Section thématique 6

Le métier politique à l'épreuve de sa féminisation. Genre et (re)définition des rôles politiques

f Responsables

Catherine ACHIN (CSU/Université Paris VIII) achincat@yahoo.com
Sandrine LEVEQUE (CRPS/ Université Paris I) Sandrine.Leveque@univ-paris1.fr

Présentation scientifique

Dates des sessions

Programme Résumés Participants

 

f Présentation scientifique

Le métier politique a longtemps été un bastion masculin, un véritable « métier d’hommes ». La définition historique des rôles politiques s’inscrit dans un cadre genré implicite (SCOTT, 1996), masquant derrière une fausse neutralité à l’origine de la citoyenneté politique, des valeurs connotées virilement (combativité, ambition, expertise, etc.) et s’incarnant dans un corps puissant et éloquent, constitutif d’un ethos masculin. Indicateur parmi d’autres de cet implicite, le caractère « genderblind » de la recherche française en science politique qui a longtemps ignoré l’identité sexuelle (de genre et de sexualité) des hommes politiques. Dans l’espace politique lui-même, cette construction « masculine » des rôles politiques conduit à une double discrimination des femmes, sensible dans leur forte sous-représentation au sein des sphères de pouvoir et dans la minorisation de leurs qualités socialement construites, largement dévaluées voire stigmatisantes dans la compétition politique.

Depuis la fin des années 1990 néanmoins, on constate une relative « féminisation » de la vie politique. Portée par un contexte international favorable, la question de la sous-représentation des femmes dans les instances électives a peu à peu été construite comme une cause digne d’être défendue (BERENI, 2007) et dotée d’une nouvelle grammaire paritaire performative (LEPINARD, 2007). Grâce au dispositif légal adopté en France en juin 2000, les candidatures et élections de femmes ont été favorisées dans certains conseils ou assemblées (TROUPEL, 2006). De plus, les controverses sur la parité et son application ont accompagné l’émergence de débats plus larges sur les questions sexuées et sexuelles, constituées comme enjeux politiques (FABRE & FASSIN, 2003). Un examen attentif de l’application de la loi du 6 juin 2000 montre néanmoins le caractère contingent de la ressource « femmes en politique » et conclut à une forte inertie des règles du jeu politique et des stéréotypes de genre (ACHIN et alii 2007).

La féminisation relative de la vie politique recouvre ainsi plusieurs dimensions dont la science politique française peut s’emparer. On dispose déjà de nombreuses recherches sur la place des femmes dans l’espace politique et de travaux fournis sur les politiques publiques en faveur des femmes (JACQUOT, 2006 ; REVILLARD, 2007, etc.). Mais si les analyses visant à comprendre ce que l’espace politique fait « des » femmes sont largement engagées, reste désormais à comprendre ce que les femmes font à l’espace politique, et ce que la relative féminisation de l’ordre politique fait au genre.

Nous souhaiterions donc nous concentrer sur les effets de cette relative féminisation sur l’exercice du métier politique, voire sur la définition du métier politique lui-même (OFFERLE, 1998). Pour comprendre aujourd’hui la maturation du métier politique et la manière d’accomplir les rôles prescrits (LAGROYE, 1994), il apparaît nécessaire de tenir compte de tous les attributs des détenteurs de rôles, y compris des plus « invisibilisés » ou des plus naturalisés, comme l’identité sexuelle ou la couleur. L’articulation entre « le genre, la classe et la race » est un point central de la recherche anglo-saxonne sur la définition et la structuration du champ politique, mais reste largement ignorée par les politistes français.

Nous formulerons alors une double hypothèse. D’une part, avoir la possibilité de mobiliser à un moment donné des attributs féminins c’est-à-dire réputés comme tels, contribue à re-définir les frontières du métier politique et permet à certains « outsiders » d’accéder à cette profession. Il semble désormais possible – avec un succès certes relatif et contingent – de mettre en avant dans la compétition politique des qualités telles que l’identité sexuelle ou l’origine ethnique (constituée en enjeu politique émergent autour de « la diversité »). Les conditions qui permettent d’user de ces ressources ne sont pas simplement à analyser en termes cumulatifs mais doivent être pensées comme constitutives de l’identité stratégique de ceux/celles qui participent à la compétition politique. D’autre part, la publicisation des questions sexuées et sexuelles et la relative féminisation de la politique, conduisent à dévoiler dans une certaine mesure le sexe des institutions politiques. La « neutralité » et « l’universalité » des « hommes politiques » va de moins en moins de soi. Les corps politiques sont pensés comme « caractérisés » (corps sociaux, sexualisés, colorés), et la « masculinité », notamment, devient un capital politique comme un autre (Raisons politiques, 2008).

Dans cette perspective visant à appréhender des processus de construction et de consolidation du métier politique sur le long terme, une attention particulière sera accordée aux acteurs qui s’engagent dans la compétition politique afin d’apprécier comment sont effectivement mobilisées, de manière différentielle, les ressources dont ils/elles disposent à un moment donné. Mais il convient aussi d’observer d’autres acteurs qui, à la marge de l’espace politique, contribuent à en définir les frontières légitimes, tels que les journalistes (VAN ZOONEN, 1994) mais aussi tous ceux/celles qui sans directement participer à la conquête des trophées électifs, luttent à leur manière pour dessiner l’espace reconnu de cette compétition.

Références :
« Le corps présidentiable », Raisons politiques, n° 31, août 2008
ACHIN, BARGEL, DULONG et alii., Sexes, genre et politique, Paris, Economica, 2007
BERENI Laure, De la cause à la loi. Les mobilisations pour la parité politique en France (1992-2000), Thèse de science politique, Université Paris I Panthéon Sorbonne, déc. 2007.
FABRE Clarisse, FASSIN Eric, Liberté, égalité, sexualités, Paris, Belfond, 2003
JACQUOT Sophie, L’action publique communautaire et ses instruments. La politique d’égalité entre les femmes et les hommes à l’épreuve du gender mainstreaming, Thèse de science politique, IEP Paris, 2006.
LAGROYE Jacques, « Etre du métier », Politix, n° 28, 1994
LEPINARD Eléonore, L’égalité introuvable. La parité, les féministes et la République, Paris, Presses de Sciences Po, 2007.
OFFERLE Michel (dir.), La profession politique XIXème-XXème siècles, Paris, Belin, 1999
REVILLARD Anne, La cause des femmes dans l’Etat : une comparaison France-Québec (1965-2007), Thèse de sociologie, ISP / ENS de Cachan, 2007.
SCOTT Joan W., La citoyenne paradoxale. Les féministes françaises et les droits de l’homme, Paris, Albin Michel, 1998 [1996]
VAN ZOONEN Liesbet, Feminist Media Studies. London, Sage, 1994
TROUPEL Aurélia, Disparités dans la parité. Les effets de la loi du 6 juin 2000 sur la féminisation du personnel local et national, Thèse de science politique, Université de Nice, 2006.

For a long time, the political profession has been a male bastion, a real “men’s profession”. The historical definition of the political roles takes part of an implicit gendered frame : connoted masculine values (fighting spirit, ambition, expertise, etc.) and a masculine political “ethos” are masked behind the false neutrality at the origin of the political citizenship

One indicator of this implicit could be the “gender blinded” character of the French research in political science, which has ignored for a long time the sexual identity of politicians. In the political area, this "male" construction of the political roles has for consequence a double discrimination of women: they are strong underrepresented within the real power sphere, and their “special attributes” are minored in the political competition.

We would like to concentrate on the effects of this relative feminisation on the exercise of the political profession. To understand the structuration of the political profession and the different ways of embodying the prescribed roles, it seems necessary to take into account all the attributes of the roles holders, including furthermore “invisibilised” or the most naturalized, as sexual identity or colour.

The articulation between gender, social class and race is central in the Anglo-Saxon research on definition and construction of the political arena, but stays too largely ignored by the French political analysts.

We would formulate a double hypothesis. On the one hand, having the possibility of mobilizing some feminine attributes could contribute to redefine the borders of the political profession and allow some outsiders to enter this profession. The conditions which help to use these resources (sexual identity, ethnicity..) are not to be analysed in cumulative terms but must be thought as essential of the construction of the strategic identity of those who participate to the political competition.

On the other hand, the publicising of sexual questions and the relative feminisation of politics lead to reveal the sex of the political institutions. The sexual “neutrality” or the “universality” of politicians is not taken for granted any more. The political bodies are thought as characterized (socialised, sexualised, coloured) and the “manliness” becomes a political capital as another.


f Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : 7 septembre 2009 14h-16h20
Session 2 : 7 septembre 2009 16h40-19h
Voir planning général...

Lieu : IEP (Amphi D)


f Programme

Axe 1
Mobilisation du genre dans la construction des identités politiques stratégiques : variations contextuelles

Discutante : Marion Paoletti (Bordeaux IV – SPIRIT)

Axe 2
Un métier « sexualisé » ? Déplacements et recomposition des frontières du métier politique

Discutante : Delphine Dulong (Paris 1 – CRPS)

Format d’organisation de chaque séance :
- 20 min d'introduction
- 60 min de présentation des papiers (soit 10 min par papier)
- 60 min de discussion collective introduite par les remarques des discutantes.


f Résumés des contributions

Axe1

Della Sudda Magali (École française de Rome)

La genèse de la « femme politique moderne ». Un éclairage socio-historique et comparé

Dans le cadre de la section thématique sur le métier politique, cette communication propose un éclairage socio-historique et comparé de la naissance de « la politicienne » à l’aube du XXe. C’est paradoxalement avant que les femmes accèdent au suffrage en France qu’émerge une nouvelle actrice politique dans les milieux catholiques conservateurs. Contrairement aux féministes qui revendiquent l’égalité civile voire politique, les catholiques organisées ne souhaitent pas obtenir les mêmes droits que les hommes. Mobilisant un discours de genre fortement marqué par la différence des sexes et par le respect de la hiérarchie sociale, elles tendent à justifier la présence de certaines d’entre elles dans la compétition électorale sans toutefois prétendre déposer elles-mêmes le bulletin dans l’urne.
De quelles manières les transformations du jeu politique ont-elles affectées les femmes, ces citoyennes sans le vote ? Peut-on identifier la genèse d’un métier politique pour ces militantes qui ne participent pas directement au suffrage ? La naissance de l’homme politique moderne a semble t-il éclipsé celle de la femme politique moderne qui participe par directement au vote mais qui vit pour la politique à défaut de vivre par elle directement.
La militante d’action catholique se distingue ainsi de la militante suffragiste qui se présente aux élections, renverse parfois les urnes électorales ou organise des élections où les femmes votent. Toilettant les listes d’électeurs, quêtant pour « l’œuvre électorale », éduquant les citoyens, pressant les maris de bien voter, ces militantes réinvestissent dans la compétition électorale les assignations de genre afin de rendre légitime une présence que leur hiérarchie condamne.
Cette communication s’appuie sur des recherches comparées entre la France et l’Italie permettra de mettre au jour les stratégies de mobilisation féminine lors des premières campagnes électorales du XXe siècle. Elle montrera comment le genre a structuré l’entrée en politique de ces femmes conservatrices en même temps qu’il rigidifiait leur exclusion du corps électoral.

This communication sheds light on the transformation of the political arena at the beginning of the 20th century. While liberal feminists promoted suffragism and equal right for men and women, Catholic women’s leagues – such as la Ligue patriotique des Françaises or l’Unione fra le donne cattoliche d’Italia - aimed to restore the reign of the Church and supported a political project based on social and gender hierarchy. Based on a comparative approach, this paper will explore the gendered dimension of the electoral competitions during the first years of the twentieth century. It will focus on the emergence of a new figure :the “militante” of Catholic action and conservative women interventions in the electoral competition.

De Barros Françoise (Université Paris 8- CSU)

Genre et corps administratif. Le cas des administrateurs des services civils d’Algérie des années 30 aux années 60

Le cadre genré implicite dans lequel se sont développés historiquement les rôles politiques ne concerne pas uniquement les fonctions électives. On peut également l’interroger pour des fonctions qui, si elles relèvent juridiquement de l’administration, n’en participent pas moins étroitement à l’exercice de la domination politique. Or cette imbrication entre administratif et politique est particulièrement étroite dans le cas des administrateurs des services civils d’Algérie qui endossent un rôle hybride, associant des pratiques qui, en métropole, sont attribuées d’une part à un personnel administratif et d’autre part à un personnel élu. Cette communication tente d’analyser comment masculin et féminin sont associés et en même temps constitués comme rôles sociaux distincts dans l’exercice du métier d’administrateur, principalement à partir de l’étude de dossiers individuels de carrières se déroulant des années 30 aux années 60. Elle montre d’une part comment se manifeste et évolue un « ethos masculin », aussi bien dans les prescriptions du rôle d’administrateur que dans les manières dont les administrateurs s’y conforment, prescriptions et conformations étant lisibles dans les appréciations annuelles portés sur les candidats par leur hiérarchie. Mais d’autre part, l’exercice pratique des fonctions comme le déroulement des différents types de carrières d’administrateurs impliquent l’existence et les activités des épouses. Bien que les traces laissées par les profils sociaux et les activités des épouses sont moins systématiques que celles concernant les maris, elles n’en dessinent pas moins les contours de rôles féminins intégrés à part entière à la profession d’administrateurs des services civils d’Algérie.

Gender and administrative body. The case of the administrators of “les services civils d’Algérie” from the 30s to the 60s

The tacit gender frame in which the political roles historically developed does not concern only elective offices. It can also be questioned for functions which recover legally from the administration, but also participate fully in the exercise of the political domination. Now administrative and political interweave particularly narrow in the case of the administrators of “les services civils d’Algérie”. This communication tries to analyze how male and feminine are associated and, at the same time, established as different social roles in the exercise of administrator's profession, mainly from the study of individual files of careers taking place from the 30s to the 60s. On the one hand, it demonstrates how a “male ethos” shows itself and evolves, as well in the prescriptions of administrator's role as in the manners the administrators conform to it, prescriptions and conformations being legible in the annual appreciations on each candidate. But on the other hand, the practical exercise of their functions as well as the progress of the various types of administrators' careers imply the existence and the activities of the wives. Although tracks left by the social profiles and the activities of the wives are less systematic than those concerning the husbands, they draw nevertheless the outlines of feminine roles integrated into the profession of administrators of “les services civils d’Algérie”.

Girard Guillaume (Paris 1- CRPS)

"A la conquête de la magistrature suprême" : genre, construction des rôles politiques et élections présidentielles au Bénin

Au cours des deux dernières décennies, on observe au Bénin une relative féminisation du personnel politique. Si les femmes demeurent minoritaires au sein de l’espace politique, le taux de féminisation des institutions gouvernementale et parlementaire atteint actuellement 20% et 10%. Sur la période, on note aussi l’émergence dans le jeu politique d’enjeux portant sur « la promotion des femmes ». Lors des élections présidentielles de 2001et de 2006, deux femmes se sont portées candidates. Dans cette communication, on montre d’une part comment la promotion des femmes est constitué en enjeu politique au cours de ces élections tant par les candidats que par les candidates. D’autre part, à travers l’étude des parcours des deux femmes candidates, on vise à insister sur la manière différenciée dont elles ont investies le rôle de candidate aux élections présidentielles. Si la première joue assurément sur le registre de la promotion des femmes, la seconde au contraire s’affiche comme opérant sur le même tableau que les hommes en mettant en avant son profil de technicienne.

"The conquest of the supreme role": Gender, political roles building and presidential elections in Benin

Over the last two decades, we can observe in Benin a relative feminization of political staff. If women remain in minority within political space, feminization rates of governmental and parliamentary institutions has significantly increased until 20 % and 10%. During the period, we note also that stakes about women’s promotion had emerged. During presidential elections of 2001 and 2006, two women had been candidate. In this paper, we aim at showing how women’s promotion had been transformed in political stake by women as men. Moreover, by studying political paths of these two female candidates, we highlight differentiated way to be candidate in the presidential elections. If the first one plays on the women’s promotion register, the second one plays as men by promoting her technician profile.

Ngamchara Mbouemboue Caroline (Université de Dschang- Cameroun)

Ethnicité et structure du pouvoir féminin dans les municipalités camerounaises

Les femmes ont connu un empouvoirement significatif dans le gouvernement local au Cameroun au cours des dernière années, comme l’attestent leurs proportions dans les exécutifs communaux (de 2,5% des maires en 2002 elles sont passées à 7,1% en 2007), et le fait que certaines se positionnent à la tête de municipalités stratégiques. Mmes Foning, Fampou, Kemmogne, Fotso, etc. qui sont devenues maires ou adjointes dans les métropoles (Yaoundé, Douala) ont surtout émergé dans des localités dont elles ne sont pas natives. Mais dans cet Etat multinational où la représentation politique reste prisonnière des questions d’autochtonie (Socpa, 2002), comment des femmes, « allogènes » de surcroît, accèdent-elles à des positions de pouvoir aussi compétitives ?
A partir du concept d’« entrepreneurs politiques » (Weber, 1959, Schumpeter, 1983 ; Offerlé, 2002), cette communication analyse les stratégies d’ascension politique de ces femmes en les restituant dans leur contexte socioculturel. Une comparaison des stratégies de ces « allogènes » à celles d’homologues autochtones montre que le contexte socioculturel dont elles subissent différemment les contraintes amène les premières à mobiliser des ressources plus variées dans leur entreprise que les secondes qui ne sont portées que par des « solidarités mécaniques ». Mais au-delà de ces divergences, toutes font de la « féminité » des usages variés, qui leur confèrent des personnalités et des destins politiques différents.

In Cameroon, women have experienced significant empowerment of late, and this is indicated by their leadership positions in Local Government authorities (from 2.5% of mayors in 2002 to 7.1 in 2007). Some of these women (Ms Foning, Fampou, Kemmogne, Fotso, etc.) who have become mayors or deputies in strategic metropolis (Yaoundé, Douala) have all emerged in non native localities. But in a multicultural state where political representation is still held hostage by native belongings (Socpa, 2002), how do women, above all “foreigners” have access to such competitive power positions? Using the theories of “political entrepreneurs”(Weber, 1959, Schumpeter, 1983 ; Offerlé, 2002), this paper analyses the link between gender identity and strategies employed by the women in political empowerment. Comparing the strategies used by the “foreign” in their quest of power to those of native counterparts, it is observed that the socio-cultural context determines empowerment strategies. While the foreign women use more diverse resources, their counterparts are bound by “mechanical solidarity”. But above strategic differences, the women make diverse use of their “feminity” that develop different leadership characteristics and political destiny.

Bargel Lucie (CRPS)

Genre et légitimité « militante » chez les Jeunes populaires

Cette communication propose de revenir sur la « parenthèse fondatrice » de l’organisation de jeunesse de l’UMP pour examiner les logiques qui y façonnent alors les rôles dirigeants légitimes. Il faut d’abord tenir compte du contexte de création d’un nouveau parti, particulièrement propice à la valorisation du renouvellement des personnes et des pratiques, mais aussi d’enjeux proprement partisans, pour comprendre pourquoi la direction de l’UMP nomme une jeune femme issue de Démocratie libérale à la tête des Jeunes populaires. Ensuite, le rôle dirigeant qu’elle invente à partir de cette position d’outsider (d’extériorité aux pratiques et aux réseaux issus du RPR) est intéressant dans la mesure où il est largement ambigu du point de vue du genre. La présidente mobilise en effet tout à la fois un registre « managérial », précisément pour l’opposer aux ex-jeunes RPR en termes de centralisation du pouvoir, de consultation de « la base », etc., et un registre « militant », reposant lui aussi sur la dénégation de la recherche du pouvoir, mais également sur des pratiques et des qualités traditionnellement associées à un « militantisme » masculin et populaire, de gauche. Cette ambiguïté est particulièrement saisissable dans les appréciations croisées portées sur elle par ses adversaires internes au JP, mais aussi par ses concurrents du MJS, qui vont jusqu’à un brouillage de son identité sexuée et sexuelle.

Gender and « activist » legitimacy within the Jeunes populaires. This presentation examines the UMP youth organization’s « founding parenthesis » in order to understand the logics shaping the legitimate leading roles within the Jeunes populaires. It is necessary to take into account at first the context of creation of a new party, particularly convenient to the valuation of the renewal of persons and practices, but also strictly partisan stakes, to understand why the UMP direction appoints a young woman coming from Démocratie libérale at the head of the Jeunes populaires. Then, the leading role she invents from this outsider position (her exteriority from the practices and networks from the RPR) is interesting as far as it is widely ambiguous from a gendered point of view. The president indeed mobilizes quite at the same time a "manager" register, precisely to contrast with the ex-Jeunes RPR in terms of power centralization, “basis” consultation, etc., and a "militant" register, resting too on a denial of the search for power, but also on practices and qualities traditionally associated with a male, popular, and left-wing “militancy". This ambiguity is particularly noticeable in the crossed appreciations concerning her, made by her internal opponents in the JP, but also by her competitors of the MJS, that reach a jamming of her sexual identity.

Vanthournout Ludivine (Paris I, CRPS)

La suppléance parlementaire : l’antichambre des femmes en politique ?

Depuis 1958, un mécanisme de suppléance parlementaire est introduit et participe à la restructuration de la compétition politique sous la Ve République. La candidature sous la forme d’un « ticket » est l’occasion pour les partis politiques de mettre en avant la « représentativité » de leurs candidats. La complémentarité entre candidats titulaire et suppléant peut être à la fois générationnelle, genrée, géographique, professionnelle voire sur la base de la race.
Mais quant est-il de cette obligation de se présenter avec un suppléant : a-t-elle favorisé le recrutement des femmes ou à l’inverse s’est-elle avérée un instrument particulièrement performant de cooptation genrée et de reproduction de la domination masculine dans la sphère parlementaire ? Selon les périodes, selon les partis et selon les lieux d’interaction, il convient de distinguer l’influence de la suppléance parlementaire sur la représentation des femmes à la Chambre basse et ses facteurs explicatifs. Restituer les propriétés socio-politiques et les trajectoires des femmes suppléantes, tout particulièrement celles des suppléantes devenues députés, permet de distinguer les différents usages et investissements faits du rôle de suppléante, notamment comme voie de professionnalisation politique spécifique pour les femmes. La figure de la suppléante « héritière d’une circonscription », que le « legs » s’effectue par voie partisane ou filiale, est spécialement à interroger. Enfin, il s’agit de rendre compte des pratiques de ces suppléantes devenues députés au sein de l’Assemblée nationale et dans leur circonscription, afin de distinguer leurs différentes possibilités d’investir, de subvertir, leur rôle de professionnelle de la politique ou de simple intérimaire.

Deputy Member of Parliament position: waitingroom for Women in Politics?

Since 1958, a mechanism of election of deputy Member of Parliament (MP) has been introduced and has participated to the restructuration of the political composition under the Fifth Republic. The candidature under a “ticket” form is an opportunity for political parties to point up the “representativeness” of their candidates. The complementary capabilities of candidates for permanent positions and deputy posts can be at the same time generational, mankind oriented, geographical, professional and even on the race basis.
And what about the obligation to run for office with a deputy MP: has it favoured the recruitment of women or, on the contrary, did it turn out as an instrument particularly efficient to co-opt mankind distinction and to reproduce man domination in their representation in Parliament? According to periods, parties and places of interaction, one should distinguish the influence of deputy MPs on the representation of women in Parliament and its explanatory factors. The restitution of socio-political properties and trajectories of women deputies, especially those who have become MP, allow distinguishing the different manners and investments of the role of women deputies, as a specific way to political professionalization for women. The question of the representation of women deputies “heiress of a constituency”, bequests being transmitted by partisan or filial paths, should be specifically addressed. Last issue to deal with is the critical review of practices of these women deputies who have become MP, in Parliament or in their constituencies, in order to distinguish their various abilities to invest their role as a professional in Politics or as a simple temporary member of staff.

Axe 2

Sénac-Slawinski Réjane (Centre Maurice Halbwachs)

La parité : quel genre de diversité ? Enquête auprès de responsables UMP, PS et d’associations féminines et/ou féministes

En promouvant la représentation des personnes « issues de la diversité » (officiellement sans préciser le critère: âge, sexe, origine, handicap…) dans les sphères de pouvoir, l’institutionnalisation récente, mais fulgurante, de la diversité se revendique comme une réponse à la crise – qu’elle soit de la représentation, de l’identité nationale ou économique. En transformant les facteurs de discrimination en ressources, la promotion de la diversité n’est-elle pas plus une méthode de gestion des inégalités sur le registre de l’identité que l’application du principe d’égalité (Michaels, 2009)? Nous aborderons ce questionnement en analysant les rapports ambivalents du couple parité/diversité à la lumière de deux enquêtes qualitatives. La première a été effectuée en période pré-électorale (2005-2006) auprès de 83 personnes, choisies au regard de leurs responsabilités et leurs rôles dans la genèse et l’application des lois dites sur la parité au niveau associatif (de droite, de gauche et apolitique) et politique (au PS et à l’UMP, au niveau national ou local avec un zoom sur une fédération urbaine, Paris, et sur une fédération rurale, les Hautes-Pyrénées). La seconde (2008-2009) effectuée auprès de plus d’une centaine d’actrices et d’acteurs (politiques, institutionnels, professionnels, associatifs et universitaires) analyse les enjeux de l’émergence de la diversité comme problème social et politique.

Parity: gender of diversity? Survey of political officials, NGO and institutional leaders

By promoting the representation of the persons “stemming from diversity” (officially without clarifying the criterion: sex, age, origin, handicap…), in the spheres of power, the recent, but lightning, institutionalization of diversity claims as an answer to the crisis - whether of representation, national or economic identity. By transforming the factors of discrimination into resources, the promotion of diversity is not in it more methods of management inequality by identity than application of the principle of equality (Michaels, 2009) ? We shall approach this interrogation by analyzing the ambivalent connections of parity / diversity in the light of two qualitative inquiries. The first one was made in pre-electoral period ( 2005-2006 ) with 83 persons, chosen towards their responsibilities and their roles in the genesis and the application of the so-called parity laws at the associative level (of right, left and apolitical) and politic one (PS and UMP, in the national or local level with a zoom on an urban federation, Paris, and on a rural federation, Hautes-Pyrénées). The second one (2008-2009) with more than hundred actresses and actors (politicals, institutionals, professionals, associatives and academics) analyzes the stakes of the emergence of diversity as a social and political problem.

Coulomb-Gully Marlène (Université de Toulouse 2- Mirail)

Archéologie des candidates à l’élection présidentielle française, d’Arlette Laguiller à Ségolène Royal

« Le temps des femmes est venu » : c’est ainsi que Ségolène Royal, à plusieurs reprises durant la campagne présidentielle de 2007, a présenté, voire justifié sa candidature, mettant l‘argument de genre au coeur de sa rhétorique personnelle. Candidate du Parti socialiste, elle s’inscrit dans une lignée de femmes politiques, dont elle peut être considérée comme l’aboutissement provisoire. C’est cette lignée que l’on se propose d’étudier. Ce faisant, on se situe dans une perspective généalogique, le propos étant de tenter une sorte d’« archéologie » de la femme présidentiable, pour reprendre un terme cher à Michel Foucault. Dire « je suis candidate à l’élection présidentielle » constitue un acte performatif fort, tant individuel que collectif, qui s’inscrit contre une domination sociale et masculine dont le monde politique reste un des derniers bastions. Neuf femmes ont été candidates à l’élection présidentielle depuis que, en 1965, le Président de la République est élu au suffrage universel. Le geste, voire la geste de ces pionnières est avant tout symbolique : aucune d’entre elles en effet, sinon S.Royal en 2007, ne pouvait espérer être au second tour. Il n’en est que plus fort dans la rupture qu’il instaure et la brèche ainsi ouverte. Il s’agit ici, à partir du cas « matriciel » d’Arlette Laguiller en 1974, première femme candidate à l’élection présidentielle, d’envisager l’ensemble des candidatures féminines aux élections présidentielles, de 1974 à aujourd’hui.

Archaeology of French female presidential candidates. From Arlette Laguiller to Ségolène Royal

“Women’s time has come”. This is how Ségolène Royal, on several occasions during the presidential campaign of 2007, presented, indeed even justified her candidature, putting the argument of gender at the heart of her personal rhetoric.
As a candidate of the Socialist Party, one of the two majority parties in France, she belongs to a line of female politicians of which she can be considered the vanguard. It’s this line that we propose to study. In doing so our viewpoint will be a genealogical one, the intention being to attempt a sort of “archaeology” (to use an expression dear to Michel Foucault) of the potential female president.
Saying “I’m [a woman] running for president” constitutes a strong performative act, as individual as it is collective, effectively opposing a tradition of male hegemony and strong social norms regarding gender, a tradition of which the world of politics remains one of the last bastions. Nine women have run for president since 1965 when the President of the Republic started being elected through universal suffrage. The gesture, even the legacy, of these pioneers was above all symbolic : indeed, none of them, except S Royal in 2007, could have hoped to figure in the second round of elections. S Royal’s gesture was only stronger in the break from tradition that it instituted and the breach thus opened.
We will here analyze a specific case, that of Arlette Laguiller in 1974, the first female running for president, a sort of template from which we will consider all the female presidential candidates from 1974 to today.

Matonti Frédérique (Université Paris 1- CRPS)

L’impossible endossement du rôle de 1er secrétaire, le "chemin des dames" du PS

Dès le Congrès de Reims du PS, journalistes et éditorialistes ont construit un cadrage médiatique opposant Ségolène Royal et Martine Aubry. Au-delà de l’opposition entre deux femmes, très fréquemment présentée en termes guerriers, selon un stéréotype genré, c’est plus généralement une opposition entre stéréotypes qui organise le traitement de l’événement. Ainsi la presse (généraliste, féminine) comme les émissions satiriques oppose excès de féminité et absence de féminité, folie et dureté, beauté et laideur, etc… On fera notamment l’hypothèse que ces stéréotypes sont le signe de la difficulté, du point de vue des représentations, des femmes à endosser un rôle ‘masculin’, celui de Premier secrétaire.
La communication sera basée à la fois sur une observation des journalistes dans cette période du Congrès, sur une série d’entretiens avec eux ainsi que sur l’analyse de différents supports et notamment des caricatures, des imitations et des sketchs.

Playing the First Secretary impossible part : the FRENCH Socialist party’S « Chemin des Dames »

From the beginning of the french Socialist Party’s Congress in Reims, journalists and columnists have skeched a framing that opposed Segolene Royal and Martine Aubry. First of all, the rivalry between THE two women is frequently described in warlike words — well-known gendered stereotype. Secondly, this opposition between stereotypes is organizing media coverage. Newpapers, news magazines, magazines for women but also satiric shows oppose excess of feminity and lack of feminity, madness and toughness, beauty and ugliness, and so on… This paper suppose that these stereotypes are the signs of the difficulties for a woman, regarding to the representations, to play a ‘masculine’ part, as in this particular case, the First Secretary part. It will be based on an accurate observation of journalists at work, on interviews, and on analysis of different mediums like cartoons, imitations and sketchs.

Fassin Eric (ENS – Iris)

Qu’est-ce qu’un homme politique ? Les jeux de la masculinité dans les campagnes présidentielles française et étatsunienne

À l’heure où, en écho parodique à la parité, un groupe féministe vient perturber en France la mâle exclusivité des lieux du pouvoir avec ses femmes à barbe, on peut s’interroger sur ce que devient la figure de l’homme politique, dès lors qu’il ne va plus tout à fait de soi que la politique est un domaine masculin. La question qui se pose aujourd’hui n’est pas seulement en effet celle du sexe du pouvoir (hommes ou femmes) mais aussi celle de son genre : qu’advient-il de la masculinité quand cet universel devient particulier ? C’est à tort qu’on associe plus volontiers cette question aux dominés qu’aux dominants, comme si le trouble dans la masculinité concernait les premiers, et non les seconds.
Pour expliciter la différence entre sexe et genre, et leur lien aujourd’hui moins évident, on s’appuiera dans un premier temps sur des enquêtes dans la vie municipale d’une ville moyenne autour des canons de la voix politique, pour montrer le travail du genre. Les campagnes présidentielles française en 2007 et étatsunienne en 2008 permettent dans un second temps de s’attacher à la mise en scène du genre : le caractère problématique de la féminité politique contribue à invisibiliser la masculinité ; en même temps, à la différence des hommes, les femmes politiques peuvent s’essayer dans les deux registres – féminité et masculinité. Le genre n’est pas une donnée, c’est un matériau de la représentation politique. Bref, on ne naît pas homme politique, on le devient – fût-on une femme.

What Kind of a Man is a Politician? Masculinity at Play in French and American Presidential Campaigns

At a time when, in a parody of parité, bearded women from a feminist group disturb the exclusively male definition of political circles, it is worth wondering what becomes of male politicians, once it becomes less obvious that politics is a male prerogative. The question raised is not only that of the sex of power (men or women), but also that of its gender: whatever happens to masculinity once it moves from universal to particular? This question ought not to be restricted to the objects of domination, as it also applies to its subjects – male trouble concerns the latter as well as the former.
In order to expose the difference between (political) sex and gender, and point out how their connection is less clear today, the first part of this presentation will rely on fieldwork conducted in small-town municipal life concerning the canons of a political voice, in order to show how gender is at work in politics. Then, both presidential elections – the French in 2007, and the American in 2008 – illustrate how gender is staged: the problematic nature of political femininity reinforces the invisibility of masculinity. At the same time, contrary to men, female politicians can play both on femininity and masculinity. Gender is no given – it is the material used for political representation. In a word, one is not born a male politician; one becomes one, even as a woman.

Roueff Olivier (PRINTEMPS)

Le corps politique saisi par les professionnels du spectacle

La production des normes du corps politique légitime est aujourd’hui prise en charge en partie par les « communiquants ». Leur métier consiste en effet à mettre en scène les corps politiques, c’est-à-dire à (tenter d’) anticiper, orienter et contrôler les conditions de la réception de leurs prestations publiques. Le jeu avec le « capital corporel identitaire » de leur clientèle peut alors être analysé comme un travail, avec ses territoires d’expertise, ses idéologies professionnelles et ses espaces de concurrence. Dans ce cadre d’enquête, je fais l’hypothèse que la professionnalisation des spécialistes du spectacle politique aurait contribué à diffuser un rapport « stratégiste » aux normes du corps politique, en s’appuyant sur – et peut-être, paradoxalement, en contribuant à – leur démocratisation relative au sens de mise en débat public : elles se voient tantôt naturalisées pour appuyer des identités stratégiques majoritaires, tantôt contestées et rendues « cyniquement » à leur arbitraire historique pour faire place à des outsiders minorisés. Dès lors, on pourrait interpréter le recours croissant à la mise en scène des authenticités personnelles (le caractère, la vocation, l’expérience subjective, le récit de soi…) comme une solution professionnelle (et, conjointement, une opportunité ou un piège politiques) car elle permettrait de jouer alternativement voire simultanément sur les deux tableaux.

The performance of political bodies as shaped by its professionals

The norms that regulate the performance of bodies in the public sphere are partly produced by professionals (« spin doctors »). Their task is to stage political bodies, i.e. to (try to) anticipate, dictate, and contrôle the conditions of reception of their public performances. The play with their clients’ body, seen as an identity capital, is then a rationalized activity which has its own juridiction and expert skills. My hypothesis is that the professionalization of political communication has been part of the diffusion of a strategical use of political body’s norms, taking advantage of the relative democratization of these norms (discussed in the public sphere) : they are either naturalized in order to support dominant identities, or de-naturalized in order to support outsider identities. The growing use of personal authenticities (vocation, subjective experiences, character…) thus can be seen as professional solution – and a political opportunity or trap – because it allows to play alternately or simultaneously with both techniques.

Damian-Gaillard Béatrice (MCF Université Rennes 1, CRAPE) et Saitta Eugénie (Post-doc Université de Poitiers, CRAPE)

Féminisation de l’information politique et transformations croisées des champs journalistique et politique

On observe depuis les années 1990 une féminisation du journalisme politique qui se traduit, par exemple, par l’augmentation de la part de femmes dans les services politiques de quotidiens nationaux comme Le Monde ou Le Figaro (jusqu’à atteindre la parité au début des années 2000). L’objet de cette communication sera de comprendre comment cette féminisation affecte (ou non) le traitement de l’information politique et les modes de représentation du personnel politique. Nous interrogerons ici l’idée selon laquelle les dispositions « féminines » (socialement construites) deviendraient un atout et seraient reconnues, notamment par les responsables éditoriaux, comme une compétence pour écrire l’information politique, dans un contexte de fortes transformations des champs journalistique et politique.

Since the 90’s, there is a feminization of the political journalism, which leads, for example, at the increase of the number of women working in the political sections of the French daily newspapers like Le Monde or Le Figaro (achieving parity in the early 2000’s). The purpose of this communication is to understand how this feminization affects (or not) the political news production and the ways of representing politicians. We question here the idea according to which the “feminine” skills (socially constructed) would become an asset and would be recognized, especially by the editors, as a skill to write about politics, in a context of main transformations the journalistic and political fields.


f Participants

Achin Catherine achincat@yahoo.com
Bargel Lucie Lucie.bargel@ens.fr
Barros Françoise (De) frandeba@yahoo.fr
Coulomb-Gully Marlène marlene.coulomb@univ-tlse2.fr
Damian-Gaillard Beatrice beatrice.damian@univ-rennes1.fr
Della Sudda Magali magali_ds@hotmail.com
Dulong Delphine delphine.dulong@free.fr
Fassin Eric Eric.Fassin@ens.fr
Frisque Cégolène cegolene.frisque@univ-nantes.fr
Girard Guillaume guillaumegirardfr@yahoo.fr 
Lévêque Sandrine Sandrine.Leveque@univ-paris1.fr
Matonti Frédérique frederique.matonti@wanadoo.fr
Ngamchara Mbouemboue Caroline cngamchara@yahoo.fr
Paoletti Marion paoletti.marion@free.fr
Roueff Olivier o.roueff@free.fr 
Saïtta Eugénie eugeniesaitta@yahoo.fr
Sénac-Slawinski Réjane rejane.senac-slawinski@ens.fr
Vanthournout Ludivine ludivine.vanthournout@orange.fr