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Section Thématique 25

Hérédité et compétition politique : Le paradoxe de la transmission familiale du pouvoir politique dans les systèmes politiques concurrentiels
Heredity and political competition. The paradox of the familial transmission of political power in competitive political systems

Responsables

Marie Brossier (Université Laval/ CERAPS) mariebrossier@hotmail.com
Gilles Dorronsoro (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) gilles.dorronsoro@univ-paris1.fr

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Depuis deux siècles, la généralisation progressive des systèmes politiques concurrentiels (y compris donc ce qu’on peut conceptualiser comme régimes sécuritaires, illeberal democraties etc.) a fait largement disparaître la transmission héréditaire de droit du pouvoir, hors de quelques systèmes monarchiques. Rien d’étonnant si la transmission familiale et héréditaire du pouvoir politique relève dans l’imaginaire collectif scientifique d’une anthropologie des sociétés pensées comme « exotiques » ou « archaïques ».

Or, on constate une surprenante carence d’études en science politique sur le phénomène héréditaire en politique malgré la parution de l’ouvrage de Patriat et Parodi dans les années 1990. Il est vrai que des études se sont intéressées à la transmission familiale des systèmes de valeurs politiques ou du capital partisan et militant. La famille a ainsi été travaillée comme agence de socialisation et espace de transmission des capitaux notamment autour de la reproduction sociale des élites (Bourdieu) et la formation de dynasties familiales (Pinçon, Pinçon-Charlot). Ces études n’ont cependant que très peu questionné le phénomène héréditaire de transmission du pouvoir politique notamment du point de vue des mandats électifs et nominatifs, des fonctions, des stratégies, des positionnements politiques et des reconfigurations partisanes.

Cet atelier cherche ainsi à comprendre comment se construit une dynastie familiale dans un système politique concurrentiel. En particulier, nous proposons de rouvrir l’étude des formes de patrimonialisation familiale de la dévolution du pouvoir (mandats électifs et nominatifs, leadership partisan, logiques d’institutionnalisation de la transmission) au regard des modes de passation et succession politique en contexte démocratique, sachant que la transmission familiale ne suppose pas que le système politique ou le système partisan soient forcément néo patrimonial.

L’approche comparatiste que nous souhaitons développer cherche à identifier les mécanismes de transmission du pouvoir au sein d’une même famille. Afin de comprendre si ceux-ci peuvent être corréler aux types de structures politiques, de systèmes partisans, du degré de décentralisation, de l’idéologie dominante (familialiste, conservatrice, par exemple), nous faisons le choix de comparer des cas d’études nationaux qui ne s’inscrivent pas dans les mêmes aires géographiques et par conséquent pas dans les mêmes trajectoires socio-historiques du politique.

Ceci nous amène à adopter une conception extensive de la famille qui reste suffisamment souple pour permettre d’aborder la complexité des représentations et pratiques de la famille dans les sociétés qui nous intéressent. Aborder l’institution familiale en pratiques (Lagroye) permettra de penser l’évolution et le modelage des liens familiaux quand se crée une dynastie politique. Celle-ci est marquée par un double processus d’accumulation et de dilapidation par différentes générations d’un capital politique qui fait d’un certain nombre de membres de la famille des professionnels de la politique. Le contexte de transmission qui nous intéresse est celui d’un système politique concurrentiel pensé comme un système multipartite ouvert avec des élections concurrentielles. Le choix de cette catégorie ouverte cherche à dépasser l’analyse en termes de régimes qui peine à décrire les processus d’hybridation et de complexification du fait politique (Dabène, Massardier, Camau).

Afin d’explorer quelques pistes de recherche, les communications seront organisées selon trois axes: la famille comme lien de transmission d’un capital et de compétences spécifiques, la relation entre famille et partis politiques et la relation entre capital familial et électeurs (élections).

1/ Formation des dynasties politiques et constitution d’un capital familial politique
Ce premier axe propose de s’intéresser à la circulation des capitaux au sein des familles et entre les espaces sociaux. Les capitaux non politiques (charismatiques, économiques, religieux, etc), qui sont transmis au sein des familles sous certaines conditions (génération, genre, primogéniture, dispositifs de règles de transmission) vont être investis en politique et favoriser l’accès à des positions de pouvoir spécifique dans cet espace. Le regard porté sur la mobilité de ces capitaux (accumulés, redistribués et/ou dilapidés), des trajectoires des membres de ces familles, permet d’interroger la conversion de ces ressources entre différents espaces sociaux, du coût de cette conversion (notamment dans le cas de capitaux charismatiques), et de la formation de réseaux clientélistes autorisent cette circulation. En effet, si une famille a un fort capital économique ou charismatique par exemple, est-elle à même de l’investir en politique et à quelles conditions ? La réponse renvoie aux contraintes légales, aux barrières entre champs et ouvre sur une typologie des familles selon les capitaux initiaux et leur stratégie de conversion.

Ceci permettre de poser la question du maintien sur le temps long d’une dynastie en politique et celle de sa disparition, en soulignant l’existence de stratégies de socialisation et de formation des nouvelles générations. Pour ce faire, on cherchera à retracer les bifurcations de parenté dans la formation des dynasties qui ne suivent pas forcément les liens familiaux directs ; il s’agit d’interroger les modalités du choix de l’héritier et peut-être d’un processus d’invention et de légitimation d’un descendant lointain choisi pour devenir un acteur familial central plus à même de sécuriser l’accumulation des capitaux dans les différents espaces sociaux et par conséquent l’existence de la dynastie dans l’espace politique.

2/ Familles et partis politiques
Le deuxième axe s’intéresse non plus aux mécanismes de formation de la dynastie mais aux mécanismes politiques qui font du parti politique et du système partisan le vecteur de la transmission familiale du pouvoir politique. Le critère pertinent que nous avons choisi de retenir pour cette étude réside bien dans la capacité de la famille à prendre contrôle du parti en particulier avoir accès à la candidature, et non dans celui de l’élection (voir axe 3) : Comment une dynastie peut-elle intimement  se lier à un parti politique ? Comment on transmet familialement une organisation  partisane comme un patrimoine ? Quelle conception à l’intérieur du parti de ce qu’est la famille ? Est-ce que transmission familiale doit être autorisée, validée par les militants? Comment se gèrent les résistances nées de l’opposition à cette transmission ? On s’interrogera notamment sur le rôle des familles fondatrices de partis politiques, où le lien parti-famille est par nature plus fort.

L’enjeu de cet axe est de questionner la spécificité des partis – ou des systèmes partisans ? - qui autorisent, voire favorisent le contrôle par une famille. On questionnera les modalités d’occupation, de légitimation du leadership familial à la tête d’un parti, considérant qu’une telle position dominante n’est pas immuable et doit être constamment réactualisée. Par exemple, le parti est-il nourri par une idéologie familialiste qui va faciliter cette transmission familiale du leadership ? Enfin on cherche à quelles conditions une dynastie, influente dans un parti sans pour autant le contrôler, peut perdurer.

3/ Perception publique et élections
Ce dernier axe cherche à travailler l’idée que la transmission n’a rien de naturel, ni d’évident, mais au contraire, qu’elle a besoin d’être constamment légitimée. On s’intéressera à comprendre d’une part, comment les gouvernants cherchent à produire la famille comme un modèle légitime d’organisation politique ; et d’autre part, comment les gouvernés se réapproprient ou non, ce registre de légitimité. Pour ce faire, cet axe s’intéresse à la perception publique de cette transmission familiale du pouvoir politique, et des moments électoraux comme validation ou sanction par les citoyens. On essaiera d’identifier, dans la lignée des travaux de sociologie pragmatique, les registres de justification (valeurs familiales, politiques) mobilisés dans la compétition politique, notamment électorale.

On s’intéressera aux questions suivantes : Est-ce qu’on peut être élu en étant le fils de son père ? Le registres familialistes (qui justifie la transmission) et républicains (qui l’invalide) entrent-ils en compétition lors des moments électoraux ? Quels sont les arrangements institutionnels et constitutionnels mis en place pour légaliser ou interdire cette transmission ? En quoi les cycles électoraux ont un effet important sur la capacité d’un héritier biologique à investir l’espace politique et électoral ? Y a-t-il un effet de saturation ?

This panel addresses the paradoxical dimension of familial transmission of political power in competitive political systems. Since two centuries, the progressive generalization of such systems (including illiberal democracies) has made the hereditary transmission of political power an anomaly limited to a few monarchies. However the familial transmission of power in multiparty system is still very much alive, with political dynasties in old and new democracies alike. To understand this apparent paradox, the communications will be organized according to three themes: the family as the site of acquisition of political competences, the relationship between political dynasties and political parties and the relationship between the electorate and the political dynasties.

The first theme will focus on the family as a site of accumulation and transformation of different type of capital: charisma, economic capital, religious capital etc. These capitals are invested in politics and can open positions of power in the political field. The transformation of these capitals as political resources has a cost (for example the risk of losing the charisma linked to a family), but can facilitate the construction of political clientele or give an edge in the control of local resources.

The second theme will address the relationship between the family and the political parties, notably the processes that make possible for a family to control an organization and the transmission of leadership positions inside the party. Since the most competitive stage in electoral politics is often inside the party to be a candidate, the control of the political organization is then the decisive way to build a political dynasty.

The last theme is centered on the idea that the transmission in the family is in no way a “natural” process, but needs a constant legitimation. On the one hand, political actors can construct the family as a legitimate model of political organization; on the other hand, the electorate can easily reject as illegitimate the idea of a political dynasty in a competitive political system. The public discussion and rhetoric arguments in the public sphere will be addressed with the theoretical tools of the “pragmatic sociology” developed by Boltanski.

Bibliographie indicative

M. Abélès, « La référence familiale. L’hérédité élective et la vie politique locale : une approche anthropologique », in Claude Patriat, Jean-Luc Parodi (dir.), L’hérédité en politique, Paris, Economica, 1992, pp. 81-97. J. L. Debré, Les dynasties républicaines, Paris, Fayard, 2009.
M. Amiot, H. de Fontmichel, « Nice : un exemple de monarchie élective au XXe siècle », Ethnologie française, 2, 1971, pp. 49-64.
L. Bantigny et A. Baubérot, Hériter en politique. Filiations, générations et transmissions politiques (Allemagne, France et Italie, XIXe-XXIe siècle), coll. Le noeud gordien, PUF, février 2011
V. Bernadou, « Nestor Kirchner : du président « sans pouvoirs » au « chef hégémonique » », Critique internationale, 2009, 04/06, n°43, pp. 89-107
S. Boukhaima, « Bachar el-Assad : chronique d’une succession en Syrie », Monde arabe, 2000, 07/09, n°169, pp. 164-172
O. Dabène, V. Geisser, G. Massardier (dir.), Autoritarismes démocratiques et démocraties autoritaires au XXIème siècle : convergences Nord-Sud, Paris, La Découverte, 2008.
J. N. Ferrié, L'Egypte entre démocratie et islamisme : le système Moubarak à l'heure de la succession, Paris : Autrement, impr. 2008.
C. Jaffrelot (dir.), « Asie : A l’épreuve du phénomène dynastique ? », Critique internationale, n° 33, octobre-décembre 2006, pp. 111-179.
C. Patriat, J. L Parodi (dir.), L’hérédité en politique, Paris, Economica, 1992, 264 p. ouvrage tiré de C. Patriat, J. L Parodi (dir.), « L’hérédité en politique, colloque organisé par l’Association française de science politique et le Centre d’étude et de recherches politiques de l’Université de Bourgogne, Dijon, 14-15 mars 1991.
K. KELLEY, The Family : The real story of the Bush Dynasty, New York : Doubleday, 2004.
S. HESS, America’s political dynasties, New Brunswick : Transaction, 1997 [1ère ed. 1966].
J. PAGIS, Les incidences biographiques du militantisme en Mai 68. Une enquête sur deux générations familiales : des « soixante-huitards » et leurs enfants scolarisés dans deux écoles expérimentales, doctorat de sciences sociales sous la direction de Gérard Mauger, ENS/EHESS, 2009.
A.PERCHERON, L’univers politique des enfants, Paris : Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1974.
A.PERCHERON, La socialisation politique, Paris, Ed. Armand Colin, 1993
M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot, Grandes fortunes : dynasties familiales et formes de richesse en France, Paris, Payot, 1998.
M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot, Les ghettos du Gotha : comment la bourgeoisie défend ses espaces, Paris, Seuil, 2007.
O. Wornat, Reina Cristina : vida pública y privada de la mujer más poderosa de la Argentina, Buenos Aires : Planeta, Cop, 2005.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : 9 juillet 2013 14h-16h45
Session 3 : 11 juillet 2013 15h15-18h

Voir planning général...

Lieu : Batiment A (27 rue Saint-Guillaume), salle A 31


Programme

Marie Brossier (Université Laval-Ceraps), Gilles Dorronsoro (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Introduction

Axe 1 / L’argument dynastique

Discutants : J. P. Warnier (Professeur émérite Université Paris 5), Ludivine Bantigny (Centre d'Histoire de Sciences Po, Université de Rouen), Céline Bessière (Université Paris Dauphine)

Axe 2 / La production de la famille par le politique
 
Ce panel est construit autour de l’idée que la famille peut être construite autour et par l’engagement en politique, à la fois du fait des stratégies individuelles qui définissent l’espace familial pertinent et du capital symbolique accumulé dans le champ politique qui « fait » la famille.

Discutants : J. P. Warnier (Professeur émérite Université Paris 5), Ludivine Bantigny (Centre d'Histoire de Sciences Po, Université de Rouen), Céline Bessière (Université Paris Dauphine)

Axe 3 / La famille comme mod èle d’organisation et patrimoine

Discutants : Fréderic Sawicki (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Anne Verjus (CNRS, ENS Lyon)

Axe 4 / Hérédité et transgressions : le genre en question

Discutants : Fréderic Sawicki (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Anne Verjus (CNRS, ENS Lyon)

Marie Brossier (Université Laval-Ceraps), Gilles Dorronsoro (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Conclusion 


Résumés des contributions

Georges Tassiopoulos (Université Paris-Est Créteil)

Au nom du père, du fils et du pouvoir: le cas grec de la démocratie familiale  

« Qui est ton père ? » C’est la première question assez souvent posée entre les Grecs lorsque l’on parle carrière. Ceci semble tout à fait normal dans un pays où la transmission familiale du pouvoir politique est la règle et pas l’exception. Ainsi les noms et prénoms des Premiers Ministres du pays sont révélateurs de cette pratique : de Georges Papandreou à son fils Andreas Papandreou et son petit-fils Georges Papandreou, et de Constantin Karamanlis et son neveu Constantin Karamanlis ! Comme c’est assez souvent le cas, les sièges parlementaires, devenant de facto « héréditaires », de père au fils, à la fille ou au neveu ou la nièce. Une véritable « démocratie familiale » établie progressivement depuis la restauration de la République en 1974, concernant des partis politiques de la Droite et de la Gauche.
Par conséquent cette présentation vise à présenter une étude de cas où le paradoxe de l’hérédité en compétition politique est une réalité quotidienne. Examinant les raisons principales de son apparition, de sa pérennité ainsi que son rôle à l’éclatement de la crise de la dette grecque depuis 2009. La comparaison avec la transmission familiale du pouvoir politique en France pourrait conduire à quelques conclusions intéressantes.
 
In the name of the father, the son and the power: the greek family democracy
 
“Who is your father?” is the most frequent question that a Greek can ask you about career building.  This seems very logical in a country in which the family transmission of the political power is the rule and not the exception. Thus, George Papandreou, his son Andreas, and his little son George became Prime Ministers, as well as Constantin Karamanlis and his nephew Constantin Karamanlis! Greece is a country in which a son, a daughter, a nephew or a niece “inherits” frequently de facto a seat in the Parliament. As a result, the Third Hellenic Republic (from 1974 until nowadays) became “a family democracy”. Both the Right and the Left applied this rule in many cases during the last three decades.
In this paper, we will try to analyze the origins and the evolution of the “family democracy” in Greece. A comparison with the familial transmission of political power in France could also lead to some very interesting conclusions.

 
Mathilde Debain (Université Paris Panthéon-Sorbonne, CEMAf)

La succession d’Omar Bongo
 
Cette communication présente la succession d’Omar Bongo au Gabon (2009) comme l'exemple d'une succession dynastique qui a pris, interrogeant la manière dont la famille Bongo réussit à se maintenir au pouvoir après la mort du patriarche en faisant élire rapidement son nouveau chef, Ali, dans le fauteuil de son père. Avant cela, la mainmise de la famille Bongo sur la vie politique et sur les institutions du pays avait permis de préparer la transition, les mois précédents la mort de Bongo, pour le passage en force (dénoncé par ses opposants comme un coup d’État électoral) d'un héritier qui n'avait que trop attendu. L’absence de critiques autour de la figure de Bongo père au lendemain de sa mort et pendant la campagne ainsi que la volonté exprimée par tous les candidats de perpétuer son œuvre et de consolider son héritage ont en définitive favorisé les ralliements légitimistes à la personne du vrai fils de Bongo, garant de la continuité, au détriment des partisans du changement politique.
 
Omar Bongo’s succession
 
This presentation describes Omar Bongo’s succession in Gabon (2009) as a model of a successful dynastical process, enquiring into how the Bongo family managed to stay in power after the death of the patriarch by having its new boss, Ali, rapidly elected in his father’s chair. Before that, the Bongo’s control on gabonese political life and institutions allowed them to pave, during the few months preeceeding Bongo’s death, the path to Ali’s victory (which his opponants branded a « coup d’État électoral ») to the benefit of an heir that had already been wainting for too long. The absence of critics around Bongo’s figure just after he died and during the electoral campaign as well as the wish expressed by all candidates to perpetuate his work and to consolidate his inheritance favoured legitimist rallyings to Bongo’s true son, guardian of continuity, over the partisans of political change.

 
Eric Soriano (Université Montpellier 3)

Etat colonial et production de l’hérédité en Nouvelle-Calédonie (1953-1977)
 
Parmi les populations colonisées de l’Empire colonial français, celles de Nouvelle-Calédonie seront les premières à expérimenter le suffrage universel dans le cadre d’un collège unique. À partir du début des années cinquante, cet archipel voit l’émergence de dirigeants élus kanaks recrutés par des missionnaires. Face à l’État colonial, les pasteurs protestants et les Pères catholiques contrôlent encore suffisamment l’espace scolaire pour exercer une influence sur les modalités d’entrée des mélanésiens dans un espace politique nouveau. On recrute ainsi parmi les plus certifiés scolairement et parmi ceux qui ont manifesté une loyauté à l’égard de l’institution et donc de la présence française. En 1953, au moment où les neuf premiers élus mélanésiens investissent le Conseil général, l’hérédité politique ne peut donc exister puisque « la » politique est à inventer. Pour autant, la sélection des cinquante premiers dirigeants mélanésiens révèle déjà d’autres formes de distinction : une grande partie d’entre eux bénéficie d’une position de Grand ou de Petit Chef. Ces statuts ont été inventés au début du siècle pour rationnaliser l’action de l’administration coloniale. Déplacés et maintenus dans ces Réserves, c’est par l’intermédiaire de ces formes d’identification que les populations colonisées ont expérimenté le pouvoir colonial.  L’importance relative des « fils de chefs » parmi les élus des premières décennies ne fait pas pour autant de l’hérédité une sorte de ressource biologique essentielle à l’entrée en politique. Sa valorisation est le produit de mécanismes qui mettent en jeu l’histoire des relations entre groupes colonisés et administration coloniale.
 
Colonial State and and production of heredity in New Caledonia (1953-1977)
 
Amongst the colonized populations of the French colonial empire, those of New Caledonia were the first to experience universal suffrage in a single electoral college. From the early fifties, the archipelago saw the emergence of elected Kanak leaders, recruited by missionaries: distinct from the colonial state, Protestant pastors and Catholic priests sufficiently controlled the school system to influence Melanesian input into a new political space. Thus, those recruited as representative are those who perform well in school, and who have shown loyalty to the institution, and therefore to French presence. In 1953, when the nine first elected Melanesians enter the General Council, the political heredity cannot exist. 'The' political remains to be invented. However, the selection of the first fifty Melanesian leaders reveals other forms of distinction: a large portion of them holds a position as Great or Small Chief. These positions were invented at the beginning of the century to rationalize the action of colonial administration. The relative importance of the "son of Chiefs" amongst elected representatives during the first decades does not imply that heredity has become an essential biological resource. Its value is the product of mechanisms that involve the history of relations between colonized groups and colonial administration.


Mathieu Hauchecorne (Université Versailles Saint-Quentin, CERAPS)

« When strong traits of character follow blood » : La construction politique de la lignée des Winthrop aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle
 
Depuis la déclaration d'indépendance de 1776, les noms de plusieurs « familles politiques » ont été associés à l'histoire de la démocratie étasunienne. Les grandes familles attachées à la région de Boston, encore appelées les brahmins, offrent un exemple particulièrement remarquable d'établissement de « dynasties familiales » à l'intérieur d'un système politique représentatif. Liées au développement de Harvard, elles constituent tout au long du XIXe siècle des lieux de circulation entre élites intellectuelles, politiques et économiques, du fait des alliances entre elles. Cette communication se propose de prendre pour objet le travail de construction d'une identité familiale qu'opèrent les membres de ces différentes lignées à travers le cas de la famille Winthrop, dont sont issus plusieurs responsables politiques de premier plan dans le courant du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle. S'appuyant sur le dépouillement d'archives familiales, elle étudiera à cette fin le travail généalogique réalisé à la fin du XIXe siècle par Robert C. Winthrop, Jr. (1834-1905), fils du président de la chambre des représentants. Elle se centrera en particulier sur la  réception dans la presse et dans les cercles proches de la famille Winthrop du mémoire consacré par Robert C Winthrop Jr à son père, et sur la manière dont cette réception met en résonance l'engagement politique de celui-ci, avec les valeurs associée à la lignée Winthrop et à la république américaine.
 
« When strong traits of character follow blood » The political construction of the Winthrop lineage in the United States at the end of the Xixth  century
 
Since the Declaration of Independence of 1776, the names of several « political families » have been associated with the history of the US democracy. The great families settled around Boston, the so-called « brahmins », illustrate in the most striking way how familial dynasties can develop within a representative political system. Linked to the rise of Harvard University, they have been during the whole Xixth century a vector of circulation between economic, political and intellectual elites, through the alliances among them. This paper aims to analyze the construction of family identities by the members of these different lineages. It considers the particular case of the Winthrop family, which counts among its ranks several central political figures from US Xixth and early Xxth centuries political life. Drawing on family archives, it focuses on the memory written at the end of the Xixth century by Robert C. Winthrop, Jr. (1834-1905) and devoted to his father, a former speaker of the House of Representatives. The paper focuses on the reception of the memory within newspapers and close relations to the family, and analyzes how narratives of the political career of Robert C. Winthrop, get intertwined with other narratives related to the Winthrop lineage and to the history and values of the American Republic.


Ward Vloeberghs (Ecole de Gouvernance et d’Economie de Rabat)

Dynamiques dynastiques : transmettre le pouvoir familial au Liban
 
La société libanaise offre un cadre exceptionnellement riche à l’analyse du phénomène dynastique. Non seulement trouve-t-on au Liban plusieurs lignées politiques de deux générations au moins, le pays connait aussi un nombre remarquable de dynasties politiques qui dominent la scène depuis le 18ème siècle au moins. Caractérisée comme système consociatif par Lijphardt et trop souvent expliquée à partir de la seule variable communautaire (i.e. à partir de l’appartenance confessionnelle), la sociologie politique libanaise profiterait largement d’une attention accrue accordée, de manière générale, aux solidarités familiales et aux dynasties politiques en particulier puisque le phénomène est relativement peu étudié compte tenu de sa fréquence et de sa flexibilité notable. Cette contribution vise à explorer la transmission familiale du pouvoir politique au Liban en contrastant le cas de la famille Hariri (dont le pouvoir dynastique est en pleine installation) à d’autres familles emblématiques du pays. Nous analyserons ici avant tout la mise en place d’un pouvoir familial afin de se demander si, au Liban, on n’assiste pas à deux types de dynasties : un premier type de familles politiques installées dans la verticalité (celles qui ont dépassées la troisième génération) alors que les familles du deuxième type (celles qui en sont à la deuxième génération) paraissent asseoir leur pouvoir selon une logique horizontale où les membres élargis de la famille participent au pouvoir.
 
Dynastic dynamics : passing down family power in Lebanon
 
Lebanese society offers an extraordinary rich setting to analyse the phenomenon of dynasties. Not only does one find in Lebanon several political lineages stretching back for at least two generations, the country is also host to a remarkable number of political dynasties who have dominated the scene since the eighteenth century at least. Characterised as a consociational system by Lijphardt and too often explained exclusively through a confessional variable (i.e. by taking sectarian belonging as starting point), Lebanese political sociology would benefit widely from increased attention to family solidarities in general and to political dynasties in particular. The issue has been rather thinly documented given its frquency and its notable flexibility. This contribution aims to explore family transmission of political power in Lebanon by contrasting the case of the Hariri family (whose dynastic power is being installed) to other emblematic families in the country. We will primarily analyse the development of family power in order to ask if, in Lebanon, we are witnessing two types of dynasties: a first type of families operating a vertical logic (those who have passed third generation) and a second type of families (those who have now reached second generation) who seem to consolidate power horizontally, namely by
integrating more distant relatives.


Aysen Uysal (Université de Dokuz Eylül, Turquie)

Le parti comme patrimoine familial et la famille comme source de la carrière partisane : l’exemple de la Turquie
 
Cette communication propose de réfléchir sur la famille à la fois comme moyen du contrôle et d’instrumentalisation d’un parti au niveau local et comme source au service de la carrière partisane. L’analyse du contrôle familiale des partis nous permet; 1.de révéler les moyens du contrôle du parti, 2. de réfléchir sur la question des différentes formes de la domination familiale sur la direction d’un parti, 3. de montrer les mécanismes de la transmission, 4. d’analyser les processus de la légitimation par les militants et par la direction centrale du parti.
Pour révéler les liens bâtis entre les familles et les partis, cette communication propose de partir d’une enquête de terrain menée dans quinze départements de la Turquie entre 2007-2010. Les dirigeants de quatre principaux partis politiques nationaux (AKP, CHP, MHP, BDP) font l’objet de cette recherche. Cette étude réalisée dans quinze départements de Turquie nous fournit, tout d’abord, des éléments pour comprendre des spécificités spatiales des liens familles-partis selon les différentes régions. 187 entretiens approfondis semi-directifs ont été mobilisés pour ce faire. Ces entretiens permettent d’envisager la transmission d’une organisation partisane en patrimoine familial et les mécanismes du contrôle du parti au niveau local.
 
Party as Family Patrimony & Family as a Source of Partisan Carrier : The Case of Turkey
 
This paper proposes to consider the family both as means of controlling and making use of a party at the local level and as a source for the partisan career. Analyzing family control over parties allows us 1. to reveal the means of party control 2. to reflect on the issue of different forms of family domination over party leadership 3. to demonstrate the transmission mechanisms 4. to analyze the processes of legitimation that the militants and the central leadership of parties engage in.
In order to reveal the links established between families and parties, this paper uses a field survey conducted in fifteen departments of Turkey between 2007 and 2010. The leaders of four major political parties (AKP, CHP, MHP, BDP) are the focus of this research. This study carried out in fifteen departments of Turkey provides information, which enables to understand the spatial specificities of the links between families and parties in different regions. 187 semi-structured in-depth interviews were used for this purpose. These interviews allow us to examine the transmission of a party organization in the family patrimony and the mechanisms of party control at the local level.
 

Julien Levesque (CEIAS-EHESS)

La force du modèle dynastique au Pakistan : étude de trois partis politiques du Sindh
 
Malgré le grand nombre de dynasties politiques en Asie du Sud, les partis politiques sont rarement fondés dans le but d’établir une telle dynastie, mais bien pour la défense d’une cause, de principes et de valeurs, avec lesquels la logique héréditaire entre en contradiction. Toutefois, la dimension dynastique de la transmission du patrimoine politique semble être un modèle de fonctionnement efficace à en juger par son adoption par un grand nombre de partis au Pakistan. Nous nous pencherons sur trois partis politiques du Sindh fondés pour la quête d'objectifs politiques mais dont le leadership est devenu une fonction dynastique : le Pakistan People's Party, l'Awami Tehreek et le Jiye Sindh Mahaz. Nous chercherons à comprendre, à travers l’étude des trajectoires des dirigeants de ces partis, les causes de l’adoption du modèle dynastique. Il s'agira de montrer, d’une part, la manière dont le parti politique fonctionne pour son dirigeant comme une entreprise, qui nécessite un investissement, confère une occupation et un statut social, et rapporte un revenu, justifiant sa transmission aux héritiers. D’autre part, nous utiliserons la littérature portant sur la transmission du charisme des saints soufis de la région pour décrire la passation familiale du capital politique, en illustrant notre propos par la représentation visuelle de cette filiation sur les posters politiques.
 
Dynastic model in Pakistan : case study of Sindh political parties

The power of the dynastic model in Pakistan: a study of three political parties of Sindh
In spite of the great number of political dynasties in South Asia, political parties are rarely founded with the purpose of establishing such a dynasty, but in the defense of a cause, principles and values, in contradiction with the hereditary logic. Yet the adoption of the dynastic model for the transmission of political capital highlights its efficiency as an organizational pattern. We will examine the case of three political parties of Sindh that were created as platforms for the advancement of political objectives but whose leadership has become a dynastic position: the Pakistan People's Party, the Awami Tehreek and the Jiye Sindh Mahaz. We will try to understand, by exploring the trajectories of their leaders, the reasons for the adoption of the dynastic model. The paper will thus first stress the way in which a political party works as a business for its leader, requiring investment, conferring an occupation and a social status, and yielding an income – all of which justifications for its transmission to heirs. We will then use scholarly literature on the transmission of charisma in the spiritual lineages in control of Sufi shrines to describe the filial transfer of political capital, illustrating our point with an analysis of the representation of this filiation on political posters.

 
Etienne Criqui (Université de Lorraine, IRENEE)

Successions et gestion patrimoniale des mandats électifs en France au tournant du XXIème siècle  
 
Il s’agira dans cette communication de montrer l’actualité en France, depuis la fin du XXème siècle jusqu’à nos jours, de la dévolution successorale des mandats, aussi bien de maire ou de conseiller général que de député ou de sénateur. Le parallèle avec les cas d’acquisition de la propriété tels que mentionnés dans le Code Civil laisse apparaître que les successions relèvent moins aujourd’hui de l’héritage (partage, usufruit…) que de la donation (donation entre époux, donation-partage, échange de biens). Néanmoins depuis une trentaine d’années la transmission emprunte moins au modèle dynastique qui avait cours principalement dans les campagnes. La gestion patrimoniale des mandats est devenue la règle. Sans attendre forcément l’héritage les héritiers constituent petit à petit leur capital politique. La politique qui était parfois une affaire de familles devient aussi aujourd’hui une affaire en famille.
 
Virginie Dutoya (CERI (SciencePo)/Université de Cergy-Pontoise)

Les familles politiques en Asie du sud : Les apports d’une analyse genrée
 
Les travaux sur les systèmes politiques d’Asie du sud soulignent souvent l’importance des phénomènes lignagers. Le rôle de l’hérédité en politique y serait d’autant plus remarquable que ce phénomène fait la part belle aux femmes. De ce fait, l’Asie du sud constitue un terrain prometteur pour analyser les familles politiques au prisme du genre. En effet, les travaux portant sur le rôle de la famille en politique semblent ignorer les représentations de genre attachées à l’institution familiale et son rôle dans la transmission de ces représentations. Une telle omission est surprenante, l’opposition entre la sphère privée et la sphère politique ayant été l’une des bases de l’exclusion historique des femmes dans les démocraties libérales. Le rattachement des femmes à la sphère familiale, marquée par l’affect et la discrimination, a ainsi été un argument pour justifier de leur exclusion de la politique, domaine de la rationalité et de l’impartialité. De ce fait, l’opposition entre la démocratie et les dynasties politiques se calque sur une opposition entre le masculin et le féminin, et une analyse genrée des mécanismes de transmission du pouvoir politique au sein de la famille est particulièrement heuristique. Cette communication proposera tout d’abord une grille de lecture genrée pour l’analyse des familles politiques en Asie du sud, ce qui permettra d’opérer une typologie de ces familles, avant d’analyser les dynamiques de la socialisation au sein des familles politiques.
 
Political families in South Asia: The inputs of a gendered analysis
 
The role of families within the political systems of South Asia is routinely underlined. One of the most remarkable characteristics of political families is that they give opportunities to women, in political systems that otherwise give them very little space. Hence, South Asia appears as a particularly interesting field for a gendered analysis of political families. Indeed, most of the works on the interaction between kinship and politics seem to ignore the major role played by family in the production and transmission of gender representations. Such an omission is rather surprising, since historically, the opposition between the familial (private) sphere and the public sphere was commonly used to justify women’s exclusion from politics; since women belonged to the family, the sphere of affect and partiality, they were not fit for politics, an activity which required reason and impartiality. Thus, the opposition between democracy and political dynasties mirrors the opposition between the masculine and the feminine, making a gendered analysis of the intra-familial transmission of political power particularly heuristic. In this communication, I will endeavor to elaborate a gendered grid of analysis for the study for political families in South Asia. This will enable me to propose a gendered typology of those families, before analyzing the dynamics of socialization within political families.


Magali Della Sudda (Centre Emile Durkheim, Sciences Po Bordeaux)

Genre et carrières politiques : le rôle de l'héritage dans l'entrée en politique des femmes conservatrices  (France/Italie 1935-1946)
 
Depuis une trentaine d'année, les travaux de sciences politiques ont intégré le genre comme outil d'analyse. D'abord réservée à la sociologie électorale, cette approche a montré sa fécondité en analyse des politiques publiques, dans les travaux de sociologie politique sur le militantisme ou la parité. Dans la lignée de ces analyses, cette communication propose d'évoquer les carrières des « pionnières » de la représentation en interrogeant la notion d'héritage comme facteur d'explication des carrières militantes des premières élues dans les assemblées locales ou nationales. Le terrain d'enquête est celui des premières élues démocrates-chrétiennes en France, il sera comparé au cas italien. Prendre comme entrée d'analyse les élues conservatrices est intéressant en ce que cela révèle de manière exemplaire la mobilisation de catégories familiales dans la représentation politique: la maternité, biologique ou spirituelle, la conjugalité sont des éléments qui structurent la mise en scène de soi aussi bien que les pratiques de ces femmes. Nous montrerons ainsi comment ils s'articulent au rôle nouveau endossé par des femmes nouvellement éligibles mais aussi les limites de ces stratégies de légitimation dans un contexte politique démocratique et concurrentiel.
 
Gender and political career : legacy and political career within conservative women MP's.
 
Since three decades, gender has proved a « useful  category of analysis ». First used in political sociology this concept has reshaped all the fields of political science. This paper aims to provide a new insight on political careers. Based upon a current survey on conservative female MP, it will focus on the role played by the legacy in their career. We will focus on the mobilization of familial categories by these women : maternity, biological or spiritual, « conjugality » are structural elements of their representation. By so doing we show how these categories relate to the new role endorsed by recently eligible citizens but also the limits of these strategies of legitimation in a political competition.


Participants

BANTIGNY Ludivine ludivinebantigny@free.fr
BESSIERE Céline céline.bessière@dauphine.fr
BROSSIER Marie marie.brossier@pol.ulaval.ca
CRIQUI Etienne etienne.criqui@univ-nancy2.fr
DEBAIN Mathilde mathildedebain@yahoo.fr
DELLA SUDDA Magali m.dellasudda@sciencespobordeaux.fr
DORRONSORO Gilles gilles.dorronsoro@univ-paris1.fr
DUTOYA Virginie virginie.dutoya@sciences-po.org
HAUCHECORNE Mathieu mhauchecorne@gmail.com
LEVESQUE Julien julien.levesque@ehess.fr
SAWICKI Frédéric frederic.sawicki@univ-paris1.fr
SORIANO Eric eric.soriano@univ-montp3.fr
TASSIOPOULOS Georges tassiopoulosgeorges@yahoo.fr
UYSAL Aysen uysalaysen@yahoo.fr
VERJUS Anne anne.verjus@ens-lyon.fr
VLOEBERGHS Ward wardvloeberghs@yahoo.com
 

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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