Section thématique 5

Etudier les comportements électoraux : bilan de la recherche francophone

f Responsables

Annie Laurent (CNRS-CRAPS, Lille 2) annie.laurent@univ-lille2.fr
Nicolas Sauger (CEE) nicolas.sauger@sciences-po.fr

Présentation scientifique

Dates des sessions

Programme Résumés Participants

 

f Présentation scientifique

Les congrès de l’AFSP constituent un moment privilégié pour faire un état de la discipline. En 1984, lors du 2nd congrès de l’AFSP, qui s’était aussi tenu à Grenoble, une table ronde avait permis de dresser un « bilan des études électorales en France », devant le constat de « l’ampleur et l’éparpillement » (Gaxie 1985 : 11) de la discipline. De même lors du 5ème congrès, qui cette fois s’était déroulé à Aix en Provence en 1996, une table ronde permettait de réinterroger les modèles explicatifs du vote (cf. Mayer 2000 pour la publication d’une partie des communications). D’autres tables rondes ont bien entendu su, dans l’intervalle, approfondir tel ou tel aspect des comportements électoraux, telle que celle intitulée « Comment concevoir et saisir les temporalités du vote ? Pour une approche longitudinale de la décision électorale », lors du dernier congrès de Toulouse. Cependant, ces dernières années ont été largement marquées, au moins en France, tant par le renouvellement des problématiques, avec la montée en force de la psychologie politique par exemple, que par la multiplication –et la diversification– des instruments de mesure et de suivi des comportements électoraux. Le module spécial du GAEL organisé lors du congrès de Toulouse, en 2007, en avait largement témoigné. Cette section thématique du congrès de 2009 se propose de renouer avec cette volonté de faire un bilan disciplinaire, en l’élargissant au monde francophone. Si toutes les contributions s’appuieront sur des analyses empiriques nouvelles, l’objectif reste néanmoins de comprendre où en est l’analyse électorale dans la communauté francophone aujourd’hui, avec ses forces et ses éventuelles faiblesses.

Ce bilan est structuré autour de trois axes principaux.

1. Le contexte et la perspective d’analyse écologique

Depuis le début des années 1980 avec la multiplication des enquêtes nationales, l’approche par le local, ou par le contexte, avait été de moins en moins sollicitée, voire quasiment abandonnée. Parallèlement, via des analyses quantitatives menées sur le long terme rendant compte du processus de nationalisation de la vie politique et des comportements électoraux, tant en France que dans les pays de l’Europe de l’Ouest, se renforçait l’idée que les lieux ne seraient plus, ou seraient de moins en moins, hétérogènes mais auraient en revanche un impact uniforme sur tous les citoyens. Pourtant, ces dernières années ont suscité une explosion des recherches saisissant le vote « par le bas », au moins en France. Elles questionnent via l’individu appréhendé dans son bureau de vote, son quartier, voire « sa banlieue », les effets des facteurs endogènes (le local) sur l’inscription et la participation électorales, l’orientation du vote, les stratégies des acteurs… (sans d’ailleurs toujours contrôler les résultats par le poids des facteurs exogènes, c’est-à-dire extérieurs au local, au contexte). Les communications retenues vont permettre d’interroger tout à la fois le retour de cette approche, le flou lexical des concepts utilisés (quand on parle de local, de contexte, de quoi parle-t-on ?) mais aussi de souligner l’apport et les limites de cette approche. Elles questionneront les possibilités de « généralisation » des effets de contexte, autrement dit la possible construction de grilles à visée comparative et donc les indicateurs et instruments de mesure mobilisés ou à mobiliser.

Cette mise en perspective des analyses contextuelles et écologiques est réalisée en partenariat avec le groupe MOD de l’Association.

2. Participation politique et abstention

Quel que soit le type d’approche utilisé, la question de la participation électorale –de l’inscription sur les listes au fait de se rendre aux urnes– a, ces dernières années, particulièrement mobilisé la communauté scientifique. La baisse tendancielle de la participation électorale observée dans nombre de démocraties établies, comme les sursauts parfois spectaculaires (dont les élections présidentielles française de 2007 et américaines de 2008) ont conduit à s’interroger sur l’existence de tendances de long terme, sur l’explication de ces tendances et enfin sur leurs conséquences. Les logiques sociales, politiques et institutionnelles soutenant la participation politique ont été longuement confrontées sans toutefois qu’aucune conclusion définitive ne s’impose véritablement. Les communications présentées s’efforceront de consolider le bilan d’une littérature abondante en observant notamment l’apport du croisement de différentes méthodes mais aussi l’intérêt de mener des observations dans la longue durée. Dans une large mesure, ce thème prolonge sur une dimension précise, celle de la participation politique, la perspective précédente, intitulée « le contexte et la perspective d’analyse écologique », davantage axée sur la méthodologie.

3. Revisiter les grands paradigmes des comportements de vote

L’analyse des comportements électoraux a été marquée par la succession des grands paradigmes explicatifs, de l’école de Columbia à celle de Michigan, du choix rationnel à la psychologie politique. Chacun de ces courants, quelle que soit son actualité, a permis de formuler les questions structurantes de la discipline : quel est le poids des déterminants sociaux dans la décision électorale ? Comment s’articulent orientations de long terme et jugements conjoncturels ? Peut-on déceler des évolutions dans les orientations en termes de valeurs des individus et des sociétés ? Quels rapports entretiennent ces évolutions avec les réalignements électoraux observés ? Ces quelques interrogations clés demandent continuellement à être réinterrogée d’un point de vue théorique et conceptuel et les conclusions qui y sont apportées à être réévaluées à l’aune des données les plus récentes ou d’une profondeur de champ historique plus importante.

En termes méthodologiques, revisiter ces grandes questions de la discipline suppose de recourir soit à une comparaison directe, en confrontant dans les situations de différents pays ou de différentes temporalité, soit à une comparaison plus indirecte, par la circulation internationale des interrogations et des concepts. Les communications pourront suivre l’une ou l’autre de ces stratégies.

Ouvrages issus des tables rondes de l’AFSP cités dans ce texte
· Gaxie Daniel, 1985, « Introduction » in D. Gaxie (dir.), Explication du vote : un bilan des études électorales en France, Paris, Presses de la FNSP.
· Mayer Nonna (éd.), 2000, Les modèles explicatifs du vote, Paris, L’Harmattan.

Every twelve years, the Congress of the AFSP proposes a general survey of the French literature on electoral behaviour. As in 1984 and 1996, the 2009 congress provides the opportunity to propose such an assessment of the state of the discipline, including all francophone research this year. As proved in the 2007 Special section of GAEL in Toulouse, the few past years have shown a remarkable change in electoral behaviour research characterised by two changes in the main issues tackled, the methodology of analysis and the available datasets.

For this Congress, this thematic section is organised around three main themes.

1. Contextual and ecological analysis

This session is co-sponsored by the Group of methodological analysis MOD.

From the early 1980s, the intensive mass-surveys have marginalised research anchored at the local level or, more generally, the focus on context as a key environment for political behaviour. The hypotheses of the nationalisation of politics and the homogenisation of behaviours at the European level have largely justified the decline of a purely individual approach. Yet, the past few years have been characterised by the multiplication of the analyses of electoral behaviour in context, voters are considered in their territory, whatever the scale of the analysis is. The strength and limitations of this kind of approach need to be assessed. The contributors will systematise concepts and propose ways to generalise contextual effects beyond the territories observed.

2. Political participation and turnout

Electoral participation has been one of the main areas of focus for electoral research over the past years. The progressive declines in turnout as well as the sudden and largely unexpected rise (as in 2007 in France or in 2008 in the U.S.) have been intensively studied. From different methodological approaches (mainly built on contextual analysis), this session offers to explain micro and macro level perspectives on turnout and an assessment of what the consequences of changes in rates of political participation are.

3. Classical paradigms of electoral behaviour analysis revisited

Electoral behaviour analysis has been characterised by a few structuring questions around issues such as the weight of sociological background of vote choice, the importance of short term factors or changes in norms and beliefs which may lead to transformations such as realignment and dealignment. Papers in this session will revisit these classical questions of electoral research with national or comparative approaches.


f Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : 7 septembre 2009 14h-16h20
Session 2 : 7 septembre 2009 16h40-19h (Session commune avec la ST 13 proposée par le MOD)
Session 3 : 8 septembre 2009 9h-11h20
Voir planning général...

Lieu : IEP (Amphi B)


f Programme

Axe 1
Grandes problématiques de l’analyse électorale

Axe 2
Individus et contexte (approche écologique)

Axe 3
Participation électorale


f Résumés des contributions

Axe 1

Stimson James (University of North Carolina at Chapel Hill), Thiébaut Cyrille (Université Paris I / CRPS), Tiberj Vincent (Sciences Po / CEE)

Structure et structuration d’un public policy mood à la française : 1973-2007

Nous voudrions présenter ici les premiers résultats et enjeux d’une application au cas français de la théorie du public policy mood de James Stimson. Cette théorie vise à comprendre comment les attitudes de l’électorat - notamment sur les attentes en matière de politiques publiques - évoluent dans le long terme, et comment ces évolutions se retraduisent dans les résultats électoraux. Les enjeux sont à la fois méthodologiques (compilation d’une base de données couvrant l’ensemble de la période (6 élections présidentielles), mise en évidence de plusieurs dimensions du mood), et plus substantiels. Nous discuterons ainsi l’application de cette théorie à un espace politique multipartite qui a vu se développer la tripartition électorale et selon certains sa fin avec la dernière élection présidentielle. De même, dans quelle mesure un public policy mood permet-il de comprendre les évolutions électorales de cette période mais également les résultats de chacune des élections ? Comment s’intègre-t-il dans ce qu’on sait aujourd’hui de la mobilité électorale ? Explique-t-il, au moins en partie, l’érosion de certains alignements électoraux comme celui des ouvriers ? Dans quelle mesure une articulation avec le renouvellement générationnel est-il possible ? On tentera ici d’adopter une approche longitudinale de l’électorat et de comprendre comment s’articule le niveau macro des évolutions de long terme et le niveau micro des évolutions individuelles en comparant les évolutions du public policy mood avec un fichier agrégé des enquêtes CEVIPOF.

Structure and Structuring of a French Policy Mood (1973-2007)

In this contribution, we would like to present the first results and the issues at stake when we apply James Stimson’s public policy mood theory to the French case. This theory aims at explaining the longitudinal evolution of the electorate’s attitudes – especially their policy preferences – and the translation of these evolutions in electoral outcomes. The issues are both methodological (gathering data for the whole period (6 presidential elections), uncovering several dimensions of the mood) and substantial. We would like to discuss the application of this theory to a multiparty political system, from the development of a tri-party configuration to its assumed end revealed at the last presidential election. Moreover, how a public policy mood would allow us to understand long-term electoral evolutions but also each election outcomes? How would it fit in with what we know about electoral mobility? Does the mood explain, at least in part, the erosion of some electoral alignments, such as this of the working-class? Is it possible to link up mood and generation renewal? We will try to adopt a longitudinal approach of the electorate and to explain how the macro level of these long-term evolutions is articulated with the micro level of individual evolutions by comparing the public policy mood evolutions with an aggregated data base from CEVIPOF surveys.

Gougou Florent (IEP de Grenoble, Sciences Po), Roux Guillaume (IEP de Grenoble)

Vote sur clivages, stratégie des partis politiques et changement des valeurs. Le cas de la France sous la Cinquième République (1958-2007)

Cette communication, qui s’inscrit dans le cadre du projet international « Social Divisions and Political Choices. Explaining Cleavage Evolution in Cross-National Perspective » (Nuffield College), fait le bilan des évolutions des bases sociales du vote en France sous la Cinquième République. La question d’un déclin du vote sur clivages dans les démocraties occidentales est largement débattue dans la sociologie politique depuis deux décennies. Pour autant, Peter Mair souligne que (1) peu d’études portent sur des pays dans lesquels le clivage de classe a été concurrencé par d’autres clivages, notamment le clivage religieux, et que (2) peu d’études prennent en compte la manière dont les transformations de l’offre politique affectent les bases sociales du vote. Ainsi, les travaux sur le cas français montrent que le recul du « vote de classe ouvrier » pour la gauche est compensé par de nouveaux « alignements de classe », et que la pratique catholique conserve son pouvoir explicatif sur le vote, bien qu’elle soit moins répandue. Toutefois, ces conclusions s’appuient rarement sur des études longitudinales. Les données utilisées dans ce travail, compilant sept enquêtes universitaires réalisées depuis 1958, permettent d’analyser les évolutions du lien entre classe, religion et comportement électoral sur le long terme. Elles incluent des résultats issus du Comparative Manifesto Project, qui permettent d’évaluer l’impact des transformations de l’offre politique.

Cleavage Voting, Party Strategies and Value Change. France under the Fifth Republic (1958-2007)

Part of the international project “Social Divisions and Political Choices. Explaining Cleavage Evolution in Cross-National Perspective” (Nuffield College, Oxford), this communication focuses on the link between social background and electoral behavior in France under the Fifth Republic. Do western democracies face a decline of cleavage voting? The issue has been much debated in political sociology in the last two decades. More specifically, Peter Mair has pointed out that (1) few studies focus on countries where the class cleavage has been balanced by other cleavages, as the religious one, and (2) few studies assess the transformations of the social bases of voting due to evolutions of the political offer. Studies on the French case generally conclude that new “class alignments” have balanced the decline of working class voting for the Left, and that religiosity, though declining, keeps its explanatory power on voting behavior. These conclusions, nevertheless, are seldom based on longitudinal studies. In this communication, an extensive data file, including seven academic electoral surveys since 1958, is used to assess the long-term evolutions of the link between class, religion and voting behavior, whereas data from the Comparative Manifesto Project allow taking into account the evolution of the political offer.

Popescu Marina (Essex), Toka Gabor (Central European University Budapest)

Institutions et culture politique : une analyse comparée de l’impact des divisions sociales et attitudinales sur le vote

L'analyse géographique comparée permet de reformuler l’enjeu habituel des études électorales, à savoir la recherche du meilleur modèle explicatif du vote. Elle modifie le centre d’intérêt du chercheur qui s’intéresse alors davantage aux circonstances dans lesquelles un modèle ou un autre devient plus révélateur. Le papier est centré sur les pays d’Europe Centrale et Orientale mais les inclus dans une perspective comparative plus large en examinant comment les caractéristiques contextuels joue un rôle d’intermédiaire entre l'impact des divisions sociales et les différences attitudinales sur le choix de vote à travers un grand nombre d’élections démocratiques. Cette approche nous permet d’examiner si la pertinence des modèles économique, psychologique ou sociologique est liée aux caractéristiques du pays et de developper des hypothèses sur les liens systématiques entre les caractéristiques du pays et l’importance relative des divers déterminants du vote. L’analyse empirique est basée sur un modèle statistique nouveau testé à l’aide de données provenant de plus de cent sondages post-électoraux sur cinq continents dans le cadre du projet CSES (Comparative Study of Electoral Systems) et du project Eurequal.

Institutions and Political Culture: A Comparative Analysis of the Impact of Social and Attitudinal Divides on the Vote

The paper analyses the role of social and attitudinal divides in voting behavior. The paper has an in-depth focus on the new democracies of East Central Europe but puts them in a broad comparative perspective by examining how contextual factors mediate the impact of various social and attitudinal cleavages on vote choices across democratic national elections. This allows us to see whether the economic, sociological or psychological models of voting are more relevant in certain contexts depending on specific charactersitics of the countries. We develop hypotheses about the contextual determinants of what divides become more and less important correlates of party preferences in different national contexts. To explore the above questions, we apply an innovative measure and a novel statistical model, and confront our theoretical expectations with data from over 100 national surveys of citizens carried out on five continents in the framework of the Comparative Study of Electoral Systems project, the European Values Survey. and the EUREQUAL FP6 project.

Sciarini Pascal (Département de science politique, Université de Genève), Tresch Anke (Département de science politique, Université de Genève)

L'impact des campagnes sur la décision de vote dans les votations populaires en Suisse

L'effet des campagnes sur les votes de démocratie directe est l'objet d'un intérêt croissant dans la littérature. Sous quelles conditions les campagnes jouent-elles un rôle et pour quels types de votants? Pour répondre à cette question, nous partons de l'idée que les campagnes n'ont pas un effet uniforme, mais que cet effet dépend des caractéristiques des votants et de la campagne elle-même. D'une part, nous faisons l'hypothèse que l'influence de la campagne varie selon le moment de la décision de vote des individus, leur niveau d'exposition à la campagne, leurs prédispositions individuelles et leur niveau de motivation. Plus spécifiquement, nous supposons que la campagne a un effet plus prononcé parmi les votants qui prennent leur décision durant la campagne, qui s'appuient sur de nombreuses sources d'information, qui ne s'identifient pas à un parti et qui sont fortement motivés par l'objet soumis au vote. Inversement, l'identification partisane, une décision précoce, l'absence d'exposition à la campagne et de motivation exercent une sorte d'effet "bouclier", dans le sens qu'ils protègent les citoyens contre l'influence de la campagne. D'autre part, nous faisons l'hypothèse que l'influence de la campagne varie en fonction de son intensité: plus la campagne est intense, et moins les effets de "bouclier" décrits précédemment seront atténués. Lorsque les campagnes sont très intenses, même les votants qui prennent une décision précoce, ceux qui s'identifient à un parti, ne sont guère exposés à la campagne et ne sont pas motivés par l'objet soumis au vote sont susceptibles d'être influencés par la campagne. Par ailleurs, le type de conflit existant au sein de l'élite partisane et la direction de la campagne sont également de nature à influencer le processus de formation des opinions. Nos tests empiriques couvrent vingt-cinq votations populaires en matière de politique étrangère, de politique européenne et de politique d'immigration et d'asile ayant eu lieu en Suisse entre 1992 et 2006. Nos données sont tirées des enquêtes d'opinion VOX conduits après chaque votation populaire au niveau national. Du point de vue méthodologique, nous conduisons des analyses multi-niveaux, qui nous permettent de mesurer l'impact des facteurs individuels et des facteurs contextuels et, surtout, des interactions entre les deux types de facteurs.

Campaign effects in direct-democratic votes: The mediating role of individual and contextual characteristics

The recent literature has seen a growing scholarly interest in campaign effects in direct-democratic votes, and more specifically in the conditions under which campaigns matter (e.g., Farrel and Schmitt-Beck 2002; Hobolt 2005, 2006; LeDuc 2002, 2007; de Vreese and Semetko 2004; de Vreese 2007). In this paper, we build on the idea that campaigns have no uniform effect, but that their impact depends on the voters' individual characteristics and on the nature of the campaign environment (e.g., Fournier et al. 2004; Lachat and Sciarini 2002).
Regarding voters' individual characteristics, we argue that the reception and acceptance of campaign information strongly depends on the timing of the vote decision, the level of exposure to the campaign, political predispositions and the level of motivation. More specifically, we posit that voters who make their choice during the campaign, who rely on many sources of information, who do not identify with a political party and who are strongly motivated to get informed are most likely to be influenced by the campaign.
Regarding the nature of the campaign environment, we argue that voters' reliance on campaign information varies with the intensity of the campaign and the familiarity of the issue. Furthermore, the nature of conflict among the partisan elite and the direction of the campaign are likely to influence the processing of campaign information.
To test these hypotheses, we resort to survey data on twenty-five popular votes on foreign policy in Switzerland and conduct multi-level analyses controlling for the direct influence of the campaign context as well as for the interaction between individual and contextual characteristics.

Cautrès Bruno (CNRS, CEVIPOF - Centre de recherches politiques de Sciences Po)

Les enquêtes électorales par panels en France : avantages, limites et avenir

Si la France ne peut toujours pas, aujourd’hui, revendiquer l’existence d’un programme national de type « French election studies », comparable aux British Election Studies ou aux National Election Studies américaines, les progrès accomplis depuis deux ou trois décennies sont significatifs. Les enquêtes réalisées, notamment dans le cadre du Cevipof, ont renoué, depuis 2002, avec la tradition des enquêtes par panel une méthodologie que les enquêtes électorales françaises n’avaient plus connu depuis le panel réalisé en 1958. Cette communication souhaite tirer un bilan de l’expérience des panels électoraux français de 2002 et de 2007, mais avant tout proposer des éléments de réflexion sur la méthode des panels en sociologie électorale, ses avantages et ses limites. Nous interrogerons l’expérience des panels de 2002 et de 2007 sous trois angles : quelle correspondance peut-on établir entre ce « retour aux sources » des enquêtes par panel et les mutations des modèles explicatifs du vote, la question de la temporalité du vote, également ? Quels sont les avantages et les limites des enquêtes électorales par panel, vis-à-vis d’autres méthodes qui veulent également saisir la dimension temporelle du vote ? Quel bilan peut-on tirer des panels électoraux français de 2002 et 2007, notamment au vu d’autres expériences internationales ?

Panel electoral surveys in France: advantages, limits and future

If France still cannot, on today, demand on the existence of a national program of type “French national election studies”, comparable in British Election Studies or in American National Election Studies, significant progresses have been done since last two or three decades. The electoral surveys conducted, notably at Cevipof, retied with the tradition of panel surveys since 2002, which the French electoral surveys had not known any more since the 1958 panel. This communication likes to draw a balance of the experience of the French electoral panels of 2002 and 2007, but first of all to offer elements of analysis on the method of panels in electoral sociology, its advantages and its limits. We will interrogate these experiences with three main angles: what correspondence is there between this return to the panel surveys and the recent trend in voting behaviours paradigms, including the question of the temporality of voting? What are the main advantages and limits of panels studies over other research design that also intend to take time as a dimension in voting behaviour analysis? Lastly, what conclusions can we drawn from the 2002 and 2007 French electoral panels, in particular in comparison to other international experiences?

Axe 2 (Session commune avec la ST 13 proposée par le MOD)

Baudewyns Pierre (Université catholique de Louvain)

Les déterminants du vote en Wallonie lors des élections fédérales de 2007

Cette communication a pour objet l’étude des effets du contexte sur le comportement électoral en Wallonie lors des élections de juin 2007. La communication porte une attention toute particulière sur la définition du « contexte » et son opérationnalisation dans la littérature. Les opérationnalisations sont également différentes allant de l’utilisation de données agrégées à l’utilisation de questions portant sur le réseau social des individus, voire des attitudes ou des opinions que ceux-ci ont vis-à-vis de leur environnement. Les interactions de ce contexte sur le comportement individuel sont également difficiles à déterminer ? Quelles sont les variables de contexte les plus pertinentes ? Quels sont leurs effets sur les individus ?

Determinants of voting behaviour in Wallonia in 2007

This communication aims at studying the effect of context on voting behavior in Wallonia at the elections of June 2007. It pays special attention to the definition of "context" and its operationalization in the literature on this subject. The operationalization differs whether one use aggregated data or questions on the social network of individuals, even attitudes or opinions that they have vis-à-vis their environment. The interactions of that context on individual behavior are also difficult to determine. What are the contextual variables most relevant? What are the effects of these on individuals? What part of "variance" of electoral behavior do they explain?

Van Hamme Gilles (IGEAT - ULB), David Quentin (ECARES - ULB)

Piliers et comportement électoral à l'échelle locale en Belgique: une approche historique de l'effet de voisinage

La géographie des comportements électoraux se caractérise par une remarquable stabilité dans le temps. L’objectif de cette communication est d’explorer les mécanismes explicatifs de ce processus de polarisation spatiale des comportements électoraux et de sa relative stabilité dans le temps en Belgique. Ce processus d’homogénéisation/polarisation spatiale des comportements électoraux est souvent expliqué par l’effet de voisinage. Cette approche par l’effet de voisinage pose trois problèmes lorsqu’il s’agit d’expliquer la stabilité de la polarisation spatiale des comportements électoraux : celui de l’échelle pertinente ; celui des mécanismes à prendre en compte ; celui de la dimension temporelle d’une théorie souvent anhistorique. Une approche fondée sur l’encadrement social des individus (les piliers en Belgique), historiquement construit et inscrit de façon différenciée dans l’espace, est très féconde pour rendre compte de la stabilité géographique évoquée. A travers des techniques de régression appliquées aux résultats électoraux agrégés et individuels, nous montrerons que le lien entre la géographie électorale et celle de l’encadrement social s’explique au niveau individuel par l’impact de l’appartenance au pilier ainsi qu’à la présence du pilier dans l’environnement de l’individu. Cette approche n’est pas contradictoire avec le « neighbourhood effect » mais il permet de lui donner du contenu et de la temporalité, répondant ainsi aux critiques émises ci-dessus.

Pilars and electoral behaviour in Belgium: the neighbourhood effect revisited

The geography of electoral behaviour has been very stable through time. The purpose of this communication is to explore the possible explanations for such a spatial polarization process of electoral behaviour as well as its stability through time. This homogenization/polarization process is often explained by the neighbourhood effect, but this approach raises different difficulties: the relevant scale, the concrete mechanisms, and the time dimension through which this process concretely occurs. An approach based on the “social supervision” of individuals (the pillars in Belgium) – inherited from history and spatially differentiated – would enable us to better explain the geographical stability of electoral behaviour. By means of regression analysis, we will show that the relationship between electoral geography and “social supervision” is explained at the individual level by the impact of the pillar membership as well as the presence of the pillar in the individual environment. This approach is not contradictory to the neighbourhood effect, but allows giving a concrete content and a historical dimension to this unhistorical effect.

Gombin Joël (CURAPP-Université de Picardie-Jules Verne)

Analyse écologique, modèles multi-niveaux et sociologie électorale : L’exemple des votes pour le Front national

Cette communication illustre ce que l’utilisation de modèles multi-niveaux sur la base de données agrégées (résultats électoraux, données sociodémographiques et fiscales) peut apporter à la connaissance des votes en faveur du Front national. Elle insiste sur le lien existant entre choix méthodologiques et conclusions substantielles ou théoriques : en particulier, on fait ici l’hypothèse que la méthodologie déployée amène à considérer les votes en faveur du FN dans leur diversité spatiale et temporelle, plutôt que comme une réalité unifiée et dont le sens serait univoque ; de plus, elle invite à considérer le vote comme un objet scientifique pouvant (et devant) être compris dans une perspective relationnelle et non simplement individualiste (théories du choix rationnel ou théories psycho-sociales du vote) ou holiste (théories se situant à un degré élevé de généralité, insistant sur les grandes mutations socio-historiques). Ainsi, la réflexion sur les relations entre individus et contexte sera menée en partant de l’hypothèse que ces deux notions doivent être comprises dans leur complémentarité plutôt que comme deux réalités séparées, comme l'a montré Elias.

Ecological analysis, multilevel models and electoral sociology: the case of votes for the Front national

This paper illustrates what the use of multilevel models, applied to aggregate data (electoral results, sociodemographic and tax data), can add to the knowledge of votes for the French far-right party Front national. It underlines the link between methodological choices and substantial or theoretical conclusions. In particular, the hypothesis defended in the paper is that this methodology leads to looking at Front national votes through their spatial and temporal diversity, rather than as a unified reality with a univocal meaning. Moreover, this methodology leads us to consider the vote as a scientific object that can, and should, be considered in a relational, and not only simply individualistic (rational choice or psychosocial theories) or holistic (very general theories, putting the stress on large socio-historical changes) view. Thus, the reflexion on relations between individuals and context rests on the hypothesis that these two notions should be understood in their complementarity rather than as two separate realities, as Elias demonstrated.

Braconnier Céline (Université de Cergy Pontoise, CEPEL), Dormagen Jean-Yves (Université Montpellier 1, CEPEL)

Apports et limites de l’étude localisée dans la durée des comportements électoraux. L’exemple des itinéraires de participation et de choix des électeurs (2002-2008)

Dans cette communication, nous présenterons les apports, mais aussi les limites de l’approche localisée des comportements électoraux. Nous utiliserons pour cela les résultats des enquêtes que nous avons débutées en 2002 dans un quartier populaire de la banlieue parisienne et que nous avons prolongées, à partir de 2006, sur un certain nombre de territoires présentant des propriétés morphologiques, sociales et politiques très contrastées. Le choix d’étudier les votes dans leurs contextes de production effectif répond à un double objectif. Dans une perspective épistémologique, l’approche localisée des comportements politiques doit permettre de mieux identifier les déterminants contextuels de la participation et des choix électoraux. Elle doit, en particulier, permettre de mieux mesurer le poids des interactions sociales et des groupes d’appartenance dans la production des mobilisations électorales et dans l’orientation des votes. Dans une perspective méthodologique, cette démarche favorise le recueil de données de différentes natures – par questionnaires, par entretiens, par observation ethnographique, par travail sur les listes d’émargements… - à échéances répétées de manière à gagner en profondeur et en réalisme sociologique par rapport aux traditionnelles études par sondages. Nous voudrions montrer ici les gains de connaissances offerts par ce type d’approche en matière de compréhension des itinéraires de participation et de choix des électeur au cours de la période 2002-2008.

Contributions and limits of the localised longitudinal study of electoral behaviour. An example of the voters’ electoral participation and choices (2002 – 2008)

In this document, we will present not only the contributions, but also the limitations, of the localised approach of electoral behaviour. For this, we will be using the results gathered in surveys which started in 2002 in a particular working class area of the Parisian suburbs, and which continued, from 2006, in a certain number of other places representing a vast contrast in social, political and morphological terms. The decision to study the votes in the context of their production meets two objectives: from an epistemological point of view, a localised approach of political behaviour must allow for the contextual determinants of the participation and the electoral choices to be identified more correctly. It must, more precisely, measure the weight of social interactions and belongings in the production of electoral mobilization and choices. In methodological terms, this reasoning must encourage the gathering of different types of information – via questionnaires, interviews, ethnographical observations, electoral registers…, - on a longitudinal approach, in order to be more realistic in sociological terms, compared to traditional studies based on polls. We want to show the benefits of this type of approach when it comes to understanding the voters’ electoral itineraries and choices over the period 2002 – 2008.

Fauvelle-Aymar Christine (Université de Tours)

L’impact du contexte sur la participation électorale : les effets de voisinage

Cette communication s’intéresse à l’impact du voisinage sur le comportement de participation électorale. Par effet de voisinage, on entend le fait que les interactions sociales influencent les comportements sociaux et politiques. En d'autres termes, si les caractéristiques individuelles jouent un rôle certain pour expliquer le comportement de participation électorale, l’effet de voisinage suggère la possibilité que les caractéristiques du voisinage exercent une influence propre et additionnelle sur les comportements individuels.
Cette communication vise tout d’abord à présenter la recherche théorique sur les effets de voisinage et en particulier à étudier les mécanismes à l'œuvre dans l'influence du voisinage sur les comportements individuels. Dans un second temps, on examine la dimension empirique de la question. En ce qui concerne la participation électorale, cette littérature se concentre tout particulièrement sur l'impact du niveau de pauvreté ou du niveau de ségrégation urbaine sur la mobilisation politique. La plupart de ces analyses ont été développées dans le contexte nord-américain, il s'agira donc de discuter leur pertinence dans le contexte français. On s'interrogera également sur les données nécessaires pour étudier la validité empirique de l'effet de quartier. Enfin, nous proposerons une analyse empirique à l’échelle des quartiers défavorisés français. Cette étude empirique, très préliminaire, aura principalement pour objet de montrer l'intérêt de l'analyse des effets de quartier pour une meilleure compréhension des comportements électoraux en France.

The impact of context on electoral turnout: the “neighbourhood effect”

This contribution focuses on the impact of neighbourhood on electoral turnout behaviour. By neighbourhood effect, one means the possibility that social interactions influence social and political behaviours. In other words, if individual characteristics are essential to explain electoral turnout behaviour, the neighbourhood effect suggests the possibility that the characteristics of the neighbourhood exercise a specific and additional influence on individual political behaviours.
This contribution aims to present the theoretical research on neighbourhood effects and in particular to study the mechanisms that explain the impact of neighbourhood on individual behaviours. In a second time, we examine the empirical literature. As regards electoral turnout, this literature focuses mainly on the impact of poverty and urban segregation on political mobilisation. Most of these analyses have been developed in the north-American context. Thus, the question of their relevance in France still has to be raised. We will also discuss the data needed to assess the empirical validity of neighbourhood effects. Then, we will propose an empirical analysis based on data on French deprived areas. The main aim of this preliminary empirical study is to show the interest of an analysis of neighbourhood effects for a better understanding of electoral behaviour in France.

Sciarini Pascal et Tresch Anke (Département de science politique, Université de Genève)

L'impact des campagnes sur la décision de vote dans les votations populaires en Suisse

L'effet des campagnes sur les votes de démocratie directe est l'objet d'un intérêt croissant dans la littérature. Sous quelles conditions les campagnes jouent-elles un rôle et pour quels types de votants ? Pour répondre à cette question, nous partons de l'idée que les campagnes n'ont pas un effet uniforme, mais que cet effet dépend des caractéristiques des votants et de la campagne elle-même. D'une part, nous faisons l'hypothèse que l'influence de la campagne varie selon le moment de la décision de vote des individus, leur niveau d'exposition à la campagne, leurs prédispositions individuelles et leur niveau de motivation. Plus spécifiquement, nous supposons que la campagne a un effet plus prononcé parmi les votants qui prennent leur décision durant la campagne, qui s'appuient sur de nombreuses sources d'information, qui ne s'identifient pas à un parti et qui sont fortement motivés par l'objet soumis au vote. Inversement, l'identification partisane, une décision précoce, l'absence d'exposition à la campagne et de motivation exercent une sorte d'effet "bouclier", dans le sens qu'ils protègent les citoyens contre l'influence de la campagne. D'autre part, nous faisons l'hypothèse que l'influence de la campagne varie en fonction de son intensité: plus la campagne est intense, et moins les effets de "bouclier" décrits précédemment seront atténués. Lorsque les campagnes sont très intenses, même les votants qui prennent une décision précoce, ceux qui s'identifient à un parti, ne sont guère exposés à la campagne et ne sont pas motivés par l'objet soumis au vote sont susceptibles d'être influencés par la campagne. Par ailleurs, le type de conflit existant au sein de l'élite partisane et la direction de la campagne sont également de nature à influencer le processus de formation des opinions. Nos tests empiriques couvrent vingt-cinq votations populaires en matière de politique étrangère, de politique européenne
et de politique d'immigration et d'asile ayant eu lieu en Suisse entre 1992 et 2006. Nos données sont tirées des enquêtes d'opinion VOX conduits après chaque votation populaire au niveau national. Du point de vue méthodologique, nous conduisons des analyses multi-niveaux, qui nous permettent de mesurer l'impact des facteurs individuels et des facteurs contextuels et, surtout, des interactions entre les deux types de facteurs.


Axe 3

Fauvelle-Aymar Christine (Université de Tours)

L’impact de l’abstention sur les résultats électoraux : existe-t-il une mobilisation partisane différentielle en France ?

Les commentaires sur l’abstention sont très souvent empreints d’un jugement de valeur négatif. L’abstention est le témoin de l’apathie des électeurs, de leur désenchantement à l’égard de la représentation politique ou plus grave encore le signe d’une profonde crise de la démocratie représentative. Il reste à prouver que l’abstention puisse être porteuse de tels dangers. Le niveau de la participation électorale exerce néanmoins une influence sur les résultats électoraux puisque la décision de participation et la décision électorale sont nécessairement liées.
L’objet de cette communication est d’étudier l’une des possibles conséquences de cette dépendance qui est l’éventualité d’un biais partisan systématique de la participation. De nombreuses études avancent ainsi que l’abstention aurait des conséquences négatives pour les partis de gauche. Si cette question a été étudiée et débattu dans de nombreux pays, il n’existe, pas dans le cas français d’étude systématique et rigoureuse des conséquences potentielles de l’abstention sur les résultats électoraux.
La première partie de cette communication présente les explications théoriques avancées dans la littérature pour justifier la possibilité d’un impact systématique de la participation sur les résultats électoraux. La seconde partie expose les différentes méthodologies qui ont été utilisées pour évaluer empiriquement l’existence d’un biais partisan. La troisième partie étudie la possibilité d’un biais partisan de la participation lors des élections françaises.

The impact of abstention on electoral results: is there a differential partisan mobilisation in France?

Most comments on abstention are stamped with a negative value judgement. Abstention is seen as the sign of voters’ apathy, of their disillusion toward political representation or even, more worrying, the sign of a deep crisis of the representative democracy. That abstention could carry such dangers has yet to be proved. However, the level of electoral turnout exercises an influence on electoral results since the decision to turn out and the electoral decision are necessary linked.
The aim of this contribution is to examine one potential consequence of this dependency: the possibility of a systematic partisan bias of turnout. Many studies argue that abstention has negative consequences for left-wing political parties. While this question has been frequently examined and debated in many countries, there is no systematic analysis, in the French case, of the potential consequences of abstention on electoral results.
The first part of this contribution will present the theoretical explanations advanced in the literature to justify the possibility of a systematic impact of turnout on electoral results. The second part discusses the various methodologies that have been used to empirically assess the possibility of a partisan bias. The third part examines the possibility of a partisan bias of turnout in the case of French elections.

Buton François et Mariot Nicolas (CNRS/CURAPP)

La maisonnée fait-elle l'élection ? Retour sur les listes d'émargement

Quarante ans après les travaux d'A. Lancelot, les enquêtes sur les listes d'émargement peuvent-elles encore nous apprendre quelque chose de la participation électorale ? Délaissées par la sociologie électorale française, les listes d'émargement ont été remises au jour par l'INSEE depuis 1995, et sont au coeur de l'approche contextualisée défendue ici. La contribution porte sur une quarantaine de tours de scrutins (1982 à 2008) d'un bureau de vote situé dans une zone d'habitation résidentielle (un village dans une ville nouvelle). Elle réinterroge systématiquement les résultats déjà obtenus par les enquêtes du même type (distribution abstention-participation, corrélation à l'âge, au sexe, à la distance domicile-bureau, etc.) et propose des pistes de réflexion sur les logiques de participation/abstention par "maisonnée" (logiques familiales, de couple, voire de cohabitation dans un même logement) et par "parenté" (logiques familiales étendues de la parentèle).

Does household matter ? Analyzing the electoral roll

Since A. Lancelot’s classical work on abstention, forty years ago, a few political scientists have analyzed the electoral rolls to better assess and sociologally characterize effective participation, whatever voters’ statements can be. The contribution deals with a 26 year-long database of rolls in a specific area (the ancient part of a new parisian suburb). It will adress both the major issues raised by classical studies (such as abstention according to age, gender, distance to the polling station, and so on) and original insights on the effects of household and kinship on voters’s participation and abstention.

Jadot Anne (Université Nancy 2-IRENEE / CEPEL)

Comparer des dynamiques électorales à partir d’un matériau ‘qualitatif’. L’impact du contexte politique sur les motivations à (ne pas) voter lors des présidentielles de 2002 et 2007

Cette communication interroge la notion de contexte, entendue ici comme conjoncture politique, et évalue son impact sur les comportements électoraux. Elle s’inscrit dans l’approche comparative de la participation à partir de deux occurrences d’un même scrutin, à savoir l’élection présidentielle française. En neutralisant les différences systémiques, cela permet de mesurer l’impact de la conjoncture politique (notamment l’offre électorale et les dynamiques de campagne) sur les motivations des citoyens à voter ou à s’abstenir. Etant donné leurs résultats, les scrutins de 2002 et de 2007 sont particulièrement intéressants à analyser sous cet angle de la participation. Ces cas d’étude sont d’autant plus pertinents que sera exploité un matériau original, rarement utilisé dans les analyses comparatives : les réponses à une question ouverte sur les raisons du (non) vote, recueillies à chaque fois dans le “ Panel Electoral Français ” avant le premier tour. Ce matériau ‘qualitatif’ a fait l’objet d’une double exploitation : logiciel d’analyse textuelle et codage manuel.
Parmi les résultats, on montrera l’interaction entre les facteurs socio-politiques structurels de la participation et la conjoncture politique, on discutera la typologie de l’abstention “ dans le jeu / hors jeu ” au regard de la notion de “ vote habituel ” et on évaluera l’impact du souvenir traumatique de 2002 sur la participation en 2007.

Comparing electoral dynamics thanks to a ‘qualitative’ material. How political context influenced the motivations (not) to vote in the 2002 & 2007 French presidential elections

This communication questions the notion of context understood as political circumstances and evaluates its impact on electoral behaviour. It applies a comparative analysis of turnout in two instances of a same type of election, i.e. the French presidential election. By neutralising systemic differences, this design makes it possible to assess whether and how political circumstances (e.g. the electoral offer and campaign dynamics) influence the reasons to vote or to abstain. Given their contrasting results about turnout, the 2002 and 2007 are especially interesting cases, all the more since original data, seldom used in comparative studies, are available in both: answers to open-ended questions on motivations (not) to vote, in the field of the “French Panel Survey” before each first round. This ‘qualitative’ material has been exploited both using a statistical package for textual analysis and with manual coding.
Among results to be presented, it will be shown how long-term socio-political factors of electoral participation interact with political circumstances; the typology distinguishing “in / out of the game” abstainers will be discussed in respect of the notion of “habitual voting”; the impact of the traumatic memory of 2002 on the 2007 turnout will be assessed.

Sainty Jessica (PACTE – IEP de Grenoble)

Jugement politique et territoire. L’effet du territoire sur la construction des opinions politiques lors de l’élection présidentielle de 2007

Cette communication vise à montrer comment l’étude des électeurs « en contexte » aide à comprendre la manière dont ils forment leurs jugements politiques. Le contexte local est entendu ici comme le territoire dans lequel l’individu évolue au quotidien, qu’il soit un espace objectif, c'est-à-dire caractérisable par un ensemble de données socio-économiques, ou un espace plus subjectif, construit socialement et politiquement par chaque individu. Dans un premier temps, nous interrogerons l’écart entre ces deux conceptions du territoire à partir de données quantitatives et qualitatives collectées au niveau de la commune et du canton. Ensuite, la vérification de l’hypothèse d’un effet du territoire sur la formation des opinions politiques nous conduit à adopter une vision dynamique du rapport entre l’électeur et le territoire. Il s’agit de mettre en évidence les liens faits par les électeurs entre leur vécu quotidien et les enjeux politiques nationaux, mais aussi comment l’appréhension du territoire participe de la structuration individuelle des jugements politiques formulés dans le cadre d’une élection présidentielle. Reconstruire les raisonnements politiques des électeurs passe ainsi par une analyse des cas individuels, en accordant une attention particulière à leurs perceptions du territoire.

Political judgement and territory. The effect of the territory on the political opinions making at the time of the presidential election of 2007

This paper aims to show how the study « in context » of the voters helps to understand the way they make their political judgement. In this paper, local context means the territory in which individuals live everyday, as an objective space, that is as a set of social and economic data, or in a more subjective way, as a space socially and politically built by each indivual. First we will question the gap between these two views on territory based on quantitative and qualitative data, collected at the town level or at the canton level.
Then the testing of the hypothesis of an effect of the territory on the political fabric of opinions leads us to adopt a dynamic perspective on the link between the elector and the territory. We need, not only to uncover how the voters relate the experiences of their everyday life with the issues raised in national politics, but also to show how the perception of the territory contributes to the individual structuring of the political judgements formulated during during a presidential election. The reconstruction of the voters’ political reasoning goes thus through an analysis of individual case studies, paying particular attention to their perceptions of the territory.


f Participants

Baudewyns Pierre pierre.baudewyns@uclouvain.be
Braconnier Céline celinebraconnier@yahoo.fr
Buton François frbuton@gmail.com
Cautrès Bruno bruno.cautres@sciences-po.fr
Côté Catherine ccot3@uottawa.ca
David Quentin qdavid@ulb.ac.be
Delacourt Diane diane.delacourt@u-picardie.fr
Dormagen Jean-Yves jean-yves.dormagen@univ-montp1.fr
Fauvelle-Aymar Christine cfauvell@univ-paris1.fr
Gombin Joël joel.gombin@u-picardie.fr
Gougou Florent florent.gougou@sciences-po.org
Jadot Anne Anne.Jadot@univ-nancy2.fr
Laurent Annie annie.laurent@univ-lille2.fr
Lehingue Patrick plehingue@yahoo.fr
Mariot Nicolas nicolas.mariot@ens.fr
Popescu Marina mpope@essex.ac.uk
Roux Guillaume guillaume.roux@iep-grenoble.fr
Sainty Jessica jesssainty@hotmail.com
Sauger Nicolas nicolas.sauger@sciences-po.fr
Sciarini Pascal Pascal.Sciarini@unige.ch
Stimson James jstimson@email.unc.edu
Thiebaut Cyrille thiebautcyrille@free.fr
Tiberj Vincent vincent.tiberj@sciences-po.fr
Toka Gabor tokag@ceu.hu
Van Hamme Gilles gvhamme@ulb.ac.be