Section thématique 44

Sociologie et histoire des mécanismes de dépacification du jeu politique

f Responsables

Paula Cossart (Gracc, Université Lille III) cossart.paula@free.fr
Emmanuel Taïeb (PACTE, IEP de Grenoble) emmanuel.taieb@iep-grenoble.fr

Présentation scientifique

Dates des sessions

Programme Résumés Participants

 

f Présentation scientifique

De nombreux travaux de sociologie historique ont été consacrés au processus de pacification du jeu politique dans les démocraties occidentales. Ils ont mis en évidence, souvent dans la lignée de Norbert Elias, une « civilisation des mœurs » politiques, une routinisation de répertoires non-violents de la protestation sociale, une acculturation républicaine valorisant la parole et la geste citoyenne contre la force, une forclusion de la violence par l’acte électoral, et d’une façon générale la délégitimation du recours à la violence physique dans la compétition politique (Y. Déloye, A. Garrigou, O. Ihl, M. Offerlé). Désormais pour les acteurs politiques, au-delà des clivages partisans, la pacification et ses effets procèdent à la fois de la croyance et de la règle partagée, conduisant à condamner régulièrement tous ceux qui ne s’y conforment pas, et paraissent menacer la bonne conduite démocratique et « l’exercice légitime de l’activité représentative » (D. Gaxie).
Pour autant, la pacification n’est jamais achevée. Elle est une tendance, le fruit d’un accord entre acteurs politiques ayant accepté de s’aligner sur des modèles d’affrontements ritualisés. Et en pratique, le jeu politique est en permanence travaillé par des processus opposés de dépacification, qui contestent, résistent ou détournent les principes de la pacification, et obligent les acteurs et groupes politiques à s’articuler et se définir contre eux, et à se recomposer périodiquement à cause d’eux. Les mécanismes de dépacification sont consubstantiels au jeu politique, et en testent les limites. Ils le coproduisent, et en redessinent régulièrement les frontières. Impliquant alors des délimitations et des redéfinitions des pratiques « déviantes » ou « hors-jeu », allant éventuellement jusqu’à leur criminalisation ou leur judiciarisation. Les mœurs démocratiques sont historiquement prises dans un conflit entre le processus de civilisation et ces processus de dépacification, de brutalisation ou de « radicalisation » du jeu politique (A. Collovald & B. Gaïti). La dépacification étant comprise ici comme relevant de la décivilisation (ent-zivilisierung), c’est-à-dire de formes d’affaiblissement de l’autocontrôle et du respect des règles politiques admises, poussant à l’adoption de comportements réprouvés.
En science politique, ces contre-mécanismes ont été rarement étudiés ou isolés théoriquement, sinon sous l’angle classique de la violence politique, qui n’en est en réalité qu’une dimension. Sans nier la tendance de fond, qui est effectivement à la pacification, l’objectif de cette section thématique est d’étudier les formes prises par ces mécanismes de dépacification de la lutte politique, et d’étudier les résistances, les refus et les subversions apportés au principe de pacification, comme autant d’autres manières de participer au jeu politique. Ceci dans une perspective socio-historique et interdisciplinaire, ouverte à la fois au comparatisme entre pays, au comparatisme diachronique, à des monographies sur des phénomènes contemporains, et à des études de longue durée privilégiant des approches en termes d’historicisation des comportements à partir d’archives ou de matériau empirique inédit.
Dans un premier temps, il est possible d’identifier les formes verbales et symboliques de la dépacification. En particulier, l’attention peut être portée aux réactions et qualifications indigènes des acteurs politiques lorsqu’ils sont confrontés à ce qui leur apparaît comme exorbitant du jeu politique normal et des standards implicites de concurrence entre pairs. Typiquement alors, la dépacification peut s’incarner dans l’injure publique, la diffamation, le dérapage, l’esclandre, le « coup bas », avec des arguments jugés infra ou non-politiques, les allusions déplacées (à l’orientation sexuelle, à l’origine sociale, à la religion, à la couleur de peau), les caricatures « limites », les lynchages ou les « chasses aux sorcières » médiatiques. À côté de l’établissement de modèles repoussoirs, on peut aussi examiner les cas historiques de changements de standards politiques, où ce qui était perçu comme dépacifiant devient un coup politique légitime (nouveaux standards visibles par exemple dans les condamnations molles qui l’accompagnent, son amnistie, voire sa réutilisation par l’ensemble des acteurs ensuite).
Dans un deuxième temps, l’usage de la violence peut être étudié dans ses liens avec la dépacification. Ce seront par exemple le terrorisme ou les assassinats politiques (en France, de Sadi Carnot au préfet Erignac ; sous la République de Weimar, les centaines d’actions des Freikorps). Ce sera la violence d’État (génocides, coups d’État, liquidations d’opposants, maintien brutal de l’ordre). Ce seront aussi des violences sporadiques et spontanées de moindre intensité, type saccages, séquestrations, occupations de locaux, incendies de bâtiments publics ou privés, irruption de la violence dans des manifestations ou dans des grèves, soit par l’arrivée de « casseurs », soit de manière endogène (O. Fillieule), ou le fait d’en « venir aux mains » dans une assemblée parlementaire ou lors d’une campagne électorale. Recours à la violence dont il faudra interroger la relation causale avec les propriétés sociales et politiques des acteurs concernés, notamment pour savoir si la dépacification émane d’acteurs hostiles au régime, à la démocratie pacifiée, exclus du champ politique, ou situés à sa périphérie, ou socialisés dans l’acceptation et la banalisation de la violence physique.
Dans un dernier temps, il faut réexaminer à l’aune du concept de dépacification diverses analyses éparses s’y rapportant. À titre d’exemple : le processus de décivilisation qu’Elias repère dans la société allemande du tournant XIXe-XXe siècles ; la brutalisation des consciences et la diffusion des valeurs militaires dans l’ensemble des classes sociales que George Mosse constate à la même période ; ou tous les processus d’informalisation-déformalisation des « manières » politiques, susceptibles d’intéresser les sociologues des configurations, à la suite d’Elias.
Au final, travailler sur la sociologie et l’histoire des mécanismes de dépacification c’est travailler sur le fonctionnement du champ politique, mais aussi sur les sensibilités aux usages dérogatoires qui le traversent. La dépacification permet à la fois d’examiner par contraste la construction de régimes pacifiés, les dynamiques permanentes de recomposition des pièces et règles du jeu politique, et leur difficulté éventuelle à contrer ces atteintes au jeu (qui peut alors voir leur triomphe historique).

Sociology and History of the Mechanisms of Depacification of the Political Game

Many studies in historical sociology have investigated the processes through which the political game within the western democracies has become pacified. They have highlighted a civilising process in political manners, a ‘routinisation’ of non-violent repertoires used during social protest, a debarment of violence through the practice of elections, and more generally a delegitimisation of the use of physical violence in the political contest. Henceforth, for participants in politics, beyond political divisions between them, pacification and its effects have become the common rule, leading to frequent condemnation of those who do not comply with it.

But this pacification is never achieved. And in fact, opposite processes of depacification, are at work in the political game – processes that contest, resist, or misappropriate the benefits of pacification, and force political participants and groups to define and reconstruct themselves with respect to them. These mechanisms of depacification are consubstantial with the political game, and challenge its limits. They imply new definitions of deviant or ‘off-side’ actions, which may eventually be made illegal, even defined as crimes.

The aim of this workshop is to study the forms taken by these mechanisms of depacification in the political struggle, and the way that pacification is sometimes corrupted in order to get involved in different ways in the political game. This political depacification has three complementary dimensions :

First, verbal or symbolic forms of depacification – such as a public insult, defamation, a loss of self-control, a blow ‘below the belt’, the use of arguments seen as non-political, inappropriate references (regarding sexual preference, social origin, religion, skin colour), excessive caricaturing, or lynching by the media.
Second, depacification characterised by the use of violence. For example, terrorism, political assassinations, ‘state violence’, sporadic low intensity violence, such as public disorder, taking people captive, sit-ins or arson in places of work, the outbreak of violence during a demonstration or an election campaign, etc.
Third, the notion of depacification in regard to related ideas like decivilising processes, brutalisation, and all forms of informalisation of political manners.

f Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 4 : 8 septembre 2009 16h-18h20
Session 5 : 9 septembre 2009 9h-11h20
Session 6 : 9 septembre 2009 14h-16h20
Voir planning général...

Lieu : UPMF / Galerie des Amphis (Amphi 3)


f Programme

Axe 1

Discutant : Romain Bertrand (CERI, Sciences Po - FNSP)

Axe 2

Discutant : Jean-Claude Caron (Université Blaise Pascal – Clermont-Ferrand)

Axe 3

Discutant : Nicolas Mariot (CNRS-CURAPP)


f Résumés des contributions

Axe 1

Mennell Stephen (School of Sociology, University College Dublin, Irlande)

American exceptionnalism in the light of Elias’s theory of civilising and decivilising processes

Les premiers colons européens en Amérique venaient de sociétés qui avaient déjà atteint un haut degré de pacification. Ce qui a conduit les pères fondateurs à tenir pour acquis que les Américains possédaient déjà un haut niveau d’autocontrainte, et donc qu’un Etat fort n’était ni nécessaire ni désirable. Dans le même ordre d’idée, Pieter Spierenburg a affirmé que la « démocratie était arrivée trop tôt » aux Etats-Unis, ce qui a fait que le besoin d’un monopole centralisé et puissant des moyens de la violence n’a jamais été pleinement accepté.
Cet héritage précoce, et cette « institution particulière » que fut l’esclavage, expliquent largement l’instabilité qui caractérise l’Amérique moderne. Contrairement (au moins en partie) à la vision de Norbert Elias d’une tendance majeure du monde moderne à la « démocratisation fonctionnelle », les Etats-Unis ont connu un processus de « dé-démocratisation fonctionnelle ». L’accroissement rapide des inégalités sociales et économiques a rendu caduc le « rêve américain ». Et l’idéologie intégriste du marché, qui est corrélée à l’idée d’un nécessaire Etat faible, a diminué, plutôt qu’augmenté, la capacité de prévision à long terme. La position dominante des Etats-Unis dans le monde a systématiquement déformé la perception que les Américains ont du reste du monde, et a entraîné des tendances à la décivilisation, aussi bien en interne qu’en externe.

The first European settlers in North America came from societies that had already achieved a relatively high degree of pacification. Thus the Founding Fathers took it too much for granted that Americans already had so high a level of habitual self-constraint that strong government was unnecessary as well as undesirable. Moreover, as Pieter Spierenburg has argued, ‘democracy came too early’ to the USA, so that the need for a strong central monopoly of the means of violence was never fully accepted.
From this early inheritance, together with the ‘peculiar institution’ of slavery, stems much of the instability characteristic of the modern USA. Contrary (at least in part) to Norbert Elias’s vision of ‘functional democratisation’ as a master trend in the modern world, the USA has been undergoing a process of ‘functional de-democratisation’. Rapidly increasing social and economic inequalities have made a mockery of ‘the American dream’. And the ideology of market fundamentalism, which is a concomitant of the belief in weak government, has diminished rather than increased the pressure towards habitual foresight. The USA’s power in the world has systematically distorted Americans’ perception of the rest of the world, and permitted decivilising trends both internally and externally.

Guillalot Elsa (PACTE, UPMF et IEP de Grenoble)

Auguste Blanqui : De la dépacification à la mystique de l'action révolutionnaire

Auguste Blanqui a tout à fois incarné et théorisé le recours à la violence en politique : la violence physique plutôt que l’apprentissage de la délégation de pouvoir ; l’usage des armes plutôt que le suffrage universel ; la brutalité et les outrances verbales de préférence aux discours politiques canoniques.
Analyser son parcours intellectuel et politique, comme tentative de « dépacification politique » à l’heure de la stabilisation des institutions françaises, offre donc l’opportunité de comprendre les ressorts d’une condamnation sans appel du système démocratique et libéral, mais aussi et surtout d’une mystique de la violence révolutionnaire qui vise à une « désinstitutionnalisation » totale du politique et qui réaffirme, sous une forme à peine sécularisée, le pouvoir sotériologique du sang versé.
Par ailleurs, « suivre les pas » de l’émeutier permet également d’interroger les réponses politiques et institutionnelles apportées à ses tentatives répétées de déstabilisation, tout autant que la postérité de Blanqui. Les dynamiques de pacification émanant des pouvoirs publics et celles de refus des affrontements codifiés de la République mises en œuvre par les blanquistes comme par les anarchistes, et plus tardivement les communistes, éclairent alors « sur le vif » le processus de normalisation des pratiques et de définition des « limites » dans le cadre d’une République apparemment triomphante.

From political depacification to revolutionary mystic: Auguste Blanqui or redemption by arms

Auguste Blanqui both incarnated and theorized the use of violence in politics : physical violence rather than learning to delegate power ; the use of arms instead of universal vote ; verbal brutality rather than political speeches.
Analyzing his political and intellectual evolution as an effort to depacify politics in a period where French institutions are stable, offers an opportunity to understand the reasons for his condemnation of the liberal and democratic system, but more importantly perhaps, to understand a revolutionary mystic aimed at a total deinstitutionalisation of politics, while reaffirming, the ideology of salute through spilled blood.
In addition, following the steps of this revolutionary allows us to question and analyze the political and institutional answers to Blanqui’s repeated attempts at destabilizing these institutions, as well as Blanqui’s posterity.
The dynamics of pacification emanating from public institutions as well as Blanqui’s followers’, and anarchists’, refusal of the Republic’s codified avoidance of conflicts, shed light on the normalization process of practices and on the definitions of acceptable “limits” in the framework of a triumphant republic.

Fureix Emmanuel (CRHEC, Université Paris 12 - Paris Est)

L’iconoclasme politique au XIXe siècle : la dépacification des signes

La pacification des signes politiques au XIXe siècle mérite d’être interrogée. Si le « vandalisme révolutionnaire », dans sa forme radicale, est effectivement refoulé, les passions attachées aux signes (couleurs, bestiaires, monogrammes, emblèmes constitués en répertoires concurrents) demeurent extrêmement vives et dérivent sur des gestes répétés d’iconoclasme politique.
Ces gestes accompagnent en particulier les ruptures politiques du siècle – insurrections, révolutions, restaurations et coups d’État – qui modifient le rapport des individus aux signes et aux images. Ils se manifestent, à Paris comme en province, par de spectaculaires bris, lacérations, autodafés, voilements ou simples estompages des signes de l’ennemi.
Protestataire ou officiel, l’iconoclasme permet de mieux saisir les enjeux symboliques de la « dépacification du jeu politique », irréductible à un moment de « dé-civilisation » :
- L’iconoclasme concrétise des conflits de sacralités souterrains. Des croyances sont attachées aux signes politiques, analogues sinon similaires à des croyances religieuses, exprimées dans des rituels sacrificiels (« profanations », « processions », « autodafés »).
- L’iconoclasme relève de formes originales de participation politique, propres à chacun des régimes et des moments envisagés. Il permet à des individus ordinaires de participer à l’histoire en train d’avenir, au transfert de souveraineté en cours, voire de l’accélérer. Mais il met aussi en jeu des relations sociales plus ordinaires, faites de querelles d’honneur ou de voisinage, et de protestations très matérielles.

Political iconoclasm in the 19th century : the depacification of signs

The depacification of political signs in the 19th century deserves to be discussed. “Revolutionary vandalism”, in its radical forms, is certainly repressed, but passions associated with signs (colours, bestiaries, monograms, emblems constituted in rival repertories) remain still undying, and lead to repeated gestures of political iconoclasm.
These gestures, in particular, accompany the political breaks of this century – insurrections, revolutions, restorations and coups d’État – that transform the relations between individuals and signs or images. They arise, in Paris and in the provinces, with spectacular breakings, lacerations, auto-da-fés, veilings, or stumps of enemy signs.
Resistant or official, iconoclasm allows to understand better the symbolic stakes of the “depacification of the political game”, irreducible to a moment of “de-civilization” :
- Iconoclasm traduces subterranean conflicts of sacrality. Beliefs are associated with political signs, analogous if not similar to religious beliefs, expressed in sacrificial rituals (“profanations”, “processions”, “auto-da-fés”)
- Iconoclasm reveals original forms of political participation, adapted to each of the regimes and moments. It allows ordinary people to take part in actual history, and in the future transfer of sovereignty, or even to accelerate it. But it also unveils more banal social relations, quarrels of honor or of neighbourhood, and basically material protest.

Axe 2

Trombert-Grivel Adeline (IEP de Grenoble)

Les savoirs-faire de l’indignation. Jeu politique, diffamation et dépacification (1880-1930)

Ce qu’on appelle « dépacification » est inhérent au jeu politique. C’est dire que l’entreprise de conciliation voulue initialement par le législateur entraîne, dans certains cas inéluctablement, des actes de résistance, et la mise à l’épreuve de la norme. Avec l’ampleur prise par le parlementarisme et l’ouverture à une concurrence plus rude entre sortants et entrants prétendant à la qualification, sous la Troisième République et jusqu’à l’entre-deux-guerres, les acteurs vont s’approprier l’instrument que constitue la diffamation comme d’un levier puissant, susceptible de les aider dans leur course au pouvoir et tirent parti de l’indignation morale suscitée. Différentes stratégies sont alors repérables : l’indignation offensive, qui consiste à détourner la sanction prévue par la loi en suscitant l’indignation publique ; l’indignation défensive, qui consiste à user du droit de réponse ; et l’indignation à double sortie, qui consiste à manifester sans ambages son opinion, tout en mettant en avant prophylactiquement un prétendu statut de victime. Ainsi, la codification de la diffamation, qui avait pour ambition de pacifier, se trouve annihilée dans les faits par le manque de fiabilité des instruments de répression mis en place (préventions patentes du jury), mais surtout par les différents savoirs-faire et les voies de contournement choisies par les intéressés.

The know-how of indignation. Political interplay, defamation and depacification (1880-1930)

The term “ depacification” is inherent to the political game. It signifies that the attempt at conciliation initially desired by the legislator brings about, in some cases ineluctably, acts of resistance, and the testing of the norm. Given the scope of parliamentarism and the opening up of more severe competition between outgoing and incoming members claiming to be qualified, under the Third Republic and up to the inter-war period, the actors appropriate for themselves the instrument which constitutes defamation as a powerful lever, susceptible of helping them in their race for power, benefiting from the moral indignation aroused. Various strategies are identifiable at this point : offensive indignation, which consists in circumventing the punishment foreseen by the law by arousing public indignation ; defensive indignation, which consists in the use of the right of reply ; and double-edged indignation, which consists in clearly stating one’s opinion, while prophylactically presenting an alleged status of victim. Thus, the codification of defamation, which was intended to pacify, finds itself annihilated in the proceedings by the unreliability of the instruments of repression which have been organized (the manifest bias of the jury), but especially by the various skills and the means of circumventing chosen by the interested parties.

Vandal Gilles (École de politique appliquée, Université de Sherbrooke, Québec)

La publicité négative dans les campagnes présidentielles américaines : un phénomène de « dépacification » ?

Les campagnes électorales américaines ont toujours été plus ou moins marquées par des coups bas tels que la diffamation, les allusions déplacées, les caricatures grossières, les lynchages médiatiques, la diffusion de fausses rumeurs et les attaques personnelles de toutes sortes. Mais avec l’arrivée de la télévision, puis d’Internet, la publicité négative est devenue un trait marquant des campagnes présidentielles américaines. Par exemple, 70% de la publicité républicaine avait en 2004 un caractère négatif. Plusieurs éléments marquent cette publicité : syndrome du mois d’août, rôle des groupes indépendants, financement électoral etc. Par ailleurs, la publicité négative représente un cas intéressant pour examiner l’application du concept de «dépacification» en soulevant les questions suivantes : Dans quelle mesure les attaques personnelles et les fausses accusations véhiculées dans la publicité négative font-elles partie intrinsèque d’un débat politique normal ? Dans quelle mesure la publicité négative vient-elle fausser le débat public et exacerbe-t-elle les tensions et conflits politiques ? Dans quelle mesure la publicité négative explique-t-elle la baisse de participation des Américains aux élections ? La réponse à ces questions, et bien d’autres, devrait nous permettre de vérifier ou non, si nous pouvons appliquer le concept de «dépacification» à la publicité négative dans les élections présidentielles américaines.

Negative publicity in the U.S. presidential campaigns: a phenomenon of "dépacification?

American electoral campaigns have always been more or less marked by cheap shots such as defamation, misplaced allusions, crude caricatures, media lynchings, dissemination of false rumors and personal attacks of all kinds. But with the advent of television and Internet, negative publicity has become a major feature of American presidential campaigns. For example, 70% of Republican advertising in 2004 was negative. Several factors underline negative publicity: the August syndrome, the PACS’ role, and financing laws. In addition, negative publicity is an interesting case to consider the application of the concept of "dépacification" by raising the following questions: To what extent do personal attacks and false charges conveyed by negative advertising represent an intrinsic part of a normal political debate? To what extent does negative publicity distort the public debate and exacerbate tensions and political conflicts? To what extent does negative publicity explain the decline in the participation in American elections? The answer to these questions and many others, should enable us to verify whether or not the concept of "dépacification" could be applied to negative publicity in the American presidential elections.

Passard Cedric (IEP de Lille)

La pacification du jeu politique à l’épreuve de la dynamique pamphlétaire à la fin du XIXe siècle en France

La période de la fin du XIXème siècle s’apparente à un âge d’or du pamphlet politique qui coïncide avec une série de transformations décisives accompagnant la mise en place de la démocratie élective et le procès de rationalisation et de civilisation des mœurs politiques. Notre communication vise précisément à étudier la manière dont cette dynamique pamphlétaire peut alors affecter la pacification contemporaine des règles d’un jeu politique auquel les pamphlétaires refusent de se laisser prendre et qu’ils tournent violemment en dérision.
Une sociologie de ces pamphlétaires permettra d’abord d’évaluer dans quelle mesure cette forme d’expression politique hétérodoxe peut refléter des propriétés sociales et/ou des dispositions politiques spécifiques. Cela nous amènera à questionner le sens et les logiques du recours à cette parole outrancière. Une telle parole invite aussi à interroger les relations entre la violence verbale et la violence en actes, et pose la question de la gestion des passions politiques dans un contexte de transformation de la compétition électorale et d’apprentissage de la patience civique. Nous serons ainsi particulièrement attentifs à l’évolution de l’acceptation sociale du message pamphlétaire et aux tentatives de répression ou de contention de cette parole politiquement incorrecte.
C’est la dialectique de la pacification et de la dépacification portée par cette dynamique pamphlétaire que nous ambitionnons donc d’analyser.

The effects of the lampoonist dynamic on the pacification of the late 19th century French political game

The historical sequence of the end of the 19th century can be considered as a golden age of the political lampoon. It meets exactly with a set of decisive transformations taking place in the framework of the establishment of the elective democracy and the process of rationalisation and civilisation of political habits. Our paper aims precisely to study the way this lampoonist dynamic can affect the current pacification of the political game’s rules that satiric authors refuse to accept and violently ridicule.
A sociological approach of those lampoons will allow us to evaluate to what extent this heterodox political expression can illustrate social properties and/or specific political natural abilities. This will lead us to question the meaning and logics of the mobilisation of subversive and extreme words. This type of speech also conducts to investigate the links and relationships between verbal pungency and expressions of physical violence. Moreover, it underlines the issue of political passion in a context of transformation of electoral competition and civic patience learning. Thus, we shall pay particular attention to both the evolution of social acceptance of lampoons and the attempts at repression or containment of such a politically incorrect expression.
This is this dialectic of pacification towards depacification that we propose to analyse here.

Tournier Vincent (PACTE, IEP de Grenoble)

La religion peut-elle être un facteur de dépacification ? Les jeunes musulmans face à la violence : résultats d’une enquête grenobloise

Cette communication propose d’examiner le rapport des jeunes musulmans à la violence en exploitant une enquête réalisée en 2003 dans l’agglomération grenobloise. A partir de ces données, encore inexploitées sous cet angle, il s’agit d’examiner dans quelle mesure la religion est susceptible de peser sur le rapport à la violence et, plus généralement, de participer au processus de socialisation des adolescents. On vérifiera ainsi que, par comparaison avec les jeunes sans religion ou les jeunes catholiques, il existe effectivement une spécificité des jeunes musulmans, statistiquement significative, qui se retrouve à plusieurs niveaux : 1/ dans le rapport à la religion, laquelle occupe une place plus importante que chez les catholiques et semble jouer un rôle normatif plus conséquent, notamment dans la capacité à imposer des interdits ; 2/ dans l’expression de certains comportements politiques (politisation, recours à l’engagement protestataire) et enfin 3/ dans le rapport à la violence (acceptation plus grande de la violence comme action légitime et propension plus élevée à commettre des actes violents). On essaiera alors d’expliquer cette situation en testant les grandes hypothèses habituellement avancées dans la littérature sur les effets de la situation scolaire, du sentiment d’injustice, de la sociabilité ou de l’hostilité envers les institutions, de façon à mieux cerner les conditions qui sont susceptibles de favoriser un rapport particulier à la violence.

This paper proposes to examine the relationship between young Muslim and violence by using data collected in 2003 in the Grenoble area (France). These original data give the opportunity to check the link between religious and violence and, more generally, to test the influence of religion on youth’s socialization process. In comparison with Catholics or unreligious, the young Muslim appear statistically different in three ways: 1/ in the place they give to religion, which seems to have a more normative influence than the Catholicism; 2/ in their expression of some political behaviour (politization and protest engagement) and 3/ in their relation to violence (legitimacy of violence and committed violent acts). To explain this situation, we will discuss the most common hypothesis in the literature, such as the influence of school, feeling of injustice, sociability, hostility against institutions, in order to understand what kind of circumstances tend to encourage a specific perception of violence.

Axe 3

Wahnich Sophie (Laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales, EHESS)

Pourquoi la Révolution française n'a pas été de velours. Etudes de cas et enjeux théoriques

A partir de trois études de cas de la période révolutionnaire française, il s'agira de repérer ce qui autorise la dépacification, tant sur le plan juridique (loi martiale du côté du pouvoir exécutif, ou droit naturel de salut public du côté du souverain populaire en actes), que sur le plan de la mise en récit des événements qui précèdent, que sur celui des investissements symboliques à l’oeuvre.
L'enjeu théorique consiste alors à montrer comment la dépacification a partie liée avec la rupture d'un lien qui engage un investissement sur des choses alors sacralisées : la vie, la patrie, la liberté, la justice, la vérité, la constitution. Dépacifier en période révolutionnaire reviendrait à dire qu'il y a des valeurs qui valent la mort d'un homme ou mort d'hommes. Il s'agit également de saisir que si la pacification est un processus lent d'apaisement, la dépacification relève d'une autre temporalité. Si l'orage est porté par la nuée qui est en amont, la dépacification suppose un événement, une décision ou une étincelle qui conduit à considérer que cette fois, il ne faut plus retenir la violence ou que ces discours de retenue ne peuvent être à la hauteur des choses sacralisées engagées.

Why was the French Revolution not Velvet?

Based on three case studies dealing with the French Revolution era, this essay identifies the conditions for depacification on three levels: the juridical level (the martial law on the part of the executive power, or the natural right to public safety on the part of the acting popular sovereign), the way the events preceding violence were portrayed, and the investment in the symbolic meanings at play.
The theoretical purpose of the article is to show that depacification was connected to the severance of a link that engaged an investment in sacralized notions: life, the nation, liberty, justice, truth, the Constitution. To depacify in revolutionary times implies that some values are worth one man’s death or many men’s deaths.
The purpose is also to grasp that while pacification is a slow process of appeasement, depacification partakes of another reality. A storm may be caused by the clouds up the hill, but depacification requires an event, a decision, or a spark, which leads to the idea that violence can no longer be curbed this time, or that the discourse justifying delay is no longer up to the sacralized notions that have been engaged.

Gourisse Benjamin (CRPS, Université Paris 1)

Repenser les relations entre marginalité politique et passage à la violence : le Parti de l’action nationaliste en Turquie dans les années 1970

La communication propose, par l’étude des modes d’action du Parti de l’action nationaliste (MHP, Milliyetçi Hareket Partisi) à la fin des années 1970 en Turquie, de repenser les relations entre position des acteurs politiques (selon les termes de Tilly, members of the polity ou challengers) et usages de la violence. L’utilisation de modes d’actions violents est généralement considérée comme une stratégie de second rang mise en œuvre par ceux qui n’ont pas accès à la polity (voir notamment Tilly 1973, 1978, 2003, Tilly et Tarrow 2008). Si ce type d’analyse se vérifie dans de nombreux cas, notre terrain tend à montrer que le passage à la violence n’est pas forcément un signe de marginalité, mais que l’accès à l’Etat le rend possible. Dans le cas turc que nous proposons d’étudier, ce ne sont pas les idéologies radicales et/ou les positions d’outsider ou de challenger, mais au contraire l’implantation dans l’Etat qui crée des possibilités d’utilisation de modes d’action violents.
On s’intéressera donc aux ressources (impunité, ressources informationnelles, sociales, économiques) que le MHP a pu retirer de sa participation à des gouvernements de coalition pour radicaliser son répertoire d’action en vue d’une prise de pouvoir via la dépacification du jeu politique.

The paper proposes to reconsider the relations between positions of political actors (members of the polity or challengers) and the use of violence by studying Nationalist Action Party (MHP, Milliyetçi Hareket Partisi) modes of action. The use of violence is generally considered as a second rate strategy, often implemented by those who don’t have any access to the polity (see Tilly 1973, 1978, 2003, Tilly and Tarrow 2008). If this kind of analysis can be verified in many cases, our fieldwork tends to demonstrate that using violence is not necessarily a sign of marginality, but an opportunity offers by the state access. In the turkish case to be studied here, radical ideology and/or outsiders/challengers position don’t create violent modes of action, but at the opposite state implementation.
We will then focus our attention on the different kinds of resources (impunity, social, economical and informational resources) MHP has gathered from its participation to coalition governments in order to radicalize its repertoire of collective actions. A seizure of power thanks to a « depacification » of the political game can be the seen as its final goal.

Gourgues Guillaume et Hamzaoui Ouassim (PACTE, IEP de Grenoble)

LIP, de la dépacification au dissensus

Après une trentaine d’années où les mobilisations ouvrières en France se voient réglées, gérées et codées par les appareils partisans, syndicaux et l’idéologie de la lutte des classes – le mouvement d’avril 1968 ne faisant d’ailleurs pas exception –, les horlogeries LIP de Besançon sont en 1973 le théâtre d’une insurrection ouvrière qui, par nombre de ses aspects, constitue une expérience de dépacification de ce mode routinisé de la régulation socio-politique en France. La séquestration des représentants de la société-mère, l’occupation « ouverte » de l’usine, l’affrontement avec les forces de l’ordre, l’autogestion de la mobilisation marginalisant les structures syndicales, sont autant de signes d’un phénomène de dé-civilisation ouvrière, entendue comme un affaiblissement de l’auto-contrôle et du respect des règles politiques admises. Nous appuyant prioritairement sur les témoignages écrits des différents protagonistes de l’évènement « LIP », nous tâcherons certes dans cette communication de rendre compte de ces formes de dépacification ainsi que de leur articulation, mais aussi d’avancer l’idée que la véritable portée subversive de l’action des ouvriers-horlogers, loin de se résumer à des actes dérogeants à la règle pacifiée, relève de la constitution d’une scène commune, d’un lieu où le groupe en lutte se constitue et que le groupe constitue comme unique lieu de la lutte : le lieu où s’affirme et se décide un monde dissensuel en rupture avec la fatalité du licenciement d’une partie des ouvriers.

LIP, from « de-pacification » to « dissensus »

Whereas the workers mobilisations had been regulated, jointly managed, and codified by the trades unions, the parties and the class war ideology for about thirty years – the social movement of 1968 as well as the others – the watchmaking factory of LIP (Besançon) in 1973, was the theater of an original workers’ riot. By many aspects, this riot could be considered as an experience of “de-pacification”, which deny the usual regulation of the social conflict in France : the illegal detention of the headquarters delegates, the “opened” occupancy of the factory, the confrontation with the police, the self-management of the movement which marginalizes the trade unions, are some elements of this working class “de-civilisation”, that is to say the weakening of the self-control and the legitimate political rules. Based on the actors’ own writings, we first describe these “de-pacification” events and their relationship, but we also argue the real “violence” of the workers cannot be reduced to these non-pacific activities. The subversion of the LIP’s workers is the result of the creation of a “common scene”, in other words the place where the group is created, the place which is defined as the only battlefield by the group : the “site” where a dissensual world is decided and claimed, against the economic fatalism of the layoffs.

Gobille Boris (TRIANGLE, Université de Lyon, ENS-LSH)

Comment un Etat « stable » bascule-t-il dans la guerre civile ? Sur la dépacification en Côte d’Ivoire depuis 1999

Stable depuis son indépendance en 1960, la Côte d’Ivoire connaît une dé-pacification du jeu politique après le coup d’Etat du 24 décembre 1999. La séquence ainsi ouverte permet d’observer les mécanismes complexes qui mènent à la rupture de la civilité politique et sociale. Prenant appui sur les travaux existants et sur des archives de presse (ivoirienne et française), la communication interrogera la notion de dé-pacification et confrontera à un contexte africain les outils d’analyse élaborés par la sociologie des crises politiques, des violences extrêmes et des transitions politiques. A distance des lectures culturalistes ou téléologiques parfois à l’œuvre dans les notions de « brutalisation », de « dé-civilisation » ou de « transition », nous proposerons une socio-histoire du temps court de la crise et analyserons la dépacification en Côte d’Ivoire comme une dynamique où opèrent, dans un contexte d’incertitude encore actuel, à la fois des logiques conjoncturelles et situationnelles, et des facteurs de plus longue durée. Une attention particulière sera accordée au travail de recodage symbolique auquel se livrent les acteurs ivoiriens pour fermer la compétition politique aux adversaires, les rhétoriques de l’ivoirité étant ici centrales dans le franchissement de seuils de dépacification et dans la désectorisation des antagonismes à l’ensemble du corps social.

How does a « stable » State fall into a civil war? On the depacification in the Ivory Coast since 1999

Since a putsch that took place on the 24th of December 1999, the Ivory Coast has been experiencing a depacification of its political game. This case enables us to scrutinize the complex mechanisms which have led to the breaking of the political and social civility. Based on a survey of the scientific literature and on archives of newspapers from the Ivory Coast and France, the paper will discuss the notion of depacification and will confront the concepts and tools elaborated by the sociologies of political crises, of extreme violences and of political transitions with this specific African context. Standing aloof from culturalist or teleological bias of concepts like “brutalization”, “de-civilization” or “transition”, and following what we could call a sociohistorical approach to short-term temporality, we will analyse the depacification in the Ivory Coast as a dynamics of uncertainty, still ongoing, which combines logics of situation and long-term factors. Further attention will be paid to the symbolic framings by which political actors have tried hard to oust a political opponent from the electoral competition: the rhetoric of the “ivoirité” is thus crucial in that it has made the conjuncture of depacification overstep further thresholds and go beyond the bounds of the political field, spreading to the whole society.

Breton Philippe (Laboratoire Culture et Sociétés en Europe, Université de Strasbourg)

Quel rôle joue le processus de dépacification dans la prédisposition à commettre ou non des crimes de masse et des génocides ?

Comment devient-on exécuteur ? Comment refuse-t-on de l’être ?
Il s’agit, dans cette conférence, de partir de la situation concrète où des hommes sont amenés à commettre ou à refuser de commettre des crimes de masse ou des génocides, pour, en remontant dans la chaîne des « déterminations » de leur acte, retrouver la question de la dépacification, dans les effets concrets que ce processus peut avoir sur la biographie des intéressés.
Les situations qui servent de terrain d’enquête ici sont les crimes de masse et les génocides commis sur le Front de l’Est (1941-1943), les crimes de masse commis pendant la guerre américaine au Viet-nam (par exemple le massacre de My Laï) ainsi que le génocide commis au Rwanda en 1994. Quelques exemples peuvent être pris dans la guerre d’Algérie (jusqu’en 1962) ou dans les attentats kamikaze commis actuellement.
On part de l’hypothèse selon laquelle la balance pacification/dépacification (on se réfère ici bien sûr à Norbert Elias), à la fois comme système de valeur intériorisé et comme comportement concret en terme de moeurs, joue un rôle essentiel dans la bifurcation biographique (notamment au stade de « belligérance » selon la typologie d’Athens) qui conduit ultérieurement à devenir exécuteur ou refusant.

How do we become mass murderer ? How do we refuse of the being ?
It is a question, in this conference, of the concrete situation where men are brought to commit or to refuse to commit crimes of mass or genocides. I am looking for "determinations" of their act, to find the question of the dépacification, in the concrete effects which this process can have on the biography of the interested.
The situations which serve as ground of investigation here are the crimes of mass and the genocides committed on the Eastern front ( 1941-1943), the crimes of mass committed during the American war in Vietnam (for example the massacre of My Laï) as well as the genocide committed in Rwanda in 1994. Some examples can be taken in the Algerian War (until 1962) or in kamikaze attacks committed at present.
One of the question is how the balance pacification / dépacification (we refer here naturally to Norbert Elias), as interiorized consequentive system and as concrete behavior in term of customs, play an essential role in the bibliographic fork (in particular at the stage of "belligerency" according to the typology of Lonnie Athens) which leads later to become killer or « refusant ».


f Participants

Bertrand Romain romain.bertrand@sciences-po.fr
Breton Philippe phbreton@club-internet.fr
Briquet Jean-Louis jeanl.briquet@sciences-po.fr
Caron Jean-Claude jeanclaudecaron@free.fr
Cossart Paula cossart.paula@free.fr
Fureix Emmanuel efureix@free.fr
Gobille Boris Boris.Gobille@ens-lsh.fr
Gourgues Guillaume guillaume.gourgues@hotmail.com
Gourisse Benjamin b.gourisse@voila.fr
Guillalot Elsa guillalot@voila.fr
Hamzaoui Ouassim ouassim.hamzaoui@hotmail.fr
Machikou Nadine nadngameni@yahoo.fr
Mennell Stephen stephen.mennell@ucd.ie
Passard Cedric cedric.passard-2@univ-lille2.fr
Taïeb Emmanuel emmanuel.taieb@iep-grenoble.fr
Tournier Vincent vincent.tournier@iep-grenoble.fr
Trombet-Grivel Adeline adelinetrombert@yahoo.fr
Vandal Gilles Gilles.Vandal@USherbrooke.ca
Wahnich Sophie sophiw@club-internet.fr