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Section Thématique 21

L’activité scientifique au prisme de l’impératif participatif
The Scientific Activity in front of the Participatory Imperative

Responsables

Jean-Gabriel CONTAMIN (Université Lille 2, CERAPS) jean-gabriel.contamin@univ-lille2.fr
Martine LEGRIS-REVEL (Université Lille 2, CERAPS) mart.revel@gmail.com

Présentation scientifique Dates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Depuis une quinzaine d’années se sont multipliées en France comme à l’international les études consacrées à la démocratie participative ou délibérative et à des dispositifs relevant de ce nouvel ‘impératif délibératif’ (Blondiaux, Sintomer, 2002). Pour faire face aux limites des systèmes représentatifs, de plus en plus de régimes politiques se doteraient de procédures en vue d’associer le citoyen à la décision publique. Ce sont ces procédures et leurs effets qui ont été l’objet d’analyses de plus en plus nombreuses au point d’être par exemple à l’origine en France d’un GIS CNRS consacré à ces questions ainsi que d’une revue spécialisée.
Il serait toutefois réducteur de n’associer ce « tournant participatif » ou « délibératif » qu’au seul univers politique. On en trouve en effet des traces dès les années 1970 dans le monde de l’entreprise sous la forme, par exemple, du management participatif ou de la démocratie industrielle (Emery, Thorsrud et Trist, 1969 ; Emery et Thorsrud, 1976). Qui plus est, d’autres espaces pourtant a priori encore plus rétifs à l’intrusion de ce ‘monde civique’, comme l’univers de la science elle-même, se sont ouverts à ces questionnements (Wynne, 1992 ; Callon, Lascoumes et Barthes, 2001).
En effet, contre une vision ‘scientiste’ de ce domaine qui en ferait un espace autonome, fonctionnant selon des règles propres, en respectant une forme de ‘neutralité axiologique’, s’est développée une autre vision de la recherche scientifique qui la présente comme un monde comme un autre (ou presque comme un autre) dans lequel s’affrontent des intérêts et des dispositions sociaux et qui, dès lors, pourrait être tout autant soumis à un impératif démocratique et aux jugements ou à la participation des citoyens que les autres espaces sociaux.
Cette remise en cause de la possibilité, voire de la nécessité même, d’une dissociation entre l’univers scientifique et l’univers civique s’est traduite en un ensemble de dispositifs qui accordent au citoyen des places très différentes. Il est parfois perçu comme la source des besoins auxquels la science devrait répondre et comme le juge de l’adéquation entre ses demandes et les réalisations (thème de la demande sociale). Il est parfois pris en compte au travers de la thématique de l’acceptabilité sociale de la science (travaux sur les mobilisations collectives, par exemple). Il est parfois considéré comme l’objet et le sujet des transformations initiées par les scientifiques (interventionnisme sociologique). Il est parfois assimilé au chercheur lui-même qui serait indissociablement chercheur et citoyen. Il est enfin parfois convié sur une base qui se voudrait plus ambitieuse de ‘recherche collaborative’ (Hall, 2005 ; Kindon et alii, 2007).
Cette participation citoyenne à la démarche scientifique a toutefois jusque là été essentiellement étudiée dans une optique très prescriptive ou en faisant des citoyens un simple obstacle à la rationalité scientifique qu’il faudrait enrôler (Pestre, 2011 ; Fischer, 2000).
L’enjeu de cette session thématique sera précisément de s’interroger plus globalement sur les modes contemporains de participation citoyenne à la recherche scientifique en rassemblant un ensemble d’études empiriques portant sur cette thématique, en privilégiant notamment des travaux qui portent sur des dispositifs collaboratifs qui sont supposés faire intervenir les logiques participatives et démocratiques au cœur même du travail scientifique. Elle sera aussi l’occasion de faire le lien entre science studies et étude sur la démocratie participative, en se demandant tout à la fois ce que les interrogations, outils et méthodes développés dans chacune de ces sous-disciplines peuvent apporter aux autres, et en quoi les spécificités de fonctionnement du monde scientifique peuvent limiter ces croisements réciproques. Elle sera enfin l’opportunité de réfléchir sur nos propres pratiques et sur la manière dont nos propres recherches sont ou non (et comment) redevables de l’espace civique.
Cette session thématique est aussi pensée dans l’idée de contribuer à structurer une communauté internationale  de chercheurs travaillant autour de ces questions. Elle devrait en effet par la suite être déclinée sous forme de panels dans différents congrès internationaux (ECPR, ISA, IPSA, IPA). Il s’agit ainsi aussi de faire du congrès de l’AFSP l’opportunité de rassembler un ensemble de chercheurs francophones sur ces questions.

Since fifteen years, studies on participatory and deliberative democracy have multiplied in France and abroad. To cope with the limitations of representative systems, political regimes tend to introduce procedures in order to involve citizens in public decision-making.
It would however be simplistic only to associate this "participatory” or "deliberative" turn to the political universe.It appears for instance in the 70s in the business world with participatory management or industrial democracy (Emery and alii, 1969; Emery and Thorsrud, 1976). Other domains, a priori more reluctant to the intrusion of 'civil society', like science itself, open to these questions (Wynne, 1992; Callon and alii, 2001). The scientific field might be considered as a ‘normal’ world where interests compete and which, therefore, could be equally subject to a participatory imperative.
This questioning of the dissociation between the scientific field and the civic society has resulted in a set of devices that provide citizens very different places : as source of the needs that science should respond (social demand) ; as taken into account through the theme of the social acceptability of science ; as subject and object of transformations initiated by scientists (sociological intervention) ; as represented by the researcher himself ; or as invited to contribute directly in 'collaborative researchs' (Hall, 2005).
This citizen participation in the scientific process has however so far mainly been studied in a very prescriptive perspective or by making citizens an obstacle to scientific rationality which should be overcome (Pestre, 2011).
This thematic session will precisely aim to more broadly question contemporary modes of citizen participation in scientific research by collecting a set of empirical studies on this subject. It will also be an opportunity to make the link between science studies and studies on participatory democracy, wondering what questions, methods and tools developed in each of these sub-disciplines can be used for others, and how the specificities of the scientific field may limit these reciprocal crosses. It will also be an opportunity to reflect on our own practices.
This session will finally be an opportunity to help organizing an international community of researchers working on these issues. It is based on a European project which questions the citizens’participation in research and should then give rise to panels in international conferences (ECPR, ISA).


Bibliographie

Blondiaux (L.), Sintomer Y. (2002), « L’impératif délibératif », Politix, 2002, n°57, p.17-35.
Callon (Michel), Lascoumes (Pierre) et Barthe (Yannick), Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie technique, Paris, Seuil, 2001.
Emery F.E., Thorsrud (E.) et Trist (E.), Form and content in industrial democracy : Some experiences from Norway and other European countries, Londres, Tavistock Publications, 1969.
Emery (F.E.) et Thorsrud (E.), Democracy at work, Leiden, Martinus Nijhoff, 1976.
Fischer (Frank), Citizen, experts and the environment : the politics of local knowledge, Durham, Duke University Press, 2000.
Hall (Budd L.), “’In from the cold?’ Reflections on participatory research from 1970-2005’, Convergence, 2005, 38 (1), p. 5-24.
Kindon (Sara), Pain (Richard) et Kesby (Mike), Participatory Action Research Approaches and Methods, Routledge, 2007.
Pestre (Dominique), "Des sciences, des techniques et de l'ordre démocratique et participatif", Participations, 2011, n°1, p. 210-237.
Wynne (Brian), “Uncertainty and Environmental Learning : Reconceiving Science and Policy in the Preventive Paradigm”, Global Environmental Change, 1992, n° 2 (2), p. 111-127.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur la session suivante :
Session 3 : 11 juillet 2013 15h15-18h

Voir planning général...

Lieu : Batiment J (13 rue de l'Université), salle J 210  


Programme

Discutants :
Guillaume Gourgues (Université de Franche-Comté, CRJFC/PACTE)
Steve Bernardin (CRPS-CESSP, Université Paris 1)


Résumés des contributions

Stefan Boeschen (Université d’Augsburg) et Martine Legris-Revel (Université Lille 2, CERAPS)
 
Governing research by CSO participation. Expectations and limitations : the case of the FP7 European projects

The purpose of this communication is to analyze contemporary modes of Civil Society Organization’s participation in the scientific research by combining an empirical study about the inclusion of CSOs on the basis of a survey of all European Commission FP7 projects with a theoretically elaborated analytical grid to bring out the aspects determining the current landscape of participation practice. Our research problem is based on the hypothesis that there are a variety of practices of CSO participation in research leading to governance problems. The participation of CSOs in research is embedded in a set of assumptions and procedures which affect the achievement of internal or external expectations. The analysis of expectations and their fulfillment drives us to consider the relationship between research governance (as a way of reaching or managing expectations) and the means of expressing interest (public interest).
The main results show that there are important differences between the positioning of CSOs by project managers and the self-positioning of CSOs representatives, which are in many cases scientific skilled and demand to be integrated as experts. Therefore, conflicts about the agenda-setting and orientation of projects are likely in case of CSO-participation. Against this background, the decision not to resort to CSOs in one consortium of research is linked to a positivist vision of the scientific validity and only a third of our CSOs including teams sample are likely to adopt a collaborative working organization and thus to act in a participative governance model.

 
Orienter la recherche à partir des attentes des organisations de la société civile : le cas des projets européens du Programme Cadre de Recherche

Cette communication vise à analyser les modes contemporains de participation de la société civile à la recherche en combinant une étude empirique des modalités d’inclusion de la société civile à partir d’une étude systématique de tous les projets financés par la commission européenne dans le cadre du programme cadre 7 (FP7) et d’une grille analytique théorique, afin de repérer les facteurs qui dessinent les contours des pratiques participatives de recherche. Notre question de recherche part de l’hypothèse qu’il existerait une variété de pratiques de la participation de la société civile aux projets de recherche, qui conduirait à des problèmes de gouvernance. La participation de la société civile à la recherche est imbriquée dans un ensemble de suppositions et de procédures qui influent sur la satisfaction des attentes internes et externes des acteurs. L’analyse des attentes et de leur satisfaction nous conduit à analyser la relation entre la gouvernance de la recherche (comme un moyen de satisfaire et de contrôler ces attentes) et les moyens d’exprimer des intérêts.
Les principaux résultats de notre enquête montrent qu’il y a de fortes différences de positionnements entre les managers de projet –souvent pris par une vision très positiviste de la recherche- et les représentants de la société civile, qui, le plus souvent, disposent eux mêmes de connaissances scientifiques et souhaitent être intégrés à la recherche en tant qu’experts. D’où des conflits sur l’agenda et l’orientation des projets et une difficulté à parvenir à un mode d’organisation collaboratif du travail.

Frédérique Chlous (Université de Bretagne sud, Laboratoire Géoarchitecture EA2219) et Sonia Lefeuvre (Laboratoire Géoarchitecture)
 
Quand les entreprises rencontrent les scientifiques : les effets de la coconstruction des questionnements scientifiques

Les rapports entre recherche, innovation, entreprises, État et espace public ont connu de profondes mutations. Des scientifiques, des politiques, des membres de la société civile organisée ont jeté les bases d’un renouvellement des relations entre sciences et société impliquant davantage cette dernière dans la production de la connaissance y compris dans la définition des questionnements scientifiques. Cette approche implique l'invention de nouveaux dispositifs sociaux permettant à la science de se confronter à d'autres modes de pensée, d'autres façons de poser les problèmes, d'explorer les solutions, et alimente la volonté de créer de nouvelles normes et formes de savoirs. C’est dans ce contexte qu’un programme de recherche (CO-SCIENCES) financé par l’Agence nationale de la recherche se propose d’étudier des relations existantes entre chercheurs et représentants d’entreprises, et plus spécifiquement de concevoir des dispositifs de débats sciences-entreprises afin d’analyser les mises en relation et les productions. Le comité de pilotage pluridisciplinaire et plurisectoriel du projet a choisi d’organiser les débats sous la forme d’une co-construction d’un modèle conceptuel. Les outils des SHS sont utilisés pour révéler les positionnements, les valeurs et les justifications mobilisées par les différents acteurs et interroger la notion d’objet intermédiaire dans le cadre de la situation de co-construction de questionnements scientifiques.
 
When companies and scientists meet: methods of co-constructing scientific questions
 
Relationships between research, innovation, private enterprise, the Government and public space have undergone profound changes. Scientists, politicians, and members of organized civil society have contributed to lay the foundations for a renewal of links between sciences and society, to give the latter group more involvement in knowledge production, including in the definition of scientific questions. This approach implies inventing new social tools that will enable the fusion of science with other ways of thinking, presenting problems, and exploring solutions, and fuel the will to create new standards and forms of knowledge. It is against this background that the ANR-funded research programme CO-SCIENCES, seeks to study the existing relationships between researchers and business representatives, and more specifically, to design science-enterprise debating tools for the analysis of connections and outputs produced. The project’s multi-disciplinary steering committee decided to organize debates consisting of the co-construction of a conceptual model. HSS tools are used to show the various actors’ positions, values and justifications, and to question the concept of the intermediary object within situations of co-construction of scientific questions.

Boris Hauray (Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les enjeux Sociaux (IRIS), CNRS-Inserm-EHESS-Université Paris 13) et Carine Vassy (Institut de Recherche Interdisciplinaire sur les enjeux Sociaux (IRIS), CNRS-Inserm-EHESS-Université Paris 13)
 
Les citoyens face aux enjeux bioéthiques : l’exemple des Etats Généraux de la bioéthique

Afin de préparer la révision des lois de bioéthique, des États généraux de la bioéthique (EGB) ont été organisés en France en 2009. Ils se sont notamment traduits par la tenue de trois « forums citoyens » : après une formation délivrée par des chercheurs de différentes disciplines et un débat public avec des « experts », des « jurés citoyens » ont délibéré et rédigé des avis communiqués au Président de la République. Ces forums ont constitué un moment rare d’échanges entre scientifiques et « simples » citoyens sur les enjeux de la science et les éventuelles limites à lui imposer.
Basée sur une enquête centrée sur l’organisation et le déroulement du forum consacré au dépistage prénatal et préimplantatoire et aux recherches sur l’embryon, notre communication s’interrogera sur :
1) le rapport que les citoyens engagés, les scientifiques, les médias et les politiques ont entretenu avec cette démarche participative,
 2) les tensions qui ont émergé entre les principes normatifs et méthodologiques guidant cette consultation et ses conditions concrètes de mise en œuvre,
2) les effets de ce dispositif sur le contenu des avis formulés et les législations bioéthiques finalement adoptées.

Citizens confronted with bioethical issues: the case of the Etats Généraux de la Bioethique  (EGB)

A national conference on bioethics – called Etats Généraux de la Bioethique  (EGB) -  has been organized in France in 2009 in order to prepare a revised edition of the State Bioethics laws. Three “citizens’ juries” have taken place : after being trained by researchers from various disciplines and having a public debate with ‘experts’, citizens who had no specific knowledge of the issues at hand, have deliberated and collectively delivered opinions, which have been transmitted to the President of the Republic. These forums have offered a rare opportunity of talk between scientists and ‘lay’ citizens about scientific stakes and the limits one might put on scientific research.
Our paper is based on a social scientific inquiry about how has been organized the forum on prenatal screening, preimplantation genetic testing, and research on embryo, and how it has taken place in practice. Our paper will discuss:
1.    Involvement of committed citizens, scientists, media and politicians in this participatory action
2.    Tensions between normative and methodological principles underlying this public consultation and the concrete conditions of its implementation
3.    Effects of this participatory action on the opinions delivered and on the bioethics laws that have been eventually passed.

 
Jean-Pierre Mounet (Université Grenoble 1, PACTE UMR 5194), Arnaud Cosson (IRSTEA) Cosson Arnaud (IRSTEA Grenoble) et Franck Bézannier (Parc naturel régional des Ballons des Vosges)

Recherche participative et objectivité du chercheur engagé : la construction d'un dispositif innovant de réflexivité de second niveau.  L'accompagnement par la recherche d'une concertation dans les Vosges

Cette communication présente tout d’abord la mise en place d’une arène de concertation – la Conférence des Hautes-Vosges (CHV) - lieu de résolution d’un conflit tourisme-environnement concernant la Route des Crêtes dans le Parc naturel régional des Ballons des Vosges. Puis elle analyse les conditions dans lesquelles la commande d’une « analyse sociologique » s’est transformée en un accompagnement par la recherche (APR) du processus sous la forme d’une recherche-action participative.
Sont donc présentés ici un cas clinique de participation et une forme de recherche participative  conçue comme une recherche coconstruite et réalisée dans le cadre d’un partenariat chercheur-praticien avec l’exigence d’une « double vraisemblance » (Desgagné, 2007) qui se traduit par une double validité –pratique et académique– des résultats. Au premier niveau de réflexivité du chercheur impliqué au cours de son travail sur l'action en train de se faire, la communication propose d'ajouter un second niveau de réflexivité a posteriori, à travers un protocole expérimental que celui-ci, son partenaire gestionnaire du Parc et un second chercheur, « tiers extérieur critique », ont mis en place en commun.
 
Back on the experience of participative research : an accompaniment by research for consensus-building process of Route des Crêtes

This paper presents the first implementation of a dialogue arena- the Conference of the Hautes-Vosges - place of conflict resolution on tourism-environment, for Route des Crêtes in the Parc naturel régional des Ballons des Vosges. Then it analyzes the conditions under which order a sociological analysis became an accompaniment by research (APR) process as a participatory action research.
Are therefore presented a clinical case of participation and a form of participatory research as a co-builiding research process designed and constructed in partnership researcher-practitioner with the requirement of a "double vraisemblance" (Desgagné, 2007). This partnership outcomes in a double-academic and practical - results validity. At the first level of reflexivity of the researcher involvement in the action process, the communication proposes to add a second level of reflexivity retrospectively, through an experimental protocol that the researcher, the Park manager and a second researcher, as “third party external critic ", have implemented together.

Frédéric Nicolas (LaSSP, IEP Toulouse)
 
Quand les agrobiologistes font science. Le travail des frontières de l'espace social agricole

Dans cette communication, nous entendons analyser le travail des frontières engagé par les agents de l'espace social de l'agriculture biologique et plus largement de l'espace social agricole à un moment où l'agriculture biologique se constitue en paradigme en même temps qu'elle s'institutionnalise. Nous entendons par « travail des frontières » l'ensemble des processus qui participent à la reconnaissance d'un droit à faire science et donc à voir reconnaître sa démonstration comme scientifique dans la perspective de légitimer des pratiques, savoirs et savoir-faire. La mobilisation de la Science dans la justification des démarches agrobiologiques participe de la genèse de cet espace social et continue à agir sur la composition et la structure de cet espace - notamment en régulant l'entrée de « profanes » inégalement dotés en capital scientifique reconnu -, comme nous essayerons de le démontrer en mobilisant un ensemble de données issues d'un corpus d'entretiens menés auprès de producteurs et d'agents de l'encadrement agricole (dans ses 3 dimensions : formation, recherche et développement), d'observations (dans les salons techniques) et d'archives (notamment les archives de le société Lemaire-Boucher, considérée comme l'une des sociétés pionnières dans le développement de l'agriculture biologique en France).

Boundary-work in agriculture : The case of the organic sector

Based on interviews with organic producers and people involved in the development of the organic sector (teachers, scientists, and public servants), observations of professionnal congresses and on the analysis of the Lemaire-Boucher archives, our paper focus on the boundary-work of organic farmers. « Boundary-work » is described by Gieryn as « "an ideological style found in scientists' attempts to create a public image for science by contrasting it favorably to non-scientific intellectual or technical activities ». By that, he means all the activities that tend to draw a clear demarcation between scientists and non-scientists in a contest for authority and resources.

Bérangère Storup (Fondation Sciences Citoyennes)
 
Expertise citoyenne et recherche participative, de nouveaux modes de production de savoirs pour orienter la recherche

La Fondation Sciences Citoyennes (FSC) est une association loi 1901 créée en 2002 avec pour mission de favoriser et prolonger le mouvement actuel de réappropriation citoyenne et démocratique de la science, afin de la mettre au service des biens communs. Un de ses objectifs est l’accroissement des capacités de recherche et d’expertise de la société civile.
La contribution présentera un projet en cours qui vise à dresser un état des lieux de la recherche participative en France au regard de la situation existante dans d’autres pays, et à analyser ce mode de recherche comme mode de production de savoirs original qui permet de répondre à des besoins socio-environnementaux des citoyens.
Elle visera à éclaircir les critères qui permettent de parler de recherche participative et, surtout, les obstacles auxquels se heurte toute recherche participative. Elle proposera dès lors quelques pistes pour faire de la recherche autrement, notamment pour favoriser l’émergence d’autres questions à travers la recherche :
• Remettre au centre du processus la fonction de médiateur, d’interface entre les chercheurs et les citoyens, notamment en raison de la complexité des problèmes posés pour parvenir à une co-construction des savoirs
• Valoriser des partenaires scientifiques non académiques relevant du « tiers-secteur scientifique »
• Proposer des financements et des programmes qui permettent d’avoir une vraie réflexion par rapport à l’action de recherche et à la construction d’un partenariat.
 
Citizen expertise and participatory research, new modes of knowledge production toreorient research

The contribution will present an ongoing project which aims to develop an inventory of participatory research in France in relation to the existing situation in other countries, and to analyze this type of research as a mode of producing innovative knowledge responding to socio-environmental citizens demands.
It will aim to clarify the criteria used to talk about participatory research and, most importantly, about any obstacles to participatory research. It therefore propose some ideas to make research differently, in particular to promote the emergence of other issues through research :
• To reintroduce a “facilitator” as an interface between researchers and citizens, especially in view of the complexity of the faced problems faced, in such a way as to achieve a real co-construction of knowledge and questioning ;
• To promote non-academic research partners linked to the " scientific third sector "
• To consider funding schemes, programs and conditions allowing a reflexion on research action and on partnership construction while at the same time fostering these partnerships.


Participants

BERNARDIN Steve bernardin.list@gmail.com
BÉZANNIER Franck f.bezannier@parc-ballons-vosges.fr
BOESCHEN Stefan stefan.boeschen@phil.uni-augsburg.de
CHLOUS Frédérique frederique.chlous-ducharme@univ-ubs.fr
CONTAMIN Jean-Gabriel jean-gabriel.contamin@univ-lille2.fr
COSSON Arnaud arnaud.cosson@irstea.fr
GOURGUES Guillaume guillaume.gourgues@hotmail.com
HAURAY Boris hauray@ehess.fr
LEFEUVRE Sonia sonia.lefeuvre@univ-brest.fr
LEGRIS-REVEL Martine mart.revel@gmail.com
MOUNET Jean-Pierre jean-pierre.mounet@ujf-grenoble.fr
NICOLAS Frédéric frederic.nicolas@sciencespo-toulouse.fr
STORUP Bérangère Berangere.storup@sciencescitoyennes.org
VASSY Carine c.vassy@iname.com

 

12ème Congrès de l’AFSP à Paris du 9 au 11 juillet 2013 à Sciences Po

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