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Section Thématique 24

Un retour des meetings électoraux ? Les meetings dans la campagne présidentielle : dispositifs, acteurs et publics
A return of election rallies? Political rallies in the presidential campaign: devices, actors and publics

Responsables

Ludivine Balland (LaSSP, IEP Toulouse) ludivine.balland@gmail.com
Paula Cossart (CeRIES, Lille III, Institut Universitaire de France) cossart.paula@free.fr
Élise Cruzel (IEP Toulouse, LaSSP) elise.cruzel@gmail.com

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Les meetings ont constitué un enjeu majeur de la campagne et de son traitement médiatique. Ce dernier s’est largement fait autour de la thématique du rapport de force entre candidats, mais aussi du renouvellement de cette forme traditionnelle de mobilisation électorale – quand les meetings se tiennent en plein air, par exemple, ou quand ils touchent des participants à distance, via la retransmission par les chaînes d’information en continu, internet, les réseaux sociaux. Si les formes, l’organisation, les enjeux varient, ces meetings ont en commun de représenter dans l’espace public la dynamique d’un parti ou candidat, leur capacité à mobiliser, voire à convaincre, et de refléter un possible état des rapports de force. La ST vise à interroger cette technique de mobilisation, qui permet de croiser les regards disciplinaires pour revisiter certains objets classiques de la science politique : les discours, la division du travail politique, la professionnalisation, le militantisme, la politisation, etc. Il s’agira de se demander ce que les meetings nous apprennent des transformations politiques contemporaines, et en particulier ce qu’ils « font » aux élections.
La croyance des acteurs politiques, militants, médiatiques, dans les effets du meeting est sans doute un des éléments les plus visibles – en même temps qu’un frein à l’analyse. Elle est en partie liée à leur progressive focalisation autour d’une personnalité politique ; l’éloquence et la théâtralisation du dispositif seraient alors les clefs de sa réussite : le meeting est censé illustrer la force d’un candidat et de son parti. Les discours y sont centraux – et la parole et les arguments, disséqués. Qui a parlé et pour dire quoi ? Avec quels effets ? Participant à une forme de mythification du candidat, les meetings font alors appel à un « travail émotionnel » (Hotchschild) de la part de participants : la quête de la mobilisation des affects y est souvent cruciale. Pour autant la compréhension du meeting ne saurait se résumer à cette dimension. Il peut ainsi aussi être vu, entre autres, comme un moyen de réassurance pour les militants, alimentant les raisons de soutenir un candidat, un moment de sociabilité.
Plus largement, que sait-on précisément de cette technologie politique, de son organisation comme de ses enjeux ? Que s’y passe-t-il en pratique entre les participants et le ou les orateur(s), ou à ses marges, du côté des organisateurs ? Quelles sont les motivations des individus qui s’y déplacent ou les suivent à distance ? Il faut alors se demander comment le chercheur peut circonscrire le meeting : déterminer son début et sa fin. Le meeting est-il simplement le moment réunissant orateurs et public dans une salle ? Cette conception rejoindrait en partie sa vision journalistique comme évènement médiatique. Il convient d’élargir la focale au travail en amont de préparation et mobilisation des soutiens. Le choix d’un lieu, son agencement, sa décoration, la musique, l’entrée du candidat, etc., ne sont pas anodins. Ils nous livrent des représentations du lien entre le candidat et ses publics, mais aussi de l’incarnation politique, de la figure présidentielle qu’on veut construire. Il faudra dans cette perspective regarder aussi l’après meeting : depuis les occasions festives qui le suivent parfois, jusqu’à ses retombées médiatiques. On doit considérer le meeting comme un processus plus que comme un événement ; et il ne prend aussi tout son sens qu’en relation aux autres meetings tenus par le candidat et par ses adversaires.
La première session portera sur le meeting comme dispositif. Il s’agira d’abord de s’interroger sur ses différents temps. Que se passe-t-il avant, pendant et après un meeting ? Quel est le rôle dévolu dans son organisation aux militants locaux et aux équipes nationales ? On s’intéressera aussi aux dispositifs médiatiques. Quelle est la place attribuée aux journalistes et quel est leur rôle ? Quels sont les rapports des organisateurs avec les réseaux sociaux ? Comment sont relatés les meetings dans les médias ?
La deuxième session se centrera sur les publics, divers, des meetings. Pour ce faire, nous voudrions partir de la question des dispositifs d’enquête – par exemple, mais pas seulement, à partir de l’expérience de la recherche des membres du groupe SPEL (Sociologie Politique des Élections). Quels sont les outils les plus appropriés pour étudier les meetings ? Comment (et peut-on) saisir les affects, les émotions, des participants ? Mais l’essentiel sera de réfléchir à ce que sont les participants aux meetings. Peut-on identifier des différences entre eux, établir des profils-type ? Et quelles perceptions des participants ressortent des dispositifs, des discours ?


Political rallies were a major issue in the last presidential campaign and its media coverage. The latter has largely been centered on the theme of the balance of forces between candidates, but also on the renewal of this traditional form of electoral mobilization – when meetings are held in the open air, for example, or when they touch remote participants through retransmission by continuous news channels, internet and social networks. If the forms, the organization and challenges vary, these meetings have in common to represent in public spaces the dynamics of a party or candidate, their ability to mobilize, or persuade, and to reflect a possible state of strength ratios. The present workshop aims to examine this mobilization technique, which allows for intersection of different discipline views in order to revisit some classic objects of political science: speeches, division of political work, professionalization, activism, politicizing, etc. This will involve questioning about what the rallies reveal about contemporary political transformations, and in particular what they “do” to elections.
The first session will focus on the rally as a device. First of all its different times will be considered. What happens before, during and after a rally? What is the role in its organization of local activists and national teams? We will also look at media devices. What is the place assigned to journalists and what is their role? What is the relationship of the organizers with social networks? How the rallies are reported in the media?
The second session will focus on the various publics. To do this, we would like to start from the question of ways to investigate – for example, but not only, considering the research experience of members of the SPEL (Political Sociology of Elections) group. What are the most appropriate tools to study political rallies? How (and can we) seize the emotions of the participants? But the more important will probably be the questioning about who are the participants in meetings. Can we identify differences between them, establish profiles? And what kind of participants’ perceptions emerge from the devices, from the speeches?


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : 9 juillet 2013 14h-16h45
Session 2 : 10 juillet 2013 14h-16h45

Voir planning général...

Lieu : Bâtiment B (56 rue des Saints-Pères), salle B404


Programme

Axe 1 / Formes et usages pluriels du dispositif « meeting »

Discutante : Hélène Combes (CNRS, CERI)

Axe 2 / Publics et médias : les destinataires des meetings

Discutante : Brigitte Le Grignou (Université Paris IX, IRISSO)


Résumés des contributions

Carolina Rossini (Université de Lausanne, Institut d'études politiques internationales), Zoé Kergomard (Université de Fribourg, Departement Historische Wissenschaften)


Les meetings dans la Suisse de l’après-guerre : le cas du Parti socialiste suisse
 
Représentation par excellence du lien entre un ou des candidat(s) et ses électeurs, le meeting a encore été peu étudié en Suisse. Pourtant, tout comme en France, les meetings en Suisse semblent s’être bien plus renouvelés que marginalisés. Cette présentation choisit comme cas d’étude des campagnes électorales suisses entre 1947 et 2007, et vise à interroger le dispositif « meeting » dans l’utilisation qu’en a fait le Parti socialiste suisse (PSS) durant cette période. De par notre accent sur les acteurs, notre présentation porte moins sur l’efficacité du meeting pour l’issue de l’élection, que sur le rôle et les diverses fonctions que le PSS lui donne. A travers l’analyse du travail de préparation de l’évènement, il nous sera possible de mettre en lumière les rapports de concurrence internes au parti, notamment entre les niveaux cantonaux et nationaux. En reconstruisant le déroulement de meetings, nous nous pencherons sur la mise en scène du parti, des candidats et des rapports de proximité avec les électeurs.  On cherchera ainsi à montrer que loin d’être dépassés, les meetings du PSS ont un rôle central dans ses campagnes électorales.
 
Political Rallies In Post-War Switzerland: the Case of the Swiss Socialist Party
 
As stages for the relationship between candidates and voters, political rallies have not been much explored in Switzerland. Yet, as in France, they seem to have experienced a renewal rather than a marginalisation. This presentation will focus on Swiss election campaigns between 1947 and 2007. It aims to question the « rally » as a mobilisation tool and its uses by the Swiss Socialist Party (SSP) throughout that period. Because of our focus on actors, our presentation will concentrate less on the effects of rallies on the vote, than on the role and the diverse functions the SSP gives to rallies. The analysis of preparatory works for rallies should shed light on internal competition mechanisms, in particular between cantonal and national party levels. By reconstructing the developments of rallies we will also study the dramatization of the party, of its candidates and of their connection to voters. We’ll show that far from being outdated, the PSS rallies play a central role within its election campaigns.


Pierre Mongaux, (Université de Picardie, CURAPP-ESS)

Vous avez dit « meeting » ? Premiers résultats d’une enquête dans les réunions publiques des campagnes électorales de 2012 dans de le département de la Somme.

Cette communication voudrait mettre en lumière l’étendue et la diversité des réalités sociales que recouvrent des désignations faussement homogénéisantes telles que « meeting » ou « réunion publique ». Paula Cossart a bien montré, dans une perspective diachronique, que les fonctions et usages des réunions politiques ne sont pas les mêmes au fil du temps (Le meeting politique. De la délibération à la manifestation. 1868-1939, PUR, 2010). Il semble aujourd’hui intéressant d’entamer une analyse synchronique des formes diverses que peut prendre cette modalité particulière d’action collective. Dans cette perspective, la séquence électorale de 2012 constitue un terrain d’analyse pertinent. Le cadrage médiatique auquel elle a donné lieu a mis en avant « un grand retour des meetings ». Cet avènement médiatique vient sans aucun doute corroborer l’idée qu’aujourd’hui, les meetings sont moins le lieu d’une confrontation d’idées que des démonstrations de force ou la présentation du programme du candidat. Mais, dans sa dimension locale, loin des stratégies médiatiques et des équipes de communication professionnelles, cette campagne a également été le théâtre de réunions publiques en tout genre. Après un passage nécessaire par le travail de labellisation opéré par les acteurs de ces « petites » réunions publiques (parle-t-on de « meeting », de « rassemblement », de « réunion publique », etc.), nous verrons quels usages et quelles fonctions en sont fait tant par les professionnels que par les profanes de l’activité politique.

You said "meeting"? First Results of an Investigation about Public Assemblies of the 2012 Electoral Campaign in the Department of La Somme

This communication would highlight the range and diversity of social realities that covers falsely homogenizing designations such as “rally”, “meeting” or “public assemblies”. Paula Cossart has shown, in a diachronic perspective, the functions and uses of political assemblies are not the same over time (Le meeting politique. De la délibération à la manifestation. 1868-1939, Rennes, PUR, 2010). It now seems interesting to start a synchronic analysis of the various forms that can take this particular form of collective action. In this perspective, the electoral sequence of 2012 is a relevant field of analysis. It gave rise to a media framing which highlighted a "comeback of the rallies". This media advent probably corroborates the idea that today's political assemblies are less a confrontation of ideas rather than demonstrations of force or the opportunity of the presentation of the program of the candidate. But, in its local dimension, far from the media strategies and of the professional teams of communicants, this campaign has also been the scene of public political assemblies of all kinds. After a necessary passage by the labelling work operated by the actors of these “small” public assemblies (one’s speaks – in French – about “meeting”, “rassemblement”, “réunion publique”, etc.), we will see which functions and uses are made ​​by both professionals and profanes of political activity.


Romain Mathieu (Université de Lorraine, IRENEE)

Les meetings dans la campagne présidentielle du Front de gauche : l’exemple du meeting de Besançon.

Créé en 2009 afin de participer aux élections européennes, le Front de gauche est une coalition partisane de la gauche radicale représentée lors de l’élection présidentielle par Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier a été considéré par bien des militants et des commentateurs comme l’un des meilleurs orateurs de cette campagne, dans laquelle les meetings ont pris une place particulièrement importante du fait de leur adéquation aux dispositions du candidat du Front de gauche, et des ressources mobilisables par cette coalition. Cette étude se concentre sur le meeting de Besançon qui constitue l’un des premiers meetings d’ampleur de Jean-Luc Mélenchon et vise à replacer les usages faits des meetings électoraux au regard de la position occupée dans le champ politique par le Front de gauche. Par ailleurs, en considérant le meeting électoral, non dans une définition étroite (la prise de parole d’un ou de quelques leaders face à des militants et électeurs), mais dans une dimension processuelle, un meeting constitue un moment privilégié de l’engagement par l’intensité du militantisme qu’il rend nécessaire, a fortiori dans des organisations modestes.
 
Electoral Rallies in the Front de Gauche Presidential Campaign: the Example of Besançon

Created in 2009 in order to take part in the European elections, the Front de Gauche is a party coalition of the Radical Left, represented in the presidential election by Jean-Luc Mélenchon. The Front de Gauche candidate was considered and presented by many militants and commentators as one of the best orators in this campaign. His meetings reached a mostly significant degree by the fact of the adequacy of his positions as mobilizing resources for the aforementioned coalition. This study is focused on the meeting of Besançon which stands for one of the first Jean-Luc Mélenchon’s widely successful rallies and aims at replacing the usage made of electoral rallies with regard to the place occupied by the Front de Gauche in the political field. Moreover by considering the electoral rally not in a possible narrow definition (one or some leaders speaking in front of activists or electors) but in its processual dimension, we’ll show that a meeting is a privileged time for engagement by the militancy intenseness it has necessarily to induce, all the more in small organizations.

Frédéric Nicolas (IEP Toulouse, LaSSP)

Le meeting comme production ou actualisation d'un capital d'autochtonie ? Réflexions à partir d'observations directes dans la ville de Toulouse
 
En tant que technique de mobilisation en faveur d'un candidat à l'élection présidentielle, les meetings sont rarement questionnés du point de vue des lieux où ils se tiennent, des personnes qui les organisent et y prennent la parole ou de l'histoire et des symboles qui y sont mobilisés. L'analyse des déclinaisons locales de campagnes pensées « au national » - bâtie sur l'observation des meetings tenus à Toulouse lors de la campagne présidentielle de 2012 - aura pour objectif de poser que les meetings prennent sens dans un espace relationnel, c'est-à-dire un espace politique concurrentiel où il s’agit à la fois de se distinguer (des autres partis) et de rassembler (les militants, les possibles électeurs, autour de symboles), et ce, dans un contexte spécifique (une actualité, une ville) porteur de ses propres contraintes et ressources. Cela nous permettra notamment de questionner la pertinence de la notion de « capital d'autochtonie » pour rendre compte des rapports de force inter et intra-partisans qui conditionnent les usages politiques différenciés de l'ancrage au local.
 
Presidential Rallies Through a Local Lense: a Case Study in Toulouse (France)
 
Political rallies are the most concrete events of a presidential campaign and election. They can be considered as a political resource thanks to which presidential candidates can build a favourable public image of themselves for the election to come. As such, they tend to be analyzed through their efficiency to « convince » people to vote for a candidate (costs and benefits of political rallies), but more rarely from the standpoint of the cities they take place in. Building on observations of all the rallies that took place in Toulouse during the 2012 French presidential election, this paper aims at understanding the ways in which presidential candidates, national and local political organisations try to benefit from a « sense of place » (local history – especially political -, gastronomy, sports, music, etc.) attached to a city. The cities and places where the rallies take place are not blank pages and it will be our purpose to understand political rallies through a local lense in order to better understand how the local political context influence the way political organisations and presidential candidates « capitalise » on the « sense of place » attached to a city.


Nathalie Ethuin (Université Lille 2, CERAPS), Anne-France Taiclet (Université Lumière Lyon-2, Triangle)

Enjeux et lieux de mémoires dans les discours de meetings de l’élection présidentielle en France. Les usages de l’histoire dans les meetings de 2012
 
A travers l’analyse comparée des discours de meetings de deux candidats à l’élection présidentielle, cette communication vise à rendre compte des usages stratégiques qui peuvent être faits de l’évocation de certains épisodes ou personnages historiques. Cette instrumentalisation de l’histoire à des fins de légitimation politique est particulièrement explicite dans les phases d’effervescence politique que constituent les campagnes électorales en général et les meetings en particulier. Les séquences recourant à l’histoire ayant été régulièrement reprises dans les médias, c’est donc aussi l’occasion d’observer l’exercice d’articulation entre la mobilisation (et dans une certaine mesure la réactualisation de la définition) de son camp politique et la production d’éléments d’identification et d’adhésion plus généraux et élargis, en l’occurrence par la manipulation de cette matière symbolique particulière que sont les épisodes et personnages historiques. Enfin, le recours à l’histoire a souvent été l’occasion de dire des choses sur les enjeux contemporains qui traversaient la campagne. Le recours à l’histoire est aussi étudié en lien avec la dynamique des enjeux de campagne, pour voir l’histoire utilisée non pas seulement comme un élément d’identification et d’affirmation d’une filiation générale mais aussi comme le support de production et de légitimation de discours, de propositions, de contestations portant sur des enjeux précis de la campagne.
 
The Uses of History and Memory in Political Rallies Speeches During the 2012 French Presidential Campaign
 
Based on the comparison between the speeches pronounced by two candidates in political rallies during the campaign, this paper tries to account for the strategies underlying the evocation of specific historical moments or characters. The symbolic uses of history are made particularly visible in political campaigns and especially in rallies. The speeches given during rallies target various audiences: mobilized supporters who attend the rally but also a much broader et diverse audience since in this campaign, rallies have received a wide media coverage. The uses of history are thus multiple : re-asserting (and sometimes redefining) the candidate’s own political side and stressing supposedly meaningful heritages ; constructing the candidate’s political image ; strengthening voters’ mobilization ; making statements about contemporary and often controversial issues that were raised during the campaign.


Julien Fretel, (Université de Picardie Jules Verne, CURAPP)

Le meeting présidentiel, une institution dans l’institution partisane. Les meetings du Modem pendant l’élection présidentielle de 2012
 
Les meetings des candidats à l’élection présidentielle ont tout d’un « double objet » qui font d’eux une institution dans l’institution partisane. D’une part, ils sont une institution en soi sur laquelle des candidats, chefs de parti généralement, interpellent les journalistes et l’« opinion publique » et mobilisent leurs partisans afin d’accroître leur chance de succès électoral. Ce type de scène politique, hautement médiatisée, de plus en plus investie technologiquement et théâtralement, présente des aspects relativement formalisés qui tiennent à l’histoire électorale depuis 1848 mais aussi à l’investissement contemporain des partis politiques pour cette forme de mobilisation. Mais chaque parti politique et chacun des candidats, élection après élection, cherche à imposer sa propre manière de faire et de tenir meeting. Les meetings sont aussi des institutions qui ont fortement partie liée avec les partis politiques qui les organisent. Ils sont en effet des analyseurs des forces et des croyances caractéristiques des formations politiques. L’étude des meetings présidentiels du candidat Modem, François Bayrou, en 2012 nous permettra de montrer comment ces deux institutions que sont les meetings et les partis politiques se superposent, interagissent et se révèlent l’un et/à l’autre.
 
The Presidential Rally as an Institution inside a Partisan Institution: rallies of the MODEM during the Presidential Election of 2012
 
The rallies of the candidates for the presidential election offer a "double interest" that makes them an institution inside a partisan institution. On one hand, they are like an institution in itself where the candidates, usually party leaders, call out journalists & public opinion to mind. They mobilise their supporters to increase their electoral chances. This kind of political scene, highly covered, and more and more invested technologically and dramatically, demonstrates some relatively formalized aspects, due to the electoral history in place since 1948 and also due to the contemporary involvement of the political parties in this kind of mobilisation.  But each political party and each candidate, one election after another, tries to impose its own way of holding a meeting. Meetings are an institution highly involved with the political parties organising them. Meetings indeed help to analyse the strengths and beliefs of the political parties. The study of the presidential meetings held by Francois Bayrou, candidate for the MODEM in 2012, will allow us to demonstrate how these two institutions (Meetings and political parties) overlap, interact and reveal itself to each other.


Guillaume Rollet (Université Lyon II), Nam Le Si (Centre Max Weber, Université Lyon II)
 

Enquêter sur les publics des meetings de campagne : retour méthodologique sur l’enquête collective SPEL
 
Cette communication vise à présenter les résultats partiels d'une enquête en cours portant sur l’analyse quantitative des publics des meetings politiques. Cette enquête s'appuie principalement  sur les données recueillies à Lille et Lyon dans le cadre de l’enquête collective SPEL (passation d’un questionnaire lors des meetings de campagne dans différentes villes en France pendant l’élection présidentielle de 2012). Nous proposons donc d’exposer nos résultats en vue de les confronter avec d’autres données quantitatives produites sur des évènements similaires en France  et ainsi d’approfondir les recherches spécifiquement dédiées à l’analyse et à la compréhension des meetings de campagne en tant qu’évènements politiques. Ainsi, nous présenterons en premier lieu les différentes limites méthodologiques de cette enquête quantitative, que nous avons pu mettre en évidence. Puis, après avoir précisé le cadre d’interprétation des données, nous en présenterons une analyse exploratoire. Enfin, nous nous efforcerons de proposer quelques ouvertures aussi bien théoriques que méthodologiques, afin d’enrichir la réflexion collective autour de l’analyse des meetings.
 
Analyzing the Public of Electoral Rallies: Methodological Reflection on the SPEL Collective Study
 
This presentation aims to display partial results from an ongoing quantitative study focusing on the public of political campaign rallies. This study is mainly based on data collected in Lille and Lyon during the SPEL national project in 2012 which consisted in passing a common survey in rallies in different French cities during the presidential campaign. We intend to display our results in order to confront them with other data collected in other cities at the same occasion. In this way our objective is to extend the field of knowledge around political events such as campaign meetings and their publics. We therefore will present the methodological issues we faced while conducting this quantitative study. Then we will display our data in their respective theoretical frame. Finally, we will conclude this presentation by offering further theoretical and methodological hypothesis beneficial to the collective reflection on political meetings.


Maelle Moalic-Minnaert (IEP Rennes, CRAPE)

Transformer le public d'un soir en l'acteur du grand soir

Cette communication a pour objet la place octroyée par Lutte Ouvrière au public de ses meetings. En contextualisant les meetings dans l'univers global des relations qui unissent un collectif militant et son groupe social de référence, les classes populaires, il s'agira tout d'abord d'apprécier les ressorts des dualités du public des meetings de LO : par quels mécanismes, LO connue pour son confinement communautaire partisan, parvient-elle, le temps d'un meeting, à mêler les fractions dominées les plus fragiles à la « société des militants » ? « Le milieu partisan » que l'organisation a su se constituer sur le long terme constitue le vivier duquel émergera le public du meeting. Conquérir la classe ouvrière le temps d'une soirée ne satisfait aucunement les militants de l'organisation. La rencontre orchestrée du parti et de sa base sociale, doit permettre d'investir les participants de la mission historique de renversement du capitalisme. Dans quelle mesure les dispositifs du meeting révèlent-ils ce dessein ? Cette volonté de fusionner le public en un collectif combatif s'observe tant dans la mise en scène du meeting que dans les espaces de micro-mobilisation. L'étude des « conversations identitaires » et des « genres discursifs » mobilisés est complémentaire. A travers l'exemple des relations existant entre LO et les classes populaires, cette communication se propose de penser les publics des meetings en regard des sociologies dominantes au sein des partis.

Changing the Audience of a Political Rally into a Revolutionary Group

This communication is about the place that is given to the audience during Lutte Ouvrière’s election rallies, by a contextualization in the global area of the relationship that unite this militant group and its target audience, the working-class. First, we will try to appreciate the duality of the audience of LO’s rallies: How does LO, famous for being inward-looking, succeed during the time of a meeting to unite the most dominated and vulnerable fractions with the “Society of activists”? “The partisan milieu” that the organization constructed at a long term range is where the meeting’s audience will come from. To win over the working-class the time of an evening is not enough for the activists. The meeting planned between the party and its social group targeted, has to impart to the audience the revolutionary consciousness to accomplish its historic mission of overthrowing the capitalist system. To what extend does the device of the meeting illustrate this will? The will to change the audience into a fighting group can be seen as much in the screenplay of the meeting as in the space of the “micro-mobilizations”. The study of the “identity talks” and of the genre of political discourses used is complementary. Through the example of the relationship between LO and working classes, this communication will allow us to think about the kind of audience in the meetings, through the prism of dominant social worldviews within the parties.


Aïcha Bourad (IEP Toulouse, LaSSP), Gildas Hivert (IEP Toulouse, LaSSP), Fanny Parent (IEP Toulouse, LaSSP)

La foule et l’ordre : Gestion des publics et conduite des corps dans les meetings
 
L’élection présidentielle française de 2012 a vu revenir au centre de l’actualité l’organisation de meetings. La diversité des dispositifs ainsi regroupés sous un même vocable n’a probablement d’égal que la diversité de la foule ou plutôt des foules  qui s’y déplacent. Quelle que soit la forme qu’ils revêtent ils nécessitent une organisation pratique et technique pour accueillir les publics, les ordonner et les gérer (physiquement et émotionnellement). Nous proposons ici d’inverser  le regard en le tournant vers la salle plutôt que vers la scène et de diriger la focal vers le(s) public(s). Cet évènement politique concret qu’est le meeting politique en période de campagne présidentielle renvoie à la fois aux enjeux présents d’un candidat et d’un parti, mais aussi à l’histoire de celui-ci. De ce point de vue, dans quelle mesure le mode de discipline des corps en présence adopté par chaque parti/les partis reflète-t-il une vision de l’ordre social et un rapport au politique spécifiques à celui-ci ? Cette étude s’appuie sur un corpus de huit meetings qui se sont déroulés à Toulouse pendant la campagne présidentielle de 2012. Nous mobilisons à la fois les enregistrements audio et vidéo, et les observations directes des différents temps du meeting (avant, pendant et après), au cours desquelles nous avons porté une attention particulière à la gestion des publics et aux services d’ordre.

Crowd and Order: Audiences’ Management and Bodies Control in rallies
 
During the 2012 French presidential election, meetings took back a central place in campaigns organization. Nonetheless, this unique term must not hide the diversity of organizational plan and audiences that attend them. Regardless the shapes they take, meetings require a practical and technical organization to welcome publics, as well as to order and manage them (physically and emotionally). That is why we intend here to turn away from the stage, and rather focus on the rooms and audiences. A concrete political event, such as a political meeting during a presidential campaign, refers at the same time to the current stakes of the candidate and his party, as well as to the history of this later. We could therefore wonder to what extent the way a party implements the audience management and its bodies control policy reflects its conception of social order, and its own vision of politics.  This study is based on a corpus of eight meetings that took place in Toulouse (south west of France) during the 2012 presidential campaign. Our study relies on both audio and video recordings, and direct observations at different times of the meetings (before, during and after), and focus especially on publics management and security crews.


Vanessa Jérôme (Université Paris 1, CRPS)

Penser les meetings comme des émissions de télévision : le tournant médiatique d’EELV

Les meetings d’Eva Joly n’ont pas pesé lourd dans l’actualité politique de la campagne présidentielle de 2012. A comparer les estrades dépouillées des meetings des anciens candidats des Verts, que n’égayaient que quelques affiches et tournesols de tissu, et le podium depuis lequel Eva Joly s’adressait aux militant-e-s écologistes soigneusement agencés autour d’elle, on se dit pourtant que ces changements de forme doivent en cacher d’autres, plus structurants. Pensés pour entrer dans les formats des médias et faciliter le travail des journalistes qui les couvraient, ces meetings sont l’expression de l’évolution du rapport que les écologistes entretiennent à la communication politique au sens large. Cette évolution marque l’influence croissante de militant-e-s plus ou moins jeunes, récemment entrés dans le parti. Socialisé-e-s aux nouveaux médias, sensibles à leurs effets et intéressés par leurs contenus, et conscients des contraintes actuelles liées à l’exercice du métier de journaliste, ils prétendent renouveler les manières de faire campagne. Leurs pratiques signent une forme de soumission aux règles du marketing politique, contre lequel Les Verts prétendaient justement lutter, au nom de leur volonté de « faire de la politique autrement ». L’analyse des meetings de la campagne présidentielle écologiste de 2012 contribuent ainsi à la compréhension des transformations des meetings politiques, tout autant qu’à celle du renouvellement des engagements et des pratiques militantes.
 
Elaborating Political Rallies Like TV Shows: the Mediatic Turn of EELV

Eva Joly’s electoral rallies didn’t weigh heavily in political news during the last French presidential campaign in 2012. When comparing the early days of the stripped down stands of the Greens, enlivened with some cheap synthetic sunflowers and a few washed up posters, and the new podium from which Eva Joly was speaking to the ecologist activists carefully arranged all around her. We might however think that these evolutions of the form must hide other, more structural changes. Thought to better match the media’s formats and facilitate the work of journalists who cover these events, these rallies reflected the mindset evolution of ecologists with regard to political communication in the broadest sense. These developments marked the growing influence of the more or less young activists that had recently joined the party. Socialized by the media, sensitive to their effects, interested in their content and aware of current constraints related to the exercise of journalism, they claim to have renewed the ways to campaign. These practices reveal a form of submission to the rules of political marketing, against which the Greens claimed to fight on behalf of their desire to « do politics differently ». Analysis of the meetings of the 2012 presidential ecologist campaign contribute to understanding the transformation of political meetings, as well as the renewal of commitments and activist practices.

Eric Lagneau  (AFP et Institut Marcel Mauss, EHESS-CNRS)

Vers un traitement de plus en plus rationalisé des meetings de campagne ? L’exemple de l’AFP lors de la présidentielle de 2012
 
Le système médiatique français est marqué depuis une décennie par une accentuation du processus de rationalisation (au sens wébérien du terme) qui se traduit par un renforcement de l’importance accordée aux règles de réalisme économique dans les choix éditoriaux et dans l’organisation du travail afin de réduire les coûts de production de l’information et améliorer la productivité des journalistes. Les effets de ce processus du point de vue de la vitalité démocratique et de la qualité de l’information produite sont contradictoires. C’est en tout cas la thèse que nous souhaitons illustrer en prenant l’exemple du traitement des meetings électoraux lors de la présidentielle de 2012 par l’AFP. En nous appuyant sur les résultats d’une enquête collective menée sur la couverture médiatique de cette campagne avec des étudiants en master de sociologie de l’EHESS, enquête dans plusieurs rédactions (AFP, mais aussi France 3, Médiapart, France Culture, 20 minutes) que nous avons encadrée avec Cyril Lemieux et Séverine Chauvel, nous nous proposons de mesurer précisément un certain nombre d’évolutions dans le cas de l’AFP, par comparaison avec nos travaux antérieurs portant sur les campagnes de 2002 et 2007. Nous montrerons notamment comment la diffusion en direct des meetings par les chaînes d’information en continu a des effets sur les pratiques agencières, en modifiant la division du travail interne et externe. Nous nous intéresserons aussi aux évolutions dans les processus de production et de diffusion des fameuses « petites phrases », en nous demandant si certaines pratiques de « journalisme de meute », par l’exemple l’émergence d’un consensus d’interprétation entre reporters sur place, peuvent être remises en question. Du même coup, c’est aussi la capacité de l’AFP à conserver sa centralité dans ces processus qu’il conviendra de questionner.    
 
Towards a Rationalization of the Media coverage of Campaign Rallies? The Example of the AFP During the 2012 Presidential Election

French media system is since a decade characterized by an intensification of the process of rationalization (in the Weberian sense of the term) with the growing impact of economic rules on their organization and their professional practices. The effects of this process from the democratic viewpoint are contradictory. This is at least the thesis we want to demonstrate thanks to the example of the AFP (the French international news agency) coverage of the campaign rallies during the 2012 presidential election in France. We try to identify some evolutions in the AFP coverage of rallies in comparison with our previous work on the presidential campaigns of 2002 and 2007. This study is mainly based on the results of a survey conducted on the media coverage of the 2012 campaign with Cyril Lemieux, Séverine Chauvel and students of Sociology from the EHESS. This communication show how the live broadcast of the meetings by the 24/7 news television channels have an impact on the work of AFP journalists, changing their usual division of labour. We also analyze the transformations in the process of making and disseminating the "soundbites" and in some practices of "pack journalism" (Is the consensus of interpretation between reporters on the ground still important?). And we ultimately investigate the capacity of the AFP to remain a central actor in this political and journalistic game.


Omar Haffaf (IEP Toulouse, LaSSP), Jérémie Nollet (IEP Toulouse, LaSSP)

La co-production de l’événement politique. Le travail journalistique et la médiatisation des meetings électoraux de 2012.

Au croisement de la sociologie politique et de la sociologie du journalisme, le texte proposé revient sur la dimension médiatique de certains meetings de la campagne présidentielle (ceux du PS et de l’UMP), et plus précisément sur la capacité différentielle des meetings à faire l’événement. Si les meetings apparaissent comme des événements newsworthy, c’est d’une part en raison des règles du champ journalistique c’est-à-dire les routines pratiques et intellectuelles du travail journalistique, et d’autre part parce ces meetings sont en partie produits pour s’y prêter. En conséquence, notre proposition aborde successivement ses deux dimensions. Dans un premier temps, l’analyse d’un corpus médiatique montre que la médiatisation est, en règle générale, proportionnée au capital politique des candidats. De plus, l’étude des cadrages révèle que ce sont principalement les coulisses (i.e. les « confidences ») et la dimension stratégique des discours qui retiennent l’attention des rubricards partisans.  La seconde partie de la contribution examine comment les entreprises partisanes produisent les matériaux dont les journalistes auront besoin pour composer leurs reportages : des discours, mais aussi des confidences, des « éléments de langage » pour appuyer les prises de positions du candidat, etc. La prise en charge des coûts de production de l’information concerne également la matérialité des meetings via l’horaire, la mise à disposition du script, la mise en place d’espace de travail spécifique.
 
The Co-Production of Political Events: Journalistic Activities and Media Coverage of the Electoral Rallies of 2012

At the intersection of political sociology and the sociology of journalism, the text deals with the media drivenness of some PS and UMP rallies during the presidential campaign. More precisely, it focuses on the differential ability of rallies to become an event. If rallies are seen as newsworthy, this is partly due to the rules of the journalistic field (i.e. the practical and intellectual routines of journalistic work), and secondly to their media-driven organization. Therefore, our proposal addresses succession both dimensions. First, a corpus analysis shows that media coverage is proportional to the political capital of the candidates. In addition the framing analysis reveals that journalistic attention focuses on mainly on the backstage (i.e. the "confidences") and the strategic dimension of discourse. The second part of the paper examines how political parties produce materials which journalists need to compose their reports: speeches, but also confidences, "talking points" to support the positions taken by the candidate, etc. Political formations support the costs of journalists work.


Participants

BALLAND Ludivine ludivine.balland@gmail.com 
BOURAD Aïcha aichabourad@gmail.com
COMBES Hélène combeshvc@yahoo.com
COSSART Paula cossart.paula@free.fr
COSTE Hugo hugo.coste@etu.univ-lille2.fr
CRUZEL Élise elise.cruzel@gmail.com
ETHUIN Nathalie nethuin@yahoo.fr
FRETEL Julien freteljulien@yahoo.fr
HAFFAF Omar omar.haffaf@yahoo.fr
HIVERT Gildas gildas.hivert@orange.fr
JÉRÔME Vanessa vanessa0jerome@gmail.com
KERGOMARD Zoé zoe.kergomard@unifr.ch
LAGNEAU Eric eric.lagneau@yahoo.fr
LE GRIGNOUBrigitte Brigitte.LeGrignou@dauphine.fr
LE SI Nam nam.le-si@univ-lyon2.fr
MOALIC-MINNAERT Maelle maelle.moalic-minnaert@sciencespo-rennes.fr
MONGAUX Pierre pierre.mongaux@hotmail.fr
NICOLAS Frédéric frednico17@yahoo.fr
NOLLET Jérémie jeremienollet@yahoo.fr
PARENT Fanny parent.fanny@gmail.com
ROLLET Guillaume gui.rol@wanadoo.fr
ROMAIN Mathieu romain.mathieu@univ-nancy2.fr
ROSSINI Carolina carolina.rossini@unil.ch
TAICLET Anne-France taiclann@yahoo.fr

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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