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Section Thématique 35

La socialisation politique des enfants : pour un réexamen empirique et transdisciplinaire
Children’s Political Socialization: towards an empirical and transdisciplinary reassessment

Responsables

Géraldine Bozec (Centre d’études européennes/Sciences Po) bozec.geraldine@free.fr
Julie Pagis (Centre d'Études et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales, Lille) Julie.Pagis@ens.fr

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Peu d’objets de recherche ont suscité un enthousiasme aussi grand et un désintérêt aussi prompt que celui de la socialisation politique (Percheron, 1987). Cette section thématique entend contribuer à renouveler – par le décloisonnement disciplinaire et une approche élargie du politique – ce champ de recherche encore largement délaissé en France.
On doit à Annick Percheron l’importation (dès 1974) des travaux américains fondateurs consacrés à la socialisation politique (Hess & Torney, 1967 ; Easton & Dennis, 1969) mais également leur renouvellement théorique. En contestant le caractère normatif des premières recherches américaines et leur définition restrictive de la socialisation politique, celle-ci va en effet laisser la place à une réflexion qui ne cherche plus à prédire le vote futur mais davantage à comprendre comment se forme l’univers politique des enfants (Percheron, 1974). L’approche d’A. Percheron permet également de ne pas réduire à néant les processus d’appropriation de l’héritage et le caractère partiellement indéterminé de l’activation des dispositions incorporées dans un contexte qui n’est plus celui dans lequel elles ont été intériorisées. De plus, considérer la socialisation politique comme un processus de co-construction (Percheron, 1985) permet de prendre en compte l’influence du contexte sociopolitique sur les phénomènes de transmission, et d’historiciser un objet trop souvent abordé de manière atemporelle, voire asociale. Elle a eu enfin le mérite de replacer l’enfant au cœur des questionnements.
Mais le départ précoce d’A. Percheron et l’absence relative de prolongements à son programme de recherche - à l’exception cependant des travaux d’Anne Muxel, de Vincent Tournier et de quelques thèses récentes sur le sujet (Bozec, 2010 ; Throssell, 2011 ; thèse en cours de D. Boone) - expliquent pour partie le caractère inachevé de l’articulation nécessaire entre les travaux pionniers de science politique et les apports de la sociologie de la famille, de la sociologie de l’enfance, de la sociologie de l’éducation ou de la psychologie culturelle pour traiter de la socialisation politique enfantine.
De plus, les travaux récents relatifs à la socialisation politique ont surtout porté sur d’autres catégories d’âge – adolescents, jeunes adultes (Muxel, 2001) – et sur la socialisation secondaire (liée aux événements et aux contextes politiques, à l’engagement militant, etc.). Et la tendance dominante concernant les pré-adultes, déjà à l’œuvre dans les premiers travaux américains, est toujours d’étudier la question sous l’angle des seules préférences politiques, restreignant ainsi la définition et l’approche du politique. A l’étranger, des travaux récents de science politique réinvestissent l’objet (Ichilov, 2003 ; Sapiro, 2004), s’appuient sur des données de panels nationaux (Kroh & Selb, 2009 ; Zuckerman et al., 2007) mais ne renouvellent pas profondément les questionnements. En effet, ils restent pris dans la controverse entre conceptions « traditionnelle » et « révisionniste » de l’identification partisane, qui divergent sur le rôle attribué à la famille et insistent, pour la première sur la « persistance » des attitudes politiques acquises dès l’enfance, pour la seconde sur le « changement » de ces dernières au cours de la vie (Miller, Sears, 1986). Enfin, ces études existantes étant principalement de nature quantitative, elles mettent en évidence des corrélations (entre les préférences politiques parentales et celles des enfants par exemple) mais ne permettent pas d’appréhender les processus par lesquels s’opère la socialisation politique enfantine.
Comment un parent transmet-il ses préférences politiques ou plus largement ses schèmes de vision du monde à l’un ou plusieurs de ses enfants ? Par quels vecteurs et à quelles occasions (repas familiaux, discussions devant la télévision, réactions parentales aux informations, etc) ? Quel rôle l’économie affective intrafamiliale joue-t-elle dans ces processus d’intériorisation de dispositions à se situer et à agir dans le monde social ? Comment le genre influence-t-il la genèse des compétences politiques enfantines ? En quoi la dissonance entre les différentes instances de la socialisation politique enfantine (dissonance entre famille et école mais également entre parents/beaux-parents, etc.) vient-elle affecter les mécanismes de la transmission ?
De nouvelles approches permettent aujourd’hui de relancer les réflexions sur cet objet. La sociologie et l’anthropologie de l’enfance se sont développées, et tout comme la sociologie de l’éducation ont accordé une place importante à l’analyse des processus de transmission familiale et scolaire et à l’étude des univers enfantins (Lahire, 1995 ; Geay, 1999 ; Rayou, 1999 ; Sirota, 2006). Ces disciplines ont parfois croisé la question du politique et renouvelé la réflexion sur les effets (politiques) de l’éducation (Emler & Frazer, 1999 ; Maurer, 2000). L’analyse des rapports qu’entretiennent les enfants au politique et plus généralement à l’ordre social (Zarca, 1999) connaît actuellement un certain renouveau (Gaussot & Geay, 1997 ; Lignier & Pagis, 2012). Poursuivre dans cette voie en science politique, en nouant des échanges avec d’autres regards disciplinaires et en faisant dialoguer des recherches de politistes français et étrangers jusque là trop isolées, apparaît nécessaire. Cette section thématique entend y contribuer.
Pour ce faire, elle adoptera une définition large du politique, qui n’inclut pas seulement le rapport à la politique comme univers spécialisé, mais l’ensemble des représentations et des pratiques orientées par des divisions - potentiellement conflictuelles - du monde social, et ce faisant construites comme politiques (Leca, 1973). Les multiples dimensions de l’expérience sociale des enfants (socialisation religieuse, trajectoires scolaires, rapports à l’autorité parentale ou enseignante, sociabilités, etc.) seront ainsi appréhendées comme autant d’éléments susceptibles de nourrir leurs représentations et comportements politiques (Maurer, 2004).  
Cette section thématique rassemble et fait dialoguer des travaux fondés sur des enquêtes empiriques qui questionnent la sociogenèse de représentations politiques du monde social. Elle s’articule autour de deux axes portant, l’un, sur les devenirs d’enfants de militants, l’autre sur des comportements enfantins socialement différenciés face au politique. Les groupes sociaux étudiés sont variés, renvoyant aussi bien au monde de l’enfance en général qu’à des univers militants spécifiques (enfants de féministes) ou à des contextes sociaux (enfance dans une banlieue rouge parisienne) et institutionnels (expérience des conseils municipaux d’enfants) singuliers. En incluant des travaux et des enquêtes relatives à différents cas nationaux (France, Angleterre, Allemagne, Maroc), la section thématique proposera un regard comparatif sur les objets analysés.
Les communications retenues et leur discussion apporteront des éléments de compréhension et d’analyse des univers politiques enfantins (sentiments d’appartenance des enfants, représentations enfantines des principaux clivages du monde social, du pouvoir et du système politique, comportements politiques enfantins, etc.) ainsi que des mécanismes en jeu dans la socialisation politique (la fabrique au quotidien de la socialisation politique, l’articulation entre les différents milieux de socialisation, le rôle de co-acteur des enfants dans l’appropriation des héritages politiques, etc).
 
This thematic section on children’s political socialization aims to contribute to renewing a research field that has largely been overlooked in French political science. After founding studies – in the U.S.A. (Hess & Torney, 1967 ; Easton & Dennis, 1969) and then in France with Annick Percheron’s studies (Percheron, 1974, 1985) – childhood has not attracted much academic attention. Research on political socialization has been more concerned by other age categories - teenagers, young adults (Muxel, 2001) and secondary socialization.
Moreover, recent studies on children and teenagers tended to restrict the analysis to political preferences only – as first American research had done - hence limiting the approach to the political. And since most studies used quantitative data, processes and practices at stake in children’s political socialization have been underexplored.
The approach to children’s political socialization is currently renewed, in political science and other disciplines (sociology and anthropology of childhood, sociology of education in particular). This thematic section aims to go further in reflecting on this issue by favoring discussions between researchers from different disciplinary backgrounds and countries.
In this aim, a large definition of the political is used as a basis, not restricted to the specialized world of politics, but including all representations and practices that involve divisions of the social world –potentially conflictive - and thus built as political (Leca, 1973). That is why children’s political understandings and behaviors are considered in their relationships with children’s social dispositions and social experience (Maurer, 2004).
This thematic section gathers communications based on empirical data and related either to children or to adults’ childhood political socialization. Investigated groups are diverse, including children in general, different activist circles, specific social contexts (Parisian suburbs) or institutional contexts (municipal children’s council). The section develops a comparative perspective since it includes researches on various national cases (France, England, Germany, Morocco). It aims to go further both in the understanding of children’s political world and in the study of the processes at stake in political socialization.


Bibliographie

BOZEC, Géraldine, Les héritiers de la République. Eduquer à la citoyenneté à l’école dans la France d’aujourd’hui, Thèse de Doctorat : Science Politique, Institut d’Etudes Politiques de Paris, 2010.
EASTON, David and DENNIS, Jack, Children in the Political System: origins of political legitimacy, New York: Mc Graw-Hill, 1969.
EMLER N., FRAZER Elizabeth, « Politics : the Education Effect », Oxford Review of Education, n° 1-2, vol. XXV, 1999, pp. 251-273.
Gaussot L., Geay B., 1997, “Children, Child's Play and Experiment of the Social World”, Sociological Problems, 3.
Geay Bertrand, Profession : instituteurs. Histoire politique et action syndicale, Seuil, 1999
HESS, Robert and TORNEY, Judith, The Development of Political Attitudes in Children, Chicago: Aldine Publishing Company, 1967.
ICHILOV Orit, 2003, “Education and democratic citizenship in a changing world”, in David O. Sears et al., Handbook of Political Psychology, New York: Oxford University Press, pp. 637–69.
KROH Martin, SELB Peter, « Inheritance and the Dynamics of Party Identification », Political Behavior, Vol. 31, n° 4, décembre 2009, p. 559-574
LAHIRE Bernard, Tableaux de famille, Paris : Gallimard / Seuil, 1995.
LECA Jean, « Le repérage du politique », Projet, vol. 71, n°1, janvier 1973, pp. 11-24.
Lignier Wilfried, Pagis Julie, « Quand les enfants parlent l’ordre social. Enquête sur les classements et jugements enfantins », Politix, n° 99, 2012/3, p. 23-49.
MAURER, Sophie, « Ecole, famille et politique : Socialisations politiques et apprentissage de la citoyenneté. Bilan des recherches en science politique », Dossier d’Étude de la CNAF, N°15, décembre 2000.
MAURER, Sophie,  « La socialisation politique des jeunes », in Catherine Pugeault-Cicchelli, Vincenzo Cicchelli, Tariq Ragi (dir.), Ce que nous savons des jeunes, Paris : PUF, 2004, pp. 53-67.
MILLER Steven, SEARS David O., « Stability and change in social tolerance: a test of the persistance hyptohesis », American Journal of Political Science, vol.30, 1986, p.214-236.
MUXEL, Anne, L’expérience politique des jeunes, Paris : Presses de Sciences Po, 2001.
PERCHERON, Annick, L’Univers Politique des Enfants, Paris : Armand Colin, 1974.
PERCHERON Annick, « La socialisation politique. Défense et illustration », in. LECA J., GRAWITZ M. (dir.), Traité de science politique, Paris : PUF, 1985, p.165-235.
PERCHERON Annick, 1987, « La socialisation politique : un domaine de recherche encore à développer », International Political Science Review, Vol. 8, n° 3, p. 199-203.
RAYOU, Patrick, La grande école : approche sociologique des compétences enfantines, Paris : Presses Universitaires de France, 1999.
Sapiro Virginia, « Not Your Parents’ Political Socialization : Introduction for a New Generation », Annual Review of Political Science, 2004, Vol. 7, Issue 1, p1-23.
SIROTA, Régine. Eléments pour une sociologie de l’enfance. Rennes: Presses Universitaires de Rennes, 2006.
THROSSELL Katharine, Child and Nation : A Study of Political Socialisation and Banal Nationalism in France and England, Thèse de Doctorat : Science Politique, Institut d’Etudes Politiques de Paris, 2011.
Tournier Vincent, 1997, La politique en héritage ? Socialisation, famille et politique : bilan critique et analyse empirique, Thèse Science Politique, IEP Grenoble.
Zarca Bernard, « Le sens social des enfants », Sociétés contemporaines, 36, 1999, p. 67-105.
ZUCKERMAN A. S., Dasovic J., & Fitzgerald J., 2007, Partisan families:  The social logic of bounded partisanship in Germany and Britain. Cambridge: Cambridge University Press.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 2 : 10 juillet 2013 14h-16h45
Session 3 : 11 juillet 2013 15h15-18h

Voir planning général...

Lieu : CERI (56 rue Jacob), salle Jean Monnet pour la session 2 et Batiment J (13 rue de l'Université), salle J S08 pour la session 3


Programme

Axe 1 / L'univers politique des enfants, caractéristiques et processus en jeu

Discutante : Johanna Siméant (CESSP, Université de Paris 1)

Axe 2 / Devenirs d’enfants de militants. Formes d'encadrement de l'enfance et de l'adolescence

Discutant : Christophe Traïni (IEP d’Aix-en-Provence, CHERPA)

Discutante : Géraldine Bozec (Centre d’études européennes- Sciences Po)


Résumés des contributions

Asmaa Jaber (CEE, Sciences Po)

La construction du rapport au politique de l’enfant dans la famille : premiers résultats sur la socialisation politique en banlieue ségrégée

Les données à l'origine de cette communication ont été collectées durant une enquête de terrain de plusieurs mois, dans un quartier populaire de la banlieue francilienne. La socialisation politique de l'enfant dans sa famille, premier agent de socialisation, est marquée par les trajectoires migratoires des familles étudiées. Au contraire de tout éloignement du politique, l'enfant est au coeur de vecteurs de politisation complexes. Une double politisation s'opère, avec un suivi du débat politique domestique mais aussi international, puisque incluant le pays d'origine. Un rôle différencié se distingue entre la mère et le père, entre le noyau familial et la famille élargie, la diversité des trajectoires et des expériences offrant une multitude de modèles en concurrence dans la socialisation, et a fortiori la socialisation politique, de l'enfant.

The building of children’s political world inside the family: first research results on political socialization in a segregated suburb
 
This work is based on a qualitative study, conducted during several months in a popular neighbourhood in the suburbs of Paris. The political socialization of the child inside the family, which is the first agent of socialization, is affected by immigration, a common feature in the sample of families integrated to the study. Far from being kept away from politics in everyday life, the child, in his environment, is surrounded by complex vectors of socialization. A double politicization happens, since the child follows daily both the national political debate and international political news. Mother and father have a differentiated role, while a difference, and sometimes a contradiction, also appears between many competitive models revolving around the child within the larger family and the child's environment.


Damien Boone (CERAPS/Lille2)

« La politique par le bas » des enfants : représentations enfantines de l'action publique dans les Conseils municipaux d'enfants
 
Comment les enfants parviennent-ils à exprimer des différences sociales et politiques ? En nous insérant au sein d'un conseil municipal d'enfants (CME), il nous a été permis d'observer de quelles manières et selon quelles conceptions les enfants parviennent à exprimer des intérêts, des préférences, en somme des formes de classements sociaux non seulement spécifiques au moment particulier des séances au sein des CME mais également liées à diverses caractéristiques sociales, pour peu que l'on adopte des critères d'identification du politique plus souples que ceux traditionnellement utilisés pour déterminer le degré de compétence politique des individus « ordinaires ». Les préférences et formes de classement effectuées par les enfants sont en outre indissociables du caractère collectif du dispositif CME., fait d'échanges et d'interactions avec les pairs. Ainsi, notre étude de l'expression des représentations politiques enfantines combine approches individuelle et interactionniste des dispositions et des intérêts à ordonner de telle ou telle manière.
 
Politics from the bottom up in children's world : childish representations of public action in local children's councils
 
How children manage to express political and social differences? Thanks to an integration in a local children's council (Conseil municipal d'enfants, CME in French), we could observe the conceptions that determine the way children succeed in signifying interests, preferences, that is to say some forms of social rankings not only at the moment of the CME meetings but also, more broadly speaking, in relation to various social characteristics. This kind of analysis can come about if only the observer adopts more flexible standards of political identification than those usually used to ascertain the degree of political competence of « common » people. Besides, preferences and sorting forms that children formulate cannot be analysed separately from the collective style of the CME plan, which consists in exchanges and interactions with other children. This study of the expression of children's political representations combines individual approaches and interactionist approaches of the dispositions and interests to order one way or another.


Katharine Throssell (CEE, Sciences Po)

Entre l’universel et le national : les cadres de la socialisation politique
 
L’importance de la nation et du cadre national tendent à être négligées dans les travaux sur la socialisation politique, et ceci aussi bien dans les travaux français qu’anglo-saxons.  Cela faisant, on oublie que la socialisation politique est nécessairement, en partie tout au moins, une socialisation nationale – au système, figures et normes politiques d’une nation en particulier. Inversement, on peut supposer qu’une socialisation à la nation est par sa nature même intrinsèquement politique parce qu’elle traite des structures de pouvoir et de leur intériorisation. Si cela est vrai au niveau théorique, qu’en est-il dans la réalité des expériences des enfants ? Observe-t-on des schémas différents de socialisation dans différents pays ? Y a-t-il au contraire des aspects de la socialisation politique que transcendent le cadre national ?
Cette communication propose d’explorer ces cadres nationaux de la socialisation politique à travers l’analyse d’entretiens qualitatifs semi-directifs avec des enfants âgés de 8 ans.  Afin de pouvoir observer les effets du cadre national il est impératif d’effectuer une comparaison internationale ; ici entre la France et l’Angleterre. Ceci nous permettra de mieux percevoir ce qui est particulier et ce qui est commun dans la socialisation politique dans ces deux contextes nationaux, tout en mobilisant les propos et les visions des enfants par rapport à leur monde politique.
 
Between the universal and the national: the frames of political socialisation

The significance of the nation and the national frame tend to be neglected in contemporary work on political socialisation, both in France and in Anglo-Saxon countries. The fact that political socialisation is necessarily national – at least in part, given it is socialisation to the political figures and norms of a particular nation – thus tends to be neglected. Inversely we also tend to forget that socialisation to the nation is necessarily political, because it relates to dominant power structures and their interiorisation.  But what of the reality of children’s experiences of this socialisation? Can we observe different schemas of socialisation in different countries? Are there perhaps aspects of political socialisation that transcend the national frame?
This communication explores these national frames of political socialisation through the analysis of qualitative semi-directive interviews with 8 year old children. In order to observe the effects of the national context it is essential to undertake a international comparison; here between France and England. This enables us to better grasp just what is specific to political socialisation in different countries and what transcends the national context, whilst mobilising the voices and visions of these children regarding their political world.


Lisa Wessa (Université de Mannheim)

L’interdépendance entre la connaissance politique et les valeurs démocratiques. Résultats empiriques d’un panel en trois vagues auprès d’enfants de l’école primaire en Allemagne.
 
Les travaux sur la socialisation politique se sont à nouveau développés pour comprendre comment de jeunes enfants pouvaient devenir des citoyens politiquement responsables, comme cela est requis dans une démocratie vivante. Les chercheurs ont souligné le rôle majeur de la connaissance politique et des valeurs démocratiques dans ce processus. Cependant, la manière dont ces deux dimensions des orientations politiques s’articulent dans le temps reste obscure. Alors que certains auteurs pensent que la connaissance politique est une condition nécessaire pour le développement des valeurs démocratiques, d’autres insistent sur une relation en sens inverse entre ces deux dimensions. Plutôt que de considérer une relation unidirectionnelle, une troisième approche, plus réaliste, serait de partir de l’idée d’une réciprocité mutuelle entre la dimension cognitive et la dimension normative des orientations politiques. Dans cette perspective, ce papier visera à éclairer la manière dont la connaissance politique et les valeurs démocratiques s’articulent et se développent durant l’enfance. L’enquête empirique repose sur des données collectées dans le cadre du projet « Learning to Live Democracy », qui consiste en une étude en trois vagues auprès d’un panel de plus de 700 élèves âgés de 6 à 10 ans, ce qui permet suivre le processus de la socialisation politique dès le plus jeune âge et les relations entre orientations politiques cognitives et normatives.

The interdependence of political knowledge and democratic values. Empirical results of a three-wave panel study among primary school children in Germany

The question of how small children develop to politically responsible citizens as required for a vibrant democracy has triggered political socialization research again. Researchers identified the crucial role of political knowledge and democratic values in this process. However, how those two aspects of political orientations interplay over time remains unclear. While some authors assume political knowledge to be a necessary precondition for the development of democratic values, others support the opposite direction of this relationship. Instead of considering an unidirectional relationship only, a third and more realistic approach would be to assume mutual reciprocity of cognitive and normative political orientations. Against this background, this paper seeks to answer the questions of how political knowledge and democratic values are interrelated and how they develop during childhood. The empirical investigation relies on data gathered within the framework of the German project “Learning to Live Democracy” that consists of a three-wave panel study of more than 700 pupils in the age of 6 to 10, which allows following the process of early political socialization and investigating the relationship between cognitive and normative political orientations of primary school children.


Joseph Hivert (IEPI, Lausanne / Centre Jacques Berque – Rabat)

Penser les socialisations politiques au prisme des univers familiaux: le cas d'enfants issus de familles militantes marocaines des années 70-80.
 
L'objet de notre communication s'appuiera sur notre recherche de doctorat actuellement en cours qui porte sur les enfants de militant-e-s marocain-e-s des "générations militantes" des années 70 et 80 engagé-e-s, au cours des « années de plomb », soit dans les mouvances de gauche et/ou d'extrême gauche soit dans l'organisation clandestine islamique Chabiba Islamiya (Jeunesse Islamique). Cette recherche vise à interroger ce que la "génération militante" des années 70 et 80 a transmis à ses enfants à partir d'un dispositif d’enquête reposant à la fois sur des entretiens appariés (parents, fratrie) et sur une observation ethnographique des événements et des acteurs protestataires pris dans le temps "chaud" du mouvement du "20 février". Nous présenterons lors de cette communication une partie des résultats de notre enquête de terrain (débutée en 2011) sur les processus et les formes de socialisation politique à l'œuvre dans les univers familiaux enquêtés ainsi que sur les différentes modalités de transmission familiale d'héritages militants. De même, nous discuterons de la question de la formation de dispositions contestataires ou d’un « capital militant » au sein de l’univers familial et de l’influence des autres sphères de la vie sociale sur l’engagement militant.
 
Thinking political socialization through family relationships: the case of the 1970s and 1980s Maroccan activists and their children.

The purpose of this paper - based on a doctoral research currently underway - is to focus on the children of the "Generations of activists" (1970-80s), known for its engagement when Marocco was going under the "Years of Lead", be them currently involved in movements of the left (or extreme left) or in the clandestine Islamic organization Chabiba Islamiya (Islamic Youth). This research aims to examine what did this "Generation of activists" actually transmit to its children. The empirical research is based on both paired interviews (parents, siblings) and ethnographic observations of events and protests gathered during the "February 20" movement (2011). This paper tackles the processes and forms of political socialization at work in the family universe, as well as various other forms of familial transmission. Similarly, we discuss the ways in which dissent dispositions – also called « activist capital » - are produced within the family circle and other spheres of social life linked with activism.


Pauline Clech (OSC / Sciences Po – CNRS)

Les enfants de communistes et la culture : étude ethnographique d’une transmission politique en banlieue rouge
 
Le monde communiste est en crise. Néanmoins, il n’a pas disparu avec armes, bagages et sans laisser d’enfants. Il existe un héritage communiste dans la société française d’aujourd’hui. Cette communication propose d’analyser précisément sur quoi et sur qui reposent ces filiations dans les mondes de l’art et des politiques culturelles en banlieue historiquement populaire et communiste. Nous verrons qu’une grande partie des artistes, élus ou fonctionnaires en charge de culture sont enfants de communistes, enfants de ce que l’on pourrait appeler la « génération Waldeck Rochet », où dans le contexte du congrès d’Argenteuil et avant le tournant ouvriériste de la fin des années 70 les intellectuels et les artistes avaient une place prépondérante dans le Parti. Que reste-t-il de l’engagement au Parti communiste des parents dans la socialisation politique des enfants ? Y a-t-il eu transmission politique ? Comment s’est-elle opérée ? Comment ces enfants devenus adultes gèrent-ils cet héritage ? L’étude de leur socialisation enfantine nous permettra ensuite d’analyser leurs trajectoires. Ils poursuivent l’ascension sociale dont étaient porteurs leurs parents en ménageant fidélité par rapport à leur milieu social d’origine (classes populaires) et volonté d’autonomisation personnelle. Très politisés, mais méfiants par rapport à la politique institutionnelle, c’est dans la culture qu’ils actualisent et reconvertissent le capital militant hérité.

Communists’ children and culture: an ethnographic study of political transmission in the Parisian ‘red suburb’

In the French context, the communist world is in crisis. Nevertheless, it did not vanish altogether. A communist legacy still exists in the contemporary French society. I will more precisely study the art worlds and cultural policies that have been set up in the historically working class and communist Parisian suburb. We will see that most artists, local politicians, and civil servants dealing with culture are actually children of communist activists. Their parents belong to the so called “Waldeck Rochet generation”, i.e. a generation which, in the context of the Congress of Argenteuil (1966) and before the workerist turn (in the late 1970s), experienced a period when artists and intellectuals had a great influence inside the Party. What is left of the parents’ communist commitment in their children’s political socialization? Can we see a political transmission? How was this transmission carried out? How do these children, once grown up, deal with it? The analysis of their childhood socialization will then enable us to study their social trajectories. Children of communist activists carry on the path of upward social mobility their parents initiated. In doing so, they try to combine their faithfulness towards their working class origin and their desire of individual independence. Highly political conscious, but suspicious of institutional politics, they update and convert their inherited “activist capital” in the field of culture.


Camille Masclet (IEPI, Université de Lausanne / CSU-CRESPPA, Université Paris 8)

Comment appréhender la socialisation politique vécue pendant l'enfance ? Une analyse du cas des enfants de militantes féministes des années 1970.
 
Cette communication vise à réinterroger la question classique du rôle de la famille comme instance de socialisation politique des enfants en opérant deux déplacements par rapport à la littérature dominante à ce sujet : le recours à une approche élargie de la socialisation politique et un intérêt pour les mécanismes par lesquels elle se réalise plutôt que les facteurs qui la régissent. Pour développer cette réflexion, je m’appuie sur une enquête en cours portant sur des femmes qui ont participé aux mobilisations féministes des années 1970 dans deux villes françaises et sur leurs enfants. Les matériaux issus des entretiens appariés que j’ai réalisés seront mobilisés pour analyser les processus de socialisation politique à l’oeuvre dans les familles étudiées. Je m’interrogerai plus particulièrement sur la transmission via ces processus d’un « héritage féministe », ses vecteurs et ses contenus. Ces analyses m’amèneront également à proposer une réflexion sur les enjeux d’ordres méthodologique et analytique soulevés par l’appréhension des processus de socialisation politique vécus par des enfants que l’on enquête à l’âge adulte.

How can we analyze the political socialization which took place during childhood ? Some elements from the case of the children of the 1970s feminist activists.
 
This presentation aims at investigating the classical issue of the role of family in the political socialization of children through a differentperspective. This new outlook is characterized by a broad approach of political socialization and an interest in the mechanisms rather than the the factors that enhance the political socialization. I draw on a case study of women who took part in the 1970s feminist movement in two French cities and their children. The data come from the matched in depth interviews I realized and would be used to analyze the political socialization process which can be found in feminist veterans’ families. In particular, I will examine the transmission of a « feminist legacy » within these families, its mechanisms and its contents. This would allow me to develop some general reflections about the methodological and analytical issues at stake in the analysis of the political socialization of children interviewed once adults.


Maxime Vanhoenacker (Musée du quai Branly, IIAC-TRAM - CNRS/EHESS)

Jeux, veillées et vie quotidienne : la socialisation politique dans les mouvements scouts apolitiques
 
Les groupes scouts sont l'archétype des groupes de pairs, ou groupes communautaires, dont le rôle d'agence de socialisation est central dans la formation des parcours militants et des engagements partisans. Pourtant, les mouvements dont sont issus ces groupes réfutent toute dimension politique, conformément à l'apolitisme de rigueur dans les secteurs de l'enfance et de la jeunesse, et revendiquent une pédagogie scoute entièrement consacrée à la « formation du caractère » par le jeu, la progression personnelle et l'apprentissage de l'autonomie. Ce paradoxe est fécond puisqu'il permet d'interroger la socialisation politique depuis des pratiques apolitiques, ou infra politiques. A partir de données ethnographiques collectées sur des terrains scouts, cette communication discute de l'émergence de positions politiques à partir de l'expérience des groupes de pairs. L'importance des effets socialisateurs des pédagogies scoutes (camps, veillées, chants...) est attestée par les exemples de positions politiques des jeunes scouts en rupture avec celles de leurs parents. Si l'éducation scoute est source de politisation, c'est qu'elle combine des méthodes d'éducation active (les enfants et les jeunes sont acteurs de la vie du groupe) avec un cadre de transmission fortement ritualisé (progression et passages à l'âge à adulte) qui fournit un ensemble d'interprétations politiques accessibles depuis l'expérience ordinaire et dont les jeunes deviennent progressivement les dépositaires.  
 
Games, gatherings and everyday life: political socialisation in non political scout movements
 
Scout organisations are the archetype of peer groups, also known as community groups, which are central to socializing and forming political minds and opinions. However, these movements refute any political dimension, in accordance with the norm for all activities involving children and youth, and instead claim that their scouting pedagogy is entirely aimed at building character, through games, personal growth and learning how to be autonomous. This paradox is particularly fruitful, as it makes it possible to question political socialisation from within non-political or infra-political practices. From ethnographic data collected in different scouting environments, this analysis discusses the appearance of political positions resulting from experiences encountered within these peer groups. The significance of the socialising effects of scout pedagogies (camps, gatherings, songs,….) can be demonstrated by the many examples of political positions held by young scouts that are different from those of their parents. If the scout education is a source of politicisation, it is because it combines active learning methods (children and young people are involved in the life of the group) with a highly ritualised transmission frame (progression and passage to adulthood) which provides a full range of political interpretations that can be accessed via ordinary experiences and to which young people become progressively socialized.


Participants

BOONE Damien damien.boone@yahoo.fr
BOZEC Géraldine bozec.geraldine@free.fr
CLECH Pauline pauline.clech@yahoo.fr
HIVERT Joseph joseph.hivert@unil.ch
JABER Asmaa asmaa.jaber@sciences-po.org
LIGNIER Wilfried  wilfried.lignier@ens.fr
MASCLET Camille camille.masclet@unil.ch
PAGIS Julie Julie.Pagis@ens.fr
SIMÉANT Johanna jsimeant@univ-paris1.fr
THROSSEL Katharine katharine.throssell@gmail.com
TRAÏNI Christophe christophe.traini@wanadoo.fr
VANHOENACKER Maxime Maxime.Vanhoenacker@quaibranly.fr
WESSA Lisa lwessa@rumms.uni-mannheim.de
 

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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