Section thématique 37

Partis politiques et mouvements sociaux à la croisée des approches : interdépendances, transformations et traits communs.

f Responsables

Stéphanie DECHEZELLES (SPIRIT, Sciences Po Bordeaux) sdechezelles@wanadoo.fr
Simon LUCK (CRPS, Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne) simonluck@free.fr

Présentation scientifique

Dates des sessions

Programme Résumés Participants

 

f Présentation scientifique

Depuis le début du XXème siècle, les partis politiques ont acquis le statut d’objet d’étude classique, voire canonique, de la science politique. Plus ou moins favorables à leur existence, les premiers politistes (Ostrogorski, Lowell, Michels) se penchent en effet sur les organisations partisanes dès l’instant où se constituent dans plusieurs régimes occidentaux des partis dits « de masse » (par opposition aux partis issus des rangs parlementaires), issus notamment de mouvements ouvriers (comme les partis communistes ou socialistes), ou de ligues patriotiques d’anciens combattants (comme les partis fascistes). Si l’avènement des organisations partisanes est dès l’origine lié à des mouvements de revendications collectives, ceux-ci restent longtemps ignorés par la discipline. En effet, l’action collective dans le cadre de mouvements sociaux ne s’est réellement fait une place dans la notion de participation politique et donc dans les objets légitimes de la science politique que depuis les années 1970. Ces temporalités décalées expliquent sans doute en partie le peu de convergences entre les recherches sur les partis et les mouvements d’une part, et entre celles portant sur le militantisme partisan et celles traitant de l’activisme mouvementiste d’autre part. Il convient pourtant de remettre en cause ces séparations et de rappeler la fertilité d’un croisement des approches et d’une redéfinition des objets. Alors que les recherches sur l’action collective ont connu en France un fort essor depuis les années 1990, il semble en effet opportun d’opérer un retour critique sur les travaux existants et de suggérer les points de contacts et passerelles entre les différentes recherches. Ceci permet en outre de mettre l’accent sur les liens entre action « non conventionnelle » et militantisme institutionnel en réfléchissant aux façons communes d’envisager les deux types d’activité.

1) Tensions, influences et interdépendances

Réfléchir à un croisement des analyses des mouvements sociaux et des partis politiques implique sans doute en premier lieu de s’intéresser aux tensions qui les animent et à leurs influences réciproques. C’est par exemple, d’une part, chercher à déterminer quels effets les mobilisations peuvent avoir sur les positionnements et les propositions programmatiques des partis, sur leur organisation interne ou encore sur leurs dépendances mutuelles. D’autre part, ce peut être également s’interroger sur la façon dont l’action des partis est susceptible de favoriser l’ouverture d’espaces d’opportunité politique, protestataire ou tribunicienne pour les mouvements ou bien encore sur le rôle des organisations partisanes comme acteurs dans un mouvement. Ces différents questionnements renvoient notamment à la question de la multipositionnalité des acteurs, dont la prise en compte permet de réfléchir aux effets propres des interactions individuelles et des socialisations croisées ainsi qu’aux reconversions militantes. Plus globalement, penser l’interaction entre mouvements sociaux et partis invite à s’interroger sur les processus d’émergence et de construction de problèmes publics ainsi que les mécanismes de la mise sur agenda politique.

2) Normalisation politique des mouvements et transformation en parti

La question de la transformation des mouvements sociaux en partis politiques a été à ce jour relativement peu étudiée dans ses modalités concrètes. En ce qui concerne les systèmes politiques de l’Ouest de l’Europe, c’est surtout le travail d’Herbert Kitschelt sur les « Left-libertarian parties » qui fait office de référence. A la faveur des études sur les transitions dites « démocratiques » dans les pays anciennement placés sous régime autoritaire sur les continents est-européens, sud-américains, africains et asiatiques, d’autres travaux ont interrogé les opportunités de mutation organisationnelle de mouvements sociaux en appareil partisan ou en organisation à vocation électorale et gouvernementale. Au-delà des cas précis et de la progressive « normalisation » politique qui caractérise la participation des acteurs des mobilisations au jeu politique, c’est bien la double question plus vaste de la construction de l’Etat et des transformations des institutions de la démocratie représentative que questionnent les liens entre partis politiques et mouvements sociaux.

3) Carrières, organisations, cultures : la fertilisation croisée des approches

Les analyses du militantisme partisan et de l’activisme dans les mouvements sociaux sont bien souvent séparées, les spécialistes de l’un ou l’autre domaine ne recourant que marginalement à des outils d’analyse communs. Ceci semble davantage lié à des cloisonnements disciplinaires qu’à de réelles incompatibilités théoriques. On peut en effet repérer, dans les deux types de travaux, des approches comparables. Les questionnements autour des profils militants, des carrières d’engagement ou des répertoires d’action leurs sont par exemple communs. En outre, certains travaux sur les organisations de mouvement social (SMO), lorsqu’ils s’intéressent à leur mode de structuration ou à leur degré de démocratie interne se rapprochent des études conduites dans le cadre de l’analyse organisationnelle des partis politiques. D’autres points de convergence suggèrent l’intérêt et les bénéfices d’une approche commune : l’analyse localisée des organisations partisanes, des syndicats ou des groupes locaux de SMO le prouve largement. Par ailleurs, l’approche dite « entrepreneuriale » des partis permet de saisir les choix et contraintes pesant sur une initiative collective et sur les leaders, tandis que l’approche par le changement est susceptible d’aider à comprendre certains développements des mouvements sociaux. De la même façon, il est possible d’appréhender les SMO aussi bien que les partis sous l’angle des cadres qu’ils co-construisent ou de la culture qu’ils développent, et qui sont en étroite relation avec leur mode d’organisation, leur répertoire d’action et les rétributions que les acteurs tirent de leur engagement.

La section thématique offrira l’opportunité de présenter, à travers des travaux empruntant à différentes méthodologies, les hybridations fertiles entre les approches des mouvements sociaux et celles des partis. Elle permettra aussi bien à résultats déjà solidement établis d’être rediscutés qu’à des recherches plus récentes d’être présentées. Elle devrait ainsi fournir l’occasion d’établir un état de la question dans la littérature scientifique francophone, au regard notamment des travaux étrangers qui ont, souvent depuis longtemps, abordé la thématique des relations entre partis et mouvements.

Political parties and social movements under similar scrutiny: interdependence, transformations and common features

Over the last decades, social movements have progressively become subjects of inquiry as legitimate and central for political science as political parties have long been. Nevertheless, these two fields tend to remain closed to each other. As research on collective action has tremendously increased in France since the 1990s, it seems useful to turn back to studies about activism and party membership and reflect on how they could be linked together and enrich one another.

Three central topics will be dealt with during the panel:

  1. Firstly, the panel aims at considering the influence and interdependence links which may tie social movements to political parties. It could be worth to examine the movements’ effects (and that of the potential multi-positioning of social actors) on the parties’ programs or internal organisation, but also to look at the way in which parties can affect the opportunity structure for movements. Moreover, it may be interesting to see to what extent a party can act like a social movement organisation.
  2. The transformations of the institutions of representative democracy will be a second point of focus. In particular, we would like to examine the processes through which movements can (or cannot) give birth to a party. Beyond this, the panel should allow us to discuss the progressive political normalisation of the intervention of social movements into political games.
  3. Last but not least, the third purpose of this panel is to look into the topic of activism, i.e. membership and involvement, in both parties and social movements. The aim is to discuss the usefulness of common approaches to the study of activism. Does research on political parties allow scholars to raise new questions about movement organizations’ culture or structure? In what way can social movement theory shed a new light on party research?

The panel organizers would like to provide an opportunity for scholars to present cross perspectives and comparative research (across time and space) based on different methodological approaches. They will welcome contributions from both junior and senior scholars who will present new studies but also discuss past research or results. Empirical papers are as welcome as theoretical discussions.

The panel will consist of three sessions dealing with each of the three topics listed above. Each paper will be commented by a discussant.


f Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 4 : 8 septembre 2009 16h-18h20
Session 5 : 9 septembre 2009 9h-11h20
Session 6 : 9 septembre 2009 14h-16h20
Voir planning général...

Lieu : IEP (salle 11)


f Programme

Axe 1
Influences et interdépendances : partis et mouvements sociaux dans le jeu politique

Discutant : Antoine Roger (SPIRIT, IEP Bordeaux)

Axe 2
Transformations organisationnelles et institutionnalisation des mouvements sociaux

Discutante : Hélène Combes (CRPS, Université Paris I)

Axe 3
Engagement mouvementiste et/ou partisan ? Continuités et transformations dans les carrières militantes

Discutante : Florence Passy (CRAPUL, IEPI Lausanne)


f Résumés des contributions

Axe 1

Desrumaux Clément (CERAPS, Lille 2), Hû Grégory (GSPE-PRISME, IEP de Strasbourg)

Attentes, ententes et mésententes. Une analyse de la structure des opportunités politiques entre partis politiques et mouvements sociaux

Les relations entre les mobilisations et les partis politiques ont souvent été vues sous l’angle du passage de militants entre ces différentes organisations ou des transformations mêmes de ces organisations. Cette communication propose de comprendre comment les partis politiques conçoivent, gèrent voire font usage des mobilisations sociales. Il s’agit d’explorer les jeux d’influence et les interdépendances que peuvent nouer les partis et les mouvements sociaux.
A partir d’enquêtes en cours, cette communication analyse la façon dont l’UMP, le PS et leurs membres réagissent face à des mobilisations de tailles différentes. La communication a pour but de mieux saisir la notion de structure des opportunités politiques à travers l’étude de la réception positive ou négative des mobilisations par les élus de ces deux formations. Il s’agit ici de confronter la littérature scientifique sur les partis politiques et sur les mouvements sociaux.
A partir de plusieurs hypothèses, telle que l’état du cycle électoral, l’ampleur de la mobilisation et l’écho médiatique, ainsi que le niveau de détention de ressources institutionnelles des élus, il conviendrait de saisir au local les relations pouvant être tissées entre partis politiques et mobilisation sociale et de s’interroger sur les logiques conduisant les partis à relayer, amplifier ou se désintéresser des mobilisations.

Expectations, discussions and dissensions. An Analysis of the Political Opportunity Structure between Political Parties and Social Movements

In the relationships between mobilisations and political parties, the career evolution of their activists and the transformation of organisations have concentrated great part of the attention. This paper aims at understanding how political parties perceive, manage or use social mobilisations. Thus, influences and interdependences tied by political parties and social movements are analysed.
Based on ongoing researches, this paper examines how a French right-wing party (the UMP) and a left-wing party (the PS) - as well as their members – react to different sized movements. The paper addresses the concept of political opportunity structure through the study of positive or negative interactions between movements and elected representatives. By doing so, it engages a discussion between the literatures on political parties and on social movements.
Several hypotheses - such as the state of the electoral cycle, the size of the mobilisation, the coverage by the media, and the level of institutional resources held by politicians – could be used to understand, at the local level, the relations between political parties and social mobilisations. They could also question the logic driving the parties to relay, amplify or lose interest in mobilisations.

Belomo Pélagie (Université catholique d'Afrique centrale)

Partis politiques et mouvements sociaux au Cameroun à l'épreuve de la protestation: alliance hégémonique ou alternative politique?

La dialectique entre partis politiques et mouvements sociaux au Cameroun se fonde sur une alliance dont la matrice est la confrontation entre les forces socio-professionelles-politiques et les pouvoirs colonial et post-colonial. D’une part, la guerre d’indépendance décrit l’osmose qui existe entre partis politiques et mouvement sociaux. Les syndicats impriment une conscience corporatiste qui contribue à socialiser certains leaders politiques et de ce fait nourrissent le terreau de la contestation au Cameroun. Dès lors, l’intériorisation des schèmes de la lutte et leur extériorisation se déroulent dans les partis politiques avec pour point focal la guerre contre le colonisateur. D’autre part, l’interdépendance tactique entre ces deux forces durant le processus de transition démocratique préside à la libéralisation politique. Si les années 90 marquent le renouveau des partis politiques comme l’un des cathalyseurs du changement, l’action collective semble décrire aujourd’hui l’histoire de la subversion. Enfin, la mobilisation des jeunes lors des émeutes contre la faim et la révision constitutionnelle de février 2008 dénote l’instauration de nouvelles forces dans le champ de la protestation et de la définition de l’historicité. Leur érection dans l’engagement politique, sans traduire le dépassement des partis politiques, démontre néanmoins les errements de ces derniers en termes d’incapacité à traduire le monde et à formuler des projets de construction du bien commun.

Political parties and social movements in Cameroon under the test of contestation: hegemonic alliance or political alternative?

The dialectic between political parties and social movements in Cameroon centers on an alliance whose essence is the confrontation between socio-professional, political forces and colonial and postcolonial powers. On the one hand, the war of independence describes the symbiotic relationship that exists between political parties and social movements. Unions leave behind a corporatist conscience, which helps to socialize certain political leaders. They also nourish the space for political contestation in Cameroon. The internalization of the idea of struggle and its externalization begin within the political parties, the focal point being the war against the colonizer. On the other hand, the strategic interdependence between political parties and socio-professional groups during the period of democratic transition led to political liberalization. If the 90s marked the renewal of political parties in the arena of political action, collective action seems to describe the history of subversion today. At the end, the collective mobilization of youths during protests against food shortages and constitutional amendments in February 2008 marked the installation of new forces in the arena of contestation and definition of historicity. Their erection in political engagements, without translating to their displacement, shows nevertheless the crisis of political parties who are incapable of interpreting the world and initiating the construction of projects of common good.

Rocha Daniella (CEMS-EHESS, Université Paris 13)

Quand les mouvements prennent parti. Retour sur les conditions de possibilité du Parti des Travailleurs dans le District Fédéral au Brésil (1978-1980)

Le cas du PT offre un riche terrain d’observation pour l’analyse des confluences, superpositions et ambivalences entre l’espace des mouvements sociaux et l’espace partisan. Si l’émergence et le maintien d’un parti façonnée au croisement de mouvements pluriels et parfois disparates est pour le moins intrigante, une relecture de l’originalité petista et des ses conditions de possibilité semble nécessaire. Il est vrai que la naissance du petismo n’est pas sans lien avec la structure d’opportunités politiques liée au cadre mouvant de la transition, mais l’analyse en termes d’opportunités politiques est loin de suffire pour saisir la mise en forme de ce phénomène partisan dans toute sa complexité.
Dans cette communication, il s’agira de dépasser le point de vue factuel et homogénéisant qui domine la littérature spécialisée et se contente de décrire la variété des mouvements ayant adhéré un projet partisan unificateur, pour réfléchir sur les imbrications plurielles (collectives et individuelles) entre ces deux lieux de mobilisation politique. L’entreprise partisane apparaîtra dès lors moins comme le produit linéaire d’un projet stratégique de mouvements en convergence que comme un milieu aux frontières fluides. L’idée d’un milieu militant – dans le prolongement de la notion de milieu partisan – composé de réseaux militants historiquement constitués et inter-structurés devient un outil heuristique pour comprendre l’émergence de ce parti.

When the movements become a party. On the conditions of possibility of the Workers Party (PT) in the Federal District in Brazil (1978-1980)

The PT is an interesting field to observe the merging of social movements and political parties and the ambiguities of their relations. The emergence and existence of a party born from several, sometimes disparate, movements is puzzling. It requires a rereading of what’s original in the PT and what circumstances and phenomena made it possible. The party’s birth is linked to the political opportunity structure of the democratic transition, but an analysis in terms of political opportunities is far from sufficient if the phenomenon is to be explained in all its complexity.
In this presentation, I will try to go further than the factual and homogenizing view that is dominant in the literature. I will not only describe the various movements which gave birth to the PT but also consider the interweaving of the movements and the party. The PT will therefore appear less as the coherent result of movements strategies than as a milieu with unsettled borders. The idea of an activist milieu — expanding on the notion of partisan milieu — composed of historically constituted and mutually structured activist networks will be used as a tool to understand the PT’s emergence.

Dubois Mathieu (Université Paris IV / Universität Augsburg)

Le SPD face au mouvement étudiant : normalisation et institutionnalisation de « 68 » au sein de la social-démocratie allemande

Lorsque Gerhard Schröder forma la coalition rouge-verte en 1998, la « longue marche à travers les institutions » semblait tourner au succès pour les soixante-huitards. La présence de nombreux anciens membres de groupes de la Nouvelle Gauche dans le gouvernement masquait pourtant le rapport complexe du SPD au mouvement étudiant durant la Grande Coalition (1966-1969). Les conceptions et les pratiques antiautoritaires introduites par l’APO remirent en cause la légitimité politique des partis de masse traditionnels. Les réformes de la coalition social-libérale (1969-1974) sont généralement interprétées comme le résultat de la réponse de Brandt à la contestation étudiante : « oser plus de démocratie ». Toutefois, la démocratisation du début des années 1970 constitua moins une victoire politique du mouvement qu’un processus de normalisation du mouvement. La transformation du SPD en un parti populaire de masses joua un rôle particulièrement important dans ces évolutions. L’intérêt croissant des jeunes pour la politique entraîna un développement de l’engagement dans le parti, en particulier dans son organisation de jeunesse. La contribution des Jusos au processus d’intégration du mouvement étudiant dans la vie politique de la RFA est souvent sous-estimée par la focalisation sur la réussite de leurs dirigeants. L’afflux massif de nouveaux membres transforma durablement le SPD et garantit l’influence de cette génération sur l’évolution de sa culture politique dans les années 1980-1990.

SPD facing the student movement: normalization and institutionalization of “68” in the German social-democracy

When Gerhard Schröder formed the red-green coalition in 1998, the “long march through the institutions” seemed to turn into a success-story for the “68ers”. The presence of several former members of New Left groups in the government masked the complex relationship between the SPD and the student movement during the Great Coalition (1966-1969). The antiauthoritarian concepts and practices introduced by the APO challenged the political legitimacy of the traditional mass parties. The social reforms of the social-liberal coalition (1969-1974) are usually interpreted as a result of Willy Brandt’s answer to the student protest: “dare more democracy”. However, the democratization of the early 1970s was less a political victory than a normalization process of the movement. The transformation of the SPD into a popular mass party played a particularly important role in these developments. The growing interest of young people in politics led to an increased involvement in the party, especially in its youth organization. The contribution of the Jusos to the integration process of the student movement in political live of the Federal Republic is often underestimated because of the focus on the political success of their leaders. The massive influx of new members permanently transformed the SPD and guaranteed the influence of this generation on the evolution of its political culture during the 1980s and the 1990s.

Axe 2

Pellen Cédric (SPIRIT-IEP Bordeaux)

Un parti, un syndicat ou un mouvement social ? Samoobrona, une « organisation caméléon » dans les jeux politiques polonais post-communistes.

Dans la littérature consacrée aux transformations politiques à l’oeuvre en Europe Centrale depuis la chute du communisme, les mouvements sociaux ont jusqu’ici majoritairement été appréhendés comme des acteurs illégitimes dans le « processus démocratique », comme un court-circuit des canaux « normaux » de représentation des intérêts. Dans cette optique, mouvements sociaux et partis ont été distingués comme deux réalités radicalement singulières. L’étude de la trajectoire du mouvement polonais Samoobrona, de son apparition en 1991 à son entrée au gouvernement en 2006, invite à une réévaluation critique de ce type d’approche. Né d’un mouvement de contestation d’agriculteurs, Samoobrona se structure rapidement à la fois en syndicat et en parti, tout en continuant à revendiquer son identité de mouvement social. En retraçant dans toute leur complexité les interactions se développant entre les différentes composantes de Samoobrona, cette contribution entend montrer que cette diversité organisationnelle n’est pas réductible à une instrumentalisation électoraliste par la branche partisane d’activités contestataires menées par une branche syndicale « alibi ». Au contraire, en lui permettant d’intervenir simultanément dans des champs d’interaction variés et d’élargir son répertoire d’action, l’aspect « caméléon » de l’organisation de Samoobrona constitue une clé de compréhension capitale de l’insertion réussie de ce mouvement dans le champ politique polonais au début des années 2000.

A party, a trade union or a social movement ? Samoobrona, a « Chameleon organisation » in the post-communist political games.

In the specialised literature on political transformations in post-communist Europe, social movements have mainly been considered as illegitimate actors in the democratic process, as “bypasses” of normal ways of representation of interests. From this perspective, social movements and political parties have been distinguished as two radically singular realities. The study of the trajectory of the Polish movement Samoobrona, from its creation in 1991 to its entry in the government in 2006, invites us to critically revaluate such an approach. Indeed, born from a protest movement of indebted farmers, Samoobrona is structuring both as a trade-union and a political party, and is constantly keeping on proclaiming its identity of social movement. By tracing in their whole complexity the historic of the interactions between the different constituent parts of Samoobrona, this contribution aims to show up that this organisational plurality can not be reduced to an instrumentalisation for electoral purposes of an “alibi” trade-union component by the party component. On the contrary, by allowing the movement to intervene simultaneously in various fields of interactions and to extend its potential repertoire of actions, the “Chameleon” aspect of Samoobrona is a key-factor for the comprehension of its successful insertion in the Polish political arena in the beginning of the years 2000.

Bossy Sophie (Institut Universitaire Européen de Florence)

Le consumérisme politique : Entre actions collectives individualisées et participation politique, quelle place pour la recherche d’alternatives à la société de consommation ?

Le but de cette communication est d’interroger les relations entre champ politique et mouvements sociaux à partir d’une étude sur des acteurs venant du consumérisme politique, plus particulièrement des tenants de la décroissance. Il s’agit de chercher à expliquer pourquoi certains « objecteurs de croissance » ont décidé d’investir le champ politique en s’impliquant dans les élections et pourquoi ils ont voulu le faire en dehors des partis existants. Différents concepts seront interrogés afin de comprendre cette volonté de double positionnement, notamment la structure des opportunités politiques, le positionnement initial dans l’espace des mouvements sociaux (le rapport aux autres acteurs issus du consumérisme politique et du mouvement écologique) et le rôle de l’utopie anti-consumériste propre à ces acteurs qui met l’accent sur des formes d’« actions collectives individualisées » et sur une théorie s’apparentant à ce que Jean Cohen et Andrew Arato ont appelé le « radicalisme autolimité ». Cette réflexion permettra enfin de s’interroger sur les conséquences de cette stratégie pour les acteurs concernés sur leurs répertoires d’action (notamment l’investissement du champ politique pour sa fonction tribunitienne), mais aussi sur leur positionnement dans ces deux espaces sociaux et sur leurs pratiques individuelles et collectives.

Political consumerism: Between individualized collective actions and political participation, where does the search for alternatives to consumer society fit?

The goal of this paper is to investigate the relationship between the political field and the space of social movements using a study on actors coming from political consumption, more precisely on some promoters of the de-growth theory. This research tries to understand why some “growth objectors” have decided to enter the political field by getting involved in elections and why they did so outside the realm of existing political parties. Several concepts will be reviewed in order to understand this attempt to position oneself in both spaces: the structure of political opportunities, the initial positioning in the space of social movements (the relationships with other actors from political consumerism and the ecological movement) and the impact of the anti-consumerism utopia they have developed that focuses on specific forms of “individualized collective actions” and on a theory close to what Jean Cohen and Andrew Arato have called “self-limiting radicalism”. This reflection will lead to investigate the consequences of this strategy for the actors on their repertoires of action (in particular the use of the political field for its tribune function), on their positioning in both social spaces and on their individual and collective practices.

Gouin Rodolphe (SPIRIT – IEP Bordeaux)

La transformation du Sillon (1894-1910) en parti politique : modèle d’analyse et application

En rupture avec les analyses macro-sociologiques de la transformation de mouvements sociaux en partis politiques, comme avec les études de cas descriptives non transposables, notre objectif est de proposer un modèle explicatif de la transformation de ces mouvements qui soit utilisable de cas en cas. Refusant les perspectives théoriques générales, ce modèle propose une grille exhaustive et cohérente des dimensions à mesurer et à articuler afin de produire une explication rigoureuse de la transformation d’une organisation de mouvement social en entreprise électorale. Cette configuration des causes possibles combine les dimensions stratégiques (objectifs politiques, pratiques, symboliques et personnels), cognitives (production et articulation des croyances contenues dans les objectifs ou impliquées par eux) et contextuelles (possibilités et incitations politiques et culturelles). L’opérationnalisation de ce modèle s’appuie sur une analyse du processus de transformation en parti (évocation, décision, réalisation). Nous appliquons ce modèle à l’étude du Sillon, mouvement de jeunes catholiques sociaux ralliés à la République. Les résultats mettent en lumière l’importance des objectifs que le mouvement assigne à sa transformation en parti, qui tiennent entre autres aux interactions entre processus cognitifs et environnement qui produisent la perception que les sillonnistes se font du contexte politique et religieux.

The Sillon (1894-1910), from a social movement to a party: analysis model and application

Against both macro-sociological analyses of social movements transformation into parties and descriptive case studies that are not transposable, our objective is to build a model to explain all the cases. Contrary to general theoretical perspectives, this model proposes an exhaustive but consistent pattern of all the features we have to study to explain the transformation of a social movement into an electoral enterprise. This combination of all the potential causes consists in strategic dimensions (political, practical, symbolic and personal objectives), cognitive features (producing and structuring of beliefs implied from the objectives) and context (political and cultural possibilities and incentives). The application of the model is based on a dynamic analysis of the transformation that is first evoked, then decided and finally achieved. Through this model we study the Sillon, a movement of young republican French Catholics. The results show the objectives assigned by the movement to its transformation strategy, which are bounded to the interaction between cognitive processes and the environment, which produce the perception Sillonists have of the political and religious context.

Dufour Pascale (Département de science politique, Université de Montréal)

De la protestation à la politique partisane. Quand et comment les acteurs collectifs traversent la frontière ? Perspective sociologique sur le cas de Québec Solidaire.

Cette communication utilise l’approche des mouvements sociaux pour rendre compte de la naissance de Québec Solidaire (QS), un parti de gauche auto-proclamé, fondé en Février 2006. Nous soutenons que si QS a décidé de « traverser la frontière » pour entrer en politique partisane c’est parce que certains éléments de contexte ont changé au Québec, modifiant la dynamique des relations entre acteurs sociaux et politiques. Nous proposons un cadre d’analyse qui articule ces deux ensemble de variables (contexte et relations) et qui met l’accent sur les logiques de l’action politique (nature privilégiée de la relation à l’État, modalités de la participation politique) et sur le lieu privilégié de l’action (électoral ou non). Plus spécifiquement, nous montrons que durant les 10 dernières années, un changement s’est opéré au sein de l’arène électorale et au sein de l’arène des conflits sociaux, qui a permis la formation de nouvelles coalitions d’acteurs, prônant de nouvelles logiques d’action politique. QS est le résultat de ces changements.

From Protest to Partisan Politics. When and How Do Collective Actors Cross the Line ?

This paper builds on social movement perspective to apprehend the birth of Québec Solidaire (QS), a self-proclaimed left political party founded in February 2006. We maintain that QS decided to cross the line and enter partisan politics because certain contextual elements changed in Quebec society, modifying the relationship dynamics between social and political actors. We propose an analytical framework that articulates these two sets of variable (context and relationships), focusing on logics of political action (nature of the preferred relationships with the state, modalities of political participation) and of the preferred place of action (electoral or non-electoral). More specifically, we argue that during the last 10 years, a shift occurred in both the electoral and social conflicts arenas, allowing new coalitions to form and new logics of political action to emerge. QS is the result of these changes.

Axe 3

Cuadros Daniella (CRPS, IEP de Strasbourg)

Engagement partisan et mobilisations collectives post-dictatoriales. Trajectoires de militants communistes au Chili (années 1990-2000)

Cette communication propose une contribution à l’étude des mouvements sociaux par la sociologie de l’engagement communiste au Chili. L’enquête repose sur soixante-dix entretiens biographiques et les résultats d’une passation de questionnaire auprès d’un échantillon aléatoire représentatif de l’actif du Parti communiste. Nous proposons de mettre en lumière le renouveau actuel de la protestation sous l’angle des modes de maintien dans l’opposition du Parti communiste, question que nous relions à la forme prise par les mobilisations collectives post-dictatoriales depuis 1990. Si le militantisme communiste permet ici d’observer les modes d’articulation entre engagement partisan et mobilisations collectives post-dictatoriales, c’est que les plus nombreux à investir l’arène de la protestation au cours des années 1990 et 2000 sont effectivement des membres du Parti communiste et d’anciens communistes restés actifs dans différents espaces militants. Âgés entre 35 et 50 ans, ils appartiennent à une génération politique qui a souvent été présentée comme « la génération perdue » de la gauche chilienne : celle qui s’est formée dans l’opposition publique mais aussi dans le soutien aux actions armées contre la dictature militaire (1973-1990). Leurs trajectoires nous intéressent car elles renseignent très précisément sur la contribution de divers collectifs militants à un processus inattendu de renouvellement des mobilisations étudiantes et syndicales dans les années 1990 et 2000.

Party commitment and post-dictatorship collective mobilizations. Trajectories of communist activists in Chile (years 1990-2000)

We propose a study of social movements through the sociology of communist commitment in Chile. Our investigation rests on seventy biographical interviews run from 2006 to 2008 as well as on a series of questionnaires regarding social characteristics and practices of activists. These last questionnaires were dealt in June-July 2008, in the three main regions of Chile, to a random sample of members of the communist Party, representative of its standing activity. We propose to shed light on a current protest renewal from the ways and means used by the Communist Party in its remaining in the opposition. We relate this to the form taken by post-dictatorship collective mobilizations since 1990. Communist activism especially allows observing how party commitment and post-dictatorship collective mobilizations are linked together, because most activists having invested the protest arena during the years 1990 and 2000 are members of the communist Party or former communists remaining active in different activist areas. Aged 35 to 50, these activists belong in a political generation which has often been presented as the « lost generation » of the Chilean left: the generation which was formed in the public opposition, but also supported armed actions against the military dictatorship (1973-1990). Their trajectories inform us very accurately on the contribution of several activist groups to an unexpected renewal process of student and trade union mobilizations in the years 1990 and 2000.

Girard Guillaume (CRPS, Université Paris 1)

Usages des technologies organisationnelles dans la compétition politique au Togo et au Bénin : mobilisations pour la "promotion des femmes" et transformations des entreprises politiques de femmes.

Au Togo comme au Bénin, on observe au cours des deux dernières décennies une relative féminisation du personnel politique. Cette communication pose la question des technologies organisationnelles utilisées par ces entrepreneuses politiques. A travers l’étude de leurs parcours, de l’évaluation du poids relatif des labels partisans et du genre dans la mise en équipes des compétiteurs, on entend poursuivre deux principales hypothèses. D’une part, historiquement on note que les équipes de femmes se sont autonomisées des partis. D’abord réunies au sein des ailes féminines des partis uniques, les entrepreneuses politiques ont ensuite investi de nouvelles formes organisationnelles : associations et réseaux d’associations luttant pour la cause des femmes. D’autre part, ce déplacement a été favorisé par l’intervention d’acteurs extérieurs comme les agences onusiennes et des ONG. On note enfin que les usages des technologies organisationnelles par les femmes en politique dépendent de l’emprise partisane sur le jeu politique, ce que révèle la comparaison entre les cas du Togo et du Bénin.

Uses of organizational technologies in political competition in Togo and Benin: mobilizations for women’s promotion and transformations of women’s political involvement

In Togo as Benin, I can observe over the last two decades a relative feminization of political staff. The key question is about organizational technologies used by these political competitors. By studying theirs political paths and measuring the relative weight of political labels and gender on political teams setting up, I aim at defend two hypothesis. On the one hand, we note that women’s teams had became more autonomous. First together within women’s wing of single political parties, involved women uses now new organizational technologies: associations and associations’ networks mobilized in the name of women’s interest. On the other hand, this shift has been stimulated by foreign actors’ intervention as UN agencies local offices or NGO’s. Finally, we note that uses of organizational technologies by political women depend on political parties’ management on the game that is revealed by the comparison of our two cases.

Lambelet Alexandre (CRAPUL, IEPI Lausanne)

Continuités et discontinuités des formes d'engagement dans les carrières militantes: jalons pour une compréhension du militantisme « retraité »

Si la littérature sur les partis politiques ou les mouvements sociaux participent bien souvent de champs de recherche spécifiques, et même si ces cloisonnements sont de plus en plus remis en cause par les chercheurs, il subsiste qu’une approche cloisonnées de ces différents « objets » limite, d’une part, la prise en compte de la manière dont les organisations de mouvement social et les partis politiques peuvent se nourrir l’un l’autre et collaborer à la mise sur agenda de problèmes publics et, d’autre part, limite une compréhension pleine et entière de l’expérience vécue par les acteurs sociaux qui participent, eux, synchroniquement ou diachroniquement, à ces différentes modalités de l’action politique. Une interrogation du militantisme « retraité » nous semble alors intéressante en ce qu’elle permet de penser les passages entre ces différentes modalités ou lieux de militantisme mais aussi leur articulation au regard d’une inscription particulière des individus dans leur parcours de vie. Les « personnes âgées » s’engagent dans des organisations de défense de retraités le plus souvent à la suite d’autres engagements, qu’ils soient mouvements sociaux, partis politiques ou syndicats et il convient dès lors de discuter les rôles et places prises par les militants tant dans les partis que dans les organisations de mouvement social en rapport à une division du travail ou à des ségrégations liées à l’âge.

Between Political Parties and Social Movements: Understanding the Activism of the Elderly

The literatures on political parties or on social movements remain quite separated. However and for the activists, these two forms of political action can be not so separated. In our paper, we would like to take into account the way in which the organizations of social movement and the political parties can nourish each others and collaborate on the agenda setting of social problems. More specifically, we want to question the carriers of activists who take part at the same time or during their life in these two types of political action. Particularly, the commitment of elderly in old-age associations seems interesting to discuss the articulation of these two types of political action in relation with the inscription of these activists in their life course. The elderly who are involved in old-age organizations have been generally involved before in others organizations, which can be social movements, political parties or trade unions, and the roles and places taken by these activists in these organizations can be discussed in connection with the segregations related to the age of the activists in these different types organizations.

Sauvêtre Pierre (IEP Paris)

Une organisation du mouvement sans parti : le cas de l’Organisation politique et du Rassemblement des collectifs des ouvriers sans papiers des foyers dans le sillage de l’occupation de l’Eglise Saint-Bernard de 1996

L’objectif de notre intervention est de mettre en question, c'est-à-dire à la fois d’interroger et de critiquer, les rapports communément admis en science politique entre « mouvement social », « partis politiques » et « Etat ». Selon cette conception, les mouvements sociaux expriment des revendications qui trouvent des relais dans les partis pour être appliqués par eux une fois qu’ils disposent du pouvoir d’Etat. Cette conception présuppose qu’il n’y a de politique que représentative et de politique qu’étatique. Elle assigne le « social » au mouvement et la « politique » au parti et à l’Etat. L’Organisation politique, fondée en 1985 par d’anciens militants marxistes-léninistes à partir d’un bilan de l’échec des expériences des Etats socialistes, tente une autre hypothèse, anti-représentative, sans parti et à distance de l’Etat : il y a de la politique lorsque les individus investis dans un mouvement prolongent leur engagement dans la durée en affirmant leur capacité politique dans une organisation. C’est ouvrir la politique à d’autres lieux que l’Etat en récusant l’obligation de la représentation et du parti. Nous illustrerons cette hypothèse à partir du cas du rassemblement des ouvriers sans papiers à la suite de l’occupation de l’Eglise Saint-Bernard en 1996.

An organization of movement without party: the example of the Political Organization and the undocumented workers after the occupation of the Saint Bernard Church of Paris in 1996

The goal of our communication is to question – both interrogating and criticizing – the relations between “social movement”, “political parties” and “State” generally admitted in political science. According to such a vision, social movements express claims that political parties take into account and try to apply when they are in charge. The supposition is that politics is entirely representative and state-oriented. The social field would belong to movements and the political one to parties and State. The Political Organization, founded in 1985 by former Marxists-Leninists activists from an assessment of the defeat of the socialist States, tries another hypothesis, anti-representative, without party and at distance from the State: there is politics when people engaged in a movement continue their commitment by demonstrating their political capacity in the construction and activity of an organization. It is opening politics to other places that the State by rejecting the necessity of representation and party-formed organization. I shall illustrate this hypothesis by the example of the undocumented workers after the occupation of the Parisian Saint Bernard Church of Paris in 1996.


f Participants

Belomo Pélagie belomochantal@yahoo.fr
Bossy Sophie sophie.bossy@eui.eu
Combes Hélène helene.combes@univ-paris1.fr
Cuadros Daniella daniela.cuadros@ens.fr
Dechezelles Stéphanie sdechezelles@wanadoo.fr
Desrumaux Clément clement.desrumaux-2@univ-lille2.fr
Dubois Mathieu mduboisepicl@yahoo.fr
Dufour Pascale pascale.dufour@umontreal.ca
Girard Guillaume guillaumegirardfr@yahoo.fr
Gouin Rodolphe rodgouin@yahoo.fr
Hû Grégory gregory.hu@wanadoo.fr
Lambelet Alexandre alexandre.lambelet@unil.ch
Luck Simon simonluck@free.fr
Passy Florence florence.passy@unil.ch
Pellen Cédric cedric.pellen@yahoo.fr
Rocha Daniella daniella.decatrorocha@gmail.com
Roger Antoine a.roger@sciencespobordeaux.fr
Sauvêtre Pierre pierre.sauvetre@sciences-po.org