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Section Thématique 49

Puissances Emergentes, Institutions Globales et Gestion de Crise
Emerging Powers, Global Institutions and Crisis-Management

Responsables

Yves SCHEMEIL (Institut d’Etudes Politiques de Grenoble, UMR PACTE / CNRS, IEP, UJF, UPMF) yves.schemeil@sciencespo-grenoble.fr
Clara EGGER (Institut d’Etudes Politiques de Grenoble , UMR PACTE /CNRS, IEP, UJF, UPMF) clara.egger@umrpacte.fr

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

L’objectif de cette section thématique est de combler les lacunes empiriques et théoriques de la littérature portant sur la question suivante : comment les émergents se conduisent-ils sur le double terrain de la gestion de crise et de la négociation ordinaire dans les enceintes multilatérales ? Il s’agit de chercher à découvrir l’échelle des préférences réelles des représentants de puissances montantes en situation de négociation (« réelles » signifie ici que ces préférences ne se manifestent pas de façon purement verbale) ; ou bien encore, en situation de gestion (réfléchie) à froid ou de gestion (critique) à chaud. Le débat entre spécialistes des relations internationales manque en effet d’analyses fines, fondées empiriquement, des stratégies institutionnelles déployées par les puissances émergentes au cours de négociations diplomatiques. Il faut aussi savoir comment les émergents se conduisent dans les crises majeures, sur le terrain et non pas seulement dans les enceintes multilatérales, car l’urgence et la menace pèsent sur les calculs des émergents et les impliquent davantage que des forums de discussion. Quand les risques sont grands, il faut bien s’engager sans tergiverser. Or, coordonner son action avec celle de nombreux partenaires laisse moins de place à une stratégie d’affirmation de puissance ou d’identité.
Les communications de cette section thématique examinent divers cas d’étude allant du Moyen-Orient à l’Asie en testant l’une des trois hypothèses suivantes : 1) l’assimilation croissante des émergents à l’ordre libéral dominant est prévisible – les institutions internationales étant résilientes, les puissances nouvelles négocieront sur la base de leurs intérêts et non pas de valeurs non occidentales ; 2) le réformisme des Emergents revendiquant des institutions globales à leur image est inévitable ; 3) les nouvelles puissances alterneront stratégie de nuisance et de contournement des institutions existantes – l’ordre global qu’elles ont commencé à bâtir en marge de régimes multilatéraux fondés par l’Occident sera celui d’une coopération essentiellement « transactionnelle » sans institutions formelles entravant la souveraineté de leurs États.
Les communications discutent les postulats des principaux courants théoriques actuels. Tout d’abord, les auteurs réalistes focalisés sur la résilience des institutions internationales en dépit d’une distribution de la puissance bouleversée prédisent l’assimilation croissante des émergents à l’ordre libéral dominant : les problèmes de coordination internationale étant structurels, les puissances nouvelles négocieraient sur la base de leurs intérêts au lieu de promouvoir des valeurs non occidentales. Les constructivistes, eux, parient sur le conformisme par socialisation, ou penchent pour un réformisme voire un révisionnisme d’émergents revendiquant des institutions globales à leur image : la Chine interviendrait ainsi sur la scène internationale comme un empire et non comme un État-nation. Ceux que cette opposition classique laisse insatisfaits croient, enfin, que les nouvelles puissances alterneront stratégie de nuisance et de contournement des institutions existantes : l’ordre global que les puissances émergentes ont commencé à bâtir là où elles le peuvent, en marge de régimes multilatéraux fondés par l’Occident, serait celui d’une coopération essentiellement « transactionnelle », sans institutions formelles entravant la souveraineté des États.
Les cas d’étude présentés dans cette section thématique ne permettent pas de trancher mais ils sont suffisamment variés pour avancer dans la voie d’une meilleure connaissance du problème. Ils montrent ainsi pour la plupart que les nouveaux venus pourraient remettre en question l’ordre établi par de grandes puissances occidentales mais qu’ils ne le font ni fréquemment, ni substantiellement. Certes, les pays occidentaux jouissaient jusqu’à présent d’un monopole normatif grâce auquel ils exerçaient une domination diplomatique, financière et symbolique et façonnaient les institutions internationales. On devrait donc voir émerger de nouveaux forums de négociation, et les émergents devraient s’engager dans des conflits dont les puissances établies se réservaient auparavant le pouvoir de les résoudre. Mais si les émergents le font en s’appuyant sur leur identité culturelle et sur leurs philosophes, dont la pensée politique s’écarte de celle des théoriciens politiques occidentaux, leurs sources d’inspiration diplomatique varient tellement qu’elles ne les rendent pas nécessairement convergents car leurs valeurs et leurs intérêts divergent de l’une à l’autre, et l'hétérogénéité de leurs préférences politiques pèse sur leurs décisions davantage encore que l’homogénéité de leur position structurelle.
Un des thèmes les plus abordés par les participants est celui de la cohérence entre rôle et statut. Il ne suffit pas, en effet, d’avoir des attributs de la puissance pour rejoindre le club des puissances établies (capabilities), il faut encore s’en voir reconnaître le statut (status) à la fois par elles et par toutes les autres, en exercer le rôle et se comporter comme telles (behavior) comme s’y attachent Tom Volgy et ses collègues. Le pouvoir, dans les relations internationales, est en effet de même nature que le pouvoir à l’intérieur des frontières, c’est un pouvoir constitutionnel, normatif, ou structurel : le détiennent les Etats qui peuvent changer les règles du jeu, donc les institutions de la gouvernance mondiale et les procédures de négociation multilatérale ou bilatérale. C’est aussi un pouvoir d’initiative, qui permet de façonner l’ordre politique international en adoptant une politique étrangère le plus indépendante possible de celles des autres Etats, qu’elle repose sur la puissance militaire, la puissance économique, un magistère culturel, ou sur une combinaison des trois.
Au passage, les communications abordent aussi les effets épistémologiques produits par l’arrivée de nouveaux acteurs influents dans les organisations intergouvernementales et par les relations nouvelles qu’ils entretiennent avec des organisations non-gouvernementales - lesquelles s’en font parfois les avocats. Elles soulèvent des questions méthodologiques et substantielles. Méthodologiques, d’abord : les instruments de recherche forgés dans le Nord et dans une conjoncture de guerres européennes puis mondiales sont-ils adaptés à l’étude de ces objets nouveaux et récents ? Jusqu’à quel point faut-t-il inclure dans la métathéorie des conceptions non occidentales, indiennes ou chinoises, voire islamiques ? Substantiels ensuite : la notion de puissance évolue-t-elle ? Les accords existants et les usages diplomatiques restent-ils valables ? Les réformes des organisations internationales sont-elles accélérées ou freinées ? On peut notamment se demander si sous l’impulsion des émergents les processus d’autonomisation des institutions existantes peuvent être infléchis et au bénéfice de qui : des acteurs publics ou privés, des groupes d’intérêt ou des communautés épistémiques, des OIG ou des ONG ?

 
The main objective of this thematic section is to fill the empirical and theoretical gaps of the current literature on emerging powers. The main question raised is: how emerging powers behave when confronted to the management of crises as well as in ordinary negotiations in multilateral arenas? We try to discover the range of real (i.e. not merely expressive) preferences displayed by the representatives of emerging powers in situation of negotiation and in the the management of “hot” and “cold” crises.
The rise of emerging powers in inter-governmental organizations and their relations with non-governmental organizations raise methodological as well as substantial problems. Are the conceptual tools created in the North in a context of European wars adapted to the study of these new and recent objects? To which extent shall we include in theoretical explanations non-Western, Indian, Chinese or even Islamic conceptions of diplomacy? Is the notion of power in IR evolving? Do existing agreements and diplomatic manners still hold? Are international organizations’ reforms accelerated or blocked? One can also asked if emergent powers hinder the process of emancipation of existing institutions and if so, to whose benefit.
Theories of international politics tend to answer theses questions according to their basic assumptions: to realists and neo-realists, emerging powers will inevitably endorse existing procedures, norms and rules of negotiation, as well as IOs’ structures; constructivists hypothesize that these new powers will either be socialized or will focus on particular reforms that will comfort their identity on the world stage; those who are not convinced by these dominant interpretations of global realities may imagine a world divided into countless actors of various status interacting with each other to compose a transactional system characterized by an unstable equilibrium.
Although the presentations given will not decide between such diverging views they may help understand how emerging powers may influence international institutions, multilateral negotiations and the resolution of enduring conflicts: case studies of Middle eastern and Asian crises are promising in this regard. Eventually, they may also contribute to an improved knowledge of the process through which states that must fill the gap between status, role, and actual behavior may succeed and become members of the exclusive club of “great powers” – or not.

 
Bibliographie

Alexandroff A. S., A. F. Cooper (ed), 2010, Rising States, Rising Institutions: Can the World Be Governed? Washington, Brookings Institution Press.
Cooper A. F., A. Antkiewicz, eds, Emerging Powers in Global Governance. Lessons from the Heiligendamm Process, Wilfrid Laurier University Press, 2008.
Cotterrell L., A. Harmer, 2005, Diversity in donorship: the changing landscape of official humanitarian aid. Aid donorship in Asia, HPG Background Paper, September.
Grant, K. A., R. G. Baird, R. Corbetta, T. J. Volgy, Status Matters: Exploring Variation in Status Attribution among Major Powers. Working draft, prepared for the Annual International Studies Association in New Orleans, Feb. 2010.
Martin, J., 2009, When China Rules the World: The End of the Western World and the Birth of a New Global Order, New York: The Penguin Press.
Hurrell A., A. Narlikar. 2006. A New Politics of Confrontation? Brazil and India in Multilateral Trade Negotiations, Global Society, 20/4: 415-433.
Hurrell, A., Récits d’émergence : la fin du Tiers Monde ?, Critique internationale, 56, juillet-sept. 2012 : 17-38.
Jaffrelot C. (ed.), 2008, L’enjeu mondial. Les pays émergents, Paris : Presses de Sciences Po.
Kennedy M., China’s Role in WTO’s Dispute Settlement, World Trade Review, 11(4) 2012: 555-589.
Kent A. 2007, Beyond Compliance: China, International Organizations, and Global Security, Palo Alto: Stanford University Press.
L’aide bousculée. Pays Emergents et Politique Globale, 2012, Revue Internationale de Politique de Développement, 3, 256 p.
Les « émergents » et les transformations de la gouvernance mondiale, Critique Internationale, n°56, 3, 2012.
Macrae J. (ed), 2002, The new humanitarianism: A review of trends in global humanitarian action, HPG report 2011, London, April.
Roberts C., 2010, Polity Forum: Challengers or Stakeholders? BRICs and the Liberal Order, Polity, vol. 42, no. 1, January, p. 1-13.
Shaffer G. C., Pollack M. A., 2010, Hard vs Soft Law: Alternatives, Complements, and Antagonists in International Governance, Minnesota Law Review.
Subachi P., 2008, New Power Centres and New Power Brokers: Are they shaping a new economic order? International Affairs, 84/3, 2008: 485-498.
Volgy, T. J., Z. Sabic, P. Roter, A. Gerlak. 2009. Mapping the New World Order. Wiley.
Volgy, T. J., R. Corbetta, K. A. Grant, R. G. Baird. 2011. Major Powers and the Quest for Status in International Politics: Global and Regional Perspectives. New York: Palgrave MacMillan.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 2 : 10 juillet 2013 14h-16h45
Session 3 : 11 juillet 2013 15h15-18h

Voir planning général...

Lieu : Batiment A (27 rue Saint-Guillaume), salle A21


Programme

Axe 1 / Puissances émergentes, offre institutionnelle globale et normes internationales

Présidente : Clara Egger (Institut d’Etudes Politiques de Grenoble , UMR PACTE /CNRS, IEP, UJF, UPMF)
Discutant : Yves Schemeil (Institut d’Etudes Politiques de Grenoble , UMR PACTE /CNRS, IEP, UJF, UPMF)

Axe 2 / Puissances Emergentes et gestion de crise

Président : Yves Schemeil (Institut d’Etudes Politiques de Grenoble , UMR PACTE /CNRS, IEP, UJF, UPMF)
Discutante : Clara Egger (Institut d’Etudes Politiques de Grenoble , UMR PACTE /CNRS, IEP, UJF, UPMF)


Résumés des contributions

Louis Bélanger (Université Laval, Département de Science Politique)

Les grandes puissances et l’offre institutionnelle globale : où en sont les États émergents?

Les États dits émergents (Chine, Inde et Brésil) sont-ils, sur le plan de la gouvernance mondiale, des grandes puissances? La catégorie de « grande puissance » est rarement mise à contribution dans la discussion portant sur l’ordre institutionnel international. Il est pourtant pertinent de proposer, à la lumière de la nouvelle microéconomie des institutions, que cet ordre repose sur une hiérarchie de la puissance, au sein de laquelle certains États ont la capacité de fournir une offre institutionnelle structurante. Une théorie descriptive de la grande puissance comme concept opératoire pour l’étude de l’ordre institutionnel international est élaborée sur cette base. L’utilité du concept fait l’objet d’une première vérification empirique. On cherche à savoir si, et dans quelle mesure, les trois États émergents présentent les attributs d’une grande puissance sur la période 1990-2010. Une grande puissance doit mettre à profit des actifs convoités par les autres États afin de générer une offre institutionnelle relativement significative et elle doit participer au rationnement de l’offre institutionnelle globale. Deux domaines de coopération sont investigués : celui du commerce et celui de la sécurité. Des résultats préliminaires montrent de grandes disparités entre les trois États émergents, la Chine étant la plus éloignée du modèle.

Great Powers As Managers of the Global Institutional Order: Are the Rising States There Yet?

Are China, India, and Brazil—the so-called “rising states”—acting as emerging great powers in the current global institutional order? “Great power” is not a concept commonly used by students of global governance. Yet, based on new developments in the microeconomic theory of institutions, it is possible to suggest that any international order rests on the capability of some states to ration the supply of institutionalized cooperation. A descriptive theory and operational concept for “great power” in the context of the study of the international institutional order is therefore provided. The empirical relevance of the concept is assessed by verifying if, and to what extent, our three rising states show the attributes of a great power during the 1990-2010 period. To qualify, a particular state must (1) control sufficient assets to which other states want access through cooperation and (2) actively participate to the rationing of this cooperation at the global level. The investigation is conducted for two issue-areas: trade and international security. Preliminary results show that the three rising states hardly qualify, China being particularly distant from the model.

Pierre Berthaud (Université de Grenoble, Faculté d’Economie et CREG EA 4625), Tancrède Voituriez (Institut du Développement Durable et des Relations Internationales, CIRAD UMR MOISA)

L'effet BASIC sur la gouvernance globale du climat. Le jeu des préférences et de la puissance

La question traitée est celle du rôle joué par les pays du groupe BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde, Chine) dans l’indétermination des négociations sur le changement climatique. Nous adoptons la ligne d'analyse de l'économie politique internationale (EPI) et mobilisons deux catégories de facteurs explicatifs: l'hétérogénéité des préférences politiques et les variations dans la distribution de la puissance. Notre analyse indique que l’indétermination tient aux variations de la puissance bien davantage qu’au jeu des préférences, relativement constantes.
La communication est composée de trois parties. La première pose les bases de l'analyse, avec d'une part, le recours au concept de régime international tel que forgé par l'économie politique internationale et d’autre part, les interactions entre deux variables politiques (les préférences des acteurs et la répartition de la puissance). La deuxième partie relie-t-elle l'émergence à la rupture du « compromis de Rio », adoptant une approche constructiviste qui fait du compromis une condition nécessaire à la création et à la stabilité d'un régime international. La troisième partie envisage l'effet BASIC sous l'angle de la « transformation du jeu » en référence cette fois à une conception rationaliste. La distinction entre problèmes de collaboration et problèmes de coordination permet de vérifier que l'émergence du BASIC place le jeu sur une configuration de type « bataille des sexes » où la coopération des États n'est pas la solution mais le problème.

The BASIC effect on global climate governance: the game of preferences and power

In this paper we address the issue of the indeterminacy of climate change negotiations and examine the role played by the BASIC countries (Brazil, South Africa, India and China) in this indeterminacy. Mobilising the analytical tools of international political economy (IPE), we show that changes in the distribution of power over the last 20 years explain the indeterminacy of negotiation outcomes far more than changes in political preferences, which have remained fairly stable.
The paper is divided into three parts. The first lays the foundations for the analysis, with on the one hand the use of the concept of an international regime as forged by international political economy, and, on the other, the interactions between two political variables (actor preferences and the distribution of power). The second part links the emergence to the breakdown of the Rio compromise, adopting a constructivist approach which makes the compromise a necessary condition for the creation and stability of an international regime. The third part envisages the BASIC effect from the perspective of changing the game, this time in reference to a rationalist conception of international regimes. The distinction between problems of collaboration and problems of coordination enable us to verify whether the emergence of the BASIC group places the game in a battle of the sexes type configuration in which State cooperation is not the solution, but the problem.


Marcelo de Almeida Medeiros (Université Fédérale de Pernambuco, Recife, Brésil), Andrea Steiner (Université Fédérale de Pernambuc, Recife, Brésil)
 
De Téhéran à Tegucigalpa. La diplomatie d’un émergent occidental : Le Brésil

La politique extérieure du Brésil est marquée par une quête incessante d’autonomie, pratiquée tout d’abord par une attitude d’éloignement, puis suivie par une posture de participation et, depuis le début du XXIème siècle, par une position de diversification qui favorise des rapports plus hétérodoxes. Le recours à de nouveaux partenaires et la volonté manifeste d’intervenir davantage sur des dossiers internationaux semblent galvaniser à la fois une adaptation aux nouvelles données économiques et une ambition politique de redessiner l’échiquier global selon ses propres intérêts. Donc, le Mercosur devient ainsi un projet prioritaire. Toutefois, l’abyssal décalage économique qui s’installe entre le Brésil et ses partenaires du cône sud, provoque une augmentation des obstacles institutionnels et une prise de conscience que la condition d’émergent est un attribut régalien qui ne doit pas être contingenté par les intérêts d’autrui. La conséquence qui en découle est une attitude de détachement de l’idéal intégrationniste et une mouvance d’adhésion aux vertus de la simple coopération inter-étatique. Par ailleurs, il faut observer que Brasilia, sans encore rompre avec son passé de neutralité quasi-absolue, cherche de plus en plus à participer aux gestions de certaines crises d’ampleur internationale. Nonobstant, le Brésil peut être considéré comme le plus occidental des pays émergents. Il devient, de la sorte, un allié de poids pour les États développés, lesquels doivent faire face à des émergents tels, dont les civilisations renferment des idiosyncrasies culturelles qui peuvent avoir des conséquences politiques importantes sur le système international.
 
From Teheran to Tegucigalpa: Brazil’s diplomacy as an emerging Western country

Brazil’s foreign policy is marked by a relentless pursuit for autonomy, which was first practiced by a posture of distance, then by participation, and – since the beginning of the 21st century – by a position of diversification that has favored more heterodox behaviors. The search for new partners and the obvious desire to become more involved in international issues seem to stimulate both an adaptation to new economic contexts and a political ambition to redesign the global scenario according to the country’s own interests. However, the abysmal economic gap between Brazil and its southern partners causes an augment in institutional barriers and an increasing awareness that being an emerging country is a quality that must not be restricted by other nations’ interests. The result is an attitude of detachment from the integrationist ideal and a shift to the simple virtues of cooperation between nation states. Moreover, it should be noted that Brasilia – although not abandoning its past of almost absolute neutrality – seeks to participate more and more in managing certain crises of international significance. Notwithstanding, Brazil can be considered the most Western of emerging countries and is thus becoming an important ally for developed nations. These nations must in turn cope with such emerging countries, including the cultural idiosyncrasies that may have significant political consequences for the international system.

Antonios Vlassis (Université du Québec à Montreal (UQAM), Centre d'études sur l'intégration et la mondialisation CEIM)

La Chine et l’Inde dans le conflit des images : Les deux émergents asiatiques à l’épreuve des normes internationales de l’industrie cinématographique mondiale

Les normes internationales qui touchent l’industrie cinématographique mondiale s’articulent autour de deux enjeux : d’une part, le maintien des politiques des États en faveur de leurs industries de cinéma et, d’autre part, la protection des droits de propriété intellectuelle afin de lutter contre le piratage physique et numérique. Il s’avère que la littérature existante néglige les stratégies de la Chine et de l’Inde relativement à ces enjeux et reste ancrée à l’étude des intérêts des pays développés du Nord. L’objectif de notre proposition est alors de combler cette lacune empirique et de mettre en lumière les préférences de deux puissances asiatiques à l’égard des normes internationales touchant l’industrie cinématographique mondiale. Il s’agit d’analyser les préférences de la Chine et de l’Inde lors des négociations en vue de l’adoption de la Convention sur la diversité des expressions culturelles, dans la mise en œuvre de l’Accord général sur le commerce des services, ainsi que lors des négociations sur l’Accord commercial anti-contrefaçon. Les deux puissances émergentes constituent-elles un axe commun vis-à-vis des pays développés du Nord ? Si oui, quels sont leurs stratégies communes et leurs intérêts ? Sinon, quelles sont les raisons qui expliquent la divergence de leurs préférences ?

China and India in the clash of pictures: The two emerging powers vis-à-vis the international norms on global movie industry.

International norms affecting the global movie industry focus on two issues: on the one hand, the public policies in favour of the movie industry; on the other hand, the protection of intellectual property rights in order to fight against physical and digital piracy. The existing approaches leave aside the strategies of China and India on these issues and they emphasize so far the analysis of the interests of developed countries of the North. Therefore, the objective of my proposal aims to fill this empirical gap and to explore the preferences of two Asian powers regarding the international norms on global movie industry. It aims to analyze the China’s and India’s preferences related to the negotiations for the adoption of the Convention on the Diversity of Cultural Expressions, to the implementation of the General Agreement on Trade in Services (WTO) as well as to the Anti-Counterfeiting Trade Agreement. Do the two emerging powers have similar interests vis-à-vis the developed countries of the North? If yes, what are their common strategies? If not, what are the reasons pointing out the divergence of their preferences?

Mourad Chabbi (Université Jean Moulin (Lyon), CLESID, IRSEM)

Emergents et gestion de crise : Le cas de la déclaration tripartite Turquie-Brésil-Iran du 17 mai 2010 sur le nucléaire iranien.

Parmi les nouvelles grandes puissances des Etats comme l’Inde, le Brésil et d’autres ont un point commun : ils sont du Sud. En effet, des puissances plus anciennes ayant des caractéristiques de sociétés développées, stabilisées et démocratiques (Corée du Sud, Taiwan, Japon ou Australie) sont exclues de cet inventaire.
Dans le cas du nucléaire iranien, l’AIEA, le Conseil de Sécurité, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, l’Union Européenne et plus particulièrement le groupe EU-3 mènent les discussions avec l’Iran depuis plusieurs années. Cependant, le 17 mai 2010, la signature d'un accord tripartite regroupant l’Iran, le Brésil et la Turquie et portant sur le droit de l’Iran à l’enrichissement en conformité avec le TNP est obtenue après 18 heures de négociations. Pour la première fois dans une crise internationale majeure depuis la fin de la Guerre Froide ce ne sont ni les Américains ni les Européens qui ont joué un rôle moteur pour sortir de l’impasse. De plus, cet accord prend à revers l’offre faite par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour que l'Iran lui livre, en gage de bonne volonté, 70% de son uranium faiblement enrichi pour le transformer, en Russie puis en France, en combustible enrichi à 20%, dont Téhéran dit avoir besoin pour un réacteur de recherche. Volonté de solutionner le problème ou intérêt direct de ces puissances, cette démarche conjointe inquiète les puissances habituées à un monopole de fait sur les questions stratégiques.  

Emerging Powers and Conflict Management : The 17 May  2010 Turkey-Brazil-Iran Tripartite Agreement

New great powers could tomorrow challenge Europe, Russia, and the United States. All of them have a common history and economic background: they are formerly underdeveloped states. Their power increases in the late 90’s, notably at multilateral level.
 In the Iranian nuclear case, the International Atomic Energy Agency (IAEA), the UN Security Council, the USA, Russia, the EU noteworthy the EU3, lead the discussions with Iran since several years. However, on May 17th 2010, a tripartite agreement including Iran, Turkey and Brazil about Low enriched uranium right, in accordance with the Non-Proliferation Treaty (NPT), is obtained after 18 hours of negotiation.  The terms of this agreement are concluded without the involvement of the five great powers. For the first time in a major international crisis since the end of the cold war, neither the Americans nor the Europeans have played a central role. This agreement is also a setback for the offer made by the IAEA under the auspice of the Security Council. This agreement plans a delivery of 70% of the Iranian’s low-enriched uranium from Russia and then in France, to transform it into 20% enriched fuel for Teheran’s needs for his research reactor. The tripartite agreement between Iran-Turkey and Brazil worried the major powers of the UNSC because they are used to a monopoly on nuclear issues.


Elena Aoun et Thierry Kellner (Université Libre de Bruxelles, REPI)

Les crises du Moyen-Orient : une fenêtre d’opportunité pour les pays émergents

Le Moyen-Orient connaît des bouleversements qui en remodèlent les équilibres et induisent une recherche d’alliances alternatives par ses acteurs. Cette recherche coïncide avec un dynamisme diplomatique plus affirmé des pays émergents et leur ouvre des opportunités nouvelles. Cette communication se propose, à partir des cas égyptien et du processus de paix israélo-palestinien, de mieux comprendre la genèse des nouvelles synergies entre les acteurs du Moyen-Orient et les puissances émergentes. Nous faisons l’hypothèse que ces développements sont significatifs d’une recomposition en cours qui tend à remettre en question le statu quo ante dominé politiquement, économiquement et symboliquement par les puissances occidentales. Il ne s’agit pas tant de la déconstruction du système westphalien que d’une résistance à un monopole occidental sur l’évolution de ce système et sur la production des normes. Obéissant à une grammaire westphalienne mettant au premier plan souveraineté et intérêt national, les approches des acteurs émergents et les alliances multivectorielles qu’ils tentent de mettre en place visent à préserver les structures formelles du système tout en s’attaquant à celles de ses structures normatives qui relayent la prééminence occidentale. Il s’agit de stratégies visant à transformer les fondements de la puissance structurelle - au sens de S. Strange - de l’Occident, en créant de nouvelles constellations d’intérêts partagés et de coopérations la contournant.
 
The Middle East Crises: A Window of Opportunity for the Emerging Countries?

The Middle East is undergoing serious upheavals that are reshaping its overall configuration and prompting some of its actors to search for alternative alliances. This search coincides with a new diplomatic dynamism from emerging powers and opens for the latter new opportunities. Taking Egypt and the Israeli-Palestinian peace process as case studies, this presentation will analyze the rise of new synergies between Middle Eastern actors and the emerging powers. We hypothesize that these developments mirror a global balance shift that challenges the status quo ante which used to be politically, economically and symbolically dominated by Western powers. The process is not so much about the deconstruction of the Westphalian international system as about resistance to the Western monopoly over the evolution of the system and the production of international standards. Rather, while still obeying to the Westphalian grammar with its focus  on sovereignty and the national interest, the approaches adopted by the emerging powers and the multivectorial alliances they are trying to forge are designed to preserve the formal structures of the system while undermining its normative dimensions which perpetuate the Western pre-eminence on the global stage. These strategies, our argument goes, are bound to transform the foundations of Western“structural power” - as understood by Susan Strange - by creating new combinations of shared interests and cooperation bypassing the West.

Joan Deas (Institut d’Etudes Politiques de Grenoble, UMR PACTE 5194)

Le Brésil et le processus de paix israélo-palestinien: ambition(s), stratégie(s) et obstacle(s)

On se propose d’étudier le comportement et les choix stratégiques du Brésil sur le dossier des négociations du conflit israélo-palestinien. Nous partons du postulat que l'insertion dans le dispositif de résolution des conflits moyen-orientaux est considérée par les Etats émergents comme un facteur indispensable de reconnaissance du statut de puissance sur la scène internationale. Nous poserons ainsi la question de l’espace d’intervention dont le Brésil pourrait bénéficier ou réussir à dégager sur cette crise, caractérisée par une forte exclusivité occidentale dans sa tentative de résolution. Brasilia a rendu clair depuis maintenant plusieurs années son intérêt pour la région moyen-orientale et la crise qui en cristallise le plus les enjeux. Cependant, cette volonté d’insertion ou d’influence ne s’accompagne pas systématiquement d’une révision des normes et formats de négociation existants, ni d’une remise en cause de l’ordre libéral échafaudé par les puissances traditionnelles. On peut ainsi agir dans son intérêt tout en endossant et/ou complétant le système existant. A travers l’étude du processus de négociation israélo-palestinien du début des années 1990 à aujourd’hui, on montrera ainsi que Brasilia adopte un comportement tendant vers l’”assimilationniste” vis à vis de la position occidentale, tentant dans le même temps de jouer un rôle complémentaire d’interlocuteur  universel et sans parti pris, usant ainsi de son statut revendiqué de “puissance sans ennemi” et favorisant la pratique d’une “diplomatie parlementaire”.
 
Brazil and the Israelo-Palestinian Peace Process : ambition(s), strategie(s) and obstacle(s)

This communication aims at studying Brazil behavior and strategic choices regarding the Israeli-Palestinian negotiation process. One postulates that Emerging States consider insertion in Middle-East conflict resolution processes as a necessary and essential condition to have their power recognized and acknowledged by their peers on the international diplomatic scene. Therefore, one will try to determine what space of intervention and range of maneuver Brazil could succeed in gaining in this specific middle-eastern crisis, marked by a strong Western exclusiveness in its management and resolution process. Brasilia has made clear for several years its interest for the Middle-East and the crisis which has been crystallizing the most its core political stakes. However, this will of insertion and influence neither systematically comes with the revision of the existing norms and negotiation formats, nor a questioning of the liberal order as shaped and designed by the traditional great powers. A State can then act for its own interest by endorsing and/or completing the existing system at the same time. Through the study of the Israeli-Palestinian negotiation process from the 1990’s to present time, one will show that Brazil adopts an “assimilationist” behavior regarding the Western position, trying at the same time to play a complementary role of universal interlocutor, using its claimed status of “Power without enemy” and favoring the practice of a “parliamentary diplomacy”.
 
Antoine Bondaz (Institut d’Etudes Politiques de Paris, Centre Etudes et de Recherches Internationales)

Perspectives chinoises sur la crise syrienne

En s’abstenant lors du vote de la résolution 1973 (2011) du CSONU, la Chine avait semblé enfreindre un de ses « Cinq Principes de la Coexistence Pacifique », i.e. le principe de non-interférence dans les affaires intérieures d’un autre Etat. Certains experts estimaient alors que la Chine était sur la voie d’une application large du principe de « la responsabilité de protéger » (R2P), alors mis en avant par la France, la Grande Bretagne et les Etats-Unis.
L’implication de la Chine dans la crise syrienne a cependant donné l’occasion à la Chine de se repositionner. Surprise par l’intervention militaire en Lybie à partir de mars 2011 et ses intérêts économiques dans le pays ayant été largement affectés, la position de Pékin sur la crise syrienne est plus traditionnelle. La Chine a apposé son véto à plusieurs résolutions, notamment en février et juillet 2012, tout en cherchant à avoir un rôle de médiateur, entretenant notamment le dialogue avec l’opposition, et a donné sa propre interprétation de la R2P.  
Notre papier s’intéressera non seulement à l’activité diplomatique chinoise mais aussi au traitement de la crise syrienne par la presse et surtout les experts chinois, notamment dans les journaux académiques. Une question centrale nous guidera, « Que pense la Chine de la crise syrienne ? ».
 
China’s perspectives on the Syrian crisis

Abstaining from voting the UNSC resolution 1973 (2011), China had seemed not to respect one of its “Five Principles of Peaceful Coexistence”, i.e. the “principle of mutual non-interference in internal affairs”. Some were already talking about a larger China’s implementation of the Responsibility to Protect (R2P), then largely used by France, Great Britain and the United States.
The role of China in the Syrian crisis has however enabled China to reposition itself. Surprised by the extent of the military intervention beginning in March 2011 and its economic interests in the country being largely affected, China’s position on Syria has come back to a more traditional stance. China has vetoed, along with Russia, several UNSC resolutions, including these in February and July 2012, while seeking for a role of mediator, officially talking to the Syrian opposition, and to give its own interpretation of the R2P.
Our paper will not only take a look at China’s diplomatic activity in the Syrian crisis but also focus on the treatment on the Syrian crisis in China’s newspapers and mostly by China’s experts. Our key question will be “What does China think about the Syrian crisis?”.


Nora El Qadim (Institut d’Etudes Politiques de Paris, Centre d’Etudes Européennes)

Faire parler les « émergents » : les migrations dans la relation du Maroc à l’Union européenne au prisme des études subalternes

Les concepts des études subalternes et les théories post-coloniales, sont utiles pour expliquer le développement des relations entre pays émergents et pays du Nord. Les négociations marocaines avec l’Union européenne sur les migrations sont trop souvent vues sous l’angle de l’européanisation ou de l’externalisation des politiques de gestion des migrations. Les partenaires de l’UE y apparaissent comme des  récipiendaires passifs. Or, l’accent mis sur le contrôle des flux migratoires par les acteurs européens a fourni aux pays du Sud des ressources substantielles dans les négociations (« rente géographique », source d’ « empowerment » pour les pays du Sud, ou encore « migration of power » dans les relations entre les pays européens et leurs voisins.)
Comme le montrent les données recueillies à Rabat et Bruxelles de 2010 à 2012, la multiplication des arènes a permis à la diplomatie marocaine de jouer de la superposition d’acteurs pour obtenir des concessions malgré l’asymétrie initiale. Le prisme des études subalternes montre que les « dominants » européens tentent d’euphémiser le conflit pour créer une apparence d’unanimité. En dépassant une analyse eurocentrique on explique mieux comment les acteurs marocains et plus généralement les partenaires de UE au Sud sont progressivement parvenus à imposer, face à des discours européens tendant à « sécuriser » les migrations, un discours mettant en avant leurs intérêts et leur point de vue à travers le concept d’ « approche globale ».
 
Listening to the Voices of Emerging Powers: Migrations in EU-Morocco Relations in the Light of Subaltern Studies

Subaltern Studies and post-colonial theories help explain change in the relations between emerging powers and the West. Negotiations on migrations between Morocco and the EU are often viewed as a case in Europeanization and externalization of European migration policies. Unfortunately, EU’s partners are too often depicted as passive recipients of European external policies.
To the opposite, the prominence of migration control in the EU has provided countries in the South with substantial resources in negotiations: migrations become a “geographic income”, and a source of empowerment; there is a “migration of power”. The strategy of Moroccan negotiators actually exemplifies issue-linkages and “opportunistic avoidance”. According to data collected in Rabat and Brussels from 2010 to 2012 the multiplication of negotiating venues has provided them with new opportunities, in spite of the original asymmetrical relation. Subaltern studies show that the discourse of the European “powerful” tries to euphemize conflicts and to create the appearance of unanimity, while the Moroccan position in negotiations is also expressed through the elaboration of a specific discourse. Going beyond a Eurocentric analysis and looking closer at the discourse developed by State actors in the South, explains how the Moroccans, among others, have progressively imposed their own discourse. Contrary to European they defended their interests and point of view, especially through the concept of “global approach”.


Participants

AOUN Elena elenaoun@ulb.ac.be
BELANGER Louis Louis.Belanger@pol.ulaval.ca
BERTHAUD Pierre pierre.berthaud@upmf-grenoble.fr
BONDAZ Antoine antoine.bondaz@sciences-po.org
CHABBI Mourad mouradchabbi@yahoo.fr
DE ALMEIDA MEDEIROS Marcelo mam14@uol.com.br
DEAS Joan joan.deas@gmail.com
EGGER Clara clara.egger@umrpacte.fr
EL QADIM Nora nora.elqadim@sciences-po.org
KELLNER Thierry kellner4@hotmail.com
SCHEMEIL Yves yves.schemeil@sciencespo-grenoble.fr
STEINER Andrea ecodea@gmail.com
VLASSIS Antonios antonios.vlassis@gmail.com
VOITURIEZ Tancrède tancrede.voituriez@iddri.org

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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