Section thématique 31

Les terrorismes : un objet pluriel pour un champ restreint ?

f Responsables

Aurélie Campana (Université Laval) aurelie.campana@pol.ulaval.ca
Julien Fragnon (Université de Lyon, Triangle UMR 5206) fragnonjulien@yahoo.fr

Présentation scientifique

Dates des sessions

Programme Résumés Participants

 

f Présentation scientifique

Considéré dans les années 1970 et 1980 comme un phénomène relevant prioritairement de la sécurité interne des États, le terrorisme est aujourd’hui perçu comme une menace à la sécurité et à la paix internationales. Les attentats des années 1990 et 2000 ont engendré un renouvellement des interrogations que cette section thématique souhaite questionner. Celle-ci propose un état de la recherche sur un objet relativement délaissé en France : « les terrorismes ». Cette dénomination plurielle renvoie à la pluralité de l’objet tant au niveau de la nature des organisations, des affiliations idéologiques, du degré de violence déployé, que de ses apparitions historiques, sociales et spatiales. Sa délimitation même, soumise à des définitions juridiques, institutionnelles ou scientifiques multiples, actualise cette diversité.
A partir de là, peut-on établir, des critères distinctifs d’une violence politique spécifique ? Quels modèles explicatifs utilisés ? La pluralité de l’objet ne provient-elle pas également de la multiplicité des regards disciplinaires portés sur lui ? Comment s’approprier de manière rigoureuse un objet, fondamentalement stratégique et accusatoire ? Trois axes seront privilégiés pour tenter de répondre à ces questionnements transversaux : les enjeux épistémologiques liées à toute entreprise de définition d’un objet fuyant ; les modèles théoriques susceptibles d’être utilisés pour saisir son hétérogénéité ; un regard croisé sur les recherches menées en France, en Europe et en Amérique du Nord.

Séance 1 : La définition des « terrorismes » : un préalable nécessaire à la recherche ?

La première séance sera consacrée aux enjeux de définition sous-jacents à toute démarche scientifique. Ils sont d’autant plus exacerbés qu’il n’existe aucune définition consensuelle du « terrorisme » dans le champ académique comme politique (Schmid et Jongman, 1988). Certains chercheurs refusent d’ailleurs ce terme, au motif que son emploi soulève plus de questions qu’il n’en résout (Sommier, 2000). Si cette stratégie d’évitement souligne les processus de labellisation, elle se heurte toutefois à la réalité de violences subies dont il faut bien rendre compte (Crettiez, 2000). Dès lors, cette séance se propose d’explorer deux pistes de recherche susceptibles de contourner l’écueil d’une définition « introuvable ». Premièrement, la réflexion pourrait s’orienter vers l’identification d’indicateurs, pour mieux cerner l’objet « terroriste » et le distinguer d’autres formes de violences politiques (guérilla, crime organisé, massacres). Outre d’offrir une meilleure délimitation des phénomènes terroristes, une telle démarche permet d’interroger l’historicité des « terrorismes » et de réévaluer le débat souvent stérile entre ancien et nouveau « terrorisme ». Deuxièmement, nous suggérons de déplacer le regard en dépassant l’acte lui-même pour englober les processus sociaux et politiques qui conduisent à son usage. Un tel postulat permet de contextualiser la violence terroriste et de la réintégrer comme une dimension essentielle, mais pas exclusive, de processus politiques. Cette démarche ouvre des pistes de recherche sur l’emploi, selon une temporalité donnée du « terrorisme », qui de technique et stratégie peut devenir une fin en soi.

Séance 2 : Pour un renouvellement des modes d’appréhension des terrorismes

La seconde séance revient sur les difficultés méthodologiques de toute recherche sur « les terrorismes ». On constate qu’une grande majorité d’études manque d’assise empirique. L’adoption d’une démarche compréhensive pourrait permettre de dépasser une telle faiblesse. Si l’objectivation des bases de données (celle de la FRS, du GTB ou du MPT) a solidifié des comparaisons historiques (Bergesen et Yan, 2005) ou réfuté certains lieux communs (ainsi du lien entre « terrorisme » et pauvreté et « terrorisme » et démocratie, Piazza 2006), l’apport de l’outil statistique ne peut être mesuré qu’à l’aune d’une interrogation, peu courante, sur le processus de production de données.
En appréhendant les « terrorismes » comme une violence politique produite par un groupe, il paraît judicieux de l’interroger à l’aide de méthodes de recherches cumulées (entretiens, archives, presse). Parallèlement, il convient de prolonger ces questionnements méthodologiques par une réflexion sur les outils théoriques les plus pertinents pour l’appréhender : sociologie de l’action collective, relations internationales, études de « sécurité », analyse de discours, psychologie sociale, etc. Leur utilisation relative inclinerait alors vers telle ou telle approche disciplinaire (Crenshaw, 1995, Wieviorka, 1988).

Séance 3 : Pluralité de l’objet ou pluralité des regards ?

La troisième séance se concentrera sur les traditions académiques distinctives et leurs différentes approches méthodologiques et épistémologiques. En Amérique du Nord, les études sur le terrorisme sont majoritairement le fait de spécialistes de relations internationales, de psychologues et de criminologues. Les sociologues, Charles Tilly mis à part (2005), se sont peu penchés sur cette question. En France, les études sont dominées par les relations internationales et la sociologie politique mais demeurent, eu égard à la multiplication récentes des publications outre-Atlantique, peu nombreuses. Comment comprendre le peu d’attrait de l’objet « terrorismes » auprès des chercheurs francophones ? Ne faut-il pas voir dans ce décalage relatif une difficulté à concilier des démarches scientifiques qui diffèrent dans leurs présupposés méthodologiques et épistémologiques ?
Ainsi, on constate que les études nord-américaines sont majoritairement guidées par une approche quantitativiste et positiviste. Leurs questionnements portent sur les causes économiques, psychologiques ou culturelles du terrorisme et offrent une visée prospective : elles entendent modéliser le basculement dans la violence terroriste afin de proposer des outils de détection d’individus ou de groupes violents. En France, les recherches s’inscrivent dans une démarche plus qualitative et visent, dans leur majorité, à comprendre le passage de la violence à la violence terroriste. Cette séance se propose donc d’entamer un dialogue entre tenants de ces différentes approches afin de croiser, au-delà de la pluralité des regards, la complémentarité des différentes études. Ces échanges sur leurs apports respectifs paraissent d’autant plus pertinents que les phénomènes terroristes et les logiques qui les sous-tendent sont multiples, variés et évolutifs.

Bibliographie
Bergesen Albert J. and Han Yi (2005), « New Directions for Terrorism Research », International Journal of Comparative Sociology, 46, p. 133-150.
Braud Philippe (1991), Le jardin des délices démocratiques. Pour une lecture psycho-affective des régimes pluralistes, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques.
Crenshaw Martha (1995), Terrorism in Context, University Park, Pennsylvania State University Press.
Crettiez Xavier (2000), « Les modèles d’appréhension du terrorisme », Les Cahiers de la sécurité intérieure, n°38, 2000, p. 199-218.
Piazza James A. (2006), « Rooted in Poverty? Terrorism, Poor Economic Development, and Social Cleavages », Terrorism and Political Violence, 18 (1), p.159-177.
Schmid Alex et Jongman Albert (1988), Political terrorism : a new guide to actors, authors, concepts, data bases, theories and literature, New Brunswick, Transaction Books.
Sommier Isabelle (2000), Le terrorisme, Paris, Flammarion.
« Theories of Terrorism: A Symposium », (Mar., 2004) Sociological Theory, Vol. 22, n° 1.
Tilly Charles (2005), “Terror as Strategy and Relational Process”, International Journal of Comparative sociology, 46 (1-2), p. 11-32.
Wieviorka Michel (1988), Sociétés et terrorisme, Paris, Fayard.

Terrorisms: a plural object of study in a restricted academic field?

This thematic section proposes a survey of the research done on a relatively neglected object in France: terrorisms. We use plural to highlight its complexity and multifaceted nature: diversity of the terrorist organizations, of their ideological affiliations; variation in the level of violence, as well as diversity in its historical, social and spatial appearances. The multiple legal, institutional and scientific definitions definitely contribute to maintain a high level of ambiguity on how to define terrorism. We organize the thematic section in three sessions. Each session addresses transversal issues.
The first session will be devoted to discussing the challenges lying behind the definition of “terrorisms”, in a context where no academic and political consensus emerges. We intend neither to solve the definition question, nor to ignore it. Rather we would like to consider alternative strategies to better apprehend terrorism as an object of study. Two roads could be taken to get round of the pitfall of a definition impossible to agree on. First, we question the relevance of isolating some indicators, which would allow researchers to distinguish terrorism from other forms of political violence. Secondly, we suggest analysing the social and political processes leading to the use of terrorism and introducing a long-term analysis.
The second session proposes to focus on the methodological difficulties and theoretical tools used to comprehend the heterogonous terrorist phenomena. As extensively observed, solid empirical and original researches are rather an exception than a rule. It is why we find useful to get back to basic questioning on methods and methodology (interviews, archives, statistical analysis…). Parallel to these methodological issues, we discuss the theoretical tools or frameworks which are using to study terrorism.
The third session discusses the different academic traditions and their diverse methodological and epistemological approaches. If the object “terrorisms” didn’t really attract much attention within the French political science, the situation is quite different in other countries. This noteworthy difference is also reflected in differences in approaches: they are in majority positivist and prospective in North America, while in France researchers prefer comprehensive approaches. Therefore, it seems of interests to engage in a dialogue to test the potential complementarity. This workshop intends to explore the convergences and divergences, as well as the contributions of these different approaches. 
 


f Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 3 : 8 septembre 2009 9h-11h20
Session 4 : 8 septembre 2009 16h-18h20
Session 5 : 9 septembre 2009 9h-11h20
Voir planning général...

Lieu : IEP (salle 18)


f Programme

Axe 1
La définition des « terrorismes » : un préalable nécessaire à la recherche ?

Axe 2
Pour un renouvellement des modes d’appréhension des terrorismes

Axe 3
Pluralité de l’objet ou pluralité des regards ?


f Résumés des contributions

Axe 1

Mégie Antoine (Université de Versailles-Saint-Quentin, CARPO)

« Nouveau terrorisme » versus « ancien terrorisme » : entre enjeux théoriques et politiques

Objet avide de spéculations au cœur d’une production médiatique et académique dense, le fait « terroriste » demeure un terrain de recherche pertinent si on le considère avec une prise de distance scientifique afin de ne pas rendre « naturelles » les analyses dominantes, faute de recul nécessaire à la compréhension. Cette communication se propose d’étudier le fait « terroriste » à travers une étude des enjeux académiques et politiques du paradigme faisant du terrorisme post 11 septembre un phénomène « nouveau » en raison de ses motivations, ses ressources et ses logiques d’action. Aborder la question des définitions et des processus sociaux et politiques qui structurent cette lecture dominante de l’action terroriste revient dans un premier temps à s’interroger sur ce qui est réellement « moderne » dans ce que d’aucuns qualifient, sous diverses étiquettes, d’« hyperterrorisme ». Quel serait finalement ce « nouveau » terrorisme apparu à partir du 11 septembre et en quoi se distingue-t-il de l’ « ancien » ? Dans quelle mesure existe-t-il des différences majeures entre ces deux « modèles » présumés de recours à la violence politique et si oui quel est le degré de changement ? Répondre à ces interrogations nécessite, par ailleurs, d’interroger les conséquences politiques et juridiques concrètes de l’imposition de cette distinction comme paradigme dans les enceintes hors sphère académique, notamment chez les décideurs et professionnels nationaux et internationaux.

« New terrorism » versus « old terrorism »: academic and political issues

Rather classically, we face the issue of defining the type of knowledge needed to analyze an object, the “terrorism”, which seems to be knowledge-shy and speculation-hungry. In this perspective, a scientifically distance is needed to demonstrate that the academic paradigm on terrorism issue is not “natural”. The aim of this contribution consists in analyzing the “terrorism” through the academic and political struggles about the paradigm of the “new terrorism”. The events of 11 September have undeniably altered the ways in which terrorism is analyzed and understood. When examining definitional problems, the first question to ask is: what is really new in what some call diversely “hyperterrorisme” for example? What are the new understandings of terrorism since 9/11 and what are the main differences between “old” and “new” forms of terrorism? We may attempt to answer these broad questions by analyzing the socialization and methods of organization and action between an “old” player and a “modern” one. In a second time, it’s also essential to examine the effects of this paradigm on security and political fields. In other words, in what extent State intelligence and judicial systems have changed and refocused their activities and penal policies in order to face up to the “new terrorism” ?

Cumin David (Université de Lyon, Lyon 3)

Pour une définition objective du terrorisme. A l’aide des critères de la polémologie et du droit des conflits armés

Le terrorisme est la violence politique armée du temps de paix. Il est non seulement possible de délimiter le phénomène à l’aide d’une série de distinctions (paix/guerre, actes d’Etat/actes d’individus, actes d’individus/ actes de foule, sélectivité/non sélectivité, criminalité ordinaire/terrorisme, pathologie/terrorisme) et de l’identifier à l’aide d’une série de critères (association clandestine, intention politique, usage délibéré de la violence armée, rivalité de légitimité avec les pouvoirs publics, recherche de la notoriété à travers les médias, adresse à une « mouvance potentielle »), mais encore de le définir en utilisant les concepts du droit des conflits armés. Tel est à la fois le paradoxe et le pari (alors même que la lutte contre le terrorisme, concernant essentiellement la police judiciaire, est peu militarisable). Au-delà de la cause invoquée par les associations clandestines et de leur représentativité revendiquée, la modalité d’action pourrait permettre une définition objective, qui sortirait de la tautologie des textes conventionnels ou législatifs. Est terroriste l’acte politique de violence armée perpétré en temps de paix contre un objectif inoffensif. Quelle que soit la cause ou la représentativité, celles-ci se trouvent dégradées par la modalité suivie : nulle cause ou nulle représentativité ne justifient l’attaque d’innocents. Le refus de toute considération morale sur l’innocence, autrement dit, admettre que l’attaque préméditée de n’importe quelle personne ou de n’importe quel bien mettant en danger la vie ou la santé des personnes est permise, serait la quintessence du terrorisme.

For an objective definition of terrorism. With criteriums of polemology and armed conflicts law

Terrorism is the armed political violence in peace-time. It is not only possible to delimit the fact with a succession of distinctions (peace/war, acts of State/acts of persons, acts of persons/acts of crowds, selectivity/ non-selectivity, ordinary criminality/terrorism, pathology/terrorism) and to identify it with a succession of requirements (underground association, political intent, intentional use of armed violence, rival legitimity with authorities, search of being well-knowed through medias, apply to a « potential movement »), but also to define it by using concept of the law of armed conflicts. Such is the paradox and the challenge (whereas fight against terrorism concerning essentially criminal investigation, is little militarisable). Beyond the reason put forward by the underground associations and their representation claimed by themselves, the methods of action could allow an objective definition, emerging from the tautology of conventional or legislative texts. Political act of armed violence against harmless target in peace-time is terrorist. Whatever the reason or the representation may be, they are damaged by the methods : no reason or nor representation can justify to attack harmless people. To deny any moral regard for harmless people, or to admit that any premeditated attack against people or any property endangering life or wealth of people is allowed, would be the quintessence of terrorism.

Linhardt Dominique (MINES Paris Tech)

« Quand faire, c’est dire » : terrorisme, critique et provocation

La mise en mots des faits de terrorisme conduit souvent à installer la guerre comme un cadre de référence implicite. On comprend pourquoi : dans la mesure où la guerre constitue l’archétype de la violence politique, les représentations guerrières viennent comme naturellement coiffer les événements qui relèvent de cette autre forme de violence politique qu’est le terrorisme. Cette situation ne soulèverait pas de difficulté si, avec le recours du registre de la guerre, on n’importait pas, dans l’analyse du terrorisme, un certain modèle de l’action terroriste et, simultanément, une conception matérielle, physicaliste des effets qu’elle produit. Cette communication n’a pas pour objectif de contester radicalement la pertinence du registre de la guerre pour dire et partant pour analyser le terrorisme. Elle entend néanmoins interroger ses limites. Pour ce faire, on envisagera la possibilité d’un usage de la violence politique dont l’enjeu n’est pas d’affaiblir un ennemi par la maximisation des destructions. L’hypothèse qu’on esquissera est celle d’un usage « provocateur » de la violence politique. La prise en compte de cette dimension supplémentaire de l’action terroriste permet d’assigner au registre de la guerre ses conditions de validité. Il ne saurait, en effet, être question d’évacuer pleinement du terrorisme l’horizon de la guerre. On vise plutôt à décrire une économie de l’action terroriste à partir d’un continuum entre deux pôles théoriques entre lesquelles se distribuent les situations réelles.

« How to say things with deeds »: terrorism, critique and provocation

Putting terrorism into words often leads to establish war as an implicit frame of reference. The reason is obvious: Because war is an archetype of political violence, the war register seems natural when talking about terrorism, constituting another form of political violence. This situation would not raise difficulties if the use of the war register did not bring in the analysis of terrorism a certain model of terrorist action and, simultaneously, a material, physicalist conception of its effects. This communication does not seek to radically challenge the relevance of the war register for the analysis of terrorism. But it intends to examine its limits. To that end, it considers the possibility that terrorism does not necessarily constitute a type of political violence that aims at weakening an enemy by the maximization of destruction. The assumption that will be outlined is that of a “provocative” use of violence. Taking into account this additional dimension of terrorism will help to assign to the war register its conditions of validity. In fact, the purpose is not to fully detach terrorism from the horizon of war. The aim is to account for an economy of terrorist action from the angle of a continuum between two theoretical poles between which the empirical situations dispatch.

Axe 2

Crettiez Xavier (Université de Versailles-Saint-Quentin)

Réflexion pour un modèle sociologique d’entrée dans la violence politique radicale

Cette intervention cherchera à comprendre les moteurs d’entrée dans l’action politique violente radicale et tentera de proposer un modèle général d’analyse du « basculement » dans la violence. Cette réflexion se nourrit de trois approches méthodologiques différentes et parfois concurrentes. Une première perspective vise à marier une analyse structurelle (mise en avant de variables historiques, politiques et sociologiques) et une analyse rationnelle (« public choice ») de l’engagement politique violent. La seconde s’attache à réfuter l’idée d’un basculement dans la violence. A l’aide des ressources de la « carrière déviante » de Becker ou de l’engagement à « hauts risques » de Mac Adam, nous faisons l’hypothèse d’un cheminement non linéaire vers la violence. La dernière approche modifiera la focale au niveau micro-sociologique. On insistera ainsi sur les phénomènes de socialisation à la violence, les effets pervers de la clandestinité et de l’isolement sur l’activisme individuel ou la dimension proprement psycho-sociologique des phénomènes d’entraînement collectif. Le matériau empirique sera constitué à la fois de terrains historiques ayant comme point commun une pratique réelle de la violence politique de type oppositionnel à l’Etat et d’une large revue bibliographique internationale. Une des ambitions méthodologiques de ce travail consiste à rapprocher les travaux sur la violence politique de la sociologie de l’action collective.

Reflection for a sociological model of entrance to the radical political violence

This paper intends to understand how peoples come to radical violent political action. We mean to propose a general model of the “fall” into violence. Three different and sometimes competing methodological approaches feed our reflection. A first perspective aims to combine a structural analysis (emphasis on historic, political and sociological variables) and a rational analysis (the “public choice” theory) of the violent political engagement. The second one refutes the common idea of a linear process towards violence. By using the “career deviant” (Howard Becker) and the “high risks activities” (Doug Mac Adam) concepts, we hypothesize that the path towards violence is far from being linear. This latter approach brings about new insights at the micro-sociological level. In so doing, we will mainly focus on the phenomena of socialization to the violence, the perverse effects on the individual activism of living in hiding and in isolation, or the psycho-sociological dimension of the phenomena of imitation effect within the underground groups. The empirical material is composed of historic fieldworks, in which actors opposing the State have resorted to political violence, and of a wide international bibliographical review. One of the methodological ambitions of this paper consists in coming closer to the works of the sociology of the collective action on the political violence.

Belaala Selma (Sciences-Po Paris, CERI)

Violence politique et violence antipolitique. Terrorisme et djihadisme

L’apparition de formes multiples de la violence dans le cas des organisations djihadistes (violence de proximité, massacres collectifs et usage de l’arme blanche par les milices de quartiers) souligne la faiblesse de l’approche sécuritaire du djihadisme qui est analysé souvent à partir du seul prisme du terrorisme. Compte tenu de la diversité des modes organisationnels et des pratiques de la violence politique djihadiste, peut-on réduire ce mouvement armé à un seul des modes opératoires pratiqués : les attentats terroristes ? Notre communication pose trois problèmes politiques. Le premier est la question de la nature politique du djihadisme et de son ennemi politique. Nous abordons cette question à partir de textes de référence concernant l’usage du terrorisme et de la violence dans le débat opposant les djihadistes aux Frères musulmans. En même temps, la nature politique du djihadisme ne peut être analysée sans l’intégration de la dynamique micro-locale de ce mouvement et de l’articulation de celle-ci avec le niveau macro-global-transnational. Nous poserons également le problème de la méthodologie d’enquête en science politique concernant l’étude des organisations armées djihadistes. Nous aborderons le cas de l’usage de la méthode de l’ethnographie culturelle à partir de nos enquêtes locales sur le djihadisme au Maghreb et en Europe (Mitidja en Algérie, bidonvilles Casablanca et Meknès au Maroc, Ceuta en Espagne et le cas du Londonistan).

Political violence and antipolitical violence. Terrorism and jihadism.

The emergence of multiples forms of violence in the case of Jihadist movements (local violence, collective murders, using of cutting weapons by districts militias) underlines the weakness of the security approach. In this perspective, Jihadism is more than often analyzed through the only prism of terrorism. Given the diversity of the organisational modes and violent actions, we should not reduce these armed movements to terrorism, for it is only one of their tactics. This paper raises three issues. First, it asks the question of the political nature of Jihadism and its political enemy. We explore this issue by referring to reference texts discussing the use of terrorism and violence within the debates opposing the Jihadists to the Muslim Brothers. Secondly, the paper focuses on the political nature of the Jihadism by integrating the micro-local dynamics of this movement, and articulating the latter with the macro- global-transnational one. Finally, we intend to address the methodological problems facing the researcher who want to stud any armed Jihadist organizations. We will particularly discuss the cultural ethnographic method, basing our reflection on the fieldworks we did in the Maghreb and in Europe (Mitidja in Algeria, shanty towns Casablanca and Meknès in Morocco, Ceuta in Spain and the case of Londonistan).

Calcerrada Gwenaëlle (IEP Bordeaux, SPIRIT)

La « tactique du faible au fort » : Apports et limites des explications structurelles et stratégiques du terrorisme par la discipline des Relations Internationales

Le terrorisme est un objet d’étude particulièrement malaisé à définir, pour preuve, il n’en n’existe aucune définition juridique qui fasse l’unanimité au niveau international. Néanmoins, et depuis le 11 Septembre 2001, nous évoluons dans un monde où ce phénomène, par essence multidimensionnel, ne peut être ignoré. L’objet terroriste nous échappe peut-être et avant tout parce qu’il est transdisciplinaire et qu’il entre mal dans les cadres pré-établis du champ académique. Nous proposons d’apporter un éclairage issu de la discipline des Relations Internationales sur l’objet terroriste. Celui-ci est avant tout un phénomène politico-stratégique, compris dans la notion de « tactique du faible au fort ». Cette dimension est essentielle dès lors que l’on tente de le comprendre et de le combattre. D’autant qu’il est l’une des principales matrices de lecture des relations internationales aujourd’hui. Pour autant, l’éclairage politico-stratégique est impuissant à expliquer les transformations et l’impact du terrorisme contemporain, la nature de ses acteurs ainsi que leurs motivations. En somme, si l’analyse en termes de Relations Internationales paraît pertinente pour comprendre les enjeux structurels et les conditions techniques qui ont permis les récents développements du terrorisme, elle ne permet pas de saisir les tenants et les aboutissants de la démarche individuelle, sociale et culturelle qui le caractérise.

The Weaker’s Strategy : Contributions and Limits of Structural and Strategic Explanations of Terrorism by International Relations Studies

“Terrorism” is particularly hard to define. As we can check, there is no legal or scientific definition unanimously accepted at the international level. However since September 11 we can’t ignore that phenomenon, which is multidimensional by essence. The terrorist object is very hard to seize due to the fact that it is deeply trans-disciplinary, and it cannot fit in the categories of any discipline. We propose a way to deal with that object that comes from International Relations studies. According to it, terrorism is first and foremost a political and strategic object, as we can understand through the phrase : « the weaker’s strategy ». This dimension is essential when one tries to explain and fight terrorism. On top of that, terrorism has become one of the matrixes through which we understand international relations. Nevertheless, this approach is unable to explain contemporary terrorism, that is : its transformations, its impacts, its new actors and their motives. International studies are relevant to understand structural stakes and technological developments of today terrorism, but can’t alone explain the individual, social and cultural dimensions of terrorism.

Ratelle Jean-François (Université d’Ottawa)

Le terrorisme et la sécurisation dans les États autoritaires.

Dans cette communication, nous cherchons à bâtir à partir de la littérature en sociologie politique de l’international, notamment de l’école de Copenhague et de l’école de Paris, pour analyser la gestion du terrorisme et de l’(in)sécurité dans les États autoritaires. Nous proposons un cadre analytique qui fait le lien entre le concept de sécurisation et les recherches sur les micro-dynamiques et les micro-mécanismes de la violence politique. Les notions de sécurisation et de champ de l’(in)sécurité sont proposées comme des outils qui permettent de mieux comprendre et de conceptualiser les terrorismes, ses ramifications sociétales et l’utilisation et la construction que les agences en font. À partir du cas du Caucase du Nord et de la Seconde guerre de Tchétchénie, nous cherchons à démontrer comment la lutte anti-terroriste par les regroupements sécuritaires et les terrorismes sont des phénomènes conjoints et constitutifs. Nous proposons donc une approche relationnelle et sociologique pour appréhender le phénomène des terrorismes qui s’inspire des travaux de Didier Bigo et Stathis Kalyvas.

Terrorism and securitisation in authoritarian states

Building on the analytical frameworks offered by international political sociology and critical security studies, including the Copenhagen School and the Paris school, I seek to analyze the management of terrorism and (in)security in authoritarian states. I propose an analytical framework that bridges the gap between securitisation and the research on the micro-dynamics and micro-mechanisms of political violence. The concepts of securitisation and field of (in)security will help us understand terrorism, including its social ramifications and how security formations construct terrorism to serve their own interests. Based on the case of the Northern Caucasus and the Second Chechen war, I seek to demonstrate that terrorism and counter-terrorism operations should be analyzed as a mutually constitutive process especially in authoritarian states. I will therefore propose a relational and sociological approach in understanding the phenomenon of terrorism inspired by the works of Didier Bigo and Stathis Kalyvas.

Meszaros Thomas (IUHEID-Genève, CLESID-Lyon 3)

Les « terrorismes » en Relations internationales : regards croisés entre les approches positivistes et post-positivistes

Cette contribution entend proposer une approche post-positiviste des questions de sécurité notamment du terrorisme. Il ne s’agit pas de présenter les différentes formes d’approches post-positivistes ou critiques qui existent au sein de la discipline des Relations internationales mais de s’intéresser en particulier au cas du constructivisme qui permet une lecture originale du terrorisme envisagé comme type de relation sociale. Il s’agira en particulier de discuter les différences qui existent entre les approches rationalistes-réalistes et celles réflexiviste-constructivistes de la sécurité. Le constructivisme, comme hypothèse théorique ou comme méthode d’investigation, permet d’appréhender les relations internationales, et les questions de sécurité, en cherchant à répondre à la question du « comment » plutôt qu’à celle du « pourquoi » privilégiée par les réalistes. Ainsi une question principale peut être dégagée en ce qui concerne le terrorisme : comment les États définissent-t-il leurs intérêts et leur identité face au terrorisme, c’est-à-dire quelle est l’influence des facteurs culturels dans la manière dont ils déterminent la menace et les réponses adéquates en matière de politique de sécurité ? Finalement cette question en revient à interroger la manière dont les acteurs construisent l’objet « terrorisme » et la place qu’occupent les idées, croyances ou valeurs dans la construction de cet objet spécifique.

“Terrorisms” in international Relations: cross perspectives between positivist and post-positivist approaches

The purpose of this proposition is to propose a post-positivist approach of the questions of security in particular of the terrorism. The goal of this work is not to present the various forms of post-positivist or critical approaches which exist within the discipline international Relations but to examine in particular the case of constructivism which allows an original perspective of the terrorism envisaged as a type of social relation. This presentation will be the occasion to discuss the differences between the rationalist-realist approaches and the reflectivist-constructivist conceptions of security. The constructivism, as a theoretical hypothesis or as a method of investigation, allows looking at international relations and security issues by trying to answer the question "how" rather than "why" privileged by the realist approach. So a main question can be raise as regards to terrorism: how States define their interests and their identity in front of terrorism, which means what is the influence of cultural factors in the way they determine the threat and the adequate answers in terms of security policies? Finally this question leads to examine the way the actors build the "terrorism" object and the role of ideas, beliefs or values in the construction of this specific object.

Axe 3

Holeindre Jean-François (École des Hautes Études en Sciences Sociales)

Le terrorisme au miroir de la ruse

Le terrorisme n’est pas seulement un problème social, c’est aussi un problème stratégique. L’action terroriste vise à créer un sentiment d’insécurité permanente : déclencher la « terreur » dans une population en menaçant de frapper à tout moment, de façon indiscriminée. L’un des principaux ressorts de la terreur, c’est l’effet de surprise et de stupeur que provoque par exemple l’attentat (surtout lorsque celui-ci est diffusé dans les médias). La ruse constitue un moyen efficace et peu coûteux de provoquer la surprise. Ainsi, les terroristes sont souvent passés maîtres dans l’art de la dissimulation (grimage, camouflage) et de la simulation (fausses informations, leurres). Au plan tactique, les auteurs des attentats du 11 septembre ont utilisé des rasoirs pour détourner des avions de la même façon que David a trompé Goliath en employant avec ingéniosité une simple fronde. Ils ont ainsi trompé la vigilance de systèmes de sécurité réputés inviolables. Plus généralement, dans les conflits asymétriques qui opposent des groupes terroristes à des armées régulières, la ruse est par excellence l’arme du « faible » contre le « fort », lequel tend à dénigrer la ruse car c’est une arme déshonorante, indigne de son statut. Cependant, le recours à la force ouverte et aux moyens conventionnels n’est probablement pas efficace pour lutter contre la « ruse terroriste », dont le but est d’éviter à tout prix le face-à-face.

Terrorism in the cunning’s mirror

Terrorism is not only a social issue; it is also a strategic issue. The main goal of terrorist action is to create fear and permanent insecurity: causing terror among people by threatening to hit any time, anywhere. One of the main driving forces of terror is the effect surprise and stupor caused by attacks (especially when they are broadcast live in the media). Cunning constitutes a good and costless means to achieve surprise. Terrorists are often masters of dissimulation (make up, camouflage) and deception (false information, lures). Tactically speaking, the authors of the 11/9 attacks used razors in order to hijack planes just as David deceived Goliath with a simple sling. They defeated security systems that were considered to be inviolable. More generally, in asymmetrical conflicts which oppose terrorist groups and regular troops, cunning is par excellence the weapon of the “weak” against the “strong”, who tend to despise cunning because it is a dishonourable weapon, unworthy of their status. However, using open force and conventional means is probably ineffective to fight against the “terrorist deception”, in which face-to-face battle is shunned at any cost.

Dépigny Marine (Laboratoire d’Économie des Transports – ENTPE, Université de Lyon)

De l’usage de la Théorie Économique pour modéliser les comportements terroristes

La théorie économique néoclassique est considérée par les économistes comme un outil puissant et pertinent des politiques publiques de lutte contre le terrorisme et de leurs mesures de sûreté associées (Enders & Sandler, 1993). Cette théorie modélise chaque être pensant comme un fin tacticien. Chaque homme serait un être rationnel soumis à une contrainte de ressources qui tenterait, à travers ses opportunités de maximiser une certaine utilité. Cependant après quarante ans de pseudo prédictions économétriques et d’analyses rationnelles des comportements terroristes, force est de constater que la théorie économique néoclassique seule ne suffit pas à expliquer ces comportements. Confrontée à son incapacité à prédire le terrorisme, la théorie économique a été contestée par une littérature s’opposant parfois à un comportement d’homo oeconomicus des terroristes. Nous tenterons lors de cette communication de revenir sur la place que la théorie économique peut jouer dans une modélisation des comportements terroristes. Quels sont les apports de la théorie économique dans l’explication des actions terroristes ? A quelles limites la théorie économique se heurte-t-elle dans le champ multidisciplinaire que constitue la compréhension du terrorisme ? Nous nous intéresserons enfin aux perspectives futures de l’utilisation d’une définition élargie de la théorie économique dans l’explication du terrorisme.

From the use of Economic Theory to terrorist behaviors modeling

Neoclassical economic theory is considered by economists as a powerful and relevant tool for counter-terrorism public policies (Enders & Sandler, 1993). Indeed this theory offers a framework for the comprehension and the analysis of terrorist behaviors. Terrorists are considered as rational human beings who would try through their opportunities to maximize their utility under a resource constraint. Furthermore they are endowed strategic skills that give them a global view of their environment. However the application of economic theory to terrorism has not yet convinced the community of researchers. Incapable of predicting terrorist acts, economic theory has been challenged by a large literature that is often opposed to a homo oeconomicus behavior of terrorists. We will try in this presentation to define the role that economic theory could take in a model of terrorist actions. What are the contributions of economic theory in the comprehension of terrorist behaviors? What are the limits of economic theory applications in the multidisciplinary field that constitutes terrorism? Finally we will look at the future prospects of the use of an enlarged definition of economic theory in the explanation of terrorism.

Légaré Kathia (Université Laval)

Divergence de langage, divergence de sens? Les natures du phénomène terroriste à travers les études empiriques

En l’absence d’une définition faisant l’unanimité, la nature du terrorisme est débattue à travers les exercices académiques - défini ici comme un discours savant. À partir du dépouillement d’une sélection d’articles scientifiques ayant une composante de recherche empirique, cette communication cherche à distinguer les corpus de recherches en fonction de leur méthodologie, leur définition du terrorisme et leurs prémisses théoriques. Si la distinction entre études quantitatives et qualitatives est généralement mise de l’avant, peut-être faut-il plutôt distinguer les études entre celles qui traitent le terrorisme comme une unité d’analyse indépendante et celles qui limitent les généralisations pour une étude plus précise des phénomènes terroristes. Le premier corpus de recherches tend à faire de l’étude du terrorisme une science à part, la « terrorologie », qui suppose un objet stable dans l'espace et dans le temps. Il regroupe plusieurs méthodologies, soit une diversité d’approches statistiques, de modélisations formelles ou mathématiques, mais aussi d’études qualitatives. Alors que le second groupe comporte des recherches surtout qualitatives situant le terrorisme dans un contexte spécifique et reconnaît, à l’instar de Charles Tilly, que « la grande diversité d’acteurs adoptant la terreur comme stratégie écarte la possibilité de faire des hypothèses causales susceptibles d’expliquer le phénomène terroriste dans son ensemble. » Il s’agira en définitive de vérifier si ces ensembles de recherches produisent des connaissances qui sont cumulables.

Different wording, different meaning? The various natures of terrorism across empirical studies

Since there are no unanimous definition of terrorism, its nature is discussed through academic studies, taken here as a scholarly discourse. This paper analyses the definitions of terrorism, theoretical premises, and methodology of a selection of empirical studies. It seeks to identify and analyse research corpus, which could be divided between small-N and large-N. However, the most promising cleavage might be between studies defining terrorism as an independent object, and those limiting generalisations in favour of more specific researches. The first group considers the study of terrorism as a specific field of study, « terrorology », which postulate the stability of the research object across time and space. It includes various methodologies: among others, statistical approaches, formal models, but also qualitative studies. As for the second group, it mostly includes qualitative studies that contextualize terrorism, and acknowledge, as Charles Tilly, « (that a) remarkable array of actors sometimes adopt terror as a strategy, and therefore no coherent set of cause-effect propositions can explain terrorism as a whole. » In the end, this paper will seek to determine if these bodies of researches can generate cumulative knowledge.

Perras Chantal (Université de Montréal)

Terrorisme au féminin

Le terrorisme a été étudié sous de nombreux angles, particulièrement depuis le 9/11. On tente de comprendre le processus ayant mené à poser les actes. Il est question de l’ascension de la place des femmes dans les groupes terroristes. D’un rôle passif, elles sont devenues plus actives. Souvent en groupe, elles se sont mises à prendre part activement aux attentats terroristes. Il existe une dichotomisation forte de genre. Par exemple, les unités terroristes sont rarement mixtes. Parallèlement, une proportion de plus en plus grande d’attentats est de nature suicidaire. Selon la Rand Corporation, ces derniers font en moyenne 4 fois plus de morts que les attentats traditionnels. Ces deux tendances révèlent que les actes terroristes deviennent plus meurtriers et spectaculaires. Quel lien le genre entretien-t-il avec cette analyse? Est-ce que le genre influence la nature et/ou l’ampleur des actes ? Est-ce que les femmes font moins, autant ou plus de dommages ? Une analyse factorielle de correspondances a été réalisée sur une base de données (Rand-MIPT) portant sur les actes terroristes survenus depuis 1980 au niveau mondial. L’analyse des données révèle deux tendances. Les femmes ont davantage tendance à être impliqués dans des actes ayant causé des dommages humains, tandis que les hommes auraient tendance à causer des dommages matériels. Une autre différence est liée aux raisons qui poussent les hommes et les femmes à poser des actes terroristes.

Terrorism and women

Terrorism has been studied with different perspectives, particularly since 9/11. We work toward an understanding of the elements implied in the process of acting terrorism. We are concern with the rise and the place occupied by women in terrorist groups. From a passive role, they simply became more active. Most often in groups, they started to take active share in terrorist attacks. There exists a strong gender dichotomisation. For example, terrorist units are gender specific. In parallel, an increasingly large proportion of attacks are of suicidal nature. According to the Rand Corporation, those suicidal acts on average make 4 times more deaths than in traditional terrorist attacks. These two tendencies reveal that the terrorist acts become more fatal and spectacular. Which link gender do have with this analysis? Does gender influence the nature and/or the severity of acts? Do the women make less, as much or more damage? An AFC analysis was carried out on a database (Rand-MIPT) concerned by terrorist acts that have occurred since 1980 on a global level. The data analysis reveals two tendencies. The women tend to be more often implied in acts causing human damage, while men are more oriented toward material damage. Another difference is related to the different reasons men and women are doing terrorist actions.

Izquierdo Jean-Marie (IEP Bordeaux/SPIRIT et Université de Pau et des Pays de l’Adour/CECL)

Quand la violence politique devient « terroriste »

L’objet terroriste est fréquemment, en sciences sociales, un objet s’étude à manier avec beaucoup de circonspections. Il touche à des considérations émotionnelles qui empêchent encore son objectivation et sa classification en tant qu’exercice politique hors norme conventionnée, comme l’est la violence politique. Cet objet violent/terroriste peut cristalliser la défiance vis-à-vis de la légitimité des pouvoirs, ou la défense, a contrario, d’une légalité par la dénonciation d’un ennemi à combattre... Parfois ressource opportune ou sujet politique, l’objet terroriste est aussi un construit social et culturel qui ne peut être défait des lieux et des temporalités contextuelles et politiques dans lesquels il apparaît. Très concrètement, si l’on se concentre, dans une approche comparative, à la fois de la violence politique ou « terroriste » en Espagne (ETA) en France (Iparretarrak) ou en Amérique latine (Sentier lumineux), il est intéressant d’observer à partir de quel moment l’on désigne ces mouvements comme « terroristes ». Il apparaît que ces étapes ne peuvent pas être appréhendées sans comprendre la sociologie politique du moment, l’histoire contemporaine. L’objet terroriste ne peut ainsi pas être compris en dehors de son contexte politique, sociologique et médiatique.

When political violence becomes “terrorist”

Terrorism is still complicated to analyse for social science. This term deals with emotional aspects that makes difficult its study and its typology within the classification of political violence. This violence/terrorism question can be used by the one who denie the legitimacy of the political institutions, or, on the other side, by the one who want to denounce an ennemy in the name of legality... Sometimes, using this terms can allow opportune political ressource or makes political items to promote specific policies. In this sens, the word “terrorist” is a social and cultural object which cannot be separated, in its analysis, of the different contexts (place, time...). If we consider, in a comparative approach, ETA in Spain and Iparretarrak in France, or Shining Path in Peru, it is interesting to realize at what time such movements are qualified as « terrorist ». Those steps cannot be understood without integrating political sociology, contemporary history... The « terrorist » object cannot be apart from political, sociological and mediatic context.


f Participants

Belaala Selma selma.belaala@sciences-po.org
Calcerrada Gwenaëlle gwencalcerrada@yahoo.fr
Campana Aurélie aurelie.campana@pol.ulaval.ca
Crettiez Xavier xavier.crettiez@wanadoo.fr
Cumin David dvcumin@wanadoo.fr
Depigny Marine marinedepigny@gmail.com
Holeindre Jean-Vincent holeindre@ehess.fr
Fragnon Julien fragnonjulien@yahoo.fr
Izquierdo Jean-Marie jm.izquierdo@gmail.com
Légaré Kathia Kathia.legare@hei.ulaval.ca
Linhardt Dominique dominique.linhardt@ensmp.fr
Mégie Antoine antoine.megie@free.fr
Meszaros Thomas thomas.meszaros@noos.fr
Perras Chantal chantal.perras@umontreal.ca
Ratelle Jean-François jrate066@uottawa.ca