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Section Thématique 65

Des « politiques » de l’intersectionnalité. Un regard comparatif sur l’institutionnalisation du traitement des discriminations multiples en Europe
The Politics of Intersectionality. A comparative perspective on the institutionalization of policies tackling multiple discriminations in Europe

Responsables

Maxime FOREST (Sciences Po, OFCE-PRESAGE) maxime-forest@hotmail.fr
Réjane SÉNAC (CNRS-CEVIPOF) rejane.senac@sciences-po.fr

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Dans le prolongement de groupes de travail et sections thématiques organisés lors de congrès de l’ECPR (Lisbonne 2009 ; Budapest, 2011 ; Reykjavik, 2011) , de l’Association Espagnole de Science politique (Malaga, 2009) et de l’AFSP (Lyon, 2005 ; Strasbourg, 2011), cette section thématique propose d’analyser, dans une perspective comparée, l’institutionnalisation de politiques publiques prenant en compte l’intersection de différents marqueurs d’identité tels que le sexe, l’origine ethnique, la citoyenneté, l’âge, l’orientation sexuelle ou le handicap et leurs conséquences en termes de discriminations croisées, multiples, ou «multicritères».
Si ces problématiques ont fait l’objet d’un intérêt académique renouvelé dès le début des années 1990 – notamment aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Europe du Nord -, elles demeurent encore peu étudiées en France. Ainsi, alors même que les études de genre se  sont intéressées de longue date aux effets conjugués du sexe et de la classe, investissant plus récemment ceux au croisement de l’origine ethnique et du genre, et tandis que la réception tardive des théories queer permet d’y aborder de manière croissante l’intersection du genre et de l’orientation ou de l’identité sexuelle, fait encore largement défaut une perspective de science politique sur les discriminations multiples. D’autre part, le caractère dépolitisant des politiques de la parité et de la diversité initiées aux tournants des années 1990 et 2000 (Sénac, 2007 ; 2012), tend à y affranchir la réflexion conduite sur la reconnaissance des différences et leur traitement en termes de politiques publiques, des concepts et problématiques articulés à l’échelle européenne. Tel est l’un des constats posés dans le cadre de la ST 22 « Des politiques d’égalité aux politiques de l’identité : parité, diversité, intersectionnalité » du dernier congrès de l’AFSP. Les papiers présentés à Strasbourg ont souligné que cette notion cristallise une difficulté à dire et penser la dynamique des rapports sociaux, et à appréhender les discriminations multiples dans le droit et les politiques publiques. Ce point de tension traverse à la fois la littérature européenne qui leur est consacrée (Lombardo, Meier, 2009) et l’institutionnalisation de leur traitement par les politiques publiques (Krizsan, Squires, Skjeie, 2012).
Ainsi, alors que le concept d’intersectionnalité est peu à peu introduit dans le vocabulaire des sciences sociales en France (Jaunait 2012), des espaces scientifiques sont nécessaires pour échanger sur les catégories conceptuelles et les réponses en termes d’action publique élaborées en France et en Europe afin de saisir l’intersection de différentes sources d’inégalité et de discrimination. Eu égard au rôle du niveau communautaire dans la promotion d’un traitement intégral des discriminations, un tel regard comparatif trouvera à s’appuyer à la fois sur les travaux récents conduits sous l’angle de l’européanisation des politiques publiques nationales, et sur l’institutionnalisme sociologique et discursif (Schmidt, 2010 ; Lombardo & Forest, 2012), qui met l’accent sur le « cadrage » discursif des politiques publiques en fonction de contextes institutionnels et de configurations d’acteurs qui varient fortement d’un pays européen à l’autre. La participation de chercheur-e-s français et étrangers aura notamment vocation à éclairer ces débats d’une autre réalité empirique que celle à l’appui de laquelle s’est développée l’analyse des « intersections » – à savoir des sociétés ayant jusque très récemment opté pour le paradigme du multiculturalisme comme mode de régulation des différences (Forest, 2010).
Les problématiques du traitement conceptuel des discriminations multiples (du point de vue notamment de la sociologie du droit et de l’action collective) et de l’institutionnalisation de réponses en termes de politiques publiques dans les sociétés européennes, seront abordées de manière complémentaire au cours de deux sessions de 2h45.
 
Intersectionality is a widely discussed concept, which notably challenges equality and anti-discrimination policies as appropriate means to tackle multiple discriminations and intersecting inequalities. Following the contributions to earlier reflections carried out within the ECPR, the Spanish Political Science Association (AECPA) and the French Political Science Association (AFSP), this thematic section aims at providing a comparative assessment of the institutionalization of policies tackling more than one discrimination ground at once in Europe, taking into account the domestic impact of Europe on equality and anti-discrimination policies, as well as national paths of institutionalization. Drawing upon recent contributions to sociological and discursive institutionalisms (Schmidt, 2010; Lombardo & Forest, 2012), which place the emphasis on policy discursive frames, our discussions will develop a critical assessment of paradigm shifts in tackling multiple discriminations and intersecting inequalities as those currently affecting the making of equality policies at the EU-level and in the member states. The thematic section also intends to fully associate scholarly works carried out in France on the shift from equality to identity politics, mainly through the lens of “diversity politics”, to the international debates on intersectionality. Thus, we expect to provide foreign scholars with a different empirical reality, to be characterized by the difficulty to acknowledge differences among citizens without breaching a universalistic approach of citizenship. Our dual perspective on the concepts and the institutionalization of policy responses will be reflected into the structure of the thematic section, which will be divided into the following sessions: “Towards the emergence of a new object for political science: French contributions to intersectionality studies” and “The institutionalization of policies tackling multiple discriminations in Europe: between Europeanization and Path Dependency”.
 
Références bibliographiques indicatives

Corbeil Christine et Marchand Isabelle, « Penser l’intervention féministe à l’aune de l’approche intersectionnelle : défis et enjeux », Nouvelles pratiques sociales, vol. 19, no 1, 2006, p. 40-57.
Jacquot Sophie, « L’instrumentation du gender mainstreaming à la Commission européenne : entre ‘ingénierie sociale’ et ‘ingénierie instrumentale’ », Politique européenne, n° 20, automne 2006, p. 33-53.
Jaunait Alexandre, Sébastien Chauvin, « Représenter l’intersection », Revue française de science politique, 1/2012 (Vol. 62), p. 5-20.
Kergoat Danièle, « Dynamique et consusbtantialité des rapports sociaux », dans Elsa Dorlin (dir.), Sexe, race, classe – Pour une épistémologie de la domination, Paris, puf, 2009, p. 111-125.
Krizsan Andrea, Hege Skjeie  and Judith Squires (ed.), Institutionalizing Intersectionality - The Changing Nature of European Equality Regimes, Palgrave Macmillan, 2012.
Lanquetin Marie-Thérèse, « Égalité, diversité et discriminations multiples », Travail, genre et sociétés, no 21, avril 2009, p. 91- 106.
Lombardo Emanuela, Mieke Verloo, “Institutionalising intersectionality in the European Union? Policy developments and contestations ”. In International Feminist Journal of Politics, 2009, 11, 4, p. 478–495.
Lombardo Emanuela, Petra Meier and Mieke Verloo (eds). 2009. The Discursive Politics of Gender Equality. Stretching, Bending and Policy-making . London: Routledge, 2009. Lombardo Emanuela, Mieke Verloo, “Contentious citizenship: feminist debates and practices and European challenges ”, Feminist Review 92, 2009, p.108-128.
Lombardo Emanuela, Forest Maxime (eds), The Europeanization of Gender Equality Policies. A Discursive-sociological Approach, Basingstoke, Palgrave Macmillan, « Gender and Politics Series », 2011.
Pélabay Janie, « La “diversité profonde” selon Charles Taylor : quelle pertinence pour l’Union européenne ? », dans Gwendolyne Cressman (dir.), Multiculturalisme, modernité et citoyenneté / Multiculturalism, Modernity and Citizenship, ranam (Recherches anglaises et nord-américaines), no 42, 2009, p. 39-54.
Squires Judith, « Diversity mainstreaming : dépasser les approches technocratiques et d’addition des inégalités », Cahiers du genre, no 44, 2008, p. 73-94.
Squires Judith, “Evaluating Gender Mainstreaming in the Context of EU Diversity Strategies”. ECPR Joint Sessions of Granada, 14-19 April, Workshop on “The Future of Gender Equality in the European Union”, 2005.
Squires Judith, Skeje Hega, Krizsan Andrea (dir.), Institutionalizing Intersectionnality, Palgrave Macmillan, « Gender & Politics Series », 2012.
Stratigaki Maria, « La politique du recul. De l’intégration de l’égalité “des sexes” à l’intégration de l’égalité “pour tous” », Cahiers du genre, no 44, 2008, p. 49-72.
Woodward Alison E. (2005). “Too Late for Mainstreaming? Dealing with Difference in Brussels”. ECPR Joint Sessions of Granada, 14-19 April 2005, Workshop on “The Future of Gender Equality in the European Union”.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : 9 juillet 2013 14h-16h45
Session 2 : 10 juillet 2013 14h-16h45

Voir planning général...

Lieu : Batiment A (27 rue Saint-Guillaume), salle A35 pour la session 1 et A15 pour la session 2


Programme

Axe 1 / Penser l'intersection des politiques de l'égalité et de l'identité

Président : Maxime Forest (Sciences Po, OFCE-PRESAGE)

Discutante : Justine Lacroix (Université Libre de Bruxelles, Centre de théorie politique)

Axe 2 / Les enjeux du traitement intersectionnel des discriminations multiples

Présidente : Réjane Sénac (CNRS - CEVIPOF)

Discutante : Petra Meier (Université d’Anvers)


Résumés des contributions

Sophie Guérard de Latour (Université de Paris I – Panthéon Sorbonne, PhiCo-NoSoPhi)

Le multiculturalisme, un projet républicain ?

L’appropriation de la thématique du multiculturalisme par les partisans du républicanisme fait l’objet de cet article. Dans un premier temps, il est permis de se demander si l’idée même d’un multiculturalisme républicain fait sens ; mais comme je le montrerai, le refus d’un projet multi- culturel républicain est une exception française. Or, chez les penseurs néo-républicains, tels Philip Pettit, John Maynor et Cécile Laborde, le multiculturalisme a reçu une attention particulière. Je montrerai les particularités de chacune de ces approches et en particulier, comment les travaux de Laborde arrivent à résoudre des tensions que la pensée néo-républicaine entretient avec la reconnaissance de la diversité culturelle, en ajoutant une perspective critique à la voie délibérative ouverte par Maynor. L’originalité du multiculturalisme républicain consiste ainsi à rappeler le caractère instrumental de la politisation des identités minoritaires, puisqu’il s’agit à chaque fois de lutter contre l’assignation identitaire que subissent les membres des minorités, et non pas de valoriser publiquement leurs différences.
 
Multiculturalism, a republican project ?

The appropriation of the theme of multiculturalism by republican thinkers is the subject of this article. One may start by doubting that the very idea of a republican multiculturalism makes any sense, but as I shall show, the repudiation of any multicultural republican project is a French exception. Neo-republican thinkers such as Philip Pettit, John Maynor and Cécile Laborde have given special attention to multiculturalism. I will investigate the peculiarities of each of these approaches and, in particular, how Laborde resolves the tensions that neo-republicans may enter- tain with the recognition of cultural diversity, by inserting a critical perspective in the delibera- tive proposition initiated by Maynor. The originality of a republican multiculturalism is thus to recall the instrumental nature of the politicization of minority identities in the struggle against the ascription of identity faced by minorities, and not to enhance their public differences.

Alain Policar (Université de Limoges)

L’« argument de l’intégration » (Dworkin) est-il compatible avec le libéralisme ?

Avec son argument de l’intégration, Dworkin reprend l’interrogation tocquevilienne sur ce qui peut constituer la matrice d’une communauté politique aux temps démocratiques. La structure conceptuelle supposée par la notion d’intégration, en rupture apparente avec les principes du libéralisme, attribue un caractère déterminant, non à l’individu, mais à la communauté. Reconnaître l’importance de celle-ci implique-t-il nécessairement la primauté normative des valeurs communes ? La notion de « communauté libérale » est-elle un oxymore ? Le mérite de la conception dworkinienne est d’attirer l’attention sur le fait qu’un citoyen intégré se sentira affecté par les actes politiques formels accomplis au nom de sa communauté.  Ce faisant, elle  cherche à réunir morale politique et intérêt personnel, persuadé que vivre au sein d’une communauté injuste diminue la valeur de sa propre vie. Ceci ne signifie pas que les institutions politiques doivent avoir pour but de nous rendre vertueux, mais qu’elles doivent permettre, au-delà des désaccords politiques, l’expression d’un véritable intérêt politique partagé. La théorie de l’intégration ainsi conçue renouvelle l’idée fondamentale du bien public. Elle implique que la légitimité de l’État libéral est liée à la reconnaissance par les citoyens de valeurs partagées et intériorisées dans une culture politique.
L’approche de Dworkin, loin d’être en contradiction avec l’individualisme libéral, constitue un enrichissement décisif de celui-ci.
 
Is the “argument of integration” (Dworkin) consistent with liberalism?

With his “argument of integration”, Dworkin takes up the Tocquevillian questioning again on what can make up the matrix of a political community in democratic periods. The conceptual structure inferred by the notion of integration, apparently disconnected with the principles of liberalism, doesn’t bestow a determining importance upon the individual but upon the community.  Does admitting the importance upon the latter inevitably imply the normative primacy of common values? Is the notion of liberal community an oxymoron? To its credit, the Dworkinian conception attracts our attention on the fact that an integrated citizen will feel concerned by the formal political acts carried out on behalf of his community. Therefore, the community attempts to combine political ethics with personal interest, convinced that living within an unfair community lessens the value of one’s own life. It doesn’t mean that the political institutions should aim at making us virtuous but should, beyond political dissensions, allow the expression of a shared genuine political interest. Thus, the theory of integration renews the fundamental conception of the public weal. It implies that the legitimacy of the liberal State is in connection with the acknowledgement by the citizens of values both shared and included in a political culture.
Dworkin’s thesis, far from being opposed to liberal individualism, adds positively to it.


Janie Pélabay (CEVIPOF)

Gouvernance de la diversité et valeurs communes. Une analyse à partir du Rapport Bouchard-Taylor  

Avec l’échec proclamé du multiculturalisme et la montée des résistances aux « politiques de la différence », le langage des « valeurs communes » a pris une importance croissante, tant dans les discours publics qu’au plan des politiques et programmes d’intégration. Aujourd’hui, la volonté de gouverner la diversité par les « valeurs communes » prédomine. Cette approche peut-elle se concilier avec la quête d’une intégration pluraliste, soucieuse d’accueillir favorablement le pluralisme axiologique, culturel et religieux ? Dans un premier temps, on  proposera une mise en perspective théorique de cette question, en dégageant trois modèles – et trois grands moments – relatifs au traitement public de la « diversité », correspondant successivement à : la tolérance, la reconnaissance, la gouvernance. Dans un second temps, cette réflexion sera inscrite dans le contexte pratique de la controverse québécoise sur les « accommodements raisonnables » au travers d’une analyse du Rapport Bouchard-Taylor (2008). On verra alors en quoi certaines des recommandations en faveur d’une intégration pluraliste, voire d’un pluralisme intégrateur, entrent en tension avec la mobilisation de la référence à des « valeurs communes ».
 
Diversity Governance and Common Values. A study based on the Bouchard-Taylor Report

In line with the proclaimed failure of multiculturalism and with the rise in resistance to difference politics, the discourse of ‘common values’ has become of increasing importance in public discourses as well as integration programs and policies. The willingness to govern diversity by means of ‘common values’ now prevails. Can this approach be compatible with the quest for a pluralistic integration, one that is hospitable to religious, cultural and value pluralism? The presentation will start by framing this question theoretically, thus bringing out three models – and great moments – regarding public management of diversity: i.e. tolerance, recognition and governance, successively. This study will then be replaced within the practical context of the Quebecer controversy over ‘reasonable accommodation’. Based on an analysis of the Bouchard-Taylor Report (2008), this second part will focus on the tensions between some recommendations in favor of pluralistic integration, or even integrative pluralism on the one hand, and the use of a language of ‘common values’ on the other hand.

Réjane Sénac (CNRS – CEVIPOF)
 
L’institutionnalisation d’une égalité dans la différence : parité, diversité, intersectionnalité

L’invention contemporaine de la parité et de la diversité en France interroge la compatibilité entre la notion républicaine d’égalité dans une tradition universaliste réputée en crise, la notion d’identité dans un contexte multiculturel et la notion d’utilité au nom d’un libéralisme vertueux. En écho aux recherches dénonçant l’institutionnalisation française de la promotion de la parité et de la diversité comme une dépolitisation refoulant le répertoire conflictuel de l’anti-discrimination et occultant les rapports de pouvoir, en particulier leur sexualisation et leur « racialisation », notre propos est d’explorer en quoi cette dépolitisation est politique. Pour cela, nous analyserons les liens entre la grammaire de l’injustice et les théories de la justice dans les débats internationaux sur l’intersectionnalité. Comment l’égalité, pensée comme valeur, objectif et droit, résiste-t-elle à l’émergence du référentiel de l’investissement social ?
Nos recherches sur la promotion de la parité et de la diversité analysent le glissement des politiques de l’égalité aux politiques de l’identité refondant le modèle républicain sur une quête d’unité par la valorisation des différences. Les politiques d’égalité sont ainsi conditionnées à la performance des différences au sens à la fois de leur théâtralisation d’intérêts et d’identités spécifiques (standing for/acting for) et de leur rentabilité dans une perspective néo-libérale.

An Institutionalization of a “Conditional Equality” based on how differences “perform”: Parity, diversity, intersectionality

The French contemporary invention of parité and diversité questions the compatibility of the notion of republican equality in a universalist tradition renowned in crisis, the notion of identity in a multicultural context and the notion of utility in the name of virtuous liberalism. In echo of the researches denouncing the French institutionalization of the promotion of parité and diversité as a depoliticization led to an avoidance of the conflicting legal repertoire of anti-discrimination and to an obscuring of the relationships of power, in particular their sexualism and “racialisation”, the purpose is to explore whether this depoliticizing is itself political. We analyze the link between the grammar of injustice and theories of justice in the international debate on intersectionality.
How can equality, thought of as a value, an objective and a right, resist being swallowed by the “referential” (normative frame) of social investment? Our researches on the promotion of parité and diversité analyzes the shift from a politics of equality towards a politics of identity basing the republican model on a quest for unity where difference is valued. The politics of equality are so linked to how difference performs. Performance can be understood in two different ways here: firstly, as a mise en scene (standing for/acting for) of specific identities and interests; secondly, from a neo-liberal perspective, as capital gain (increase in value).


Ludivine Thiaw-Po-Une (Université Paris Sorbonne - Paris IV)
 
Trois approches du traitement des discriminations multiples en Europe : Entre impulsion communautaire et path dependency

Il existe, en Europe, plusieurs approches des discriminations multiples : des politiques abordant les inégalités génériques indépendamment des autres inégalités, des politiques intégrant le concept d’inégalités multiples à leurs démarches et des approches intersectionnelles de ces inégalités. Le critère des politiques étatiques se fonde sur la réponse à la question de savoir si les différents besoins d’égalité sont équivalents ou bien s’ils sont traversés de conflits.
A suivre l’article 13 du Traité d’Amsterdam, nous disposons de six concepts afin de lutter contre les discriminations : le sexe, la race, l’origine ethnique, le handicap, l’âge, la religion, les orientations sexuelles. Quelle est la compatibilité interne de ces notions ? Quelle incidence exercent les réseaux de leurs compatibilités sur les politiques publiques ? De quoi dépendent les choix d’intégration des inégalités multiples ?
Nous retiendrons trois axes de réflexion. Premièrement, le conflit de droits impliqué par l’institutionnalisation des discriminations multiples; deuxièmement, les voies de conciliation entre impulsion communautaire et « path dependency » des Etats ; troisièmement la problématique de la contrainte communautaire qu’il conviendrait d’imposer (ou pas) aux Etats européens afin de favoriser une meilleure intégration des inégalités multidimensionnelles aux politiques publiques.

Three Approaches of Multiple Discriminations Within Europe: Horizontal Answers and Path Dependency of the States

There are several approaches of multiple discriminations within Europe: the policies that address gender inequalities without any mention of the other kinds of inequalities, the policies that integrate the notion of multiple inequalities and the intersectional approaches of these inequalities. The criterion used by each of these approaches results from a different answer to the following question: are the several needs for equality equivalent or are they rather conflictual ?
The article 13 of the Amsterdam Treaty provides us with six key notions in order to fight against discriminations: sex, race, ethnical origin, disability, age, religion and sexual orientation. Are all of these ideas compatible? What kind of influence do their networks of compatibility have on public policies? On what depend the different choices of regarding how to integrate these multiple inequalities?
In order to answer these questions, I focus on three points: first, the conflict of rights implied by the institutionalization of multiple discriminations within Europe; Second, the ways of conciliation between the communitarian approach and the path dependency of the states; Third, the problem of the communitarian constraint that we should (or not) impose to the European states so that they might produce a better integration of multiple inequalities into their public policies.

 
Annalisa Lendaro (Ecole Nationale d’Administration Publique du Canada - ENAP)

Nommer et agir sur les populations discriminées. Une comparaison de deux dispositifs locaux de lutte contre les discriminations multiples en France et en Italie

Cette communication interroge la notion de discrimination au prisme des dispositifs publics locaux qui visent à lutter contre certaines inégalités socio-économiques. Le choix de comparer deux cas, l’un en France et l’autre en Italie, permet de comprendre les différences sociétales qui distinguent deux postures de l’action publique face à l’objet des « discriminations raciales ». Par cette approche constructiviste nous souhaitons porter un éclairage sur les liens, que nous faisons l’hypothèse être spécifiques dans chacun des deux contextes étudiés, entre les modalités de lutte contre les discriminations multiples et la conception de la justice sociale qui sous-tend à la mise en œuvre de dispositifs publics, notamment dans le domaine de l’insertion professionnelle. Les acteurs de la mise en œuvre territoriale (la région, l’Etat déconcentré, la municipalité, les branches professionnelles, les associations etc.) et les instruments qu’ils mobilisent pour se coordonner dans la construction d’un « bien commun territorial » (Mériaux et Verdier 2009) sont au centre de notre réflexion sur les interprétations et les usages sociaux du concept de discrimination  (Cerrato Debenedetti 2010). Assiste-t-on à une construction régionale de ce qu’est une discrimination raciale et de ce qu’est légitime de mettre en place comme dispositif public de lutte et/ou de prévention (ex. combinaison avec des mesures s’adressant aux femmes, aux minorités religieuses etc.) ? Quelles spécificités sociétales distinguent la région PACA et la région Ligurie ?

Naming and acting for the victims of discriminations. A comparison between two local experiences in France and in Italy.

This research compares two anti-discrimination policies, the first one in France, the second one in Italy. The aim is to underline the links between the specific way to fight racial discriminations on the labour market and the conception of social justice that orients the implementation of a public policy in these two regional contexts (the PACA region in France and the Liguria region in Italy). Is a regional conception of the collective fight against discriminations possible at the regional level ?


Maxime Forest (PRESAGE-Sciences Po / OFCE)

L'intersectionnalité au prisme de la diversité? Un regard décentré sur la fabrique des politiques d'égalité et de lutte contre les discriminations en France

Cette contribution aborde dans une perspective comparée, les politiques d’égalité et de lutte contre les discriminations conduites en France. Un certain nombre de travaux y interrogent le caractère dépolitisant des politiques de la parité et de la diversité (Sénac, 2007 ; 2012). Si ces derniers ne méconnaissent pas la généalogie internationale du concept de diversité (Sabbagh, 2009), et si les études consacrées à la construction des droit français de la non-discrimination pointent l’apport essentiel du droit de l’UE, ces corpus peinent à articuler l’évolution des politiques françaises avec les débats noués, au niveau international, autour du traitement des discriminations multiples et de l’intersection entre différents motifs de discrimination. Ce constat est renforcé par le fait que la littérature sur « l’intersectionnalité » y demeure centrée sur la réception du concept au regard des catégories forgées par les sciences sociales hexagonales. Cette contribution envisagera la diffusion du vocable de la diversité à l’aune des catégories conceptuelles et des approches développées ailleurs en Europe. Cette analyse critique s’appuiera sur l’approche inspirée de l’institutionnalisme discursif développée in Lombardo & Forest (2012), et la perspective institutionnaliste historique adoptée in Alonso, Bustelo, Forest et al. (2012). Notre hypothèse sera que la diversité constitue une stratégie discursive, adoptée dans un contexte national dépendant vis-à-vis du Droit et des trajectoires d’institutionnalisation des politiques d’égalité et de lutte contre les discriminations.

« La diversité » vs. intersectionality? An analysis of the diverging framing of multiple discriminations in France and the EU

This paper addresses recent developments of equality and anti-discrimination policies in France, through the lens of current debates on multiple discriminations and intersecting inequalities in Europe. Partly grounded into the literature on parity politics, which unravelled different framings of gender equality, it adopts a broader perspective informed by a discursive-sociological approach to the Europeanization of gender & other equality policies (Lombardo, Forest, 2012). Paying attention to the shift, at the EU-level, towards an “additive” anti-discrimination approach, this contribution critically assesses the diffusion of the notion of diversity in France and its implications for addressing multiple discriminations through legislative, institutional and policy arrangements. It draws upon the interpretive analysis of policy texts carried out under the EU-funded QUING project (FP6, 2007-2011), and the institutional approach adopted in Alonso, Bustelo, Forest et al. (2012). Our hypothesis will be that similarly to parity, diversity is not a proxy for policy innovation nor a French exception, but a discursive strategy to be read in the light of policy transfers from the EU-level, with respect to the challenge of including multiple inequalities under a same policy paradigm. This paper will conclude with a critical review of the most recent bricks brought to the making of French anti-discrimination policies.


Participants

FOREST Maxime maxime-forest@hotmail.fr
GUÉRARD DE LATOUR Sophie sophie.guerard-de-latour@univ-paris1.fr
LACROIX Justine jlacroix@ulb.ac.be
LENDARO Annalisa annalisa.lendaro@univ-amu.fr
MEIER Petra petra.meier@ua.ac.be
PÉLABAY Janie janie.pelabay@sciences-po.fr
POLICAR Alain alain.policar@unilim.fr
SÉNAC Réjane rejane.senac@sciences-po.fr
THIAW-PO-UNE Ludivine ludivine.thiawpoune@gmail.com

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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Téléphone : 01 45 49 77 51
Courriel : afsp@sciences-po.fr