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Section Thématique 46

La globalisation à l’aune du genre : vers une sociologie politique de la promotion internationale des normes égalitaires
Globalization in the light of Gender: Toward a Political Sociology of the International Promotion of Egalitarian Norms

Responsables

Delphine LACOMBE (IRIS- EHESS) delphine.lacombe@free.fr
Elisabeth MARTEU (Sciences Po Paris) elisabeth.marteu@sciences-po.org

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

De la « Décennie de la femme » après la conférence internationale de Mexico (1975), aux politiques de « gender mainstreaming » à la suite de la conférence de Pékin (1995), les luttes féministes ont connu une légitimation croissante sur la scène internationale. Les politiques d’égalité femmes-hommes et la sexuation du langage des droits humains ont été portées aux échelles locales, nationales et transnationales, avec pour point de mire les institutions étatiques et pour agent de promotion internationale l’Organisation des Nations Unies. Terminologie d’usage où convergent aujourd’hui à la fois les rapports sociaux de sexe et les identités sexuelles, le genre est devenu une catégorie globale d’intervention publique, à l’appui de laquelle il s’est agi de prétendre reconfigurer l’organisation sexuée des sociétés dans un sens plus égalitaire.
 
Un débat tant scientifique que politique a émergé sur les modalités de ce processus globalisant, en particulier sur les contraintes et les ressources qu’il présente vis-à-vis des populations, des Etats et des sociétés civiles.
 
L’institutionnalisation internationale du genre a-t-elle rimé avec la standardisation des actions et l’uniformisation des savoirs ? Ses modalités ont-elles été facteur de dépolitisation des luttes féministes ? Leur a-t-elle ouvert de nouvelles marges d’actions à toutes les échelles ? A-t-elle plutôt signifié l’accentuation des divisions et des hiérarchies entre différent-e-s entrepreneur-e-s de causes et entre producteurs/productrices de savoirs ? A-t-elle été combinée à un renforcement de la transnationalisation des revendications et des mobilisations ? A-t-elle conduit les Etats à se revendiquer à peu de frais de l’égalité femmes-hommes ou du respect des droits des « minorités » sexuelles ? Telles sont quelques-unes des questions récurrentes qui animent encore ces débats.
 
A côté des perspectives qui soulignent les effets de structure de la mondialisation néolibérale sur les rapports sociaux de sexe et qui insistent sur les effets de dépolitisation des questions de genre dans ce contexte, nous proposons d’explorer une autre hypothèse : la promotion internationale de normes centrées sur l’égalité des sexes n’est ni linéaire ni unidirectionnelle et elle provoque des effets inattendus, voire même déconnectés des logiques qui lui sont propres au départ.

Il s’agirait donc plutôt de processus hybrides, certes traversés par des rapports de pouvoir, où stratégies et discours se réinventent selon des enjeux et des débats localisés. Certains acteurs situés dans des contextes sociopolitiques précis sont connectés ou ont accès à des arènes internationales et ils peuvent participer à la production voire à la re-signification des agendas politiques et des normes globales (Cîrstocea 2011). Plutôt donc que de réfléchir en termes de dépossession ou d’appropriation par les institutions internationales de savoirs, de mobilisations ou de ressources militantes, l’option qui est pour nous la plus heuristique consiste à penser en termes de processus d’hybridation, de co-formation et d'imbrication des savoirs et des pratiques.

La ST entend ainsi d'une part renouveler la sociologie politique de l'international sous le prisme du genre et d'autre part affiner sociologiquement et empiriquement notre compréhension d'une globalisation à vocation universelle (Marques-Pereira et al. 2010, Lacombe et al. 2011, Verschuur, Destremeau et al. 2012). La réflexion engagée touche donc à des enjeux d’ordre théorique mais également méthodologique, puisqu'il s'agit aussi de réfléchir à des méthodes d'enquête permettant de saisir sociologiquement et empiriquement les phénomènes globaux. Le principal défi que nous souhaitons relever est donc celui de saisir les modes de circulation du genre au gré de phénomènes sociaux enchevêtrés mais habituellement abordés à travers des perspectives disciplinaires et géographiques cloisonnées.

Cette section thématique -qui s'inscrit plus largement dans le cadre d'une réflexion conduite au sein du projet ANR « GLOBALGENDER. Regards croisés sur la globalisation du genre » coordonné par Ioana Cîrstocea et hébergé par la Maison interuniversitaire des sciences de l’homme Strasbourg (2013-2015)- se déroulera en deux sessions et abordera les trois axes problématiques suivants :
-  Les modes de production et de circulation internationale des normes en rapport avec l’égalité des sexes et des sexualités
-  La reconstitution des logiques pratiques du déploiement transnational des militances
-  Les modes d’action, les formats de la réception et les usages des répertoires internationaux du genre dans des contextes localisés restitués dans leur historicité.
 
 
From the "Decade for Women" after the international conference of Mexico (1975), to the policies of "gender mainstreaming" in the wake of the Beijing Conference (1995), feminist struggles experienced a growing legitimacy in the international arena. Policies of gender equality and the gendering of human rights language were brought to the local, national and transnational levels. They targeted the state institutions and were promoted by the United Nations. Gender has become a global category of public intervention used to claim an alleged reconfiguration of the gendered organization of societies in a more egalitarian sense.

Scientific and political debates have emerged about the nature of this globalizing process. Beyond the perspectives that underline the structural effects of neoliberal globalization on gender relations as well as emphasize the effects of the depoliticization of gender issues in this context, we propose to explore another hypothesis: the international promotion of standards focused on gender equality is neither linear nor unidirectional, and it triggers unexpected effects, or even effects that are disconnected from their original rationales.

It would therefore be rather hybrid processes crossed by power relations, where strategies and narratives are reinvented according to localized issues and debates. Some actors situated in specific socio-political contexts are connected or have access to international arenas and they can participate in the production or the re-signification of political agendas and global standards (Cîrstocea 2011). The ST intends on the one hand to renew the political sociology of international phenomenon through the lens of gender, and on the other hand to sociologically and empirically refine our understanding of globalization in its universal ambition (Marques-Pereira et al., 2010 Lacombe et al., 2011, Verschuur, Destremeau et al. 2012). Therefore both theoretical and methodological aspects of this reflection are at stakes.

This ST – which is based on the ANR project « GLOBALGENDER. Regards croisés sur la globalisation du genre », coordinated by Ioana Cîrstocea at the  MISHA (2013-2015)- will be organized in two sessions following three issues:
- The modes of production and of international circulation of norms based on gender and sexual equality
- The reconstitution of the practical logics of the transnational spreading of militancy
- The modes of action, the frames of reception and the use of the international repertoires of gender in localized contexts studied in their historicity.


Bibliographie

D. Lacombe, E. Marteu, A. Jarry-Omarova et B. Frotiée (coord.), « Le genre globalisé : cadres d’actions et mobilisations en débats », Cultures et Conflits, n°83, automne 2011.
I. Cîrstocea, « Lieux et formes de transnationalisation du féminisme: le cas de l’Europe de l’Est depuis 1990 », in M. P. Arrizabalaga et al. (éds.), Femmes sans frontières: stratégies transnationales féminines face à la mondialisation (XVIIe-XXe siècles), Berne, 2011, p. 385-402.
B. Marques-Pereira et al. (dir.), Au-delà et en-deçà de l’Etat. Le genre entre dynamiques transnationales et multi-niveaux, Louvain-la-Neuve, Bruylant-Academia, 2010.
C.Verschuur, B. Destremeau (coord.), « Féminismes décoloniaux, genre et développement », Revue Tiers Monde, n°209, 2012/1.
 


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 2 : 10 juillet 2013 14h-16h45
Session 3 : 11 juillet 2013 15h15-18h

Voir planning général...

Lieu : Batiment J (13 rue de l'Université), salle J S12


Programme

Axe 1 / Circulations

Discutante : Ioana Cîrstocea (CNRS, UMR 7363 SAGE, Strasbourg)

Productions et circulations des savoirs

Axe 2 / Co-productions, transferts et saisissements locaux

Discutante : Isabelle Giraud (Institut des Etudes de genre de Genève)


Résumés des contributions

Fanny Mazzone (Université de Toulouse II Le Mirail)

Le livre comme mode de circulation internationale des idées féministe : la traduction

Le féminisme de la deuxième vague du XXe siècle, contemporain du MLF français, s’est diffusé  sur la scène internationale notamment par le levier à la fois militant et intellectuel du livre. Au point que l’édition a réfracté les positions existantes et les prises de positions féministes et vis-à-vis des femmes : des essais militants aux romans commerciaux à succès en passant par les publications institutionnelles et scientifiques, le déploiement de collections « Femme » chez les éditeurs atteste d’une préoccupation à l’échelle nationale, durant la période étudiée (de 1968 à nos jours), au point que nous observons un changement de paradigme : l’édition féministe s’est constituée comme un sous-champ facilitant les conditions de circulation internationale des idées féministes par la voie du livre et de sa traduction. Ainsi le livre sera saisi comme mode de production des idées sur l’égalité des sexes et la traduction comme leur mode de circulation internationale et comme moyen de développement transnational de la militance. Dans le volume des œuvres disponibles en langue française (y compris la part traduite de la production), quelle est la part qui contribue à la normalisation internationale des réflexions sur le genre ? Nous mènerons notre réflexion en distinguant les œuvres importées en France et traduites en langue française de celles qui ont été exportées. Deuxièmement, nous développerons l’idée que la traduction intervient dans la politique d’une maison d’édition comme moyen d’accumuler des capitaux symboliques militants, ce fut le cas pour les éditions Des Femmes qui ont fondé leur politique éditoriale autour de la traduction au service d’une ambition militante internationale. Enfin la dimension internationale de la circulation des idées féministes par la voie du livre a pu se s’opérer parce que les conditions d’existences étaient réunies et notamment un réseau d’éditeurs féministes à travers le monde, ou des foires internationales spécialisées, ce dont nous ferons l’analyse.

Speranta Dumitru (Université Paris Descartes)
 
« Care drain », « chaines globales du care » : le piège sexiste de la critique de la mondialisation
 
Quarante ans après l’introduction (par les tabloïdes britanniques) de l’expression « brain drain » dans la littérature économique et politique sur la migration, les femmes migrantes diplômées étaient restées invisibles (Kofman, 2000). Souvent considérées comme de simples accompagnatrices de leurs époux (Bhagwati, 1974), leur nombre ne fut estimé que récemment (Morrison et al. 2007; Docquier (2009), Dumont et al. 2007). Malgré cela, la sociologue A. Hochschild (2000, 2002) s’appuyant sur les travaux de R. Parreñas (2001) a choisi de décrire les femmes migrantes employées dans le travail de care comme « care drain » et « global care chains ». Ce choix est étonnant dès lors que plus de la moitié des femmes interviewées par Parreñas étaient, selon sa propre description, des femmes diplômées, pouvant donc être considérées comme « brain drain » selon les définitions en cours (OIM, 2008).
Ce papier montre comment la critique de la mondialisation et la volonté de réhabiliter le travail de care peuvent se voir piéger, contre toute attente, par des stéréotypes sexistes. On montrera comment les deux métaphores – « les chaines globales du care » et « care drain » – sont forgées pour servir une critique de la mondialisation selon laquelle le Nord « extrait le care et l’amour » du Sud, comme il y extrayait autrefois les ressources naturelles. Seulement, ces métaphores, qui réduisent les travailleuses domestiques à une fonction unique – le care – sont stéréotypées (Dumitru, 2011, 2013).
 
 “Care drain”, “global care chain”: the sexist trap of the critique of globalization
 
Forty years after the phrase “brain drain” had been launched by the British tabloids in the economic and political literature about migration, the skilled migrant women were still invisible in that literature (Kofman, 2000). Often reduced to a status of accompanying persons for their husbands (Bhagwati, 1974), their number has been estimated only recently (Morrison et al. 2007; Docquier (2009), Dumont et al. 2007). Despite that, the sociologist A. Hochschild (2000, 2002) building on the work of R. Parreñas (2001) has chosen to describe migrant women hired as care workers as “care drain” and “global care chains”. Such a choice is surprising since more than half of the women Parreñas interviewed were, according to her description, skilled women and could have been described as “brain drain” according to the current definitions (IOM, 2008).
This paper shows how the will to criticize globalization and to rehabilitate the value of care work could be trapped, surprisingly, by sexist stereotypes. It will be showed how the two metaphors – “care drain” and “global care chains” – are coined in order to serve a critique of globalization according to which the North “extracts care and love” from the South as it extracted in the past natural resources. The problem is that both metaphors, by reducing care workers to a single, caring, function are stereotyped (Dumitru (2011, 2013).  


Sophie Lhenry (Université Paris Diderot, CSPRP – CEDREF)

L’exil des féministes ou l’invention d’une carrière de « femme universelle »

À partir d’une recherche sur des exilées politiques algériennes et iraniennes en France, nous allons nous interroger sur les conditions d’émergence d’une prise de conscience féministe. Après avoir retracé leurs carrières militantes avant et après l’exil, nous montrerons ici comment ces femmes vont s’approprier une forme de féminisme universaliste en accord avec leurs origines sociales et leurs expériences militantes et migratoires. Elles vont arborer une étiquette de « femme universelle » qui leur permettra de pénétrer l’espace militant français et d’y défendre leurs idées. Elles vont également contribuer à la diffusion d’une grammaire féministe internationale basée sur des alliances normatives entre femmes de différentes origines géographiques (Bacchetta). C’est alors qu’en voulant instaurer des alliances transnationales en mettant en avant une vision transhistorique du patriarcat elles tendent parfois malgré elles à cloisonner et à hiérarchiser les différentes attentes des femmes en privilégiant un modèle unique d’autonomie.
 
The Exile of Feminists, or the Invention of a Career as “Universal Woman”

Based on research concerning Algerian and Iranian political exiles in France, we will explore the conditions which allow for the emergence of feminist consciousness. After tracing their careers as political activists before and after exile, we will explore what led these women to assimilate a universalist form of feminism, in relation to their social origins, immigration and activist experiences. Wearing the label of “universal woman” allows access to activist organizations in France, within which they can defend their ideas. They also contribute to the dissemination of an international feminist grammar based on normative alliances between women of various geographical origins (Bacchetta). However, in seeking to create transnational alliances through emphasizing a transhistorical vision of the patriarchy, they tend, sometimes in spite of themselves, to build boundaries and hierarchies around the differing expectations of women, in order to privilege a unique model of autonomy.

Elisabeth Hofmann (STC/IATU, Université Bordeaux 3, LAM)

Un « mouvement féministe » en Afrique francophone ? Influences internationales, héritage colonial et espoirs panafricains

Les acteurs qui luttent pour les droits des femmes en Afrique francophones sont nombreux, mais peut-on parler d'un "mouvement" et de surcroit le qualifier de "féministe" ? L’analyse de la mobilisation des acteurs et actrices africain-e-s francophones se base sur leur implication dans les deux dernières fora d’AWID (Association for Women in Development) en Afrique du Sud en 2008 et en Turquie en 2012. Le forum d’AWID – structure phare sur la thématique genre et développement au niveau international – est une occasion de rencontres unique en son genre, révélatrice des tendances, normes, thématiques et questionnements qui traversent les mouvements féministes et/ou droits des femmes au niveau mondial.
L’étude de l’implication des francophones dans les deux derniers fora - d’un point de vue quantitatif et qualitatif - éclaire leur place dans l’arène internationale, les divisions et les hiérarchies existantes. Le croisement avec l’analyse de la participation africaine permet d’approfondir la compréhension du « mouvement féministe » en Afrique francophone et d’interroger la transnationalisation des revendications et des mobilisations.
La question du poids de l'héritage colonial et l'impact de la francophonie, ainsi que l'enjeu du panafricanisme et enfin la complexité de l'articulation avec la scène internationale sont à analyser en fonction des rapports de force réels (liés aussi aux moyens), de la place de la dispora et des barrières linguistiques qui restent significatives.
 
A feminist movement in francophone Africa? International influences, colonial heritage and panafrican hopes

There are many actors fighting for womens’ rights in francophone Africa, but do they form a « movement » which can be qualified as « feminist »?  The analysis of the mobilisation of African francophone actors is based on their implication in the last two forums of AWID (Association for Women in Development) in South Africa in 2008 and in Turkey in 2012. AWID being the leading international organisation on gender and development, its forum is always a unique occasion for encounters, revealing tendancies, normes, topics and questions of feminist / womens’ rights movements on a global level.
The quantitative and qualitative analysis of the francophone participation in the two last forums highlights their position in the international arena, as well as their dividing points and hierarchies. The articulation with the analysis of African participation, deepens our comprehension of the « feminist movement » in francophone Africa and questions the transnationalisation of claims and mobilisations.
Further points, like the weight of colonial heritage, the impact of the « Francophonie », the panafrican dimension as well as the complex articulation with the international scene, are being analysed according to existing power struggles (also dependent on their means), to the space occupied by the diaspora and to the existence of still significant linguistic barriers.


Nora Nagels (IHEID, Genève)

Gender circulation and Conditional Cash Transfers in Latin America

Bien que la transformation des rapports sociaux de sexes ne figure pas parmi les objectifs explicites des programmes de transferts conditionnés (PTC), en vigueur dans 17 des 18 pays latino-américains, les relations entre les sexes y sont au cœur. De fait, visant à réduire la transmission intergénérationnelle de la pauvreté, les programmes transfèrent des allocations aux mères conditionnées au suivi scolaire et sanitaire de leurs enfants. Les PTC font alors du genre un médiateur crucial entre les citoyens et les politiques publiques (Molyneux 2007).
Plutôt que de s’interroger sur les effets de ces programmes sur les rapports sociaux de sexe, cette proposition de communication entend saisir les processus de convergence des représentations du genre propres aux PTC dans le contexte latino-américain. Elle s’intéresse donc aux processus de diffusion, de circulation et de transfert des structures cognitives liées au genre inhérentes aux PTC. Comment les idées sur le genre circulent dans la construction et la diffusion des PTC ? Comment le genre est-il envisagé dans les communautés épistémiques promouvant les PTC ? Quel est le poids des organisations internationales, influentes dans la diffusion des PTC sur le continent (Banque Mondial, PNUD, CEPAL), sur les représentations des rapports sociaux de sexe ? Quel est le rôle des administrations étatiques dans ces processus ?
L’objectif de cette communication sera, d’une part, d’appréhender les lieux de construction et de diffusion des idées sur le genre au cœur des PTC.  Il s’agira, d’autre part, d’analyser ces idées ou représentations au regard du maternalisme en Amérique latine.  

Gender circulation and Conditional Cash Transfers in Latin America

Although the transformation of gender relations is not among the explicit objectives of Conditional Cash Transfer (CCT) programs present in 17 of the 18 Latin American countries; relations between the sexes are at their core. In fact, to reduce the intergenerational transmission of poverty, CCT programs transfer benefits to mothers conditioned by the education and the health care of their children. The CCT transform gender as a crucial mediator between citizens and public policy (Molyneux 2007).
Rather than examine the effects of these programs on gender relations, this proposal intends to seize the process of convergence of gender representations specific to CCT in the Latin American context. It therefore focuses on the processes of diffusion, circulation and transfer of gender cognitive structures inherent in CCT. How ideas about gender circulate in the construction and dissemination of CCT? How is gender considered in epistemic communities promoting CCT? What is the weight of international organizations, influential in the on the continent (World Bank, UNDP, ECLAC)? What is the role of state governments in these processes?
The objective of this paper is, firstly, to understand the sites of construction and dissemination of ideas about gender at the center of the CCT. Secondly, it analyzes these ideas or representations with respect to the maternalism in Latin America.

 
Marie Saiget (Sciences Po Paris / CERI)

 
Gouvernance mondiale sur le genre et mobilisations féminines en société post-conflit : le cas d’ONU femmes et de la question foncière au Burundi
 
L’adoption de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies en 2000 consacre et relance les efforts d’intégration de la norme « genre » dans les interventions internationales
en post-conflit. Ce papier s’intéresse aux interactions complexes entre acteurs internationaux,
institutions étatiques et organisations de la société civile, qui se déploient dans la production et la mise en oeuvre de ces politiques internationales sur le genre. A partir du cas d’ONU femmes et de la question foncière, nous étudierons plus précisément les effets de ces dynamiques interactionnelles sur les mobilisations féminines au Burundi. Comment les programmes internationaux, en s’insérant dans le jeu politique local, recomposent-ils les liens
sociaux et politiques entre femmes ? D’une part, une approche ethnographique permettra l’analyse des processus « hybrides » de production et de mise en oeuvre de ces programmes, sans séparer échelons international, national et local, mais en partant des espaces sociaux et politiques de leur inscription. D’autre part, nous montrerons que cette gouvernance mondiale,
sans conduire à des mobilisations collectives et durables pour l’ « autonomisation » des femmes au Burundi sur la question foncière, n’en produit pas moins du jeu politique : elle rapproche et divise, (re)lance des conflits sociaux et politiques, et contribue également à les figer ; révélant ainsi la complexité des processus de changement social en société post-conflit.
 
Global governance on gender and women’s mobilization in post-conflict situation: the case of UN Women and the land issue in Burundi
 
The UN Security Council Resolution 1325, adopted in 2000, sanctions and promotes the integration of “gender” as a norm in international interventions in post-conflict countries. This paper analyzes the complex interactions between UN agencies, the national, state and local civil society organizations in the production and implementation of these programs.Using the case of UN Women and the land issue, we will focus on the impact of these interactive dynamics on women's movements in Burundi. How do international programs, while interfering in the local political scene, reshape political and social links between women? On the one hand, an ethnographic methodology will help us to describe the “hybrid” processes that characterize the production and implementation of international programs. Rather than distinguishing between the international, the national and the local level, we will analyze these processes in the political and social spaces of their inscription. On the other hand, if this global governance on gender has not led to lasting collective mobilization towards women's empowerment on the land issue, it has nevertheless transformed social and political relations: it brings women together as well as divides them; reignites social and political conflicts as well as contributes to freeze them. In the end, it highlights the complex and ambivalent ways of social change in post-conflict society.

 
Monika Wator (Laboratoire Printemps, UVSQ)

De la parité aux quotas : construction et transformation d’une cause politique/féministe dans la Pologne postcommuniste.

Les propositions visant à améliorer la représentation des femmes dans les assemblées politiques élues (que ce soit sous la forme de quotas ou de la parité) n’ont que rarement trouvé de traduction législative dans les démocraties de l’ex-bloc soviétique. Ce relatif insuccès s’explique non seulement par la discrimination des femmes tant dans le champ politique que le champ économique, mais aussi pour une raison propre à cette région de l’Europe : ce genre de mesures contraignantes était en effet bien faite pour rappeler (à tort plutôt qu’à raison) un passé communiste honni où semblaient exister de telles régulations. Il était dès lors facile d’instrumentaliser la mémoire du communisme pour démonétiser cette cause féministe.
Cependant, après de vifs débats, la Pologne a introduit dans sa loi électorale des mesures de discrimination positive en faveur de la représentation des femmes dans les assemblées politiques élues.
En se basant sur l’analyse des débats parlementaires, des discours politiques et la presse polonaise, cette communication s’intéresse à la construction d’une cause relativement improbable, ses transformations, ses diverses réappropriations par le champ politique et les tensions qu’elle a produites. Elle se propose d’éclairer la difficile « réussite » d’une cause politique féministe dans un pays où on ne l’attendait pas forcément.

Mélissa Nayral (CREDO (UMR 7308) – Aix-Marseille Université)

L’arrivée des femmes kanak sur la scène politique néao-calédonienne : féminisme ou arithmétique ?
 
La « Loi sur la parité », votée en France le 6 juin 2000, tend à promouvoir un accès égal des hommes et des femmes à des mandats électoraux ainsi qu’à des positions éligibles. Son application en Nouvelle-Calédonie date de 2004.
A Ouvéa, île/commune de la Nouvelle-Calédonie, plus de 90% de la population est Kanak et loin d’être folklorique, « la coutume » cet ensemble de normes non-écrites qui organisent les relations sociales, est une réalité du quotidien. La vie politique est ainsi marquée par une nette distinction entre les hommes -qui ont le monopole des discours publics, et les femmes -qui n’ont justement pas de place dans ce qu’il est convenu d’appeler la vie politique « coutumière ». Toutefois, la plupart des décisions ayant un impact notable sur la collectivité sont prises au sein du champ politique institutionnel que la loi sur la parité met aussi à disposition des femmes élues.
Mais dans quelle mesure peut-on considérer que faire partie d’un conseil municipal caractérise une participation active au débat politique ? De plus, comment expliquer que certaines éluEs n’ait découvert leur propre candidature à une élection que le jour du vote ?
Cette communication souhaite rendre compte des différentes manières dont « la Loi sur la parité » a été mise en pratique à l’échelle de la commune d’Ouvéa dans une des îles Loyauté de la Nouvelle-Calédonie, où ses modalités d’application et conséquences diffèrent considérablement de celles escomptées par Paris et l’Assemblée nationale.
 
The arrival of kanak women in politics : feminism or arithmetics ?
 
The « Loi sur la parité » bill, voted in France on the 6th of june 2000, tends to promote equal access for men and women to both election mandates and elective positions. Progressively extented to all french overseas territories, its enforcement in New Caledonia started in 2004.
In Ouvea, remote Council-Island of New-Caledonia, over 90% of the population is Kanak and custom, where men have the monopoly of public speeches and politics, is not an exotic hobby. The political context is quite gendered, and  women do not get their say in the so-called political life of chiefferies. However, most of the major community-related decisions are made within the various State institutions. With this law enforcement, women are now widely welcome to be a part of them.
But to which point can we consider that attending a meeting equals being a part in the political debates ? and how come some women only found out they had been elected in the Mairie (local Council) on the election day ?
In Ouvea, the « loi sur la parité » bill seems to have had applications and consequences that Paris and the Assemblée nationale had obviously forgotten to consider when elaborating it. This paper therefore wishes to investigate the various ways this bill was locally experienced.

Sophie Pochic (CNRS CMH-PRO)

"L’histoire non-linéaire d’une politique égalité professionnelle dans une multinationale et ses filiales européennes, des circulations circonstanciées"

Si l’Union européenne a été un des lieux de production des normes internationales de genre, notamment dans le domaine de l’égalité professionnelle, peu de recherches documentent l’évolution de ces politiques égalité pro dans des entreprises multinationales depuis les années 1970 via des monographies regardant la genèse de ces politiques et leur mise en pratique dans la durée. Or derrière un discours globalisant sur le « business case » de l’égalité, les multinationales ont souvent un cadrage cognitif et un registre d’action de leurs politiques de Ressources Humaines marqués par le contexte national de la maison-mère. Qui sont les acteurs dans l’entreprise qui sont à l’initiative de ces politiques et avec quelles alliances avec des acteurs extérieurs à l’entreprise (experts académiques ou privés) ? Les évolutions des politiques internes à une entreprise sont-elles connectées à l’action des législateurs ou de groupes féministes ou syndicaux sur cette question de l’égalité hommes-femmes ? Quels sont les effets des reconfigurations des périmètres des entreprises (fusions-acquisitions, filialisations) sur la mise en œuvre de ces politiques égalité professionnelle ? Les filiales sont-elles obligées de s’adapter à un nouveau cadrage de l’égalité pro, et quelles normes hybrides naissent-elles de ces confrontations de normes nationales de genre ?
Cette communication s’appuie sur une monographie d’une multinationale de l’énergie, dont l’évolution de la politique égalité professionnelle de la maison-mère (française)est retracée depuis la fin des années 1970 à partir d’une enquête inédite sur des archives privées et syndicales et des interviews de cadres impliqués dans cette politique.


Participants

CÎRSTOCEA Ioana ioana.cirstocea@misha.fr
DUMITRU Speranta speranta.dumitru@free.fr
GIRAUD Isabelle isabelle.giraud@unige.ch
HOFMANN Elisabeth elisabeth.hofmann@u-bordeaux3.fr
LACOMBE Delphine delphine.lacombe@free.fr
LHENRY Sophie sophielhenry@wanadoo.fr
MARTEU Elisabeth elisabeth.marteu@sciences-po.org
MAZZONE Fanny fanny.mazzone@wanadoo.fr
NAGELS Nora nora.nagels@graduateinstitute.ch
NAYRAL Melissa melissa.nayral@gmail.com
POCHIC Sophie sophie.pochic@gmail.com
SAIGET Marie marie.saiget@sciences-po.org
WATOR Monika watormonika@yahoo.fr

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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Téléphone : 01 45 49 77 51
Courriel : afsp@sciences-po.fr