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Section Thématique 19

Penser les régimes urbains
(Re)thinking urban regimes

Responsables

Stéphane CADIOU (Université de Nice Sophia-Antipolis – ERMES) stephane.cadiou@orange.fr
Gilles PINSON (Institut d’études politiques de Lyon – TRIANGLE) gilles.pinson@sciencespo-lyon.fr

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Les approches des politiques urbaines en termes de « régimes » ont aujourd’hui un peu plus de vingt ans. Développées par la science politique nord-américaine (Elkin, 1987 ; Stone, 1989), ces approches considèrent que les villes sont caractérisées par une « capacité de gouvernement », et les politiques urbaines élaborées par des coalitions informelles, mais stables unissant des groupes d’acteurs porteurs de ressources et d’intérêts variés. Dans cette perspective, les travaux américains ont surtout insisté sur l’interdépendance entre autorités politiques et milieux d’affaires locaux dans la construction des régimes urbains.
 
Les tentatives d’acclimatation en Europe et en France ont fait long feu. Mises à part quelques rares tentatives (Cole, John, 1998 ; Dormois, 2006 ; Pinson, 2010), le débat ouvert au milieu des années 1990 semble avoir été aussitôt refermé (Le Galès, 1995). Les différences contextuelles seraient bien trop grandes pour permettre l’usage d’un concept marqué par ses origines américaines. Comme le reconnaissent eux-mêmes les utilisateurs anglo-saxons du concept, l’un de ses défis est en effet celui des conditions de son transfert (Mossberger, 2009). Le pari des organisateurs de cette section thématique est qu’il est prometteur de rouvrir le dossier des régimes urbains européens pour éclairer les modes de gouvernement urbain au regard de l’existence d’arrangements entre intérêts et des transformations contemporaines des villes. La mobilisation de l’approche des régimes urbains en France et en Europe revêt en effet un intérêt à la fois théorique, empirique et méthodologique.
 
-       L’intérêt théorique :
Clairement insérée dans une tradition d’économie politique inspirée par Lindblom (1977), l’approche des régimes permet de réarticuler l’analyse du politique urbain avec son substrat socioéconomique qu’une science politique du local, focalisée sur les conditions d’exercice du métier politique, a tendu à évacuer. L’intérêt est à la fois d’interroger les effets de la globalisation et de la transformation du capitalisme sur les formes de gouvernement des villes, mais aussi d’examiner les modes de médiation entre autorités politiques et groupes sociaux.
 
Intégrant les préoccupations de politiques publiques, les travaux sur les régimes ont, en outre, l’intérêt d’interroger la question du pouvoir dans ses différentes dimensions. D’une part, la théorie des régimes est l’un des avatars de la longue controverse sur le « pouvoir dans la communauté » entre élitistes et pluralistes. Elle donne à voir une politique urbaine dominée par des enjeux de croissance et par des acteurs inégalement mobilisés autour de tels agendas. Elle permet donc de reposer la question de la stratification du pouvoir en ville dans un contexte marqué par la compétition urbaine et le retour en force des intérêts de la rente foncière. D’autre part, l’approche des régimes est aussi sensible à une sociologie fine des dispositifs et réseaux informels qui permettent de reconstituer une capacité d’action collective (un « pouvoir de ») dans des environnements marqués par la dispersion des ressources. Elle propose ainsi une perspective d’analyse « agrégative » qui gagnerait néanmoins à s’enrichir d’une lecture également conflictuelle des politiques urbaines (Imbroscio, 2003 ; Nicholls, 2005).
 
-      L’intérêt empirique :
Parce que la notion de régime suggère une diversité des arrangements au fondement du gouvernement des villes, cette perspective constitue une incitation à mener des enquêtes comparatives sur les éléments constitutifs de ces régimes (acteurs, échelles, circuits de coopération) et leurs effets en termes d’orientations des politiques urbaines (Stone, 1993 ; Mossberger, 2009). Elle a déjà donné lieu à des propositions de typologie des régimes. Elle permet ainsi de rompre avec une vision par trop générique du « pouvoir local » et de s’interroger sur les manières très variables dont sont gouvernées les villes en fonction de leur position dans la hiérarchie urbaine et des équations sociales qui les caractérisent. De ce point de vue, les réformes territoriales, la réorganisation des modes de représentation des intérêts privés, le développement de mouvements contestataires, ou encore l’épuisement de structures anciennes d’encadrement offrent autant de nouvelles opportunités d’interroger les rapports différenciés, ici et là, entre les autorités publiques et les sociétés civiles.
 
-      L’intérêt méthodologique :
Les premières tentatives d’importation du concept ont souligné les difficultés d’une comparaison transnationale (Harding, 1994 ; Jouve, 2003). Ce constat a poussé à amender le concept de régime urbain pour mieux prendre en compte les bureaucraties publiques et l’État et mieux différencier les régimes urbains. Dès lors, en nous intéressant aux usages possibles de ce concept, il convient plus généralement de réfléchir sur la mesure du changement dans les modes de gouvernement des villes (est-ce un concept analytique ou circonscrit dans le temps ?) et sur l’évaluation des effets des coalitions sur les politiques urbaines (comment mesurer l’impact des arrangements sociopolitiques ?).
 
L’objectif de la section thématique est d’encourager la production d’enquêtes localisées sur la sociologie des coalitions d’intérêts et de s’inscrire dans un champ de controverses pour apprécier les éventuelles singularités continentales. Il s’agit donc de croiser, si possible autour de deux sessions, des études de cas avec des réflexions thématiques sur les composantes des régimes. Cette section vise donc à explorer les nouvelles perspectives d’analyse offertes par l’approche des régimes urbains.

 
The “urban regimes” analytical framework is now more than twenty years of age. Developed by the North American political science (Elkin, 1987; Stone, 1989), this framework assumes that cities are characterized by a “political capacity” and that urban policies are conceived and implemented by coalitions, informal but stable, which unit groups holding different resources and interests, but tied by strong interdependencies. The researches conducted in this framework in North American cities have mainly put the emphasis on two kind of actors involved in regimes: politicians and local business community representatives.
 
Attempts to adapt this framework to European and French contexts have been quite scanty. Apart from a few attempts (Cole, John, 1998; Dormois, 2006; Pinson, 2010), the debate opened in the mid-1990s seems to have been immediately closed (Le Gales, 1995). Contextual differences would be too important to permit the use of a concept influenced by its American origins. Rather, we consider timely to reopen the debate right now.
 
First, there is a theoretical interest to do so. Inserted in a tradition of political economy, the urban regimes approach allows re-articulating the analysis of urban policy with its socioeconomic substrate, to examine the effects of globalization on urban governance. Besides, regime approach allows readdressing the "power in the community" issue, in a renewed context characterized by inter-city competition of urban boosterism. It opens the way for a fine-grained sociological work on informal networks that are at the basis of the reconstruction of a collective political capacity.
 
Second, there is an empirical interest in reconsidering the use of urban regime theory. The very notion of regime suggests a variety of arrangements at the basis of city governance and is thus an incentive to conduct comparative research to identify the components of regimes and the outcomes of regimes in terms of policies. It helps to break up with a too generic vision of the "local" and to consider the different ways in which cities are governed according to their position in the urban hierarchy and their social equations.
 
Third, there is a methodological interest. The first attempts to import the concept highlighted the difficulties of a cross-national comparison. This has led to amend the urban regime concept to better take into account the State and public bureaucracies in order to differentiate urban regimes. The objective of our workshop is to progress in the identification of the shortcomings of this framework and ways to adapt it to new contexts.

 

Références

Cole A., John P., « Urban regime and local governance in Britain and France », Urban affairs review, vol. 33, 1998.
Dormois R., « Structurer une capacité politique à l’échelle urbaine. Les dynamiques de planification à Nantes et à Rennes », Revue française de science politique, vol. 56, n°5, 2006.
Elkin S., City and regime in the American republic, Chicago: University of Chicago Press, 1987.
Harding A., « Urban regimes and growth machines : Toward a cross-national research agenda », Urban Affairs Quarterly, vol. 29, 1994.
Imbroscio D. L., « Overcoming the Neglect of Economics in Urban Regime Theory », Journal of Urban Affairs, vol. 25, n°3, 2003.
Nicholls W. J., « Power and Governance : Metropolitan Governance in France », Urban Studies, vol. 42, n°4, 2005.
Jouve B., « Gouvernance métropolitaine : vers un programme de recherche comparatif », Politique et sociétés, vol. 22, n°1, 2003.
Le Galès P., « Du gouvernement des villes à la gouvernance urbaine », Revue française de science politique, vol. 45, n°1, 1995.
Lindblom C.E., Politics and markets: the world’s political economic systems, Basic Books New York, 1977.
Mossberger K., « Urban Regime Analysis », in Jonathan S. Davies, David L. Imbroscio (eds.), Theories of Urban Politics, Second edition, Londres, Sage, 2009.
Pinson G., « La gouvernance des villes françaises. Du schéma centre-périphérie aux régimes urbains », Métropoles, n°7, 2010.
Savitch H., Kantor P., Cities in the International Marketplace. The Political economy of Urban Development in North America and Western Europe, Princeton University Press, Princeton, 2002.
Mossberger K., Stoker G., « Urban Regime theory in comparative perspective », Environment and Planning C : Government and Policy, vol. 12, 1994.
Stone C. N., Regime Politics : Governing Atlanta, 1946-1988, University Press of Kansas, Lawrence, 1989.
Stone C. N., « Urban Regimes and The Capacity to Govern : A Political Economy Approach », Journal of Urban Affairs, vol. 15, n°1, 1993.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : 9 juillet 2013 14h-16h45
Session 2 : 10 juillet 2013 14h-16h45

Voir planning général...

Lieu : Batiment J (13 rue de l'Université), salle J 210


Programme

Axe 1 / Les régimes urbains en pratiques : stratégies et alternatives de développement

Discutants : Stéphane Cadiou (Université de Nice – ERMES) et Emmanuel Negrier (CEPEL – Montpellier 1)

Axe 2 / Les régimes urbains en chantiers : échelles et récits

Discutants : Gilles Pinson (IEP de Lyon – TRIANGLE) et Max Rousseau (CIRAD Montpellier)


Résumés des contributions

Deborah Galimberti (Université Jean Monnet, TRIANGLE UMR 5206)
 
Les régimes (urbains) à l’épreuve des échelles. Réflexions à partir du cas des politiques de compétitivité territoriale dans la région urbaine milanaise

La question des échelles a été très rarement abordée par les recherches appliquant la notion des régimes urbains. Pourtant, la production scientifique sur la dite gouvernance multi niveau, traite précisément de la question de la coordination et de la construction d’une capacité d’action collective. Dans cette communication nous voudrions questionner la prégnance de l’approche par les régimes, comme cadre d’analyse des modes de gouvernance urbaine, en la mettant à l’épreuve des échelles territoriales. Pour cela, nous analyserons les mécanismes de régulation des politiques de compétitivité territoriale dans la région urbaine milanaise au cours des vingt dernières années. L’absence d’une institution administrative formellement reconnue à l’échelle métropolitaine a incité les acteurs engagés dans ce domaine de l’action publique urbaine (en particulier les associations d’intérêts et les autonomies fonctionnelles), à agir de façon pragmatique et plastique à différentes échelles, en établissant des accords formels et informels avec les contreparties publiques. Est-t-il  possible de qualifier ces réseaux de pratiques et d’intérêts multi niveaux de régimes et plus en particulier de régimes urbains? Dans quelle mesure l’approche par les régimes se révèle-t-il utile pour identifier les mécanismes de régulation qui font de la plasticité leur raison d’être? Au final la notion de régime ne risque-t-elle pas de se retrouver piégée dans son « ancrage urbain » ?
 
(Urban) regimes facing scales. Insights from the case of territorial development policies in milanese urban region

The issue of scale has been rarely debated by research applying the notion of urban regimes. However, scientific production about the so-called multi-level governance addresses precisely the question of coordination and construction of a collective capacity to govern. In this communication we would like to question the pregnancy of the regime approach, intended as an analytical framework for the study of urban governance modes, by putting it to the test of territorial scales.
For this purpose, we will analyse the mechanisms regulating policies of territorial competitiveness in milanese urban region area during the last twenty years. The absence of a formally recognized administrative governing body at the metropolitan level has lead the actors involved in this field of urban public action (especially interest associations and functional autonomy bodies) to act pragmatically and plastically at different scales, by establishing formal and informal agreements with public counterparts. Is it possible to depict these multilevel networks of practices and interests as urban regimes? To what extent does regimes approach turn out to be useful for the studying of regulatory mechanisms, whose raison d’être resides in their plasticity? Finally, wouldn’t the notion of regime risk being trapped in its "urban anchorage"?

Sébastien Pradella (Université Catholique de Louvain)
 
L'institutionnalisme historique à la rescousse des régimes urbains : essai à partir des politiques foncières urbaines

La proposition centrale de cette contribution est d’explorer les points d’échanges possibles avec l’institutionnalisme historique afin de revigorer la réflexion autour des régimes urbains. Pour concevoir son concept de régime urbain, Clarence Stone lui-même emprunte aux auteurs américains pionniers de l'IH comme Theda Skocpol ou S. Skowronek et s’inspire explicitement de la grille de lecture l’économie politique de la constitution des Etats modernes. Il s’agit de prolonger cet exercice pour répondre à deux points faibles des régimes urbains.
D'une part, l’IH est plus performant pour analyser l’imbrication entre les dynamiques économiques et le développement de l’action publique urbaine. Parce que les régimes urbains concluaient rapidement à la primauté des intérêts économiques, les politistes ont cru trop rapidement que cela tenait à une spécificité américaine et ont pratiquement disqualifié le concept. Or, l’HI permet de comprendre que, sous des formes institutionnelles très sophistiquées et raffinées, les villes européennes n’échappent pas à l’interdépendance entre sphère publique et économique. Les régimes urbains peuvent être utilement complétés par l'analyse des complémentarités institutionnelles (Campbell 2010; Hall et Gingerich 2009) entre économie et politique à l'échelle des villes.
D'autre part, les régimes urbains tout comme l’HI sont très efficaces à expliquer le maintien de coalitions gouvernantes ou d’agendas publics sur le long terme. Jusqu'il y a peu, ces deux courants théoriques ont été pris en défaut sur la question du changement. Néanmoins, l’IH a considérablement progressé sur les mécanismes de changement qui montrent comment l’institution est capable de générer, de manière endogène, les conditions propices aux luttes politiques qui contribueront à les ré-agencer (Mahoney et Kathleen Thelen 2009).
Le propos théorique est appuyé sur une recherche comparative menée sur les politiques foncières à Paris et à Bruxelles à partir de l'étude diachronique des institutions politico-économiques de la propriété et de l'investissement capitaliste immobilier (Pradella 2011).
 
Historical institutionalism at rescue of urban regime: propositions for urban land policy

The main proposition of this paper is to explore the possible “bridges” with historical institutionalism to reinvigorate the thought about urban regimes. To craft his “urban regime” concept, Clarence Stone itself borrows to the pioneers of American historical institutionalism like Theda Skocpol IH or S. Skowronek. He explicitly refers to the political economy of the constitution of the modern advanced capitalist states. Our aim is to extend this exercise to address two important weaknesses of urban regimes.
On the one hand, the IH is more efficient to analyze the overlap between economic dynamics and the development of urban political capacity. Because urban regime scholars concluded too quickly the primacy of economic interests, European political scientists believed hastily it stemmed from the North American specificity and they almost disqualified the concept. However, the HI can understand that the sophisticated and refined institutional forms of European cities don’t elude the interdependence between economic and public sphere. Therefore urban regimes can be usefully analyzed with the concept of institutional complementarities (Campbell 2010, Hall and Gingerich 2009) between economics and politics at the city level.
On the other hand, urban regimes as well as the HI are very powerful to explain the maintenance of governing coalitions or public agendas over the long term. Until recently, these two theoretical lenses have been caught on the issue of change. However, IH progressed considerably thanks to the idea of mechanisms of change that clarify how an institution is able to generate endogenously incentive conditions for political struggles that will re-arrange (Mahoney and Kathleen Thelen 2009).
Our theoretical proposition is based a comparative research on land policy in Paris and Brussels. We study diachronically politico-economic institutions of property and capitalist investment property (Pradella 2011).

Vincent Béal (Université de Strasbourg – SAGE), Rémi Dormois (DDT Loire – EVS)
 
Des coalitions de décroissance ? La structuration des régimes urbains autour d’objectifs de développements « alternatifs »

La littérature sur les politiques urbaines est souvent marquée par une confusion entre régimes urbains et coalitions de croissance. Dans un contexte néolibéral dans lequel les stratégies entrepreneuriales prédominent, la structuration de régimes urbains ne serait possible qu’autour d’objectifs de croissance économique et démographique. Or, les travaux fondateurs de la littérature sur les régimes urbains ne font pas du développement ou de la croissance un présupposé nécessaire à la constitution de régimes (Elkin, Stone, 1989 ; 1993). Ils considère que les régimes – définit comme des coalitions stables d’acteurs publics et privés dont les membres coopèrent pour mettre en œuvre un ensemble d’objectifs définis collectivement et pour partager les gains et les avantages produits – ne sont pas forcément pro-croissance, et qu’ils peuvent se structurer autour d’objectifs de préservation ou de distribution. Pour autant, on ne dispose à l’heure actuelle que de travaux éparses sur ces types alternatifs de régimes et encore moins sur des régimes faisant de la décroissance leur objectif central. L’objectif de cette communication avant tout théorique sera double. Il s’agira dans un premier temps de dresser un état de la littérature sur les régimes s’étant structurés autour d’objectifs « alternatifs », pour essayer de comprendre les conditions particulières de leur constitution, les acteurs et groupes sociaux impliqués et le type de ressources échangées. Il s’agira dans un second temps de se pencher sur le cas des villes en déclin économique et démographique pour confronter leurs caractéristiques (aides publiques exceptionnelles, faiblesse des acteurs « globaux » des secteurs de la finance ou de l’immobilier, présence de groupes sociaux favorables à des agendas « alternatifs », etc.) aux propositions théoriques de la littérature sur les régimes et pour tester, in fine, l’intérêt scientifique de l’hypothèse de régimes urbains centrés autour de l’objectif de décroissance.

Degrowth coalitions ? The structuration of urban regimes around alternative urban development objectives

There is often a confusion between urban regimes and growth coalitions in urban politics literature. In a neoliberal context where entrepreneurial strategies are dominant, the emergence of urban regimes would only be possible around developmental objectives such as economic or demographic growth. However, seminal works on urban regimes did not stress the necessity of economic growth or urban development as prerequisite for the building of urban regimes (Elkin, Stone, 1989 ; 1993). They rather considered that regimes – defined as stable coalitions between public and private actors working together in order to achieve collectively defined goals and to share the gains of such an achievement – are not necessarily pro-growth and that they can be structured around the objectives of preservation and distribution. However, there are now only few works on these types of alternative regimes and even less on regimes using organized degrowth or planned shrinkage as their central objective. The objective of this paper is twofold. First, it will develop a state of the literature on “alternative” regimes in order to understand the conditions for their formation, the actors and social groups involved and the type resources exchanged. Second, it will focus on declining cities in order to discuss their specificities (high level of State funding, weakness of “global” actors in the finance or real estate sectors, presence of social groups favorable to an “alternative” agenda, etc.) in the light of the regimes literature. Finally, the aim of this paper would be to test the scientific interest of the hypothesis of urban regimes centered on the goal of degrowth.

Thomas Zanetti (Université Lyon 2 – EVS)
 
La régulation politique du « territoire Michelin » : gouverner Clermont-Ferrand avec un régime urbain ?

Cette communication vise à vérifier l’hypothèse de l’existence actuelle à Clermont-Ferrand d’un régime urbain, à partir de divers matériaux empiriques : archives publiques et privées, entretiens menés auprès d’acteurs de la gouvernance urbaine locale, documents divers. Dans un premier temps, nous présenterons les membres du « noyau dur » de ce régime urbain, soit la municipalité de Clermont-Ferrand et la firme multinationale Michelin, ce qui permettra de mettre l’accent sur l’intense coopération entre une institution politique locale et une entreprise industrielle, dans le cadre d’un vaste partenariat public-privé. Nous aborderons ainsi la façon dont s’est construite la relation entre les deux membres principaux du régime, par l’articulation de leurs intérêts respectifs. Puis, nous insisterons sur la dimension historique de ce partenariat, la forme actuelle du régime urbain s’expliquant selon nous par sa formation progressive dans le temps long, d’une durée supérieure à un siècle. Nous reviendrons ainsi sur la genèse du régime urbain clermontois, en repérant les premiers évènements partenariaux qui ont marqué l’histoire relationnelle entre Michelin et la municipalité clermontoise. Nous nous attacherons ensuite à analyser la proximité relationnelle qui caractérise les rapports entre les élites politiques et économiques locales, à travers les discours qui sont aujourd’hui produits par les acteurs du système de gouvernance urbaine locale, discours qui valorisent largement le consensus comme mode d’action collective, mais qui ne doivent pas dispenser de s’interroger sur d’éventuels mécanismes de domination ou épisodes conflictuels. Enfin, nous nous intéresserons à la dimension concrète du régime urbain clermontois, de nombreux champs des politiques urbaines locales étant caractérisées par l’existence d’une action collective structurée autour du partenariat entre la municipalité et Michelin, notamment par le biais d’une assemblée décisionnelle locale qui renseigne sur le fonctionnement actuel du régime urbain de Clermont-Ferrand.
 
Political regulation of “Michelin’s territory” : governing Clermont-Ferrand with an urban regime ?

This paper aims to test the hypothesis of the current existence of an urban regime in Clermont-Ferrand, from various empirical materials : public and private archives, interviews with actors of the local urban governance, various documents. As a first step, we present the members of the "core" of the urban regime, the municipality of Clermont-Ferrand and the multinational firm Michelin, which will focus on the close cooperation between local political institution and an industrial company, within a broad public-private partnership. So, we will discuss how the relationship is built between the two principal members of the regime, through the articulation of their interests. Then, we will focus on the historical dimension of this partnership, the current form of urban regime can be explained by its gradual formation in the long term, lasting more than a century. We will return at the genesis of urban regime in Clermont, identifying the first partnerships that have marked the relationship history between the municipality and Michelin. We will then analyze the closeness that characterizes the relationship between local political and economic elites, through discourses that are now produced by the actors of the local urban governance system, discourses that value consensus as the right collective action mode, but that should not avoid questioning on possible mechanisms of domination or conflict episodes. Finally, we will focus on the practical dimension of the urban regime in Clermont, because many fields of local urban policies are characterized by the existence of a collective action organized around the partnership between the municipality and Michelin, especially through a meeting local decision-making which gives information on the current functioning of the urban regime in Clermont-Ferrand.

Nicolas Raimbault (Université Paris-Est, IFSTTAR – SPLOTT)
 
Passer par la fenêtre périurbaine quand la porte urbaine est fermée : des régimes (péri)urbains pour le développement logistique des métropoles européennes ?

L’important développement logistique des métropoles catalyse une nouvelle fonction économique pour les espaces périurbains. Or cette dynamique économique repose sur un certain nombre d’actions publiques locales. Afin analyser ces dernières, l’approche par les régimes urbains nous semble en ce sens particulièrement heuristique. Dans ce but, nous nous appuyons sur quatre études de cas : Mitry-Compans, le Val Bréon, Sénart en Île-de-France ainsi que Venlo aux Pays-Bas. Elles donnent à voir différents types de coalition dont les principales variables sont la forme de l’activité économique proprement dite, son ancrage local notamment, et le régime de production des espaces logistiques, ces éléments structurant les demandes de la sphère économique vis-à-vis de l’action publique. En retour, ce décentrement de l’analyse vers le périurbain et vers des activités économiques périphériques nous semble fertile au regard du concept lui-même et de la question de son transfert des villes américaines aux villes européennes. Il apparait ainsi qu’au sein de la métropole, « les franges où la densité institutionnelle (…) est plus molle » (Lorrain, 2011) instaurent des « governance discontinuities » (Borraz, Le Galès, 2010) offrant un poids plus grand aux acteurs privés dans l’action publique. Quand la porte des villes-centres européennes est fermée, les régimes urbains n’entreraient-ils pas par la fenêtre du périurbain et des activités économiques périphériques ?
 
Entering through the suburban window when the urban door is locked: (sub)urban regimes for the logistics development of the European metropolises?

The considerable logistics development of metropolises catalyzes new economic functions in the suburban spaces. However, this economic dynamic depends on several local public policies. In order to analyze these policies, the urban regime approach appears to us particularly heuristic. To do that, we will support our communication with four study cases: Mitry-Compans, Val Bréon, Sénart in the Paris Region and Venlo in the Netherlands. They show different types of coalition whose main variables are the form of the economic activity strictly speaking, such as its local embedding, and the regime of the production of logistics spaces. These two elements structure the relationship between the economic sphere and the public policies. Then, the shift of the analysis towards suburban spaces and peripheral economic activities shed a new light on the concept itself and on the issue on its transfer from American cities to European cities. Indeed, within the metropolises, the fringes where the institutional density is lower (Lorrain, 2011) seem to entail to « governance discontinuities » (Borraz, Le Galès, 2010) leading to deeper participations of private firms within public policies. When the door of the European city-centers is locked, would urban regimes enter through the window of the suburbs and the peripheral economic activities?

Sébastien Lambelet (Groupe Politique, Environnement, Territoires – POLET, Département de Science Politique et Relations Internationales, Université de Genève)

Transformations urbaines à Zurich et Winterthur

Cet article étudie l'évolution de la métropole zurichoise en se basant sur la théorie des régimes urbains (Elkin, 1987; Stone, 1989). Il se concentre sur deux grands projets urbains ayant pour buts de transformer d'anciennes zones industrielles en quartiers résidentiels modernes, à savoir l'Europaalle à Zurich et la Sulzer Areal à Winterthur. Ces deux cas présentent des similarités intéressantes. Premièrement, ils sont situés au centre des villes et sont dès lors propices à la densification urbaine. Deuxièmement, des acteurs privés sont propriétaires des terrains où ils sont situés ce qui rend obligatoire la coopération public-privé. Enfin, ils suivent une temporalité similaire. Ils ont vu le jour dans les années 1980 mais ont été abandonnées en 2001 avant d'être relancés plus tard dans les années 2000. Aujourd'hui, bien qu'ils soient encore en cours, ils ont d'ores et déjà transformé significativement leur ville respective.
En comparant ces deux cas, nous étudions l'évolution de la coopération public-privé dans les villes suisses entre les années 1990 et 2000. Ainsi, nous pouvons identifier quelles transformations institutionnelles ou socio-économiques, absentes dans les années 1990, ont permis l'émergence récente de régimes urbains. Etant donné son importance dans le contexte suisse, l'effet de la démocratie directe sur la formation d'un régime est également testé.
De plus, contrairement à une majorité d'études antérieures appliquant la théorie des régimes urbains (par ex: Di Gaetano, Klemanski, 1993; Stoker, Mossberger, 1994; Kantor et al., 1997; John, Cole, 1998), nous distinguons le centre et la périphérie d'une métropole ce qui nous permet de tester si la position géographique affecte l'émergence d'un régime. Notre hypothèse étant qu'une ville périphérique sera plus encline à construire un régime cohésif pour attirer des nouveaux investisseurs lui permettant de concurrencer la ville-centre.
 
Urban Renewal in Zurich and Winterthur

This article studies the evolution of the metropolitan area of Zurich using urban regime theory (Elkin, 1987; Stone, 1989). It focuses on two urban projects aiming to create modern neighbourhoods in previous industrial zones, namely Europaallee in the city-centre and Sulzer Areal in the edge city of Winterthur. Both cases present interesting similarities. First, they are located at the core of cities so they represent accurate places to increase urban density. Second, land belongs to private actors. This makes public-private cooperation compulsory to achieve their renewal. Finally, both projects follow a similar timeline. They started at the end of the 80s but stopped in 2001 before being revived later in the years 2000s. Nowadays, they both achieved a significant transformation of their respective cities even if they are still work in progress.
By comparing these two cases, we study how public-private cooperation in Swiss cities evolved between the 90s and the 2000s. We are then able to identify which institutional or socio-economic factors allowing urban regime's formation appeared recently and did not exist in the 1990s. According to its importance in the Swiss context, the effect of direct democracy on regime's formation is also tested.
Moreover, contrary to the majority of previous studies applying urban regime theory to cities as a whole (see for ex. Di Gaetano, Klemanski, 1993; Stoker, Mossberger, 1994; Kantor et al., 1997; John, Cole, 1998), we draw a distinction between centre and periphery which allows us to test if the location in the metropolis affects the emergence of a regime and the regime's type. Our hypothesis being that an edge city is more inclined to build a cohesive regime to attract new investors more easily and to catch its city centre up.

Renaud Epstein (Université de Nantes, DCS research center)
 
Empowerment territorial : recompositions de l’Etat et construction d’une capacité de gouvernement à l’échelle des agglomérations françaises

La théorie des régimes urbains peut-elle s’appliquer aux villes européennes et notamment françaises ? La question a été largement débattue dans les années 1990. Si certains chercheurs ont défendu le recours à ce cadre d’analyse, qui permettait de se décaler d’approches excessivement stato-centriques des politiques urbaines, la plupart ont pointé les limites du transfert d’une théorie forgée à partir de l’étude des villes américaines, dont la gouvernance s’inscrit dans environnement politico-administratif difficilement comparable à celui des villes européennes. Dans le cas français, les compétences en matière de développement économique et de planification sont partagées entre plusieurs échelons de gouvernement, l’importance des transferts étatiques réduit la dépendance des pouvoirs urbains vis-à-vis des ressources issues des acteurs économiques locaux, la fragmentation institutionnelle confère aux représentants locaux de l’Etat un rôle important dans la construction de coalitions locales…
Les réformes des années 2000 ont cependant changé la donne. Les politiques territoriales de l’Etat ont accéléré la conversion des élites urbaines à des approches plus entrepreneuriales. L’approfondissement de la décentralisation, les diverses mesures relevant de la réforme de l’Etat et l’entrée dans une période d’austérité réduisent la dépendance des pouvoirs urbains vis-à-vis de services déconcentrés en voie de résidualisation. En même temps qu’il s’est retiré de la cogestion des villes, l’Etat a cherché à accroitre leur capacité politique, dont dépend la mise en œuvre de ses propres programmes et priorités. Dans ce contexte, le recours à la théorie des régimes urbains peut être heuristique pour analyser la gouvernance des villes françaises, sous réserve d’une hybridation avec des cadres d’analyse indigènes de façon à prendre en compte les stratégies, instruments et modalités d’intervention territoriale de l’Etat.
 
Territorial Empowerment: State Restructuring and Urban Governance Capacity Building in France

In France, as in many European countries, the applicability of urban regime theory has been questioned in the 1990s. While some French scholars welcomed the chance to introduce a less state-centric approach to urban policies, most of them cautioned that this approach needs alteration to fit a policy environment substantially different from that of the USA : development policies and spatial planning powers are shared between the different tiers of government ; local authorities are more dependent on public resources from central government than on cooperation with business to carry out projects ; competition between overlapping layers of public administration allows prefects to act as key players in coalition building…
The impact of globalization and multiple reforms implemented over the past few years have set up a whole new ballgame. National territorial policies have encouraged the shift from managerialism to urban entrepreneurialism. Austerity measures have given private-sector more influence on urban projects. State modernisation and decentralisation have strengthened the autonomy of urban authorities towards central state’s ministerial field services that suffer severe cuts. The retreat of the (local) State from urban governance over the last decade is impressive, but it comes with a strong preoccupation of central government for the capacity of local authorities to implement its policies and priorities. In this context, urban regime theory can be heuristic to the study of urban governance, provided that the new State’s strategy, tools and course of action towards cities are not skipped out.

Raphaël Frétigny (IEP de Lyon – laboratoire Triangle UMR 5206)

Sarcelles : les racines jacobines d’un régime urbain ?

Sarcelles incarne sans doute plus qu’aucune autre ville la puissance autoritaire de l’Etat des Trente Glorieuses, qui a les capacités et l’ambition de construire une ville entière ex nihilo. La petite commune rurale du début des années 1950 accueille le premier et sans doute le plus important grand ensemble de France : 13 000 logements au milieu des champs dont la construction – entre 1955 et 1975 – et la gestion sont orchestrées par la Caisse des dépôts et consignations (CDC), institution financière publique, via sa filiale immobilière. Pourtant, la CDC, classiquement désignée comme le « bras armé de l’Etat » central, joue un rôle bien plus ambigu à Sarcelles. Notre étude témoigne d’une part de la précoce coopération de cette organisation centralisée avec les pouvoirs locaux. D’autre part, le caractère public de l’établissement ne signifie pas que sa stratégie évacue les enjeux de rentabilité financière de ses investissements locaux, à l’instar de n’importe quel acteur privé. En cherchant à dépasser les oppositions parfois aporétiques de la dé-centralisation et de la distinction public-privé, la communication visera à montrer comment la relation groupe CDC-Sarcelles associe les objectifs de l’autorité politique urbaine à la rentabilisation financière des capitaux localement investis par l’institution financière. Cette étude de cas sera l’occasion de discuter et de mobiliser les acquis de la littérature sur les régimes urbains.
 
Sarcelles : the jacobin roots of a French urban regime ?

The city of Sarcelles may be the symbol of the authoritarian power of the French post-war State, which has the ability and ambition to build an entire city from scratch. Between 1955 and 1975 was built the first and probably the most important French Housing estate (13000 homes) in the middle of the rural plains near Paris. The whole project was coordinated by the Caisse des Dépôts et consignations (CDC), a public financial institution, through its real estate subsidiary. The CDC, founded by Napoleon, is conventionally referred to as "the armed wing of the government", but it plays a much more ambiguous role in Sarcelles. Our study shows how this centralized organization collaborates quite early with local authorities. Furthermore, the public nature of the CDC does not mean that its strategy sets aside the issues of financial profitability of its local investments. This paper aims to show how the relationship between the CDC and Sarcelles combines the goals of urban policy authorities and the locally invested capitals of the financial institution. This case study will provide an opportunity to discuss and mobilize urban regime theories. 

Hélène Reigner (IFFSTAR), Sébastien Segas (Université Rennes 2 – CIAPHS)
 
Faire régime. Les récits locaux sur la compétition interurbaine, substrat des régimes urbains

L’un des intérêts du concept de régime urbain est d’insister sur les outputs du système de gouvernement local : les effets produits par ces coalitions pérennes et informelles sur les politiques urbaines. Plus précisément, la littérature sur les régimes urbains tend à défendre l’hypothèse d’une diversité de l’action publique urbaine : des coalitions différentes (dans leur composition mais aussi dans leur façon se s’agencer) produiraient des effets différents dans le champ des politiques publiques. La volonté de mieux saisir cette hétérogénéité explique l’apparition de typologies visant à spécifier le type de programmes que les coalitions soutiennent : régime de maintenance, de croissance, progressiste ou populaire chez C. Stone (1993) ; régimes organique, instrumental et symbolique chez K. Mossberger et G. Stoker (2001).
Nous insisterons, en premier lieu, sur le fait que des gouvernements caractérisés par des coalitions différentes, peuvent être amenés à déployer des politiques urbaines assez proches, au service de stratégies de distinction très standardisées, sous l’effet des méta-récits de la concurrence inter-urbaine, sorte de substrats des régimes urbains.
Si diversité et différenciation il y a, nous avancerons l’hypothèse du poids de la variable spatiale, celle de l’espace d’action de référence des coalitions : dans quelle mesure le régime urbain réussit-il à équilibrer la représentation des espaces qu’il a définis comme stratégiques et celle des espaces urbains ordinaires ?

The local narratives on the interurban competition, substrate of urban regimes

Urban regime theory pays attention to local government “outputs”, studying the way informal arrangements between public bodies and private interests determine urban policies. Actually, for this literature, the composition and the organisation of these arrangements, which can vary from one city to another, explains the diversity of urban programs. Different urban regime typologies (Stone, 1993 ; Mossberger, Stocker, 2001) try to reflect this diversity.
Such an hypothesis underestimates the growing influence of a policy metanarrative which tells that local urban policies must fit into a global competition between cities. This narrative can lead governing coalitions, which may differ in their composition or organisation, to produce similar urban policies: each town is tempted to copy the innovative strategies that seem to work in other cities (in a way, competition tends to produce standardisation).
This does not mean that there is absolutely no diversity in the urban policies field and no differentiation between cities. We will focus on the spatial variable in order to show that urban regimes can differ in the way they articulate their strategic territories (those in which public bodies and private interests concentrate their investments) with more “ordinary” urban spaces.

Nicolas Maisetti (CHERPA, Sciences Po. Aix-en-Provence)
 
Étudier un régime urbain en contexte fragmentaire. L’hypothèse de l’acteur collectif à l’épreuve du terrain marseillais.

Les travaux qui se réclament de « la gouvernance urbaine » font l’hypothèse qu’un mouvement de redistribution de l’autorité politique profiterait aux villes dont les gouvernements se rééchelonnent en acteurs collectifs territorialisés. L’objet de ce papier est de questionner cette hypothèse à partir du cas marseillais. La formation d’un régime urbain en contexte fragmentaire y sera étudiée à partir d’une observation comparée des mobilisations des acteurs locaux (élus, fonctionnaires, experts, chefs d’entreprises) en faveur de l’implantation d’une antenne de la Banque mondiale, et de la candidature à la Capitale européenne de la culture. L’analyse de ces dispositifs d’internationalisation permettra de tester l’hypothèse du recouvrement de la capacité d’action acquise à l’échelle métropolitaine. En outre, la question des logiques de recomposition des pouvoirs politiques à Marseille sera posée à partir d’une restitution des conditions narratives de production de l’action publique, c’est-à-dire de la mise en sens de l’internationalisation. Si celle-ci n’est pas déconnectée de dimensions stratégiques, l’étude de la mobilisation de « récit » de politique publique en tant que support de requalification symbolique, nous permettra de mettre à jour une dimension souvent occultée par les études des régimes urbains. En somme, l’analyse des points d’articulation entre un récit et des dispositifs d’action publique débouchera sur une contribution au débat relatif à la gouvernance urbaine en mettant à jour les logiques de fragmentation qui structurent l’action publique locale.

Understanding urban regime in a fragmentary context. The collective actor hypothesis to the Marseilles test.

Researches that claim to be part of “urban governance” theoretical framework have assumed a redistribution of political authority to cities. According to them, the local governments are now becoming territorialized collective actors as the outcome of the re-scaling process. The aim of this paper will be to examine this hypothesis from the Marseilles field. First, the urban regime building logics will be studied in a compared observation of two local mobilizations (including political staff, local civil servants, experts, business leaders) in favor of the location of a World Bank outpost, and of the European Capital of culture label. Focusing on this international-oriented local policies will contribute to experiment the hypothesis of the restoration of the ability to represent and defend metropolitan interests. Secondly, the issue of local political reshuffling will be addressed from the interpretation of narrative basements of the decision-making process, i.e the construction of meaning as a cognitive linkage in the politics of internationalization. Even though the strategic dimension should not been fully ignored, we will stress on the narrative operations of symbolic promotion of Marseilles, underestimated by the studies on urban governance. In other words, the analyse of hinge points linking narrative policy and public policies will led to a proposal about the urban governance theoretical building site. It will disclose fragmentation logics that keeps structuring the local public action.


Participants

BEAL Vincent vbeal@unistra.fr
CADIOU Stéphane stephane.cadiou@unice.fr
DORMOIS Rémi remi.dormois@hotmail.fr
EPSTEIN Renaud renaud.epstein@univ-nantes.fr
FRETIGNY Raphaël raphael.fretigny@hotmail.fr
GALIMBERTI Deborah deborah.galimberti@gmail.com
LAMBELET Sébastien sebastien.lambelet@unige.ch
MAISETTI Nicolas nicolas.maisetti@yahoo.fr
NEGRIER Emmanuel negrier@univ-montp1.fr
PINSON Gilles gilles.pinson@sciencespo-lyon.fr
PRADELLA Sébastien sebastien.pradella@uclouvain-mons.be
RAIMBAULT Nicolas nicolas.raimbault@ifsttar.fr
REIGNER Hélène Helene.Reigner@ifsttar.fr
ROUSSEAU Max rousseaumax@wanadoo.fr
SEGAS Sébastien sebastien.segas@univ-rennes2.fr
ZANETTI Thomas tomazanetti@hotmail.com

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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