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Section Thématique 31

La représentation politique au-delà de l’élection
Political representation beyond elections

Responsables

Charles Girard (Université Paris-Sorbonne / Rationalités contemporaines) girard.charles@gmail.com
Samuel Hayat (CRESPPA, CNRS/Université Paris 8) samuel.hayat@univ-paris8.fr

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

La théorie démocratique a connu de nombreux bouleversements ces dernières décennies : un « tournant délibératif », invitant à faire reposer la légitimité démocratique non plus seulement sur l’élection ou le vote, mais sur les procédures de débat contradictoire précédant la décision ; une importance croissante accordée à la participation politique des citoyens au-delà de la seule activité électorale ; la montée d’un impératif de justice et d’inclusion, mettant en question la neutralité supposée des procédures démocratiques et leurs effets émancipateurs. Ces changements se sont en grande partie faits contre les théories « réalistes » ou « minimalistes » de la démocratie, réduisant la démocratie à la seule compétition électorale. La réflexion sur la démocratie en a été considérablement enrichie, mais avec une conséquence indésirable : la mise entre parenthèse de la question de la représentation. Alors que la théorie minimaliste de la démocratie identifiait cette dernière à sa forme électorale, la représentation politique a perdu sa centralité à mesure que cette théorie s’est trouvée contestée.
 
Cependant une série d’études a récemment remis en question, de façon dispersée, cette minoration de la représentation, non pas en réaffirmant la théorie réaliste et le primat de l’élection, mais au contraire en réévaluant les possibilités ouvertes par les transformations théoriques récentes pour repenser la représentation au-delà de l’élection. Elles examinent la représentation politique en considérant l’ensemble des relations au sein desquelles un agent politique parle, agit ou décide au nom d’un ou plusieurs autres. La dissociation partielle de la représentation et de l’élection rend possible la reprise de ce premier concept non seulement dans d’autres agencements théoriques que le paradigme schumpétérien mais aussi dans d’autres contextes que celui des institutions traditionnelles du gouvernement représentatif.
 
Dans la continuité de ces multiples études, cette section thématique entend contribuer au processus de reformulation des théories de la représentation, jusqu’à présent peu explorée par la science politique française. Dans cette perspective, cette section thématique, orientée vers la théorie politique, réunira des communications ancrées dans l’ensemble des sciences humaines et sociales, visant à mettre au jour et à analyser les formes de représentation politique qui ne relèvent pas stricto sensu de l’élection. Le but étant de permettre de nouveaux dialogues et de nouvelles convergences, les contributions s’inscriront dans un ou plusieurs de ces axes :
 
1. La position de porte-parole
En tant qu’il tente de « rendre présent ce qui est absent », un porte-parole, même s’il n’a pas été « autorisé » par ceux dont il prétend faire entendre la voix, peut prétendre au rôle de représentant. A partir d’une réflexion sur la position de porte-parole, notamment dans le monde associatif et les mouvements sociaux, des communications s’interrogeront sur les conditions de l’établissement d’une relation de représentation en dehors de toute autorisation par le vote.
 
2. Les effets de la représentation sur les représentés
Dans la plupart des études classiques sur la représentation, la focalisation porte sur le monde des représentants. Or l’existence d’une relation de représentation a aussi des effets sur les représentés, en particulier des effets de subjectivation et de politisation. Des contributions rendront compte de la relation de représentation du point de vue des représentés.
 
3. Les politiques de la présence
Une attention particulière sera portée aux théories et aux expériences qui relèvent des politiques de la différence, de la présence, ou de la représentation de groupe, qui visent à garantir une place spécifique aux groupes dominés et sous-représentés. En particulier, des contributions rendront compte des usages de la représentation pour lutter contre les discriminations de race, de genre et de classe.
 
4. Représentation électorale et représentation non électorale
Enfin, loin d’opposer seulement les formes électorales et non électorales de la représentation, des communications interrogeront l’articulation des procédures de représentations traditionnelles avec ces nouvelles formes de représentation. 
 
Democratic theory has known many changes in the last decades: a “deliberative turn”, the growing importance given to ordinary citizens’ participation in the political process, the rise of an imperative of justice and inclusion. These changes have largely developed against “realist” or “minimalist” theories of democracy that reduce democracy to electoral competition.
These changes have enriched democratic theory, but with an unwanted consequence: the question of representation has often been sidelined. Minimalist theories identified democracy with the electoral process; as these theories have been challenged, political representation has progressively lost its centrality in the literature.
 However, several studies have recently questioned the undervaluation of political representation. They use recent theoretical transformations to rethink representation beyond elections. Such approaches consider all the relationships in which a political actor speaks, acts, or decides in the name of others. By dissociating representation and elections, they allow us to move beyond both Schumpeterian theories and traditional institutions of representative government.
This workshop will focus on these new approaches to political representation, which have so far been little explored by French political science, by gathering papers focusing on one of the following topics or other related themes:
1. The spokeperson’s role
Since she tries to “make present what is absent”, a spokesperson, particularly in community life and social movements, can claim to be a representative, even if she has not been “authorized” by the group she claims to speak for. Reflecting on the roles of spokespeople, ,
2. The effects of representation on the represented
Most classical studies of representation have focused on the representatives. Yet the existence of a representation relationship also has consequences on the represented, especially through effects of subjectification and politicization.
3. The politics of presence
Specific attention will be given to theories and experiences that relate to politics of difference, politics of presence, or group representation: practices that aim to guarantee a specific place to dominated and under-represented groups.
4. Electoral and non-electoral representation
Finally, rather than simply opposing electoral and non-electoral forms of representation, some papers will deal with the articulation between traditional procedures of representation based on elections and new forms of non-electoral representation.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 2 : 10 juillet 2013 14h-16h45
Session 3 : 11 juillet 2013 15h15-18h

Voir planning général...

Lieu : Batiment A (27 rue Saint-Guillaume), salle A14


Programme

Axe 1 / De la représentation électorale à la représentation non électorale (From electoral to non electoral representation)
(en français et en anglais)

Axe 2 / Penser la représentation sans l’élection (Thinking representation without elections)
(en anglais)


Résumés des contributions

Céline Spector (Université Bordeaux 3, IUF)

Frontières de la représentation : la « justice anormale » selon Nancy Fraser

Les travaux récents de Nancy Fraser sont marqués par un regain d’intérêt pour les processus de transnationalisation qui frappent d’obsolescence le cadre westphalien. Dans ce cadre, l’injustice de représentation (misrepresentation) se produit lorsque des frontières politiques et/ou des règles de décision collective conduisent à refuser à tort à certains la possibilité de participer en tant que pair aux interactions sociales et politiques. Cette communication se propose d’explorer ce concept de « défaut de représentation » ou de misframing, qui se conçoit au niveau méta-politique : il résulte de la non-prise en compte des voix de ceux et de celles qui, en raison de leur extériorité aux Etats-nations, sont exclu(e)s de la scène politique classique. Elle se propose de mesurer la pertinence du concept de « déni de voix » dans les processus démocratiques (political voicelessness) ainsi que de la solution esquissée par Fraser en termes de parité de participation.

Frontiers of Representation: Nancy Fraser’s theory of « abnormal justice »

Nancy Fraser’s recent work takes into account the transnational process of a post-westphalian frame. In this frame, misrepresentation occurs when political boundaries and/or decision rules fonction to deny some people, wrongly, the possibility of participating on a par with others in social interaction and in political arenas. One of the level of misrepresentation concerns the boundary-setting aspect of the political. Here the injustice arises when the community’s boundaries are drawn in such a way as to wrongly exclude some people from the chance to participate at all in its authorized contests over justice. In such cases, misrepresentation takes a deeper form, which N. Fraser calls « misframing ». In this talk, I will assess Fraser’s theory of « parity of participation » as an answer to the problem of political voicelessness.


Petra Meier (Universiteit Antwerpen) et Emanuela Lombardo (Universidad Complutense de Madrid)

Studying power at work in symbolic representation

Political representation has been addressed in the literature on gender and politics mainly through analyses of the descriptive and substantive representation of women. Yet, symbolic representation is an interesting dimension to study because it goes beyond Pitkin’s (1972) understanding of it as a static standing of a symbol for a principal. The symbol or agent gets constructed, and symbolic representation thus involves activity and agency. Therefore, particularly when approached from a discursive perspective as we suggest here, symbolic representation allows us to explore how power is at work in processes of political representation. The aim of this paper consists in unpacking power and its mechanisms present in processes of political representation, more precisely symbolic representation. The paper starts with a discussion of the concept of power and from there develops a framework to study symbolic representation. Symbolic representation, the paper argues, fulfils a number of functions, such as constructing identity, creating legitimacy, and exercising political control, partly through the two former functions. Analyzing the different functions of symbolic representation, the paper unpacks how power and its mechanisms are present in processes of symbolic representation. In this, the paper adopts a discursive approach to symbolic representation, with the construction of gender as the principal, and discourse being the agent.

Analyser les mécanismes du pouvoir dans la représentation symbolique

La littérature sur genre et politique a avant tout approché le concept de la représentation politique à travers une analyse de la représentation descriptive et substantielle des femmes. Pourtant, la représentation symbolique est une dimension intéressante à étudier puisqu’elle va au delà de la conceptualisation statique de Pitkin (1972) d’un symbole invoquant le principal. Le symbole ou agent est construit, et la représentation symbolique implique donc activité et intervention. C'est pourquoi, surtout dans une approche discursive comme nous le suggérons dans cet article, la représentation symbolique nous permet d’explorer les mécanismes de pouvoir dans les processus de représentation politique. Le but de cet article est de dévoiler et analyser ces mécanismes de pouvoir présents dans les processus de représentation politique, et plus particulièrement de représentation symbolique. L'article débute par une discussion du concept de pouvoir,  puis développe à partir de là un cadre permettant d'étudier la représentation symbolique. L'article explique que la représentation symbolique remplit une série de fonctions, telle la construction d’identités, la création de légitimité, et l’exercice de contrôle politique, en partie à travers les deux premières fonctions. En analysant les différentes fonctions de la représentation symbolique, l'article explique les mécanismes de pouvoir présents dans les processus de représentation symbolique. A cette fin, l'article adopte une approche discursive de la représentation symbolique, la construction du genre étant le principal, le discours étant l’agent.
 
Lise Herman (London School of Economics and Political Science)

Theorizing representative deficits: Citizen disengagement in the light of the 'representative turn' in democratic theory

This paper aims at exploring the phenomenon of citizen disengagement from traditional institutions of representation in advanced democracies in the light of the rather recent "representative turn" in democratic theory. I argue that these rather dispersed contributions may form the basis of a normative framework in which to understand the nature of the democratic deficit(s) advanced democracies are facing. Especially, the representative turn in democratic theory provides tools to understand the exact functions representative institutions are meant to play in the vitality of modern democracy, and by extension, the consequences of these functions not being fulfilled on citizens' engagement with politics. To this avail, my paper will be divided in three distinct parts. In the first, I will insist on the insufficiencies of existing explanations of citizen disengagement from representative institutions. In the second, I will present the democratic functions that new theories of representation have assigned to representative institutions. Finally, I will show how the theoretical tools offered by these theories may serve as a basis for understanding citizen disengagement from representative politics.  

Théoriser les déficits de représentation: le désengagement citoyen à la lumière du “tournant représentatif" de la théorie démocratique

Cette communication vise à explorer le phénomène contemporain de désengagement politique vis-à-vis des institutions représentatives traditionnelles, et ce à la lumière du 'tournant représentatif' actuel dans les théories de la démocratie.  Ces avancées théoriques dispersées peuvent en effet former la base d'un cadre normatif dans lequel comprendre la nature des déficits de représentation dont souffrent aujourd'hui les vielles démocraties européennes. Plus spécifiquement, le 'tournant représentatif' dans les théories de la démocratie offre des outils pour comprendre les fonctions exactes que les institutions représentatives sont sensées jouer dans la vitalité de la démocratie moderne, et donc par extension, les conséquences de défauts dans la performance de ces fonctions vis-à-vis de l'engagement politique des citoyens. Dans ce but, cette communication sera structurée en trois parties. Dans la première, on insistera sur les insuffisances des explications dominantes du désengagement citoyen en démocratie. Dans la deuxième, les fonctions que les nouvelles théories de la représentation assignent aux institutions représentatives seront présentées. Finalement, on montrera comment les outils offerts par ces théories peuvent former la base d'une compréhension des phénomènes de désengagement citoyen en démocratie contemporaine.
 
Nicolas Benvegnu (Sciences Po Paris et Télécom ParisTech)

Etoffer le Léviathan. Les effets de l’expérimentation de procédures de débat sur la composition du corps politique

L’introduction récente de procédures visant la prise de parole de citoyens sur une diversité d’enjeux et au delà de la dimension électorale de la vie démocratique ne nous amène t-elle pas à reconsidérer la représentation traditionnelle du corps politique et la manière dont celui peut être composé ? Cette contribution propose de prendre une telle question comme point de départ et de se pencher sur quelques-uns des effets de la mise en oeuvre de procédures dialogiques sur la définition et la représentation du corps politique. Elle s’appuie pour cela sur une enquête de terrain réalisée dans le cadre d’une thèse de doctorat (La politique des netroots : la démocratie à l’épreuve d’outils informatiques de débat public, Ecole des Mines de Paris, 2011).
 Des travaux en sociologie des sciences conduits dans les années 1980 ont mis en évidence l’importance de l’instauration de nouvelles procédures et de l’expérimentation d’instruments pour que des acteurs puissent s’ériger en porte-parole légitimes d’entités humaines ou non humaines jusqu’alors réduites au silence, pour qu’ils puissent faire entendre les revendications de ces entités et qu’il soit ainsi possible d’envisager l’entrée de ces dernière dans le jeu politique (Callon, 1986). Ces travaux attirent l’attention sur la richesse du travail politique par lequel des acteurs sont capables de s’exprimer au nom d’autres et sur la diversité des éléments qui peuvent être politiquement représentés.
 Les procédures de débat qui ont émergé au cours des dernières années permettent de formaliser le travail de représentation d’individus, de groupes ou d’arguments qui échappent aux mécanismes de représentation qui passent par l’élection. Ces procédures détachent généralement la représentation des expressions d’un impératif de représentativité statistique d’une communauté d’individus afin de rendre visibles les positions des entités en quelque sorte victimes de sociologie de la moyenne qui régit le gouvernement représentatif. Certaines de ces procédures n’ont pas pour seul objectif de faire le tour des arguments dans une optique d’aide à la décision du personnel politique institué, mais cherchent dans certains à également permettre l’émergence de problématisations alternatives des enjeux de discussion. Cela ne peut être réalisé sans l’expérimentation de principes et d’outils qui permettent à des figures politiques émergentes d’offrir une représentation des voix qui s’élèvent ou des problèmes qui se posent. En cartographiant les discussions ou les controverses, ces figures contribuent à « faire proliférer le social » (Strathern, 1992) et à étoffer la représentation du corps politique.
 
Fleshing the Leviathan out. The effects of the experimentation of procedures of public debate on the composition of the body politic
 
Over the past few years, devices whose purpose is to allow citizens to speak on a variety of issues beyond the vote have been implemented. These experiences lead us to reconsider the representation and even the composition of the body politic. This is the starting point of this contribution. To develop this idea, I will rely on a field work conducted as part of my doctoral thesis (The politics of netroots, Ecole des Mines de Paris, 2011).
Works in the field of sociology of science conducted in the 1980s focused on the importance of the introduction of new procedures and testing instruments for the actors to set themselves up as legitimate spokespersons of entities previously silent and invisible. Such spokesperson have thus give voice to these entities and have allowed them to enter the political game (Callon, 1986). This kind of studies draw attention to the richness of the work by which political actors are able to speak on behalf of others and the diversity of elements that can be politically represented.
Procedures of public debate that have emerged in recent years can formalize the representation work of individuals, groups or arguments beyond the mechanisms of representation that go through the election. These procedures generally lose representation of expressions of a need for statistical representativeness of a community of individuals : their main goal is to make visible the positions of entities rendered invisible by the principles of representative government.
Some of these procedures were not only designed to identify all arguments to help elected officials to set political decisions and build policies, but also to seek the emergence of alternative problematizations of debating issues. This can not be achieved without testing principles and tools that enable emerging political figures provide a representation of emerging voices or problems. By mapping discussions or arguments, these figures help “social entities to proliferate"(Strathern, 1992) and to expand the representation of the body politic.


Philippe Crignon (Université Bordeaux 3)

Ce que l’Europe fait à la représentation politique

La difficulté à transposer le régime parlementaire à l’Union européenne a conduit à diagnostiquer le fameux déficit démocratique. L’Europe a d’abord cherché à développer la démocratie participative en incitant une pluralité d’acteurs à intervenir dans le processus décisionnel. Or, l’Union a brutalement changé d’orientation avec le Traité de Lisbonne (2009) qui soutient pour la première fois que « le fonctionnement de l’Union est fondé sur la démocratie représentative » (art. 10) ; il inscrit le rôle des parlements nationaux et régionaux ainsi que celui des organisations de la société civile afin de parvenir à une meilleure représentation « des citoyens » et non plus « des peuples ». On interrogera donc cette prétention à une nouvelle représentativité recherchée hors du circuit traditionnel de l’élection. Pour une part, elle conforte la normativité de la représentation comme source de légitimité, permettant par exemple à la Commission, non élue, de faire valoir la contribution d’oganismes représentatifs à ses débats. Pour une autre part, elle risque de dissoudre et de disséminer la représentation en de multiples prétentions mal vérifiées (le claims-making) ; certaines instances diplomatiques (comme le COREPER) ou fonctionnelles (comme le Comité des Régions) décident ainsi de se politiser elles-mêmes en se déclarant représentatives d’intérêts encore équivoques. Il s’agira donc d’évaluer les effets de l’Union sur la représentation politique pour déterminer s’ils contribuent ou non à renforcer la démocratie européenne.

What the European Union does to Political Representation

Because the full duplication of parliamentarianism into the European architecture seems so difficult, the European Union has come to diagnose the so-called democratic deficit. At first, Europe has tried to develop participative democracy by inducing various actors to involve into the decision-making process. But EU notably shifted her position with the Treaty of Lisbon (2009) which states that « the functioning of the Union shall be founded on representative democracy » (art. 10) ; it also mentions the role of national and regional parliaments and of civil society organizations as a way to get a better representation of « the citizens » rather than of « the peoples of the States ». We will discuss this claim that it generates a new and full kind of representation, sought out of consent and election. On the one hand, it reinforces the normative status of representation as a source of legitimacy, as it allows (for instance) the non-elected Commission to exhibit the contribution of supposedly representative organizations to its deliberations. On the other hand, it runs the risk to dissolve and disseminate representation into many unchecked claims ; some diplomatic bodies (such as COREPER) or functional organizations (such as the Committee of Regions) impulse their own politicization and declare themselves representative of (equivocal) interests. The aim of this contribution is to appreciate how EU changes political representation and to determine whether it improves or not European democracy.


Marta Nunes da Costa (Universidade do Minho)

Representing and being represented – dynamics of political representation beyond electoral democratic paradigm

This presentation has two goals: on the one hand, it aims at identifying the elements that are changing in the representative relationship; on the other hand, it aims at showing how this change has a direct impact in the reformulation of new forms of political participation beyond the electoral democratic paradigm. In order to do I will start by providing an account of the hiatus in the representative relationship, given that some political actors are not always subjected to mechanisms of democratic accountability, political justification and the traditional system of checks and balances. In the second moment I will offer an account of the proliferation of representative institutions, not only the formal ones like Parliaments but now also extended to informal institutions that are spreading across a global civil society through social movements and others. Finally, and given that the issues that become object of representation are different – not necessarily in content, but in scale, I will offer a critical reflection on the possibilities for political participation today.


Représenter et être représenté. Les dynamiques de la représentation politique au-delà du paradigme de la démocratie électorale

Cette présentation a deux buts. D’un côté, elle visera à identifier les éléments en transformation dans la relation de représentation ; d’un côté, elle aura pour objectif de montrer comment ces transformations ont une influence directe sur la reformulation de nouvelles formes de participation au-delà du paradigme de la démocratie électorale. Pour ce faire, je commencerai par rendre compte du hiatus dans la relation de représentation, du fait que certains acteurs politiques ne sont pas toujours assujettis aux mécanismes démocratiques de la reddition des comptes, de la justification politique et du système traditionnel d’équilibre des pouvoirs. Dans un deuxième temps je rendrai compte de la prolifération d’institutions de représentation, non seulement formelles comme les parlements mais aussi désormais étendues aux institutions informelles qui se répandent dans la société civile globale à travers les mouvements sociaux et d’autres moyens. Enfin, étant donné que les questions qui se trouvent représentées sont différentes – pas nécessairement dans leur contenu, mais dans leur échelle – je mènerai une réflexion critique sur les possibilités de représentation politique aujourd’hui.

Jenni Rinne (University of Helsinki)

What makes a representative claim legitimate?

The re-appearance of the concept of political representation in the field of political theory has been greeted with new conceptual enthusiasm which has added up to a more active treatment of political representation and thus introduced novel approaches to representation in a contemporary setting. Emphasizing political representation as an ‘activity’ rather than ‘being’ calls upon the notion of talk and deliberation which can be seen to underline Saward’s (2010) proposal on turning attention to the question “what can be done with representation”. Similarly the function of representation creates representative performance where “our judgments about the quality of representation are in fact judgments about the quality of a particular activity specified by the function given in a particular context.” (Rehfeld 2006: 18.)
My paper takes up this contextual notion of political representation in parliamentary setting. It aims at connecting the ambiguous role of parliamentary deliberations (accused of being for ‘mere rhetorics’) to the potential causality between defining representation (what representation is) and the performance of it accordingly. While the audience of these deliberations may be the ones to be called upon (e.g. the represented) and created in the act of claim-making, parliamentary deliberations occur also outside the public arena of talk, mainly in parliamentary committees. The absence of the represented in regards to transparency and visibility of representative performance raises topical questions in defining, assessing and judging political representation. Thus it links these themes more generally to the legitimacy of modern representative rule: What makes a representative claim legitimate? The answer to this question must be part of theorizing of representative performance.


Qu’est-ce qui rend légitime une prétention à représenter?

La réapparition du conception de représentation politique dans le champ de la théorie politique a été accueillie avec un nouvel enthousiasme conceptuel qui a conduit à un traitement plus actif de la représentation politique et a donc introduit de nouvelles approches de la représentation dans un cadre contemporain. La conceptualisation de la représentation politique comme une « activité » plutôt que comme un « état » requiert d’utiliser les notions de parole et de délibération, qui peuvent être vues comme le soubassement de la proposition de Saward (2010) de s’intéresser à la question de « ce qui peut être fait avec la représentation ». De la même manière, la fonction de représentation crée une performance représentative dans laquelle « nos jugements à propos de la qualité de la représentation sont en fait des jugements à propos de la qualité d’une activité particulière caractérisée par la fonction prise dans un certain contexte » (Rehfeld, 2006, p. 18).
Mon intervention utilise cette conception contextuelle de la représentation politique dans un cadre parlementaire. Elle cherche à connecteur le rôle ambigu des délibérations parlementaires (accusées d’être « simplement rhétoriques ») à la causalité potentielle entre la définition de la représentation (ce qu’est la représentation) et sa mise en œuvre subséquente. Tandis que le public de ces délibérations peuvent être ceux qui sont requis (par exemple les représentés) et créés dans l’acte d’affirmation de la représentation, les délibérations parlementaires ont aussi lieu hors de l’arène publique de discussion, principalement dans les commissions parlementaires. L’absence du représenté en ce qui concerne la transparence et de la visibilité des actes des représentants posent des questions centrales de définition, d’évaluation et de jugement de la représentation. Ainsi cela lient ces thèmes à ceux, plus généraux, de la légitimité de la règle représentative moderne : qu’est-ce qui rend une prétention à représenter légitime ? La réponse à cette question doit être un élément de théorisation de l’action de représentation.

Lenka Strnadová (Západočeská univerzita v Plzni)

Representation of Minority Groups – A Bottom-Up Pluralist Approach

Today, democratic theory, mainly its deliberative strands unite in the quest for an increased inclusiveness of democratic process. Still, the question of how should the different identity groups be represented, who is to be the legitimate representative of group interests, and generally who gets to speak for a group remains to be resolved. In my paper, largely informed by Young, Fraser, and Phillips, I begin with the assertion that the ultimate aim of democratic inclusion must be the elimination of structures of power between the majority and marginalized groups within the public sphere. For that purpose, it is indispensable to invert the top-down logic immanent to the process in which the representatives (or spokespersons) of individual groups are selected and acknowledged by the majority. I argue that drawing on the binary logic of Us/Them and our tendency to reify/construct groups as internally unified units, the majority is inclined to select representatives who they acknowledge as legitimate spokespersons for the minority and legitimate partners in discussion so as they mirror the picture of the group identity that the majority has imposed upon the minority.
With respect to the issue of minority representation, it means that we must refute any modes of selection of group representatives that reinforce the illusion of single ‘authentic’ representation of group interests. Thus I propose that our aim must be a system of ‘a pluralist representation of minority groups’. With respect to the majority, a substantial transformation of the whole culture of the majoritarian public is indispensable. We have to search for completely new, de-reified common identities that are neither a mirror picture of Us, nor of Them.


La représentation des groups minoritaires. Une approche pluraliste et ascendante

Aujourd’hui, la théorie démocratique, en particulier ses branches délibératives, sont unies dans la question pour une plus grande inclusivité des procédures démocratiques. Cependant, les questions des moyens de représentation des identités sociales, des représentants légitimes des intérêts particuliers, et plus généralement de la désignation des porte-parole des groupes sociaux restent à résoudre. Dans mon intervention, qui s’appuie largement sur les travaux de Young, Fraser et Phillips, je commencerai par affirmer que le but final de l’inclusion démocratique doit être l’élimination des structures de pouvoir entre la majorité et les groupes marginalisés au sein de l’espace public. Pour réaliser ce but, il est indispensable d’inverser la logique descendante inhérente au processus par lequel les représentants ou les porte-parole des groupes sont sélectionnés et reconnus par la majorité. Je défendrai l’idée qu’en s’appuyant sur la logique binaire du Nous/Eux et sur notre tendance à réifier/construire les groupes comme des entités homogènes, la majorité est encline à sélectionner les représentants qu’elle reconnaît comme des porte-parole légitimes de la minorité et comme des partenaires légitimes dans la discussion de façon à ce qu’ils cadrent avec l’identité de groupe que la majorité a imposé à la minorité. Du point de vue du problème de la représentation des minorités, cela veut dire que l’on doit réfuter les modes de sélections des représentants des groupes qui renforcent l’illusion d’une unique représentation « authentique » des intérêts de ces groupes. Je propose donc l’idée que notre but doit être un système de « représentation pluraliste des groupes minoritaires ». En ce qui concerne la majorité, une transformation substantielle de la culture du public majoritaire dans son ensemble est indispensable. Nous devons rechercher des identités communes entièrement nouvelles et dénaturalisées qui ne soient des images ni de Nous, ni d’Eux.

Volkan Gül (University College of London)

Representation in Deliberative Citizen Practices

In this paper, I aim to show that resemblance based understanding of representation is insufficient to understand representation in non-electoral contexts. Instead of it, I argue that Michael Saward’s representation as claim-making framework can be the new way to examine representation in such contexts, and specifically in deliberative citizen practices. First, I discuss resemblance based conception of representation in the context of deliberative citizen practices, and show how it is insufficient. Second, I introduce representation as claim-making framework and modify it. Third, I examine representation in the British Columbia Citizens’ Assembly using the claim-making framework as an illustration of how we can use this framework. I aim to show that representation is a claim made by organizers, and strengthened by different tools of which resemblance is just one. This claim involves three main actors: the represented, citizen representatives and organizers. While the acts of the represented and citizen representatives do not affect representation, organizers not only determine the selection criteria but also make representations as being claim-makers. In addition, the idea of performatives is used in order to support this argument. In the end, I have three conclusions: First, representation as a concept does not necessarily denote a dyadic relationship. Second, organizers are the source of representation in deliberative citizen practices. Third, any examination of representation in a deliberative citizen practice should move beyond resemblance, and look carefully at the organizers’ decisions and claims.

La représentation dans les pratiques citoyennes de délibération

Dans cette intervention, j’essaierai de montrer que la conception de la représentation fondée sur la ressemblance est insuffisance pour comprendre la représentation en contexte non électoral. Au lieu de cela, je défendrai l’idée que la représentation comme affirmation, proposée par Michael Saward, peut être utilisée comme cadre pour examiner la représentation dans de tels contextes, en particulier dans les pratiques citoyennes de délibération. Dans un premier temps, je discuterai la conception de la représentation fondée sur la ressemblance dans le contexte des pratiques citoyennes de délibération, pour en montrer l’insuffisance. Ensuite, je présenterai le cadre de la représentation comme affirmation et les modifications que j’y apporte. Dans un troisième temps, j’examinerai la représentation dans l’Assemblée citoyenne de Colombie britannique, en utilisant le cadre de l’affirmation, pour illustrer de quelle manière ce cadre peut être utilisé. Je chercherai à montrer que la représentation est une affirmation faite par les organisateurs, renforcée par divers moyens, dont la ressemblance, mais pas seulement. Cette revendication implique trois acteurs principaux : les représentés, les représentants citoyens et les organisateurs. Tandis que les actes des représentés et des représentants citoyens n’affectent pas la représentation, les organisateurs non seulement déterminent les critères de sélection mais produisent aussi des représentations en tant qu’ils affirment qu’il y a représentation (on s’appuiera ici sur le concept de performativité). Pour finir, j’aurai trois conclusions : la première est que la représentation comme concept n’implique pas nécessaire une relation duale. La seconde est que les organisateurs sont la source de la représentation dans les pratiques citoyennes de délibération. La troisième conclusion sera que l’examen de la représentation dans une pratique citoyenne de délibération devrait dépasser la question de la ressemblance et prêter attention aux décisions et aux affirmations et aux décisions des organisateurs.

Enrico Biale (Università del Piemonte Orientale)

Temporary Workers and Political Representation. The Role of Interests

Democracy is a way of making collective decisions that connects decisions to the interests and judgments of those whose conduct is to be regulated by those decisions.  Political representation is a fundamental feature in order to ensure that every citizen is included within decision-making process without requiring direct participation at the decision-making process. Within current democratic societies temporary workers’ interests are systematically underrepresented and thus excluded. How is it possible to include them within democratic institutions?
In the first session of the paper I will challenge the neo-republican answer to this question according to which the inclusion of temporary workers within democratic institutions requires to extend them political rights because, otherwise, temporary workers will be dominated. I will argue that republican strategy is unsatisfactory because:
1- it does not reduce temporary workers’ domination;
2- it does not fit to temporary workers’ interests.
3- it seems to reduce democratic representation to voting.
Temporary workers, however, share interests on specific policies that deeply affect their life-plans. In the second section of the paper I will thus defend, as an alternative to republicanism,  an account of deliberative negotiation that entails an affected-interest account of representation. In the concluding remarks of my paper I will finally hold that since this account of political representation is less demanding and more inclusive than neo-republicanism and deliberative democracy, it can more effectively than these approaches include temporary workers within democratic decision-making process without misrecognizing their life-plans and interests.

 
Les travailleurs temporaires et la représentation politique. Le rôle des intérêts

La démocratie est une façon de prendre des décisions collectives qui connecte les décisions et les intérêts et les jugements de ceux dont la conduite doit être réglée par ces décisions. LA représentation politique est le trait fondamental qui garantit que chaque citoyen soit inclus dans le processus de prise de décision sans requérir la participation directe à ce processus. Au sein des sociétés démocratiques contemporaines les intérêts des travailleurs précaires sont systématiquement sous-représentés et donc exclus. Comment est-il possible de les inclure dans les intérêts démocratiques ?
Dans la première partie de mon intervention je mettrai en question la réponse néo-républicaine à cette question, selon laquelle l’inclusion des travailleurs précaires dans les institutions démocratiques nécessite d’étendre leurs droits politiques, pour éviter qu’ils soient dominés. Je montrerai que la stratégie républicaine est insatisfaisante car :
1-    Elle de réduit pas la domination des travailleurs précaires.
2-    Elle ne correspond pas aux intérêts des travailleurs précaires.
3-    Elle semble réduire la représentation démocratique au vote.
Cependant, les travailleurs précaires partagent des intérêts sur des politiques spécifiques qui affectent directement leurs projets de vie. Dans la deuxième partie de cette intervention je défendrai donc, comme alternative au républicanisme, une idée de la négociation délibérative qui implique une conception de la représentation affectée par les intérêts. Pour conclure, je défendrai l’idée selon laquelle puisque cette conception de la représentation politique est moins coûteuse et plus inclusive que le néo-républicanisme et la démocratie délibérative, elle peut plus efficacement inclure les travailleurs précaires dans les processus démocratiques de prise de décision tout en reconnaissant leurs projets de vie et leurs intérêts.


Participants

BENVEGNU Nicolas nicolas.benvegnu@gmail.com
BIALE Enrico enrico.biale@lett.unipmn.it
CRIGNON Philippe philippe.crignon@wanadoo.fr
GIRARD Charles girard.charles@gmail.com
GÜL Volka, volkan.gul.09@ucl.ac.uk
HAYAT Samuel samuel.hayat@univ-paris8.fr
HERMAN Lise L.Herman@lse.ac.uk
LOMBARDO Emanuela elombardo@cps.ucm.es
MEIER Petra petra.meier@ua.uc.be
NUNES DA COSTA Marta nunesdacosta@yahoo.com
RINNE Jenni jenni.rinne@helsinki.fi
SPECTOR Céline spectorceline@yahoo.fr
STRNADOVA Lenka lstrnad@kap.zcu.cz

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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