Section thématique 39

Les mobilisations ethnolinguistiques en Europe.

f Responsables

Romain Pasquier (CRAPE, Sciences-Po Rennes) rpasquier@hotmail.com
Jean-Baptiste Harguindéguy (CEPEL/CNRS, Université de Montpellier) Jean-Baptiste.Harguindeguy@eui.eu

Présentation scientifique

Dates des sessions

Programme Résumés Participants

 

f Présentation scientifique

Les études sur le multiculturalisme et les politiques linguistiques ont connu un grand essor dans l’ensemble de l’Europe depuis les années 1980.
Ainsi, notre proposition s’intéresse aux mobilisations de défense et de promotion des langues régionales en Europe, langues « pratiquées traditionnellement sur un territoire d’un Etat par les ressortissants de cet Etat qui constituent un groupe numériquement inférieur au reste de la population de l’Etat » (Conseil de l’Europe, 1992).
L’enjeu de ces revendications est central puisque la défense des langues renvoie directement à une certaine conception du territoire et de la nation. Le fédéralisme belge, la dévolution « culturelle » au Pays de Galles et en Ecosse ou le processus autonomique en Espagne sont difficilement compréhensibles sans une référence aux langues sous-tendant ces phénomènes.
Par essence, les langues régionales n’ont pas toute vocation à remplacer la langue dominante en tant que vecteur de communication, lingua franca facilitant le bon déroulement des affaires publiques, mais plutôt à s’ériger en concurrentes – même minoritaires – face à elle sur certains secteurs. La question des revendications ethnolinguistiques n’en perd pas sa pertinence pour autant.

Une littérature abondante  :

Les études portant sur les langues régionales en Europe se sont multipliées ces dernières années. Même si ce champ reste dominé par les sociolinguistes il existe malgré tout une littérature proprement politologique sur ce thème et qui peut être divisée en quatre sous-secteurs.
Tout d’abord, la sociologie des mobilisations a apporté d’intéressants éléments sur le lien entre défense linguistique, militantisme et mobilisations nationalistes. Le potentiel mobilisateur des langues, entendues comme symbole d’unité nationale, a ainsi pu être analysée à travers diverses études de cas (Bourdieu et Boltanski 1981: 2-17; Touraine et al. 1981; Tejerina 1999: 75-105).
Ensuite, les études sur le nation-building et state-building ont placé très tôt les enjeux linguistiques au centre de leurs préoccupations en démontrant l’intense travail de monopolisation du marché linguistique réalisé par la langue (ou les langues) de l’Etat. Véritable ciment psychologique de l’Etat-nation, les langues étatiques se sont efforcées de marginaliser (voire faire disparaître) les langues concurrentes, provoquant généralement des réactions vivaces dans les périphéries de l’Etat (Allardt 1979: 44-63; Hobsbawm 1996: 85-122; Fishman 2000; Klatter-Holmer and Van Avermaet 2001).
D’un autre point de vue, les analyses en terme de regional studies ont été les premières à démontrer que l’action collective ethnolinguistique ne recouvrait qu’imparfaitement les mobilisations régionalistes et nationalitaires comme les cas breton et occitan le soulignent et que de nombreuses variables influaient sur le succès ou l’échec de ce type d’action collective. En outre, ces dernières ont insisté sur l’intégration progressive de ces mobilisations au niveau européen à travers une logique multi-niveaux (Barbour et Carmichael 2000; Cole et Williams 2004: 554-579; Harguindéguy et Ballester 2007: 89-108).
Enfin, la théorie politique centrée sur les différentes conceptions de la justice et de l’équité s’est elle-même divisée entre penseurs Rawlsiens considérant que l’Etat doit envisager les langues présentes sur son territoire de façon neutre (Etats-Unis), communautaristes prônant la promotion de l’ensemble des langues minoritaires par le pouvoir central afin d’éviter la perte écologique irréparable que représenterait l’extinction de l’une de ces langues (Canada, Espagne, Belgique, Suisse), et républicanistes souhaitant ne favoriser qu’une langue (ou un petit groupe de langues) afin de permettre l’intercommunication et la participation de tous à la vie de la cité (France) (Taylor 1985; May 2001; Kymlicka et Patten 2003).

Un questionnement fondé sur trois axes de recherche :

Cette section thématique a été pensée comme un carrefour permettant d’intégrer des travaux provenant aussi bien de la théorie politique, que de la sociologie de l’Etat, des études régionales et de la sociologie des mobilisations. Le type de propositions recherché porterait prioritairement sur l’un des axes suivants :

Références
Allardt, E. 1979. ‘Implications of the Ethnic Revival in Modern, Industrialized Society. A Comparative Study of the Linguistic Minorities in Western Europe’, Comentationes Scientarum Socialum 12 (Helsinki, Societas Scientarum Fennica): 44-63.
Barbour, S. et Carmichael, C. (dir.), Language and Nationalism in Europe. Oxford: Oxford University Press, 2000.
Bourdieu, P. et Boltanski, L. 1981. ‘Le fétichisme de la langue’, Actes de la Recherche en Sciences Sociales 3: 2-17.
Cole, A. et Williams, C. 2004. ‘Institutions, Identities and Lesser-used Languages in Wales and Brittany’, Regional and Federal Studies 14(1): 554-579.
Conseil de l’Europe. 1992. Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Strasbourg.
Fishman, J.A. (dir.). 2000. Can Threatened Languages be Saved. Clevedon: Multilingual Matters.
Harguindéguy, J.B. et Ballester López, M. 2007. ‘Acción colectiva y enseñanza de las lenguas regionales en Francia (1951-2006). Una primera aproximación’, Revista Española de Ciencia Política 16: 89-108.
Hobsbawm, E. 1996. ‘Are all Tongues Equal? Language, Culture and National Identity’ dans P. Barker (ed.), Living as Equals. Oxford: Oxford University Press, 85-122.
Klatter-Holmer, J. et Van Avermaet, P. (dir.). 2001. Theories on Maintenance and Loss of Minority Languages. Munster: Waxmann. 
Kymlicka, W. et Patten, A. (dir.). 2003. Political Theory and Language Rights. Oxford: Oxford University Press.
May, S. 2001. Language and Minority Rights. Harlow: Longman.
Taylor, C. 1985. Human Agency and Language. Cambridge : Cambridge University Press.
Tejerina, B. 1999. ‘El poder de los símbolos. Identidad colectiva y movimiento etnolingüístico en el País Vasco’, Revista Española de Investigaciones Sociológicas 88: 74-105.
Touraine, A., Dubet, F., Hegedus, Z. et Wievorka, M. 1981. Le pays contre l’Etat, luttes occitanes. Paris: Seuil.

Ethno-linguistic Mobilisations in Europe.

In Europe, the process of nation-state building generally consisted in the imposing by the States of one language assumed to favour the constitution of a uniform nation. However, empirical research demonstrates both the emergence of a variety of ethno-linguistic social movements mobilising in support of a new deal for regional languages and the taking into consideration of this issue by central governments (in the Basque Country, in Wales, in Flanders…).
The aim of the workshop will be to provide a comparative perspective on the connection between the concepts of identity, territory and language. Though the study of ethno-linguistic mobilisations remains dominated by socio-linguists, political scientists have recently proposed interesting analyses of this phenomenon. Considering this situation, we will accept proposals related with three key issues:

(1) Actors, networks and ethno-linguistic mobilisations in Europe: What are the political repertoires used by these movements? Are there differences between the coalitions mobilised for defending a regional language? Which networks have been the most efficient in institutionalising their structure? What kind of relations do maintain ethno-linguistic movements with ethno-nationalist parties and cultural activists?

(2) Mobilisations and language policies: How do ethno-linguistic mobilisations influence on language policies elaborated by European governments? Are these movements able to propose an alternative offer to state language planning (in the field of education for instance)? Do central states always manage to impose their own language policies? Do ethno-linguistic movements receive a political backing of local and regional representative institutions working on the same territory? Is it possible to propose a typology of models and language regimes in with regard to the relations between central states and ethno-linguistic movements?

(3) The Europeanisation process of ethno-linguistic mobilisations: Even if the Europeanisation process is a source of controversies, is it a process generated by a “vertical” pressure exerted by European institutions? Or, more simply, is it a “horizontal” process creating cross-border networks gathering different ethno-linguistic movements into large transnational coalitions.


f Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 4 : 8 septembre 2009 16h-18h20
Session 5 : 9 septembre 2009 9h-11h20
Session 6 : 9 septembre 2009 14h-16h20
Voir planning général...

Lieu : IEP (salle 13)


f Programme

Axe 1
Les mobilisations ethno-linguistiques : sociogénèse et répertoires d’action

Axe 2
La politisation des mobilisations ethno-linguistiques

Axe 3
La construction des politiques publiques linguistiques


f Résumés des contributions

Axe 1

Itçaina Xavier (CNRS-SPIRIT, Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux)

Appartenances linguistiques et identités collectives en Pays Basque français : quel regard du politiste ? Retour sur une enquête

Cette communication constitue un retour critique sur l’enquête Identité et culture basque au début du XXIe siècle menée en 2005 en Pays Basque français, Communauté autonome basque et Navarre. Menée conjointement par le gouvernement basque, la Société d’études basques et, côté français, l’Institut culturel basque, cette enquête quantitative et qualitative a permis de réintégrer la variable linguistique dans un questionnement sur les appartenances identitaires et les pratiques culturelles. Trois lectures peuvent en être faites a posteriori. Une première lecture linéaire des résultats permet de faire contraster les trois territoires en mesurant la part de la langue dans les représentations des identités et de la culture basque. Une seconde approche soulève des problèmes méthodologiques: comment mesurer les identités collectives ? Quelle pertinence des méthodes quantitatives, même corrigées par des focus group ? Enfin, ces données ne prennent sens qu’au regard des mobilisations collectives et du degré d’institutionnalisation des politiques linguistiques et culturelles sur les trois territoires. Le Pays basque français, en particulier, connait depuis les années 1990 une dynamique d’institutionnalisation de la langue et de la culture basques. Ce processus a entraîné notamment la différenciation entre politiques linguistiques et politiques culturelles. Ce n’est qu’à la lumière de ces débats proprement politiques que les résultats de l’enquête de 2005 prennent sens.

Language belongings and collective identities in the French Basque Country. Reconsidering a recent survey

This paper aims at reconsidering a 2005 survey on Identity and Basque culture at the start of 21st century, in the French Basque Country, the Spanish Basque Autonomous Community and Navarra. The survey was conducted together by the Basque autonomous government, the Society of Basque Studies in Spain and by the Basque Cultural Institute in France. Both qualitative and quantitative methodologies were applied. The issue of language was reintegrated in a wider questionnaire on identity belonging and cultural behaviours. As a feedback, three questions might be addressed to this survey. At first glance, a linear review of major findings helps in contrasting the three territories concerning the role played by language in the representations of identities and culture. A second perspective addresses the methodological issues: which are the best technique for measuring collective identities? To which extent are quantitative methods relevant, even when corrected by focus groups? Third, the survey takes its meaning only when contrasted with the collective mobilisations and with the degree of institutionalisation of linguistic and cultural policies on each territory. The French Basque region, in particular, is experimenting since the 1990s a process of institutionalization of language and culture that led to the distinction between linguistic and cultural policies. 2005 survey data are enlightened by these properly political debates.

Ferreira Antunes Sandrina (Université Libre de Bruxelles et Université du Minho)

Mobilisation éthnolinguistique en Belgique : le cas Flamand

La « région », en tant qu’acteur infra-étatique et infra-nationale, joue un rôle de plus en plus important en ce qui concerne la mobilisation politique des minorités éthnolinguistiques nationales en Europe. Même si le cliché si prometteur de l’ « Europe des régions » est aujourd’hui désuet, les régions n’ont pas pour autant cesser de frayer leur chemin au sein de cette Europe qui se présente néanmoins comme un espace institutionnel (une structure d’opportunité politique) à explorer pour aboutir à une légitimation politique accrue, voire même à l’indépendance politique vis-à-vis de l’état.
En effet, l’étroite relation établie depuis plus de 25 ans par Michael Keating et Barry Jones entre l’intégration européenne et la gestion des politiques territoriales au niveau régional nous renvoie à la relation aussi problématique que sensible que l’on peut entretenir entre la notion de « nation » et la notion d’« état ».
Si d’une part l’Europe a foncièrement échoué à accorder une reconnaissance institutionnelle majeure aux régions comme acteur politique à part entière, intégré et intégrateur de la polity européenne en émergence, d’autre part, il est certain que les régions à fort penchant éthnolinguistique se bousculent dans les couloirs de l’Europe et se procurent ainsi tous les moyens formels, via les politiques linguistiques européennes à la carte, et informelles, via les représentations régionales à Bruxelles, pour mieux se promouvoir et pour mieux se faire écouter comme « région-nation ».
L’intérêt de ce papier porte sur l’impact de l’Europe dans la mobilisation linguistique régionale en Flandres.

Ethnolinguistic mobilisation in Belgium : the Flemish case

As a sub-national actor the “region” plays, more and more, an increasingly important role when it comes to political mobilization of ethno-linguistic minorities in Europe. Even if the cliché of the “Europe of the Regions”, although so promising, is somehow old-fashioned and obsolete, regions still expand their presence in Europe. In fact, the emergent European polity is still perceived as a political opportunity structure to be explored for more political legitimacy and even for political independence.
By the same token, the close relationship maintained for more than 25 years by Michael Keating and Barry Jones between the European integration process and the regional territorial politics forces us to tackle the no less problematic and sensitive relationship that can be sustained between the notions of “nation” and “state”.
If on the one hand, Europe has completely failed in conceding full institutional recognition to the regions, as an integrating and integrated political actor within the emerging European polity, on the other hand, regions, especially those with a strong ethno-linguistic feature, continue to force their way into the European arena, crowding the European corridors in a tireless effort to access formal and informal means to preserve, express and promote themselves as a “nation-region”.
The main purpose of this paper is to address the impact of Europe on regional linguistic mobilization on a particular ethno-linguistic European region, Flanders.

Cirulli Adriano (Université de Rome La Sapienza)

les mobilisations ethnolinguistiques basques sont-elles sujettes aux changements ? Le cas de la Korrika

Depuis la deuxième moitié des années 1950, dans le contexte de la dictature franquiste, la langue basque est devenue la valeur centrale du nationalisme basque, dépassant ainsi le discours raciste qui avait caractérisé le mouvement depuis ses origines.
La mise en place de la Communauté autonome basque, après la chute du régime franquiste à la fin des années 1970, a provoqué un conflit entre la nouvelle administration autonomique (le Gouvernement basque, dirigé par le Parti nationaliste basque) et le mouvement ethnolinguistique proche de la gauche nationaliste radicale abertzale.
La principale hypothèse de cette proposition est que du fait de nombreux facteurs sociaux, culturels et politiques, une transformation du mouvement ethnolinguistique en faveur de la langue basque (et plus généralement entre les activistes culturels basques) est actuellement à l’œuvre. Plus précisément, l’activisme politique serait en train de se détacher de la mobilisation politique.
En nous basant sur les distinctions établies par la littérature entre nationalismes culturels et politiques (Hutchinson 1987), et sur les études portant sur les mouvements sociaux, cette analyse propose d’étudier l’évolution de la Korrika, une course de relai biannuelle organisée depuis 1980 par l’association abertzale AEK œuvrant en faveur de la diffusion de la langue basque afin de récolter des dons.

Are changes taking place in Basque ethnolinguistic mobilisation? The case of Korrika

Since the second half of the 1950s, in the context of the Francoist regime, euskara, the Basque language, became the core value of Basque nationalism. This represented a crucial transformation in Basque nationalism, overcoming the racist discourse that had been characterising the movement since its origins.
The setting up of the Basque Autonomous Community, after the end of Franco regime in the late 1970s, led to a conflict between the new Public Administration (the Basque government) - ruled by the moderate Partido Nacionalista Vasco (PNV) - and the ethnolinguistic movement closer to the radical nationalism of the abertzale left. The main hypothesis at the base of the proposal, is that due to several social, cultural and political factors is taking place a transformation in current Basque ethnolinguistic mobilisation, and in Basque cultural activism broadly speaking. Cultural activism is partially detaching itself from political alignment.
Using as theoretical underpinnings the distinction, emerged in the literature on nationalism between cultural and political nationalism (Hutchinson 1987), as well as the literature on social movements, the proposal intends to analyse the evolution of Korrika, an exhibition relay race held bi-annually since 1980, organised by the abertzale association AEK to promote Basque language and gather financial support.

Cardinal Linda (Université d’Ottawa)

L’action collective des minorités linguistiques à l’ère de l’économie du savoir : comparaisons canadiennes et européennes

La mondialisation et l’adhésion de nos sociétés au paradigme de l’économie du savoir bouleversent les rapports entre les groupes incluant les minorités linguistiques. Par surcroît, la mondialisation génère une logique d’homogénéisation sociale, culturelle et linguistique menaçant la pluralité.
Confrontées à un tel défi, les minorités linguistiques, à l’instar d’autres réseaux d’acteurs, peuvent adopter des conduites dites de décomposition ou de repli sur soi ou de recomposition, ce que Maheu (2005) à l’instar de Giddens, appelle la human agency. La présente communication portera sur les nouveaux répertoires d’action collective adoptés par les minorités linguistiques au sein de ce nouvel environnement.
Privilégiant le cas canadien que nous comparerons avec le cas gallois, nous montrerons comment ces nouveaux répertoires puisent dans le paradigme de l’économie du savoir et de la nouvelle gouvernance une partie des réponses à leurs préoccupations. Toutefois, toutes ne réussissent pas de la même façon à s’insérer dans la logique de l’économie du savoir et à innover.
À partir d’une recherche sur les formes d’engagement au sein des minorités francophones et galloises, nous montrerons comment ont évolué leurs répertoires d’action collective afin de poursuivre leur engagement et maintenir une distance critique à l’égard de l’économie du savoir.

Collective action of language minorities at the age of knowledge economy : Canadian and European comparisons

Globalisation and the social turn toward the economy of knowledge are modifying the relations between language groups in a dramatic way since globalisation follows a process of social, cultural and linguistic homogenisation which threaten pluralism.
Language minorities can face such challenge by adopting different paths of de-composition, closeness or what Maheu – drawing on the analysis of Giddens – calls human agency. This paper will present the new repertoires of collective action adopted by language minorities within this new environment.
In order to do that we will compare the Canadian case with Wales and we will intend to show how these new repertoires use elements of the economy of knowledge and new political governance. Nevertheless, all are not able to innovate within this new context.
Drawing on our own research on the new forms of mobilisation within French and Welsh-speaking minorities, we will demonstrate haw their repertoires of collective action have evolved in order to follow their political involvement and to maintain a certain distance respect to the economy of knowledge.

Axe 2

Avanza Martina (Université de Lausanne)

La Ligue du Nord (Italie) et l’appropriation de la cause dialectale

L’équation « une langue, une nation » reste aujourd’hui très efficace. La Ligue du Nord, parti qui s’emploie depuis 1995 à faire reconnaître l’Italie septentrionale, rebaptisée Padanie, comme une nation, ou tout au moins comme une entité culturellement distincte du reste du pays méritant pour cela d’être reconnue politiquement, ne peut pas se valoir de cet argument. Pour combler l’absence d’une langue padane, la Ligue valorise alors les dialectes du Nord, considérés par le parti comme des langues à part entière, que l’état aurait voulu sciemment détruire.
La Ligue monopolisant politiquement la question dialectale, toute utilisation publique du dialecte ou toute action volontariste sont automatiquement associées, en Italie septenrtionale, au léguisme. Considéré auparavant comme une forme d’expression populaire, et pour cela défendu par la gauche dans les années 1970, le dialecte s’est alors transformé, dans son utilisation publique, en une marque de fermeture, voire de xénophobie, et d’une attitude anti-unitaire. Cette politisation, à droite, du dialecte sera illustrée à travers le cas des panneaux signalétiques bilingues (italien/dialecte) que des nombreux maires léguistes ont voulu installer pour rajouter au nom des villes qu’ils gouvernent le nom local (Bergamo est par exemple devenue Berghem) et par la polémique que cette action, perçue comme une « padanisation » forcée, a suscité.

The North League (Italy) and the appropriation of the dialectal cause

When it came to nationalism, “one language one nation” remains a very powerful equation. The Northern League, a political party who claims since 1995 the recognition of northern Italy (renamed Padania) as a nation, or at least as a specific cultural group who earned political rights, can’t use this equation. To fill the lack of a padanian language, this party emphasize the northern dialects, considered as real languages that the Italian state deliberately destroyed to impose Italian as national language.
Being nowadays the only party who defend dialects, the Northern League gained the monopoly of this question. That is why every public use of dialect is, in northern Italy, automatically associated to the Northern League, a rightwing xenophobic party. Once considered as a popular language, and because of this defended by the left parties in the 70, dialect became today the sign of a closed mind, of an anti Italian feeling or, worst, of a xenophobic attitude. This rightist politicization of dialects will be illustrated with the case of the bilingual (Italian/dialect) signpost and the controversy they rise between the population: a large number of league’s mayors change the signpost of the towns they rule, in order to add the dialectal name of the town to the Italian one (Bergamo became Berghem), but this linguistic policy was often perceived by the citizens who are not league’s voters like a forced padanization of the territory.

Pala Carlo et Sandri Giulia (Université de Cagliari et Centre d’Etude de la Vie Politique (Cevipol)/Université libre de Bruxelles)

La représentation politique des minorités linguistiques : une analyse comparée de trois partis ethno-régionalistes d’Italie

En Italie avant les années 1980, les petits partis ethno-régionalistes (comme le Südtiroler Volkspartei en Haut Adige, l’Union Valdôtaine en Vallée d’Aoste et le Partito Sardo d’Azione en Sardaigne) étaient les seuls acteurs du processus de politisation du conflit centre-périphérie. Ces acteurs ont joué un rôle politique principalement au niveau régional, bien qu’ils aient tous obtenu à maintes reprises une représentation au sein du parlement national comme représentants de minorités linguistiques : celle parlant la langue sarde en Sardaigne, celle germanophone dans la région italienne du Trentin-Haut Adige et la communauté francophone du Val d’Aoste
C’est dans le cadre de cette représentation politique à multiples niveaux que se situe cette présentation. Plus particulièrement, les systèmes de partis des trois régions sélectionnées et leurs évolutions seront analysés, en mettant l’accent sur le rôle et le poids que jouent dans ce cadre les partis ethno-régionalistes au niveau de la représentation des intérêts d’une communauté linguistique déterminée, tant au niveau régional qu’au niveau national. Les stratégies politiques et électorales des trois partis sélectionnés seront examinées, aussi bien que leurs interactions réciproques et leurs réseaux de mobilisation, avec une attention particulière à l’impact sur le processus de restructuration territoriale de l’état italien et au rôle des questions linguistiques dans les programmes électoraux.

The political representation of language minorities : a comparative analysis of three ethn-regionalist parties from Italy

In Italy before the 1980s, small ethno-regionalist parties (Südtiroler Volkspartei in South Tyrol, Union Valdôtaine in the Aosta Valley and Partito Sardo d’Azione in Sardinia) were the sole actors responsible of managing the politicization process of centre-periphery conflict in Italy. These political actors have played a central role mainly within regional party and political systems, but they all have also obtained representation in the national parliament several times as representatives of language minorities: the Sardinian-speaking linguistic minority within the Sardinia region, the German-speaking one in South Tyrol and the French-speaking one in the Aosta Valley.
This paper aims at investigating the patterns of multi-level political representation of the three mentioned linguistic minorities. In particular, the party systems of the three selected regions will be analyzed in depth in order to investigate the evolutions of the role of the three main ethno-regionalist parties. The political and electoral strategies of the three selected ethno-regionalist parties will be examined, in particular concerning the role of the linguistic questions within the party manifestos. Their mutual interactions and their mobilization network will be examined as well, in order to identify the contribution of the three ethno-regionalist parties to the process of territorial restructuring of the Italian State.

Maury Caroline (Institut d’Etudes Politiques d’Aix en Provence/LEST)

De la défense d’une langue à la défense d’un « pays » au sein de l’Europe : L’exemple du mouvement catalaniste dans les Pyrénées Orientales

La communication propose d’analyser comment un réseau d’acteurs mobilisés en faveur de la défense de la langue et de la culture catalane a progressivement participé à la construction d’une identité particulière sur un territoire ainsi qu’à la promotion de cette dernière, fortement adossée à des thématiques linguistiques mais aussi transfrontalières.
L’histoire de ce réseau, de ces différentes composantes ainsi que l’évolution de ses répertoires d’action collective témoigne de l’évolution des revendications propres à ces mouvements. Ces prises de position ont rencontré, par l’intermédiaire d’un parti politique (Unitat Catalana), celles d’un tout jeune conseiller général en quête de leadership sur le territoire perpignanais : Jean-Paul Alduy.
Cette alliance politique réussie a permis au réseau catalaniste de participer aux actions publiques en faveur de la langue, de la culture, du patrimoine catalans et dans certains cas de les impulser voire même de les mettre en œuvre au sein de dispositifs spécifiques.
Pour ce réseau, la défense d’une langue, d’une culture et d’une identité a pu être un vecteur de coopération (et de coalition dans certains cas) avec des acteurs situés de l’autre côté de la frontière. Cette coopération a permis aux catalanistes d’entrer ou de renforcer leur position au sein de regroupements de mouvements ethnolinguistiques au niveau national et européen.

From the defence of a language to the defence of a « country » within Europe : the example of the Catalanist movement in Pyrenees-Orientales

We propose to analyse how an actors’ network dealing with the safeguarding and the promotion of Catalonian culture and identity has participated to the building of a specific identity on a crossborder territorial area.
The history of the network, of its several components and the evolution of its collective action repertories is an indication of the way the movement’s proper claims are changing.
These network’s claims have met, by a political party (Unitat Catalana), the political position of a young conseiller general (department) in quest of leadership on the same territory.
Due to this political alliance, the catalanist network has participated to linguistic, cultural, patrimonial public actions linked with Catalonian identity.
For this network the promotion, the safeguarding of Catalonian identity by public action were a way to cooperate with actors from the other side of the French-Spanish border. This cooperation was also a way, for the catalanist to enter or to reinforce their position in federative ethnolinguistic movements at national and European levels.

Tejerina Benjamín (Université du Pays Basque)

L’institutionnalisation du mouvement ethnolinguistique au Pays basque

Le processus de protection de la langue au Pays basque peut seulement être compris si nous le réinsérons au sein du processus de construction d’une identité collective. Au sein de cette relation entre langue et identité, le mouvement ethnolinguistique joue un rôle fondamental.
L’importance du mouvement ethnolinguistique a été majeure durant les années de la dictature franquiste (1939-1975) lorsque la langue basque était interdite. Néanmoins, c’est à la suite de cette période que l’idée selon laquelle l’affirmation d’une identité collective basque nécessitait de sauver la langue autochtone (Euskera) s’est répandue.
Dans le contexte politique de transition démocratique et de consolidation d’une structure politique décentralisée, le mouvement ethnolinguistique s’est progressivement institutionnalisé : a) au niveau des idées, la relation entre la sauvegarde de la langue et de l’identité collective n’a pas été remise en question. b) au niveau structurel, on a pu observer un contrôle institutionnel progressif du mouvement ethnolinguistique dû à sa dépendance vis-à-vis des ressources économiques issues des institutions publiques du Gouvernement basque.
Cette nouvelle situation a introduit d’importantes transformations au sein de ce mouvement : a) l’apparition d’un pluralisme organisationnel croissant résultant des conflits internes autant que de la spécialisation de la sphère linguistique. b) la professionnalisation graduelle du mouvement ethnolinguistique qui a réduit la mobilisation et sa spontanéité tout en augmentant le pragmatisme et la plannification.

The institutionalization of the ethnolinguistic movement in the Basque Country

Linguistic recovery in the Basque Country can only be understood if we relate it to the process of construction of collective identity. In this relationship between language and identity, the ethnolinguistic movement plays an important role.
The relevance of the ethnolinguistic movement was greater in the difficult times of the Franco regime (1939-1975) when Basque language was prohibited. Nonetheless, it is following this period when the idea became extended that the affirmation of Basque collective identity required the recovery of the autochthonous language: Euskera.
In the political context of the transition to democracy and the later consolidation of a decentralized political structure, the ethnolinguistic movement progressively institutionalized: a) at the level of consciousness, the relationship between the recovery of the language and collective identity is not seriously questioned within Basque society. b) at the structural level, we can observe a progressive institutional control of the ethnolinguistic movement arising from its dependency on the economic resources proceeding from the Public Institutions.
This new situation has introduced important transformations in the movement: a) the appearance of a growing organisational pluralism, the result both of internal conflicts in the organisation that has been the driving force of the movement and of a progressive specialisation of the linguistic sphere; b) the gradual professionalisation of the ethnolinguistic movement that reduces mobilisation and spontaneity and increases pragmatism and planning.

Axe 3

Harguindéguy Jean-Baptiste et Cole Alistair (CEPEL/CNRS Université de Montpellier et Université de Cardiff)

Politique linguistique en France. La République se soucie-t-elle des langues régionales ?

La France est souvent considérée comme l’archétype de l’État-nation unitaire centralisé du point de vue culturel. Pourtant, bien que le français reste la langue la plus utilisée au sein des frontières de l’État, de nombreuses langues minoritaires y sont encore parlées. Cette présentation porte sur les revendications en faveur des langues régionales depuis la Deuxième guerre mondiale.
Tout d’abord, nous présentons un modèle analytique en termes de marché linguistique où des entrepreneurs linguistiques s’affrontent pour imposer leur langue dans certaines niches institutionnelles. Ensuite, à travers les cas du coorse, du breton et des langues d’oïl, nous cherchons à démontrer que les mobilisations ethnolinguistiques suivent trois trajectoires politiques différentes : la première consiste à mettre en pratique les revendications ethnolinguistiques directement au sein des institutions républicaines ; la deuxième favorise l’usage des langues régionales en rupture avec les institutions représentatives ; la troisième englobe les études de cas de non-mobilisation.
Nous avançons ainsi l’hypothèse selon laquelle ces différences sont dues aux variations entre les différentes structures d’opportunité entre régions, et à la capacité des entrepreneurs ethnolinguistiques à établir des réseaux territoriaux avec les principaux acteurs politiques les entourant.

Linguistic policy in France. Does the Republic care about regional languages?

France is often considered as a culturally homogeneous state-nation. However, although French remains the main used language, several minority languages are still spoken within the state borders. This paper focuses on political claims for regional languages since World War II.
Firstly, it presents an analytical model in terms of linguistic market where linguistic entrepreneurs struggle to impose their own language in certain institutional niches. Secondly, through the cases of Corsican, Breton and Oïl languages, it aims to demonstrate that ethnolinguistic mobilisations go through three different political paths: the first one consists in putting into practice ethnolinguistic claims through the republican institutions; the second one favours the use of regional languages apart from the state institutions; the third one encompasses the case studies of no-mobilisation.
It is argued that such differences are due to the variation of political opportunity structure according to the regions, and to the capability of ethnolinguistic entrepreneurs for establishing territorial networks with the main regional political actors.

Grin François et Williams Colins H. (Université de Genève et Université de Cardiff)

La revitalisation des langues régionales : des développements récents en Irlande à leurs plus larges implications

Cet article analyse le récent processus par lequel une stratégie officielle pour revitaliser la langue irlandaise a été adoptée par le Gouvernement irlandais. Ce faisant, il cherche à expliquer de façon singulière la logique interne des mécanismes par lesquels des décisions clés ont été réalisées en fonction de buts et objectifs, le recueil de données et la formulation d’une politique fondée sur ces éléments.
En adoptant à la fois une méthode théoriquement sophistiquée et décrivant le processus visé, cette stratégie intègre un ensemble de propositions proprement irlandaises ainsi que plusieurs initiatives internationales déjà utilisée par ailleurs et appliquées au contexte irlandais.
Ce faisant, notre étude propose de discuter les variables qui influenceront les possibilités de réussite des nombreux volets de la stratégie mise en œuvre sur le long-terme. En recourant à l’analyse internationale comparée, cet article insiste également sur les nombreuses faiblesses structurelles inhérentes aux tentatives actuelles de planification linguistique en faveur des langues minoritaires européennes et propose quelques recommandations fondamentales quant à l’amélioration de ces déficiences.

RML revitalisation: recent developments in Ireland and their broader implications

This paper analyses the recent process by which an official strategy to revitalize the Irish language has been undertaken on behalf of the Irish Government. It offers a rare insight into the mechanisms by which key decisions were made relative to the setting of goals and targets, the gathering of data and the formulation of evidence-based policy.
By adopting both theoretically sophisticated and process-based methods of delivery the strategy integrates robust Irish-originated ideas and several proven international initiatives to the Irish context.
Inherent in the interpretation offered in the paper is a discussion of the variables which will influence the likely long term likelihood of several of the strategy’s strands being fully implemented. It also reveals several of the fundamental structural weaknesses in the current attempts at language management for smaller European languages and offers some critical recommendations for the improvement of these deficiencies, based upon comparative international analysis.

Rochas Amandine (Institut d’Etudes Politiques de Grenoble)

La politique des langues régionales : sociogenèse d’une politique méconnue (France, Italie, Suisse)

Longtemps considérée comme un objet de recherche illégitime en France, la question des langues régionales est pourtant aujourd’hui un enjeu politique crucial, à l’heure ou le phénomène de la « mort des langues » suscite les plus vives inquiétudes. Depuis la signature en 1992 de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, on observe une évolution des politiques linguistiques étatiques vers une meilleure prise en compte du phénomène minoritaire. Toutefois, le poids des modèles linguistiques traditionnels, liés aux types d’États (fédéral ou unitaire), continue de peser sur l’action publique en la matière. Cela rend d’autant plus déterminant l’engagement des échelons territoriaux infra-étatiques en faveur de la défense de ces langues, qui constituent pour eux d’importantes ressources symboliques. L’ambition de cette communication est donc, à partir d’un travail original de terrain réalisé en France, en Italie et en Suisse auprès d’acteurs politico-administratifs et militants, de montrer en quoi ces trois États constituent au sein du continent européen trois « cas typologiques » permettant de bâtir une classification des types de protections apportées aux langues régionales ou minoritaires.

The regional languages’ policy : sociogenesis of a bad-known policy

Minority languages were not till recently considered as a legitimate subject of political science. They are however a crucial issue as the phenomenon of “language death” causes the greatest concern. Since the signing of the European Charter for Regional or Minority Languages in 1992, national language policies have evolved and they now take better account of minority languages. However, the traditional linguistic patterns, which are based on the types of states (federal or centralized), still influence linguistic policies. This is the reason why the involvement of regions (or cantons) has become all the more decisive on these matters since they represent an important symbolic resource for them. Based on researches conducted in France, Italy and Switzerland with political and administrative actors as well as political activists, our aim in this paper is to show that these three countries can be considered as typological cases of minority language policies in Europe and that they can help us building a classification of the protection given to these languages.

Scheidhauer Christophe (Institut d’Etudes Politiques de Paris)

La Nouvelle Babel ? Quand l’Union européenne soutient l’enseignement des langues régionales. Retour sur un paradoxe socio-linguistique

Depuis quatre décennies, les enseignements du gallois, de l’irlandais et de l’alsacien deviennent de plus en plus similaires. Cette ressemblance croissante est souvent mise au compte de l’intégration européenne et de la mondialisation. Les identités linguistiques, nationales ou régionales, sont ainsi comprises comme parties d’un groupe d’identités similaires en Europe, appelée «langues régionales » ou « langues minoritaires ».
Or, depuis le début des années quatre-vingt, une action destinée à soutenir les langues régionales ou minoritaires a été mise en place par la Communauté européenne, avec l’aide du Bureau européen pour les Langues moins répandues. Le Conseil de l’Europe a également ouvert à ratification la Charte européenne des Langues régionales ou minoritaires en 1992.
Ces instruments pourraient être interprétés comme une cause de convergence des politiques locales. Cependant, leur création est postérieure d’au moins une décennie aux premiers signes de convergence. Ainsi, si les politiques de promotion de l’enseignement du gallois, de l’irlandais et de l’alsacien convergent aux niveaux nationaux et européens, les politiques européennes ne peuvent expliquer cette évolution à elles seules. En revanche, il semble que la convergence des enseignements des langues régionales répond aux contraintes locales des acteurs, en permettant aux militants de trouver une reconnaissance qui leur est refusée dans le cadre de l’Etat-nation.

The new Babel ? When the European Union backs the regional languages’ teaching. Coming back to a socio-linguistic paradox

Since 1950, the teaching of Welsh, Irish and Alsacien are becoming more and more similar. Such growing similarity is usually analysed as an effect of the European integration or globalisation. Linguistic, regional and national identities are understood as parts of a larger group of similar identities in Europe called “regional languages” or “minority languages”.
However, since the beginning of the 1990s, actions for promoting ragional or minority languages have been implemented by the European Community with the help of the European Bureau for Lesser-used Languages. The Council of Europe has also created a European Charter for regional and Minority Languages that European states can ratify since 1992.
These instruments could be interpreted as a cause of convergence of local language policies. Nevertheless, such instruments were created at least ten years after the first evidences of convergence. Thus, while language policies for teaching Welsh, Irish and Alsacien are converging at the national and European levelsm European policies cannot explain this evolution per se. In turn, it seems the convergence of regional languages respond to local constraints of language activists whose struggle consists in being recognised by member states.


f Participants

Avanza Martina martina.avanza@ens.fr
Cardinal Linda linda.cardinal@uOttawa.ca
Cirulli Adriano zastavaonline@hotmail.com
Cole Alistair ColeA@cardiff.ac.uk
Ferreira Antunes Sandrina santunes@eeg.uminho.pt
Grin François Francois.Grin@unige.ch
Harguindeguy Jean-Baptiste harguindeguyjbh@yahoo.fr
Itçaina Xavier x.itcaina@sciencespobordeaux.fr
Loughlin John loughlin@cardiff.ac.uk
Maury Caroline carolinemaury1@aol.com
Pala Carlo palcaroru@tiscali.it
Pasquier Romain romain.pasquier.1@sciencespo-rennes.fr
Rochas Amandine amandinerochas@hotmail.com
Sandri Giulia gsandri@ulb.ac.be
Scheidhauer Christophe christophe.scheidhauer@laposte.net
Tejerina Bejamin cjptemob@lg.ehu.es
Williams Colin WilliamsCH@cardiff.ac.uk