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Section Thématique 62

Appropriations et prolongements critiques de la green political theory
French appropriations and developments of green political theory

Responsables

Luc SEMAL (CERAPS / Lille 2) luc.semal@sciences-po.org
Andrew DOBSON (CREATE / University of Keele, UK) a.n.h.dobson@pol.keele.ac.uk

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Depuis le tournant des années 1960-1970, une importante réflexion transdisciplinaire a commencé à interroger les sciences humaines et sociales au prisme de la crise écologique globale. Plusieurs courants disciplinaires se sont ainsi structurés au fil des décennies, chacun tissant son propre réseau de chaires, de revues, de colloques, de formations universitaires, de programmes de recherche, de réseaux professionnels, etc. C’est le cas notamment de l’éthique environnementale (Afeissa, 2010), de l’histoire environnementale (Locher et Quenet, 2009), de l’économie écologique (Costanza, 1991), de la sociologie environnementale (Redclift et Woodgate, 2010), etc. Chacun de ces courants contribue à questionner les relations entre les communautés politiques et leurs environnements naturels, en consolidant l’hypothèse d’une dépendance fondamentale des sociétés modernes à un contexte écologique désormais menacé – stabilité climatique, disponibilité énergétique, diversité écosystémique, etc.

Un courant comparable, principalement anglophone, a émergé au début des années 1990 sous le nom de green political theory. Cette section thématique vise à prolonger un travail d’importation critique de ces travaux, en organisant notamment la confrontation constructive d’approches anglophones et francophones, pour contribuer à une meilleure appréhension des implications épistémologiques des contraintes écologiques inédites désormais diagnostiquées par les sciences de la vie et de la Terre : réchauffement climatique, pertes de biodiversité, pic pétrolier, anthropocène, etc.
Au début des années 1990, les premiers travaux de la green political theory se situaient dans une approche relativement classique de l’histoire des idées politiques. Le principal enjeu scientifique était alors d’analyser les modalités et le sens de l’irruption de l’écologisme parmi les idéologies politiques modernes. Cet objectif pouvait être poursuivi sans que les auteurs aient nécessairement à prendre position quant à la réalité ou l’ampleur de la crise écologique globale dénoncée par les écologistes. Cette approche relativement distanciée a conduit à des analyses détaillées de la diversité des discours relatifs aux enjeux environnementaux (Dryzek, 2005). Parmi ces discours, l’écologisme a parfois été défini comme une idéologie politique à part entière, notamment caractérisée par son attachement à l’idée qu’il existe des limites à la croissance globale (Dobson, 2007). De nombreux travaux se sont intéressés aux tensions qu’il pouvait en résulter, entre la nécessité de préserver la liberté des procédures démocratiques d’une part, et celle de les voir déboucher sur des décisions écologiquement soutenables d’autre part (Goodin, 1992). Ils ont fréquemment souligné les vertus de la délibération comme mécanisme permettant d’élargir les processus décisionnels pour y faire entendre les intérêts d’acteurs politiquement faibles, comme les générations futures ou les entités non-humaines (Smith, 2003). Au fil de ces recherches, la green political theory s’est progressivement structurée en un courant dynamique de la théorie politique anglophone, identifié par une abondante bibliographie, des événements scientifiques réguliers, des revues de prédilection (Environmental Politics), des enseignements, des chaires, des formations, des programmes de recherche, etc.
Mais parallèlement, les incertitudes scientifiques relatives à la réalité et à l’ampleur de la crise écologique globale se sont sensiblement réduites. Au cours des années 2000, les rapports du GIEC ont démontré qu’en dépit des polémiques médiatiques, le réchauffement climatique doit être traité comme une certitude scientifique (Oreskes et Conway, 2012). Le pic du pétrole conventionnel, survenu vers 2005, a fragilisé l’abondance et la disponibilité énergétiques sur lesquelles les sociétés modernes avaient construit leur prospérité (Mitchell, 2011). Les pertes de biodiversité atteignent des rythmes estimés comparables à ceux des extinctions massives de la préhistoire terrestre, ce qui rend plausible l’hypothèse d’un basculement écosystémique global (Barnosky et Hadly, 2012). Les travaux de l’histoire environnementale globale tendent à confirmer le caractère historiquement inédit de cette déstabilisation mondiale, résumée dans la notion émergente d’anthropocène, une ère géologique nouvelle dans laquelle nous aurions définitivement basculé (McNeill, 2010).
Cette radicalisation des données issues des sciences de la vie et de la Terre a amené certains auteurs de la green political theory à faire évoluer les modalités de leur démarche scientifique. L’étude distanciée de la pensée écologiste se double désormais d’une réflexion plus épistémologique, qui cherche à directement questionner la théorie politique au prisme de la matérialité de la crise écologique globale. De nombreux concepts fondamentaux de la théorie politique moderne peuvent ainsi être réexaminés à la lumière du défi écologique : la représentation, l’État, la sécurité, la citoyenneté, la souveraineté, la justice, etc. (Dobson et Eckersley, 2006). L’enjeu politologique consiste alors à interroger les théories et les pratiques politiques contemporaines en considérant plus explicitement leur insertion dans un contexte écologique dont la stabilité semble compromise. La capacité de continuité des communautés démocratiques elles-mêmes se trouve finalement questionnée par l’objectivation progressive du risque de ruptures écologiques globales jusqu’alors improbables.
L’idée que la crise écologique contemporaine puisse interroger la théorie démocratique moderne n’est pas entièrement absente des travaux francophones. Mais pendant longtemps, elle a principalement été portée aux marges de la science politique, par des auteurs issus de la philosophie ou de l’anthropologie (Latour, 2004). Cette section thématique vise à consolider le dialogue politologique international sur le sujet, en accompagnant les réseaux francophones dans une appropriation critique des travaux pionniers de la green political theory. Ces travaux ne sont ni stabilisés, ni pleinement homogènes, mais ils fournissent un éclairage scientifique original à certaines réflexions francophones contemporaines sur l’adaptation des théories et des pratiques démocratiques aux contraintes écologiques nouvelles.
Les contributions et les débats s’articuleront notamment autour de trois problématiques actuellement débattues dans les réseaux politologiques francophones, qui peuvent faire écho à l’évolution récente de la green political theory. La première est celle de la conflictualité des temporalités écologiques et démocratiques, qui pose la question de la prise en compte du long terme et des générations futures, mais aussi la question du délai, comprise comme l’entrée dans un temps du compte à rebours (Chollet, 2011 ; Villalba, 2010). La deuxième est celle de l’appréhension politologique des phénomènes écologiques globaux, qui interroge notamment les méthodes par lesquelles l’interdisciplinarité peut aider à dépasser les controverses médiatiques persistantes sur la réalité et l’ampleur des principaux aspects de la crise écologique globale (Zaccai, Gemenne et Decroly, 2012). Enfin, la troisième est celle des propositions d’adaptation des architectures et des procédures institutionnelles à un faisceau de contraintes écologiques convergentes, dans une perspective d’écologisation des démocraties contemporaines (Bourg & al., 2011).
 
Since the 1970s, important transdisciplinary researches have investigated the impact of the global ecological crisis on social sciences. They have led to many disciplinary developments, such as environmental ethics, environmental history, environmental sociology, ecological economics, etc. Each of these scientific fields seeks to reach a better understanding of the relationships between human societies and their changing global environment. It also led most of them to emphasise the dependency of modern political communities on a relatively stable ecological context.

In the early 1990s, green political theory emerged to initiate such a reflection within political science. Most of the early researches focused on the forms and signification of ecologism’s irruption in the landscape of modern political ideologies. But since the 2000s, the strong reduction of uncertainties about global change has had an impact on the goals and methods of green political theory. There was a move from an ideology-focused analysis towards a more epistemological reflection, putting modern political theory into question under the light of climate change, biodiversity loss, energy growing constraints, etc. This gave rise to an original approach, allowing for an analysis of the ecological conditions of modern democratic communities’ continuity in the anthropocene era.
This workshop aims at reinforcing the international dialogue between the French- and the English-speaking research networks on the subject. Until now, there has been no structured Francophone equivalent of the Anglophone academic field of green political theory, but there are already enough scattered elements to initiate what would be a French vision of some green political theory contemporary questions. Contributions and debates will mainly focus on three of these questions. Firstly, the potential conflicts between democratic and ecological temporalities, which include both a long-term problem and a countdown problem. Secondly, the enduring media controversies about environmental problems, and the methods with which an interdisciplinary approach can help political scientists to deal with climate change and global change as facts rather than pure representations. And thirdly, the recent institutional proposals which intend to adapt democratic theories and practices to the new ecological constraints of global change.


 
Bibliographie

Hicham-Stéphane Afeissa, La Communauté des êtres de nature, Paris, MF éditions, 2010.
Anthony D. Barnosky, Elizabeth A. Hadly & al., « Approaching a State Shift in Earth’s Biosphere », Nature, vol. 486, 7 juin 2012, p.52-58.
Dominique Bourg & al., Pour une 6e République écologique, Paris, Odile Jacob, 2011.
Dominique Bourg et Kerry Whiteside, Vers une démocratie écologique. Le citoyen, le savant et le politique, Paris, Seuil, 2010.
Antoine Chollet, Les Temps de la démocratie, Paris, Dalloz-Sirey, 2011.
Robert Costanza (dir.), Ecological Economics: the Science and Management of Sustainability, New York, Columbia University Press, 1991
Andrew Dobson et Robyn Eckersley (dir.), Political Theory and the Ecological Challenge, Cambridge, Cambridge University Press, 2006.
Andrew Dobson, Green Political Thought, London-New York, Routledge, 2007 (1990 pour la 1ère éd.).
John S. Dryzek, The Politics of the Earth: Environmental Discourses, Oxford-New York, Oxford University Press, 2005 (1997
Robert Goodin, Green Political Theory, Cambridge, Polity Press, 1992.
Bruno Latour, Politiques de la nature. Comment faire entrer les sciences en démocratie, Paris, La Découverte, 2004 (1999 pour la 1ère éd.).
Fabien Locher et Grégory Quenet, « L’histoire environnementale : origines, enjeux et perspectives d’un nouveau chantier », in Revue d’histoire moderne et contemporaine n°56-4, octobre-décembre 2009, p.7-37.
John R. McNeill, Du nouveau sous le soleil. Une histoire de l’environnement mondial au XXe siècle, Seyssel, Champ Vallon, 2010 (2000).
Timothy Mitchell, Petrocratia. La démocratie à l’âge du carbone, Alfortville, Éditions è®e, 2011.
Naomi Oreskes et Erik M. Conway, Les Marchands de doute. Comment une poignée de scientifiques ont masqué la vérité sur les enjeux de société tels que le tabagisme et le réchauffement climatique, Paris, Le Pommier, 2012 (2010).
Michael R. Redclift et Graham Woodgate (dir.), The International Handbook of Environmental Sociology, Second Edition, Cheltenham-Northampton, Edward Elgar, 2010.
Graham Smith, Deliberative Democracy and the Environment, London-New York, Routledge, 2003.
Bruno Villalba, « L’Écologie politique face au délai et à la contraction démocratique », Écologie & politique, 40/2010, p.95-114.
Edwin Zaccai, François Gemenne et Jean-Michel Decroly (dir.), Controverses climatiques. Sciences et politiques, Paris, Presses de Sciences Po, 2012.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 2 : 10 juillet 2013 14h-16h45
Session 3 : 11 juillet 2013 15h15-18h

Voir planning général...

Lieu : Batiment J (13 rue de l'Université), salle J 205


Programme

Axe 1 / Contexte et concepts : approches critiques

Axe 2 / Décider dans un certain monde


Résumés des contributions

Andrew Dobson (CREATE, University of Keele, UK)

Green political theory : développements et comparaisons

Cette contribution vise à comparer et distinguer la « pensée politique verte » au Royaume-Uni et en France. J’y soulignerai notamment les principaux éléments de ce que j’ai ailleurs appelé « écologisme » – la conviction qu’il existe des limites à la croissance, l’écocentrisme, et la décentralisation politique – en analysant comment cette idéologie a évolué au cours des vingt dernières années. L’écologisme pourrait être considéré comme un phénomène très anglophone (notamment par sa dimension écocentrique). Cette idée semble avoir joué un rôle bien moins important dans l’écologie politique française que dans sa version anglophone, et j’expliquerai la signification de ce contraste, notamment à la lumière du phénomène de la décroissance.

Green political theory : developments and comparisons

My aim is to compare and contrast ‘green political thought’ in the UK and France.  I will outline the building blocks of what I have elsewhere called ‘ecologism’ - a belief in limits to growth, ecocentrism, and political decentralisation - and indicate how this ideology has evolved over the past 20 years or so.  Ecologism might be regarded as a very Anglophone phenomenon – and especially its ecocentrism.  This idea seems to have played a much smaller role in French political ecology than in the Anglophone version, and I will tease out the significance of this, especially in regard to the phenomenon of degrowth.

Daniel Compagnon (Centre Emile Durkheim, Sciences Po Bordeaux)

Prémisses d’une Green Political Theory à la française : revisiter les œuvres de Jacques Ellul et Bernard Charbonneau

L’absence de théorie politique écologique en France peut s’expliquer de nombreuses façons : la prégnance d’une idéologie du progrès ancrée dans la tradition positiviste et marxiste longtemps hégémonique à gauche ; le succès au sein de l’extrême gauche des maoïstes et trotskistes, dans la foulée de mai 1968, au détriment de courants anarchistes ou situationnistes hostiles à la société de consommation, à l’aliénation dans le travail et au gaspillage des ressources ; ou encore la force du néo-corporatisme dans la grande industrie (notamment énergie et acier) scellant la ‘sainte alliance’ productiviste entre capital et travail. Néanmoins, un facteur souvent négligé est l’oubli par la plupart des Verts des précurseurs de la critique écologiste que furent Jacques Ellul, Bernard Charbonneau et Denis de Rougemont. Il paraît utile, pour ancrer solidement une pensée écologique française, de revisiter l’œuvre d’Ellul (en commençant par La Technique ou l’enjeu du siècle de 1954) et de son proche ami Charbonneau dont l’ouvrage le plus connu est peut-être Le Système et le Chaos (publié en 1973 mais écrit dix ans plus tôt). Auteurs d’une œuvre foisonnante où domine la question du développement incontrôlé de la technique, du rapport au politique dans une société dominée par la logique technique et du devenir de la liberté humaine, où il est rappelé que celle-ci entretient un lien étroit avec la nature, de telle façon que détruire l’une c’est menacer l’autre.

Potential roots of a French Green Political Theory: revisiting the works of Jacques Ellul and Bernard Charbonneau

The lack of a robust ecological political theory in France can be explained in various ways including the prominence of the ideology of technical and scientific progress at the roots of both the positivist tradition and Marxism, which have dominated the French left since the 19th century. In addition, the Trotskyite and Maoist factions were more successful within the leftist movement, in the wake of May 1968, than the Anarchists and Situationnists who criticised overconsumption, labour alienation and the waste of natural resources. Also relevant is the neo-corporatist structure within major industries (notably in the energy and steel sectors) that generated a productivist ‘holy alliance’ between capital and labour. However, one neglected factor is the French Greens’ ignorance of some forefathers of the ecological critique such as Jacques Ellul; Bernard Charbonneau and Denis de Rougemont. Therefore, in order to anchor in a solid ground a French ecological thought, it seems rather useful to revisit some writings from Ellul (starting with his 1954’s The Technological Society) and from his close friend Charbonneau whose best-known opus is probably Le Système et le Chaos (released in 1973 but produced ten years before). These prolific writers focused on the unchecked development of technological change in our society, its impacts on the human condition, democratic governance and the natural environment to which our humanity and freedom is intimately connected, to the extent that destroying the former is affecting the latter.

Thomas Léon (CEVIPOF, Sciences Po Paris)

La démocratie écologique entre procédure et substance : retour sur une tension structurante de la Green Political Theory

Depuis l’émergence de la green political theory (GPT) au début des années 1990, le thème de l’articulation entre la question écologique et la démocratie a donné lieu à de nombreuses analyses. Sondant d’abord la pensée de la démocratie au sein de l’écologisme, puis élaborant des rapprochements théoriques entre principes écologistes et principes démocratiques, la GPT développe depuis quelques années un nouveau type de réflexion, centré sur la capacité de la démocratie actuelle à répondre aux problèmes environnementaux. Cette évolution quant à la question écologico-démocratique peut être comprise à la lumière d’une tension problématique articulée autour de la distinction fondamentale entre procédure (une définition procédurale de la démocratie) et substance (une définition idéologique de l’écologie). A l’origine constat analytique, cette « tension structurante » fait l’objet de tentatives de dépassement, mais semble toujours conserver son potentiel critique. En suivant l’axe de lecture qu’elle suggère, et les multiples articulations théoriques auxquelles elle donne lieu, il apparait qu’elle permet de rendre compte à la fois des contributions de la GPT à la compréhension des formes possibles de la démocratie écologique, des enjeux d’une telle conceptualisation, et des positionnements épistémologiques de la discipline.

Ecological Democracy between Procedure and Substance: on a “Structuring Tension” within Green Political Theory

Since the emergence of green political theory at the beginning of the 1990s, the articulation between the ecological question and democracy has been at the core of many analyses. First studying the theme of democracy within ecologist ideologies, then reflecting on the possible conciliation of ecological and democratic principles, green political theory has undertaken a new type of approach, focusing on the capacity of actual democratic systems to take into account and resolve environmental problems. This evolution of the field concerning the “ecological-democratic” question may be best observed considering the problematic tension between procedure (i.e. democracy in its procedural definition) and substance (i.e. ecology in its ideological definition). Deriving from an analytical observation, this tension is at the core of the discipline’s developments on the relationship between democracy and ecology: green theorists have tried to overcome it, while it still retains some of its critical salience.
The study of the various theoretical configurations that this tension crystallises permits to assess both green political theory’s understanding of the possible forms of ecological democracy, and the epistemological positioning of the field.


Nathalie Berny (Centre Émile Durkheim, Sciences Po Bordeaux)

Quand la théorie devient pratique : une analyse de la portée des normes de la convention d’Aarhus

La convention d'Aarhus est une convention internationale d'environnement qui intègre plusieurs principes débattus par les tenants de la Green Political Theory. Elle consacre en effet à la fois le droit et la responsabilité des citoyens et individus à protéger leur environnement. Le texte promeut une approche par les droits environnementaux qui est également utile afin de reconsidérer, dans une perspective institutionnelle, les changements dont a fait état la théorie dans les années 2000. La communication développera l'analyse sur deux plans différents, celui de la théorie politique et celui constitué par le jeu des acteurs. Les rares travaux consacrés en science politique à cette convention ont jusqu'ici exclu ces deux perspectives. Cette communication fait au contraire le pari de leur examen parallèle afin de montrer les interactions et tensions entre normes et pratiques sociales. Il s'agit notamment de repérer les "éléments de discours" (Dryzek 2005) présents au niveau de la convention (de ses différents organes et instances)  en ce qui a trait aux conditions d'exercice des droits environnementaux. Cette analyse sera doublée de celle des logiques de mise à l'agenda des enjeux qui sont discutés par les instances collectives de la convention. Les discussions au niveau de la convention et ses réalisations permettent d'éclairer ce qui fait enjeu pour la démocratie écologique et sa traduction en droits individuels.

From theory to practice: analysing the scope of the norms of Aarhus convention

The Aarhus convention is an international environmental treaty whose several provisions fit with the principles debated within the scope of the Green Political Theory. Several environmental rights are laid down by the treaty for the "public", which includes citizens and non-nationals. This environmental rights approach adopted by this convention offers therefore a relevant case to reconsider the institutional change that the Green Theory has reflected since the 2000s. The paper will address this question by combining together the issues in terms of political theory with the strategies deployed by the actors involved the treaty implementation. The few works to date on this convention have considered both aspects separately. On the contrary, their parallel examination may prove relevant to underline the interactions and tensions between norms and social practices. I will in particular insist on the discourse elements at the convention level (Dryzek 2005), and notably as regards the conditions that grant the exercise of environmental rights. This analysis will be extended by a focus on the logics of agenda-setting of new issues at the convention level. The discussions within the bodies of the convention reflect what it is at stake for the environmental democracy and its impact in terms of individual rights.
 
Caroline Lejeune (Ceraps, Université de Lille 2)

Politisation des inégalités sociales et inégalités écologiques : élargissement de la justice sociale à la justice environnementale dans un projet de territoire

La green political theory et l’environmental  justice ont contribué à intégrer l’environnement dans la formulation des théories politiques anglo-saxonnes. La conception de la justice s’est ainsi constituée avec l’idée d’une certaine égalité entre les populations de vivre dans un environnement sain et de garantir sa préservation pour les générations futures. La rencontre des deux courants nous interroge sur leurs capacités à intégrer dans les processus délibératifs les limites matérielles de la planète dans une conception écocentrée de l’égalité écologique dans un projet de territoire. En France, la justice environnementale n’est pas une catégorie des politiques publiques urbaines. Toutefois, les inégalités sociales et écologiques constituent des indicateurs d’évaluation privilégiés des inégalités de distribution des externalités environnementales négatives. A partir d’un cas pratique (l’éco-quartier de l’Union, désigné Grand Prix National des EcoQuartiers en France), la communication propose d’interroger le glissement théorique qui peut s’opérer lorsque le cumul de ces inégalités est politisé par des mobilisations locales. Dans quelle mesure l’intégration de l’écologie dans le registre de la justice sociale contribue à négocier la justice environnementale dans une politique urbaine durable ? Nous nous verrons que la participation des acteurs opère une extension de la justice sociale à la justice environnementale pour matérialiser localement les contraintes sociales et écologiques et anticiper les effets sociaux des limites de la planète. Pour cela les acteurs négocient par des mécanismes délibératifs la durabilité urbaine (faible/forte) dans les finalités de la politique territoriale.

Social Justice, Environmental Justice: Territorial appropriation, negotiation and anticipation. The example on Union area (North, France)

Political theory green and the environmental justice contributed to integrate the environment into the formulation of the political Anglo-Saxon theories. The conception of the justice so established with the idea of a certain equality between the populations to live in a healthy environment and to guarantee its conservation for the future generations. The meeting of both currents questions us about their capacities to integrate into the deliberative processes the material limits of the planet in an ecocentric conception of the ecological equality in a project of territory. In France, the environmental justice is not a category of the urban public politics. However, the social and ecological inequalities constitute privileged indicators of evaluation of the disparities of distribution of the negative environmental externalities. From a practical case, the communication suggests questioning the theoretical sliding which can take place when the accumulation of these disparities is politicized by local mobilizations around a project of territory. To what extent the integration of the ecology in the register of the social justice contributes to negotiate the environmental justice in a sustainable urban politics? We shall see each other that the participation of the actors operates an extension of the social justice in the environmental justice to realize locally the social and ecological constraints and anticipate the social effects of the limits of the planet. For it the actors negotiate by deliberative mechanisms the ends of the urban durability (low / strong).
 
Roberto Merrill (Cehum-Cevipof, Sciences Po Paris)

Développement soutenable et intervention non spéciste dans la nature

Pour les théories anthropocentriques, soutenir la durabilité des systèmes écologiques vise en dernière instance l’épanouissement des êtres humains: la durabilité peut être poursuivie si elle est compatible avec le maintien de la capacité à répondre aux besoins humains. Nul doute que l'intervention dans la nature peut être justifiée de cette manière. Mais nous pouvons aussi être en faveur d'une intervention dans la nature afin de réduire les dommages que subissent les animaux non humains dans la nature, à moins de soutenir une position spéciste, selon laquelle certaines espèces ont plus de valeur morale que d'autres pour des raisons biologiques. Cette manière d’intervenir dans la nature afin de défendre les intérêts de tous les animaux n'est pas bien sûr anthropocentrique, mais elle n’est pas non plus purement environnementaliste. L'idée derrière ce troisième type d'intervention dans la nature est l'égalité des droits entre les humains et les animaux non humains, le plus fondamental de ces droits étant le droit à la vie. Dans cet article de je vais examiner la question des interventions dans la nature visant à protéger les proies des animaux prédateurs. Pour ce faire je vais d’abord exposer quelques faiblesses de l’argumentation de Tom Regan visant à justifier la non intervention en faveur des proies. Je vais ensuite proposer un autre argument, formulé par Bertrand Cassegrain, en faveur de la non intervention qui repose sur la distinction entre tuer et laisser mourir, pour le réfuter. En dépit d'être en faveur d’interventions dans la nature visant à protéger les proies des prédateurs provenant de l'égalité des droits, je ne pense pas que nous avons les conditions pour le faire d'une manière durable, et pour cette raison nous devons rejeter de telles interventions dans la nature.

Sustainability and non specieist intervention in nature

For anthropocentric theories, to support the sustainability of ecological systems is ultimately justified by the idea of human florishment: sustainability can be pursued if it is compatible with maintaining the ability to meet human needs. No doubt that intervention in nature can be justified in this way. But we can also be in favor of intervention in nature in order to reduce the damage suffered by non-human animals in the wild, unless we support a speciesist position, according to which some species have more moral value than others for biological reasons. This way to intervene in nature in order to defend the interests of all animals is not anthropocentric of course, but it is not purely environmentalist. The idea behind this third type of intervention in nature is equality of rights between humans and non-human animals, the most fundamental of these rights being the right to life. In this article I will examine the question of intervention in nature regarding the protection of prey from predators. To do this I will first present some weaknesses in Tom Regan's argument to justify non-intervention in favor of prey. I will then propose another argument formulated by Bertrand Cassegrain in favor of non-intervention based on the distinction between killing and letting die, to refute it. Despite being in favor of intervention in nature to protect prey from predators, I do not think we have the conditions to do so in a sustainable manner, and for this reason we must reject such interventions in nature.

Luc Semal (Ceraps, Université de Lille 2)

La green political theory face à l’hypothèse catastrophiste

Dans les années 1990, le courant de la green political theory a surtout produit une analyse relativement distanciée des idées écologistes, encore caractérisées par un certain agnosticisme quant à la réalité ou la gravité de la crise écologique elle-même. Toutefois, depuis le début des années 2000, la consolidation du consensus scientifique sur l’ampleur des déstabilisations en cours – notamment climatiques – a conduit plusieurs auteurs à engager une réflexion d’ordre épistémologique, en proposant de réinterpréter les concepts cardinaux de la théorie politique au prisme de l’enjeu écologique. Cette contribution vise à encore prolonger cette évolution épistémologique, en confrontant la green political theory à l’hypothèse catastrophiste qui a émergé dans les années 2000, autour des idées de « pic pétrolier », de « pic des ressources » et de « pic de tout ». Nous montrerons comment des mouvements sociaux tels que celui de la Décroissance et celui des Transition Towns ont contribué à la politisation de cette hypothèse, conduisant ainsi à une évolution du sens et de la temporalité du projet écologiste. Et surtout, nous montrerons que cette hypothèse peut encore dynamiser l’analyse critique initiée par la green political theory, en nous amenant à nous interroger sur la vulnérabilité des conditions matérielles de la continuité du projet démocratique moderne – un aspect encore largement inexploré de la théorie politique.

Green political theory and the catastrophist hypothesis

During the 1990s, green political theory has mainly produced a relatively distanced analysis of ecological ideas, still characterised by its agnosticism relatively to the reality or the gravity of the ecological crisis. However, since the 2000s, the consolidation of scientific consensus regarding the current ecological destabilisations – and mainly climatic ones – led several authors to engage an epistemological reflection, aiming at reinterpreting the main concepts of political theory through the prism of the ecological challenge. Our paper aims at prolonging this epistemological evolution, by confronting green political theory to the catastrophist hypothesis that emerged during the 2000s, around the ideas of “peak oil”, “peak resources” and “peak everything”. It will explain how social movements such as Degrowth or Transition Towns have contributed to the politicisation of this hypothesis, leading to an evolution in the sense and the temporality of the ecologist project. And mostly, it aims at explaining how this hypothesis may reinforce the critical analysis already initiated by green political theory, by helping us to tease the vulnerability of the modern democratic project’s continuity – a still largely unexplored aspect of political theory.

François Gemenne (IDDRI, Sciences Po Paris)

Faut-il croire au changement climatique ? Matérialité scientifique et controverses politiques

Quoiqu’un consensus scientifique ait depuis longtemps été établi quant à la réalité matérielle du changement climatique, ce consensus n’a pas fait taire les taire les controverses médiatiques et politiques niant l’existence même du réchauffement global ou les dangers qui y étaient liés. Dans certains pays, ces controverses ont même pris un tour idéologique, comme en témoigne la campagne pour les élections présidentielles américaines de 2012 : les Démocrates ‘croyaient’ au changement climatique, les Républicains n’y ‘croyaient’ pas. Comment la matérialité scientifique peut-elle intégrer une discipline (la science politique) qui est par nature affaire de croyances, de valeurs, et de représentations ? Faut-il traiter le changement scientifique comme une affaire de foi dans l’institution scientifique, comme le propose Bruno Latour, ou faut-il au contraire ne pas ouvrir cette porte de la croyance – et donc du doute ? Cette communication propose de s’interroger sur la possibilité pour la théorie politique d’intégrer le changement climatique comme un fait avéré, un donné, au-delà des controverses dont il continue à faire l’objet. Elle s’articulera en particulier autour du rôle de la science et des scientifiques dans le processus politique. Un des principaux moteurs des controverses sur le changement climatique touche en effet au rôle supposément ‘politique’ du GIEC, rôle dont il se défend mordicus. Pourtant, de nombreux travaux de recherche ont mis en lumière le rôle des scientifiques dans le processus politiques, notamment en tant qu’entrepreneurs politiques. Reconnaître ce rôle revient-il pour autant à nier la possibilité pour la matérialité scientifique de faire partie du processus politique en tant que fait avéré, et non controversé ?

Shall we believe in climate change? Scientific materiality and political controversies

Though there has long been a scientific consensus as to the material reality of climate change, this consensus has not muted media and political controversies negating the very existence of global warming and its associated dangers. In some countries, such controversies have en taken an ideological turn, as observed in the campaign for the American Presidential Election in 2012: Democrats were ‘believers’ in climate change, Republicans were not. How can scientific materiality enter into a discipline (political science) that is by nature a matter of beliefs , values and representations? Should climate change be treated as a matter of faith in the scientific institution, as Bruno Latour proposes, or shall we keep closed the door of belief – and hence also of doubt? This presentation aims to question the possibility for political theory to integrate climate change as a factual reality, beyond the controversies that continue to surround it. The presentation shall focus in particular on the role of science and scientists in the policy process. One of the key drivers of controversies on climate change is indeed about the supposedly ‘political’ role of the IPCC, a role strongly rebutted by the scientific institution. Yet many works have shed light on the role of scientists in the policy process, particularly as policy entrepreneurs. Is the acknowledgement of this role a denial of the possibility for scientific materiality to be part of the policy process as a factual reality, rather than as a controverted one?

Krystel Wanneau (REPI/CEDD – Université Libre de Bruxelles)

Incidence des études de sécurité sur la Green Theory : le cas de la sécurisation environnementale

La Green theory a vu naître et évoluer une approche environnementale provenant des études de sécurité. Ce papier soulève la question de l’incidence de cette approche sur l’écologie politique : quelle est-elle et comment l’aborder ? Ces interrogations sont à l’origine d’un projet de thèse qui étudie la sécurisation environnementale des organisations internationales par le biais de leurs discours et pratiques. La théorie de la sécurisation repose sur l’acte discursif par lequel un enjeu devient un sujet de sécurité. Il se fonde sur une rhétorique de sécurité environnementale portée par un acteur cherchant à sécuriser une audience par rapport à une menace identifiée. Cette théorie de l’Ecole de Copenhague rencontre certaines critiques : l’attention exclusivement portée sur l’acte discursif aux dépends de processus socio-historiques de la sécurisation, le caractère nécessairement urgentiste de la sécurité ou les intentions des acteurs. La sécurisation environnementale comporte certains risques et son intérêt pour l’écologie politique n’est pas une évidence. Rien n’assure que la sécurisation produise des solutions plus viables qu’un agenda ‘dé-sécurisé’. Elle aborde des problèmes environnementaux parfois mis de côté par le politique mais signe aussi une radicalisation du rapport des sociétés à l’environnement. Les réponses sécuritaires ont tendance à sous-estimer ou surestimer les enjeux et procèdent ainsi de rhétorique et pratiques qui restent à identifier. Ce papier discute ces aspects de la sécurisation environnementale et prolonge la compréhension des rapports de pouvoir qui sous-tendent l’écologie politique. Il propose de classer ces discours et pratiques à la lumière de l’écologie politique et des études de sécurité.

Security studies’ impact over Green Theory: the case of environmental securitisation

Green theory has testified the birth and evolution of an environmental approach coming from security studies. This paper questions the incidence of this approach over green theory: what is it and how to tackle it? These interrogations converged into a PhD project that studies environmental securitisation of international organisations through their discourses and practices. Securitisation theory lies on the speech act by which an issue becomes a subject of security. Discourses are based on an environmental security rhetoric defended by an actor that seeks to securitise an audience regarding an identified threat. This theory of the Welsh School has met some critics: the exclusive attention over the speech act putting aside socio-historic processes of securitisation, the inevitable emergency feature of security practices or the actor’s intentions. Environmental securitisation entails certain risks and its value for green theory is not an obvious fact. Nothing indeed insures that securitisation produces more sustainable responses than a de-securitised agenda. It sure touches upon environmental problems put aside by politics, but it also translates a radicalisation of the relationship between society and environment. Each securitisation thus proceeds from rhetoric and practices that should be identified. This paper discusses these aspects of environmental securitisation to extend the understanding of power relations underlying green theory. It offers to classify environmental discourses and practices in light of political ecology and security studies.

Mathilde Szuba (Cetcopra, Université de Paris 1-Panthéon-Sorbonne)

Le projet britannique de carte carbone : quand la démocratie choisit le rationnement

Tandis qu’en France, dans les années 2000, les débats en matière de politique climatique tournaient autour d’une taxe carbone, le gouvernement travailliste au Royaume-Uni proposait une « carte carbone », c'est-à-dire des quotas individuels de consommation d’énergie, autrement dit une forme de rationnement (Fawcett et Parag, 2010). La référence aux limites environnementales est un point fondamental de l’écologie politique (Dobson, 2007), mais les politiques publiques ont généralement pris la forme d’une résolution des conflits humains autour de l’environnement plutôt que d’une préservation ou d’une réparation de la nature (Lascoumes, 1994). On voit au contraire se dessiner avec la carte carbone une institutionnalisation de certaines limites environnementales (Rockström et al, 2009), à la fois sous une forme légale (les « carbon budgets » du Climate Change Act) et sous une forme organisationnelle (la carte carbone comme instrument de gouvernement), qui réduit de fait la marge de manœuvre du politique. Le cas particulier de la carte carbone sera l’occasion d’analyser, en s’inspirant du courant de la théorie politique environnementale, la façon dont la perte d’autonomie du politique se manifeste face à l’altérité radicale des limites environnementales, et les conséquences qui en découlent pour repenser la politique dans un monde fini, et qui plus est en situation d’overshoot (Catton, 1982).

Rationing for democracy with a carbon card

While in France climate policy debates in the years 2000 was focused on a carbon tax, the Labour government at the same time in the UK was working on the possibility of a “carbon card”: a scheme of personal carbon quotas, i.e. some form of rationing actually (Fawcett et Parag, 2010). Reference to environmental limits has long been a distinctive characteristic of green political thought through the Limits to growth thesis (Dobson, 2007) but government policies have generally focused on solving environment-related human conflicts rather than focusing on conserving or repairing nature (Lascoumes, 1994). A carbon card policy, on the contrary, offers to institutionalise some environmental limits (Rockström et al., 2009) both through legal instruments (the carbon budgets voted under the Climate Change Act) and through a managing mechanism (the carbon card as a government tool) that as a matter of fact constraint the range of political action available. Drawing from green political theory, the case of the carbon card will be an opportunity to analyse how the radical otherness of environmental limits acts as a constraint on societies, and its consequences in terms of loss of political autonomy. It will lead us to draw some hypothesis on what governing in a finite world could be, especially in an overshoot situation (Catton, 1982).
 
Bruno Villalba (CERAPS, IEP de Lille)

Négocier le délai : mécanismes délibératifs, reformulation du projet collectif et contraintes temporelles

La Green Political Theory propose d’interroger les modalités d’évolution de la démocratie représentative face aux enjeux écologiques. Dans cette perspective, la question des temporalités de la décision politique est posée. Il ne s’agit plus simplement de comprendre les mécanismes de la décision publique (mise à l’agenda, etc.), mais de saisir le degré d’intégration des temporalités écologiques au sein de l’organisation de la décision publique. Autrement dit, les contraintes écologiques contribuent-elles à reformuler une vision du temps politique, notamment du temps démocratique ? La communication tentera de produire une réflexion critique de la capacité des démocraties contemporaines à intérioriser ces contraintes temporelles — qui supposent la formulation d’un projet politique à partir non plus d’une hypothèse continuiste, mais d’une hypothèse de délai. La contribution examinera, à partir d’études de terrains (notamment réalisées dans le cadre du programme Sobriétés http://sobrietes.meshs.fr/), comment et jusqu’à quel point les procédures délibératives parviennent à intégrer ces temporalités dans l’organisation des procédures de décision, ainsi que dans l’éventuelle reformulation d’un projet collectif, adapté à ces impératifs temporels.

Negotiating countdown: deliberation, collective project and time constraints

Green political theory questions the evolution of representative democracy at the light of ecological challenges. It leads to question the temporality of political decision. It is not just a matter of understanding public decision mechanisms anymore, but rather of analysing to what point public decision processes can effectively incorporate ecological temporalities. Do ecological constraints contribute to renegotiate our conception of political temporality, and more precisely of democratic temporality? This paper will engage a critical analysis of the capacity of contemporary democracies to incorporate time constraints – which suggest the need to renegotiate a collective project not in a continuist perspective, but rather in terms of countdown. Building on fieldwork studies (mainly extracted from the “Sobriétés” research program, http://sobrietes.meshs.fr/), the paper will examine how and to what point some deliberative practices are successful in incorporating such a temporality in the organisation of decision processes, and in the renegotiation of a collective project adapted to this time imperative.


Participants

BERNY Nathalie n.berny@sciencespobordeaux.fr
COMPAGNON Daniel d.compagnon@sciencespobordeaux.fr
DOBSON Andrew a.n.h.dobson@pol.keele.ac.uk
GEMENNE François francois.gemenne@sciences-po.org
LEJEUNE Caroline lejeune.ca@gmail.com
LÉON Thomas Thomas.leon@sciences-po.org
MERRILL Roberto nrbmerrill@gmail.com
SEMAL Luc luc.semal@sciences-po.org
SZUBA Mathilde mathilde.szuba@malix.univ-paris1.fr
VILLALBA Bruno bruno.villalba@sciences-po-lille.eu
WANNEAU Krystel krystel.wanneau@gmail.com

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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