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Section Thématique 30

Les enseignants, un groupe mobilisé ?
Are teachers a mobilized group ?

Responsables

Bertrand GEAY (Université de Picardie Jules Verne / CURAPP) bertrand.geay@u-picardie.fr
Frédéric SAWICKI (Université Paris I / CESSP) frederic.sawicki@univ-paris1.fr

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Dans de très nombreux États, les enseignants du primaire et du secondaire constituent un groupe professionnel particulièrement mobilisé, quel que soit le mode d’organisation du système éducatif et quel que soit le statut de leur profession. Leurs syndicats ou leurs associations professionnelles sont souvent de type corporatif, leur conférant une capacité de mobilisation et d’influence importante sur l’orientation des politiques scolaires. Dans les pays où le système d’enseignement est centralisé, l’existence de statuts nationaux passe pour avoir particulièrement favorisé l’homogénéisation de la profession enseignante et de leurs organisations. C’est le cas en France, où, de plus, le conflit entre enseignement privé confessionnel et enseignement public laïque du fait de la fonction politique assignée à l’école primaire par la IIIe République a fortement contribué à la politisation de ce groupe social. L’histoire syndicale et politique est venue à la fois consolider les statuts enseignants et les liens politiques entre les syndicats enseignants, les syndicats de salariés et les partis de gauche.
Les systèmes éducatifs ont connu d’importantes transformations au cours de ces trente dernières années. D’une part, les effectifs de l’enseignement secondaire se sont considérablement accru, sous le double effet de politiques volontaristes de démocratisation et d’une diffusion des aspirations à la promotion sociale par l’école. D’autre part, l’organisation du système d’enseignement a été affectée par un mouvement qu’on peut schématiquement décrire comme un processus de déconcentration et de décentralisation dans les pays de tradition centralisée débouchant sur une autonomisation des établissements et comme un processus de recentralisation dans les pays où la gestion des établissements ressort des collectivités locales à travers la mise en place de mécanismes de pilotage étatique par l’évaluation, que certains assimilent à une « néo-libéralisation » de l’Ecole. L’ensemble de ces transformations semblent avoir considérablement modifié les conditions d’exercice du métier enseignant, mais aussi les formes de mobilisation et d’organisation de ce groupe professionnel.
Cette session thématique, qui se situe au croisement de la sociologie de l’engagement et de la sociologie des professions, entend donc faire le point sur l’évolution des formes de mobilisation et d’organisation des enseignants en réunissant des contributions portant aussi bien sur les syndicats et les organisations professionnelles (associations disciplinaires, mouvements pédagogiques…) et les mobilisations collectives locales et nationales (grèves, manifestations…) que sur la sociologie des enseignants eux-mêmes dans leur rapport au politique et à l’engagement (investissements politiques, associatifs, mais aussi orientations idéologiques et comportements électoraux). Quelques contributions historiques et comparatives permettront de resituer les évolutions en cours, voire de les relativiser. Cette session thématique sera aussi l’occasion de questionner le mode de collecte d’informations sur un tel objet, qui interroge aussi bien les spécificités d’un groupe social dans sa totalité et les formes singulières d’engagement, de mobilisation ou d’action politique. A ce titre seront examinés des travaux monographiques ou historiques, aussi bien que les enquêtes conduites à une large échelle, sur une base statistique et/ou comparative.

In many countries teachers in primary and secondary education constitute a particularly mobilized professional group. Their unions or professional associations are often corporative, giving them the capacity of mobilization and of important influence on the orientation of school policies. In the countries where the educational system is centralized, the existence of national statutes is thought to have particularly privileged the homogenization of teachers’ profession and their organizations. This is the case in France, where, in addition, the conflict between denominational private education and nondenominational public education has strongly contributed to this social group’s politicization. The political and union history has come to consolidate the teachers’ statutes and the political bonds between teacher unions, employee unions and the left political parties.
The educational systems have known some significant transformations during the last thirty years. On the one hand, secondary education numbers have increased considerably. On the other hand, the organization of the educational system was influenced by a movement of decentralization in the countries of centralized tradition and by a recentralization movement in the countries where the management of institutions is held by local collectivities, that some consider as a School “neo-liberalization”. All these transformations seem to have altered considerably the conditions of exercising the teacher’s profession, but also the forms of mobilization and organization of this professional group.  
This thematic session, placed there where the sociology of (political) engagement meets the sociology of profession, intends to take stock of the evolution of the forms of teachers mobilization and organization, by bringing together the contributions both of the unions and the professional organizations and the local and national collective mobilizations, as well as the sociology of teachers themselves in their relation with politics and engagement. Some historical and comparative contributions will permit to resituate the current evolutions, and even to put them in perspective. This thematic session will also give us the opportunity to question the way of the information gathering on such an object, which interrogates the specificities of a social group in its entirety, as well as the singular forms of engagement, of mobilization or of political action.
    


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : 9 juillet 2013 14h-16h45
Session 2 : 10 juillet 2013 14h-16h45

Voir planning général...

Lieu : Batiment J (13 rue de l'Université), amphi Claude Erignac


Programme

Session 1

Axe 1 / La construction des identités professionnelles

Discutant : Patrick Rayou (Paris 8, Laboratoire-Circeft-Escol)

Axe 2 / La mobilisation des enseignants (1ère partie)

Discutant : Baptiste Giraud (Université Aix-Marseille, LEST)

Session 2

Axe 2 / La mobilisation des enseignants (2ème partie)

Discutant : Baptiste Giraud (Université Aix-Marseille, LEST)

Axe 3 / La politisation des enseignants

Discutant : André Robert (Lyon 2, Laboratoire Education, Cultures, Politiques)


Résumés des contributions

Bertrand Geay (Université de Picardie-Jules Verne-CURAPP) 


Identité professionnelle et engagement syndical chez les enseignants-chercheurs

Le mouvement universitaire du printemps 2009 est un bon révélateur de la spécificité du rapport que les enseignants-chercheurs entretiennent avec la grève et l’action collective ainsi que des transformations qu’a connues ce groupe professionnel. En effet, bien que partiellement inabouti, ce mouvement est apparu exceptionnel par son ampleur ; par ailleurs, si l’action syndicale l’a fortement structuré, les collectifs constitués pour son animation et les formes de mobilisation qui se sont le plus largement imposées chez les enseignants-chercheurs ont traduit, non seulement de classiques stratégies de subversion des courants syndicaux majoritaires, mais aussi, en bien des cas, des rapports ambivalents à l’action collective. Pour comprendre les spécificités de l’univers des enseignants-chercheurs, il s’agit tout d’abord de prendre en compte que l’identité professionnelle peut s’y construire de multiples façons. Dans un contexte professionnel marqué par la prégnance des luttes symboliques et l’existence de principes concurrents de représentation, l’implantation syndicale et sa perpétuation ne sont nullement exclues mais peuvent en bien des cas sembler problématiques. Cette question sera discutée à partir de deux matériaux d’enquête : d’une part, une enquête par observations et entretiens sur les luttes du printemps 2009 ; d’autre part, l’exploitation du fichier des adhérents du SNESup-FSU.

Professional identity and union engagement for the academics

The university movement of spring 2009 is a good indicator of the specificity of the academics’ relation with strike and collective action, and of the transformations that this professional group has known. Indeed, even if it has been partially unfinished, this movement has appeared to be remarkable in terms of its scale; in addition, if the union action has strongly structured it, the groups that were constituted for its organization and the forms of the mobilization, have revealed, not only the classic strategies of subversion of the majority union tendencies, but also in many cases the ambiguous relations with collective action. In order to understand the specificities of the academic universe, we must first of all take into account that the professional identity can be built in many ways. Within a professional context marked by the strong presence of symbolic struggles and the existence of concurrent principles of representation, the union implantation and its perpetuation are by no means excluded, but they might in many cases seem problematic. This question will be discussed based on two research materials: on one side, a survey held by observation and interviews about the spring 2009 struggles; on the other side, the file exploiting of the members of SNESup-FSU.


Stephan Mierzejewski (Université d’Artois-Laboratoire Recifes)


Un groupe qui fait corps ? Spécificités disciplinaires, définition professionnelle et modes d’engagements chez les enseignants en éducation physique et sportive.

Le propos de cette communication est de suggérer combien l’examen des logiques sociales qui informent l’évolution des modalités d’engagements des enseignants gagne à intégrer une dimension disciplinaire. Une ensemble de données comparatives montre que si les évolutions morphologiques du corps des enseignants en EPS au cours des années 1980-90 ont suivi une courbe équivalente à celle de leurs collègues des autres disciplines d'enseignement secondaire ; leurs profils partisans, leur humeur sociale et leurs investissements professionnels divergent en revanche nettement. Ceux-ci échappent de fait au cadre des typologies qui tendent à opposer des classes de trajectoires d'enseignants recrutés à la fin des années 1970 (d’origines plus modestes, ancrés à gauche et insatisfaits de leur condition professionnelle) à celles d'enseignants arrivés en poste à compter des années 1990 (dont le niveau de recrutement social s’est nettement élevé, les opinions politiques sont plus distribuées et le rapport au métier paraît plus instrumental). Pour saisir ce qui fait, de ce point de vue, du corps des professeurs d'EPS un groupe à part, il faut alors précisément interroger les mécanismes spécifiques qui, par-delà les transformations qui affectent son recrutement et son ancrage institutionnel, assurent la transmission des valeurs cardinales du groupe, une certaine continuité dans la définition des postes et l’ajustement avec les propriétés importées par les nouveaux entrants.

Esprit de corps ? Disciplinarily specificities, professional definition and methods of engagement for Physical Education teachers.

The aim of this communication is to show how an examination of social logics, which provide information about the evolution of teachers’ engagement modalities, can benefit from integrating a disciplinary dimension. A collection of comparative data shows that the morphological evolutions of Physical Education (PE) teachers during the 1980s-90s have followed a curve similar to that of their colleagues teaching other, secondary education disciplines. In addition, their supportive profile, their social mood and their professional investment escape the customary typology, which tends to oppose the trajectories of teachers recruited at the end of the 1970s (of humbler origins, firmly left-wing and not satisfied with their professional conditions) to those of teachers who arrived in the 1990s (for whom the social recruitment was much higher, political opinions were more diverse and the views of their work was more instrumental). From this point of view, solving the equation which makes the Physical Education teachers a group apart, makes it necessary to ask ourselves about the specific mechanisms which ensure the transmission of the group’s values, a certain continuity in job descriptions and an adjustment with the properties imported by new teachers. And this, across the transformations which impact on its recruitment and its institutional rooting.

Igor Martinache (Université Lille 2-CERAPS) et Julien Fretel (Université de Picardie-Jules Verne-CURAPP)


« Être politisés sans paraître orientés ». La mobilisation paradoxale de l'Association des professeurs de sciences économiques et sociales (APSES)

Créée en 1971, soit deux ans après l'introduction de la discipline au lycée général, l'association des professeurs de sciences économiques et sociales (APSES) a acquis progressivement un caractère protestataire, sous l'effet notamment de remises en cause récurrentes de leur enseignement, venues des sommets de l’État et de certains milieux patronaux. Ses militants ont ainsi développé un répertoire d’action collective en même temps qu’un certain cadrage de leur mobilisation, tournée vers la défense d’un projet fondateur de la discipline formé reposant sur une approche transdisciplinaire des phénomènes sociaux et une pédagogie active. Ce que leurs adversaires traduisent en un manque de rigueur et une hostilité supposée vis-à-vis de l’économie de marché et de « l’entreprise ». A partir d'une enquête en cours à caractère principalement ethnographique, il s’agit ici de montrer les diverses manières dont ces derniers s'efforcent de résoudre la contradiction inhérente à la configuration dans laquelle ils s’inscrivent, à savoir proclamation du caractère éminemment « politique » des mobilisations autour de leur enseignement en même que la revendication d’une neutralité « scientifique » dans leur action pédagogique vis-à-vis des élèves. Ce faisant, cette étude entend contribuer à mettre en évidence plus largement certaines tensions travaillant l’articulation entre les dimensions collectives et individuelles du métier d’enseignant.

How to be politically aware without appearing biased ? The ambiguous mobilization of the French Teachers of Economic and Social Sciences Association

The Teachers of Economic and Social Sciences Associations (APSES) was founded in 1971, only two years after this subject had been introduced in the French high school curriculum. This association has progressively turned into a contentious movement since its teaching has been called into question by political as well as business leaders. The APSES members had then developed their peculiar “repertoire of collective action” and framed the stakes of their mobilization towards the defense of a founding project of their teaching based on a cross-disciplinary approach of social phenomena and active pedagogical methods among others elements. Their opponents nevertheless blame them for an alleged lack of scientific rigour and their supposed hostility towards market economy and business world. Grounded on an ethnological long-term inquiry, this communication comes up with analyzing the different ways economic and social sciences teachers strive to solve the contradictions the configuration imposes to them. That is to say : how to stress the strong political dimension that surrounds their teaching while claiming one’s “scientific” neutrality towards one’s pupils. Thus, this paper intends to contribute more generally to the reflection on the strained articulation between the collective and individual dimensions of the teacher profession.

Nathalie Mons (Université de Cergy-Pontoise), Eric Verdier (CNRS LEST-Aix-Marseille Université) 


Les syndicats d’enseignants et « la refondation de l’Ecole ». Action publique, concertation et légitimité professionnelle 


La concertation nationale sur l’éducation (juillet– octobre 2012) a mobilisé de nombreux protagonistes du système éducatif, notamment les représentants des enseignants. Cette communication analyse les argumentaires des nombreux syndicats de professeurs pour défendre leurs visions de la « Refondation de l’Ecole ». Plusieurs dimensions sont prises en compte : les relations aux usagers ; les valeurs mises en scène ; les conceptions de l’efficacité de l’école ; la manière de positionner les différentes catégories d’enseignants et de personnels ; les propositions relatives à la formation initiale et continue ; la relation entre établissements et partenaires extérieurs. On avance que trois grands paradigmes structurent les positions des syndicats (égalité réelle de traitement des élèves et autonomie professionnelle des enseignants ; compensation précoce des inégalités produites dans et hors de l’école en personnalisant l’enseignement ; différenciation des parcours scolaires à l’issue d’un tronc commun d’une durée variable selon les capacités des enfants). Chaque approche s’articule à une définition du mandat des enseignants, à une inscription de ces derniers dans la régulation du système éducatif et à des instruments d’action nettement différenciés.

Teacher unions facing to "the Education Rebuilding". Policy Making, Social Dialogue and Professional Legitimacy

National dialogue on the School future (July-October 2012) has mobilized many stakeholders of the education system, including representatives of teachers. This paper analyzes the arguments of the numerous teachers' unions for defending their models of "Education Rebuilding". Several dimensions are taken into account: the relationships with users; values in stake; the design of school effectiveness; the management of teachers and others professionals; the proposals for initial and continuing training; the partnerships with external actors. Three major paradigms structure the positions of unions (equality of treatment of pupils and teachers' professional autonomy; early compensation of inequalities produced in and out of school and individualisation of teaching; tracking after a common school of a variable length depending on children capabilities). Each way is based on a specific shaping of teaching, education organization and institutional tools.

Guadalupe Olivier Tellez (Universidad Pedagógica Nacional, México)


La mobilisation hétéronome des enseignants mexicains

Le Syndicat National des Travailleurs de l’Education (SNTE) du Mexique compte plus de 1,2 millions d’adhérents. Il a été une force sociale et politique considérable dans le pays. Créée au début des années 1940, la trajectoire de l’organisation est extrêmement complexe, passant d’un syndicat de défense de la profession à une sphère étroitement liée au pouvoir politique. En décembre 1979 une rupture interne conduit à la création d’une fraction dénommée Coordination Nationale des Travailleurs de l’Education (CNTE). Cette nouvelle organisation prend alors la tête d’importantes luttes dans le domaine social, politique et du travail. Une partie du SNTE est alliée au pouvoir gouvernemental à travers un réseau de relations clientélaires complexes stimulées par des pratiques politiques syndicales construites historiquement et contrôlées par la dirigeante Elba Esther Gordillo, nommée présidente à vie par les instances dirigeantes syndicales. Son importance est telle qu’elle a su imposer la reconnaissance légale en 2005 de son propre parti politique, le Parti Nouvelle Alliance (PANAL) articulé de manière centrale à la force corporative du corps enseignant. Par ce biais a surgi un espace institutionnel de négociations explicites et implicites avec les organisations partisanes les plus importantes du Mexique. Les membres de l’autre grande organisation, la CNTE, ont cherché à promouvoir la résistance démocratique et indépendante (en dehors du syndicalisme corporatiste d’Etat) en prenant une place active dans des mobilisations leur permettant de lier leurs revendications dans le domaine éducatif à des luttes sociales plus vastes ou transversales. L’objectif de cette communication consiste à présenter les aspects qui configurent et informent l’action politique de ces deux organisations du syndicalisme des enseignants mexicains, et qui selon les conjonctures historico-politiques concrètes ont été soit des détonateurs ou des freins du processus politique mexicain.

Heterogeneous mobilizations of Mexican teachers

The National Union of Education Workers (SNTE) is the largest and steadily active organization both in Mexico and Latin America. It has more than one million two hundred thousand members who labor in elementary and middle school education. It has become historically in a significant social and political power in the country. Born in the early forties of the last Century, its history is extremely complex. The union was growing up all these years, developing too close to the central government. Perhaps the most important inflection moment in its history was in December 1979 in which an internal tension generated the spring of a union fraction. This group called National Coordinator of Education Workers (CNTE Spanish acronym). It arouse supported by the great democratic movement at national level occurring in those years, mainly in the south east region of the country, and thereafter leading important struggles in the labor, social and political realms. At the present, by recognizing the relevance of teaching power in Mexico, is necessary to underline the existing links between these two internal powerful poles of tension of great national impact. SNTE majority is part of a political alliance between governmental elites through patronage relationships. On the other side, CNTE is the other major oppositional group that has been pressing on throughout democratic resistance and independent activism, in part with large mobilizations, which have transcended their local influence. It has been linking the educational demands to the struggles of nation-wide social movements. One point to be noted is how both fragments of the union are internally in constant struggle to demonstrate their own strength at the political arena, from diametrically different trenches. My proposal is to portray the settings and features of the union political action all through the contestation of these two teacher union groups, which in political and historical conjunctures have been either detonators or containers of great relevance in Mexican politics.

Jean-Gabriel Contamin (Université Lille 2-CERAPS), Frédéric Sawicki (Université Paris I-CESSP) 


Se mobiliser dans/se mobiliser hors : La variété des rapports à l’engagement des enseignants du public


Depuis les années 1970, s’est diffusée l’idée d’une forme de continuum de la participation politique dans les démocraties occidentales : ce seraient les mêmes qui recouraient le plus souvent aux formes les plus conventionnelles d’action politique et aux formes dites alors « non-conventionnelles », à savoir plutôt des populations au capital culturel élevé, les « nouvelles classes moyennes salariées », et tout particulièrement celles qui relèvent du secteur public. Dans cette optique, les enseignants, et plus encore les enseignants du public, seraient l’exemple même du groupe mobilisable et mobilisé, quelles que soient les formes d’action politique non-violentes envisagées. Ces conclusions semblent toutefois pour partie piégées, dans leur généralité, par la méthode utilisée. En se centrant sur une population professionnelle spécifique, les enseignants du public saisis dans un site géographique français particulier par le double biais d’un questionnaire centré sur des pratiques sériées et d’entretiens, on peut distinguer quatre grands pôles structurants, caractérisés par des rapports spécifiques au politique et à l’engagement (politique et professionnel) ainsi qu’aux différentes formes de mobilisation. C’est ce qu’on souhaite exposer au travers de cette contribution en analysant notamment les facteurs les plus prédictifs d’appartenance à ces pôles.

To mobilize inside / to mobilize outside : Public school teachers and their attitudes towards citizen involvement

Since the 1970s, it is commonly accepted that there is ​​a continuum of political participation in Western democracies : same people more often engage in the less costly form of participation and in the more costly ones, ie people who share a rather high cultural capital, the new 'salaried middle classes', and among them especially those within the public sector. In this context, school teachers, and more specifically public school teachers, would be the epitome of the professional group either mobilized or that might be mobilized. However these findings seem partly trapped in their generality, by their methodological basis. By focusing on a specific professional population, French public school teachers, in a specific geographical location, using both a questionnaire focusing on practices and interviews, it is possible to distinguish four main structural poles, characterized by specific attitudes towards politics and commitment (political and professional commiment) as well as towards different forms of mobilization. This is what would be exposed through this contribution which will analyze the most predictive factors of belonging to these poles.


Catherine Le Capitaine (Université Laval, Québec) 


Mobilisation ou démobilisation des enseignants ? Le cas du Québec


À partir d’une enquête menée en 2012 auprès de 1132 enseignants syndiqués au Québec, cette recherche s’intéresse aux conditions d’exercice de la profession de plus en plus exigeantes au Québec (précarité, augmentation des tâches administratives, pressions sur la performance, diminution des ressources spécialisées, violence et harcèlement au travail) et d’une mobilisation collective variable selon les enseignants. Plus de la moitié des répondants n’ont jamais participé à une manifestation syndicale et sont défavorables à la grève. Cette communication visera à comprendre les facteurs qui favorisent et ceux qui limitent la mobilisation collective des enseignants dans un contexte de travail plus contraignant. Les responsabilités familiales et la lourdeur de la tâche d’enseignement sont les principales raisons qui limitent la participation à la vie syndicale.

Union Participation or lack thereof amongst Teachers? The Case of Quebec

Using data obtained from 1132 participants in 2012, this research examines worsening work and contractual conditions of unionized teachers in the province of Quebec (including reduced employment security; growing administrative burdens; pressure to enhance performance; diminished access to specialized resources; and greater levels of violence and harassment).The research examines factors which predict teacher involvement in union activity. It finds that more than half of those surveyed have never participated in collective protest activity and generally have a negative view of strikes. It also finds that family responsibility and high teaching loads are the principal predictive factors of limited union participation.

Nada Chaar (Université de Picardie-CURAPP)


Comment se mobiliser ? Une approche ethnographique du rapport à l’action collective des professeurs de l’enseignement secondaire


Pourquoi, au sein du même établissement, certaines mobilisations « prennent »-elles et d’autres non ? On interroge ici les rapports des individus à l’action collective sur le lieu de travail à partir d’une observation ethnographique dans un établissement d’enseignement secondaire. On montre que les valeurs auxquelles les individus renvoient leur action peuvent être le produit d’une naturalisation du monde social, ce qui les mène à privilégier les mobilisations autour de ce qui est implicitement considéré comme universel et à éviter celles qui relèvent du conflit. Les pratiques de convivialité viennent conforter l’unité du groupe.

How to Mobilize? Teachers and Collective Action: an Ethnographic Approach

Why do some mobilizations work while others do not? Participant observation in a French public secondary school allows us here to analyse individual attitudes to collective action in the workplace. Individual values in action appear to be produced by the naturalization of the social order, conducting people to mobilize on the universal rather than conflicts. Conviviality comes as a consolidation of group unity.

Lorenzo Barrault (INRA Dijon-CESAER)


La participation des enseignants aux mobilisations localisées autour des fermetures de classes en milieu rural

Cette communication interroge les comportements des enseignants face aux fermetures de classes dans l’enseignement primaire en milieu rural. S’inscrivant dans le cadre d’une recherche collective relative aux mondes ruraux, l’analyse est localisée sur un territoire relativement enclavé, peu dense et en déclin démographique. Elle s’appuie sur des archives administratives, quelques observations et des entretiens croisés avec des enseignants syndiqués ou non, des parents d’élèves, des agents administratifs, et des élus locaux. Les fermetures de classes par l’Education Nationale donnent parfois lieu à des résistances collectives de la part des familles, il s’agit alors de comprendre et d’expliquer les formes de la participation ou de la non participation des enseignants à ces mobilisations contestataires localisées. En questionnant les trajectoires sociales, les expériences professionnelles, les carrières militantes, et les sociabilités locales, la communication pointe les logiques sociales et politiques de la différenciation des comportements des enseignants. Leurs éventuels engagements auprès de parents contestataires ne sont par ailleurs explicables qu’en prenant en considération les logiques de l’univers syndical local et les mécanismes désincitatifs mis en place par l’Education Nationale. Une analyse relationnelle et processuelle souligne en outre les éventuels effets de ces mobilisations sur les enseignants, aussi bien du point de vue de leurs rapports au politique et à l’activité syndicale, qu’aux niveaux de leurs carrières professionnelles et de leurs relations sociales. Au total, l’analyse localisée contribue à l’étude du renouvellement des formes de mobilisation du groupe enseignants.

The (non) participation of teachers to mobilizations around the closings of classes. A located analysis in rural area

This communication questions the behavior of the teachers faced closings of classes in primary education in rural area. Taking place within the framework of a collective research on rural worlds, the analysis is located on a relatively enclosed, little dense territory and in demographic decline. It leans on administrative archives, some observations and crossed interviews with syndicated teachers or not, parents of pupils, civil servants and local elected representatives. The closings of classes by the department of National Education sometimes cause collective resistances on behalf of families, it is then a question of understanding and of explaining the forms of the participation or the not participation of the teachers to these localized mobilizations. By questioning the social trajectories, the professional experiences, the militant careers, and the local sociability, the communication points the social and political logics of the differentiation of the teachers’ behaviors. Their possible commitments with protester parents are besides explainable only by taking into consideration the logics of the local labor-union area and the non-incentive mechanisms set up by the National education. A relational analysis underlines besides the possible effects of these mobilizations on the teachers, as well from the point of view of their relations to politics and to the labor-union, as at the levels of their professional careers and their social relationships. Finally, the located analysis contributes to the study of the renewal of the forms of mobilization of teachers in France.

Juliette Fontaine (Université Paris I-CESSP)


Les « hussards » dans les années noires : Formes et fondements de la mobilisation des instituteurs sous Vichy


Cette communication se propose de décrire la manière dont les instituteurs républicains réagissent à la mise en place de la réforme éducative du régime de Vichy et de comprendre les déterminants de leurs réactions. Contrairement à ce que pourrait postuler une explication en termes idéologiques, les instituteurs se soumettent, dans leur grande majorité, aux directives du nouveau gouvernement. La perte des repères politiques et syndicaux (institutionnels, matériels, humains) par lesquels « l’esprit de corps » s’épanouit et se reproduit explique en grande partie l’inaction collective des instituteurs. Cependant, nous montrerons que, loin d’obéir inconditionnellement au régime, les instituteurs ont développé des formes de mobilisation circonscrites se situant sur un continuum allant du refus partiel à des formes de résistance plus actives, en passant par divers degrés de protestation (compromis quotidiens, comportements faiblement perceptibles ou délibérément expressifs, etc.) Les cadres sociaux dans lesquels évoluent ces instituteurs expliquent la forme spécifique que prend leur engagement. Distant des considérations politiques, le rôle social dont ils se sentent investis – prendre en charge leurs élèves quelles que soient les conditions d’enseignement – apparaît alors comme un déterminant important de la forme « sociale » et non politique de leur mobilisation.

Forms and determinants of the teachers’ commitment under the Vichy Regime

This paper aims to describe the way republican teachers react to the educational reform of the Vichy Regime and the determinants of their acts. Contrarily to what an « idealist » theory would imply, most of them submitted themselves to the directions of the new government. The loss of political and union support, which would originally be the mean of expression and reproduction of the republican teachers’ corporatism, explains the lack of collective action. However, we show that, far from unconditionally obey to the regime, teachers developed multiple forms of mobilization from partial refusal to more active resistance, including degrees of protest (daily concessions, indistinctly perceptible or deliberately expressive behaviors, etc.) The social frames in which these teachers operated explain their commitment specific forms. Far away from political considerations, the social model in which they used to feel invested – taking care of their pupils – appears as an important determinant to this « social » rather than political form of mobilization.

Aurélie Llobet (Université Paris-Dauphine-IRISSO)

Profs du privé, profs du public. Les effets différenciés des sociabilités sur l’engagement

A partir d’une étude comparée entre les professeurs du secondaire de l’enseignement public et ceux de l’enseignement privé catholique sous contrat, cette communication se propose d’analyser l’influence des sociabilités professionnelles dans l’engagement. Nos précédents travaux ont analysé le travail d’encadrement syndical et ses effets sur les pratiques de participation politique. Or, l’extension de la démarche a fait émerger de nouvelles hypothèses sur les effets de la socialisation professionnelle. Alors qu’ils sont visibles et centraux dans les établissements scolaires publics, les représentants syndicaux sont, dans l’enseignement privé, difficilement identifiables. Cependant, les sociabilités jouent une autre fonction. Les interactions dépassent le cadre professionnel et se caractérisent par un fort enchevêtrement entre sphère privée et professionnelle qui génèrent d’autres engagements notamment confessionnels. A partir d’entretiens et d’observations, nous dégagerons les différentes manières d’investir l’espace local de travail et, couplé aux dispositions sociales des professeurs, les effets différenciés de la socialisation professionnelle sur l’engagement.

Teachers of the private schools, teachers of the public schools. The effects differentiated by the sociability on the commitment

From a compared study between the teachers of the secondary publics schools and those of the catholic schools under contract with State, this communication suggests analyzing the influence of professional sociability in the commitment. Our works analyze the work of trade-union and its effects on political participation. The extension of the inquiry offers news hypotheses on professional socialization. While they are visible and central in the public schools, the trade-unions are absents in private schools. However, sociability plays another function. The interactions are characterized by a strong link between private and professional sphere which generate others commitments in particular religious. From interview and observations, we analyses the manners to invest the local space and, confronted to social dispositions of the teachers of the secondary, the effects of professional socialization on commitment.


Julie Métais (EHESS-Iris/Université de Montréal)


Les enseignants comme avant-garde politique au Mexique : le cas des instituteurs de Oaxaca


Les capacités de mobilisation des instituteurs de l’Etat de Oaxaca sont en partie liées à leur insertion sociale et professionnelle spécifique au sein de la société locale. Ces derniers exercent en effet leur profession sur l’ensemble du territoire oaxaqueño et sont présents au sein de la plupart des communautés de l’Etat ; dotés de compétences spécifiques, ils ont accès à des espaces sociaux et politiques diversifiés. La plupart d’entre eux est en outre rattachée à la puissante section locale du Syndicat National des Travailleurs de l’Education (SNTE). La communication s’attachera, d’une part, à retracer les déterminants historiques de la politisation de ce groupe social au Mexique. Dans un second temps, sur la base d’une recherche ethnographique menée à Oaxaca de 2008 à 2011, il s’agira de mettre à jour les aspects contemporains du multi-engagement de ces enseignants (politique et associatif) et de leur rôle de passeur entre les différents espaces politiques locaux : assemblées communautaires, de quartier, organes de décision syndicaux, mouvements indigènes.

Teachers as the political avant-garde in Mexico: the case of primary school teachers of Oaxaca

The mobilization capacities of primary school teachers in the state of Oaxaca is partially linked to their specific social and professional integration within the local society. These teachers work throughout oaxaqueño territory and have a strong presence in most of the state’s communities. Possessing specific competencies, they have access to diverse social and political spaces. Most of these individuals are involved with the powerful local section of the National Labor Union of Education Workers (SNTE). This presentation will, first, attempt to trace historic determinants related to the politicalization of this social group in Mexico. Second, based on ethnographic research conducted in Oaxaca from 2008 to 2011, it will present a contemporary description of the multiple commitments of these educators (political and associative), as well as their role as negotiators between the different local political spaces : community and neighborhood assemblies, labor-union decision making bodies, and native movements.

Rémi Lefebvre (CERAPS, Lille 2)

Les enseignants et le personnel politique municipal. Les transformations d'un capital politique

Les enseignants constituent traditionnellement en France l’un des viviers de recrutement du personnel politique local (municipal en particulier), notamment à gauche (PCF et PS). Les élections municipales de 1977 ont promu une nouvelle génération d'élus locaux qui fait la part belle aux enseignants et qui est demeurée largement en place depuis. Constitutif d'une forme de notabilité locale liée tant à la reconnaissance sociale dont les enseignants font l’objet qu’à un certain activisme associatif, le statut d'enseignant confère alors un capital d'éligibilité. En s'appuyant sur des données quantitatives (statistiques du ministère de l'intérieur, travaux de Michel Koebel sur l’évolution du profil social des élus locaux, enquête ANR CERAPS sur les enseignants et la politique), on cherchera à interroger la permanence de cette surréprésentation des professions enseignantes dans le personnel politique et les ressources mobilisées par les enseignants dans le jeu politique local. A partir d'un corpus d'une cinquantaine d'entretiens (avec des maires et surtout des adjoints), il s'agira de mettre à jour les transformations du capital politique dont sont porteurs les enseignants.

Teatchers and local political staffs. The changes of the political capital. Rémi Lefebvre

In France,teachers traditionnally form a breeding ground for recruiting the local political staffs(mainly municipal)especially in the left wing (PCF and PS) During the municipal elections in 1977, a new generation of the local elected representatives emerged. The teachers are numerous, they rely on the free time at their disposal, their local roots, their reputation; How has the political teaching capital evolved?

Julien Fretel (Université de Picardie-Jules Verne-CURAPP)


Les maîtres du Modem. Réflexions sur un courant politique et pédagogique français

Lors de la création du Mouvement démocrate à la fin de l’année 2007, une partie non négligeable d’enseignants du secondaire est venue rejoindre les rangs du parti de François Bayrou. L’identité de ce dernier qui fut jadis professeur de lettre classique, a sans doute été un facteur d’attraction. Mais plus encore, il semble bien que cette nouvelle formation centriste qui se positionnait en rupture à la fois avec le gauche socialiste et avec la droite républicaine a constitué pour une partie du personnel de l’éducation nationale une voie par laquelle exprimer un ensemble de critiques à l’encontre des tendances récentes qu’a connues l’école républicaine, sans pour autant mettre à mal le métier de professeur en soi. Ces enseignants dont beaucoup étaient des femmes d’ailleurs, ont représenté un courant pédagogique et politique que nous nous proposons d’étudier en vue d’une réflexion plus générale sur les polarités politiques qui structurent l’espace enseignant aujourd’hui.

The masters of Modem party. Thoughts about a French political and pedagogical movement

At the time of creation of the Democrat Movement in late 2007, a significant part of the secondary school teachers joined the ranks of François Bayrou’s party. The personality of the former Classics teacher might have been a pull factor. In addition, this new centrist formation, breaking away not only from the Socialist left but also the Republican right, was used by a part of the National Education body as a way to express some criticism – not towards not the teaching profession but rather the recent trends of the school of the French Republic. These teachers – a great proportion of them female – represented a pedagogical and political trend. This paper will concern itself with the above as well as a more general analysis of the political polarities forming the current educational world.

Ismail Ferhat (CHSP/Sciences Po Paris)

Un chaînon entre enseignants et parti socialiste ? Les Cercles Jean-Jaurès (Années 1940-1980)

Les Cercles Jean-Jaurès ont été, des années 1940 aux années 1980, une association qui regroupait des enseignants de sensibilité socialiste, le plus souvent membres de la Fédération de l’Education nationale (FEN). Ceux-ci ont été un moyen méconnu de la part du parti socialiste SFIO de créer un réseau parmi les professionnels du secteur éducatif.  En effet, les enseignants constituent un milieu traditionnellement favorable au socialisme français. Entre volonté de centralisation de ce réseau, et nécessité d’accorder une certaine forme d’autonomie à celui-ci, le Parti socialiste a cependant hésité. De ce point de vue, les Cercles Jean-Jaurès peuvent servir d’exemple d’études des ambiguïtés des rapports du socialisme hexagonal au monde enseignant.
 
Between teachers and socialists? The ‘Cercles Jean-Jaurès’ (1940s-1980s)

The Cercles Jean-Jaurès were, during their existence between the forties and the eighties, an organization whose objective was to group French socialist-minded teachers. Most of them were also members of the powerful teacher-union FEN (Fédération de l’Education nationale). This organization was a part of a strategy led by the French socialist party SFIO in order to create links with teachers, a traditional constituency for it. Nevertheless, it hesitated between two strategies, the creation of a united network of socialist teachers, and the necessity to admit a certain degree of autonomy. The Cercles Jean-Jaurès appear to be a historical example of the ambiguities of the interactions between teachers and French socialism.

Grégory Hû (Université de Strasbourg)

Constitution et désagrégation d’une élite partisane locale : les réseaux enseignants et le PS dans le Cambrésis (1930-2010)

Cette communication explore les liens entre le parti socialiste et les structures associatives ou syndicale enseignante de l’entre deux guerres à la période contemporaine, dans un territoire donné, le Cambrésis. Elle se focalise sur les ressources des enseignants investissant les positions politiques et partisanes socialistes. Après avoir montrer en quoi les enseignants sont en mesure d’exercer une autorité politique sur ce territoire, on analyse la force de l’esprit de corps au sein du groupe des instituteurs et PEGC et ses effets sur leur mobilisation dans les structures laïques et syndicales. Ces structures s’interpénétrant avec le parti socialiste du fait des configurations politiques locale et nationale, elles constituent pour ce parti des lieux de recrutement et des moyens de mobilisation lors des campagnes électorales. Ensuite, la communication montre un déclin du réseau enseignant socialiste, à partir de la fin des années 80. Il est le produit de la juxtaposition de deux logiques : l’une renvoie aux transformations affectant le groupe professionnel, et l'autre est liée aux modifications de la configuration politique nationale et locale. L’analyse se fonde sur des documents d’archives, une étude de presse, des entretiens, l’observation participante d’une réunion de section, des données prosopographiques et statistiques sur le recrutement social à l’école normale de Douai et la composition des conseils municipaux.

Constitution and desegregation of local partisan elite: teacher’s networks and socialist party in the Cambresis (1930-2010)

This paper aims to investigate the links between the French Socialist party and teacher’s associative or union networks from the interwar to the contemporary period in the Northern France district of Cambresis. It focuses on teacher’s resources making commitment to the political and party positions. We first explain teachers local political authority by the strength of esprit de corps among school teachers and PEGC and we then analyse its impact on teacher’s mobilisation into associative or union networks. These networks are intertwined with the Socialist party due to local and national configurations and provide it with recruitment and mobilization ressources. Finally, the paper demonstrates the decline of teacher’s socialist networks from the late 1980’s onwards. This decline is the combined result of two logics: teachers’ transformation as a social group on the one hand, and the evolutions of political national and local configurations on the other. The paper is based on archives, press study, in-depth interviews, participant observation of constituency party gatherings, prosopography and statistical data.


Participants

BARRAULT Lorenzo lorenzobarrault@yahoo.fr
CHAAR Nada zayyoun@live.fr
CONTAMIN Jean-Gabriel jean-gabriel.contamin@univ-lille2.fr 
FEHRAT Ismaïl ismaelferhat@yahoo.fr
FONTAINE Juliette juliette-m.fontaine@laposte.net
FRETEL Julien freteljulien@yahoo.fr
GEAY Bertrand bertrand.geay@u-picardie.fr
GIRAUD Baptiste baptistegiraud@hotmail.com
HÛ Grégory gregory.hu@unistra.fr
LE CAPITAINE Catherine catherine.lecapitaine@rlt.ulaval.ca
LEFEBVRE Rémi remi.lefebvre@univ-lille2.fr
LLOBET Aurélie aurelie.llobet@wanadoo.fr
MARTINACHE Igor igor.martinache@univ-lille2.fr 
MÉTAIS Julie metais@ehess.fr
MIERZEJEWSKI Stephan stephan.mierzejewski@lille.iufm.fr
MONS Nathalie nmons@wanadoo.fr 
RAYOU Patrick patrick.rayou@univ-paris8.fr
ROBERT André andre.robert@univ-lyon2.fr
SAWICKI Frédéric frederic.sawicki@univ-paris1.fr 
TELLEZ GUADALUPE Olivier mariao969@yahoo.com.mx
VERDIER Eric eric.verdier@univ-amu.fr

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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