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Section Thématique 55

Foucault ou le politiste impossible ?
Is Foucault an impossible political scientist?

Responsables

Guillaume GOURGUES (Université de Franche-Comté, CRJFC/PACTE) guillaume.gourgues@hotmail.com
Ouassim HAMZAOUI (Institut d’Etudes Politiques de Grenoble, PACTE) ouassim.hamzaoui@gmail.com

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

L’objectif de cette section thématique est de ré-ouvrir, à partir des travaux de Michel Foucault, le débat sur les possibilités tout autant épistémologiques que méthodologiques qui s’offrent à la science politique. Autrement dit, la proposition scientifique que nous faisons prend très explicitement comme point de départ l’idée selon laquelle il est nécessaire de considérer la science politique comme une discipline plurielle, c’est à dire dont les contours et postulats ne peuvent être ramenés à un ensemble unique et définitivement établi de « principes ». Nous pensons dès lors que notre discipline peut et doit se rendre notamment perméable aux propositions analytiques formulées par les autres savoirs constitués ; mais non pas seulement pour y « piocher » des éléments qui seraient compatibles avec une impossible orthodoxie disciplinaire, mais pour faire littéralement subir de véritables variations de nature à la science politique. C’est ainsi ce que nous proposons de faire dans le cadre de cette section thématique à partir principalement des orientations méthodologiques suivies par Foucault dans ses propres recherches.
 
La question des liens possibles entre l’œuvre de Michel Foucault et les sciences sociales a été l’objet d’un nombre important de productions et évènements scientifiques, tant en Europe qu’aux Etats-Unis, au cours des deux dernières décennies. Or, il semble que l’ensemble de ces travaux partage, par-delà les spécificités et oppositions, un même positionnement épistémologique quant au statut de scientificité des recherches menées par le philosophe. Ils convergent dans leur approche de l’interdisciplinarité : Foucault est considéré comme un « dilettante » dont certaines propositions peuvent faire l’objet d’un usage raisonné par des « spécialistes ». En science politique, il est ainsi notamment perçu comme l’auteur d’une « découverte » historique fondamentale pour la compréhension des formes du politique (la « gouvernementalité » et la « gouvernementalisation » de l’Etat) ; découverte qui a en particulier servi de base pour une problématisation permettant de construire de nouveaux « objets »  comme les « savoirs » ou les « instruments ». Et l’usage raisonné consiste à considérer que pour être valide, cette reprise nécessite d’être consolidée scientifiquement et empiriquement, par l’entremise d’un savoir et savoir-faire sociologique solidement établi.
 
Or, c’est précisément cette posture, au demeurant parfaitement cohérente, que nous nous proposons de mettre en discussion. En effet, conformément à notre postulat de départ, nous voudrions soutenir qu’il est possible – et qu’il serait même souhaitable –, sans jamais considérer que Foucault ait voulu faire stricto sensu « œuvre de science », d’adopter une approche « interdisciplinaire » consistant à prendre au sérieux l’existence d’une « méthode foucaldienne », c’est-à-dire d’un ensemble d’« indications » prenant explicitement leurs distances à l’égard de certains des postulats de la sociologie. Autrement dit, nous démarquant explicitement des interprétations in fine « moralistes » des affirmations de mise à distance des sciences sociales qu’on retrouve sous la plume du philosophe, nous ambitionnons de faire de ce « contournement » de la sociologie, non pas la preuve de l’incompatibilité et l’incommensurabilité entre la démarche du philosophe et toute perspective de science politique, mais bien au contraire la base même de la « variation » épistémologique et méthodologique à appliquer à notre discipline. Ce n’est ainsi in fine rien de moins que la question du lien entretenu par la science politique avec le paradigme sociologique qu’il s’agit dès lors de re-poser. Bien que ce lien paraisse à d’aucuns consubstantiel à notre discipline – au point d’ailleurs de considérer les expressions « science politique » et « sociologie politique » comme synonymes, nous prendrons la suite des politistes qui se sont déjà efforcés d’aborder cette question de « l’importation de la référence sociologique » sous l’angle de la réflexivité historique, en nous engageant pour notre part à partir de l’hypothèse d’une science politique non-nécessairement sociologique.
 
C’est afin d’y parvenir que nous voudrions parvenir à ne plus séparer le Foucault « découvreur », encensé par tous, du Foucault « méthodologue » davantage méconnu. L’élaboration d’une méthode d’investigation originale (qualifiée parfois de « généalogique »), distincte d’une approche « génétique » et/ou « causale », est une constante dans les travaux de Foucault. Non seulement, cette « méthode » soutient résolument les « découvertes » auxquelles les sciences sociales ont su se montrer si réceptives, mais elle sous-tend surtout sa volonté de produire un savoir « désassujetti » de sa prétention de savoir et conscient de la nécessité de se « latéraliser » par rapport à l’implacable verticalité de ce qu’il appelait « l’ordre du discours » – et dont fait d’ailleurs partie la division disciplinaire des formes de savoirs. Nous inscrivant résolument dans le sillon des divers auteurs ayant déjà posé les jalons d’une telle démarche, nous voudrions consacrer cette section thématique à la formulation collective des principes et règles de cette « méthode » (généalogique) et à la clarification de leurs conséquences épistémologiques pour la science politique. Un tel travail qui s’adresse prioritairement aux politistes et aux philosophes reposera nécessairement sur un travail de lecture et de commentaire des écrits de Foucault, et en particulier des passages épars – et à chaque fois partiels, sauf en de rares occasions – que le philosophe consacre à cette méthode. Toutefois, au-delà de ce « travail du texte », il nous semble également indispensable que cette réflexion collective se nourrisse de travaux de recherches empiriques qui nous permettront concrètement et in situ, d’illustrer comment sur tel ou tel objet précis la perspective foucaldienne s’écarte du raisonnement sociologique, et bien évidemment comment cette perspective permet de mettre au jour ce qui ne peut se trouver que dans les points aveugles d’une approche sociologique.

The aim of this panel is to reopen the debate about the epistemological and methodological potentialities of the work of Michel Foucault for political science. Our scientific proposal leans on the idea that political science must be considered as a plural science, whose methods and assumptions cannot be reduced to a single and definitive epistemology. Therefore, we argue that our discipline can (and should) open to analytical propositions made ​​by other academic knowledge.
According to this approach, the possible links between the works of Michel Foucault and social sciences has been the issue of a large number of scientific publications and events, during the last two decades, both in Europe and United States. Yet, it seems that all these works share a common epistemological position regarding the status of the research by the philosopher. Foucault is considered a "dilettante": even if he is not a scientist: some of his proposals could be used, in a reasonable way, by "social scientists". For instance, in political science, Foucault is considered as the author of a historical "discovery", named “governmentality” or “governmentalization”, which is crucial for the understanding of politics. To use reasonably this discovery, social scientists must scientifically and empirically consolidate it, through academic knowledge and firmly established sociological methods.
However, it is precisely this approach, which is perfectly coherent, that we propose to discuss. Indeed, according to our postulate, we would argue that it is possible – and desirable – to seriously take into consideration the existence of a “Foucauldian method”, without ever considering that Foucault aimed to produce a “science”.  This “Foucauldian method” could be defined as an “interdisciplinary” approach, which gathers a set of "pieces of information" that explicitly distanced themselves from sociological methods.
In order to begin this discussion, we would like to no longer separate the "discoverer" Foucault from the "methodologist" Foucault, which remains largely unknown. The invention of an original method of investigation (sometimes qualified as a “genealogy”), which is different from "genetic" and/or "causal" methods, is a permanent feature of the works of Foucault.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur la session suivante :
Session 1 : 9 juillet 2013 14h-16h45
Voir planning général...

Lieu : Batiment A (27 rue Saint-Guillaume), salle A32


Programme

Discutants :
Jean-François Leguil-Bayart (CERI)
Olivier Razac (Ecole Nationale d’Administration Pénitentiaire) 


Résumés des contributions

Thomas Boccon-Gibod (Université Paris-Ouest, Nanterre, La Défense)

La situation de la généalogie dans la dramatique des discours vrais
 
Pour apprécier l’utilité et la portée des analyses foucaldiennes des relations de pouvoir, il paraît indispensable de les situer dans le mouvement général de cette recherche. Au-delà de la disparité apparente de ses objets et de la discontinuité de ses procédures, celle-ci laisse en effet apparaître un principe général de variation : l’idée que la vérité suppose un dire qui demeure irréductible à la vérité dite, et que seule permet de faire apparaître une mise en scène systématique des discours vrais. Dans L’archéologie du savoir, Foucault a tenté de formuler directement une conception de l’acte de dire la vérité. Une telle tentative méthodologique était pourtant, par principe, vouée à l’échec, raison pour laquelle Foucault requalifia son analyse des discours vrais en une critique des rapports de pouvoir que ces discours trahissent. Mais dans ce moment généalogique il buta à nouveau sur l’impossibilité de définir une théorie du pouvoir indépendamment de l’analyse des discours vrais. Foucault modifia alors à nouveau son angle d’attaque pour étudier les modes de manifestation de la vérité (« alèthurgies ») en tant que mises en rapport spécifiques du savoir et du pouvoir. En définitive, l’enjeu de ces analyses est donc moins la formulation d’une vérité de la politique que celle d’une politique de la vérité et d’une éthique de la politique.

The situation of genealogy within the dramatic of true speeches

In order to fully understand how to use foucauldian analyses of power, it seems necessary to replace them into the general movement of Foucault’s research. Indeed, despite the apparent disparity of its topics and the discontinuity of its procedures, one can see in this research a general principle of variation: the idea that truth implies a discourse that is in itself irreducible to the truth that is said through it; which can only be shown by putting true discourses systematically on stage. In The archeology of knowledge, Foucault nevertheless attempted to directly elaborate a positive conception of the act of saying the truth. Such an attempt being doomed to fail, Foucault had to reformulate his analysis of true speeches into a critic of power relationships. But in this genealogic moment he confronted again the impossibility of defining a theory of power aside from the analysis of true speeches. Foucault then modified his approach into a study of the modes in which truth can be manifested (“alethugies”), thus appearing as specific relationships of power and knowledge. Finally, these analyses don’t aim at formulating the truth about politics; they rather seek to define the politics of truth and the ethics of politics.

 
Matei Demetrescu et Codrin Taut (Faculté de sciences politiques, Université de Bucarest)

Vérité et invisibilité du marché. Généalogie et fonction de l’économie politique chez Foucault
 
Dans les sociétés contemporaines, sociétés marquées par le libéralisme avancé, le pouvoir ne produit plus l’ordre social ; il s’exprime plutôt à partir de la liberté de l’individu. Selon Foucault et le changement dans le régime du fonctionnement du pouvoir s’explique à partir de son intersection avec la rationalité économique. Le paradoxe est que, en empruntant cette voie, les études concernant la gouvernementalité contemporaine ont abouti à une description d’un pouvoir sans pouvoir, à une analyse où la réglementation tend à coïncider avec la liberté. Sans nier ni l’exactitude de la description du marché en tant que lieu de véridiction, ou en tant que tribunal quotidien de la décision politique, nous nous proposons d’examiner les limites de ce discours sur la gouvernementalité contemporaine. La première partie de notre intervention examine l’émergence de l’économie politique à l’intérieur des écrits de Michel Foucault, tout en repérant les éléments qui ont favorisé une analyse de cette discipline à partir de la notion de conduite. La manière par laquelle, après Foucault, l’économie définie en tant que conduite est devenue la pièce centrale de la gouvernementalité sera investiguée dans la deuxième partie de notre étude. La dernière partie est réservée à une approche comparée entre cette description de l’espace économique, et d’autres versions contemporaines : l’analyse discursive, l’ethnographie des marchés et l’Actor-Network Theory.

The truth and the invisibility of the market. Genealogy and function of the political economy in Michel Foucault’s writing
 
In the contemporary advanced liberal societies the power does not produce the social order anymore, but expresses itself through the freedom of the individual. According to Foucault, this change can be described as an intersection between power and economic rationality. The paradox is that the studies concerning the contemporary governmentality ended up with a description of a power without power, with an analysis where the regulations tend to coincide with the freedom. Without denying neither the accuracy of the description of the market as a place of veridiction, or as a tribunal of the political decision, we are aiming to examine the logical limits of this discourse concerning contemporary governmentality. Our survey has three main directions. The first one aims retracing the elaboration of the space of the political economy following the work of Michel Foucault.  At this stage we will also try to locate the theoretical imbalance which leaded finally to an analysis of the economy in terms of conduct. The way by which, after Foucault, the economy, defined mainly as conduct, became the central part of the governmentality, will be investigated in the second phase of our study. The last part is reserved for a compared approach between this description of the economic space and other contemporary versions: the discursive analysis, the ethnography of markets and the Actor-Network Theory.


Guillaume Roux (FNSP, PACTE-PO, Grenoble)

Foucault, les sciences sociales et la question du Temps : quelle politique ?
 
Qu’est-ce qui donne si souvent l’impression que la démarche, le travail de Foucault ne « passent pas » dans le champ des sciences sociales, même lorsqu’elles s’en saisissent ou qu’elles en font usage ? On sait que la méthode foucaldienne est solidaire d’une certaine pensée, dont les conceptions ne sont pas nécessairement compatibles avec la pensée dont relève – même implicitement – telle ou telle science sociale. Nous proposons d’interroger cette distance de Foucault d’avec les sciences sociales, à partir de l’idée ou de la conception du temps, telle qu’on peut tenter de la dégager de l’œuvre foucaldienne. Cette conception, en effet, ne paraît pas compatible avec celle qui sous-tend différentes disciplines ou traditions des sciences sociales. La distinction de Bergson entre deux conceptions opposées du temps – temps « réel » et temps « spatialisé » –  nous paraît de ce point de vue éclairante. Si la conception du temps qui soutient les travaux de sciences sociales semble correspondre, dans l’ensemble, au « temps spatialisé » de Bergson, Foucault rejette, pour sa part, une telle conception – il dénonce explicitement certains usages ou « résultats » historiographiques qui en relèvent. Surtout, sa méthode est solidaire d’une conception autre du temps, dont elle constitue, d’une certaine manière, la mise en œuvre. Nous tentons de montrer alors comment les conceptions du temps possèdent des implications proprement politiques. La dimension politique du temps, selon l’idée qu’on s’en fait, éclaire un autre aspect de la méthode foucaldienne – la tension de « l’archéologue » vers un « avenir possible ».
 
Foucault, the social sciences and the question of Time: different politics
 
Why do we have the recurrent impression, when social sciences make use of Foucault’s work, that something of the Foucault’s approach – something crucial – is missing? We know that there exists something such as a foucaldian thought, whose conceptions are not necessarily compatible with the thought – more or less implicit – corresponding to different traditions of the social sciences. We propose to question the difference between Foucault and the social sciences, from the point of view of “time”, i.e. the conception of time in Foucault’s work, and different traditions of the social sciences. We argue that these conceptions are not compatible. The conception of time in the social sciences often corresponds to what Bergson has named “spatialized time”. Then Foucault explicitly criticizes such an idea of time, as well as the corresponding historiographic methods and “results”. Most of all, its own method can be seen as the application – in the domain of knowledge – of another conception. We then attempt to show how the conceptions of time do have political implications. The political dimension of time throws light on another aspect of Foucault’s method: the explicit relation of “archeology” to a “possible future”.


Mathias Delori (CNRS, Centre Emile Durkheim, Bordeaux)

L’Union franco-allemande. Généalogie d’un mythe
 
La littérature constructiviste sur les relations franco-allemandes a mis en évidence que le « partenariat spécial » entre les deux pays s’appuie sur un certain nombre de représentations et de symboles : l’image du couple franco-allemand, le récit de la réconciliation des anciens ennemis héréditaires ou encore la prophétie de la fraternisation des jeunes. Ce papier revisite la littérature sur la construction sociale et historique de ce mythe à partir de la notion foucaldienne de généalogie. Cette approche permet de « conjurer la chimère de l'origine » et de comprendre qu’à l’instar de tous les construits sociaux, ce mythe n’a pas d’essence. Il a connu une naturalisation lente au cours de quatre épisodes historiques : le pacifisme de l’entre-deux-guerre, la collaboration entre la France de Vichy et l’Allemagne nazie, l’occupation française en Allemagne et le rapprochement franco-allemand après 1945. Les acteurs qui ont participé à la naturalisation de ce mythe à ces différentes époques poursuivaient des buts très différents. L’approche généalogique permet donc de mettre à jour une autre histoire du mythe de l’union franco-allemande, une « histoire effective qui ne s’appuie sur aucune constance » (M. Foucault, Nietzche, la généalogie, l’histoire).
 
The Franco-German Union. Genealogy of a Political Myth
 
The constructivist literature on Franco-German relations has showed that the Franco-German “special partnership” relies on a set of representations and symbols: the image of the Franco-German couple, the narrative of the reconciliation of the former hereditary enemies, and the prophecy of the fraternization of young people. This paper revisits the literature on the social and historical construction of this myth by adopting a foucaldian “genealogical” approach. This approach is useful in order to “challenge the pursuit of the origin” and understand that this myth is not different than any other social construct in the sense that it does not have any essence. The myth of the Franco-German union slowly took consistence during four historical episodes: the interwar pacifism (1918-1939), the collaboration between Vichy France and Germany during the Second World War (1940-1945), the French occupation in Germany (1945-1949), and the Franco-German rapprochement after 1945. The actors who contributed to naturalizing this myth throughout this time had very different motivations. Hence, the genealogical approach helps uncovering a new history of the myth of the Franco-German union, an “effective history without constants” (M. Foucault, Nietzche, Genealogy, and History).

 
Pierre Sauvêtre (IEP Paris)

Poser des problèmes à la science politique avec Foucault. Crises de gouvernementalité et pouvoir instituant
 
Suivant la perspective proposée par l’appel à contribution, on procédera dans la présentation de notre communication en deux temps. On essaiera d’abord d’expliciter quelques règles de la méthode « généalogique » en optant pour une compréhension de la recherche de Foucault comme un travail d’intégration systématique consistant à articuler dans un ensemble cohérent les éléments successifs nouvellement apportés par la recherche. On dira que la généalogie implique l’analyse des conditions de formation singulières d’un dispositif de pouvoir-savoir (ou de gouvernement par la vérité) de façon à ce qu’on puisse l’associer à un domaine de transformation possible. Cela revient, selon les mots de Foucault, à « événementialiser des ensembles singuliers de pratiques, pour les faire apparaître comme des régimes différents de véridiction et de juridiction ». On développera ensuite la recherche issue de notre de thèse de doctorat où nous avons tenté de faire jouer cette méthode en proposant une généalogie de l’État aux XXe et XXIe siècles à partir des crises de gouvernementalité. En partant de l’analyse des conditions de formation singulières du dispositif de la gouvernementalité libérale sociale (années 1930-années 1960) et de celui de la gouvernementalité néolibérale (années 1970-aujourd’hui), nous les avons associées à deux ensembles singuliers pratiques – les années 1968 en France et les années 2000 en Bolivie – comme moment respectifs de la crise de chacun d’eux où s’est joué la possibilité de la formation d’un régime alternatif de véridiction et de juridiction.
 
To pose a problem to political science with Foucault. Crises of governementality and instituting power

We will divide our presentation in two moments. At first, we will try to clarify some rules of the genealogical method by opting for an understanding of Foucault’s research as a work of systematic integration, a work which consists in articulating the successive elements progressively brought by the research in a coherent set. We will say that genealogy is the analysis of the singular conditions of formation of a power-knowledge device so that it can be associated with a domain of possible transformation. In Foucault’s words, it means “eventialize singular sets of practices to make them appear as different regimes of veridiction and jurisdiction”. We will develop then the research based on our doctoral thesis where we tried to use this method by proposing a genealogy of the State during the twentieth and the twenty-first centuries from the viewpoint of crises of governmentality. From the analysis of the singular conditions of formation of the social liberal governmentality (1930s-1960s) and the neoliberal (years 1970-today), we associated them with two sets of practices – 1968s in France and 2000s in Bolivia – as respective moments of crisis where arose the possibility of an alternative regime of veridiction and jurisdiction.


Philippe Bonditti (IEP Paris, Institut de relations internationales de l’Université pontificale de Rio de Janeiro)

Le dispositif et l’archéo-généalogie foucaldienne. Une alternative à l’interdisciplinarité ?
 
Les appels et revendications à l’interdisciplinarité, voire à la transdisciplinarité ne se comptent plus, comme si la segmentation des savoirs en disciplines n’y suffisait plus. Nous voudrions explorer cette hypothèse que l’interdisciplinarité ne soit déjà plus la solution au problème de la segmentation disciplinaire des savoirs, mais plutôt un obstacle à leur double « insurrection » (Foucault, DS) : contre leur structure disciplinaire d’une part, le « sujet sachant » d’autre part. Plus spécifiquement, nous espérons parvenir à montrer comment une « méthode » inspirée des propositions de Michel Foucault à propos de l’archéologie, de la généalogie et du « dispositif » s’offre possiblement comme une alternative crédible à l’inter/ transdisciplinarité. Nous discuterons successivement: 1) la question de la méthode en sciences sociales – et de la tripartition historiquement établie entre ontologie, épistémologie et méthodologie ; 2) celle de l’empirisme – et, notamment, la manière dont les théories sociales l’ont trop souvent réduite à la ‘collecte de données’ ; 3) celle de la place et de la fonction dévolue au « sujet sachant » compris comme site d’origination du sens, et que nous nous efforcerons de problématiser.
 
Dispositif and foucauldian archeo-genealogy. An alternative to transdisciplinarity?
 
Claims for interdisciplinarity – or even transdisciplinarity – are more than numerous, just as if the segmentation of knowledge into disciplines did not suffice, as if it had to be overcome, transcended. I would like to explore the hypothesis that interdisciplinarity may no longer be the solution to the problem of segmentation of knowledge into disciplines, but rather a hinder to their double « insurrection » (Foucault, DS): against their disciplinary structure on the one hand and the « knowing subject » on the other. More specifically, I aim at showing how a method inspired by Michel Foucault’s propositions on archeology, genealogy and dispositif could serve as a convincing alternative to inter/transdisciplinarity. For this, I will successively discuss: 1) the issue of method in social sciences and of the historically established ternary division between ontology, epistemology and methodology ; 2) the issue of empiricism and in particular the way in which social theories have too often reduced it to data collection ; 3) the question of what place and function have been attributed to the knowing subject, understood as the site of origin of knowledge and that I will work at problematizing.


Participants

BOCCON-GIBOD Thomas tbocgib@gmail.com
BONDITTI Philippe philippe.bonditti@gmail.com
DELORI Mathias Mathias.Delori@eui.eu
DEMETRESCU Matei matei.demetrescu@sciences-po.org
GOURGUES Guillaume guillaume.gourgues@hotmail.com
HAMZAOUI Ouassim ouassim.hamzaoui@gmail.com
LEGUIL-BAYART Jean-François jeanf.leguilbayart@sciences-po.fr
RAZAC Olivier orazac@yahoo.fr
ROUX Guillaume rouxguiep@gmail.com
TAUT Codrin tautcodrin@yahoo.fr
SAUVÊTRE Pierre pierre.sauvetre@sciences-po.org 

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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