Section Thématique 51

Sociologie politique du sport Renouvellement des perspectives et approches comparées
Political Sociology of Sports Renewal of perspectives and comparative approaches  

Responsables

Corinne Delmas (CERAPS, UMR CNRS 8026) corinne.delmas@univ-lille2.fr
Igor Martinache (CERAPS, UMR CNRS 8026) igor.martinache@univ-lille2.fr

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Alors que le sport fait fortune dans le débat journalistique et politique et qu’il est devenu un champ d’études important pour les sciences sociales (Defrance, 2006), force est de constater l’absence d’une réflexion synthétique récente et sa faible visibilité dans l’espace francophone de la science politique. C’est cette carence que vise à combler cette session thématique dont l’objectif est double. Il s’agit d'abord d’entreprendre un bilan des recherches consacrées aux dimensions politiques du sport, afin ensuite d’y souligner tout l’intérêt heuristique d’une « sociologie politique du sport », qui peut contribuer à renouveler certaines approches classiques de la science politique consacrées à la politisation et à l’engagement.

Dans la science politique européenne, depuis l’ouvrage fondateur de Jean Meynaud (1966), divers travaux ont permis d’approfondir les relations entre sport et politique. L’action publique sportive (De Waele, Husting, 2001 ; Basson, 2001 ; Le Noë, 2000), le nationalisme sportif et les processus par lesquels le sport devient un support d’identification collective (Gebauer, 1994; Hare, 2003) constituent ainsi des thèmes centraux, à l’origine d’un renouvellement des perspectives. Des recherches éclairent particulièrement les ressorts de la « passion partisane » à propos du football et du supportérisme (Bromberger et al., 1995; Cano 2001 ; Hourcade 2000 ; Nuytens 2004, Busset et alii., 2008), interrogent les ressorts de l’idéologie sportive et l’impact culturel du sport, souvent dans une perspective critique, voire radicale (Brohm, 1992), ou plus spécifiquement dans le cas des régimes autoritaires (Dietschy, 2008 ; Bolz, 2008). Si le regard se porte prioritairement sur l’instrumentalisation du sport par les pouvoirs publics sur le plan national (Clément, Defrance, Pociello, 1994) ou international (Levermore, Budd, 2004 ; Arnaud, Riordan, 1998 ; Boniface 1998), sur les effets politiques propres du développement des activités sportives (Elias, Dunning, 1986) ou sur le positionnement des autorités sportives à l’égard du politique (Defrance, 2000), des études récentes, s’inscrivant dans un riche champ de recherche émergent autour des questions d’engagements et de mobilisations dans l’espace des sports, permettent entre autres, d’interroger la politisation des supporters (Hourcade, 2000), la responsabilité des élites dans le développement d'expressions racistes (Bodin et al., 2004), les ressources du sport pour l’action partisane (Moroy, 2000) ou la contribution des professionnels du sport aux processus de politisation et de dépolitisation de cette activité (Contamin, Le Noë, 2009).

Les processus qui sous-tendent ces formes contrastées d’engagement et de mobilisation doivent être appréhendés dans une perspective comparative, en les reliant aux spécificités nationales et sportives. Trois questions émergent à cet égard, qui constitueront les trois axes de cette session :

1°. Les formes et modalités de la politisation du sport : il s’agit d’interroger la contribution des acteurs des espaces sportif et politique à cette politisation qui pose, entre autres, la question du sens politique de l'action d'agents se présentant comme « apolitiques ». Ce sont les effets politiques du sport qui doivent également être appréhendés. La prise en compte de l'enchâssement étroit des activités physiques et sportives dans le tissu social local, dont il reflète finalement les tensions, invite à se garder de tout propos trop globalisant sur ces effets politiques. Un retour socio-historique sur certains épisodes dont le sens a été largement « réinventé » en fonction de certains intérêts politiques peut à cet égard s'avérer particulièrement fructueux.

2°. Les formes contrastées d’engagement (syndical, « moral », social ou humanitaire, partisan…) de sportifs : la spécificité du syndicalisme des joueurs et des répertoires d’action mobilisables ouvre de multiples pistes de recherche, à l’heure du « décloisonnement de la sociologie de l’engagement militant » (Sawicki, Siméant, 2009). L’engagement « moral », social ou humanitaire invite pour sa part à analyser le rapport entre la notabilité sportive et l’engagement pour de « grandes causes ». Alors que se renouvellent les approches de l’articulation entre engagements professionnel et public, les formes contrastées d’engagement partisan de sportifs mais aussi leurs limites, contribuent sans conteste à la réflexion.

3°. L’entrée en politique de sportifs : l’actualité politique et médiatique est riche d’exemples de sportifs ou anciens sportifs opérant une reconversion politique mais également de réinvestissement du domaine sportif par certains professionnels de la politique ; elle invite à orienter le regard sur la trajectoire de ces sportifs, les ressources mobilisées, leur prise de rôle politique, leur position au sein de l’espace politique, l’instrumentalisation politique du sport et de sa paradoxale « neutralité » comme adjuvant de certaines carrières politiques.

Références

Arnaud P., Riordan J. 1998, Sports et relations internationales (1900-1941) : les démocraties face au fascisme et au nazisme, Paris, L’Harmattan.
Basson J.-C. 2001, Sport et ordre public, Paris, Documentation française. Bodin D., Robène, L., Héas S. 2004, Sports et violences en Europe, Strasbourg, Éd. du Conseil de l’Europe
Bolz D. 2008, Les arènes totalitaires. Hitler, Mussolini et les jeux du stade, Paris, éd. CNRS.
Boniface P. (dir.), Géopolitique du football, Bruxelles, éditions Complexe, 1998
Brohm J.-M. 1992, Sociologie politique du sport, Nancy, PUN (1ère éd. : 1976)
Bromberger C. et al.1995, Le match de foot. Ethnographie d’une passion partisane, Paris, éd. de la MSH, 1995.
Busset T., Jaccoud C., Dubey J.-P., Malesta D. (dir.) 2008, Le football à l'épreuve de la violence et de l'extrémisme, Lausanne, éd. Antipodes
Cano D. 2001, « La passion du football : les "ultras" marseillais (observation sociologique) », in Terrains & travaux, n° 2.
Clément J.-P., Defrance J., Pociello C. (dir.) 1994, Sport et pouvoirs au XXe siècle, Grenoble, PUG.
Contamin J.-G., Le Noë O. 2010, « La coupe est pleine, Videla ! », Le Mouvement social, janv.-mars, p. 27-46.
Defrance J. 2000, « La politique de l’apolitisme. Sur l’autonomisation du champ sportif », Politix, vol. 13, n° 50, p. 13-27.
Defrance J. 2006 [1995], Sociologie du sport, Paris, La Découverte
De Waele J.-M., Husting A. 2001, Sport et Union européenne, Bruxelles, éd. de l’Université de Bruxelles
Dietschy P. 2008, « Sport, éducation physique et fascisme sous le regard de l’historien », Revue d’Histoire moderne et contemporaine, 3, n°55-3, p. 61-84
Elias N., Dunning E. 1986, Quest for Excitement, Sport and Leisure in the Civilizing Process, Oxford, Basil Blackwell (trad. fr. Sport et civilisation, Paris, Fayard, 1994). Gebauer G. 1994, « Le nouveau nationalisme sportif », Actes de la recherche en sciences sociales n°103, pp.104-107
Hare G. 2003, Football in France : A Cultural History, Oxford, Berg
Hourcade N. 2000, « L’engagement politique des supporters « ultras » français », Politix, 13/ 50, p. 107-125.
Le Noë O. 2000, Sociohistoire des politiques sportives (1940-1975). Genèse d’un groupe de spécialistes de l’administration d’Etat des activités sportives et structuration du service du sport, thèse, Université Paris I.
Levermore R., Budd A. (eds.) 2004, Sport and International Relations : an Emerging
Meynaud J. 1966, Sport et politique, Paris, Payot.
Moroy F. 2000, « Le sport comme adjuvant à l’action politique. Le cas du Hezbollah à Beyrouth », Politix, 13/50, p. 93-106.
Nuytens W. 2004, La popularité du football. Sociologie des supporters à Lens et à Lille, Arras, Artois Presses Université
Sawicki F., Siméant J. 2009, « Décloisonner la sociologie de l’engagement militant. Note critique de quelques tendances récentes des travaux français », Sociologie du travail, 51, 97-125.

Although sports are benefiting from a tremendous public attention, there are too few works from political scientists in the French-speaking area. This session is then aimed at correcting this lack through two main axis : the first consists in reviewing the works dedicated to the different political dimensions of sports, and the second in stressing the different manners a polical sociology of sports can contribute to the renewal of the classical approaches of mobilization and political commitment. Since the 1960's, different studies have already deepened the reflection about the relations between sports and politics : the public powers intervention in this peculiar field as well as the different ways sports can epitomize collective feelings of identification. More recent works also investigate the political dimensions of fans activities, the contribution of the different actors in the fueling and expression of racism, or the ways sports and their alleged « neutrality » can be used as a tool by political « entrepreneurs ». An international comparison seems necessary to understand the dynamics that underly these various forms of mobilization, taking into account the lasting local specificities of sports organization. In this respect, three axis of investigation can be distinguished : 1) The forms and conditions of sports politization : identifying the political meanings of the actions undertaken by actors who present themselves as « neutral » is particularly at stake, as well as the political effects of sports activities. A glance at forms of historical moments when traditions were « reinvented » may appear particularly relevant. 2) The different forms of commitments from sportsmen and their limits : in political parties, working unions but also, more often, to endorse « moral » or humanitarian causes. This questionning appears all the more relevant as the current studies of political commitment are overtaking the borders between theses different fields. 3) Sportsmen who enter political arenas : despite this « neutral » image conveyed by sports, there seems to be more and more sportsmen or former sportsmen who undertake a second « career » as politicians. One can then wonder how these kinds of « conversions » happen : what their relevant factors are, what specific obstacles they could have to overcome, how they fit in that new role and eventually how sports achievements can be made a tool of political purposes.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur la session suivante :
Session 4 : 2 septembre 2011 15h15-18h

Voir planning général...

Lieu : IEP (salle 215)


Programme

Axe 1 : La politisation du sport

Axe 2 : Militantisme syndical, négociation et action collectives dans l’espace des sports

Axe 3 : Sportifs en politique


Résumés des contributions

Axe 1

Nadine Haschar-Noé (Université de Toulouse, laboratoires SOI / Sports Organisations Identités, EA 3690 et LaSSP / Laboratoire des sciences sociales du politique, EA 4175)

Démocratie participative et projet sportif intercommunal : un enjeu de gouvernance territoriale

Dans la perspective d’une sociologie politique de l’action publique, la communication proposée se centre sur les enjeux, débats et les controverses qui traversent la construction d’un « projet sportif de territoire » initié par une Communauté d’agglomération de 36 communes depuis 1998. Ce projet s’inscrit plus largement dans une visée de (re)définition du mode de gouvernance territoriale et passe, selon ses promoteurs, par la mise en œuvre d’une démarche de démocratie participative associant élus municipaux, techniciens communautaires, acteurs sportifs, habitants et « experts » universitaires. A partir du sport comme analyseur des enjeux et des ambivalences qui traversent la recomposition des institutions intercommunales et des territoires politiques, nous proposons d’analyser les controverses et les arguments mobilisés par les acteurs tout au long de ce processus « participatif ». Dans le cas étudié, l’objet central des controverses porte sur la définition des critères de l’intérêt communautaire permettant la fixation d’une ligne de partage entre compétence communale et intercommunale et sur l’extension (ou non) de cette dernière. Le développement temporel et spatial de ce processus est analysé à travers les différentes étapes de ce « projet sportif de territoire », les configurations d’acteurs et les forums des communautés de politiques publiques qui l’accompagnent.

Participative democracy on a intercommunal sports project: territorial governance at stakes.

Building on a political sociology of public action, the present paper focuses on the stakes, debates and controversies pertaining to a sports territorial project started in 1998 by a council of 36 districts. More generally, this project aims to define anew the modalities of territorial governance, as it involves a process of participative democracy between local representatives, community technicians, sportsmen, inhabitants and scholarly experts. Using sports as an analytic tool of the stakes and ambivalences coming into play in the re-composition of the interdistrict institutions and of the political territories, we scrutinize arguments and controversies that are invoked in the course of the entire participative process. The key conflict resides in a definition of what the criteria are for assessing the community interest, a basis for a clearcut distinction between communal and interdistrict competencies and for an eventual extension of the latter over the former. The evolution in space and time of the process in analyzed through the successive steps incurred by this sports territorial project, the configurations adopted by the numerous participants and the forums des communautés de politiques publiques (i.e., forums of public policies communities).

Jean-François Polo (Institut d’Etudes Politiques de Rennes, CRAPE / Centre de Recherches sur l'Action Politique en Europe)

Le sport au service d’une cause nationale : la Turquie en quête d’une légitimité européenne

Engagée depuis 2005 dans un processus d’adhésion à l’Union européenne dont l’issue est très incertaine, la Turquie s’efforce d’améliorer son image internationale pour mieux promouvoir sa candidature européenne. L’événementiel sportif en Turquie a ainsi donné lieu à un investissement politique très important qui témoigne du souci des autorités politiques de profiter de cette tribune médiatique pour mettre en avant la modernité économique du pays, son ouverture démocratique ou encore son rôle de puissance régionale. Je me propose de revenir sur ce processus de politisation du sport, notamment à travers l’étude de deux événements : la candidature conjointe de la Turquie et de la Grèce à l’organisation de l’Euro 2008 de football et les matchs qualificatifs à la coupe du monde 2010 entre la Turquie et l’Arménie. Il s’agira d’examiner comment le pouvoir politique a saisi l’opportunité de ces compétitions pour faire la démonstration de sa détermination à régler des contentieux anciens et répondre ainsi aux exigences européennes. Cette communication s’appuie sur une double réflexion menée depuis plusieurs années sur les rapports entre sport et politique, et sur les relations de la Turquie à l’Europe. Elle repose sur une enquête menée à partir d’entretiens et de l’étude de la presse turque

Sports at the service of a national reason: Turkey in search of an European legitimacy

Turkey which is engaged since 2005 in a very long and uncertain negotiations to become an European Union’s member state has been striving to improve its image in order to strengthen its European candidacy. Sporting Mega-events in Turkey have been strongly supported by the political authorities in order to put forward its dynamic economy, its democratisation progress and its role as new regional power. I will focus on this “politization” of sports through two events: the joint-bid with Greece to host the Euro 2008 and the World Cup qualifying matches between Armenia and Turkey (in 2008 and 2009). We will analyse how the Turkish authorities took these opportunities to show off their determination and their will to overcome these old conflicts with their neighbours and thus to fulfil the European requirements. This presentation will be based on a double reflexion that I carry on for many years on sports and politics on one hand, and about the Turkey-Europe relationships on the other hand, from fieldworks researches.

Jorge Tuñón (Université Carlos III de Madrid) et Elisa Brey (Université Complutense de Madrid – Université de Liège)

Football et nationalismes en Espagne. Exemples comparés au Pays Basque et en Catalogne

Le football est certainement le sport le plus pratiqué et le plus suivi en Espagne. Par ailleurs, les clivages entre les régionalismes périphériques et le nationalisme central sont bien plus prononcés dans ce pays que dans d’autres sociétés européennes. Ainsi, la Constitution espagnole reconnaît l’existence de trois nationalités historiques et de quatre langues officielles. La littérature disponible sur le sujet fait également état des usages politiques et symboliques des sports, qui contribuent à la construction et la reproduction des identités nationales. Cette communication se propose d’analyser les valeurs attribuées au football dans les deux régions espagnoles les plus propices à l’expression de sentiments nationalistes : le Pays basque et la Catalogne. Différentes sources de données, quantitatives et qualitatives, nous permettront d’analyser les liens entre la vie politique et les acteurs des clubs de football (direction, joueurs et supporteurs), notamment le F.C. Barcelona et l’Athletic de Bilbao. On évoquera également la polémique autour de la formation de sélections régionales et la question de l’identification à la sélection nationale.

Soccer and nationalism in Spain. Crossed cases of the Basque Country and Catalonia.

Football is undoubtedly the most important and followed sport in Spain. The regional and nationalist cleavages are also much important in this country than in other European societies. Thus, the Spanish Constitution recognises three “historical nationalities” and four official languages. It is also well-known, among the literature, how Sports have been used to reproduce political and national identities. This research will analyse the football added and attributed values in two Spanish regions where the expression of nationalism is higher: the Basque Country and Catalonia. Quantitative and qualitative data will show the relations between political life and football clubs (direction, players and supporters), especially within the F. C. Barcelona and the Athletic de Bilbao. The support to regional teams and the identification to the national team will be also dealt with.

Loïc Tregoures (Université Lille 2 / Université Libre de Bruxelles)

L'embargo sportif de la Yougoslavie en 1992 ou la diplomatie du symbole

Le 30 mai 1992, le Conseil de Sécurité des Nations Unies vote la résolution 757 par laquelle elle instaure un embargo total sur la République Fédérale de Yougoslavie, et prend soin d'inclure spécifiquement au paragraphe 8 alinéa b l'obligation pour les Etats « d'empêcher la participation à des manifestations sportives sur leur territoire de personnes ou de groupes représentant la RFY ». Or, d'une part les sanctions à caractère sportif sont exceptionnelles comparées au nombre d'Etats ayant fait l'objet de sanctions de la part de l'ONU, et d'autre part, les fédérations sportives internationales ont toute liberté pour décider d'elles-mêmes de l'attitude à adopter devant telle ou telle situation politique, n'étant pas soumises au droit international, et se déclarant par ailleurs apolitiques. Dès lors, quel était l'enjeu de cette décision politique ? par quel processus décisionnel le Conseil de Sécurité en est-il arrivé à inclure les activités sportives dans l'embargo contre la RFY? Quels furent les débats et les positions au sein des fédérations sportives internationales et du CIO? Les chancelleries et fédérations sportives d'un même Etat partageaient-ils la même opinion sur cette suspension? Existe-t-il des fédérations sportives qui ont maintenu des liens avec la RFY en dépit de la résolution 757 ? Quelles conclusions générales peut-on en tirer sur la place du sport en politique internationale?

The sports embargo against Yougoslavia in 1992 or the symbol diplomacy

On May 30 1992, the United Nations Security Council voted resolution 757 establishing a total embargo on the Federal Republic of Yougoslavia, which not least included in its 8th paragraph the obligation for its members to « prevent persons or groups representing the FRY from taking part in sport events on their terrritories ». This case deserves specific attention considering that sanctions involving sports are exceptional from the UN and that international sports federations are normally totally free to decide how to react to political situations, insofar as they are not submitted to international laws and assert their apolitism. Thus one can wonder what was at stake in this resolution, how the Security Council ended up in adopting such a decision, what were the debates and different positions inside the international sports federations and the International Olympic Comitee, if diplomatic services and sport federations in a given country always agreed on such a decision, or if some federations maintained their links with their yougoslavian counterparts for all the resolution 757. All these aspects may indeed enlighten the very position of sports in international politics.

Axe 2

Nicolas Lefevre (Université de Reims Champagne Ardennes, Laboratoire d’Etude et de Recherche sur les Professionnalisations / LERP, JE2537)

Conditions professionnelles d’existence et démobilisation collective des coureurs cyclistes professionnels

D’apparition récente, le syndicalisme sportif connaît un important succès ; la majorité des disciplines sportives professionnelles dispose aujourd’hui d’organisations syndicales bénéficiant d’une très forte adhésion des sportifs. Il n’est cependant pas rare de recueillir chez les coureurs un discours remettant en cause la « fibre sociale » des professionnels, pointant l’individualisme séculaire et le peu d’intérêt de chacun lorsqu’il s’agit de défendre sa profession. Comment comprendre ce désajustement entre le taux d’adhésion syndicale et ces discours individualistes ? Quels sont les processus sous-jacents à cette démobilisation des coureurs dès lors qu’il s’agit de militer pour défendre des intérêts collectifs ? Partant de données empiriques recueillies dans l’univers du cyclisme professionnel, nous souhaitons éclairer les difficultés pour les coureurs à se doter d’un « capital militant », en orientant le regard sur leurs conditions professionnelles d’existence et sur la dynamique du marché du travail. A ce niveau, trois dimensions peuvent être particulièrement mobilisées : la première renvoie aux conditions socio-historiques de reconnaissance du statut de coureur professionnel ; la seconde circonscrit les conditions d’emploi et de travail des coureurs ; la troisième rend compte des effets produits par la conception vocationnelle et passionnelle qui entoure le métier de coureur cycliste.

Professional conditions of existence and collective divestiture of the professional cycling racers

The young sports trade unionism has a large success ; the majority of the professional sports disciplines have trade unions today benefiting from a very strong membership of the sportsmen. Cycling racers have however a speech calling into question the professional social ideal, pointing ancient individualism and the lack of interest of each when it is a question of defending its profession. How to understand this “désajustement” between the rate of membership and the individualistic speeches? What are the underlying processes in this divestiture of these sportsmen ? With empirical data from the world of professional cycling, we would like to see the difficulties for the cycling racers to acquire a « militant ability », by having a look on their professional conditions of existence and on the dynamics of labour market. At this level, three dimensions can be particularly mobilized: the first one returns on the socio-historical conditions of recognition of the status of professional racer; the second circumscribes the conditions of job and job of the racers; the third gives an account of effects produced by the perception of this job as a vocation and a passion.

Xavier Landrin (Université Paris X –Nanterre, Groupe d’analyse politique)

Le conflit de travail dans la National Basketball Association (NBA) : sociologie d’un lock-out

L’idée de conflit du travail appliquée à l’un des principaux sports professionnels américains laisse supposer que les tensions internes au champ des pratiques du basket-ball aux Etats-Unis relèvent de mécanismes généraux rencontrés dans les autres sphères du travail et suppose que cet univers est en partie structuré comme les autres secteurs professionnels. Or, le conflit du travail dans la NBA renferme des spécificités qu’il faut prendre en compte pour en saisir les logiques et, éventuellement, faire ressortir des écarts par rapport à d’autres sports professionnels nationaux ou étrangers. On se propose d’étudier le conflit du travail qui l’a marquée, durant la saison 1998-99. On accordera une attention particulière à l’histoire de cette ligue. On montrera comment ce lockout relève de temporalités différentes. Après avoir envisagé la genèse du conflit et l’avoir réinscrit dans une chronologie précise et raisonnée, on en mesurera les conditions et les effets en privilégiant les angles d’approche suivants : les structures organisationnelles et les ressources mobilisées par les protagonistes ; le rôle de conditions « exogènes » dans le déroulement du conflit ; les pratiques de loyauté ou d’exit privilégiées par les joueurs . A partir de sources de première main et d’une documentation journalistique, on espère ainsi comprendre cette crise mais aussi les logiques de fonctionnement d’une ligue de sport professionnelle menacée de manière récurrente d’un nouveau lockout.

The labour conflictin the National Basketball Association (NBA) : Sociology of a lock-out.

Speaking of labour conflict in one of the main professional sport in the USA suggests that its internal strains and structures are similar to those that one can analyze in other fields of labour. The labour conflict that affects the NBA actually contains many specificities which are to be taken into account in order to undestand its reasons as well as how far it may appear from the way other professional sports are organized, in the USA or abroad. Here will be analyzed the conflict that affects the NBA in 1998-1999 with a peculiar attention granted to the history of this professional league. It will indeed be explained how this lock-out implies different sequences of this history. After having considered the origin of this conflict and having located it in an accurate chronology, its factors and effects will be analyzed questioning the following aspects : the organizational structures and the ressources the protagonists mobilized ; the role of external conditions in the progress of the conflict ; the choice of loyalty or « exit » by some players. This analyzis will be based on first-hand datas as well as press articles and is aimed at understanding not only this crisis but also the logics on which such a professional sport league, which is since then permanently threatened by another lock-out, runs.

Jérémy Pierre (Université Paris-Est, Marne-la-Vallée, laboratoire ACP / GREHSS, EA 3350)

La construction d’une politique publique en matière d’emplois sportifs. Entre complémentarité et concurrence des différentes instances certificatrices

Au cours des années 2000, le Ministère en charge des sports rénove son dispositif de certification relatif à l’encadrement sportif contre rémunération (introduction de la VAE, du RNCP, modification des diplômes professionnels…). La filière STAPS obtient de nouvelles prérogatives et le marché de l’encadrement sportif contre rémunération, jusque là réservé au Ministère en charge des sports, étend pour ses frontières à d’autres niches certificatrices. La création d’une Convention Collective Nationale du Sport, le 7 juillet 2005, après sept années de négociations, permet pour sa part au sport de s’affirmer comme étant une branche professionnelle à part entière. Cette rénovation, dont nous cernerons les causes et incidences, est le symbole d’un tournant majeur dans les modes de régulation des métiers du sport, avec le passage d’un mode de gestion centralisé et vertical à un mode hybride s’apparentant à la gouvernance partagée mariant public et privé, davantage horizontal et décentralisé multipliant les acteurs impliqués. L’idée directrice de cette communication est de mettre en exergue les tensions autour de cette politique publique qui, s’ouvrant à un panel plus large d’instances certificatrices, engendre des tiraillements exacerbés entre divers acteurs. En effet, le quadrillage de l’emploi sportif apparaît comme une nébuleuse aux contours flous dans laquelle chacun tente de préserver ses diplômes, titres, ou qualifications afin de maintenir son utilité.

The building of a public labour policy in sport between complementarity and competition between the different labeling authorities.

During the 2000 decade, the Ministry of Sports renewed its labeling procedures concerning the organization of sport activities in exchange of payment (introduction of the VAE, the RNCP, changing of the professional certificates, etc.). The STAPS university field gained new prerogatives and the monopoly of the Ministry of Sports on the certificates for paid sport trainers was broken, what benefited to market actors. A National Collective Agreement in Sports was adopted in the 7th of July 2005 after seven years of negotiations, what enabled sport activities to claim to be a professional field similar to others. In this paper will be analyzed the causes and effects of this renewal, which epitomizes a major turn in the regulation of sport occupations : the centralized and vertical system was substituted by an hybrid system implying public and private actors on an horizontal and decentralized basis.The core aim of this paper consists in analysing the strains between the different actors such a public policy has emphasized while opening to a wider spectrum of labelling authorities. The framing of sport labour appears indeed as a complex web with blur borders in which everyone attempts to protect its certificates and labels in order to legitimate its usufulness.

Axe 3

Christian Le Bart (IEP Rennes)

Guy Drut, David Douillet, Bernard Laporte : la conversion de la gloire sportive en ressource politique

L'objectif de cette contribution est de réfléchir aux professionnels de la politique issus du monde du sport de haut niveau. Deux exemples sont privilégiés, David Douillet et Bernard Laporte. L'entrée en politique s'effectue de façon atypique, sous le parrainage d'un président de la République, mais l'occupation de fonctions institutionnelles tend à banaliser le profil des anciens champions. Cette banalisation n'est cependant pas totale : dans les situations conflictuelles, ces personnalités sont souvent fragilisées par leur déficit de capital politique. La conversion du capital sportif en capital politique est imparfaite et donne lieu à stigmatisation, d'où la tentative  (par exemple chez Bernard Laporte) pour retourner le  stigmate et démontrer que sa façon  à lui de faire de la politique n'a rien à envier à celle des « professionnels de la politique »

Guy Drut, David Douillet, Bernard Laporte and the difficult conversion of sporting glory into political ressources

This paper studies professional politicians who have entered politics following an elite sporting career, focusing on four times world and European judo champion and twice Olympic Gold medallist David Douillet, and French national rugby union team manager Bernard Laporte. In each case, the conversion to a political career took place atypically, promoted directly by the French president (Chirac for Laporte, Sarkozy for Douillet), but the occupation of institutional functions has tended to remove the lustre from these former champions, whose lack of political capital often makes them vulnerable in situations of conflict. The conversion of sporting into political capital is thus imperfect, spotlighting the  deficiencies of the convert -  and producing (in the case, for example, of Laporte) the counter-charge that his own way of 'doing politics' is no less valid than that of the 'professionals'.

Karim Souanef (Université Paris Dauphine, IRISSO / UMR CNRS 7170)

De la main d’Henry à la déroute de Knysna : traitement médiatique et communication politique

Dans cette étude sur la fabrication de l’information dans le cadre de moments de « crises » sportives, deux évènements retiendront particulièrement notre attention : le but de la main marqué par Thierry Henry en novembre 2009 et la grève des joueurs en Afrique du Sud, à partir desquels nous tenterons de mettre en lumière les modalités d’intervention des agents politiques et la nature de la « communication gouvernementale institutionnelle ». Nous verrons comment les logiques de construction de l’information répondent aux mécanismes internes au champ journalistique et combien les prémices d’une information sportive sont façonnées par les cadrages d’agents politiques, endossant le rôle d’ « entrepreneurs de morale ». La polémique autour de la main d’Henry et la grève des joueurs fonctionnerait comme des « fenêtres d’opportunité politique » afin, notamment, de donner l’image d’un Etat en action, proche des citoyens. Loin des propagandes d’Etat en matière de sport sur fond d’exaltation de l’identité nationale du XXe siècle, cette communication politique s’inscrit dans la remise en cause d'une vision du sport comme porteur de valeurs intrinsèques. Cette force du sens commun sur laquelle repose le discours des professionnels de la politique fait émerger une politique de la dépolitisation, fondée sur une rhétorique de l’éthique et de la morale transcendant les clivages partisans.

From the hand of Henry to the « collapse » of Knysna : media covering and political communication about the French soccer team.

This paper is about the making of information in context of sport “crises” and will focus on two peculiar events : the hand goal scored by Thierry Henry in november 2009 and the French soccer team players'strike in South Africa. Both events will enable us to ponder over the logics of political intervention in this field and the nature of one can refer as “institutional governmental communication”. It will be showed how he logics that organize the making of information answer to internal mechanisms of the journalistic field and how these ones are influenced by politicians' framing, acting then as “moral entrepreneurs”. Both events may indeed work as “windows of political opportunities” in order to feed the image of an acting State close to the citizen. Far from the State propaganda using sports to emphasize nationalism during the 20th century, this perspective of this paper will question the tradition considering sports as conveying natural values. This strong common sense on which is based the rhetorics of professional politicians illustrates a politics of “depolitization” refering to ethics and denying partisan cleavages.


Participants

BREY Elisa elisa.brey@gmail.com
DELMAS Corinne corinne.delmas@univ-lille2.fr
HASCHAR-NOE Nadine hascharnoe@orange.fr
LANDRIN Xavier landrin@free.fr
LE BART Christian lbrt35@club-internet.fr
LEFEVRE Nicolas nicolas.lefevre@univ-reims.fr
MARTINACHE Igor igor.martinache@univ-lille2.fr
PIERRE Jérémy jeremypierre.01@gmail.com
POLO Jean-François jean-francois.polo@sciencespo-rennes.fr
SOUANEF Karim k.souanef@yahoo.fr
TUNON Jorge jorgetn@gmail.com
TREGOURES Loïc loictregoures@yahoo.fr