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Section Thématique 23

Agendas publics et réactivité démocratique : une perspective comparée
Public Agendas and Democratic Responsiveness: A Comparative Perspective

Responsables

Isabelle ENGELI (Université d’Ottawa) isabelle.engeli@uottawa.ca
Emiliano GROSSMAN (Sciences Po / CEE) emiliano.grossman@sciences-po.fr

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Cette section thématique propose d’étudier dans une perspective comparée la réactivité démocratique (democratic responsiveness) des agendas publics. Dans quelle mesure est-ce que les gouvernements répondent aux attentes de citoyens ? Est-ce que les partis écoutent leurs électeurs ? Et qu’est-ce qui détermine la proximité relative entre citoyens-électeurs, l’Etat et les partis ? Depuis les travaux fondateurs de Page et Shapiro (1983) sur la réactivité démocratique aux préférences des citoyens, la recherche s’est progressivement éloignée d’une conceptualisation simplificatrice et quasi-mécanique de la réactivité démocratique à l’évolution de l’opinion publique pour investiguer plus en profondeur sous quelles conditions et de quelle manière les gouvernements répondent aux attentes, préférences et inquiétudes de leurs citoyens. Plus récemment, la recherche a appelé à une compréhension plus fine de la direction de l’effet de causalité qui permettrait de mieux rendre compte de l’aspect dynamique et interactionnel de la réactivité démocratique (Soroka et Wlezien 2010). Cela passe aussi par une meilleure compréhension des possibles intermédiaires, comme les partis politiques et les médias.

Cette section thématique se propose de continuer cette réflexion sur la réactivité démocratique en l’insérant dans une perspective plus large des agendas politiques et publics qui comprend, outre les gouvernements, d’autres institutions politiques telles que les parlements et les courts mais aussi les médias et les partis politiques. Plus particulièrement, cet atelier thématique se propose d’organiser deux séances articulées comme suit :

(1) Réactivité démocratique et agendas institutionnels : cette première séance s’attache à étudier dans une perspective comparée les mécanismes causaux sous-tendant la dynamique de la réactivité démocratique des agendas institutionnels tels que les exécutifs, les parlements et les courts. Quelle est l’évolution à travers le temps de la réactivité démocratique des agendas institutionnels ? Comment et dans quelles mesure la réactivité démocratique diffère-t-elle à travers les différents agendas institutionnels ? Existe-t-il des tendances dans la réactivité institutionnelle qui se retrouvent à travers les pays ?

(2) Réactivité démocratique et agendas partisans: cette deuxième séance se penche sur la dynamique de la réactivité des partis politiques. Comment les partis politiques réagissent aux changements dans l’opinion publique, Comment la réactivité partisane s’est-elle modifiée à travers le temps? Quel est l’impact des contraintes internes sur leur capacité à réagir ? Dans quelle mesure les partis politiques s’adaptent-ils aux changements contextuels versus maintiennent une stratégie d’issue ownership qui les poussent à se profiler électoralement sur leurs thèmes porteur respectifs ? Comment peut-on expliquer les similitudes et différences dans la dynamique de compétition électorale à travers les pays ?


To what extent do governments respond to citizens' expectations? When and how do political party pay attention to public concerns? How does public opinion impact on government’s issue attention and policy priorities?

Since the seminal work of Page and Shapiro (1983) on democratic responsiveness to citizens' preferences, research has gradually shifted away from mechanical conceptualization of public responsiveness to in-depth investigation of when, why and under what conditions governments respond to public priorities, preferences and concerns (Soroka and Wlezien 2010). These two panels aim to further develop this line of investigation on democratic responsiveness. The main goal is to integrate it into a broader political agenda perspective that includes governments, parliaments, courts, political parties and media.

Panel 1: Democratic responsiveness and institutional agendas
This first panel is dedicated to investigate in a comparative perspective the causal mechanisms underlying the dynamics of democratic responsiveness institutional agendas such as the executive, parliament and the courts. What is the evolution over time of the responsiveness of democratic institutional agendas? How and to what extent democratic responsiveness differ across institutional agendas?

Panel 2: Democratic Responsiveness, Party Competition and Media attention
This second panel focuses on political parties and media. How do political parties respond to changes in public opinion and media attention? To what extent do political parties adapt their electoral strategy to contextual changes or rather keep an issue-ownership strategy instead?


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 2 : 10 juillet 2013 14h-16h45
Session 3 : 11 juillet 2013 15h15-18h

Voir planning général...

Lieu : Batiment A (27 rue Saint-Guillaume), salle A 33


Programme

Axe 1 / Réactivité démocratique et agendas institutionnels

Président : Emiliano Grossman (Sciences Po / Centre d’études européennes)
Discutant : Jacques Gerstlé (Université Paris I)

Axe 2 / Réactivité démocratique et agendas partisans

Présidente : Isabelle Engeli (University of Ottawa)
Discutant : Sylvain Brouard (Spirit Sciences Po Bordeaux)


Résumés des contributions

Axe 1 : Réactivité démocratique et agendas institutionnels
Cette première séance s’attache à étudier dans une perspective comparée les mécanismes causaux sous-tendant la dynamique de la réactivité démocratique des agendas institutionnels tels que les exécutifs, les parlements et les courts. Quelle est l’évolution à travers le temps de la réactivité démocratique des agendas institutionnels ? Comment et dans quelles mesure la réactivité démocratique diffère-t-elle à travers les différents agendas institutionnels ? Existe-t-il des tendances dans la réactivité institutionnelle qui se retrouvent à travers les pays ?

Panel 1: Democratic responsiveness and institutional agendas
This first panel is dedicated to investigate in a comparative perspective the causal mechanisms underlying the dynamics of democratic responsiveness institutional agendas such as the executive, parliament and the courts. What is the evolution over time of the responsiveness of democratic institutional agendas? How and to what extent democratic responsiveness differ across institutional agendas?

Derek Epp, John Lovett, Frank R. Baumgartner (University of North Carolina at Chapel Hill)

A la recherche d’effets électoraux sur les dépenses publiques aux Etats-Unis

Nous examinons la structure des dépenses par les administrations présidentielles de 1948 à nos jours pour étudier l'impact des élections sur les dépenses. En partant de travaux antérieurs, nous attribuons les programmes de dépense fédéraux aux deux parties pour voir si les présidents allouent davantage de dépenses aux programmes associés à leur propre parti. Nous trouvons peu d’effets des dépenses liées aux élections et explorons davantage la robustesse de ces résultats en consultant a) les différentes périodes d'un mandat présidentiel (pour tester les effets d'apprentissage ou de lune de miel), b) gouvernement unifié et divisé; c) les plus fortes augmentations et les diminutions budgétaires au sein de chaque présidence, et d) l'ensemble des dépenses du gouvernement plutôt que de catégories de dépenses individuelles. Lorsque nous limitons notre attention aux dépenses « nationales discrétionnaires » (en éliminant les programmes obligatoires comme la sécurité sociale, et les dépenses de défense), on trouve un plus grand contrôle présidentiel. Cette catégorie de dépenses a, pourtant, diminué avec le temps,  et ne représente qu'une faible proportion du budget fédéral d'aujourd'hui. L'analyse est facilement réplicable dans d'autres pays disposant de données sur les dépenses par catégorie.

Searching for Election Effects in US Policymaking and Spending

We explore patterns of spending by presidential administrations from 1948 to present to investigate the impact of elections on spending. Based on previous studies, we allocate federal spending programs to the two parties to see if presidents allocate more spending to those programs associated with their own party. We find few spending effects related to elections and further explore the robustness of these findings by looking at: a) different periods of a president’s term (to test for learning or honeymoon effects); b) unified and divided government; c) only the largest budget increases and decreases within each presidency; and d) the overall size of government rather than individual spending categories. When we constrain our attention to “domestic discretionary” spending (eliminating mandatory programs such as Social Security, and defense spending), we find greater presidential control. This category of spending has been declining over time, however, and represents only a small proportion of the federal budget today. The analysis is easily replicated in other countries with spending data by category.


Stefaan Walgrave (Université d’Anvers)

Le traitement de l’information par des acteurs politiques individuels

Cette contribution propose d'aborder l'énigme du comportement politique individuel du point de vue du traitement de l'information. L'idée centrale est que les acteurs politiques-parlementaires, ministres, chefs de parti, etc- sont exposés quotidiennement à de grandes quantités d'informations sur les problèmes politiques et sociaux (et les solutions possibles). Pour comprendre comment ils agissent, et pourquoi ils agissent comme ils le font, nous affirmons qu'il est essentiel de comprendre ce que les différents acteurs politiques font des signaux de la société: à quelles informations ils prêtent leur attention, ce qui est ignoré et ne conduit pas à une réaction politique. Comme les acteurs individuels rencontrent des limites cognitives, ils traitent l'information d’une façon non-proportionnelle. La tension entre une demande sociétale infinie et une disponibilité limitée de ressources du côté des acteurs politiques individuels est une caractéristique clé du comportement de représentation des acteurs individuels.
Le but de cet article est de développer une théorie de l'acteur intégrée du traitement de l'information des différents acteurs politiques.
Le traitement de l'information est composé de trois étapes: les acteurs sont exposés à l'information, ils prêtent attention aux informations, et ils agissent en fonction de l'information. Ces trois étapes ne sont pas toujours consécutives et ne se produisent dans un ordre fixe. Les déterminants du traitement de l'information sont des caractéristiques de l'expéditeur de l'information (par exemple, les médias ou les groupes d'intérêt), les caractéristiques du message lui-même (par exemple, le ton négatif ou positif de l'information), et des caractéristiques du récepteur de l'information (par exemple, elle est spécialisée dans la question spécifique ou non). Bien sûr, les acteurs politiques individuels ont des préférences personnelles (par exemple, ils défendent les intérêts des travailleurs) et ils sont intégrés dans les institutions (par exemple, leur parti ne peut être strict ou tolérant face aux comportements individuels) et ces facteurs déterminent aussi le triangle exposition-attention-action.
Pour construire cette théorie, l'étude s'appuie sur trois groupes de travaux dans la littérature scientifique. La théorie de l’agenda-setting a pour variable dépendant l’attention politique ; sa focale sur la « friction » cognitive et institutionnelle sont très utiles pour expliquer pourquoi l’attention des acteurs politiques est ponctuée et irrégulière, mais jusqu’à présent la théorie n’a été appliquée qu’à des institutions et non pas à des individus. L’approche par la rationalité limitée constitue un point de vue théorique classique partant des limites cognitives des individus dans le traitement de l'information. Elle nous a appris beaucoup de choses sur les citoyens, mais encore une fois elle n'a pas été beaucoup utilisé en ce qui concerne les politiciens et on ne sait pas dans quelle mesure les politiques sont plus ou moins affectés par les limites cognitives. Les travaux sur la représentation forment une troisième source d'inspiration, dans la mesure où ils sont au centre de notre question : représenter la société. Mais ces études n'ont pas mis l'accent sur l'information et la plupart des travaux se limite à l’étude des partis.

Information-processing by individual political actors

The paper proposes to tackle the puzzle of individual political behavior from the perspective of information processing. The core idea is that political actors—parliamentarians, ministers, party leaders etc.—are exposed to large amounts of information about societal problems (and potential solutions) on a daily basis. To understand how they act, and why they act as they do, we claim it is essential to understand how individual political actors deal with these signals from society: which information is paid attention to, what is ignored and does not lead to any political act. Since individual actors have cognitive limitations, they process information in a in non-proportional way. The tension between an infinite demand from society and a limited availability of resources at the side of the individual political actor is a key characteristic of individual actors’ representation behavior.
The goal of the paper is to develop an integrated actor theory of information-processing of individual political actors.
Information-processing consists of three steps: actors are exposed to information, they attend to information, and they act on information. These three steps are not always consecutive nor do they occur in a fixed order. The determinants of information-processing are features of the sender of the information (eg. media coverage or interest groups), features of the message itself (eg. is the tone of the information negative or positive), and of features of the receiver of the information (eg. is she specialized in or responsible for specific issue or not). Of course, individual political actors have personal preferences (eg. they defend the interests of the workers) and they are embedded in institutions (eg. their party can be strict or tolerant when it comes to individual behavior) and these factors as well determine the exposure-attention-action triangle.
To build this theory, the study draws on three streams of work in the broad research literature. Agenda-setting theory has political attention as its main dependent variable; its concepts of cognitive and institutional friction are helpful to explain why attention by political actors is punctuated and irregular, but the theory has so far only been applied to institutions not individuals. Bounded rationality is a classic theoretical perspective departing from the cognitive limitations of individuals in dealing with information. The perspective has taught us a lot about individual citizens, but again it has not been used a lot regarding politicians and it is unclear to what extent politicians are more, or less, affected by cognitive flaws. Representation studies form a third source of inspiration as these deal with what we are talking about, representing society. But these studied have not focused on information and most work has been dealing with the party-level.


Renaud Dehousse (CEE, Sciences Po) et Nicolas Monceau (Université Montesquieu - Bordeaux 4 et Sciences Po)

La réactivité démocratique de l'agenda politique de l’Union européenne

Si de nombreuses études ont été consacrées à la réactivité démocratique dans un cadre national, notamment aux Etats-Unis, très peu semblent cependant s’être penchées sur la question de la réactivité démocratique du « gouvernement » européen.
Dans quelle mesure l’agenda institutionnel de l’UE, et plus particulièrement les agendas de la Commission et du Parlement, prennent en compte les attentes des citoyens ? Peut-on observer une évolution dans le temps de la réactivité démocratique de l’UE et si oui, dans quels domaines ? Comment expliquer les convergences, ou au contraire les décalages, entre les priorités communautaires en termes de politiques publiques et les préférences des citoyens ?
Afin de répondre à ces questions, la démarche entreprise conduira ici à identifier les priorités de l’agenda institutionnel de l’UE à partir de plusieurs indicateurs puis de les comparer avec les priorités définies par les citoyens européens. L’accent sera plus particulièrement mis sur l’ « exécutif » européen à travers le rôle de la Commission européenne. Parmi les indicateurs pris en considération, figureront notamment la production législative et le budget européen. Les enquêtes d’opinion, en particulier les Eurobaromètres, seront également utilisées.

The democratic responsiveness of the political agenda of the European Union

While many studies have been devoted to democratic responsiveness within a national framework, especially in the US, very few indeed seem to have addressed the issue of the democratic responsiveness of the European government.
To what extent the institutional agenda of the EU, and particularly those of the Commission and Parliament, take into account the expectations of citizens? Can we observe a change over time of the democratic responsiveness of the EU and if so, in what areas? How to explain the similarities, or, to the contrary, the distance between Community priorities in terms of public policy and citizens' preferences?
To answer these questions, we will identify the priorities of the EU's institutional agenda from several indicators and compare them with the priorities set by the European citizens. Particular emphasis will be placed on the European "executive" through the role of the European Commission. We will look at several indicators, including the legislative production and the EU budget. Opinion surveys, in particular Eurobarometer, will also be used.


Laura Morales (University of Leicester)

Quand est-ce que les gouvernements répondent à la pression du public en période non-électorale? Un cadre théorique et analytique

Dans quelle mesure les gouvernements démocratiques sont-ils sensibles aux demandes et aux préférences des citoyens entre les élections? Est-ce que les gouvernements sont davantage susceptibles de répondre à l'expression de l'opinion publique capturée par les sondages ou plutôt à la négociation collective et l'opinion publiquement exprimée - généralement sous la forme de protestations? Qu'arrive-t-il lorsque ces deux formes d'expression de l'opinion publique sont en contradiction flagrante? Est-ce que certaines configurations institutionnelles et politiques sont plus susceptibles de rendre les gouvernements davantage réceptifs aux points de vue des citoyens en période non-électorale? Cette contribution propose un cadre théorique et analytique pour guider l'analyse empirique de la réactivité gouvernementale à des expressions différentes et parfois contradictoires des préférences du public. Le papier examine tout d'abord les attentes théoriques concernant l'effet d'un certain nombre de facteurs sur la réactivité gouvernementale: des hypothèses comportementales relatives aux acteurs gouvernementaux, la distribution des préférences du public, la forme et les conséquences d’initiatives d’action collective, le type de problèmes et de domaine de politiques publiques ainsi que la configuration institutionnelle du système politique. Avec ces hypothèses à l'esprit, la deuxième partie du papier présente un ensemble de modèles formels de la dynamique des interactions entre les gouvernements, différentes expressions de l'opinion publique et le cadre institutionnel. Ces modèles proposent un éventail de résultats possibles qui peuvent être liés aux principales hypothèses théoriques en relation avec les variables mentionnées ci-dessus, en vue d'évaluer l'utilité de ces modèles avec des données empiriques dans des recherches futures.

When do governments respond to the pressures of the public between elections? A theoretical and analytical framework

To what extent are democratic governments responsive to citizens’ demands and preferences between elections? Are governments more likely to be responsive to the expression of public opinion through surveys or to collective and publicly voiced opinion – generally in the form of protests? What happens when both forms of expression of the public mood are in clear contradiction? Are certain institutional and political configurations more likely to make governments more responsive to citizens’ views between elections? This paper proposes a theoretical and analytical framework to guide the empirical analysis of governmental responsiveness to different (and sometimes contradictory) expressions of the preferences of the public. The paper first discusses the theoretical expectations about the effect of a number of factors on governmental responsiveness: behavioural assumptions in relation to governmental actors, distribution of preferences of the public, form and following of collective action initiatives, type of issue and policy domain affected, and institutional configuration of the political system. With these theoretical expectations and assumptions in mind, the second part of the paper delineates a set of formal agent-based models of the dynamics of interaction between governments, different expressions of the public opinion and the institutional setting. These models provide a range of likely outcomes that can be linked to the core theoretical hypotheses in relation to the aforementioned variables, with a view of assessing the usefulness of these models with empirical data in subsequent research.



Axe 2 : Réactivité démocratique et agendas partisans
Cette deuxième séance se penche sur la dynamique de la réactivité des partis politiques. Comment les partis politiques réagissent aux changements dans l’opinion publique, Comment la réactivité partisane s’est-elle modifiée à travers le temps? Quel est l’impact des contraintes internes sur leur capacité à réagir ? Dans quelle mesure les partis politiques s’adaptent-ils aux changements contextuels versus maintiennent une stratégie d’issue ownership qui les poussent à se profiler électoralement sur leurs thèmes porteur respectifs ? Comment peut-on expliquer les similitudes et différences dans la dynamique de compétition électorale à travers les pays ?

Panel 2: Democratic Responsiveness, Party Competition and Media attention
This second panel focuses on political parties and media. How do political parties respond to changes in public opinion and media attention? To what extent do political parties adapt their electoral strategy to contextual changes or rather keep an issue-ownership strategy instead?

Raul Magni Berton (Université de Grenoble, IEP, PACTE) et Sophie Panel (Université de Heidelberg)

Stratégiques ou naïfs ? Impact de l’opinion publique sur les programmes des partis politiques en Europe

Le papier analyse le poids de l’opinion publique sur les programmes politiques lors des élections parlementaires dans les pays européens. Il s’agit de déterminer si les programmes reflètent l’idéologie des leaders des partis, ou alors ils s’adaptent davantage aux évolutions de l’opinion publique.
Concernant cette dernière idée, deux hypothèses sont testées : premièrement, les programmes varient d’une élection à l’autre en fonction de l’évolution de l’opinion de l’électeur médian (Ezrow 2007, Ward et al. 2011). Deuxièmement, ils varient d’une élection à l’autre en fonction de l’opinion de l’électeur médian parmi les électeurs susceptibles de voter pour le parti. Troisièmement, ils varient en fonction de l’opinion du militant médian (Schofield 2007).
Il s’agit là de trois hypothèses classiques de type stratégique, avec des mécanismes différents.
Pour tester l’hypothèse de la « naïveté » selon laquelle les programmes reflètent les idées et les priorités des leaders des partis, nous utilisons la stratégie de Gillens (2005) : evaluer dans quelle mesure les programmes reflètent les opinions de ceux qui partagent le même profil sociodémographique que les leaders des partis. Cela dépend des pays et des époques, mais ils sont généralement âgés, de sexe masculin, nationaux et avec des hauts revenus.
Les données utilisées proviennent des Eurobaromètres Standard (pour mesurer l’opinion publique) et du Manifesto Project (en ce qui concerne les programmes politiques).
Dans les deux cas, nous avons accès aux priorités à partir d’une liste d’enjeux assez classique (chômage, insécurité, système de santé, immigration etc.). Nous ne testons donc pas la congruence entre programmes et opinions au niveau des solutions, mais au niveau du choix des problèmes posés. La période analysée va de 1990 à 2005 et porte sur un nombre de pays européens maximal, non encore déterminé.

Strategic or naive? The impact of public opinion on the programs of political parties in Europe.

The paper analyzes the weight of public opinion on the political agenda during parliamentary elections in European countries. This is to determine whether the programs reflect the ideology of the party leaders or if they adapt to changes in public opinion. Regarding this last idea, two hypotheses are tested: first, the programs vary from one election to another, depending on the evolution of the views of the median voter (Ezrow 2007, Ward et al. 2011). Second, they vary from one election to another, depending on the views of the median voter among voters likely to vote for the party. Third, they vary according to the opinion of the militant median (Schofield 2007).
This is three standard assumptions of strategic type, with different mechanisms.
To test the hypothesis of "naivety" that programs reflect the ideas and priorities of party leaders, we use Gillen’s strategy (2005): see if the programs reflect the opinions of those who have the same socio-demographic profile than party leaders. It depends on the countries and periods, but they are generally older, male, and with senior national income.
We use data come from the standard Eurobarometer (to measure public opinion) and the Manifesto Project (regarding political agendas).
In both cases, we have access to the priorities from a list of rather classical issues (unemployment, insecurity, health care, immigration etc.).. Therefore we have not tested for the congruence between programs and opinions at the solutions, but for choice of problems. We examine data for a period ranging from 1990 to 2005 and will cover as great a number of European countries as possible.


Christopher Green-Pedersen & Peter Mortensen (Université d’Aarhus)

Type de gouvernement et agendas gouvernementaux par enjeux

Le but de ce papier est d'intégrer des variables comparatives traditionnelles dans les travaux sur la mise sur agenda et sur la concurrence entre enjeux (issue competition). Plus particulièrement, nous examinons comment la nature des coalitions gouvernementales influence l’agenda par enjeux du gouvernement. Comment est-ce que l’agenda gouvernemental est influencé par le nombre de partis au sein du gouvernement ? Est-ce que la distance idéologique entre les partis membres du gouvernement affecte l’agenda gouvernemental par enjeux? Les questions de recherche seront analysées en utilisant une grande quantité de données danoises sur les agendas gouvernementaux, les programmes partisans et les coalitions de gouvernement entre 1953 à 2007.

Government type and Government Issue Agendas

The aim of this paper is to integrate more traditional comparative political variables into the study of agenda setting and issue competition. More particularly, we look at how the nature of government coalitions influences the government issue agenda. How is the government issue agenda influenced by the number of parties in government and does the ideological distance between government parties matter to the government issue agenda? The research questions will be analyzed by utilizing a large Danish data set on government agendas, party manifestoes and government coalitions covering the period from 1953 to 2007.

Caterina Froio (EUI)

La politique de contraintes. La dynamique du changement politique entre les préférences et les contraintes en France, Espagne et Royaume-Uni (1980-2009)

L'une des missions de la science politique est d'expliquer pourquoi certains résultats politiques se produisent et quels sont les facteurs / acteurs qui en sont responsables. La compréhension de ces processus est essentielle pour mesurer la qualité de la démocratie (Manin, 1995), pour étudier la manière dont les parlements fixent leurs objectifs politiques (Rasch et Tsebelis 2009), et pour analyser les changements et la stabilité dans les politiques gouvernementales (Baumgartner et Jones 2005).
Traditionnellement, la littérature sur "Est-ce que la politique compte ?" (Does politics matter ?) suggère d’examiner les dépenses du gouvernement et leur caractère partisan. Cependant, cette approche s’avère insuffisante, dans la mesure où les politiques gouvernementales ne se limitent pas aux dépenses. Le gouvernement peut réaliser d'importants changements dans le domaine juridique ou dans la politique réglementaire, ou, encore, dans les relations internationales (comme adhérer à l'UE) qui n’affectent pas sensiblement les dépenses.
Les limites de cette branche de la recherche ont été soulignées par Kitschelt (2007) qui a fait valoir que les partis ne peuvent pas manipuler facilement les politiques, puisque d'autres contraintes peuvent limiter leur marge de manœuvre et empêcher tout changement politique. Dans la première partie de cet article, je passe en revue la littérature existante sur le changement politique et de plaide en faveur d'une approche de type agenda-setting. Cette dernière permet de rendre compte des préférences partisanes et des contraintes dans la mise en œuvre des politiques, telles que les processus de l'élaboration des politiques ou des événements imprévus et externes (Adler, Wilkerson 2012).
Finalement, je teste ce modèle théorique sur la France, l'Espagne et Royaume-Uni entre 1980 et 2009 en utilisant les données du Comparative Agendas Project sur l'activité législative, les programmes partisans, les médias et l'opinion publique.

The politics of constraints. The dynamics of policy change between preferences and constraints  in France, Spain and United Kingdom (1980-2009)

One of the tasks of political science is to explain why certain policy outputs occur and which factors/actors can be considered responsible for it. The understanding of these processes is crucial for measuring the quality of democracy (Manin 1995), for the study of how parliaments set their policy goals (Rasch and Tsebelis 2009), and for the study of changes and stability in government policies (Baumgartner and Jones 2005).
Traditionally, the “Do politics matter?” literature suggests to check how the central government divides its budget between different areas of expenditure according to its partisanship. However, this approach is not sufficient, since expenditure is not all there is to policy. The government can make important changes in the legal sphere, or in regulatory policy, or in international relations (like joining the EU) without sensibly affecting spending.
The limitations of this branch of research have been pointed out by Kitschelt (2007) who argued that parties cannot easily manipulate policies since other constraints may limit their marge of maneuverability and influence policy change. In the first section of this paper I review the existing policy change literature and argue for an agenda-setting approach to the study of policy change. The agenda approach allows to account for partisan preferences and constraints in policy implementation, such as the routine of the policymaking, or unexpected and external events (Adler, Wilkerson 2012).
Finally, I test this theoretical model on France, Spain, and United Kingdom between 1980 and 2009 using Comparative Agendas Project data for legislative activity, party manifestos, media stories and public opinion.


Simon Persico (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Sciences-Po)

La réactivité démocratique des grands partis gouvernementaux vis-à-vis de l’environnement : démêler la tendance de fond des fluctuations conjoncturelles

Cette communication s’appuie sur les résultats du travail de thèse réalisé par l’auteur sur le traitement des questions d’environnement par les grands partis de gouvernement, en France et au Royaume-Uni. Elle s’attachera à démontrer le lien existant entre les fluctuations de l’opinion vis à vis de l’environnement, considéré comme un enjeu unique, d’une part, et la présence de cet enjeu sur l’agenda des grands partis de gouvernement (partis dont un représentant a obtenu le poste de chef de gouvernement au moins une fois dans la période contemporaine). En cela, cette communication s’inscrit directement dans la deuxième partie de la section thématique portant sur « la réactivité démocratique et les agendas partisans ».
Appliquer le questionnement de la réactivité démocratique des partis établis à un enjeu qui ne fait pas partie des enjeux structurant les systèmes partisans paraît particulièrement fructueux. En effet, s’il n’existe pas d’issue ownership d’un grand parti de gouvernement sur l’environnement – cet issue ownership appartient a priori aux partis écologistes –, cela n’empêche pas le fait que l’environnement soit parfois considéré comme important par l’opinion publique, obligeant par là-même les partis établis à s’en saisir, dans un processus qualifié d’issue uptake. Tout l’enjeu est alors de déterminer dans quelles conditions s’opère cette influence de l’opinion publique.
L’hypothèse principale de ce travail est la suivante : il existe un lien général mais faible entre le niveau de souci pour l’environnement dans l’opinion publique et la saillance de l’enjeu environnemental dans les programmes des partis dominants. Cela étant, cette hypothèse générale doit être spécifiée. (1) Des évolutions brutales dans l’opinion publique à proximité des élections sont plus à même d’entraîner des évolutions dans les agendas partisans dans un sens similaire – et ce, quelque soit le niveau général. (2) La force, présumée ou réelle, et le pouvoir de nuisance du parti écologiste à l’approche d’une élection – en terme de stratégie de coalition, ou d’obtention de sièges – auront également une influence particulière sur les agendas des grands partis de gouvernement.
Cette communication, qui se fondera sur l’analyse des programmes de quatre partis (PS et UMP en France, Travaillistes et Conservateurs au Royaume-Uni) lors de 13 élections législatives (de 1981 à 2007 en France, de 1983 à 2010 au Royaume-Uni) ne pourra pas aller loin dans l’usage de l’inférence statistique. Elle mettra toutefois en évidence de manière qualitative les liens existants entre opinion publique et agendas partisans, grâce à l’usage de deux bases de données quantitatives :
- Pour la mesure de l’évolution l’agenda des grands partis de gouvernement, nous utiliserons la part consacrée par chaque parti à l’environnement lors de chaque élection dans son programme électoral – données tirées du Comparative Agendas Project.
- Pour la mesure de l’évolution de l’opinion publique, nous utiliserons un « indice longitudinal de préférence » (public mood), en suivant la méthodologie développée par James Stimson, qui synthétise les évolutions de l’opinion sur l’environnement à partir de plusieurs questions posées de manière régulière dans les deux pays.

The responsiveness of major democratic government parties vis-à-vis the environment: disentangling underlying trend from short-term fluctuations

This paper is based on the results of a PhD work on the importance of environmental issues for major government parties in France and the UK. It will seek to demonstrate the link between the fluctuations of opinion with regard to the environment, considered as a single issue, on the one hand, and the presence of this issue on the agenda of big government parties (i.e. parties who obtained prime ministership at least once in the contemporary period). This paper is thus directly related to the second panel of the thematic section on "democratic responsiveness and agendas supporters."
Questioning the democratic responsiveness of established parties on an issue that is not a fundamental divide of party systems seem particularly fruitful. Indeed, if there is no issue ownership by a large government party – the environmental issue belongs a priori to the Green parties - this does not prevent the environment from being sometimes considered as important by the public, thereby forcing the established parties to seize it, in a process termed “issue uptake”. The challenge is to determine under what conditions this type of public-opinion effect occurs.
The main hypothesis of this work is as follows: there is a general link between the level of concern for the environment among the public and the salience of the environmental issue in the party programs of the dominant parties. However, this general hypothesis must be qualified: (1) sudden changes in public opinion in the run-up to elections are more likely to lead to changes in the partisan agendas. (2) The strength, alleged or actual, and the power to harm of the Green party as elections approach - in terms of strategy coalition, or obtaining seats - will also have a an influence on the agendas of major parties of government.
This contribution, which will be based on the analysis of programs for four parties (PS and UMP in France, Labour and Conservatives in the UK) in 13 elections (1981 and 2007 in France, from 1983 to 2010 in the United Kingdom) will not go far in the use of statistical inference. It will, however, demonstrate the links between public opinion and partisan agendas through the use of two quantitative databases:
- To measure the agenda of the major government parties, we will use the relative attention dedicated by each party in each electoral program to environmental issues - data comes from the Comparative Agendas Project.
- To measure the evolution of public opinion, we use a "longitudinal index of preferences" (public mood), following the methodology developed by James Stimson, which summarizes the changes in public opinion on the environment from several questions on a regular basis in both countries.


Isabelle Engeli (University of Ottawa) et Emiliano Grossman (Sciences Po / Centre d’études européennes)

Clivages, institutions et réactivité

Quand est-ce que les gouvernements répondent aux attentes des citoyens? Notre réponse est qu'il le fera s’il a quelque chose à y gagner. Cette réponse doit être décomposée en plusieurs éléments. Les gouvernements adoptent des mesures dans l’intérêt de leurs électeurs à l’approche des élections et ceci afin de leur rappeler la proximité de leurs positions. Pourtant, les partis ne recourent en principe à ce type de « repérage » (cueing) que s'il y a un clivage réel sur une question particulière. Même si cela est le cas, cependant, les partis peuvent ne pas être libres d'utiliser l’agenda gouvernemental à leur guise pour envoyer des signaux aux électeurs. La présence d’un gouvernement de coalition ou le degré de polarisation au sein du gouvernement devrait rendre cette tâche plus difficile. Enfin, les règles institutionnelles peuvent limiter l'autonomie du gouvernement pour recourir à une mise sur agenda stratégique.
Selon nos hypothèses, des gouvernements à parti unique dans les pays avec peu de points de veto et une « clarté de responsabilité » élevée sont les plus susceptibles de réussir à recourir à l'établissement du programme stratégique sur les questions de clivage fort. Au contraire, les partis au sein des gouvernements de coalition dans les pays ayant un nombre élevé de points de veto sont beaucoup moins susceptibles d'utiliser les pouvoirs de définition du programme stratégique.
Nous allons tester l'existence d’une mise sur agenda stratégique en confrontant deux grands ensembles de données comparatives. Nous nous appuierons sur les données du Comparative Manifestoes Project (CMP) pour identifier les clivages et les conflits entre les partis gouvernementaux potentiels sur une série de questions. Nous allons ensuite confronter les informations recueillies avec les données sur l'établissement du programme législatif du Projet Agendas Comparatif (CAP) de plusieurs pays.

Cleavages, institutions and responsiveness

When will governments respond to citizens’ demands? Our tentative answer is that they will if there’s something to gain from responding. This in turn has to be broken down into several elements. Partisan governments will adopt measures that appeal to their voters when elections are close and thus their voters need to be reminded of the closeness of positions. Yet, parties should only resort to this type of cueing if there is an actual cleavage on a particular issue. Even if there is, however, parties may not be free to use the governmental agenda to send cues to voters. Coalition government and the degree of polarization within government should make this more difficult. Finally, institutional rules may limit the government’s autonomy to use the agenda strategically.
According to our expectations, single party governments in countries with few veto points and high clarity of responsibility are the most likely to successfully resort to strategic agenda-setting on strong-cleavage issues. To the contrary, parties within coalition governments in countries with a high number of veto points are a lot less likely to use agenda-setting powers strategically.
We will test for the existence of strategic agenda-setting by confronting two major comparative datasets. We will build on the Comparative Manifestoes Project (CMP) dataset to identify cleavages and conflicts among potential government parties on a series of issues. We will then confront the information gathered with data on legislative agenda-setting from the Comparative Agendas Project (CAP) from several countries.


Participants

BAUMGARTNER Frank R. frank.r.baumgartner@gmail.co
BROUARD Sylvain s.brouard@sciencespobordeaux.fr
DEHOUSSE Renaud renaud.dehousse@sciences-po.fr
ENGELI Isabelle isabelle.engeli@uottawa.ca
EPP Derek derekepp@email.unc.edu
FROIO Catarina Caterina.Froio@EUI.eu
GERSTLÉ Jacques jacques.gerstle@sfr.fr
GREEN-PEDERSEN Christopher cgp@ps.au.dk
GROSSMAN Emiliano emiliano.grossman@sciences-po.fr
LOVETT John jllovett@email.unc.edu
MAGNI BERTON Rau, raul.magniberton@iepg.fr
MONCEAU Nicolas nicolas.monceau@u-bordeaux4.fr
MORALES Laura lm254@leicester.ac.uk
MORTENSEN Peter B. Peter@ps.au.dk
PANEL Sophie sophiepanel@hotmail.fr
PERSICO Simon simpersico@yahoo.fr
WALGRAVE Stefaan stefaan.walgrave@ua.ac.be

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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