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Section Thématique 63

Les frontières de la communauté libérale
The boundaries of the liberal community

Responsables

Astrid VON BUSEKIST  (Sciences Po Paris, CERI) astrid.vonbusekist@sciences-po.org
Benjamin BOUDOU (Sciences Po Paris, CEVIPOF) benjamin.boudou@sciences-po.org

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Quand la démocratie libérale rencontre l’État-nation, ce sont deux grammaires politiques qui doivent s’articuler. La première dit l’égalité et la liberté des individus et la possibilité de prendre, ensemble, des décisions raisonnables et de mener une vie décente ; la seconde se soucie de préserver l’autonomie et l’intégrité d’un peuple de citoyens. Cette section thématique cherchera à analyser les problèmes auxquels ouvre cette articulation difficile et parfois contradictoire, autour de la question des frontières à la fois internes (comment concilier les exigences toujours plus nombreuses du pluralisme libéral avec l’unité stato-nationale ?), et externes (comment concilier l’universalisme moral tendant vers une conception cosmopolite de la justice et l’ancrage territoriale de la démocratie ?) de la « communauté libérale ».
 
Si l’expression nous vient de Ronald Dworkin (1989) à propos du débat entre libéraux et communautariens, nous chercherons à élargir sa signification pour penser le problème plus général du « commun » (bien commun, intérêt général, etc.) chez les libéraux. Cet enjeu est crucial pour la théorie politique contemporaine, car de sa compréhension dépend la viabilité d’un libéralisme politique légitime, non plus seulement à l’échelle d’une société fermée, mais aussi face à ceux qui souhaitent y entrer.
 
A ce titre, trois axes de réflexion sont proposés, articulant trois manières de tracer les frontières :
 
(1) Les frontières de l’État-nation sont d’abord territoriales. Mais si le postulat fondamental de la démocratie est la souveraineté des individus, donc la participation aux lois qui les gouverne, jusqu’où le domaine démocratique peut-il s’étendre (Miller 2009) ? Le défi posé par le « all-affected principle » (principe selon lequel les individus doivent participer aux décisions qui les affectent) semble remettre en cause la légitimité des frontières stato-nationales, et exiger une redéfinition à chaque fois particulière du démos concerné par un problème politique. Le droit de vote des étrangers peut être ici un cas exemplaire (Goodin 2007, Fraser 2008, Näsström 2011, Beckman 2006, Abizadeh 2008).

(2) En considérant la démocratie « libérale », il faut ensuite envisager les frontières axiologiques : il s’agit de penser l’exclusion des étrangers au nom de valeurs à préserver. Les critères d’inclusion doivent-ils d’abord être indexés sur une adhésion à la procédure (le respect des institutions, et l’apprentissage de leur langue par exemple) ou à la substance du dialogue libéral (la culture, avec toute l’ambiguïté que le mot comporte) ? On pourra ainsi mettre en relation les propositions théoriques du nationalisme libéral, du républicanisme ou du patriotisme constitutionnel (Tamir 1993, Kymlicka 2001, Miller 2007, Habermas 1998), avec des cas empiriques.
 
(3) Enfin, il est possible de tracer les frontières de la communauté libérale en dehors des présupposés territoriaux ou démocratiques, en n’envisageant que l’association formée par les citoyens et les devoirs qu’ils ont les uns vis-à-vis de autres, et vis-à-vis de l’État. Est-ce ainsi le cercle de la justice comme réciprocité qui détermine les limites externes, en séparant les obligations entre membres des obligations éthiques minimales (Scheffler 2003, Miller 2007) ? Est-ce donc l’État, conditionnant la réalisation d’une vie décente, qui peut constituer le dénominateur commun à la communauté libérale (Stilz 2009) ? Ou bien faut-il prendre acte du « crépuscule de la souveraineté » (Benhabib 2007) pour analyser les liens transnationaux et les appartenances multiples des individus (Bauböck 1994, Sassen 2009) ?
 

The concepts of liberal democracy and the nation-state should be questioned jointly. The former deals with equality and freedom and the possibility of reaching reasonable decisions and living a decent life. The latter aims at preserving the autonomy and the integrity of a group of citizens. In our section, we will discuss this difficult and sometimes contradictory union between liberal democracy and the nation state. We will mainly focus on the boundaries of liberal communities; be they internal (how do we reconcile liberal pluralism and national unity?), or external (how do we reconcile moral universalism and a cosmopolitan outlook on justice with territorial roots of democracy?).
 
We will try to expand Ronald Dworkin’s definition of “liberal community” (1989), moving away from the classical debate between liberals and communitarians towards a broader inquiry into the liberal understanding of what “common” really means (common good, general interest). This is a crucial issue for political theory, since “commonness” is the main legitimation of political liberalism, for the domestic constituency on the one hand, applicants for immigration on the other hand.
 
We organize this section around three topics, each epitomizing a way of drawing the boundaries of the “liberal community”:
 
(1) The boundaries of the nation-state are first and foremost territorial. However, the sovereignty of the people which is not, in essence, territorial, can trump this first condition. In other words: is the realm of democracy bounded by territorial claims (Miller 2009)? The all-affected principle (or principle of affected interests) may indeed threaten the legitimacy of national boundaries since it requires a constant redefinition of the demos, depending on the scope of affection. Non-citizens voting rights could be used as a paradigmatic example (Goodin 2007, Fraser 2008, Näsström 2011, Beckman 2006, Abizadeh 2008).
 
(2) Talking about liberal democracy, we need to consider axiological boundaries. We will tackle the problem of the exclusion of foreigners in the name of values we may want to protect. Here the question is the following: Shall we base the criteria for inclusion on “thin” requirements (respect for domestic institutions, acquiring language skills), or rather on “thick” ones, substantial ones, e.g. emphasize the cultural dimension of the liberal dialogue? The contributions from liberal nationalists, liberal culturalists, civic republicans, or constitutional patriots (Tamir 1993, Kymlicka 2001, Miller 2007, Habermas 1998) will be read in the light of empirical cases.
 
(3) We will finally discuss the possibility of designing the boundaries of a liberal community without any territorial or even democratic framework, by focusing solely on the civic union founded on rights and duties that citizens morally and politically owe each other and the state. Is justice as reciprocity enough to distinguish insiders (within the circle of reciprocity) from outsiders (Scheffler 2003, Miller 2007)? Can the state embody the common denominator for a decent political community (Stilz 2009)? Or must we acknowledge the “twilight of sovereignty” (Benhabib 2007) in order to grasp the transnational and multiple belongings of each individual (Bauböck 1994, Sassen 2009)?


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 2 : 10 juillet 2013 14h-16h45
Session 3 : 11 juillet 2013 15h15-18h

Voir planning général...

Lieu : Batiment A (27 rue Saint-Guillaume), amphi Leroy Beaulieu pour la session 2 et amphi Sorel pour la session 3


Programme

Axe 1 / Les frontières externes de la communauté libérale : les limites du territoire

Axe 2 / Les frontières internes de la communauté libérale : les conditions de l’entente


Résumés des contributions

Marie-Laure Basilien-Gainche (Institut Universitaire de France, Institut d'études européennes, Université Sorbonne Nouvelle Paris 3)
 
L’identité européenne et ses limites normatives : quand les frontières se font personnelles

C’est à la faveur d’une approche juridique des politiques d’immigration et d’asile que seront interrogées les frontières de la « communauté libérale » que composent l’Union européenne et ses Etats membres. L’opposition entre intérieur et extérieur qui permet de définir la frontière d’un Etat, des Etats membres de l’UE, de l’Union elle-même, n’est pas fixe. Les frontières européennes sont mouvantes et relatives. Elles se déplacent vers les centres, les grandes métropoles qui sont des nœuds de transits, de contrôles, de demandes de régularisation. Elles se déplacent aussi vers les marges, les limites périphériques voire ultrapériphériques qui enregistrent l’augmentation de la pression migratoire. Bien plus, parce que le migrant finit par être rejeté d’Europe avant même d’y avoir pénétré à la faveur des accords de réadmission passés par l’UE et ses membres avec des Etats tiers, la territorialité des frontières se trouve mise cause, tant leur réticularité semble s’imposer.
Une telle réticularité découle encore du fait que les frontières sont matérialisées dans les normes qui accordent des compétences à l’agence Frontex pour coordonner des actions de contrôle, permettent de déterminer l’Etat responsable de l’examen de la demande d’asile (règlement Dublin II), autorisent le fichage des demandeurs d’asile (système Eurodac), énoncent les conditions pour bénéficier du regroupement familial, etc. Ces règles de droit contribuent à instaurer des murs, en se légitimant du souci de préserver la sécurité intérieure. Toute mesure est envisagée comme une lutte contre : contre le terrorisme, contre la traite, contre l’immigration clandestine. Les frontières se révèlent normatives, car les statuts ainsi établis pour les individus sont autant de catégories souvent étanches et inconciliables qui permettent le déploiement de règles particulières, de situations dérogatoires.
Les frontières de l’Union et de ses Etats membres s’avèrent in fine essentiellement personnelles. De telles lignes au-delà desquelles les droits fondamentaux peuvent être restreints interrogent sur la portée réelle des limites que les Etats européens doivent respecter pour demeurer des Etats de droit, que l’Union doit respecter pour être une société de droit. La tension entre protection des droits et préoccupations de sécurité se fait jour qui conduit à analyser les distorsions entre une société de normes et des situations d’exception. A la faveur de l’analyse des caractères réticulaire, normatif, personnel des frontières telles que dessinées par les politiques d’immigration et d’asile, c’est l’identité libérale de l’Union et de ses Etats membres qui semble pouvoir être questionnée, selon une approche qui renvoie de manière quasi dialectique à la souveraineté des Etats membres et à la primauté de l’Etat de droit.
 
The European identity and its normative edges: when borders are becoming personal

A juridical approach of the EU immigration and asylum policies will let us question the borders of the liberal community the European Union and its Member States compose. The opposition between in and out that contributes to define the border of a State, of the Member States of the European Union, of the Union itself, is neither fixed nor clear. Yet the European borders are relative and unstable. They are moving to the centers, to the metropolis, as these ones are nodes of junctions and controls, knots of applications for asylum or regularization. The European borders are also moving to the margins, to the confines, to the peripheral even ultra-peripheral limits where the migratory pressure increases. Moreover, as far as the migrant is expulsed from Europe before entering it in virtue of some readmission agreements the EU and its Member States have concluded with third countries, the borders appear to be less territorial and more reticular.
 Such an evolution is also related to the fact that borders are embodied in norms : norms that give competences to European Agency for the Management of Operational Cooperation at the External Borders of the Member States of the European Union (Frontex) to promote, coordinate and develop European border management; that establish the criteria and mechanisms for determining the Member State responsible for examining an asylum application lodged in one of the Member States by a third-country national (Dublin regulation); that create a system for comparing fingerprints of asylum seekers (Eurodac regulation); that enounce the necessary qualifications for becoming a beneficiary of the international or the subsidiary protection status (Directives on asylum qualifications and procedures); and so forth. Affirming their legitimacy by referring to their preoccupation of promoting the Union interior security, such norms contribute to raise walls. That is why we can assert the borders are becoming normative, as far as the established statutes correspond to often incompatible categories and authorize the application of frequently derogatory rules. Consequently, the borders of the European Union and its Member States can be finally considered as personal.
 As some lines are thus drew up beyond which fundamental rights can be restrained, we must wonder what are the limits the Union and the States have to respect in order to remain in conformity with the values of the rule of law. The tensions between the rights protection and the security concerns are highlighted that question the distortions between a society of norms and situations of exceptions. In other words, the study of the reticular, normative, and personal nature of the European borders as they are drawn up by the immigration and asylum policies interrogates the assumed liberal European identity, as States sovereignty and law primacy are facing some dialectical relationships.  
 

Martin Deleixhe (Centre de Théorie Politique de l'Université Libre de Bruxelles)

 
Droit de visite et de résidence chez Kant : une mise à l'épreuve des limites de la communauté libérale ?

En France, dans les années '80, la lecture du Projet de paix perpétuelle de Kant était marquée par un débat passionné portant sur l'interprétation du premier et du second de ses articles définitifs. Suivant une tradition qui remonte à Fichte, Philonenko défendait que le premier article jouissait d'une primauté sur le second ou, en d'autres mots, que la paix civique devait être prioritairement établie au sein de la République afin de pouvoir démontrer la supériorité de ce modèle politique aux contrées avoisinantes. Envisagé sous cet angle, la propagation du républicanisme serait alors le véhicule privilégié de l'instauration d'une paix mondiale. Pour sa part, Alain Renaut a défendu un ordination lexicale inverse de ces deux articles. Selon ce dernier, aucune République ne peut espérer préserver sa démocratie interne lorsqu'elle se trouve confrontée aux affres des interférences étrangères dans sa politique nationale et à la généralisation de l'agressivité dans ses relations internationales. Le second article devrait donc primer sur le premier et la paix être établie avant de pouvoir espérer transmettre le modèle républicain. Dans son contexte immédiat, le Projet de paix perpétuelle peut donc être lu soit comme une condamnation de la politique étrangère de la France jacobine, soit comme son soutien enthousiaste. Quelle que soit l'intensité de leur opposition quant au rôle de la guerre dans l'établissement de la paix, les deux camps de ce débat commettent cependant une même omission qui ne manquera pas de surprendre. Ils ignorent l'un et l'autre complètement le troisième article définitif relatif au droit cosmopolitique. Rendre l'économie générale d'un texte qui brille déjà par sa brièveté en faisant l'impasse sur le tiers de son propos semble être une opération d'autant plus irréalisable que Kant fait explicitement mention de son caractère systématique. Dès lors, dans cette présentation, je tenterai de développer un double argument. Premièrement, je défendrai qu'on ne peut minimiser le rôle du droit cosmopolitique et singulièrement de son noyau normatif, à savoir le droit à l'hospitalité, dans l'architectonique juridique kantienne sans s'exposer à des contre-sens dans son interprétation et dans sa transposition en droit positif. Pour ce faire, je m'appuierai largement sur les travaux de Stéphane Chauvier. Dans un second temps, j'aimerais cependant démontrer que la distinction étanche qu'établit Kant entre le droit de visite et le droit de résidence se trouve être en porte-à-faux avec la dynamique téléologique de sa philosophie pratique et que la réalisation d'une paix cosmopolitique n'est envisageable qu'à la condition d'autoriser un passage fluide, une trajectoire migratoire qui aille de la visite à la résidence. La paix cosmopolitique requiert un effacement progressif de la distinction entre la visite et la résidence.

Kant's right of sojourn and right of residence : a challenge to the liberal community's limits ?

Around the eighties, in the French-speaking philosophical community, an impassioned debate was still raging over two diverging understandings of the first and the second definitive articles of Kant's Perpetual peace project. Following Fichte, Alexis Philonenko defended the idea that the first article should overrule the second or, in other words, that a civic peace should first be established inside the Republic in order to convince neighboring states of the superiority of this political model. The spread of republicanism should then be the vehicle of world peace. Alain Renaut argued for a different lexical order regarding the two articles. According to him, no Republic can hope to preserve its internal democracy if it is under the threat of aggressive foreign interference. The second article should then overrule the first. Peace should be established before we can hope to spread republicanism. The project of perpetual peace could then be read either as a condemnation of revolutionary France's foreign policy or as its enthusiastic support. Nevertheless, both sides of the debate converge in a strange omission. They both turn a blind eye on the third article concerning the right of hospitality. This omission is made even more surprising by the text's brevity and by Kant's explicit mention of its systematic feature. In this paper, I will attempt to develop a two-fold argument. First, I would like to argue that minimizing the third definitive article leads to a misunderstanding. It deprives us from a crucial component of the perpetual peace and therefore gives us a biased view of how it should be implemented. This will be done following Stéphane Chauvier's book entitled Du droit d'être étranger. In a second time, I would like to tackle the watertight analytical distinction that Chauvier draws between the unconditional right of sojourn and the privilege of residence. In my view, cosmopolitanism rather requires a progressive blurring of those two categories.


Janie Pélabay (CEVIPOF), Myriam Hachimi Alaoui (Université du Havre / CIRTAI)
 
L’accès à la communauté nationale conditionnée par l’adhésion aux “valeurs de la République”. Le cas du Contrat d’Accueil et d’Intégration

Comme d’autres dispositifs récents destinés à régir l’accès à la communauté nationale, le Contrat d’Accueil et d’Intégration (CAI), rendu obligatoire en 2007, demande aux migrant-e-s souhaitant s’installer durablement en France de s’engager à adhérer aux « valeurs de la République », au premier rang desquelles la laïcité et l’égalité hommes-femmes. Leur affirmation, leur promotion et leur inculcation, par le biais notamment des cours obligatoires de « formation civique », se trouvent au cœur de ce processus de « contractualisation ». En outre, l’adhésion aux « valeurs de la République » est l’une des principales exigences nécessaires à la satisfaction de la « condition d’intégration républicaine ». En cela, ces « valeurs communes », tenues pour constitutives du « nous » et, à ce titre, non négociables, servent à fixer des frontières éthiques à la communauté des citoyens, non sans recourir à un langage de la croyance profonde. Combinant théorie politique, analyse des discours et étude préliminaire de données d’enquête, l’analyse montrera quelle est la nature et la portée des tensions, à la fois théoriques et pratiques, travaillant ce dispositif, tiraillé entre les logiques propres à une « intégration politique », fondée sur le respect des droits et devoirs fondamentaux s’appliquant à tous, et une « intégration culturelle », marquée par la volonté de préserver un système de valeurs spécifique, si ce n’est un ethos national particulier.
 
Adhering to ‘the Republic’s Values’ as a condition for access to national community. The case of French Contrat d’Accueil et d’Intégration

Like other recent measures dedicated to regulating access to national community, the Contrat d’Accueil et d’Intégration (CAI) – mandatory since 2007 – requires migrants aspiring to settle in France on a long-term basis to adhere to ‘the Republic’s values’, laïcité and equality between men and women being the highest ranking. Affirming, promoting and inculcating them, in particular through a mandatory citizenship course, are at the core of such a contract-based process. Moreover, adherence to ‘the Republic’s values’ is one of the main prerequisites to meet the so-called ‘condition of republican integration’. As a consequence, these ‘common values’, which are considered as constitutive of the ‘We’ and therefore not negotiable, are used for determining the ethical boundaries of the community of citizens, not without resorting to a language of deep belief. Combining political theory, discourse analysis and some preliminary survey data, we will clarify the nature and significance of the theoretical and practical tensions within CAI, and how it is torn between two courses: ‘political integration’ based on respect for fundamental rights and duties which apply to all of us on the one hand, and ‘cultural integration’ oriented by the attempt to preserve a specific value system, if not a particular national ethos.

Camilla Pagani (Université Paris-Est-Créteil – Università degli studi di Milano)
 
Du multiculturalisme libéral au cosmopolitisme : figures de citoyenneté au-delà des frontières nationales
 
En suivant les théories postcoloniales et sur la mondialisation le lien entre citoyenneté et identité se déplace, n’appartenant plus au simple cadre de l’Etat-Nation. A partir de ce constat, cet article analyse deux déclinaisons de la disjonction entre cadre national et citoyenneté d’un point de vue culturel et axiologique : d’un côté le cas de figure de la citoyenneté multiculturelle soulève la question des frontières intérieures à l’Etat-Nation pour la reconnaissance d’identités spécifiques et l’accommodement de différences culturelles infranationales. D’autre part, le cas de figure de citoyenneté proposé par le cosmopolitisme se définit par des frontières extérieures au cadre national dans un contexte transnational, où le paradigme de « contamination » se substitue à celui de « frontière ». En dépit de leurs
éventuelles limites, ces deux cas de figures mettent à l’épreuve le libéralisme politique, qui est historiquement lié au contexte national. En comparant la théorie libérale du droit des minorités de Will Kymlicka et la philosophie de contamination de Kwame Anthony Appiah, cette recherche vise à démontrer qu’autant le multiculturalisme libéral que le cosmopolitisme sont des compléments nécessaires à un libéralisme politique soucieux des problématiques culturelles contemporaines.
 
From liberal multiculturalism to cosmopolitanism. Figures of Citizenship beyond National boundaries
 
According to postcolonial and globalisation theories, the link between citizenship and identity moves towards a framework which no longer belongs to Nation-States. Being aware of it, this article analyses two declinations of the distance between national framework and citizenship from a cultural and axiological perspective. On the one hand, the case study of multicultural citizenship raises the question of the internal boundaries of the Nation-state in order to recognize specific identities and subnational cultural differences. On the other hand, the case of cosmopolitanist citizenship is defined by extra-national boundaries at a transnational level where the paradigm of “contamination” replaces the paradigm of “boundary”. Despite their potential limits, these two options challenge political liberalism, which is historically linked to national contexts. Through the comparison between Will Kymlicka’s liberal theory on minority rights and Kwame Anthony Appiah’s contamination philosophy, this research intends to demonstrate that both liberal multiculturalism and cosmopolitanism are necessary addenda to a political liberalism, which takes into account contemporary cultural issues.

Marianne Fougère (Sciences Po / CEVIPOF)
 
Juger par-delà les frontières de la communauté libérale
 
Ouverture des frontières et théorie démocratique? Ouverture des frontières ou théorie démocratique? Ce qui pourrait sembler relever de la préciosité linguistique, se trouve en réalité au cœur des débats engagés autour de la question des frontières de la communauté libérale : le « et » renvoyant le libéralisme à son incapacité à justifier l’existence de frontières ; le « ou » reflétant une conception « statique » de la frontière, véritable rideau séparant la scène des insiders-acteurs de la salle des outsiders-spectateurs. Pour détourner les mots de Reinhart Koselleck, l’universalisme libéral et le particularisme démocratique représenteraient donc non seulement des « concepts antonymes », mais surtout des « concepts antonymes asymétriques » puisque seuls les membres de la communauté politique (libérale) sont en mesure d’influer sur cette tension, en exerçant notamment un droit de contrôle unilatéral de leurs propres frontières. Cette communication se propose non pas de résoudre la tension fondamentale entre universalisme libéral et particularisme démocratique, mais d’imaginer une mise en scène différente de celle-ci. Inspirée par Hannah Arendt, la tragédie du libéralisme verra ses décors rénovés, ses rôles redistribués, son huis-clos transformé en pièce chorale. En me reposant sur la conception arendtienne du jugement politique, j’entends en effet revigorer (et non remplacer) la communauté libérale en trois mouvements : il s’agira (1) de concevoir la frontière comme un espace d’interaction plutôt que comme une marque de délimitation ; (2) d’établir les principes d’extériorité (outsideness) et d’étrangeté (strangerhood) comme conditions d’inclusion au sein de la communauté ; (3) d’envisager la communauté démocratique comme un processus de co-construction et non comme l’expression monologique d’un acte de souveraineté. Aussi, ma communication se veut être une invitation à juger par-delà les frontières de la communauté libérale, mais justement par-delà, donc pas sans elles et en un sens après elles. Si l’égalité et la liberté affirmées par la communauté libérale ne sauraient être bafouées, partager-le-monde avec d’éternels étrangers implique de les lier à la condition de pluralité. Dès lors, l’égalité ne peut être réduite à l’uniformité et la relation aux autres suggère plus qu’une indifférence mutuelle. Juger par-delà la communauté libérale, donc en un sens après elle, en débordant du cadre de sa rencontre avec l’Etat-nation, une rencontre propice à l’institution de pratiques parfois non-libérales. Au travers d’un exemple concret (i.e., l’obligation pour les candidats à l’immigration en Hollande de visionner un film dans le cadre de leur procédure d’intégration), je tenterai de montrer dans quelle mesure le modèle de « communauté jugeante » que je propose participe d’une mise en scène de la/des frontière(s).
 
 Judging beyond the boundaries of the liberal community

Open borders and democratic theory? Open borders or democratic theory? What could be a matter of linguistic preciosity, lies in fact at the heart of the “liberal boundaries debate”: “and” makes liberalism face its inability to justify closed borders; “or” reflects a static conception of such borders, i.e. a true curtain that separates the insiders-actors from the outsiders-spectators. In Reinhart Koselleck’s words, liberal universalism and democratic particularism would not only be “counterconcepts”, but they would also epitomize “asymmetrical counterconcepts” since only members of the (liberal) political community can deal with this tension, by having a right to unilaterally control their own borders. This paper proposes not to resolve the fundamental tension between liberal universalism and democratic particularism, but rather to imagine a different staging of this one. Inspired by Hannah Arendt, the tragedy of liberalism will see its scenery be renovated, its role casting updated, and its “huis-clos” transformed into a choral piece. Based on the Arendtian conception of political judgment, I will try to democratically reinvigorate liberal community in three movements: I will propose (1) to conceive borders as an interactive space rather than as a dividing wall; (2) to consider the principles of outsideness and strangerhood as sine qua non conditions of community inclusion; and (3) to imagine the democratic community as a co-building process and not as the monological expression of a right to self-determination. Thus, my paper will invite to judge beyond the boundaries of the liberal community, but precisely beyond, so not without them and in a sense after them. If the principles of equality and liberty to which liberal states are bound shall, of course, not be disregarded, “bearing with strangers” requires linking them with the condition of plurality. Then, equality does not mean sameness and “bearing with strangers” suggests more than mutual indifference. Judging beyond the liberal community, so in a sense after it, by transcending its encounter with nation-state, an encounter that is often favorable for illiberal practices. Using a concrete case study (i.e., the requirement for immigrants in the Netherlands to watch a two-hour film about the Dutch society as part of their integration program), I will try to show how the model of “judging community” that I will propose pertains to a “border(s) staging”.

 
Nathalie Schmidt (Sciences Po / CEVIPOF)

Des identités et cultures, on ne discute pas !  Réflexions sur la tolérance forcée, le politiquement correcte et les limites du dialogue libéral
 
La liberté d’expression est constitutive de toute communauté libérale. Idéalement, elle n’y est pas seulement respectée en tant que droit individuel, mais encouragée comme prérequis au bon fonctionnement de la collectivité. Puisque le pluralisme des sociétés libérales rend tout accord spontané sur le bien commun impossible, le dialogue informé constitue, en effet, la seule manière de prendre des décisions raisonnables afin de réguler la vie commune. La libre circulation d’idées est ainsi primordiale. En principe, c’est le laissez-faire qui règne sur le marché des idées des communautés libérales.
Or, dans la réalité, la liberté d’expression est soumise à des restrictions, notamment pour que la liberté d’une personne ne porte pas atteinte à l’intégrité d’une autre. Pour être inclus et entendu dans la communauté libérale, il ne suffit pas de respecter les procédures formelles des institutions démocratiques ; il faut également faire attention au contenu de ses allégations. En effet, si la communauté libérale se veut tolérante, elle ne tolère pas les déclarations antisémites, racistes, sexistes et homophobes. Celui qui les utilise, s’exclut du dialogue - non pas tant parce qu’il avoue par ses propos qu’il ne croit pas à la culture libérale, mais parce que son hostilité à la différence met en cause le dialogue même d’une société pluraliste. En effet, le droit à la différence et à la parole sont vidés de sens dans un environnement où règnent le harcèlement et la violence verbale. Le respect réciproque est une condition indispensable à toute entente sans contrainte.
Il est donc nécessaire de trouver un équilibre entre liberté d’expression et respect des identités afin de commencer le débat. Or, parfois la tolérance et le respect des identités clôt la discussion ou l’interrompt en plein milieu, et ceci, parce que tout sujet prétend avoir le monopole sur son identité et ses implications ; il en définit les contours, les contenus et les besoins. Cela  peut devenir un problème pour le dialogue libéral lorsque l’identité remplace les arguments.  “It’s a black thang, you wouldn’t understand” – impossible, pour un blanc, de réfuter un tel ‘argument.’ Le respect des identités représente donc, selon le cas, une condition ou un obstacle au dialogue libéral.
Pour analyser comment les frontières axiologiques du libéralisme compromettent non seulement la liberté d’expression des intolérants mais aussi, parfois, les délibérations sur le bien commun, nous envisageons d’aller au-delà des théories sur la tolérance pour nous pencher sur un cas concret, à savoir l’influence du politiquement correcte sur le débat public outre-Atlantique. Nous adopterons la perspective des exclus du dialogue libéral, en l’espèce les conservateurs Afro-Américains et Chrétiens qui ne se plient pas à l’orthodoxie libérale, non pas pour les défendre, mais pour mieux saisir les enjeux des interdits de la pensée libérale.
 
There is no accounting for identities and cultures! Thoughts on coerced tolerance, political correctness, and the limits of liberal dialogue.
 
Freedom of expression is a constituent part of any liberal community. Ideally, the latter does not merely respect individuals’ free expression but encourages it as a prerequisite for the proper functioning of the common political project. Since liberal societies’ pluralism impedes any spontaneous agreement on the common good, informed dialogue constitutes indeed the only way to arrive at reasonable decisions regarding the rules of collective life. The free circulation of ideas is thus essential. In principle, liberal communities’ marketplace of ideas is governed by the laissez-faire principle.
However, in practice, the right to free expression is subject to restrictions, in particular to ensure that the liberty of one person does not harm the integrity of another. To be included and heard in liberal communities, it is not enough to respect the formal procedures of democratic institutions. Care must also be paid to the content of one’s allegations. Indeed, if liberal communities seek to be tolerant, most of them do not tolerate anti-Semitic, racist, sexist or homophobic statements. Those who use such words are excluded from the dialogue – not so much because they do not adhere to the substantive values shared by liberals, but because their hostility towards difference endangers the very dialogue of pluralistic communities. The right to differ and to express oneself freely have no meaning in an environment full of harassment and verbal violence. Mutual respect is an indispensable condition for any unforced agreement.
 To start the dialogue, it is thus necessary to find a balance between freedom of expression on the one hand and respect for individuals’ identities on the other. Yet, sometimes, the respect of identities closes the discussion or interrupts it in the midst of an argument. This, it seems, is so because every subject pretends to have the monopoly on the interpretation of her identity and its implications; she alone defines its outline, its content and its needs. This may be problematic for the liberal dialogue when identities start replacing arguments. “It’s a black thang, you wouldn’t understand” – impossible, for a white person, to refute such an ‘argument.’ The respect of particular identities represents thus, as the case might be, a precondition or an obstacle to the liberal dialogue.
This paper seeks to analyze how liberalism’s axiological boundaries affect not only the freedom of expression rights of the intolerant but also, sometimes, public deliberations about the common good. The focus will lie not only on tolerance, respect and their theoretical underpinnings, but also and mainly on the concrete influence of political correctness on public debates in the United States. The perspective of those who are formally or informally excluded from the liberal dialogue – here, African American and/or Christian conservatives who refuse to adhere to orthodox liberal viewpoints – will be taken into consideration, not so as to defend them, but to grasp the meaning and implications of liberal taboos.

Alicia-Dorothy Mornington (Sciences Po / CEVIPOF)
 
Les frontières morales du libéralisme
 
Le libéralisme tend à défendre que la sphère publique doit être régie par le principe de neutralité axiologique de l’Etat, tout en retirant à ce dernier tout droit de regard quant à la sphère privée. A partir du moment où un acte privé ne nuit pas à un tiers non consentant, l’acte ne devrait pas être du registre de l’Etat. Tout membre de la communauté libérale devrait être en mesure de vivre selon sa conception du bien, sans obligation de se plier aux valeurs morales de la majorité. Puisqu’il cherche à promouvoir la liberté individuelle, le libéral rejette donc tout perfectionnisme ou paternalisme – l’individu est alors seul juge compétent concernant la sphère privée. Cette stratégie peut conduire à l’écueil du relativisme, puisque le libéral serait tenu par son devoir de neutralité d’accepter que tous les comportements se valent, mais il lui serait donc impossible de tracer les frontières entre le bien et le mal. Cette aporie peut alors amener le libéral à s’autoriser de juger les pratiques, au risque de se contredire en faisant une place au paternalisme. Le défi pour le libéral serait donc de réussir à tracer des limites morales tout en évitant l’écueil moralisateur. L’étude de la jurisprudence contemporaine permet de voir comment en pratique ce défi est relevé quand les démocraties libérales sont confrontées à des cas limites.  

Drawing a line – Liberalism and its moral boundaries
 
Liberalism holds that the state should be neutral to conceptions of the good and should not interfere in the private sphere. If a private act does not affect non-consenting third parties, it falls outside the legitimate remit of the state. Members of the liberal community should be able to live according to their conception of the good, without being forced to comply with the moral values of the majority. Because liberalism seeks to promote individual freedom it tends to reject perfectionism and paternalism - the individual is only competent judge in the private sphere. This strategy can lead to the pitfall of relativism. The liberal commitment to neutrality could mean accepting that anything goes, making it impossible to draw the line between good and evil or to define the moral boundaries of the liberal community. Liberals can alternatively allow themselves to pass judgment, but by doing so they take the risk of contradicting themselves by tolerating paternalism. The challenge for liberals is thus be able to draw moral boundaries while avoiding the pitfall of paternalism. The study of contemporary jurisprudence enables us to see how in practice this challenge is addressed when liberal democracies are confronted with borderline cases.


Paul Sereni (Centre d'Histoire des Systèmes de Pensée Modernes - CHSPM)
 
Communauté libérale, droits de l’homme et liberté: retour sur Sur la question juive de Marx
 
Le but de Sur la question juive est d’examiner les frontières de «l’émancipation politique», c’est-à-dire pour Marx les limites infranchissables de la citoyenneté. Pour s’en tenir à une formulation assez large, le problème est de savoir comment l’on peut considérer ce texte comme un questionnement pertinent des frontières de la «communauté libérale», alors qu’il s’agit d’un écrit fortement daté et situé, d’une part, et que, d’autre part, sa critique des différentes déclarations des droits de l’homme et du citoyen a pu non sans raison être jugée partielle et idéologique.
La thèse soutenue ici est que, quelque soit la manière dont on juge pour finir le concept de communauté qui oriente la critique marxienne de l’Etat libéral, on ne peut ignorer deux de ses arguments: l’un concernant les rapports entre les droits de l’homme et le but fixé à l’association politique, l’autre concernant les rapports entre ce même type d’Etat et la religion.
 
Liberal community, rights of man and freedom: return on Marx’s On the jewish question
 
The aim of Marx’s On the jewish question is to analyse the ends of «political emancipation», i.e. for Marx the insuperable boundaries of the liberal state and the community that this kind of state involves, wich seems concern the subject matter under discussion. However, can we consider this text of the young Marx as a relevant analysis of the ends of liberal community, although it’s a deeply contextualized text, what is dated, on the one hand, and, on the other hand, one may argue, with some reason, that his critics of the human rights is partial and ideological?
The position maintained here is that, whatever the manner one may judge the value of the concept of community that underlies the Marx’s critics of the rights of man and of the liberal state, we should not ignore two of his arguments: one regarding the connection between the rights of man and the aim of political association, one regarding the connection between the liberal state and the religions.


Lorena Stuparu (Institut des Sciences Politiques et de Relations Internationales de l'Académie Roumaine / Université de Bucarest)

Communauté libertaire. Une expression politique de la liberté absolue ?

Mon étude propose une analyse critique de la communauté libertaire "anarcho-capitaliste” dans la vision de David Friedman présentée dans l'ouvrage The Machinery of Freedom et, conjoitement, une interprétation de la possibilité de nouvelles relations entre le citoyen et l'État, entre l'individu et la société. L'étude de cas est encadrée théoriquement dans l'individualisme libéral comme une philosophie de la liberté dont l'expression est la création politique.
Dans le cadre d’une «théorie de la justice» qui décrit le principes fondamentaux de l'État démocratique, l'individualisme libéral conçoit la liberté comme la libéralisation politique, et celle-ci, plutôt que de réduire les contraintes consiste à promouvoir des initiatives du citoyen.
Dans ce contexte, les idées de Friedman en tant qu’auteur libertaire, en quelque sorte, transcendent le politique: la liberté absolue de l'individu garantis par la propriété privée, la libéralisation ou la privatisation de tous les secteurs d'activité, l’absolutisation de la concurrence versus l’État. À cet égard, non seulement la santé et l'éducation, mais aussi la défense, la création du droit et l'ordre public (fonctions de l'Etat classique) appartiennent à concurrence.
Si la liberté créatrice propre á la philosophie libérale n’ignore pas un certain type de foi dans l'harmonie des intérêts de différentes personnes dans la vraie civilisation du contrat et dans le cadre d’une véritable «démocratie libérale» (George Burdieu), la société anarcho-capitaliste de Friedman décrit un modèle communautaire dont l'objectif est la liberté absolue. Pour lui, l'homme n'est pas «l’être politique», mais un individualiste qui ne veut rien de plus que d'être laissé seul à vivre sa vie comme il le souhaite, sans accepter aucun compromis, même pas d'être protégé «par la force» contre soi-même. L’individu n'est pas un «but» ou un «milieu», mais il est une créature se déplaçant par inertie en quête de profit dans un monde sécularisé, dont la plupart du temps est réduit à des plaisirs éphémères.
L’approche libertaire de Friedman apporte à la notion de libéralisme classique une nouvelle définition de l’autonomie individuelle en termes de capitalisme absolu, y comprise la « liberté absolue » de l’individu garantie par la propriété privée qui lui permet d'obtenir tout ce qu'il veut, s’il l’achete: „If you want it, buy it!”(«Si vous le voulez, achetez-le»). Dans la société anarcho-capitaliste dont l'auteur de Machinery of Freedom ne conçoit pas comme un chaos (mais si répréhensible au moins sur le plan éthique) le principe de l'ordre c’est la concurrence dans tous les domaines, et les intérêts privés de l'individu sont situés au plus haut niveau.
Le message proposé par le libertarisme de Friedman se reflète dans ce que nous pourrions appeler «degré zéro» de l'ingérence de la propriété publique à la propriété individuelle privée, ce qui conduit à la dépolitisation des relations économiques, sociales, culturelles. En outre, en tant que doctrine de la fin de la politique, pour ainsi dire, le libertarisme de Friedman peut impliquer l'obtention de toutes les fonctions de gestion - y compris celui de «président de l’ État» - grâce à la concurrence, et non par la force des délégués des partis représentant la clientèle des quelques citoyens.
 
Libertarian community. Political expression of absolute freedom?

My study provides a critical analysis of the libertarian community "anarcho-capitalist" in the vision of David Friedman presented in the book The Machinery of Freedom and also, an interpretation of the possibility of new relations between the citizen and the state, between the individual and society. The case study is theoretically framed in liberal individualism as a philosophy of freedom whose expression is a political creation.
In the frame of a "theory of justice" which describes the fundamental principles of a democratic state, liberal individualism conceives freedom as political liberalization, and this, rather than to reduce constraints is to promote citizen initiatives.
In this context, Friedman's ideas as a libertarian writer in some wise transcend politics: the absolute freedom of the individual guaranteed by private property, liberalization or privatization of all sectors of activity, absolute competition versus the State. In this regard, not only health and education, but also the defense, the creation of law and public order (classic state functions) belong to competition.
If the creative freedom specifc of liberal philosophy does not ignore a certain kind of faith in the harmony of interests of different people in the real civilization of the contract and in the context of a genuine "liberal democracy" (George Burdieu), the Friedman’s anarcho-capitalist society describes community model whose goal is absolute freedom. For him, the man is not "being political", but an individualist who wants nothing more than to be left alone to live his life as he wishes, without any compromise, not even of be protected "by force" against himself. The individual is not a "goal" or “an instrument ", but he is a creature moving by inertia in pursuit of profit in a secularized world, and most time of him is reduced to fleeting pleasures.
The libertarian approach of Friedman brings to the notion of classical liberalism a new definition of individual autonomy in terms of absolute capitalism, including the "absolute freedom" of the individual guaranteed by private property which provides all what he wants, if he bought: "If you want it, buy it!". In the anarcho-capitalist society which the author of Machinery of Freedom doesn’t conceive as chaos (but so wrong at least ethically), the principle of order is competition in all areas, and private interests of the individual are the most important.
The message proposed by Friedman libertarianism is reflected in what we might call "degree zero" of the interference of public property to private individual ownership, which led to the moving beyond politics of economy, society and culture. In addition, as a doctrine of the end of the policy, so to speak, Friedman’s libertarianism may involve obtaining all management functions - including the "President of the State" - through competition, not by force of party delegates representing clients of some citizens.


Participants

BASILIEN-GAINCHE Marie-Laure marielaurebasilien@hotmail.fr
BOUDOU Benjamin benjamin.boudou@sciences-po.org
BUSEKIST (VON) Astrid astrid.vonbusekist@sciences-po.org 
DELEIXHE Martin martin_deleixhe@hotmail.com
FOUGÈRE Marianne mariannefougere@gmail.com
HACHIMI ALAOUI Myriam hachimim@univ-lehavre.fr
MORNINGTON Alicia-Dorothy aliciadorothy.mornington@gmail.com
PAGANI Camilla camilla.pagani@sciences-po.org
PÉLABAY Janie janie.pelabay@sciences-po.org
SCHMIDT Nathalie nathalie.schmidt@sciences-po.org
SERENI Paul paul.sereni@laposte.net
STUPARU Lorena l_stuparu@yahoo.com

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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