Section thématique 32

Le mouvement des institutions internationales

f Responsables

Guillaume Devin (IEP de Paris) guillaume.devin@sciences-po.org
Franck Petiteville (Université de Paris 13) f.petiteville@wanadoo.fr

Présentation scientifique

Dates des sessions

Programme Résumés Participants

 

f Présentation scientifique

Les grandes institutions internationales affrontent une crise de légitimité liée aux multiples bouleversements de l’après-guerre froide. L’ONU a dû répondre à des attentes inédites en matière de sécurité collective, dans un contexte de violences renouvelées, sans que les moyens de l’Organisation, ni sa doctrine, ni sa vocation à légitimer le recours à la force ne soient consolidés. Dans d’autres domaines, l’Organisation doit faire aux nouvelles pandémies mondiales, aux crises humanitaires, à des risques écologiques globaux. Les organisations spécialisées paraissent elles aussi dépassées par les problèmes qui relèvent de leur compétence. La « fonctionnalité » des organisations internationales est ainsi souvent mise en cause, mais aussi leur «représentativité » d’une scène internationale devenue transnationale.

A ces défis, les institutions internationales répondent d’une manière paradoxale. D’un côté, la résistance aux réformes est spectaculaire (l’ONU et l’échec de la grande réforme programmée pour son soixantième anniversaire). D’un autre côté, les signes d’adaptation de nombreuses institutions internationales sont diffus mais réels : adoption de réformes institutionnelles incrémentales, élargissement de leur champ d’action, ouverture aux acteurs non-gouvernementaux, etc.

Si la littérature actuelle sur les institutions internationales rend compte de ces transformations en cours, elle laisse toutefois souvent en suspens deux problèmes clés qui justifient de nouvelles recherches. Le premier concerne les représentations collectives dont elles sont l’objet : comment les institutions internationales sont-elles perçues aujourd’hui ? Comment les représentations collectives à leur égard sont-elles structurées ? Quel rôle jouent des vecteurs comme les médias, les ONG, les mouvements transnationaux ? Existe-t-il des « attentes internationales » en faveur d’une évolution de ces institutions vers des formes de « gouvernance supranationale » ? Le second problème est posé par le mode de traitement de la réforme : comment les institutions internationales intègrent-elles le discours et les pratiques de la réforme ? Jusqu’à quel point produisent-elles du changement ? Existe-t-il de leur part des « stratégies » de réforme, et quelle évaluation peut-on en faire ? Comment s’explique dans certains cas l’échec de la réforme (phénomènes bureaucratiques et de path dependence ? stratégies politiques des Etats ?). On le voit, les problèmes soulevés ici appellent une sociologie des relations internationales : sociologie des représentations, des comportements et des attitudes à l’égard des institutions internationales, sociologie de l’action publique appliquée aux organisations internationales.

Cette session thématique sera divisée en deux séances, au cours desquelles dix communications seront présentées. Les participants à cette session thématique analyseront les réformes conduites par quelques grandes institutions internationales, notamment le HCR, la Banque mondiale, l’AIEA, l’OMC, l’UNESCO et quelques autres. Certains contributeurs privilégieront les aspects organisationnels et managériaux des réformes (Secrétariat général de l’ONU, OMC, AIEA, etc.) ; d’autres mettront l’accent sur la transformation cognitive et idéologique de certaines institutions (Banque mondiale), sur l’évolution des concepts et doctrines de référence des politiques publiques qu’elles mettent en œuvre (HCR), ainsi que sur le changement de référentiel des acteurs de ces institutions (UNESCO). Parmi les politiques multilatérales traitées dans cette session, les politiques de médiation des conflits et de maintien de la paix conduites par l’ONU feront l’objet d’une attention particulière, de même que les politiques de prise en charge des réfugiés et migrants (HCR), d’aide au développement, d’ajustement structurel et de lutte contre la pauvreté (Banque mondiale) ainsi que d’assistance humanitaire (ONU). Seront également traités les modes évolutifs de coopération de l’ONU avec d’autres organisations, régionales (Union africaine) ou non-gouvernementales (humanitaires notamment). Enfin, les relations des médias aux institutions internationales seront étudiées, dans la mesure ou les médias façonnent les représentations collectives à l’égard des institutions internationales, qu’il s’agisse de valoriser leur « fonctionnalité » ou au contraire d’en diffuser une image critique en termes d’inefficacité, de résistance au changement, etc.

The Movement of international institutions

Guillaume Devin (Institut d’études politiques de Paris) guillaume.devin@sciences-po.org
Franck Petiteville (Université de Paris 13) f.petiteville@wanadoo.fr

International institutions have been facing a legitimacy crisis since the end of the cold war. They have been expected to react efficiently to new security threats and to global economic, human and environmental challenges without significant increase of their resources. Most international institutions are under strain to adapt their institutions and missions to a new international context. But few of them have been able so far to achieve dramatic reform. Does this mean that international institutions remain caught within bureaucratic behavior and institutional inertia? Actually, most international institutions have succeeded in leading incremental reform, internal policy learning, and in some cases structural adjustment and ideological change.

This session of the French Congress of Political Science Association aims at giving some insight of such change within international institutions. Ten communications will explore change and reform within institutions such as the UN, the WTO, the World Bank, the HCR, and so on. The contributors will focus on managerial reform, cognitive change, and policy reform in fields such as peace-keeping, conflict mediation, humanitarian aid, refugees’ management, development aid and structural adjustment. Collective representation of international institutions will also be analyzed, through the way the medias treat them, in terms of ‘efficiency’ and ‘true reform’ as well as in terms of ‘failure’ and ‘bureaucratic inertia’.


f Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : 7 septembre 2009 14h-16h20
Session 2 : 7 septembre 2009 16h40-19h
Voir planning général...

Lieu : IEP (salle 14)


f Programme

Axe 1

Axe 2


f Résumés des contributions

Axe 1

Hatto Ronald (IEP de Paris)

Les évolutions institutionnelles et doctrinales du Département du maintien de la paix de l'ONU (1992-2009)

C’est en 1992 qu’a été créé le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) à la demande du Secrétaire général Boutros Boutros Ghali. Sa création découlait de la nécessité d’avoir une équipe d’officiers capables de suivre le déroulement des missions 24 heures sur 24. Avant l’entrée en fonction du DOMP, personne au Secrétariat à New York ne répondait au téléphone le soir ou le week-end. Le DOMP est donc né de la nécessité d’avoir une capacité de gestion d’opérations de plus en plus nombreuses et impliquant un nombre toujours plus important de personnel civil et militaire. Si le DOMP reste une structure relativement modeste comparée à ses équivalents dans les armées nationales, il n’en reste pas moins qu’il a connu une évolution constante depuis sa création. C’est à cette évolution que s’intéresse le présent papier. Le but est d’une part d’examiner les transformations organisationnelles et institutionnelles et d’autre part, de comprendre comment et pourquoi ces transformations ont été mise en place. Le papier utilisera les approches constructivistes et celles basées sur l’analyse des politiques publiques pour comprendre ces évolutions.

United Nations Department of Peacekeeping Operations’ Institutional and Doctrinal Evolutions (1992-2009)

The Department of peacekeeping Operations (DPKO) has been created in 1992 at the demand of newly elected Secretary General Boutros Boutros Ghali. Its creation stemmed from the necessity of having a team of officers able to follow peace operations all day long without interruption. Before the creation of DPKO, nobody was answering the phone at night or during week-ends. DPKO was thus born from the necessity of having a peace operations management capacity given their increasing number and the rise in personnel (civilian and military) deployed. This is this evolution that the paper addresses. On the one hand, the goal is to examine institutional and organizational transformations and, on the other hand, to understand how and why these transformations were put into place. The paper will use constructivism and those based on public policy analysis to understand these evolutions.

Bertrand Gilles (SPIRIT/IEP de Bordeaux)

Le rôle de l’ONU dans la médiation des conflits

L’ONU, à travers son Secrétariat général et le Conseil de sécurité notamment, a une longue expérience de la médiation dans les conflits. La croissance des opérations de maintien de la paix a évidemment favorisé ce mouvement. Il nous faut cependant relever quelques paradoxes : depuis le « pic » de 1993 (année où le nombre de « casques bleus » atteint un maximum historique), de plus en plus d’opérations son conduites par des organisations régionales (OTAN, UE, UA), lesquelles s’engagent alors, à des degrés divers, dans la médiation ; l’ONU renforce et cherche à renforcer ses capacités (création de la Commission pour la consolidation de la paix, flanqué d’un Bureau d’appui, dont les programmes sont financés par un Fonds), mais de nombreuses médiations sont menées par des personnalités mandatées et financées par des Etats. Le conflit de Chypre est l’un des rares où, en plus de la mission d’interposition, l’ONU ait mené quasi-seule la mission de médiation, et ce depuis 1964. Malgré les échecs successifs (par exemple « l’ensemble d’idées » en 1994 et le « plan Annan » en 2004), l’ONU reste le médiateur le plus crédible. Quelles leçons l’ONU a-t-elle tiré et pourrait-elle tirer de son expérience chypriote ? A-t-elle appliqué à Chypre des méthodes et des leçons apprises sur d’autres terrains ? Quel usage pourrait-elle en faire dans ses autres tentatives de médiation ?

The Role of The UN in Conflict Mediation

The UN, through its General Secretary and the Security Council in particular, have a long experience of conflict mediation. The growth of peace-keeping operations obviously supported this trend. We should however raise some paradoxes: Since the 1993 “peak” (year when the number of “blue helmets” reaches a historical maximum), more and more operations are conducted by regional organizations (NATO, EU, AU), which engage, to different degrees, in mediation; The UN reinforces and seeks to reinforce its capacities (creation of the UN Peacebuilding Commission, flanked of a Support Office, which programs are funded by a Fund), but many mediations are carried out by personalities mandated and financed by States.
The conflict of Cyprus is one of the rare ones where, besides the mission of interposition, the UN carried out quasi alone the mission of mediation, and this since 1964. In spite of successive failures (for example “the Set of Ideas” en1994 and the “Annan Plan” in 2004), the UN remains the most credible mediator. Which lessons the UN has learned and could learned from its Cypriot experience? Did it apply to Cyprus methods and lessons learned from other conflicts? Which use could it make in its other attempts of mediation?

Ambrosetti David (Institut des sciences sociales du politique, Université Paris Ouest Nanterre)

Les enjeux de l’« hybridité » : la mission conjointe ONU / Union africaine au Soudan comme source d’apprentissages institutionnels

L’Union africaine (UA) se trouve engagée dans une opération de maintien de la paix au Darfour depuis 2004 (la Muas). À partir de novembre 2006, cette opération a évolué vers une formule inédite : une opération « hybride », cogérée avec l’ONU (la Minuad). Cette communication n’a pas pour objet les enjeux de sécurité régionale liés à cette opération, mais bien les dynamiques institutionnelles au sein des organisations internationales elles-mêmes, prises pour ce qu’elles sont. Il s’agit d’apprendre des changements qui affectent les personnels et services engagés dans cette opération, pour mieux comprendre ces organisations internationales gestionnaires des conflits armés (en Afrique subsaharienne, en l’espèce) : une telle évolution s’accompagne-t-elle de recompositions des services et des attributions, de circulations de techniques et de savoirs pratiques, d’inflexions dans les carrières professionnelles individuelles des cadres civils et militaires de ces opérations, de renforcements de certains groupes (nationaux, sous-régionaux, professionnels) au détriment d’autres groupes parmi ces personnels ? La communication retrace les premiers résultats d’une recherche en cours visant à établir une sociologie des « senior officers » de l’Union africaine et de l’ONU en charge de ces opérations, pour mieux comprendre ces mouvements institutionnels en cours parmi les professionnels du maintien de la paix en Afrique subsaharienne, et les pratiques qui les accompagnent.

The stakes of hybridity : the joint UN/AU mission in Sudan as a source of institutional learning

Since 2004, the African Union (AU) is involved in a peace operation in Darfur, Sudan (AMIS). In November 2006, this operation gave rise to an unprecedented formula: a UN/AU “hybrid” mission (UNAMID). This communication does not discuss the consequences of this operation on the regional security. Rather, it focuses on the subsequent institutional dynamics within theses very two international organisations: reconfigurations of services and tasks, circulations of techniques and practical knowledge, shifts in professional careers and trajectories among the civil and military senior officers in charge of these two operations, changes in the balance of power between specific groups (be they nationally, sub-regionally or professionally grounded) among these personnel. The paper exposes initial results of an ongoing sociological research on these AU and UN senior officers, which is expected to provide new insights on the institutional moves and modified practices among peacekeeping professionals in Sub-Saharan Africa.

Bergamaschi Isaline (IEP de Paris, CERI)

‘Change the way the World Bank works’? Genèse des notions d’‘appropriation’ et de ‘lutte contre la pauvreté’ comme vecteurs de réforme de la Banque mondiale à la fin des années 1990

Cette communication s’intéresse à la genèse et aux dynamiques de la réforme engagée à la fin des années 1990 à la Banque moniale. Pour faire face aux critiques émises contre les programmes d’ajustement structurel mis en œuvre par la Banque à partir des années 1980, celle-ci a révisé sa doctrine et annoncé une rénovation de ses pratiques. Cependant, pour être acceptable et viable, cette rénovation ne pouvait avoir lieu que dans les limites et termes strictement définis par les contraintes propres à la Banque mondiale. La communication s’intéresse à ces contraintes et au phénomène de path dependency et à la façon dont ils ont influencé l’orientation et le contenu des rénovations annoncées. La communication montre aussi que si les notions d’« appropriation » (ownership) et de « lutte contre la pauvreté » (poverty reduction) se sont progressivement imposé comme des piliers du mouvement de réforme, c’est parce qu’elles ont permis aux IFI de faire la synthèse entre un besoin de réforme imposé de l’extérieur et leurs propres contraintes structurelles internes, d’étendre leurs moyens financiers et leur champ d’intervention, et de reconstruire un certain consensus autour de l’aide publique au développement internationale.

Change the way the World Bank works’? Ownership and poverty reduction as tools for reform at the World Bank

This paper traces down the origins and patterns of a movement of doctrinal and operational reform that has started at the World Bank at the end of the 1990s. It firstly explains the causes of the reform and situates it in historical context. During the 1990s, governments in developing countries, NGOs or well-known academics (such as Joseph Stiglitz, both an insider and a Nobel Price winner in Economics) engage in a systematic critique of structural adjustment programs implemented in most developing countries in the aftermath of the debt crisis and all throughout the 1980s and 1990s. This coalition of heterogeous actors blames the international financial institutions (IFIs) for failing in their developmental mission, but also for violating Souther states’ sovereignty and imposing on them uniform neoliberal policies that are both economically inefficient and socially injust. In order to answer this legitimacy crisis, international financial institutions announced a shift in their doctrine and practices. However, in order to be accepted and sustainable, this shift could only take place within the strict limits and terms defined by the World Bank’s political, institutional and organizational constraints. The second part of this paper thus examines these constraints and the path dependency factors that framed the guidelines and content of the announced reforms. The paper finally shows that the notions of « ownership » and « poverty reduction » have become central in the reform movement because they have enabled the IFIs to reconcile the needs for reform imposed to the institution by outside critics with its own structural constraints, to extent its means and scope of intervention and to reach a new international consensus on foreign aid.

Thiollet Hélène (IEP de Paris, CERI)

Du réfugié au migrant : le HCR et la gestion de la mobilité internationale

Les migrations internationales sont un des enjeux majeurs des politiques internationales. Elles restent pourtant une des pierres d’achoppement du multilatéralisme. La gestion et le contrôle des migrations sont revendiqués par les États comme une dimension inaliénable de leur souveraineté et les institutions multilatérales luttent pour proposer des modalités de gouvernance multilatérale d’un phénomène social global. L’Onu n’est pas parvenue à imposer la Convention sur les droits des migrants de 1990 et ne parvient pas à faire émerger une ligne d’action collective dans l’arène multilatérale sur la question migratoire. Pourtant, dans l’arène onusienne et au-delà, les organisations internationales négocient l’émergence d’une agence spécialisée dans les migrations. À partir de la stratégie historique du HCR dans le champ multilatéral et d’une innovation juridique récente – le concept de « migrations mixtes », on décrit l’émergence de compétences gestionnaires du HCR sur la mobilité forcée et volontaire. Cette analyse nous permet de mettre en lumière les apories contemporaines des conditions juridiques et statutaires de la mobilité et les réponses pragmatiques qui y sont apportées. À partir de sa compétence de terrain sur les populations réfugiées et d’innovation organisationnelles récentes, le HCR se positionne dans le champ politique international comme gestionnaire potentiel de la mobilité internationale face à l’OIT ou à une agence non onusienne comme l’OIM.

From refugees to migrants: UNHCR and the global management of mobility

International migrations today are a major issue in global politics. Mobility remains a failure of multilateralism. States claim a complete control over population movements and consider migration management as a key dimension of their economic and territorial sovereignty. Multilateral institutions struggle to impose multilateral modes of managing migration a global social phenomenon. The United Nations and its agencies have failed to impose the Convention on the rights of migrants and their families in 1990 et fail to impose a collective line of action on migrations in the multilateral arena. AT the UN and beyond, international organizations strive to create an organ devoted to global migration management. In this context, we will observe th history of the UN High Commissioner of Refugees and the Commissioner as an emerging actor in migration management. We will discuss the concept of « mixed migration » as a touchstone for the extension of the UNHCR mandate from forced to voluntary movements. This analysis will lead us to reappraise the legal conditions of mobility and the politics that are implemented on the ground to answer migration crisis all over the world and specifically in the Horn of Africa. Throught its field work and pragmatic competency UNHCR positioned itself as the best candidate for a future mandate over migration issues, even though other UN organizations such as the ILO or non-UN organizations like the IOM are willing to compete for the mandate.

Axe 2

Schemeil Yves (IEP de Grenoble, IUF)

Des organisations qui s’adaptent : comment les institutions internationales gèrent-elles le changement ?

Changer ou mourir ? La faculté d’adaptation des OIG et des ONG est plus grande que ne le laisse croire leurs tentatives de réforme, leur manque de légitimité ou leur absence de visibilité. Bien que les programmes visant officiellement à les moderniser aient des résultats limités, elles se transforment néanmoins en profondeur au point que leur identité organisationnelle et leur périmètre d’activités s’éloignent beaucoup de leur mandat initial. De plus, ces organisations ne sont pas monolithiques : il arrive que le siège s’adapte mal à un nouveau contexte tandis que les opérations sur le terrain évoluent très vite. C’est ce paradoxe que la communication voudrait explore : absence de réforme par le haut ou vers l’extérieur, mais changement permanent et discret par le bas ou à l’intérieur de l’organisation. Le papier abordera à cette fin des questions de management des organisations habituellement peu traitées : comment réduire leurs coûts et accroître leurs performances, convertir leur slack en innovation, maîtriser des outils comme le marketing, la reditionnalité et la transparence, ou encore faire face aux nouveaux défis tels le gender mainstreaming et le benchmarking. Le rendement de ces investissements est parfois spectaculaire comparé à celui de firmes nationales ou même globales : il est en tout cas sans commun mesure avec celui de nombre d’organismes publics nationaux.

An Adaptive Organization : How International Institutions face change

Change or perish: this dilemma is a t the roots of managerial reform in international organizations. IOs’ adaptive capabilities are greater than expected according to the slow pace or reforms they launch, let alone their declining legitimacy or their lack of saliency. Since they were established their current identity has nonetheless been transformed, while their goals and tasks dramatically expanded. Whenever the organization as a whole does not perform well on a reform scale, it is not monolithic: some of its components (say, the division of operations) may adapt better and quicker than others (the headquarters). Therefore, although change seems rather limited at the top it may be incremental enough at the bottom to transform organizational structure, culture, and outcomes. The paper addresses such issues through an in-depth analysis of aspects of IO life that are usually neglected, like performance and efficiency, slack and innovation, best practice and accountability, as well as other cost-benefits analyses in a realm allegedly dedicated to the provision of global public goods. It comes to the conclusion that IOs perform well compared to firms and domestic bureaucracies noteworthy in new challenges to governance, like benchmarking and gender mainstreaming.

Eberwein Wolf-Dieter (IEP Grenoble)

L’impact des ONG sur les organisations internationales : le domaine humanitaire

Trois éléments caractérisent le domaine humanitaire : son expansion quasi exponentielle depuis les années 1990, son instrumentalisation politique dans le cadre des conflits armés et la réforme du système humanitaire international opéré notamment par l’ONU. Quel rôle jouent les ONG humanitaires en général ? Quelle est leur influence dans le processus de réforme du système humanitaire international ? La communication montre les limites de l’influence des ONG dans le processus de réforme dominé en fin de compte par les Etats. Elle montre aussi que la professionnalisation des ONG humanitaires et la concurrence entre elles affaiblissent paradoxalement le cadre normatif de l’action humanitaire.

The impact of NGOs on intergovermental organizations : the humanitarian field

Three elements characterize the humanitarian issue area : first its quasi exponential expansion since the 1990s, secondly its political instrumentalization in the context of armed conflicts d civil wars, and third the reform of the international humanitarian système with the UN playing a central role in this process. What role do the humanitarian NGOs play in general, what is their influence in the reform process of the international humanitarian system? These two issues are at the center of the analysis reveiling the limits of the influence of the NGOs in the reform process dominated in the end by the states. It remains to be shown to what extent this system weakens paradoxically the normative framework of humanitarian action because of the professionalisation of the humanitarian NGOs and the competition among them.

Placidi Delphine (IEP de Paris / CERI)

La représentation de l'ONU dans les médias français depuis 1945

L'ONU a accordé dès sa création un intérêt particulier à la diffusion de ses activités par les médias et y a consacré d'importants moyens. Le prisme médiatique constitue en effet un vecteur majeur de structuration des représentations collectives, notamment concernant une organisation internationale revendiquant une légitimité populaire mais restant méconnue des opinions publiques. En dépit des actions de communication menées par l'Organisation, l'attention qui lui est portée par les médias nationaux reste succincte, événementielle et politisée, comme en atteste le cas français depuis 1945.
L'image de l'ONU véhiculée par les médias français varie considérablement selon leur nature (presse écrite ou télévisuelle), leurs moyens financiers et humains, leur orientation politique ainsi que la période considérée. Certains thèmes ou événements sont toutefois privilégiés par l'ensemble des médias (grands sommets internationaux, opérations de paix et actions humanitaires menées par les Casques bleus, etc.) tandis que d'autres demeurent ignorés en dépit de leur importance dans le travail de l'Organisation (défense des droits de l'homme, aide au développement, etc.). Ces différences de traitement peuvent être expliquées à la fois par la complexité de l'Organisation, par le caractère routinier de ses activités, par la persistance de prismes politiques nationaux dans la représentation médiatique de l'international et par les contraintes – réelles ou supposées – propres aux organes de presse.

UN representation in French media since 1945

Since its creation, the United Nations has paid particular attention to the media coverage given to its activities. National mass media greatly contribute to the shaping of collective representations, especially concerning an international organisation which claims popular legitimacy but remains unknown by public opinions. French mass media have given the UN activities a brief, factual and politicised attention since 1945. The image of the Organisation conveyed by them varies considerably, depending on the type of the mass media (written or audiovisual), their financial and human ressources, their political orientation and the period considered. Some topics or events are given most attention, such as major international summits or Blue helmets' peace operations and humanitarian actions, while other actions remain ignored despite their importance in the work of the Organisation, such as the promotion of human rights or development aid.
These differentiated treatments can be explained by the complexity of the Organisation, its humdrum and bureaucratic work, the lingering of national bias in media representation of the international scene and some – real or supposed – specific contraints on newspapers.

Bastin Gilles (PACTE, IEP de Grenoble), Belot Céline (PACTE, IEP de Grenoble)

Les institutions internationales dans les médias français et américains : ordre ou « désordre » international ?

En prenant comme cas d’étude un corpus médiatique relatif à la guerre en Irak, on cherchera notamment à savoir si les institutions internationales (en particulier l’ONU et l’OTAN) sont associées à la construction d’un « ordre international », ce qui ouvre de multiples questions quant aux représentations médiatiques des institutions internationales en terme de « stabilité », de « fonctionnalité », de légitimité, d’efficacité, etc. ou si au contraire les institutions internationales sont plutôt corrélées à une représentation « critique » de la scène internationale, ce qui soulève des représentations hypothétiques inverses des institutions internationales et de leurs effets (« injustices » internationales, inégalités de puissance, « bureaucratie », « impuissance », etc.). L’analyse portera sur le discours d’article de presse français et américains .

International institutions in French and American Medias: Order or Confusion?

This paper aims at unveiling the social representations of international organizations conveyed by medias. Taking as a case study a press corpus (French and American newspapers) devoted to the Iraq war, we will ask whether international institutions (UN, NATO in this specific case) are rather seen as building an international order or as participating to more critical representation of the international system. In the former case, we will question social representations of international organizations in terms of stability, functionality, efficiency, etc., in the latter, power’s inequalities, international “injustices”, bureaucracy, ineffectiveness, etc.


f Participants

Ambrosetti David dambrosetti@u-paris10.fr
Bastin Gilles bastin@ouvaton.org
Belot Céline Celine.Belot@iep-grenoble.fr
Bergamashi Isaline isa_berga@yahoo.fr
Bertrand Gilles gilles.bertrand@club-internet.fr
David Meryll merylldavid@yahoo.fr
Devin Guillaume guillaumedevin@wanadoo.fr
Eberwein Wolf wdeberwein@yahoo.de
Hatto Ronald hattoron@hotmail.com
Petiteville Franck f.petiteville@wanadoo.fr
Placidi Delphine delphine.placidi@sciences-po.org
Schemeil Yves Yves.Schemeil@iep-grenoble.fr
Thiollet Hélène helene.thiollet@ens.fr