Section thématique 45

Formes de compétence et savoirs de gouvernement

f Responsables

Julie Gervais (London School of Economics and Political Science, Triangle UMR 5206) gervais_julie@yahoo.fr
Renaud Payre (Université Lyon II, Triangle UMR 5206) Renaud.Payre@univ-lyon2.fr

Présentation scientifique

Dates des sessions

Programme Résumés Participants

 

f Présentation scientifique

Dans sa description des caractéristiques des univers bureaucratiques, Max Weber insistait déjà sur la place centrale qu’occupe la détention de savoirs spécialisés dans l’administration publique. Seul le développement d’une bureaucratisation achevée rend cette détention nécessaire (Weber, 1971). L’importance des savoirs et savoir-faire détenus par les fonctionnaires est ainsi au cœur de la science politique de l’administration, et notamment chez ses porte-plume anglophones qui manifestent un véritable engouement pour la notion de « compétence », considérée comme un thème central des réformes contemporaines touchant au service public (Hood et Lodge, 2004, p.313).
Le succès académique de la notion de compétence − aux filiations hybrides (Hood et Lodge, 2005, pp.781-783) et aux contours scientifiques assez mollement définis – est en effet largement lié aux réalisations pratiques dans lesquelles elle s’est récemment incarnée (Ingraham et Getha-Taylor, 2005 ; Hood et Lodge, 2005 ; Van der Meer et Toonen, 2005). Parmi celles-ci, l’introduction de « cadres de compétence » (competency framework) a largement contribué à susciter l’intérêt pour la notion, dès lors considérée comme un des avatars du New Public Management. Ces « cadres de compétence » consistent en un ensemble d’attendus professionnels, en termes d’expertise, de connaissances, de capacités managériales, d’aptitudes comportementales, voire de traits de caractère. Ils servent ainsi de ‘référentiels de compétence’ et de modèles prescriptifs pour les agents des ministères, departments ou executive agencies (Hondeghem, Horton, Scheepers, 2005).

De fait, la littérature anglophone saisit la notion de compétence à travers deux interrogations principales. La première concerne le lien entre réforme et compétence. Une partie des travaux s’applique à déterminer le caractère durable de l’engouement pour le « management des compétences » et à évaluer la nature cosmétique ou substantielle des évolutions en cours (Page, Hood et Lodge, 2005). La seconde consiste surtout à percevoir le degré de convergence entre les réformes au sein des pays concernés (Hood et Lodge, 2005). Si ces interrogations seront présentes dans le cadre des deux séances de cette section thématique, notre propos sera néanmoins différent. Il visera à discuter l’usage à la fois prescriptif et analytique de cette notion de compétence, en interrogeant les usages indigènes qui ont pu en être faits au cours des dix-neuvième et vingtième siècles. Autrement dit, il s’agira d’analyser comment a pu être envisagé, dans différentes configurations historiques, ce que les fonctionnaires sont censés savoir ou savoir faire pour administrer.

Si la compétence est traitée en science politique française, c’est davantage celle de l’électeur dont il est question avec une invitation à dépasser une définition minimale de la compétence politique évaluée en termes de connaissances factuelles (Revue française de science politique, 2007/6). La compétence de l’élu a en partie été traitée à travers les travaux sur le rôle et le métier d’élu, notamment suite à la formation d’un agenda de recherche sur le métier  d’élu au tout début des années 1990 autour du Groupe d’Études du Métier Politique (GEMEP) de l’université Paris I. Le métier politique est conçu comme un ensemble de savoir-faire, de technologies, de « compétences » requises. Il s’agit de mettre au jour un ensemble de phénomènes – sociaux et culturels – qui ont contribué à « fixer » la figure et les caractéristiques de l’élu. Les travaux ont surtout porté sur le rôle du maire et sur « ce qu’il convient de faire quand on est élu » municipal (Politix, n°28, 1994). Plus largement, une réflexion a pu être menée sur des moments où se figent des oppositions entre des légitimités liées à des compétences et une légitimité électorale (Dulong, 1997). À travers l’étude de ces concurrences, on peut scruter la formation de nouvelles définitions des sciences de gouvernement – comme le droit public dans les années 1900, la science administrative dans l’entre-deux-guerres ou la science économique dans les années 1950 – et l’imposition de nouvelles figures légitimes de l’élu – selon le type de mandat qu’il détient – qui participent à la construction de nouvelles règles du jeu politique.
Enfin, la notion de compétence s’inscrit surtout en filigrane – simplement en filigrane – des travaux sur les sciences de gouvernement menés depuis une dizaine d’années. Ceux-ci conduisent à replacer au centre des interrogations les savoirs pour l’action publique (Ihl, Kaluszynski et Pollet, 2003 ; Payre et Vanneuville, 2003 ; Ihl, 2006). Ces savoirs n’ont plus un caractère d’évidence. A ce titre, ces travaux relisent une partie de la production de sociologie des professions qu’ils mettent au service de l’analyse des élus comme des agents administratifs (Chapoulie, 1973). Une manière de renverser la relation de causalité entre savoir et profession. Il ne convient plus de voir en quoi les professions répondent par leur savoir et leur compétence à un supposé besoin social. Il faut étudier les conditions sociales de monopolisation d’un savoir par une communauté d’acteurs. Mais on peut aller plus loin : en repérant ce travail de production et de mobilisation des savoirs, il est possible de mettre au jour des formes de légitimation de la profession, des représentations de ce qu’elle est.
C’est aux définitions et re-définitions de la compétence administrative sur les dix-neuvième et vingtième siècles que nous nous proposons de réfléchir. Notre ambition est de réinvestir la notion de compétence, dans une perspective socio-historique, tout en demeurant attentifs aux questionnements qu’elle a suscités dans la littérature anglophone. Nous nous pencherons ainsi sur la manière dont s’imposent des formes légitimes de compétence et sur l’émergence de figures au sein de l’univers administratif en nous intéressant notamment à deux types d’observatoires empiriques.

Dans le cadre d’une première séance, intitulée « Réformes, Formation à l’administration et figures de l’administrateur », nous nous pencherons à la fois sur les modalités de sélection des agents et sur la mise en place de nouvelles formations au métier d’administrateur – soit dans des institutions existantes, soit dans des institutions nouvellement créées. Autrement dit, il s’agit de saisir la réforme administrative et les formes de compétence des fonctionnaires à travers le recrutement et la formation des cadres de l’administration. Dans la lignée de travaux sur la formation à l’administration centrale (Damamme, 1987 ; Favre, 1989 ; Vanneuville, 1998), à l’administration locale (Thœnig, 1994 ; Roubieu, 1994 ; Payre, 2007), comme ceux sur certaines grandes Ecoles (Eymeri, 2001 ; Gervais, 2007), nous souhaitons interroger la production de compétences légitimes pour administrer. En étant à la fois attentifs à l’élaboration des savoirs nécessaires, aux débats qui l’accompagnent ainsi qu’à l’effet de cadrage que la formation induit, nous tâcherons de mettre au jour les « figures d’administrateurs » (Descimon, Schaub, Vincent, 1997) qui se cristallisent notamment dans ces lieux de formation.

La deuxième séance, intitulée « Circulation et convergence des formes de compétence » portera sur les circulations infranationales, nationales et transnationales des formes légitimes de compétence pour administrer. Afin de discuter la notion de convergence d’une administration publique contemporaine et d’historiciser les circulations et les transferts qui occupent aujourd’hui une place importante dans l’analyse du travail administratif, nous reviendrons sur des moments d’échanges entre administrateurs. Des échanges qui portent sur ce qu’il convient d’apprendre et de transmettre pour bien administrer. Des échanges qui contribuent parfois à fabriquer de nouveaux objets administratifs, de nouveaux horizons pour l’action administrative. Les terrains retenus devraient permettre une forme de comparaison transnationale ou encore une comparaison en train de se faire.

Bibliographie

CHAPOULIE Jean-Michel, "Sur l'analyse sociologique des groupes professionnels", Revue française de sociologie, vol.14, 1973, pp.86-114.
DAMAMME Dominique, "Genèse sociale d'une institution scolaire. L'Ecole libre des sciences politiques", Actes de la recherche en sciences sociales, n°70, 1987, pp.31-46.
DESCIMON Robert, SCHAUB Jean-Frédéric, VINCENT Bernard, Les figures de l'administrateur : institutions, réseaux, pouvoirs en Espagne, en France et au Portugal, 16e-19e siècles, Paris, École des hautes études en sciences sociales, 1997.
DULONG Delphine, Moderniser la politique. Aux origines de la Vème République, Paris, L’Harmattan, 1997.
FAVRE Pierre, Naissance(s) de la science politique, Paris, Fayard, 1989.
EYMERI Jean-Michel, La fabrique des énarques, Paris, Economica, coll."Etudes politiques", 2001.
GERVAIS Julie, La réforme des cadres de l’action publique ou la fabrique d’un « nouveau » corps des Ponts et Chaussées. Impératifs managériaux, logiques administratives et stratégies corporatistes (fin du XXème siècle), Thèse pour le doctorat de science politique, IEP de Lyon/Université Lyon 2, 2007.
HONDEGHEM Annie, HORTON Sylvia et SCHEEPERS Sarah, « Modèles de gestion des compétences en Europe », Revue française d’administration publique, avril 2005, n°116, pp.561-576.
HOOD Christopher et LODGE Martin, "Competency, Bureaucracy and Public Management Reform: a Comparative Analysis", Governance, vol.17, n°3, juillet 2004, pp.313-333.
HOOD Christopher et LODGE Martin, “Symposium Introduction: Competency and Higher Civil Servants”, Public administration, vol.83, n°4, 2005, pp.779-787.
HOOD Christopher et LODGE Martin, "Aesop with Variations: Civil Service Competency as a Case of German Tortoise and British Hare?", Public administration, vol.83, n°4, 2005, pp.805-822.
IHL Olivier, KALUSZYNSKI Martine, POLLET Gilles (dir.), Les sciences de gouvernement, Paris, Economica, 2003.
IHL Olivier (dir.), Les « sciences » de l’action publique, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2006.
INGRAHAM Patricia Wallace et GETHA-TAYLOR Heather, "Common sense, Competence, and Talent in the Public Service in the USA: Finding the Right Mix in a Complex World", Public Administration, vol.83, n°4, 2005, pp.789-803.
PAGE Edward, HOOD Christopher and LODGE Martin, « Conclusion : Is Competency Management a Passing Fad ? », Public administration, vol.83, n°4, 2005, pp.853-860.
PAYRE Renaud et VANNEUVILLE Rachel, « "Les habits savants du politique". Des mises en forme savante du politique à la formation des sciences de gouvernement », Revue française de science politique, vol.53, n°2, avril 2003, pp.195-200.
PAYRE Renaud, Une science communale ? Réseaux réformateurs et municipalité providence, Paris, CNRS Editions, 2007.
POLITIX, “Etre du métier”, n°28, 1994.
REVUE FRANCAISE DE SCIENCE POLITIQUE, “Sur la formation des sciences de gouvernement”, vol.53, n°2, 2003.
ROUBIEU Olivier, Des cadres gouvernants. Les hauts fonctionnaires des collectivités locales, Thèse pour le doctorat de science politique, Paris I, 1999.
THOENIG Jean-Claude, "Savoir savant et gestion locale", Politix, n°28, 1994, pp.64-75.
VAN DER MEER Frits M. et TOONEN Theo A.J., "Competency Management and Civil Service Professionalism in Dutch Central Government", Public Administration, vol.83, n°4, 2005, pp.839-852.
VANNEUVILLE Rachel,  La référence anglaise à l’Ecole libre des sciences politiques. La formation de gentlemen républicains, 1871-1914, Thèse pour le doctorat de science politique, IEP de Grenoble/Université Pierre Mendes France, 1998.
WEBER Max, Économie et société, Paris, Pocket, 1995 (1ère éd.: Plon, 1971).

Competency is considered by Anglo-Saxon scholars as a central theme in public administration and contemporary public service reforms related to so-called “modernisation” issues (Hood et Lodge, 2004, p.313). The literature has embraced the issue mainly by dealing with two broad themes. The first one reads competency as a ‘passing fad’ (Page, Hood et Lodge, 2005) and questions the significance of the changes which have actually accompanied the success of such a term in contemporary administrative reforms. The second deals with the commonalities and differences in competency reforms across the world, showing to what extent they have been shaped by administrative legacies and the particularities of institutional contexts. While our workshops tackle these two themes, we will rather insist on the analytical and prescriptive uses of the very notion of competency.  The papers will interrogate the “indigenous uses” of competency frameworks designed to improve the expertise, knowledge and capacities of civil servants during the nineteenth and twentieth centuries.  In other words, we would like to analyse what civil servants were/are expected to be capable of doing in different historical contexts, and according to which requirements and what conceptions of public administration these competencies were/are defined. We pay attention to the historical process of legitimisation of certain forms of competency by focusing on two main objects.  The first workshop will deal with recruitment patterns and methods in the civil service, and the design of training devoted to bureaucrats.  Papers will analyse the role they are expected to perform and the production of legitimate competencies through the diffusion of knowledge and the imposition of roles.  The second workshop will focus on infranational, national and transnational circulations of legitimate forms of competency and will question the exchanges related to what civil servants are supposed to know in order to manage “well”.


f Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 2 : 7 septembre 2009 16h40-19h
Session 3 : 8 septembre 2009 9h-11h20
Voir planning général...

Lieu : IEP (salle 17)


f Programme

Axe 1

Discutants : Martin Lodge (London School of Economics and Political Science) et Edward Page (London School of Economics and Political Science)

Axe 2

Discutants : Martin Lodge (London School of Economics and Political Science) et Edward Page (London School of Economics and Political Science)


f Résumés des contributions

Axe 1

Biland Emilie (Centre Maurice Halbwachs)

Des cadres pour la fonction publique territoriale : Compétences et savoirs de l’administration locale au prisme des concours

Centrée sur le concours d’attaché, cette communication éclaire la contribution de ce mode de sélection emblématique de la fonction publique à la production de savoirs et de compétences définis comme nécessaires à l’encadrement territorial. En combinant entretiens avec des membres de jurys, observations d’épreuves et dépouillement des archives du Centre National de la Fonction Publique Territoriale, elle envisage trois facettes de la construction concourante du rôle d’attaché territorial. En première analyse, ce concours inscrit les candidats dans un ensemble de normes et de pratiques relevant de la fonction publique dans son ensemble, dans ses aspects traditionnellement associés à la bureaucratie et dans ses récentes inspirations managériales. Mais il tente aussi de distinguer les futurs fonctionnaires territoriaux de leurs homologues de l’État ; il participe en cela à la légitimation de l’action publique locale et à la promotion de ceux qui y contribuent. Enfin, ce concours sélectionne des individus qui sauront tenir leur place dans l’ordre bureaucratique : il contribue à la construction des différences hiérarchiques et définit des exigences propres à l’encadrement. Finalement, les compétences et savoirs légitimés par le concours d’attaché relèvent d’un projet de modernisation modérée de l’action publique locale, que nous confronterons, en conclusion, avec ses réceptions par les candidats ainsi qu’avec les pratiques effectivement mises en œuvre en collectivité.

Which managers for local public service ? Skills and knowledge in French competitive exams.

This paper focuses on the competitive exam selecting administrative middle management working in French local public service (attachés territoriaux). It studies the part played by this institution in designing peculiar skills and knowledge. Observing oral tests, interviewing examiners and working on archives enable us to identify three patterns of socialization. This exam socializes candidates to values and practices shared with the State civil service. It mixes bureaucratic requirements (such as complying with hierarchic rules and defending public service) and new public management norms (which highlight personality, motivation and creativity, and evaluate public service according to financial criteria). Local public policies are supposed to cope with these new demands better than the State does. Therefore, the exam also aims to distinguish local managers from national civil servants. It legitimates local public service along with those, both politicians and managers, who lead local communities. Management exams must as well be seen as scenes where forthcoming leaders learn how to play their leading part and to interact with street-level bureaucrats. Since competitive exams are one step among others in becoming local managers, this paper finally compares their skills and knowledge to those used in community-based recruiting processes and demonstrates the gap between these two selecting devices.

Buisson-Fenet Hélène et Da Rui Elena (LEST, Université Aix-Marseille)

Compétences de l'administration et administration des compétences. Le cas de la formation des cadres de l'Education Nationale depuis les années 1970

La communication étudiera les conditions de reconnaissance de compétences administratives et managériales dans l'Education Nationale, au travers de l'émergence et du développement de la formation de l'encadrement pédagogique. Il s'agira en premier lieu de rendre compte des recompositions institutionnelles qui jalonnent la professionnalisation contrariée des personnels d'encadrement depuis les années 1970 : le récit d'acteurs historiques et la lecture d'archives institutionnelles révèlent la maturation d'une logique professionnelle longtemps non-congruente avec la logique administrative. A partir des deux dossiers que constituent, d'une part, la formation des chefs d'établissement et, d'autre part, celle des inspecteurs pédagogiques régionaux, nous proposerons une analyse de l'évolution des contenus curriculaires et de leur réception, et montrerons quels enjeux institutionnels semblent sous-tendre leur convergence actuelle et la référence récente à la « formation tout au long de la vie ».

How to Learn Being a Manager in a Civil Service? A case-study of the French educational system since the 1970's

This paper aims at analyzing the institutional conditions which allow to recognize and legitimate a specific meaning of « competencies » in the French educational system since the 1970's. In this view, we will take the example of the managerial staff's training, how it has emerged and developed. In a first part, leaning our argument on an historical background, we will show that for a long time, the professional logic has not been congruent with the administrative one. Two « files » will be secondly put forward – the training curricula of headmasters and of the inspectorship – to question the professed overspreading of an « NPM philosophy » since the 1990's, and to study their current convergence and the recent reference to the « longlife learning ».

Gally Natacha (IEP de Paris – Cevipof)

La compétence à l’école. Former les cadres supérieurs de l’administration en France et en Grande-Bretagne

De part et d’autre de la Manche, la figure du haut fonctionnaire « généraliste », serviteur de la Couronne et « grand commis de l’Etat », semble aujourd’hui remise en cause au profit d’une conception plus managériale des « compétences » désormais attendues des « cadres supérieurs de l’administration ». La plasticité de la notion de « compétence », qui explique sans doute en partie son succès, en fait cependant un objet difficile à saisir empiriquement. Si certains travaux sur les réformes néo-managériales se sont penchés sur ses usages, peu se sont attachés à en analyser les contenus. Cette communication propose d’explorer les formes concrètes des « compétences » des hauts fonctionnaires en France et en Grande-Bretagne à travers une étude des transformations des formations des hauts fonctionnaires dans les deux pays. L’évolution des programmes et méthodes d’enseignement à l’Ecole Nationale d’Administration et à la National School of Govermnent est analysée en lien avec les repositionnements successifs de ces institutions dans le champ plus ou moins concurrentiel de la formation des cadres de l’administration. Tout en soulignant les spécificités des trajectoires nationales, la comparaison s’intéresse aux évolutions communes aux institutions considérées : l’importance croissante prise par la formation continue, la diversification de l’offre de formation orientée vers de nouveaux publics, et le développement d’activités « périphériques » de recherche ou de consulting.

Changing Top Civil Servants' Skills at School. The diffusion of competency frameworks in France and Great-Britain

In France as in Great-Britain, the figure of the “generalist” top civil servant is currently put into question by a new managerial conception of the competences expected from members of the “senior civil service”. The ambiguous signification of “competence”, which may partly explain its success, makes this notion difficult to grasp empirically. Indeed, the literature on recent New Public Management reforms is rather evasive concerning the various contents covered by this concept. The purpose of this paper is to explore the concrete forms of British and French top civil servant’s “competences”, through a study of the recent transformations that have occurred in senior civil service training schemes. The evolution of training programmes and methods designed for top civil servants, both at the Ecole Nationale d’Administration and at the National School of Government, is linked to the position these institutions have attempted to occupy in the competitive field of public administration and management training. Together with an account of national trajectories characteristics and singularity, the comparison between two “most different” cases points out similar developments in the two countries: the growing importance of professional training, the diversification of training programmes designed for new audiences, and the development of other activities such as research and consulting.

Didier Georgakakis (GSPE, Institut Universitaire de France)

Do the skills kill ? Enjeux et évolutions la définition de la compétence des eurofonctionnaires

La communication proposée ici voudrait s’inscrire dans ce débat général sur l’exemplarité de la réforme de l’administration de la Commission européenne qui a récemment animé les revues internationales. Elle vise à se demander dans quelle mesure cette réforme met en jeu des définitions concurrentielles de la compétence, voire dans quelle mesure elle témoigne d’un tournant de cette définition. Si la compétence est un des éléments clefs sur lesquels les fonctionnaires européens ont fondé leur position, elle a plutôt disparu des discours de la réforme qui ont préféré valoriser « l’efficacité » autour de la maîtrise d’un ensemble de skills plutôt qu’une compétence se référant au contenu. Cette transformation nous semble moins procéder de débats théoriques que de la mise en œuvre d’un ensemble d’instruments qui, pour paraître souvent anodins au chercheur, sont tout à fait capitaux dans leur capacité à discipliner les pratiques et in fine les agents qui en sont les porteurs. Pour comprendre les tournants qui s’opèrent à la Commission, et, plus généralement dans d’autres organisations, on développera ainsi deux points. Le premier présentera une fresque d’ensemble des évolutions de l’évaluation des personnels en comparant des grilles d’évaluation mises en place lors de la fusion des institutions (1967) et celles qui, depuis la réforme Kinnock, relèvent notamment du processus du REC (rapport d’évaluation des compétences). Dans un deuxième temps, on voudrait faire porter la focale sur un test pratiqué en formation tel que le MBTI.

Do the skills kill ? The EU civil servant competencies at stake

This paper is a contribution to the general debate on the exemplarity of the European Commission’s administrative reform that recently occurred in international journals (Wep, 2008; JEEP, 2008). It aims at asking to what extent this reform involves conflicting definitions of competence, and to what extent it attests to a shift in the definition. While competence is one of the key elements on which European officials have based their position (Cini, 1996; Georgakakis, 1999), the word disappeared from reform discourses, which rather valued “efficiency” and the mastery of a number of skills rather than competence, referring to content. This transformation is arguably not so much linked to theoretical debates, but rather to the implementation of a number of instruments which, though they may seem insignificant to researchers, are key in their capacity to discipline practices and ultimately the agents involves in these practices. This is particularly the case of those who contribute to ranking personnel or making them rank themselves, notably through grids proposed to the agents and their evaluators. To understand the current shifts underway in the Commission and in other organisations, two points will be developed. The first will present an overview of the evolutions in staff evaluation by comparing grids of evaluation set up during the merger of the institutions (1967) and, since the Kinnock reform, those of the REC process. Secondly, we will focus on a test carried out during trainings such as the MBTI.

Joris Geoffrey (Université de Liège– SPIRAL – Belgique), Devisscher Christian (Université Catholique de Louvain-la-Neuve - Belgique)

Produire et gérer des compétences : quand la réflexivité des organismes publics se construit compte tenu des logiques institutionnelles

Les récentes réformes administratives wallonnes entendent mettre en place une transversalité accrue et fonder une logique de résultat impliquant la poursuite permanente de la qualité. Dans ce contexte, la construction des compétences des acteurs au sein des réformes administratives ne peut être rendue intelligible que si elle est replacée dans une logique dynamique et processuelle dans lesquelles la place et les formes des institutions publiques ne peuvent être négligées.
Afin de mettre nos propos en évidence, nous présenterons dans un premier temps les récentes réformes des structures administratives régionales, en montrant en quelle proportion les contraintes politiques, administratives et historiques participent à la structuration des régimes de transformation de ces structures. Dans un deuxième temps, nous montrerons, au travers d’une agence particulière (« Spaque ») en quelle proportion les structures administratives et leurs processus de gestion façonnent les compétences des agents (simplification, transversalité des savoirs, flexibilité, interdisciplinarité, efficacité et efficience) et en quelle proportion ces nouvelles compétences imposent, en retour, une transformation tant des institutions publiques que des pratiques managériales. Finalement, nous tenterons de développer, par la comparaison des logiques fédérales et régionales quant à la réforme de leurs structures, des hypothèses plus générales sur le régime des réformes administratives en Belgique.

Building and managing skills: when building reflexivity makes sense through institutional dynamics

The recent Walloon administrative reforms intend to increase transversality and to found down a management oriented to and by results and quality. In this context, the construction of agents skills can be made understandable only if it is replaced in a dynamic and processual logic. In this perspective, the forms of public institutions cannot be neglected in order to fully understand “what is happening”.
In order to highlight our remarks, we will initially presen, the recent regional administrative reforms while showing in which proportion the political, administrative and historical constraints take part in the structuring of the modes of transformation of public structures. We will then highlight, through a particular agency (“Spaque”), in which proportion the new administrative structures and their management orientations shape workers’ attitudes and competences (simplification, knowledge transversality, flexibility, interdisciplinarity, effectiveness and efficiency). Finally, we will point out in which proportion these new competences impose, in return, a transformation of both the public institutions and the managerial orientations. Finally, by leading a comparative approach between federal and regional institutional reform dynamics, we will try to develop a general approach on administrative reforms in Belgium.

Axe 2

Baudot Pierre-Yves (ISP/ENS Cachan)

Apprentissages transnationaux, expériences nationales ? La formation de l’administrateur français à l’informatique au début des années 1960

La circulation des savoirs utiles aux administrateurs pose deux questions : celle de l’uniformisation des compétences de gouvernement et celle de la diffusion, sous la forme de savoir-faire et de mode d’emploi nécessaire à l’usage des instruments de gouvernement, de logiques et de représentations politiques. Ce papier veut mettre en évidence le fait que les formations organisées à destination des administrateurs – notamment municipaux – dans les années 1960-1970 par IBM étaient pensées en fonction des usages administratifs qui seraient faits des équipements administratifs. Ces formations étaient déjà acclimatées aux enjeux administratifs. Il s’agit moins pour IBM de faire triompher une vision de l’administration que de favoriser un choix initial – et souvent déterminant – en faveur de ses solutions informatiques. En revanche, c’est en fonction d’enjeux spécifiques à l’administration que la ressource informatique va être mobilisée pour promouvoir un mode particulier d’organisation du travail et de relations administratives.

Transnational Learning, National Experiences. Civil servants’ training to informatization in France during the early sixties

The circulation of useful skills for civil servants brings up two questions: that of the standardisation of government expertise and that of the transmission, in the form of knowledge and instructions necessary for the use of tools of government, of logics and political representations. This paper aims at underlying the fact that training programmes designed by IBM and intended for civil servants – local civil servants in particular– during the 1960s and 1970s were developed according to the administrative uses with which administrative services would operate. These training programmes were already acclimatised to take into account the administrative mission. It is less a matter for IBM to give a triumphal vision of the civil service rather than privileging an initial choice – and often decisive – in favour of its computer solutions. On the other hand, it is according to the intricacies of what is at play for the civil service that the computer resources are summoned in order to pitch a particular work organisation method and civil service relations.

Gwenola Le Naour (Triangle, IEP de Lyon)

Apprendre à concerter. La mise en œuvre d’instances de concertation par les ingénieurs de la DRIRE entre savoirs pratiques et transmissions des expériences

La communication proposée invite à une réflexion sur l’évolution des pratiques liées aux concertations autour des installations classées. La mise en œuvre récente de la loi Bachelot relative aux risques industriels (2003) impose aux fonctionnaires des DRIRE de nouvelles tâches auxquelles ils ne sont que partiellement formés. Au côté de leurs missions traditionnelles (conception de plans de prévention notamment) se greffent des impératifs, non seulement de communication auprès des voisins immédiats des usines concernées, mais surtout de constitution de collectifs (baptisés CLIC : comités locaux d’information et de concertation). Si leur cadre formel est relativement contraignant (cinq collèges représentant les administrations, les collectivités territoriales, les salariés, les riverains, les industriels), ils donnent naissance, dans la pratique, à des instances aux formes plus ou moins différentes, variation de forme qui a une incidence sur leur fonctionnement et sur la production locale des compromis. La communication propose à partir d’une enquête en cours de répondre aux questions suivantes : Quelles sont les compétences mobilisées ? Où, comment et quand ont-elles été acquises ? Se transmettent-elles d’un site à l’autre, et si oui comment et avec quelles adaptations ?

Learning to coordinate. The implementation of consultation processes by State’s engineers : uses of knowledge and transmissions of experiences

In 2003, the so-called Bachelot law was adopted in France. One of the law’s main objectives consisted in a reduction of industrial risks, with new standards for classifying potentially dangerous factories. In the lawmakers’ minds, this strategy or risks decreasing requires people to be aware of the hazards and gathers people directly exposed to risks. This was made possible by using a consultation process. The law defines strictly this new process. Each committee (named CLIC, comité local d’information et de concertation) has to be composed of five interested parties: civil servants, neighboring residents, local public authorities, professionals local representatives, employees, residents and industrial stakeholders. In this paper, we will pay a particular attention to civil servants who are in charge of rules enforcement. New norms transform their occupation: What kind of knowledge, savoir-faire and experiences are produced during the implementation of the consultation process? Where, how and when were they acquired? How and by which actors are they transmitted?

Marie-Clotilde Meillerand (Institut d'urbanisme de Paris, Université de Lyon)

La mobilisation de compétences au service de l'urbanisme au sein des OREAM : complémentarité ou/et concurrence ?

Les OREAM constituent un moment relativement intense de mobilisation de l’Etat au service de l’aménagement du territoire. Installés auprès de six grandes villes françaises en 1966, chaque organisme repose sur une équipe pluridisciplinaire sous la responsabilité du préfet de région dont l’objectif final est la réalisation d’un schéma directeur d’aménagement à l’échelle métropolitaine.
L’originalité de la structure OREAM, tant par son rattachement - sous la responsabilité du préfet de la région concernée mais en dehors de l’organigramme préfectoral, que par sa fonction –à savoir produire un schéma directeur d’aménagement métropolitain, pose question et fait appel à des compétences diverses. Deux formes de compétences peuvent être identifiées à partir de cet objet d’études : d’abord, la re-mobilisation chez les responsables de compétences acquises lors d’expériences professionnelles précédente (préfets coloniaux, travail en équipe). Second point, l’utilisation d’aptitudes nouvelles dans le cadre des missions liées à ces organismes (co-construction d’outils administratifs adaptés, introduction nouveaux savoirs au service du schéma directeur). Ces compétences (re-mobilisées ou nouvelles) rencontrées dans le cadre des OREAM participent à la transformation de l’action publique sur les territoires urbains et à ces modes d’action que l’on retrouve ensuite dans d’autres structures plus durables comme les agences d’urbanisme, bras opérationnelle des communautés urbaines qui naissent à la fin des années soixante.

Competency Mobilization for Urbanism within OREAM: complementarity or/and competition?

The OREAM constitute a considerable momentum in the mobilization of the State for the sake of territorial planning. They were set up in six major French cities in 1966 and all consist of a multidisciplinary team responding to the regional prefect, whose aim is to create a guiding planning scheme at the city level. The characteristic of the OREAM structure is worth examining and requires various capacities due to both its administrative position – responding the regional prefect but outside the prefectoral organizational chart – and its function – to design a guiding planning scheme at the city level.
Two types of competencies can be distinguished: Firstly, the people in charge were remobilizing skills acquired during previous professional experiences(prefects are similar carreer paths and experiences, work in multidisciplinary teams...). Secondly, the use of new capacities for missions related to these organs (co-construction of administrative tools, new skills for the development of the planning document). These skills (whether remobilized or new) found within the OREAMs contribute to the transformation of public action on urban territories and to actions that can later be found in more sustainable structures such as urbanization agencies, which were the operational arm of urban communities emerging in the late 1960s.

Mas Simon (CRPS, Paris I Panthéon-Sorbonne)

La Banque mondiale et la réforme des services de gestion des déchets au Burkina Faso et au Ghana : évolution des compétences ou table-rase des savoirs et savoir-faire des fonctionnaires municipaux ?

Dans les villes principales du Burkina Faso et du Ghana, au milieu des années 1990, deux projets de développement urbain de la Banque mondiale appuient la délégation au secteur privé des activités de collecte et d’enfouissement des ordures ménagères. Le passage de l’exécution à la supervision du service précipite la réorganisation des départements de gestion des déchets et la transformation des compétences des fonctionnaires. La structuration historique des services municipaux – autour de la santé publique au Ghana et de la voirie au Burkina Faso – est ébranlée par la valorisation de compétences managériales, de communication et de gestion financière. Les critères de recrutement évoluent et de nombreuses sessions de formation des personnels sont organisées. En façonnant l’action municipale, la relation de développement induit une convergence dans l’énonciation et le style des politiques. Toutefois, les transformations des pratiques professionnelles sont plus ambivalentes. On assiste à une marginalisation de certains profils comme les mécaniciens et les chauffeurs, mais les personnels d’encadrement restent confrontés à d’anciennes difficultés. Alors, pour surmonter les imprévus des réformes, ils ont recours à des pratiques éloignées du modèle de contractualisation vanté par les consultants étrangers. Plus qu’un apprentissage de la nouvelle gestion publique, les fonctionnaires sont confrontés à un apprentissage de l’action publique coproduite avec les partenaires étrangers.

The World Bank and the Reform of Waste Management Departments in Burkina Faso and Ghana: building capacities of local civil servants or disqualifying their skills and knowledge?

In the middle of the 1990s, two World Bank projects in the urban development sector provided support for the privatization of solid waste collection and treatment in the main cities of Burkina Faso and Ghana. The shift from implementing to monitoring the service induced a restructuring of the Waste Management Departments and a transformation of local civil servants’ competencies. The foundations of the departments – laying on Public Health in Ghana and Urban Roads in Burkina Faso – are challenged by the new emphasis on management, communication and public finance competencies. Recruitment criteria are adapted and numerous training sessions are organized for the staff. As the development relationship shapes municipal policies, it creates a convergence of policy discourse and style. But the transformation of professional practices is more ambivalent. Certain types of personnel lose authority (i.e. mechanics and drivers), but management team still face the old stumbling blocks. When attempting to overcome the reforms’ shortcomings some of their practices are quite alien to the ideal of contract management advocated by foreign consultants. Rather than learning the principles of New Public Management, it may well be that local civil servants are becoming familiar with the co-production of policies with their foreign partners.

Mazoyer Harold (Triangle, Université Lyon 2)

Les processus de légitimation de la compétence économique à l’échelon local au début de la Vème république. Les usages des outils de l’économie des transports dans les études du métro de Lyon (1963-1973)

Après l’inscription à l’agenda politique d’un projet de métro se développe progressivement dans les années 1960 à Lyon une capacité d’expertise locale en matière de transports collectifs urbains. L’analyse socio-historique du processus de fabrication des études du métro permet de saisir les conditions de possibilité et de succès de cette expertise dans une période où l’on considère bien souvent que les administrations centrales monopolisent les ressources cognitives légitimes. Elle montre, plus particulièrement, que la maîtrise de certains outils de la science économique par les experts locaux s’avère décisive. En effet, à cette époque, la préparation et la mise en place d’une grande politique de réforme de l’administration (la RCB) incitent les administrateurs à mobiliser le calcul économique. Mais, en nous focalisant sur un observatoire urbain, notre étude vise plutôt à saisir les ressorts de la mobilisation de cet outil clef du processus de réforme administrative à la périphérie ou, pour le dire autrement, les mécanismes de consécration de la compétence économique à l’échelon local au début de la Vème République. Cette enquête nous amènera à interroger, d’une part, les circulations d’expertise entre les producteurs d’études locaux et les services centraux de l’Etat qui incitent à mobiliser le calcul économique. Nous verrons, d’autre part, que l’analyse des échanges entre administrateurs, noués notamment à l’occasion de voyages, rend visible les limites des processus d’apprentissage alors initiés par certains services centraux.

How to Mobilize Transportation Economics? The legitimization process of economic competence in Lyon's Subway Project (1963-1973)

After the subway project reached the political agenda, a local expertise in public transport progressively grew in Lyon during the 1960’s. The socio-historical analyse of the manufacturing process of the subway studies enables us to understand the conditions of possibilities and success of this expertise in a very particular period. It is usually assumed that in the early years of the fifth Republic central administrations monopolized the legitimate cognitive resources. Controlling some of the economic science tools by local experts appears as critical. Indeed, during the same period, the preparation and setting up of an important administrative reform encouraged bureaucrats to use economic calculation. This paper will focus on an urban observatory in order to understand the reasons of this use in the periphery. Thus, this paper explore the mechanisms of economic competence’s recognition at a local level at the beginning of the French fifth republic. We will pay attention to how some models of knowledge circulated between central services and local experts. We will also see that the relationships established between local civil servants during study trips for example cast light on the limits of the learning process controlled by some central services.


f Participants

Baudot Pierre-Yves pybaudot@yahoo.com
Biland Emilie emilie.biland@ens.fr
Buisson-Fenet Helene helene.buisson@univmed.fr
Da Rui Elena edarui@notreserveur.org
Devisscher Christian Christian.Devisscher@uclouvain.be
Gally Natacha natacha.gally@sciences-po.org
Geoffrey Joris Joris.Geoffrey@ulg.ac.be
Georgakakis Didier didier.georgakakis@misha.fr
Gervais Julie gervais_julie@yahoo.fr
Le Naour Gwenola gwenola.lenaour@yahoo.fr
Lodge Martin m.lodge@lse.ac.uk
Mas Simon masfr2001@yahoo.fr
Mazoyer Harold harold.mazoyer@univ-lyon2.fr
Meillerand Marie-Clotilde mcmeillerand@gmail.com
Page Edward e.c.page@lse.ac.uk
Payre Renaud renaud.payre@univ-lyon2.fr