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Réagir aux attentats : état de la recherche et appel à communications

En juillet 2017, dans le cadre de la section thématique 54 intitulée « Réagir aux attentats », les politistes réunis en congrès à Montpellier étaient invités à réfléchir sur les réponses apportées aux attaques terroristes, qu’il s’agisse de celles des autorités politiques devant gérer la crise et rétablir l’ordre, comme de celles des citoyens. Retour sur ces travaux et perspectives de recherche et, en lien, présentation d’un appel à communications pour un workshop qui se tiendra à l’Institut universitaire de Florence en mai 2018 sur les réponses gouvernementales aux attaques terroristes en Europe depuis 2000.

La section thématique 54 intitulée « Réagir aux attentats » est partie d’un constat : si la recherche française s’est beaucoup intéressée au terrorisme ces dernières années, plus rares sont les travaux qui se penchent sur les attentats en eux-mêmes et les réactions qu’ils suscitent. Notre volonté était donc de lancer des échanges sur ce sujet au sein de l’AFSP, en cherchant à comprendre les réponses apportées aux attaques terroristes, que ce soit celles des autorités politiques ou des citoyens. Ces échanges au sein de notre ST se sont concrètement organisés autour de deux axes : le premier consacré aux mobilisations et le second aux politiques publiques. Les six papiers sélectionnés étaient volontairement très différents, tant par leurs objets et leurs matériaux que par leur stade d’avancement dans la recherche, même si nous avons privilégié des terrains occidentaux pour conserver une certaine cohérence (nous avions eu en effet de nombreuses propositions très intéressantes mais qui soulevaient bien d’autres questionnements, relatifs à des périodes ou des zones géographiques différentes). Les attentats n’avaient ainsi pas le même statut dans chacune des communications présentées ; parfois variable dépendante (comment les discours politiques et médiatiques les constituent, ou pas, en « événements »), ils sont souvent envisagés comme variable indépendante (quels sont leurs effets ? Comment y réagit-on ?), quand ils ne sont pas analysés comme variable intermédiaire (un « prétexte » pour légiférer par exemple).

Concernant les mobilisations citoyennes, trois perspectives ont été présentées : la première, sociologique et qualitative, s’est focalisée sur la communauté musulmane et a permis de déconstruire la thèse de l’invisibilité des musulmans après les attentats survenus en France en 2015-2016 (V. Geisser). La seconde, quantitative, s’est intéressé à l’opinion publique française dans son ensemble et a souligné que si les attentats pèsent dans les mouvements d’opinion, cela n’est pas nécessairement, comme on pourrait s’y attendre, dans le sens d’une dynamique autoritaire (V. Tiberj). La troisième était, quant à elle, socio-historique : à partir du cas de l’attentat de juin 1978 au château de Versailles, elle a mis en exergue des processus (d’intéressement et de concernement notamment) qui se retrouve à l’œuvre dans les réactions à des attentats plus récents (S. Antichan).

Pour ce qui est des réactions observées au niveau des autorités politiques et des politiques publiques, trois recherches ont là aussi été présentées. La première analysait les évolutions du discours anti-terroriste en France depuis le 11-Septembre (J. Fragnon). La seconde étudiait les réponses législatives aux attentats et surtout celles ayant trait à la nationalité, en comparant la France et les États-Unis (S. Perret). La dernière revenait, enfin, sur l’impact des attentats de mars 2016 à Bruxelles sur l’action publique à destination des jeunes, en regardant autant du côté des jeunes visés par ces politiques que des travailleurs sociaux en charge de les mettre en œuvre sur le terrain (A. Delporte et L. Francou).

Si les papiers présentés dans le premier axe étaient relativement aboutis (un numéro spécial de revue est d’ailleurs envisagé sur la question des mobilisations face aux attentats), ceux sur les politiques publiques avaient davantage un statut de « work in progress ». La discussion a donc permis de mettre en exergue des pistes de recherche futures, telles que l’influence de la variable politique ou celle du contexte sur l’action publique post-attentats. Elle a également souligné que le statut de la comparaison et son utilité dans la recherche méritaient d’être davantage creusés.

 

#AAC Workshop : Governmental responses to terrorist attacks in Europe since 2000

Vous trouverez ci-dessous un appel à communications pour un Workshop organisé par le LIEPP (Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques, Sciences Po, Paris) et le RSCAS (Robert Schuman Centre for Advanced Studies, European University Institute, Florence) qui se tendra le 25 mai 2018 à Florence.

La date limite d’envoi des propositions est fixée au 15 décembre 2017.

Les responsables scientifiques sont Laurie Boussaguet (EUI, Florence) et Florence Faucher (Sciences Po, Paris).

 

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