Section thématique 4

Économie du politique et politique de l’économie

f Responsables

Abel François (Université de Strasbourg) abel.francois@telecom-paristech.fr
Eric Phélippeau (Paris Ouest – Nanterre La Défense) eric.phelippeau@u-paris10.fr

Présentation scientifique

Dates des sessions

Programme Résumés Participants

 

f Présentation scientifique

Dans le cadre du congrès des 50 ans de l’AFSP et dans sa vocation pluridisciplinaire, le Groupe ARgent et Politique (ArP) de l’AFSP organise une section thématique sur les interactions entre science économique et science politique. L’idée de cette section est de proposer un lieu de réflexions et d’échanges entre économistes et politistes. Trois thèmes ont été retenus afin de faciliter ces rencontres et qui correspondent aux trois séances de la section.

Economie du vote (session commune avec le Groupe d’Analyse ELectorale (GAEL) de l’AFSP, organisée avec Nicolas Sauger, CEVIPOF Sciences po, et Annie Laurent, Ceraps).

Cette session sera l’occasion de faire le point sur les études économiques concernant les comportements électoraux. Les trois grandes traditions de l’économie du vote seront traitées. Premièrement, l’analyse des modes de scrutin, et de leurs effets, sur les comportements électoraux est une question centrale de l’économie politique depuis les travaux de réactualisation du paradoxe de Condorcet par les travaux de Kenneth Arrow. Deuxièmement, l’analyse spatiale du vote, depuis les travaux pionnier d’Anthony Downs, a connu un développement important notamment autour des questions des arbitrages de production d’information sur les programmes et/ou sur les caractéristiques des candidats. Troisièmement, l’analyse économétrique du vote, avec la notion de fonctions de vote, est le dernier thème de la séance, qu’il s’agisse de l’analyse empirique des choix de participation ou des choix de vote avec une application aux élections françaises.

Financement de la vie politique.

Cette session s’inscrit plus spécifiquement dans les thèmes des travaux habituellement menés par le groupe ArP de l’association. Par son objet même, c’est-à-dire l’argent en politique, la session appelle à une interdisciplinarité. Elle reprend un des deux axes majeurs du groupe, celui du financement de la vie politique. La séance sera l’occasion de traiter de la question des relations financières à l’intérieur des partis politiques. En particulier, les relations entre les organisations partisanes et les candidats sont abordées sous différents angles. Par ailleurs, les interactions entre les pratiques de financement et la norme juridique, notamment au travers de la question du contentieux, forment le deuxième thème de la session.

Économie politique internationale (organisée avec Emiliano Grossman, CEVIPOF Sciences po).

Dans la même perspective que les deux précédentes, cette séance cherchera à traiter des interactions entre la science économique et la science politique mais à un niveau international ou supranational. Il s’agit notamment de connaitre les effets politiques des décisions publiques internationales prises dans les domaines économiques. Il s’agit également de savoir en quoi les différents niveaux de décision (nationale et supranationale) influencent les décisions de coopération des états.

Due to its multi field vocation, the group « money and politics » of the French Political Science Association organizes three sessions dealing with interactions between politics and economics. The aim of the sessions is to provide opportunities to exchange between political and economic scientists. Three main topics are selected in order to facilitate these exchanges. Each topic corresponds to a unique session.

Economics of vote (joint session with the Group GAEL (Group of Electoral Analysis) of AFSP, organized with Nicolas Sauger, CEVIPOF Sciences po, et Annie Laurent, Ceraps).

The aim of this session is to present the economics of electoral behaviors. Three usual topics of economics of vote are highlighted: the analysis of the electoral systems, the spatial models and the vote and popularity functions. In particular, empirical implementations on French electoral process of these themes are provided by the session.

Finance of the political process.

This session fits more in the usual topics of the group “Money and Politics”. Given this topics, multidisciplinary is needed. Indeed, the influences of the Law on the political practices require both a legal analysis and a sociologist approach. Furthermore, the relations between the partisan organizations and the electoral candidates offer a relevant empirical subject for political scientists and for economists.

International Political Economy (organized with Emiliano Grossman, CEVIPOF Sciences po).

From the same point of view that the two preceding sessions, this session deals with the interactions between economics and politics at an international level. Notably, two kinds of interactions are analyzed during the session. First, what are the political determinants of the public decisions taken in international economic areas? Second, how do the different levels of decision (national and international) influence the decisions of governments to cooperate with each others? Both empirical and theoretical analyses are presented during the session.


f Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 3 : 8 septembre 2009 9h-11h20
Session 4 : 8 septembre 2009 16h-18h20
Session 5 : 9 septembre 2009 9h-11h20
Voir planning général...

Lieu : UPMF / Galerie des Amphis (Amphi 6)


f Programme

Axe 1
Économie du vote

Commentaires Science économique : Abel François (Université de Strasbourg, LaRGE et Telecom ParisTech, dep. SES)
Commentaires Science Politique : Nicolas Sauger (Science Po–Paris, CEE)

Axe 2
Économie politique internationale

Commentaires Science économique : Martial Foucault (Université de Montréal)
Commentaires Science politique : Emiliano Grossman (Science Po –Paris, CEVIPOF)

Axe 3
Financement de la vie politique

Commentaires Science économique : Christine Fauvelle-Aymar (Université de Tours)
Commentaires Science politique : non déterminé


f Résumés des contributions

Axe 1

Dubois Eric (Université Rennes 1, CREM)

Explication des résultats des élections législatives françaises à partir d’un modèle politico-économique par circonscription (1993-2007)

Le présent article propose une approche modélisée du comportement électoral aux élections législatives françaises qui se sont déroulées de 1993 à 2007. Plus précisément, son objet est la construction d'un modèle économétrique permettant de tester une série d’hypothèses afin de déterminer quels facteurs ont une influence réelle sur le vote législatif au niveau des circonscriptions. Il se situe donc résolument dans la tradition des analyses sur données agrégées. La méthodologie utilisée, quoique n'étant pas nouvelle, est originale dans le sens où elle n'a été que peu utilisée par la science politique française. Elle s'appuie sur des équations de vote qui lient le vote à des facteurs potentiellement explicatifs. Les facteurs considérés sont de quatre ordres : le vote économique, le vote partisan, le contexte politique et les caractéristiques individuelles des candidats. Parmi eux, certains n'ont jamais été envisagés sous l'angle économétrique. C'est notamment le cas de la plupart des caractéristiques individuelles des candidats. Ainsi, l'impact sur le vote de l'implication d'un candidat dans une "affaire" ou de l'hérédité n'ont jamais l'objet d'un chiffrage précis. Cet article permet donc d'apporter un éclairage nouveau sur les études de cas menées jusqu'à présent et notamment de gagner en généralité en apportant une évaluation globale et "toutes choses égales par ailleurs" de l'impact de ces facteurs.

The present article proposes a modelized approach of voting behavior at French legislative elections that held from 1993 to 2007.

More precisely, it aims at building an econometric model that allows to test a series of hypotheses in order to determine which factors actually influence the legislative vote at the constituencies level. This model can then be placed in the tradition of analyses on aggregated data. The methodology used, even if not new, is original in the sense that it has not being frequently used in French political science. It rests on vote equations that link the electoral outcomes to potential explicative factors. Four categories of factors are considered: economic voting, partisan voting, political context, and candidates’ individual characteristics. Among them, some have never been envisaged in an econometric framework. It is notably the case of most of the candidates’ individual characteristics. For example, the impact of the implication in a scandal or the impact of the heredity have never been precisely assessed. This article thus sheds a new light on case studies and allows to gain in generality by offering a global and « all other things being equal » appraisal of the impact of these factors.

Farvaque Etienne (Université de Lille, EQUIPPE), Jayet Hubert (Université de Lille, EQUIPPE) et Ragot Lionel (Université Paris 1, CES)

Quel mode de scrutin pour quel « vainqueur » ? Une expérience sur le vote préférentiel transférable

Dans cet article nous présentons les résultats d’une expérience électorale réalisée durant l’élection présidentielle de 2007 qui avait pour objectifs de confronter le vote préférentiel transférable à deux critères : la simplicité et la sélection du vainqueur de Condorcet. À partir du profil des préférences des électeurs qui ont participé à cette expérience électorale, nous montrons que cette procédure de vote peut conduire à la désignation d’un vainqueur différent suivant la méthode de dépouillement employée. Avec la méthode de Hare, le vainqueur est N. Sarkozy, tandis que la méthode de Coombs conduit à l’élection de F. Bayrou. Pour ces deux méthodes, les modalités pratiques du scrutin restent les mêmes et l’expérience a montré que ce processus répond bien au critère de simplicité. Par contre, au regard du principe de Condorcet, seule la méthode de Coombs, pour ce profil des préférences a conduit à l’élection du vainqueur de Condorcet, à savoir F. Bayrou.

In this paper, we expose the results of a voting experiment realised in 2007, during the French Presidential election. This experiment aimed at confronting the Single Transferable Vote (SVT) procedure to two criteria : simplicity and the selection of a Condorcet-winner. Building on our electoral sample’s preferences, we show that this voting procedure can design a different winner, depending on the vote counting process. With the vote counting process advocated by Hare, the winner is Nicolas Sarkozy, while the Coombs vote counting process has François Bayrou as winner. For these two vote counting processes, the details of the experiment are the same and it is shown that the simplicity criterion is respected. However, with regard to the Condorcetwinner criterion, the Coombs method is the only one to elect the Condorcet-winner, i.e. François Bayrou.

Gouret Fabian (Université Paris-Est, Hollard Guillaume, PSE), Rossignol Stéphane (Université de Versailles Saint Quentin)

An empirical analysis of valence in electoral competition

Les modèles de vote spatial ont dominé la théorie mathématique de la politique depuis le travail fondateur de Downs. Le modèle de Downs suppose que chaque électeur vote en se basant sur une fonction d’utilité qui dépend uniquement de la distance entre sa plate-forme politique préférée et celles proposées par les candidats. Plusieurs articles ont introduit la notion de valence dans le modèle, i.e. une caractéristique des candidats indépendante des plates-formes qu’ils proposent. Mais jusqu’à présent, on sait peu de choses sur quelle est, parmi les fonctions d’utilité utilisées dans les modèles de valence, celle qui est la plus empiriquement fondée. En utilisant les résultats d’un sondage fait avant l’élection présidentielle de 2007, nous évaluons et comparons plusieurs modèles de vote spatial avec valence. Les modèles existant sont peu compatibles avec les données. Toutefois, de fortes régularités empiriques apparaissent. Ceci nous conduit à proposer un nouveau modèle de valence que nous appelons modèle de valence partisane. Ce nouveau modèle peut s’interpréter théoriquement, et a une base empirique.

Spatial models of voting have dominated mathematical political theory since the seminal work of Downs. The Downsian model assumes that each elector votes on the basis of his utility function which depends only on the distance between his preferred policy platform and the ones proposed by candidates. A succession of papers introduces valence issues into the model, i.e. candidates' characteristics which are independent of the platforms they propose. So far, little is known about which of the existing utility functions used in valence models is the most empirically founded. Using a large survey run prior to the 2007 French presidential election, we evaluate and compare several spatial voting models with valence. Existing models perform poorly in fitting the data. However, strong empirical regularities emerge. This leads us to a new model of valence that we call the partisan valence model. This new model makes sense theoretically and is sound empirically.

Axe 2

Kempf Hubert (Université Paris 1, CES et Banque de France) et Rossignol Stéphane (Université de Versailles Saint Quentin)

National electorates and international agreements

International agreements about transnational issues are difficult to reach, as the examples of the Kyoto protocol or the never-ending discussions of the future of the European union make clear. In this paper we relate this difficulty to the distorsions generated by the political process and therefore the conflicts of interest attached to an agreement, both within and between national electorates. We set up a political economy model of a two-country world economy, where an international agreement on the financing of a transnational public good has to be bargained by the two elected national leaders. In the case of disagreement, each country deals with the common issue non-cooperatively. In our set-up, the outcome of the political process depends on the national income distributions and impacts of the transnational public good on individual welfares, on the type of agreement being bargained and the type of bargaining process. We prove that any international agreement involves higher taxes in both countries than in the case of no-agreement. Depending on the type of agreement which is at stake, an agreement may or may not be reached, in particular if the political process involves a constraint on tax rates. If feasible, an international agreement may generate losers in either countries. However there is no unambiguous relationships between the extent of inequality and the relative gains for the median voters. Finally, there is strategic delegation in most cases and in the case of a simple majority rule, the median voters are often the decisive voters in both countries.

Méon Pierre-Guillaume (Université Libre de Bruxelles, DULBEA) et Sekkat Khalid (Université Libre de Bruxelles, DULBEA)

FDI waves, waves of neglect of political risk

This paper investigates the impact of local political risk on the distribution of FDI inflows across countries, when global FDI activity fluctuates. A theoretical discussion of the interplay between the world distribution of FDI flows, local political risk, and global FDI activity, based on a simple formal model, suggests that FDI flows should be less sensitive to political risk when the global volume of FDI is larger. Specifically, investors should be less sensitive to political risk during FDI waves. The issue is then tested empirically in a large sample of developed and developing countries, over 1970-2006. The results clearly show that the sensitivity of the distribution of FDI inflows to local political risk is a decreasing function of the global volume of FDI in a given year. Namely, investors are indeed less sensitive to political risk during FDI waves. Those results are robust to using several indices of political risk, over various estimation periods, and several econometric techniques.

Axe 3

Foucault Martial (Université de Montréal) et François Abel (Université de Strasbourg, LaRGE)

Financement public direct des partis et financements privés : quelles relations ? Une analyse des principaux partis français

L’objet de cette communication est de présenter les résultats d’une étude empirique sur les relations entre le financement public direct et le financement privé des partis politiques français. En effet, la mise en place d’un financement public généreux des partis peut avoir deux incidences sur la recherche de financements privés. D’une part, les financements publics peuvent avoir un effet négatif sur la recherche de financement privé du fait d’un différentiel de coût important. D’autre part, les financements publics peuvent avoir un effet positif indirect puisque le financement public peut être utilisé pour le recrutement de nouveaux militants ou de dons. La communication cherchera alors à trancher entre les deux effets à partir de l’analyse des comptes des principaux partis français de 1990 à aujourd’hui.

Maligner Bernard (CNRS, CERSA)

La législation sur le financement des campagnes électorales 20 ans après

A la suite de ce qu’il est convenu d’appeler « les affaires », la France s’est dotée à partir de 1988 d’un arsenal législatif destiné à garantir la transparence de la vie politique et à régenter le financement des campagnes électorales. Ce dispositif, complété par touches successives, comporte des règles relatives aux recettes et aux dépenses électorales des candidats aux élections dont l’application est contrôlée tant par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques que par les juridictions constitutionnelle, administrative et judiciaire qui sont susceptibles de prononcer de lourdes sanctions aussi bien pénales, comptables, financières et électorales. Cette législation est venue à maturité. Bien intégrée dans les pratiques électorales par les candidats, la législation a atteint les objectifs qu’elle poursuivait et est constamment précisée et enrichie par la jurisprudence. Certes, le dispositif normatif peut être amélioré sur certains points. Mais, sous peine de lui faire perdre toute efficacité et ses vertus préventives, il ne faut ni toucher à son économie générale, ni le libéraliser à l’excès comme le souhaitent les élus et des autorités telles que la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques et le Conseil constitutionnel…

Phélippeau Eric (Université Paris-Ouest, ISP)

Le financement de la vie politique française saisi par la loi : la codification de mars 1988

Les lois de 1988 encadrant le financement de la vie politique française sont une première, mais cette innovation a peu été étudiée. La genèse officielle de la législation française sur le financement de la vie politique est généralement plutôt raccordée aux lois de 1990, plus systématiques, plus soucieuses de considérations d’ordre pratique et plus lourdes de menaces, au regard des sanctions prévues en cas d’infraction. La législation introduite en 1988 mérite pourtant d’être prise au sérieux : d’abord pour être mise en relation avec toute une série de propositions antérieures afin d’apprécier dans quelle mesure elle en est le prolongement ; ensuite parce que les débats, affrontements et luttes de catégorisation engendrés par cette période inaugurale sont féconds pour comprendre la redéfinition et certaines transformations contemporaines de l’ordre politique hexagonal ; enfin, parce que sur certains plans – notamment la question du financement des partis politiques – cette législation, apparemment symbolique, s’est par la suite révélée lourde de conséquences pratiques.


f Participants

Dubois Eric Eric.Dubois@univ-paris1.fr
Farvaque Etienne Etienne.Farvaque@univ-lille1.fr
Fauvelle-Aymar Christine cfauvell@univ-paris1.fr
Foucault Martial martial.foucault@umontreal.ca
François Abel abel.francois@telecom-paristech.fr
Grossman Emiliano emiliano.grossman@sciences-po.fr
Kempf Hubert Hubert.KEMPF@banque-france.fr
Maligner Bernard bernard.maligner@wanadoo.fr
Méon Pierre-Guillaume pgmeon@ulb.ac.be
Phélippeau Eric eric.phelippeau@u-paris10.fr
Rossignol Stéphane rossignol@math.uvsq.fr
Sauger Nicolas nicolas.sauger@sciences-po.fr
Sekkat Khalid ksekkat@ulb.ac.be
Treille Eric eric.treille@laposte.net
Vanel Grégory Gregory.Vanel@hei.ulaval.ca
Vion Antoine antoine.vion@univmed.fr