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Section Thématique 47

Les fonctions symboliques des organisations internationales
The symbolic functions of international organizations

Responsables

Delphine PLACIDI-FROT (Université de Poitiers) delphine.placidi@univ-poitiers.fr
Franck PETITEVILLE (IEP Grenoble) f.petiteville@wanadoo.fr

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Les fonctions des organisations internationales ont alimenté un débat nourri chez les théoriciens des relations internationales. Coordination des intérêts nationaux des Etats pour les auteurs réalistes, réduction de l’incertitude dans les transactions entre Etats pour les institutionnalistes, socialisation des acteurs autour de normes partagées pour les constructivistes ont constitué l’essentiel des arguments échangés.
 
Dans ces débats, la dimension proprement symbolique des fonctions accomplies par les organisations internationales a été un peu négligée. On peut pourtant considérer que les notions couramment véhiculées par les organisations internationales - « communauté internationale », « patrimoine commun de l’humanité », « sécurité humaine », « développement durable », « développement humain », « biens publics mondiaux », « gouvernance globale », « responsabilité de protéger », etc. - contribuent à la production d’un ordre d’interdépendance symbolique par lequel les organisations internationales créent en quelque sorte du « lien symbolique global ».

Les organisateurs de cette section thématique formulent dès lors trois hypothèses de recherche :
1/  Les organisations internationales assurent non seulement des fonctions régulatrices dans le système international mais aussi des fonctions symboliques, au sens où elles élaborent des « symboles signifiants » sous forme de normes, mythes, rites, croyances, récits, discours, hymnes, emblèmes, images ;
2/ Ces symboles contribuent à la représentation et à la légitimation d’un ordre international singulier dont les propriétés - unité, interdépendance, solidarité, etc. - ne sont pas neutres ;
3/ La réception de ces symboles dans la société internationale est de nature diverse -  légitimation du rôle des organisations internationales et des représentations de l’ordre international qu’elles véhiculent, mais aussi scepticisme, résistances et critiques.

Le but de cette section thématique est ainsi d’approfondir, à partir de ces hypothèses, la réflexion sur les fonctions symboliques des organisations internationales. Les matériaux empiriques mobilisés sont les documents produits par les organisations internationales (y compris iconographiques et cartographiques), leurs politiques de communication, des entretiens réalisés auprès des acteurs de ces organisations, des démarches d’observation participante, etc. Cette section thématique propose donc un débat théorique, empirique et critique sur les fonctions symboliques des organisations internationales, à partir de diverses approches disciplinaires croisées : science politique, sociologie, histoire, anthropologie, droit, sémiotique.
 
Many theories of international relations have tried to solve the puzzle of the functions carried out by the international organizations (coordinating national interests, reducing transaction coasts, socializing states around common norms, etc. Little attention has been paid to studying the symbolic functions of international organizations. However, we can assume that many notions created and commonly used by international organizations – such as international community, heritage of mankind, human security, sustainable development, global governance, responsibility to protect, global public goods and so on – contribute to the “production” of a symbolic interdependence order and establish a “global symbolic link”. Hence the aim of this panel is threefold :
-      to study the “symbols” created by international organizations such as values, myths, norms, rites, beliefs, speeches, policy narratives, images,
-      to analyze the effects produced by those symbols in terms of legitimization of international organizations but also in terms of resistance and skepticism to them ;
-      and more broadly to assess the features of the specific international order they help create (unity, interdependence, universal solidarity, etc.).
 
This panel is based on contributions from political science with insights from sociology, anthropology and semiotics.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : 9 juillet 2013 14h-16h45
Session 2 : 10 juillet 2013 14h-16h45

Voir planning général...

Lieu : Batiment A (27 rue Saint-Guillaume), salle A26


Programme


Résumés des contributions

Irène Bellier (IIAC / LAIOS, CNRS‐EHESS) et Veronica Gonzalez (IHEAL-EHESS, SOGIP)

Peuples nations, peuples autochtones : la fabrique d’une identité symbolique aux Nations unies

La communication analysera la construction d’un « lien symbolique global » qui rattache les peuples autochtones au système international. Nous démontrerons que la production symbolique des peuples autochtones à partir des années soixante dix, en alliance avec les organes de droits de l’homme de l’ONU et quelques organisations de la société civile, leur a permis à la fois d’acquérir une visibilité et de réclamer le droit à jouer un rôle dans le scénario international. Ce rôle qui se base sur la reconnaissance politique et la participation des organisations autochtones dans le domaine international permet de développer un lien direct avec un « ordre occidental » dont elles avaient été tenues à l’écart par la colonisation. Notre intervention décrira le processus de production des symboles que l’ONU a avalisé sous diverses formes via la production de normes, d’une histoire emblématique, de discours, d’une rhétorique, d’un logo ainsi que l’usage d’autres éléments cognitifs qui établissent un pont entre les mondes autochtones et celui de l’ONU. Nous identifierons certaines tensions impliquées par l’usage de ces symboles, produits d’un rapport d’interdépendance entraînant un double processus d’« indigénisation » de quelques espaces de l’ONU et d’institutionnalisation des « affaires autochtones ». Le bilan des forces en jeu dans cette alliance entre les peuples autochtones et l’ONU a permis de fabriquer une identité globale « peuples autochtones » et de lui conférer un véritable capital symbolique à travers la reconnaissance de ces peuples comme sujets de droits. Mais l’efficacité de ce lien se heurte à la fragmentation de la construction onusienne dans une série d’espaces localisés susceptibles d’entretenir différentes contradictions avec d’autres secteurs et forces internationales non représentées dans cette alliance.

Nation Peoples, Indigenous Peoples: The Creation of a Symbolic Identity at the United Nations

This paper analyses the construction of a “global symbolic link” connecting indigenous peoples to the international system. It demonstrates that the symbolic production of indigenous peoples from the 1970s, in close collaboration with the Human Rights organs of the UN and some civil-society organizations, gave those peoples a certain visibility and enabled them to claim the right to a role in the international arena. This role, based on political recognition and participation of indigenous organizations in the international domain, allowed for the development of a direct connection with the ‘Western order’, from which indigenous peoples had previously been marginalized by colonization. This paper describes the UN-endorsed process of producing a range of symbols through the production of norms, an emblematic historical narrative, a discourse and rhetoric, a logo, as well as through other cognitive elements establishing a link between indigenous worlds and that of the UN. It identifies certain tensions associated with the use of these symbols (at the international, national and local levels) as the products of a relationship of interdependence that brings about a double process of “indigenization” of some UN spaces and the institutionalization of “indigenous affairs”. These symbols and alliance between indigenous peoples and the UN have enabled the production of a global “indigenous peoples” identity and have conferred real symbolic capital on that identity through the recognition of indigenous peoples as legal subjects. However, the effectiveness and impact of this is hindered by the fragmentation of the UN structure into a series of localized spaces that retain multiple areas of inconsistency and contradiction with other international sectors and forces outside this alliance.

Gabriel Blouin Genest (Université d'Ottawa)

L’OMS et la maîtrise des communications épidémiologiques

En 2005, 194 États membres de l’OMS se sont entendus pour mettre en œuvre le nouveau Règlement sanitaire international (RSI). Entré officiellement en vigueur en 2007, le RSI accorde des pouvoirs considérables à l’OMS. Celle-ci peut aujourd’hui déclarer une alerte pandémique sans l’accord des pays concernés, ce qui était impossible auparavant, positionnant ainsi le pouvoir de l’OMS au sein du contrôle symbolique de l’information et des communications. Cette organisation internationale a ainsi mis en place un réseau global de surveillance des maladies infectieuses qui recourt à un système complexe de technologies informatiques utilisant des informations provenant de sources non officielles (organes de presse, journalistes, ONG, secteur privé, etc.) dont elle possède le contrôle. Ces mutations, qui empiètent en apparence sur la souveraineté des États, ont été interprétées comme une preuve de l’avènement d’une forme de supranationalité ou d’organisation post-westphalienne du système international. L’objectif de cette présentation est plutôt de problématiser le rôle joué par le contrôle de l’information par l’OMS comme nouveau pouvoir symbolique ne pouvant être analysé dans le cadre de l’opposition souveraineté/gouvernance globale. Cette situation structure l’émergence de ce que nous appelons une « gouvernance communicationnelle ». En s’appuyant sur des données obtenues lors d’une recherche terrain à l’OMS ainsi que sur les approches critiques des relations internationales, cette présentation met en évidence la nécessité de repenser la question du pouvoir dans le système international en allant au-delà du schisme souveraineté/gouvernance globale pour se diriger vers l’importance des fonctions symboliques telles que le contrôle de l’information et des communications.

WHO and the control of epidemiological communication

In 2005, 194 member states of the World Health Organization (WHO) have agreed to implement the new International Health Regulations (IHR). Officially came into force in 2007, the IHR provides considerable powers to this organization. WHO can now declare a pandemic alert without the consent of the concerned countries, which was previously impossible, thus positioning the power of the WHO in the symbolic control of information and communication. This international organization has set up a global network of infectious disease surveillance structures that use complex technologies and gather information from unofficial sources (newspapers, journalists, NGOs, private sector, etc.). WHO activities, in the context of global health governance, have focused on the control and dissemination of such information. These mutations, which potentially interfere with state sovereignty, have been interpreted by many as an evidence of the emergence of a form of supra-sovereignty or a post-Westphalian international system. The objective of this presentation is rather to problematize the role played by the control of information by WHO as new symbolic power that cannot be analyzed in the context the “sovereignty/global governance” dichotomy. This situation structures the emergence of what we call a "communicative governance." Based on data obtained during a field research at the WHO as well as the use of critical approaches of international relations, this paper highlights the need to problematize the question of power in the international system beyond the “sovereignty/global governance” dichotomy in order to acknowledge the importance of symbolic functions such as the control of information and communication.

Julian Fernandez (Université Paris 1 / CRPS)

Les organismes internationaux de contrôle de drogues : entre discours moraliste et paradigme prohibitionniste
 
Les conventions internationales de contrôle de stupéfiants sont les fondements du régime de drogues. Dès leur préambule, il est fait allusion à la préoccupation de la santé et du bien-être de l’humanité ainsi qu’au devoir d’empêcher et de combattre le mal de l’addiction. Le symbolique joue un rôle majeur dans la construction de ce régime, influencé notamment par les agences états-uniennes de contrôle de stupéfiants et par leur discours sur la « guerre contre la drogue » et les « narco-États ». Les pays qui ne suivent pas les normes collectives sont stigmatisés. Certains États critiquent néanmoins l’approche prohibitionniste et cherchent à élargir les usages des drogues à des fins autres que la médecine et la science. La Bolivie s’est ainsi retirée du régime de contrôle de drogues et met en avant des concepts religieux, ethniques et mythiques autour de l’usage de la feuille de coca des communautés indigènes andines. En mobilisant à la fois le droit international public, la théorie des relations internationales et la sociologie (Becker, Goffman), cette communication envisage une nouvelle analyse des organismes internationaux de contrôle de drogues.  

The international organizations of drug control: between moralist speech and prohibitionist paradigm.
 
The International Drug Treaties are the pillars of the drug control system. From there preamble it makes reference to the concern with the health and welfare of mankind as well as the duty to prevent and combat the evil of addiction. We propose that symbolism plays a major role in the construction of the current regime control. International drug control institutions acts are moral entrepreneurs (Becker) of drug control system. These organizations receive the support and solidarity of States that have been behind the construction of the drug system including the American agencies of narcotics control that will use concepts such as: war on drugs and narco-State. These concepts will be massively publicized. Thus, countries that will not follow group norms will be marked with a stigma (Goffman). Nevertheless, some States have begun to criticize the prohibitionist approach and seek to expand the use of drugs beyond the medicine and science. Bolivia is the first country to withdraw from the drug control regime and seeks to modify it, using a language with a strong symbolic component, bringing in the international arena a series of religious, ethnical, and mythical concepts around the use of the coca leaf by the Andean indigenous communities. Based on a multidisciplinary vision combining public international law, international relations theory and sociology (Becker, Goffman), the paper considers a new analysis of international drug control. The article is based on the analysis of official documents and interviews with members of the UNODC and the INC.

Marine Guillaume (CERI & Columbia University)

Évaluer la fonction symbolique de l’ONU et son impact sur les pratiques de la guerre : exemples du rapport Goldstone et de la norme de la responsabilité de protéger

Reconnaissant le pouvoir symbolique de l’ONU, capable de légitimer ou non une action via la « légitimation collective », Inis Claude a ouvert la voie à de nombreuses études invitant à repenser l’impact de l’ONU mais aussi des symboles qu’elle produit sur les pratiques internationales. S’inscrivant la lignée de Claude, cette communication aura une attention toute particulière sera portée au droit de la guerre comme matrice dans laquelle le symbole puise sa légitimité. Ainsi deux symboles « onusiens » seront traités. Le premier est le rapport Goldstone produit sur demande des Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies le 15 Septembre 2009. Recensant et analysant les violations au droit de la guerre (Jus in Bello) commise durant l’Opération « Poudre de plomb » (Janvier 2009), le rapport a proposé des recommandations et dénoncé des crimes de guerre commis par Israël. A contrario la norme de la « responsabilité de protéger » a été l’achèvement d’un long travail de réflexion au sein de l’ONU avec pour objectif de combler ce qu’elle considère être un manque dans le Jus ad Bellum : la possibilité d’intervenir dans un pays sans le consentement de son dirigeant. C’est cette notion qui a récemment été mobilisée pour justifier l’intervention en Libye en 2011, et peine à être mobilisée pour la Syrie. Etudier la trajectoire de ces deux symboles mais aussi les comparer permettra de donner des éléments de réponse à deux questions : Comment ces deux productions symboliques ont-elles influencé les pratiques de guerre de certains Etats ? Pourquoi certaines productions de l’ONU ont-elles un pouvoir symbolique fort alors que d’autres productions peinent à constituer un symbole contraignant aux yeux des acteurs ?
 
Measuring the symbolical function of the United Nations and its impact on the practices of war: the case studies of the Goldstone Report and of the norm of Responsibility to Protect »

By underlining the symbolic power of the United Nations and its propensity to be an arena of « collective legitimization », Inis Claude opened a path for a new field of research. He invited scholars to rethink the impact of both the UN, and the symbols the UN creates, on the practices of war. Consistent with the invitation of Claude, this paper will more specifically focus on the crucial role of the laws of war as a framework through which powerful symbols can be produced. This paper investigates two such symbols created within the UN. The first symbol is the Goldstone Report requested by the United Nations Human Rights Council on 15 September, 2009. After having identified and analyzed the violations of Jus in Bello that occurred during Cast Lead (January 2009), the Goldstone report proposed recommendations and condemned the Israel Defense Forces for having committed crimes of war. The second example is that of the norm of “Responsibility to Protect”. Finalized after a long and intense working process aimed  at bridging what were considered dangerous gaps in Jus ad Bellum, the R2P norm legitimizes, under certain conditions, the intervention in another State without its consent. Recently, many actors have brandished this norm to justify the intervention in Libya, and with less success in Syria. Therefore, analyzing the trajectories of these two different symbols and comparing them would increase our understanding of two questions: How have these two symbols influenced the practices of war of certain States? And why are certain symbols powerful while others fail to become constraining and compelling in the eyes of actors?

Isabelle Le Breton Falezan (CELSA - Université Paris IV / GRIPIC)

Pallier la fragile communicabilité de la symbolique onusienne : les ressources sémiotiques de la logique de marque

Depuis des décennies, les deux dimensions qui composent l’ONU (une mystique politique forte et un dispositif politico-juridique sans équivalent) peinent à garantir leur propre légitimation. Nous expliquerons pour quelles raisons la notion de « marque » permet une compréhension et une mesure plus fines de la dimension socio-sémiotique de la symbolique que l’on associe à cette organisation dans l’espace public. Conçue en tant que système de signes bien spécifique, l’idée d’une marque « ONU » rend possibles à la fois une réactivation originale de l’universalisme onusien et une réorganisation efficace de ses symboles et imaginaires politiques. D’une part en tant qu’outil stratégique de création de valeur et pourvoyeur de sens, elle éclaire à la fois les processus de socialisation par lesquels les productions normatives et cognitives de l’ONU circulent et leur degré d’appropriation. D’autre part, la marque recèle un fort potentiel de structuration de l’univers discursif de l’organisation et donc peut contribuer à en simplifier l’accès. La mise en forme publicitaire du Global Compact, totalement assumée par l’ONU sur Internet, illustre particulièrement ces deux performances sémiotiques.

Strengthening the Communicational Potential of UN Symbols: the Semiotic Resources of Brand Logic
 
Two dimensions shaping the UN - a powerful political mysticism and a unique institutional framework - have failed to legitimate themselves for many decades. In this article, we explain in which sense the brand concept permits a better understanding of the socio-semiotic dimension of the “symbolic” that is commonly associated with this international organization in the public sphere. Conceived as a specific system of signs, the idea of a “UN” brand makes two processes possible: first, it reactivates the UN universalism and secondly, it contributes to an efficient reorganization of the UN political symbols. On one hand, as a strategic tool of both creation of value and production of some kind of significations, this “UN” brand highlights the socialization processes through which the UN normative and cognitive productions circulate. And the extent to which they are actually assimilated and understood or not. On the other hand, the brand concept has a high potential for structuring the discursive productions of the UN, which in turn makes the organization more and more accessible. The “advertising” logic that characterizes the promotion of the Global Compact, which has been completely assumed by the UN on its website for a few years, perfectly illustrates these two semiotic performances.

Lucile Maertens (CERI & Université de Genève & IRSEM)

La dimension symbolique de l'action de l'ONU dans le champ de la sécurité et de l'environnement

L’ONU a manifesté son intérêt pour les questions liées à l'environnement et à la sécurité depuis des années. Les activités de l’Organisation dans ce champ croisé sont nombreuses et variées et requièrent bien souvent l'usage de symboles, que cette communication propose d'étudier. Il s’agira de comprendre comment, par qui et à quelles fins les symboles – notamment le mythe de la technicisation et du rôle neutre du scientifique et de l’environnement comme plateforme de coopération –  sont utilisés. En outre, l'action de l’ONU en termes d'environnement et de sécurité contribue également à la circulation de la notion de sécurité environnementale et ainsi qu'à la création d’un ordre symbolique constitué d’obligations – notamment en lien avec les droits de l’Homme et la responsabilité de protéger – et d’interdépendance entre les différents acteurs sur la scène internationale. Tout en se focalisant principalement sur le rôle des symboles dans les pratiques onusiennes, cette communication s’attachera également à proposer des pistes de recherche sur cette fonction symbolique que constitue l'action même de traiter ces thématiques jointement. Cet exemple contribuera à une réflexion plus globale sur la place des symboles dans les activités des organisations internationales mais également sur les fonctions symboliques de ces dernières sur la scène internationale.

Environment and security within the UN: a symbolic dimension
 
The United Nations has been working on environment and security related issues for years. The organization's activities on this cross-cutting topic are numerous and diversified and often rely on symbols that this communication proposes to study. This paper aims at understanding who use these symbols – notably the myths around technicization and the neutral role of science and the definition of the environment as a platform for cooperation –, how and why. Besides, UN work in terms of environment and security also contributes to the circulation of the notion of environmental security creating a symbolic order with obligations – notably related to Human Rights and the Responsibility to Protect – and interdependence between the different actors of the international sphere. While mainly focusing on the role of symbols and UN practices, this communication will also look at the symbolic function embedded in the process of working on both issues at the same time. This example will contribute to a more global research on the role of symbols in international organizations' activities but also on their symbolic functions on the international scene.

Benoît Martin (CERI)

Quantifier l’international est la norme, normer par la quantification. La production statistique des organisations internationales

Les statistiques sont aujourd’hui utilisées et produites par la plupart des acteurs internationaux, les organisations internationales (OI) en particulier. Cette mise en chiffre du monde est visible à travers les sites internet, les publications et la communication des OI. Les quantifications servent en premier lieu d’outil de connaissance précieux à l’expertise des OI sur lequel l’action politique peut ensuite s’appuyer. Certaines régulations internationales – telles que les drogues ou la criminalité transnationale – se fondent entièrement sur des estimations chiffrées ou sur la détection de phénomènes sociaux et d’activités (parfois) illicites. Par suite, les conséquences du pouvoir performatif des statistiques sont essentielles : la structure organisationnelle de ces pratiques conforte les États comme seules unités de compte « officielles », les rankings produits instituent une représentation ordonnée du monde pouvant entamer une solidarité internationale nécessaire pour résoudre des problèmes globaux et transnationaux, la maîtrise de techniques très pointues et lourdes à mettre en place créent parfois des monopoles du savoir (en confortant une réalité construite) difficilement discutables.
 
International quantification is the standard, standardize by quantification: the statistical production of international organizations
 
The statistics are used and produced today by most international actors, international organizations (IOs) in particular. One can see this processing of the world into numbers through their websites, publications and communication. Quantifications are primarily a valuable tool of knowledge for IO’s expertise, on which political action can then be based. Some international regulations—such as drugs or transnational crime—are entirely based on numerical estimates or on the detection of social phenomena and activities (sometimes) illegal. As a result, the consequences of the performative power of statistics are fundamental: organizational structure of these practices confirms States as the only “official” units of account, rankings provided show an ordered representation of the world that can weaken the international solidarity needed to solve global and transnational problems, control of highly technical and heavy to implement sometimes create monopolies of knowledge (by reinforcing a reality built) hardly debatable.


Pauline Ségard (Université Bordeaux IV et UQAM)

Les fonctions symboliques de l'Agence internationale à l’énergie atomique : une approche constructiviste

Au-delà de ses fonctions pratiques de lutte contre la propagation des armes nucléaires, de promotion de la coopération technique et de l’usage pacifique de l’énergie atomique et d’amélioration des connaissances scientifiques en la matière, l’AIEA exerce des fonctions symboliques. Celles-ci sous-tendent les fonctions pratiques évoquées puisqu’elles consistent en une justification théorique de l’usage pacifique de l’énergie atomique. Cette communication vise, d’une part, à présenter les canaux par lesquels l’AIEA promeut les présupposés théoriques à l’origine de la création de l’AIEA et étayant son action et, d’autre part, à identifier ces présupposés. Ce premier objectif implique l’usage d’une méthodologie éprouvée par différents chercheurs constructivistes d’analyse des discours et des documents pertinents ; tandis que le deuxième suppose l’existence d’une culture partagée que les outils d’analyse offerts par le constructivisme nous permettront de renseigner.
 
The symbolic functions of the International Agency for Atomic Energy : a constructivist approach

Beyond its practical functions in the struggle against the spread of nuclear weapons, the promotion of technical cooperation and peaceful use of nuclear power, and the improvement of the scientific nuclear knowledge, the IAEA assumes symbolic functions. The latter support the former, since they stand for a theoretical justification of the peaceful use of nuclear power. This statement aims for, on one hand, describing the channels taken by the IAEA in order to promote the theoretical assumptions which spark the creation of this institution off and support its action, and, on the other hand, identifying these assumptions. The first goal implies the use of a well-tried constructivist methodology, which consists in analyzing discourses and relevant documents; while the second goal means that a shared culture exists that the constructivist analytical tools will be able to inform.

Florent Pouponneau (Université Paris I Panthéon-Sorbonne / CRPS-CESSP)

Les fonctions symboliques de l’Agence internationale à l’énergie atomique : une approche sociologique

Les travaux en termes de « régime international » expliquent le rôle central de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans la régulation de la non-prolifération des armements nucléaires par la fonction que cette institution remplit : la diffusion d’informations sur la conformité des engagements de non-détournement de la technologie nucléaire à des fins militaires pallierait le manque de confiance entre États. On se propose de discuter cette approche traditionnelle des normes et de la coopération en Relations internationales en étudiant, à partir d’archives et d’entretiens, les pratiques de la France dans cette organisation internationale, notamment autour de la crise du nucléaire iranien. Après avoir souligné l’historicité de la fonction régulatrice de l’AIEA basée sur l’image d’une expertise indépendante, l’analyse s’intéresse aux processus de fonctionnalisation plus symboliques en montrant comment l’institution sert à légitimer les idées de « communauté internationale » et de multilatéralisme. Cette communication insiste toutefois sur l’utilité de ne pas céder à une vision fonctionnaliste de la politique internationale qui tendrait à réduire la réalité aux justifications « officielles » des acteurs dominants. La coopération interétatique au sein de l’AIEA recouvre ainsi des logiques de concurrences au niveau national et international. De plus, des logiques d’action propres à cette Agence peuvent conduire à ce que ses fonctions symboliques n’apparaissent plus pour les dirigeants français comme fonctionnelles.
 
The symbolic functions of the International Agency for Atomic Energy : a sociological approach
 
The literature on “international regimes” explains the central role of the International Atomic Energy Agency (IAEA) in the control of nuclear non-proliferation by the institution’s function: the diffusion of information about the peaceful use of nuclear energy that solves the lack of confidence between States. In examining the French politics in this international organization, in particular toward the Iranian nuclear program, we discuss this traditional approach of norms and cooperation in international relations. Our analysis describes the historicity of the IAEA’s regulatory function based on the image of independent expertise, then it emphasizes the process of symbolic functionalization by showing how the institution serves to legitimate ideas of “international community” and multilateralism. However, this paper seeks to point out shortcomings of functionalist account of international politics that reduces the reality to dominant actors’ official discourses. Thus, the interstate cooperation in IAEA covers competitive logics at national and international levels. Moreover, owing to some relative autonomous constraints within the Agency, French leaders may view its symbolic functions as dysfunctional.


Delphine Deschaux-Beaume (Université Grenoble / PACTE)

L’Union européenne, un substitut symbolique dans la sécurité internationale ?

Cette communication s’intéresse au cas de la Politique de Sécurité et de Défense Commune (PSDC) de l’Union européenne (UE). Elle vise à comprendre en quoi la PSDC fait de l’UE un cas emblématique d’organisation internationale assurant non seulement des fonctions régulatrices en matière de sécurité internationale, mais produit aussi un symbole politique visant à légitimer le rôle que l’UE entend jouer sur la scène internationale en tant qu’acteur global, face notamment à la puissance américaine.  La politique européenne de défense est traversée par une tension entre les intentions affichées au niveau européen (réactivité aux crises, action coordonnée…), et les représentations des États. A partir d’un exemple comparatif entre la France et l’Allemagne, il s’agira de démontrer que la politique européenne de défense remplit des fonctions latentes de substitut politique et symbolique, au moins aussi prégnantes, si ce n’est plus, que ses fonctions manifestes de réactivité aux crises. Tout d’abord, la distorsion entre les discours européens autour de la politique européenne de défense et les représentations encore largement différentes (nationalement appropriées) que la France et l’Allemagne s’en font. Ensuite, un second niveau de tension se trouve entre les capacités militaires affichées par les différents documents officiels européens et celles réellement mises à disposition par les États. Enfin, un troisième niveau de tension consiste en l’enjeu crucial de légitimation de cette politique devant les parlements et les opinions publiques européennes. Finalement, les enjeux de légitimation de la politique européenne de défense se heurtent à l’absence d’une identité européenne commune.
 
The European Union as symbolic substitute in international security?

This communication addresses the case of the European security and Defence Policy (ESDP) and aims at demonstrating how the EU (with CSDP) offers an emblematic case of an international organization ensuring not only regulatory functions (or aiming at it) in international security, but also produces, through European defense policy, a policy symbol aiming at legitimizing the role that the EU intends to play on the international stage as a global player, particularly in the face of American power, even if the reality of this role will of course face the empirical practice of the EU international security. European defence policy is torn between the claimed intentions on the European level (reactivity to crisis, coordinated action…) the representations that the member-states develop around this policy. From a comparative perspective between France and Germany, the author analyzes this strain and demonstrates that ESDP fulfils latent functions as a political and symbolic substitute which is at least as significant, if not more, as its manifest functions of managing crisis. First of all, there’s a kind of torsion between European discourses around European defence policy and still diverging and nationally anchored representations in France and Germany on ESDP. Then a second level of strain originates between the military capacities proclaimed in the multiple European official documents and those really put at EU’s disposal by the member-states. Last but not least, a third level of torsion between European reality and discourses is the crucial issue of the legitimization of this policy before the national parliaments and public opinions. Eventually the legitimizing stakes of European defence policy tend to run up against the lack of a European common identity.

Hélène Thiollet (CERI / PSIA)

Les apories de la gouvernance globale de la mobilité : le cas du HCR

Depuis le début des années 2000, les migrations internationales ont pris de l’importance au sein des organisations internationales (OI) et du système des Nations Unies. Elles sont aujourd’hui un des enjeux majeurs des politiques internationales mais restent une des pierres d’achoppement du multilatéralisme. On s’interrogera sur les normes qui sous tendent cette émergence de la mobilité comme enjeux de la politique internationale, au-delà des Etats-nations souverains. Les enjeux qui se jouent autour de la gouvernance globale de la mobilité mobilisent les organisations internationales entre autres acteurs de la politique mondiale. Quelles normes sont avancée par les différents acteurs pour légitimer leur autorité, voire leur souveraineté sur les migrations : liberté de circuler, droit de bouger, sécurité des frontières, développement etc. ? Les ambiguïtés du concept de gouvernance reflètent les tensions normatives existantes entre les différents acteurs à différentes échelles de gestion des grands enjeux de la mondialisation et des dynamiques sociales qu’elle génère et accompagne. Cette contribution est centrée sur l’émergence du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) comme organisation gestionnaire de la mobilité forcée, mais aussi, depuis le début du vingt-et-unième siècle, de la mobilité « mixte ». La politique menée par le HCR illustre un cas emblématique d’imposition de normes et de principe juridique dans l’espace international.

Deadlocks in global migration governance: the UNHCR and « the freedom to move »

Multilateral cooperation around mobility is quite recent and can be dated back to the early 2000 with notably, the High Level Dialogue on Migration and Development. “Migration” has grown to become a “hot” sector of multilateralism for sectoral, financial, economic and political organisations alike. With no devoted “international organisation”, “global governance” and a “global regime” have emerged as a key concept to reconcile the demand for political control of mobility with the transnational socio-economic and political dynamics of economic migration and refugee movements. The politics of a global regime aiming at regulating and managing mobility reveal the difficult conciliation of modes of “government” by States or inter-governmental organizations and the transnational nature of migration and asylum. This contribution pays a particular attention to the role of the United National Commissioner for Refugees since the 1950s as a global institution that aims at regulating and “managing” forced migration and that recently took up the challenges of regulating mobility beyond asylum and forced migration. We will focus on a new category “ of concern” for the UNHCR policies and program, that mixes illegal migrants and asylum seekers: “mixed migrations and was coined in 2006 to address humanitarian crises in the Mediterranean and the Horn of Africa. We will look at the legal and operational trajectory of the UNHCR in world politics in order to interpret the normative and paradigm shift at stake in the emergence of a global mobility regime.


Participants

BELLIER Irène ibellier@ehess.fr
BLOUIN GENEST Gabriel gabriel.blouin.genest@gmail.com
DESCHAUX-BEAUME Delphine delphine.deschauxbeaume@sciencespo-grenoble.fr
FERNÁNDEZ Julián fernandezjulian12@hotmail.com
GONZALEZ Veronica veronica.gonzalez@ehess.fr
GUILLAUME Marine marine.guillaume@sciences-po.org
LE BRETON FALEZAN Isabelle isabelle.le_breton-falezan@celsa.paris-sorbonne.fr
MAERTENS Lucile lucile.maertens@sciences-po.org
MARTIN Benoît benoit.martin@sciences-po.fr
PETITEVILLE Franck f.petiteville@wanadoo.fr
PLACIDI-FROT Delphine delphine.placidi@univ-poitiers.fr
POUPONNEAU Florent f.pouponneau@gmail.com
SÉGARD Pauline pauline.segard@gmail.com
THIOLLET Hélène helene.thiollet@sciences-po.fr

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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