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Section Thématique 18

Penser la politisation de l’environnement à l’international
Environmental Politicization: International Perspectives

Responsables

Lucile MAERTENS (SciencesPo Paris et Université de Genève) lucile.maertens@sciences-po.org
Géraldine PFLIEGER (Université de Genève) geraldine.pflieger@unige.ch

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

L’échelle internationale devient un vecteur de renouvellement de l’agenda environnemental tant pour les autorités publiques nationales que pour les organisations internationales ou non gouvernementales. A l’heure où le multilatéralisme climatique fait face à des difficultés récurrentes pour aboutir à un accord, le champ environnemental connaît paradoxalement de nouvelles voies de politisation par l’international et à l’international.

L’international apparaît tout d’abord comme un vecteur incontournable de mise en politique de la question environnementale tant pour les politiques locales (mentionnons à titre d’exemple les stratégies internationales des collectivités locales telles que le C-40) que pour les politiques nationales (dans le travail de légitimation des politiques sectorielles) et intergouvernementales (via le travail des instances de l’Organisation des Nations Unies). L’international représente une voie déterminante de politisation, voire de sécurisation, de l’environnement grâce à des stratégies discursives de toute échelle.

L’international constitue, ensuite, une échelle de menaces, qui surgissent d’emblée à l’échelle planétaire, via des crises ou des évènements tournants (telles qu’une catastrophe nucléaire, ou le changement environnemental global) ou sont progressivement construites par les communautés épistémiques et les ONG comme des problèmes d’échelle planétaire, à l’image de la découverte du trou d’ozone dans les années 1980 ou la reconnaissance aux régions polaires, à la biodiversité, à l’eau ou plus récemment aux montagnes, du statut de bien commun planétaire.

L’international représente également un système de décisions à niveaux multiples (européens, régional, mondial) qui produit des règles et des normes et participent ainsi du vaste mouvement d’instrumentation des politiques environnementales et de circulation des normes d’action. Les Etats occupent une position centrale dans ce jeu institutionnel, négociateurs, producteurs de normes et acteurs de leur traduction et implémentation. La politisation de l’environnement par l’international s’adosse à une certaine matérialité, à des normes, des règles et des régimes complexes et à géométrie variables qui peuplent désormais l’univers de la décision.

L’international, enfin, émerge comme un niveau déterminant de définition des politiques publiques nationales, suivant en ce sens les tendances observées depuis plus de 40 ans dans le champ des politiques économiques et monétaires. Dans un contexte post-Fukushima de mise en concurrence des filières énergétiques internationales (fossiles, nucléaires, renouvelables) et de compétition pour l’accès aux ressources naturelles de tous ordres, l’environnement pénètre par son internationalisation les politiques économiques, industrielles et étrangères. Les interdépendances économico-environnementales entre Etats, relevées depuis les négociations climatiques de Kyoto en 1997, ne constituent plus seulement des contraintes pour les négociations internationales mais des axes stratégiques de construction des problèmes environnementaux nationaux.

Penser la politisation de l'environnement par l’international et à l’international nous conduira à faire dialoguer différents secteurs de rattachement. Le positionnement de cette section réside dans la volonté d’entrecroiser précisément le domaine des relations internationales et de l’analyse des politiques publiques pour produire du sens dans l’étude du champ environnemental. Au-delà des secteurs, et tout en proposant une focale d’analyse précise, cette section thématique permettra de faire dialoguer différentes approches théoriques et méthodologiques dans une perspective ouverte : discursives et constructivistes, cognitives, néo-institutionnalistes, néo-réalistes, critiques ou de la nouvelle écologie politique. Cette section thématique permettra de soutenir ce dialogue sur des objets partagés, mais entre des perspectives contrastées et résolument complémentaires.


National public authorities as well as international organizations and NGOs are renewing the environmental agenda within the international sphere. While climate multilateralism struggles to reach a global agreement, in contrast the environment is facing new options towards politicization through internationalization and at the international level.

Internationalization first appears as a critical factor towards the political agenda setting of environmental issues both for local political actors, national authorities and intergovernmental policies. Through the international sphere, the environment can be politicized, or even securiticized, thanks to discursive strategies implemented on every scale.

It is also at the international level that the environment appears as a series of threats. They can emerge directly at the global level through crises or turning points or can be progressively framed as global issues by epistemic communities as well as NGOs

Decision making systems on various levels (European, regional, global) are also implemented on the international scale. They produce rules and norms and contribute to the setting of environmental policy instruments and to the spread of norms. States play a critical role in this institutional game as negotiators, producers of norms and actors of their diffusion and implementation.

Finally, the international sphere determines national public policies in the same way as it has been influencing the economic and monetary policies for more than 40 years. In a post-Fukushima context of competition among different energy sectors and of competition for natural resources access, the internationaliation of the environment intrudes economic, industrial and foreign policies. Through their global interdependence, states can also build strategic axis to frame their own national environmental issues.

Discussing environmental politicization through internationalization and at the international level will encourage dialogues among different disciplines and sub-disciplines. This section aims to integrate international relations studies with analysis of public policies in order to enlighten the study of the environment. In an open manner, this section will promote the dialogue among different theoretical and methodological approaches that can be contrasted but highly complementary in the study of such a field.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur la session suivante :
Session 1 : 9 juillet 2013 14h-16h45
Voir planning général...

Lieu : Batiment J (13 rue de l'Université), salle J 208


Programme

Axe 1

Discutante : à déterminer

Axe 2

Discutante : Lucile Maertens (SciencesPo Paris, Université de Genève, IRSEM)

Axe 3

Discutant : Stephan Davidshofer (Université de Genève)


Résumés des contributions

Daniel Compagnon (Sciences Po Bordeaux)

L’émergence d’une gouvernance environnementale transcalaire : place des acteurs non-étatiques dans un monde post-international

La production de politiques environnementales à l’échelle internationale n’est pas nouvelle. Elle s’est manifestée, depuis la conférence fondatrice de Stockholm en 1972 au moins, par une multiplication des régimes internationaux négociés, avec plus ou moins de clairvoyance, par les Etats et appréhendés par une littérature abondante de Relations Internationales (RI).
A partir des années 1990, la tendance à la « globalisation » comme phénomène à la fois économique, politique et culturel et l’émergence progressive au sein du Tiers Monde d’un groupe de puissances à la fois économiques et politiques dont la Chine est l’exemple emblématique ont transformé l’écopolitique mondiale.
Certains théoriciens des RI, comme M. Barnett & K. Sikkink, parlent d’une société globale, d’autres évoquent dans la lignée de J. Rosenau un monde post-international, ou à tout le moins éclaté où coexiste un système interétatique de plus en plus inadéquat et un espèce politique pluri-acteurs et pluri-scalaire, où la gouvernance se construit par d’autres modes que le traité international et les diktats de l’hégémon. Il convient de mesurer les effets de ces changement sur la façon dont les Etats conçoivent et mettent en œuvre les politiques d’environnement au plan international.
Trois grandes tendances peuvent être observées à cet égard:
- Un mouvement paradoxal d’intégration/fragmentation qui conduit à l’émergence de ‘complexes de régimes’ comme celui du climat ou de la biodiversité, qui incorporent de plus en plus d’activités, de sous-régimes et d’organisations de nature très différente, élméents qui sont interconnectés entre eux d’une façon ou d’une autre.
- L’importance de la dimension transcalaire des politiques internationales d’environnement, alors même que la séparation ontologique entre l’interne et l’externe perd de sa pertinence et que l’effectivité même des régimes dépend largement de la performance des échelons sub-nationaux d’action publique.
-Le montée en puissance des acteurs non étatiques, en particulier des ONG et des firmes, pour produire et mettre en œuvre des mécanismes de gouvernance environnementale transnationale, à l’heure où certains régimes interétatiques (climat) paraissent englués dans des postures archaïques de défense de la souveraineté ou d’intérêts nationaux illusoires.
Notre communication mettra l’accent sur cette dernière série de phénomènes et leurs effets, en exploitant deux séries de travaux: les partenariats public-privé de développement durable, et les initiatives transnationales de gouvernance climatique. Elle analysera les caractéristiques de la gouvernance conduite par les acteurs non étatiques et en dessinera les implications pour l’écopolitique mondiale.
 
The rise of transcalar environmental governance: the role of non-state actors in a post-international order
 
The development of international environmental policies is not a new phenomenon. It has been going on at least since the seminal UN conference in Stockholm in 1972, and has taken the form of a growing number or international regimes negotiated by governments, with more or less wisdom, and dutifully analysed by a significant body of IR literature. By the 1990’s the globalisation wave, in its three dimensions of economy, politics and culture, and the steady emergence, from within the Third World, of new economic and political powers of which PR China is the epitome, have transformed global environmental politics.
Some IR theorists such as M. Barnett & K. Sikkink call it a « global society », while others in the wake of J. Rosenau see a post-international world emerging, or at least the coexistence of an increasingly obsolete inter-state system with a multi-scalar and multi-actor political space, where governance is produced through other means than traditional treaty-making and the diktats of the proverbial Hegêmon.
It is time to assess the effects of this change on the way governments plan and implement international environmental policies.
Three major trends can be identified in this respect:
a- a paradoxical movement of integration/fragmentation leading to the emergence of “regime complexes”, such as the climate change and the biodiversity complexes, which incorporate a large number of activities, sub-regimes and organisations of various natures, that are all connected in one way or another;
b- the importance of the transcalar dimension of international environmental policies, to the point where the ontological divide between the domestic and international domains is loosing relevance, and the regimes’ effectiveness heavily relies on the performance of sub-national levels of public action;
c- the rise of non state actors, in particular NGOs and firms, in the invention and implementation of transnational environmental governance mechanisms, at a time when some inter-governmental regimes (e.g. climate change) seem to be stuck in archaic posturing on sovereignty protection and fictional national interests.
This paper will focus on the last category of changes and their impacts, by relying on two case studies: the Public/Private Partnerships for sustainable development, and the transnational climate governance initiatives. It will identify the characteristics of non-state led governance and its implication for global ecopolitics.

Joana Guerrin (IRSTEA Montpellier, UMR G-Eau Université de Montpellier 1)

La construction à l'international d'un discours sur la gestion durable de l'inondation et ses traductions territoriales : comprendre l'échec de la restauration d'une zone d'expansion de crues sur le Rhône

Depuis les années 1990, une majorité d’Etats européens revoient leurs politiques de gestion des inondations. Elles ont pour objectif aujourd’hui de laisser plus de place aux fleuves et de faciliter l’acceptation du risque par les riverains. Ces objectifs font écho à une nouvelle problématisation de l’inondation, qui a circulé dans les forums internationaux (Fouilleux, 2000; Jobert, 1995). L’inondation est désormais considérée comme un événement naturel dont l’impact peut être préjudiciable aux enjeux économiques et sociaux. Dans cette optique, les politiques publiques visent à encourager les populations à « vivre avec » les crues et à limiter l’installation d’enjeux économiques et sociaux dans les zones à risque. A ce titre, la construction de digues est déconseillée. Les digues, autrefois instruments principaux des politiques de protection, sont progressivement requalifiées en objets de danger. Une illustration de ce mouvement est l’entrée en politique des inondations au niveau européen en 2007 dans la Directive 2007/60/CE relative à l'évaluation et la gestion des risques d'inondations. La Commission Européenne conseille aux Etats de mettre en œuvre des projets de gestion des inondations alliant considérations écologiques, efficacité économique et participation du public, conformément aux discours relatifs au développement durable. Cette nouvelle problématisation de l’inondation a produit de nouveaux instruments. La restauration de zones d’expansion de crues (ZEC), ou le fait de provoquer le retour de l’inondation dans des plaines protégées par des digues, est un de ces nouveaux instruments d’action publique que l’on trouve dans les politiques contemporaines de gestion des inondations.
Dans cette communication, nous nous demanderons pourquoi cette nouvelle problématisation a eu lieu dans les forums internationaux. Ainsi, il s’agira de faire dialoguer l’analyse des politiques publiques et les relations internationales (Smith, 2012) autour de la production d’un instrument d’action publique (Lascoumes and Le Galès, 2004) : la restauration de zones d’expansion de crues.
Nous verrons tout d’abord comment la question des inondations s’inscrit dans les instances internationales comme l’UE ou l’OCDE dans un régime discursif (Fouilleux and Jobert, 2006) ou bien un discours institué (Schmidt, 2008) sur la réduction des dépenses publiques, et en quoi la restauration de zones d’expansion en constitue un outil spécifique dans le domaine de la gestion des inondations. En effet, nous verrons que la gestion « écologique » des inondations est a priori moins coûteuse qu’une politique investissant dans la construction de mesures structurelles comme les digues de protection. Au-delà de cette analyse cognitive, nous verrons que des raisons plus structurelles expliquent l’entrée en politique de l’inondation à l’échelle internationale. En effet, l’Union Européenne assume des responsabilités en termes de réassurance des Etats en cas d’événements catastrophiques. C’est une utilisation accrue du Fonds de Solidarité Européen dans les années 1990 qui a provoque en partie la problématisation de l’inondation par la Commission Européenne. Cette entrée en politique à l’international s’explique également par la structuration historique de l’hydrologie scientifique à cette même échelle (Linton, 2010). Enfin, nous confronterons ces injonctions politiques, scientifiques et financières internationales à adopter une gestion plus durable de l’inondation aux résistances nationales dans le cas du Rhône. Il est en effet intéressant de noter que cette politique a connu en France des applications sur le Rhin et d’autres cours d’eau mais que sur le Rhône, la construction historique de ce fleuve en symbole national (Pritchard, 2004) a fonctionné comme un autre régime discursif et a empêché la mise en œuvre d’une politique territoriale instituant la restauration d’une zone d’expansion de crue comme clé de voute. Malgré le travail politique d’une coalition de cause (Sabatier, 1988) pour l’implémentation de cet instrument d’action publique, associant des acteurs scientifiques (en particulier des hydrologues), des hauts fonctionnaires du ministère de l’environnement déconcentré, ainsi que de jeunes ingénieurs, la restauration prévue n’aura pas lieu. Nous présenterons les raisons supposées de cet échec. Nous construirons notre propos à partir de matériaux empiriques analysés dans le cadre d’un travail doctoral ayant comme objet de recherche la nouvelle politique de gestion des inondations sur le Rhône.
 
Construction of a discourse of sustainable management of floods in the international arena and its territorial translations: understanding the failure of a floodplain restoration project on the Rhône River (France)
 
Since the 1990s, a majority of European countries are reviewing their flood risk management policies. Their aim is now to allow more space for rivers and to facilitate the acceptance of risk by floodplain inhabitants. These objectives come from a new problem construction of the flood itself, which circulated in international forums (Fouilleux, 2000; Jobert, 1995). Flooding is now considered a natural event which impact can be detrimental to economic and social stakes. In this context, public policies aim at encouraging people to "live with" floods and limit the installation of new stakes in at-risk areas. As such, the construction of dikes is not recommended. Being formerly the principal instruments of protection policies, dikes are gradually being reclassified as objects of danger. An illustration of this movement took place in the entry of floods into politics at the European level in 2007 through the Directive on the assessment and management of flood risks. The European Commission recommended that States implement flood management projects combining ecological, economic efficiency and public participation in accordance with the discourse of sustainable development. This new problem construction of floods has produced new instruments. Restoration of flood expansion areas (ZEC), or the idea of provoking the return of floods into protected areas, is one of these new instruments of the contemporary policies of floods management.
In this paper, we wonder why this new problem construction took place in international forums. Thus, we will engage discussion between public policy analysis and international relations theories (Smith, 2012), around the production of a public policy instrument (Lascoumes and Le Gales, 2004): the restoration of flood expansion areas.
First, we will see how the issue of floods arrived in international arenas such as the EU or the OECD in a discursive regime (Fouilleux and Jobert, 2006) or an established discourse (Schmidt, 2008) about the reduction of public expenses. We also wonder how restoring floodplain areas became a particular tool in the field of flood management. Indeed, the "ecological" management of floods is a priori less expensive than investing in the construction of structural measures such as dike protections. Beyond the cognitive analysis, we will show structural reasons that explain the entry into politics of flood in the international arena. Indeed, the EU has responsibilities in terms of reinsuring States in case of catastrophic events. An increased use of the European Solidarity Fund in the 1990s partly caused this new problem construction of floods by the European Commission. This entry into international policy is also explained by the historical structuring of scientific hydrology at the global scale (Linton, 2010). Finally, we will compare these international political, scientific and financial injunctions to adopt a more sustainable management to the local resistances to a floodplain restoration project on the Rhône River (France). We note that this policy has been applied in France on the Rhine and other rivers but on the Rhone, the historical construction of this river as a national symbol (Pritchard, 2004) worked as another discursive regime and blocked the implementation of a floodplain restoration project. Despite the political work of an advocacy coalition (Sabatier, 1988), efforts of scientists (especially hydrologists), Environment Ministry senior officials and young engineers, the planned restoration has failed. We will present the supposed reasons for this failure. We build our discussion onto the empirical material analyzed within a PhD regarding the new flood management policy on the Rhone.


Clémence Mallatrait (Université de Lyon-III et Institut EDS (Université Laval - Canada) / Université Paris Sud-XI)
 
Les enjeux des changements climatiques sur la politique régionale de sécurisation en Arctique

Les changements climatiques sont constatés depuis une vingtaine d’années dans la région Arctique. Les modifications liées au réchauffement des températures du climat et des eaux ont pour conséquences la fonte de la banquise, marquant le retrait de l’archipel canadien et de la Sibérie russe, mais également l’ouverture de voies navigables et l’émergence de zones, dont les ressources naturelles qu’elles contiennent sont nouvellement exploitables. La probabilité que ces ressources minières et énergétiques deviennent des réserves exploitables augmentera la convoitise pour les États. Les détenir leur confèrera une position stratégique régionale prééminente dans un contexte de tarissement annoncé des ressources énergétiques.
L’Arctique symbolise cette interrelation entre le développement économique et la prééminence de l’intérêt étatique, le droit des communautés autochtones, le droit et la protection de l’environnement. Il convient alors de s’interroger sur la place de la norme, à travers l’analyse de l’interaction entre rationalité des acteurs et comportement normatif autour de la variable environnementale vouée à la sécurisation régionale face aux changements climatiques. Une analyse qualitative de la coopération sera établie par le biais d’une description exhaustive des partenariats interétatiques, mais également entre la société civile et des ONG, ainsi que des normes régionales établies. Elle doit permettre d’interroger l’effectivité du lien entre la rationalité des acteurs porteurs de normes, rationalité mue par l’intérêt étatique, et la norme environnementale portée à la sphère régionale, pour ainsi déterminer si l’une s’établit aux dépens de l’autre.
 
The Arctic’s Regional Security Policy and issues of climate change

Climate change has occurred in the Arctic region over the past two decades. The variations in climate linked to the warming air and ocean temperatures have led to the melting of the Arctic Sea ice caps. This has meant not only the contraction of the Canadian Arctic Archipelago and New Siberian Islands, but also the opening of inland waterways and the emergence of new zones, which may make new areas accessible to natural resource extraction. The likelihood that these mineral and energy resources will become reserves that can be developed will increase their desirability in the region, and their ownership will give a prominent strategic positioning to states in the region, in particular with regard to the depletion of energy resources.
The Arctic symbolises this interrelation between economic developments, the preeminence of national interests, the rights of indigenous communities, and environmental law and protection. When faced with climate change, we must therefore look at the place of standards, through the analysis of the interaction between the rationality of actors and normative behavior on the subject of environmental variables bound to regional security. The qualitative analysis of this cooperation involves not only a comprehensive overview of the state partnership program, but also of civil society and NGOs, as well as of established regional standards.  This analysis should also allow us to examine the effectiveness of the link between the rationality of stakeholders which is driven by state interests, and the regional environmental standards which are boosted by the regional realm, in order to determine whether one exists at the expense of the other.


Marie Hrabanski (Université de Montpellier 3, UMR ARTDEV, CIRAD), Cécile Bidaud (UMR GRED, IRD)

Entre norme imposée et transfert volontaire : réception des instruments de marché de la biodiversité à Madagascar et en France

Née dans l’arène scientifique anglo-saxonne (Costanza et al. 1997, Daily 1997) puis mise à l’agenda politique international via, notamment, l’exercice d’expertise internationale du Millennium Ecosystem Assessment (2005), la notion de service écosystémique est depuis devenue une référence de politique publique dans les politiques internationales et nationales de conservation (Pesche et al. 2012). La communication se propose de comparer la réception du concept de services écosystémiques et des instruments qui s’en réclament dans un pays développé, souvent présenté comme un Etat particulièrement interventionniste, la France, et un pays en développement, dont le PIB par habitant est un des plus bas au monde, Madagascar. En mobilisant l’analyse par les policy transfer studies (PTS), la communication interroge le rôle des Etats dans les transferts de politiques publiques internationales (Delpeuch 2009, Dezalay and Garth 2002, Dolowitz et al. 2000), Dolowitz and Marsh 1996 , Saurruger and Surel 2006, Bernstein and Cashore, 2012). La circulation des normes internationales questionne la souveraineté des Etats et leurs capacités à concevoir et mettre en œuvre leurs politiques environnementales. Les transferts sont plus ou moins volontaires, ce qui par conséquent fait de l’environnement une question particulièrement politisée. La communication s’intéresse également aux différents acteurs qui interviennent dans la réception d’une norme internationale de politique publique dans un pays en développement et un pays développé et analyse ainsi les dynamiques de politisation différenciées de ces acteurs.
 
Between imposed norms and voluntary transfers: receiving market-based instruments of biodiversity in Madagascar and France

The notion of “ecosystem services” has been developed since the 1970s in Anglo Saxon scientific arenas (Costanza et al. 1997, Daily 1997) and has been popularized with the Millennium Ecosystem Assessment-MA (2005). Since the MA, the topic of ecosystem services has become the main reference for international and national conservation policies. The paper aims to compare the reception of the concept of ecosystem services and his tools in France, a developed country which is known to be an interventionist state, and in Madagascar, a developing countries, whose GDP per capita is one of the lowest in the world. Using policy transfer studies (PTS), the paper examines the role of states in international public policy transfers (Delpeuch 2009, Dezalay and Garth 2002, Dolowitz et al., 2000, Dolowitz and Marsh 1996, and Saurruger Surel 2006, Bernstein and Cashore, 2012). The international transfer of norms questioned the sovereignty of States and their capacity to design and implement their environmental policies. Transfers are more or less voluntary that is why environment is a particularly politicized issue. The analysis also deals with the different actors involved in the reception of an international policy norms and instruments in a developing country and in a developed country, and analyzing the dynamics of these different actors politicization.



Tania Rodriguez (Université Paris-Diderot, Laboratoire SEDET, Université du Costa Rica)

Concepts hégémoniques dans la gestion de l’environnement : Le rôle de la coopération internationale dans la gestion des zones de frontières en Amérique Centrale

En Amérique Centrale la majorité des aires protégées, ainsi que les principaux réservoirs d’eau (bassins ou aquifères) sont localisés  sur les zones de frontières. L’importance environnementale de ces zones a fait qu’à partir de 1990 un nombre croissant d’initiatives de coopération visant à développer des projets de conservation et de gestion des écosystèmes partagés se sont mit en place.
Ces acteurs exogènes  (organismes de coopération internationale, des organismes multilatéraux (PNUD), des banques internationales (BID) ou des organisations non gouvernementales (Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), The Nature Conservancy (TNC), RUTA, entre autres), ont conçu une grande diversité de projets qu’on développé tout un discours qu’a introduit une série de concepts et méthodologies pour améliorer la gestion de ces régions périphériques et marginales. Concepts comme «  gestion intégré des ressources hydriques », « bassin hydrographique » « changement climatique » et « bonne gouvernance », sont dévennus de plus en plus fréquent dans les débats locaux.
Cette communication reprend les résultats de deux terrains réalisés entre 2011 et 2012 dans ce bassin transfrontalier du fleuve Sixaola s’écoulant vers la mer Caraïbe et marquant une partie de la frontière entre le Costa Rica et le Panama. On essayera d’ analyser les initiatives de coopération existantes, ainsi que l’importance accrue du rôle des acteurs exogènes dans la gestion de ces écosystèmes partagés. On montrera que ces zones marginales bénéficient largement de l’investissement des organismes internationaux  de coopération, bien que leur présence engendre aussi une importante dépendance vis-à-vis des ressources ou de l’appui technique des « experts ». Par la suite, on présentera comment ces organismes et ces ONG disposent d’une influence politique croissante à l’échelle locale, nationale et régionale. Pour finalement analyser le discours de ces acteurs, en insistant sur l’importance qu’ils donnent à des concepts comme la « bonne gouvernance », « gestion intégré des ressources hydriques » et « bassin hydrographique ». On essayera de mettre en question ces concepts, d’analyser comment les habitants des villages étudiés ainsi que les autorités locales les ont appropriés.

Hegemonic discourse in international cooperation for environmental conservation in Central American frontier regions : the case of the Sixaola River basin, between Costa Rica and Panama

In Central America, most protected areas, as well as the main water reservoirs (basins or aquifers) are located in frontier regions. Since the 1990’s, the envirnomental importance of these regions led to a growing number of cooperation iniciatives aimed at developing  conservation and management projects in shared ecocystems.  
These outside stake holders (international cooperation agencies, multilateral organisms (UNDP), international banks (IDB), or non-governmental organizations (IUCN, TNC, and RUTA), among others) conceived a great diversity of projects, at the same time developing a discourse that introduced a series of concepts and methodologies for improving the management of these peripheral and marginal regions. Concepts such as “integrated management of water resources”, “hydrographic basin”, “climate change” and “good governance” have become more and more frequent in local debates.
This article draws on two field work seasons carried out between 2011 and 2012 in the transborder Sixaola River basin, which flows into the Caribbean Sea and marks off a part of the border between Costa Rica and Panama. I will attempt to analyze existing cooperation initiatives and the increased importance of the role played by outside actors in the management of these shared ecosystems. I will show that these marginal regions benefit from international cooperation investment, at the same time that the presence of international organizations engenders an important dependence on “expert” resources or technical support. At the same time, I will show that these organisms and NGO’s have increasing political influence on a local, national and regional scale.
Finally, I will analyze the cooperation discourse, insisting on the importance given to concepts such as “good governance”, “integrated management of water resources” and “hydrographic basin”. I will try to question these concepts, analyzing the ways in which they have been appropriated by local people and authorities in the communities under study.


Participants

BIDAUD Cécile cecile.bidaud@graduateinstitute.ch
COMPAGNON Daniel d.compagnon@sciencespobordeaux.fr
DAVIDSHOFER Stephan Stephan.Davidshofer@unige.ch
GUERRIN Joana joana.guerrin@irstea.fr
HRABANSKI Marie marie.hrabanski@cirad.fr
MAERTENS Lucile lucile.maertens@sciences-po.org
MALLATRAIT Clémence clemence.mallatrait@u-psud.fr 
PFLIEGER Géraldine geraldine.pflieger@unige.ch
RODRIGUEZ Tania tanucha@gmail.com

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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27 rue Saint-Guillaume 75337 Paris Cedex 07 France
Téléphone : 01 45 49 77 51
Courriel : afsp@sciences-po.fr