’UE dans le sommet européen d’Helsinki en 1999, l’UE joue un rôle remarquable sur la configuration des acteurs de l’espace politique en Turquie. La référence tendanciellement croissant à l’UE depuis 1999 dans la vie politique turque ne sert pas exclusivement pour des acteurs politiques comme un mode de légitimation des politiques publique nationales qu’ils mettent en œuvre, mais aussi une telle référence procure une légitimité politique pour l’existence ontologique d’un parti politique de telle sorte que nous avons vu dans l’exemple de la fondation du parti de la justice et du développement (AKP). Dans cette perspective l’européanisation apparaît en tant qu’un élément constitutif sur la recomposition du système partisan turc dans la période de post-Helsinki. Comment et par quels mécanismes le thème européen est devenu le paradigme essentiel de la compétition politique ? Quelles sont les réactions institutionnelles et discursives des partis politiques face à l’émergence de la question européenne en tant que l’élément structurant de l’espace politique turc ? Comment le clivage gauche/droite est-il influencé de la recomposition des coalitions/alliances partisanes due à la question européenne ?

The europeanization of political cleavages in the periphery of Europe : The impact of the EU on the Turkish party system

The essential question of our proposal is to examine how the reference to EU is articulated in the party system of a country that is located not only geographically but also politically in the periphery of Europe. Since the declaration of its status as a candidate country of EU at the Helsinki Summit in 1999, the EU plays a remarkable role with regards to the configuration of actors in the Turkish political arena. The tendentiously growing reference to EU in the Turkish politics since 1999 does not exclusively represent a means of legitimizing national public policies that political actors implement, but it also provides political legitimacy for ontological existence of a political party as we have observed in the example of the foundation of the Justice and Development Party (AKP). In this perspective, Europeanization appears thus as a constituent element in the reshaping of the Turkish party system in the post-Helsinki period. We shall thus attempt to respond to the following questions. How and by what mechanisms the theme has become the essential paradigm of political competition? What are the institutional and discursive reactions of political parties vis-à-vis the emergence of the European issue as the structuring element of the Turkish political arena? How did the left / right split influence the reconstitution of coalitions / alliances biased due to the European issue?

Mazzoleni Oscar (Observatoire de la vie Politique Bellinzone / Universités de Genève et de Lausanne), Pilotti Andrea (IEPI-Université de Lausanne), Rayner Hervé (IEPI-Université de Lausanne)

L’européanisation d’un système partisan en dehors de l’Union Européenne : le cas suisse 1980-2009.

Dans une perspective diachronique et relationnelle, nous allons montrer comment le processus très composite appelé européanisation a transformé le système partisan d’un Etat non-membre, celui de la Confédération helvétique, souvent exclu des études comparées du fait de sa supposé singularité, singularité que le refus d’adhésion à l’UE aurait en quelque sorte ratifiée. En premier lieu, il s’agira d’analyser comment l’opposition entre partisans et adversaires d’un rapprochement avec l’UE s’est imposée dans les années 1990 comme le plus polarisateur des clivages politiques : assumant un positionnement « souverainiste » et devenue la première force électorale nationale, l’Union démocratique du centre (UDC), ex-parti agrarien et longtemps force d’appoint centriste, a déplacé sur la droite l’axe du jeu politique. En deuxième lieu, nous vérifierons comment cette saillance de l’enjeu européen met en cause les collusions interpartisanes (compétitions électorales faiblement agonistiques, partage des postes au sein de l’exécutif, « culture du compromis ») et introduit de l’incertitude dans un jeu politique jusque là caractérisé par une exceptionnelle stabilité. En troisième lieu, nous questionnerons la façon dont l’européanisation participe de la professionnalisation des principaux groupes parlementaires là où le système de la milice a longtemps prévalu.

The Europeanization of a party system outside the European Union: The Swiss case 1980-2009.

In this paper, we are showing in a diachronic and relational perspective how the composite process of Europeanization has transformed the Swiss party system. Switzerland, not being member of the European Union, has often been excluded from cross-country comparative studies because of its supposed singularity and rejection of EU adhesion. In a first time, we analyze how the opposition between proponents and opponents of EU adhesion became one of the most polarized political cleavages during the 1990s. The Swiss People’s Party (SVP) – once the agrarian party and a long term conservative centrist governmental actor – has moved substantially to the right of the political spectrum by defending Swiss sovereignty and gaining the largest electoral share. In a second time, we show how the salience of the ‘European stake’ has affected the inter-party collaboration (weakly competitive elections, oversized governmental coalition, « culture of compromise ») and introduced uncertainty in a political game characterized by exceptional stability. Finally, we question the way Europeanization is contributing to the professionalization of the main parliamentary groups in a system where the militia system has prevailed for a long time.


f Participants

Bouillaud Christophe bouillaud@yahoo.com
Crespy Amandine acrespy@ulb.ac.be
Duseigneur Guillaume guillaume.duseigneur@iep.univ-lille2.fr
Gosselin Tania gosselin.tania@uqam.ca
Guinaudeau Isabelle isabelle.guinaudeau@scpobx.fr
Izquierdo Jean-Marie jmd.izquierdo@gmail.com
Martin Pierre pierre.martin@iep-grenoble.fr
Mazzoleni Oscar oscar.mazzoleni@ti.ch
Petithomme Mathieu Mathieu.Petithomme@EUI.eu
Pilotti Andrea Andrea.Pilotti@unil.ch
Popescu Marina marina.popescu.1@googlemail.com
Rayner Hervé Herve.Rayner@ti.ch
Reungoat Emmanuelle Emmanuelle.Reungoat@malix.univ-paris1.fr
Sauger Nicolas nicolas.sauger@sciences-po.fr
Shim Sung-Eun shimsungeun@yahoo.com
Tomescu-Hatto Odette odette.hatto@sciences-po.org
Vieira Mathieu vieira.mathieu@hotmail.fr
Yazmaci Umit umityazmaci@gmail.com