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Section Thématique 56

Acteurs et généalogie des études européennes (1945-1992)
Actors and genealogy of European Studies (1945-1992)

Responsables

Fabrice LARAT (Ecole nationale d’administration / CERA) fabrice.larat@ena.fr
Michel MANGENOT (Université de Strasbourg / SAGE) Michel.Mangenot@misha.fr

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

La montée en puissance des études européennes comme objet de recherche et d’enseignement académique a fait l’objet d’analyses successives au cours des dernières années. Jusqu’à présent, l’analyse porte essentiellement sur la manière dont une discipline comme la science politique s’est saisie de ce champ (Belot, Magnette et Saurugger 2008)  ; sur l’évolution des thèmes et débats au sein d’historiographie (Kaiser et Varsori 2010)  ; sur la contribution respective des différentes disciplines (Kaiser 2006 ; Milward 2006 ; Wessels 2006) et sur la façon dont le processus d’intégration européenne est abordé dans différentes aires culturelles (Larat, 2009 pour l’Europe du Sud).
 
Mais entre ce niveau d’analyse macro et celui micro des études parcellaires focalisées sur le parcours de certaines grandes figures emblématiques (de Walter Lipgens par Wilfried Loth, de Paul Reuter par Antonin Cohen et des premiers néo-fonctionnalistes par Jonathan White), d’institutions particulières ou des revues (Popa 2008), il manque des travaux systématiques permettant d’appréhender à un niveau d’analyse intermédiaire la manière dont ce champ s’est concrètement constitué au fil du temps.
 
Une telle approche est d’autant plus nécessaire que nous avons à faire à une triple fragmentation. Tout d’abord, géographique avec l’éparpillement des différentes contributions dans un cadre avant tout encore stato-national. La deuxième fragmentation qui en découle est d’ordre linguistique. Elle rend l’accès à l’ensemble des travaux particulièrement difficile. Enfin, le chercheur est confronté à une fragmentation disciplinaire née des différentes angles d’approches (juridique, économique, historique, et de science politique) de ce phénomène protéiforme qu’est l’intégration européenne.
 
En effet, si des études récentes conduisent à se demander dans quelle mesure l’Europe n’est pas le résultat d’une co-production politico-académique (Robert et Vauchez, L’Académie européenne 2010), à la fois comme objet politique et comme objet d’étude, on ne dispose pas encore de généalogie détaillée permettant de retracer nominalement la contribution des différentes acteurs, écoles et réseaux à la naissance puis au développement de cet objet d’étude qui a fini par prendre la forme d’une véritable sous-discipline.
 
L'examen du rôle des individus qui ont contribué à l’établissement de ce champ d’étude et à son développement reste en effet un terrain quasiment indéfriché, quelques rares analyses mises à part (Mangenot, Schirmann 2012 pour les historiens). Pourtant, la mise en perspective des relations existant entre les travaux participant à la connaissance du processus de construction européenne et les éléments biographiques relatifs aux auteurs de ces travaux est riche en enseignements sur les interactions existant entre un phénomène politique et la construction d’un objet d’étude par ceux qui font profession de commenter et d’analyser ce phénomène.
Dans le prolongement des travaux proposant une prosopographie des acteurs de la construction européenne (Georgakakis 2012) et de la sociologie historique du politique appliquée à l’Union européenne (Deloye 2006), cette section thématique procédera à une approche généalogique des écrits académiques sur l’intégration européenne en se focalisant sur le portrait de figures marquantes qui se sont consacrées à son étude, en s’intéressant notamment au regard qu’elles portent sur différentes étapes ou aspects de la construction, à leurs domaines d’intérêt mais aussi aux filiations intellectuelles et motivations qui ont influencés leurs travaux.
 
Il s’agit, en procédant à une généalogie croisée des auteurs ayant fondé le champ académique des études européennes, de mieux pouvoir comprendre les enjeux ayant présidé et continuant à présider à la construction de cet objet, et, ce faisant, de prendre pour objet de connaissance les formes mêmes de connaissance de l’Europe, démarche dont certains auteurs ont bien montré l’apport heuristique.
 
Au-delà d’une approche quantitative (Keeler, 2005), les contributions retenues s’efforceront par conséquent de mettre en lumière l’influence de facteurs biographiques comme l’effet générationnel, le parcours des acteurs (formation, carrière), ou leur proximité par rapport à des acteurs politiques ou économiques du processus d’intégration. Les informations ainsi collectées devraient permettre d’effectuer une typologie des acteurs du champ des études européennes en fonction de deux dimensions principales que sont leur positionnement académique (degré d’intégration et de reconnaissance) ainsi que leur niveau d’engagement en faveur de la construction européenne.
 
La période couverte débutera en 1945 pour s’achever avec le traité de Maastricht en 1992, c’est-à-dire à la création de l’Union européenne, laquelle marque un saut qualitatif sans précédent en matière d’intégration mais aussi un changement d’échelle géographique découlant de la chute du rideau de fer. Compte tenu du décalage temporel dans le développement des études européennes dans certains pays dont l’adhésion à la CEE intervint plus de deux décennies après le lancement de la CECA, la période de référence couverte pour le cas danois sera élargie.
 
Compte tenu des besoins identifiés, les papiers se focaliseront sur les enjeux de définition et de monopole des questions européennes dans deux Etats fondateurs (France et Italie), puis sur les cas de la seconde génération d’Etats membres (Royaume-Uni et Danemark) qui présentent des caractéristiques différentes. Enfin, la présentation d’une tentative à échelle européenne (l’Institut Universitaire Européen) permettra d’étudier la constitution de réseaux transnationaux et de s’interroger sur un premier échec de structuration.

 
During the last decades, European studies (understood as the study of European Union and of the process which lead to it) has established itself as an important topic of research and teaching in most countries of Europe and also beyond. Starting as a personal interest of some individuals for issues related to the process of economical, political and legal integration in Western Europe after World War II, European studies has become an academic (sub)discipline.
 
Whereas on one side many macrolevel studies mainly focus on the way academic disciplines such as law, political science, economics or history deal with this topic, and on the other side some microlevel ones provide useful – yet rather fragmented – insights on few emblematic figures involved in the development of European studies, we actually know little about how this field concretely took shape in the different relevant countries. Hence, in the line with some analyses dealing with the social science of EU studies (Rosamond 2007) or with the socio-history of EU (Deloye 2006, Georgakakis 2012), papers to be presented in this panel shall contribute to enhance knowledge on the driving forces behind this movement.
 
The objective is to present a systematic genealogy of the different individual and collective contributions to the development of what became EU studies, with a special attention paid to actors, schools and networks in the main cultural and linguistic areas in Europe (French English, German, Dutch and Italian speaking communities, Scandinavian scholars etc). The time period to be covered will run from 1945 to the foundation of the European Union 1992 with the Maastricht treaty. Despite the early and major contribution of US scholars, we will concentrate on the role of contributions in Europe. Based on recent studies (Robert and Vauchez 2010), we would like to check to which extend EU-Europe both as a political subject and as object of study, is the result of a co-construction by political and academic actors.
 
The papers will highlight biographical aspects as well as the generational dimension, the trajectory of major individuals (especially regarding their training and career evolution), their distance or proximity to institutions or political and economical actors involved in the process of European integration. This shall provide the basis for a typology of the main actors in the field of EU studies, according to their academic positioning (degree of integration and recognition) and to their level of engagement in favour of European unification.
 

Références bibliographiques

BELOT Céline, MAGNETTE, Paul, SAURUGGER Sabine (dirs.) (2008), Science politique de l’Union européenne, Paris, Economica.
COHEN Antonin (2011), « L’Europe aux marges. Frontières disciplinaires, frontières champêtres et frontières nationales dans la construction d’un “objet scientifique non identifié”», 11ème Congrès de l’AFSP, Strasbourg, 31 août-2 septembre.
DELOYE Yves (2006) (dir.), « La socio-histoire de l’intégration européenne », Politique européenne, n°18.
GEORGAKAKIS Didier (dir.) (2012), Le champ de l'Eurocratie. Une sociologie politique du personnel de l'UE, Paris, Economica.
HORS Romain (2008), Etudes européennes et science politique française. Histoire et évolutions d’une relation délicate, de l’après-guerre à nos jours, Mémoire de Master II Sociologie et institutions du politique, Paris I.
KAISER Wolfram (2006), “From state to society? The historiography of European integration”, in M. Cini and A. Bournes (eds.), Palgrave advances in European Union Studies, Basingstoke, Palgrave MacMillan.
KAISER Wolfram, VARSORI Antonio (eds.) (2010), European Union history. Themes and debates, Basingstock, Palgrave MacMillan.
KEELER John TS (2005), “Mapping EU Studies: The Evolution from Boutique to Boom Field 1960–2001, Journal of Common Market Studies, 43 (3).
LARAT Fabrice (2009), “Europe's south: Similarities and differences in governance research, in Beate Kohler-Koch, Fabrice Larat (eds.), European Multi-level Governance: Contrasting Images in National Research, Cheltenham, Edward Elgar Publ.
MANGENOT Michel, SCHIRMANN Sylvain (dirs.) (2012), Les institutions européennes font leur histoire, Bruxelles, Peter Lang.
MILWARD Alan (2006), “History, political science and European integration”, in Knud Erik Jørgensen, Mark A. Pollack, Ben Rosamond, Handbook of European Union Politics, Sage.
ROBERT Cécile, VAUCHEZ Antoine (2010), « L’académie européenne. Savoirs, experts et savants dans le gouvernement de l’Europe », Politix, n°89.
POPA Ioana (2008), « La structuration internationale des études européennes : un espace scientifique dissymétrique » in Didier Georgakakis, Marine de Lassalle, La nouvelle gouvernance européenne, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg.
ROSAMOND Ben (2007) “The political science of European integration: disciplinary history and EU studies”, in Knud Erik Jørgensen, Mark A. Pollack, Ben Rosamond, Handbook of European Union Politics, Sage.
WESSEL Ramses A (2006), “A legal approach to EU studies”, in Knud Erik Jørgensen, Mark A. Pollack, Ben Rosamond, Handbook of European Union Politics, Sage.
WHITE Jonathan (2003) “Theory Guiding Practice: the Neofunctionalists and the Hallstein EEC Commission”, Journal of European Integration History, 9 (1).


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur la session suivante :
Session 1 : 9 juillet 2013 14h-16h45
Voir planning général...

Lieu : Batiment A (27 rue Saint-Guillaume), salle A33


Programme

Michel Mangenot (Université de Strasbourg / SAGE) et Fabrice Larat (Ecole nationale d’administration / CERA)
Introduction générale, présidence et discussion.  


Résumés des contributions

Piero Graglia (Université de Milan)
 
From Europe’s soft underbelly to Europe’s Cinderella. History and historians of Europe in Italy, 1945-2010
 
This contribution will analyze the development of European Studies in Italy both in the historical field and, partially, in a field that can be defined loosely of the “Political Sciences”, starting with the works by Umberto Campagnolo, Attardo Magrini, Stelvio Rugarli, Guglielmo Rulli, Agostino Trabalza. These authors, utopists much more than historians, often directly committed in the activities of the europeanist movements, have given a contribution that will be used and valorized decades later, when a solid school of historical research on European matters will surpass the features of the “militant federalist historiography”, active since the end of the ’60s, and will give to the Italian European studies the necessary Wertfreiheit. Of course, the “militant historians” have given an extraordinary contribution to the European studies, in Italy and abroad, mainly being successful in establishing the first interpretative hypothesis regarding the role of the Europeanist movements in Italian politics and the approach of Italian governments to European affairs. They have been also able to create some fundamental and necessary links with other school of historical research abroad, well represented by several international meeting and symposiums. In any case, it must be said that the contributions that came from a very active group of international and contemporary “new” historians during the ’90s, have shaped much more precisely, and without the often unnecessary federalist emphasis, the strange European approach of a country that, during the 70s, has been the more Europeanist and the less ready to accomplish rules and obligations proposed and imposed by the EEC.

Du ventre mou de l’Europe à la Cendrillon de l’Europe. Les historiens et l’histoire de l’Europe en Italie, 1945-2010.

Cette communication se propose d’analyser le développement des études européennes en Italie à la fois dans le champ historique et dans un champ qu’on pourra définir largement comme celui des « sciences politiques », sur la base des travaux publiés par Umberto Campagnolo, Attardo Magrini, Stelvio Rugarli, Guglielmo Rulli, Agostino Trabalza. Ces auteurs, bien plus utopistes qu’historiens, et souvent directement engagés dans les activités des mouvements europhiles, ont fourni une contribution qui fut utilisée et valorisée plusieurs décennies plus tard, lorsqu’une solide école de recherches historiques sur les thématiques européennes est parvenue à aller au-delà de « l’historiographie fédéraliste militante » qui avait cours depuis la fin des années 1960, et a donné aux études européennes italiennes leur nécessaire Wertfreiheit (neutralité axiologique). Les « historiens militants » ont bien entendu donné un apport extraordinaire aux études européennes en Italie comme ailleurs. Ils ont principalement réussi à poser la première hypothèse interprétative concernant le rôle des mouvements europhiles dans la politique italienne et l’approche des affaires européennes par les gouvernements italiens. Ils ont aussi pu établir des liens nécessaires et fondamentaux avec d’autres écoles historiques étrangères, qui ont donné lieu à plusieurs réunions et colloques internationaux. Cependant, force est de constater qu’au cours des années 1990, un groupe très actif et international de jeunes historiens a reconstitué avec bien plus de précision, en se répartissant d’accents fédéralistes souvent inutiles, l’étrange rapport à l’Europe d’un pays qui, pendant les années 1970, a été à la fois le plus europhile et le moins enclin à mettre en œuvre les mesures et les règlementations imposées par la CEE.
 
Julie Bailleux (Institut universitaire européen, Florence)
 
A l’ère du patriotisme européen : les premiers centres d’études européennes au sein de l’Université française
 
Cette contribution porte sur la création et le fonctionnement, au début des années 1950, des premiers centres d’études européennes en France à Nancy, à Strasbourg et à Tours. Revenant sur les trajectoires de ceux qui se sont investis dans leur promotion et leur fonctionnement, l’objectif de cette contribution est, à la fois, d’insister sur les liens qu’entretiennent alors ces acteurs avec les milieux européistes militant (en particulier avec la section française du Mouvement européen), mais aussi de mettre en évidence le fait que la création de ces nouvelles institutions a également pu apparaître aux yeux de ceux qui s’investissent dans leur mise en place et leur animation comme une occasion de faire avancer leurs propres projets académiques. Cette contribution nous permettra également, en creux, de déconstruire l’évidence de la relation symbiotique qui unit, aujourd’hui, droit et Europe. En effet, l’une des caractéristiques majeurs de l’enseignement de l’Europe tel qu’il est conçu au début des années 1950 est bien la disqualification du droit pour en rendre compte ; ces nouveaux centre faisant la part belle à des disciplines émergentes encore dominées et considérées comme plus en prise avec les réalités contemporaines comme l’économie et la science politique. Et pour cause, l’Europe est alors l’une des arènes qu’investissent les représentants d’une nébuleuse réformatrice qui prétend renouveler de fond en comble la politique, certes, mais aussi la hiérarchie des savoirs d’État.

In the Era of European Patriotism: the Creation of the first Centres for European Studies within the French Universities
 
This contribution deals with the creation and functioning of the first centres for European studies in the early 1950s in France (Nancy, Strasbourg and Tours). Focusing on the trajectories of those who have invested in their promotion, the aim of this contribution is both to emphasize the links that existed between these actors and the European political activists field (and especially with the French section of the Mouvement européen), and to highlight the fact that the creation of these new institutions has to be analysed as an opportunity for those who invest in their development and animation to advance their own academic projects.
Moreover, this presentation of the first European teaching centres will allow us to deconstruct the evidence of the symbiotic relationship that links nowadays Europe and law. One of the major characteristics of the teaching of Europe, as it was conceived in the early 1950s, is, in fact, the disqualification of law. Indeed, the European construction was one of the arenas invested by representatives of a nebula (les modernisateurs) who claim to renew politics, but also the hierarchy of knowledge. In this respect, the fact that the promoters of these new institutions favoured economics and political science at the expense of law is by no means meaningless.

Ann-Christina L. Knudsen (University of Aarhus)

Geneologies of European Studies in Denmark
 
This paper is concerned with the introduction and institutionalisation of European Studies (ES) in Denmark up to the year 2000, focusing specifically on the geneologies and actors involved. It asks: who were the actors involved, why did they get involved, and what did they expect to achieve? The paper understands ES along five key dimensions: The creation of research centres for the study of Europe; The creation of the Danish ECSA; The establishment of Jean Monnet Centres and Chairs; The creation of ES degree-programmes; The systematic introduction of courses on Europe or the EU into the core curiculum of existing degree prorammes (esp in law, political science, economics and history). To date, there are no academic journals devoted to European Studies. The paper is based on interviews with key individual actors involved who were all mainly academics, and it analyses what their roles and motivations were, as well as what the kinds of struggles were over the introduction of ES in Denmark. Preliminary results suggest that ES in this context always had a broad understanding of  ’Europe’ as an interdisciplinary endavour, and as more than merely the European Union. It was only from the mid-1980s that European Studies began to be integrated into Danish academia along any of the above dimensions, and that it relied very much on the pioneering efforts of individual academics who had studied abroad, particularly at the European University Institute in Florence.


Généalogies des études européennes au Danemark

Notre communication se penche sur l’émergence et l’institutionnalisation des études européennes au Danemark jusqu’à l’an 2000, en mettant plus particulièrement l’accent sur les généalogies et les acteurs à l’œuvre dans ces processus. Plusieurs questions sont posées : qui étaient ces acteurs ? Pour quelles raisons se sont-ils impliqués ? Quelles étaient leurs attentes ? Nous aborderons ici les études européennes par le biais de cinq entrées principales : l’ouverture de centres de recherche pour l’étude de l’Europe, la création de l’ECSA au Danemark, la création des centres d’excellence et des chaires Jean Monnet, le développement de cursus universitaires d’études européennes et l’ajout systématique de cours sur l’Europe ou l’UE dans les programmes des cursus existants (en particulier en droit, sciences politiques, économie et histoire). Il n’existe à ce jour pas de revue consacrée aux études européennes au Danemark. Notre contribution s’appuie sur des entretiens réalisés avec des acteurs importants (principalement des universitaires) ; elle analyse leurs rôles et leurs motivations, et les conflits provoqués par l’émergence des études européennes dans le pays. Nos résultats préliminaires semblent indiquer que dans ce contexte, les études européennes ont toujours fonctionné dans une perspective large et interdisciplinaire sur « l’Europe », au-delà de l’Union Européenne en tant que telle. C’est seulement à partir des années 1980 que les études européennes ont commencé à être intégrées dans le champ universitaire danois par les biais évoqués plus haut, et ce principalement grâce à l’impulsion donnée par des universitaires pionniers qui avaient étudié à l’étranger, en particulier à l’Institut universitaire européen de Florence.

 
Helen Drake (Loughborough University)

 
The genealogy of European Studies in the UK
 
In 2013, the UK and the EU remember forty years of British membership of the European Union.  The 1973 accession accompanied the parallel development of European Studies as an academic discipline in the UK, and the more specialist domain of European integration/Union studies came noticeably later. Indeed, European Studies in the UK in the early days was stridently interdisciplinary in scope, combining the advanced study of modern European languages with so-called ‘area studies’ – the study of the politics, history, economy, society and culture of European nation-states. Certain UK universities such as Sussex and Manchester, and later, newer universities including Aston, Bath, Bradford, Loughborough, Salford and Surrey, pioneered this approach. Unsurprisingly, these ventures were closely associated with key individual scholars in these institutions, such as Helen Wallace (Manchester and Sussex) and, in the subsequent generation, Simon Bulmer (Heriot-Watt, Manchester). Similarly, European Studies thus defined found a premium publication outlet in the Journal of Common Market Studies (JCMS), first established in 1962 under the editorship of Uwe Kitzinger, subsequently by a series of entrepreneurial European Studies scholars, and which celebrated its 50th anniversary in 2012. The professionalisation of the field has perhaps remained more faithful to the roots of European Studies in the UK. The University Association of Contemporary European Studies (UACES) – the UK’s ‘academic association for contemporary European Studies’, established in 1969 -  has over 1000 members representing and supporting several generations of scholars and many disciplines, and over half of whom are based outside the UK itself. The Association is a part-owner of JCMS, and its charitable status leads it to seek to make Europe –predominantly, but not exclusively the EU - better understood in the wider public. Other organisations, for their part politically-oriented, have similar missions; the Federal Trust is a particularly interesting example here in the context of a consistently anti-federal British political class.

 
La genèse des études européennes au Royaume-Uni
 
2013 marque le quarantième anniversaire de l’entrée du Royaume-Uni dans l’Union Européenne (1973). Cette entrée a accompagné le développement parallèle de la discipline universitaire des European Studies au Royaume-Uni ; le domaine plus spécialisé des European Integration/Union Studies a émergé bien plus tard. A leurs débuts, les European Studies britanniques jouaient en effet à plein la carte de l’interdisciplinarité, en mêlant l’étude poussée des langues européennes modernes et les « area studies »,  c’est-à-dire l’étude de la politique, de l’histoire, de l’économie, de la société et de la culture des Etats-nations européens. Certaines universités britanniques, comme Sussex ou Manchester, ainsi que par la suite d’autres universités plus récentes (Aston, Bath, Bradford, Loughborough, Salford, Surrey…) ont été des pionnières de cette approche. Bien entendu, des chercheurs de premier plan de ces universités ont joué un rôle capital dans le développement de la discipline, à l’image de Helen Wallace (Manchester et Sussex) ou pour la génération suivante de Simon Bulmer (Heriot-Watt, Manchester). De même, une publication a joué un rôle clé dans la diffusion de ces European Studies ainsi définies : le Journal of Common Market Studies (JCMS), lancé en 1962 sous la direction d’Uwe Kitzinger puis géré par une série d’entreprenants chercheurs en European Studies, a fêté son cinquantenaire en 2012. La professionnalisation du domaine a été marquée par une certaine fidélité aux racines des European Studies britanniques. Créée en 1969, la University Association of Contemporary European Studies (UACES) – l’association universitaire anglaise pour les études européennes contemporaines  - compte plus de 1000 membres qui représentent et soutiennent plusieurs générations de chercheurs et de nombreuses disciplines. Plus de la moitié de ces membres travaillent hors du Royaume-Uni. L’association est copropriétaire du JCMS. Possédant le statut britannique de charity (association caritative), elle vise à promouvoir la connaissance de l’Europe (surtout, mais pas exclusivement, l’UE) au sein du grand public. D’autres organisations aux fins plus politiques ont des missions semblables ; le Federal Trust est un exemple particulièrement intéressant dans le contexte d’une classe politique britannique résolument anti-fédéraliste.
 
Oriane Calligaro (Université de Maastricht)
 
L’Institut universitaire européen et l’histoire de l’intégration européenne : histoire d’un échec ou d’une émancipation ?
 
Cette présentation propose d’étudier le rôle qu’a joué l’Institut Universitaire Européen (IUE) dans la création d’une historiographie de l’intégration européenne, notamment à travers l’action de Walter Lipgens et Alan Milward. Il s’agira tout d’abord d’établir les objectifs initiaux du « projet d’histoire de l’intégration européenne » qui donna lieu dès 1975 à un contrat entre Max Kohnstamm, président de l’IUE, et Emile Noël, Secrétaire Général de la Commission européenne. Nous analyserons les réflexions menées en amont par Pascal Fontaine, Peter Ludlow et Walter Lipgens et qui visaient à définir l’objet et les méthodes de cette histoire. L’action de Lipgens sera étudiée en détail : le colloque de Florence en 1977 et la constitution d’un réseau d’historiens, le projet « Documents on the History of European Integration » et son influence sur la discipline naissante. La présentation posera également la question de la succession de Lipgens. Dans quelle mesure le Groupe de liaison des historiens créé en 1982 a-t-il pris en charge l’héritage de Lipgens ? Pourquoi, dès 1981, l’IUE fit-il le choix d’historiens de l’économie et non de professeurs se situant dans la lignée scientifique de Lipgens ? Quel impact a eu l’approche « hétérodoxe » de Milward sur l’évolution de la discipline ? La recherche se fondera sur les archives du Département d’histoire de l’IUE et du Groupe de liaison des historiens, ainsi que sur des entretiens avec des acteurs clé (historiens, membres de la DG X).
 
The European University Institute and the history of European integration: the limits of independency?
 
This presentation proposes to explore the role of the European University Institute (EUI) in the creation of a historiography of European integration and will focus more particularly on Walter Lipgens’ and Alan Milward’s action. I will first determine the initial objectives of the “project of history of European integration” for which Max Kohnstamm, President of the EUI, and Emile Noël, Secretary General of the European Commission, signed a contract in 1975. I will analyze the reflections carried out by Pascal Fontaine, Peter Ludlow and Walter Lipgens, which aimed at defining the object and methods of this history. The action of Walter Lipgens will be closely studied: the 1977 symposium in Florence and the creation of a historians’ network, the project “Documents on the History of European Integration” and its influence on the emerging discipline. The presentation will also pose the question of Ligpens’ succession. How did the Liaison Committee of Historians founded in 1982 deal with Lipgens’ scientific heritage? Why after 1981 did the EUI choose economic historians instead of professors close to Lipgens’ scientific tradition? Which impact did Milward’s “heterodox” approach have on the evolution of the discipline? This paper will be based on archives of the EUI Department of History and of the Liaison Committee of Historians as well as on interviews with key actors (historians, officials of the DG X of the European Commission).


Participants

BAILLEUX Julie Julie.Bailleux@EUI.eu
CALLIGARO Oriane o.calligaro@maastrichtuniversity.nl
DRAKE Helen H.P.Drake@lboro.ac.uk
GRAGLIA Piero piero.graglia@unimi.it
KNUDSEN Ann-Christina alknudsen@hum.au.dk
LARAT Fabrice fabrice.larat@ena.fr
MANGENOT Michel Michel.Mangenot@misha.fr

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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