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Congrès organisé en partenariat avec

Module transversal 1

Approches expérimentales en science politique
Experimental political science

Responsables

Nicolas SAUGER (Sciences Po, CEE et LIEPP) nicolas.sauger@sciencespo.fr

Présentation scientifiqueDate de la session Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

La science politique, à l’instar de la plupart des sciences sociales, s’est construite en opposition aux sciences dites expérimentales. Le postulat qu’il n’est pas possible de faire des expériences en science politique reste un présupposé largement partagé par de nombreux manuels dans la discipline aujourd’hui. Il explique par ailleurs le développement d’autres méthodes pour établir les inférences causales, et notamment la comparaison. Or, depuis les années 1980 au moins, un courant expérimentaliste s’est développé en science politique.
L’expérimentation, en science politique, s’est progressivement inventée à partir d’une triple filiation. Son origine historique est probablement à trouver dans les efforts de simulation, dès le début du 20e siècle, visant à établir l’efficience de dispositifs comme par exemple ceux d’appel au vote. Son ancrage disciplinaire, ensuite, s’inscrit dans la lignée des dispositifs de psychologie expérimentale, Milgram restant encore aujourd’hui un point de passage obligé pour nombre d’étudiants en science politique, et de leur réinterprétation par l’économie expérimentale, pour sa part plus récente. Enfin, des dispositifs plus techniques et notamment le sondage ont également contribué au développement de l’approche expérimentale, principalement par le transfert de la notion de tirage aléatoire.
Cette MTED se propose de faire le point sur le rapport entre science politique et approches expérimentales. L’objectif est quadruple :
- Le but est d’abord de faire un bilan des travaux, en France comme à l’étranger, ayant recours à l’expérimentation tant pour en dresser un bilan raisonné que pour souligner le potentiel de développement de ces approches au sein de la science politique française ;
- Le second objectif est d’identifier l’apport spécifique des approches expérimentales à la science politique. A quelles questions les expériences peuvent-elles répondre mais quelles sont également celles où les expériences semblent peu prometteuses ? Quel type d’approche expérimentale est le plus efficace pour répondre à ces différentes questions ? Comment résoudre les dilemmes entre validité interne et validité externe dans les approches expérimentales ?...
- Le troisième objectif est de faire le point sur les opportunités et les contraintes pour faire des expériences, notamment en termes d’infrastructures, de règles éthiques et juridiques à respecter,…
- Le quatrième objectif est enfin de discuter des manières d’enseigner les approches expérimentales en science politique, et, réciproquement, de comprendre comment les approches expérimentales peuvent également contribuer à l’enseignement de la science politique.
 
Political science, as most of the other social sciences, has been built against so called experimental sciences. The assumption that doing experiments in political science is impossible remains largely shared among the handbooks of the discipline. This explains the development of other techniques of causal inference, and especially the promotion of comparison. Yet, since the 1980s at least, a stream of experimental research in political science has grown significantly.
Political science experiments have been built from three different origins at least. Historical origins lay in simulations of the early 20th century, which tried to assess the efficiency of calls for electoral participation. Academic developments in political science have then followed those in experimental psychology and experimental economics. Opinion polls have also significantly contributed to experimental approaches because of the direct connection between random sampling and random allocation of treatment.
The main aim of this MTED is a collective reflection about the links between political science and experimental approaches. We aim especially at:
- drawing a panorama of current works building on experimental designs to provide an accurate overview of the state of this field and to emphasize potential developments;
-  identifying where experiments can contribute most to political science. Which are the questions experiments can bring the most meaningful answers? How to handle tradeoffs between internal and external validity?...
- discussing about opportunities and constraints to run experiments, in terms of infrastructure, ethics rules,…
- debating about the contribution of experimental approaches to teaching political science and how to learn about and with experiments.


Sessions

Les travaux du MTED se dérouleront sur le 23 juin 2015 de 13h30 à 17h30.

Lieu : salle D101, Espace Philippe Seguin


Programme

Résumés des contributions

Jean-François Laslier (Paris School of Economics)

Individual Behavior under Evaluative Voting: A Comparison between Laboratory and In Situ Experiments

This paper compares two experimental methodologies for studying how individual voting behavior changes with respect to the choice of voting rule. We concentrate on different versions of Evaluative Voting. The results are based on two types of experimental protocol: a classical laboratory experiment with monetarily-induced preferences, and an in situ experiment run in parallel with the 2012 French presidential election. In the laboratory, individuals use the different rating scales in similar ways; but this is not the case in situ. The difference may be due to the different ways subjects interpret the proposed scales when they concern real candidates. Finally, the paper discusses what each method can teach us. Notably, we highlight behavior that is in contradiction with the tenets of strict rationality. This phenomenon, which is very widely observed in situ, and where it may be explained by a motive to express oneself, is also observed in the lab, where it is still to be explained.

 
Ce papier compare deux méthodologies expérimentales visant à étudier comment les choix électoraux individuels changent suivant la règle électorale. Nous nous concentrons sur deux versions du vote par évaluation. Les résultats viennent de deux protocoles expérimentaux : une expérience de laboratoire classique, avec des préférences induites par une rémunération monétaire, et une expérience in situ conduite en parallèle à l’occasion de l’élection présidentielle de 2012. Dans la laboratoire, les individus utilisent les échelles de notation de la même manière ; pas in situ. La différence peut être due aux différentes manières qu’ont les sujets d’interpréter les échelles proposées quand ils sont confrontés à des candidats réels. Le papier discute finalement de ce que chaque méthode peut nous apprendre. Nous soulignons notamment des comportements en contradiction avec un strict principe de rationalité. Ce phénomène, qui est très couramment observé in situ, peut être expliqué par une volonté de s’exprimer, mais est également présent en laboratoire, où il reste à expliquer.

Vincent Pons (CREST)

Increasing the Electoral Participation of Immigrants: Experimental Evidence from France

In the US and Europe, immigrants vote much less frequently than native-born citizens. We compare the impact on both groups of an identical encouragement to vote. During the 2010 French regional elections, 23,800 citizens were randomly assigned to receive visits from political activists. In the control group, which did not receive visits, immigrants' turnout did not differ significantly from native-borns, once other characteristics are controlled for. However, in treatment, the door-to-door visits increased the turnout of immigrants without affecting native-borns, a finding robust to controlling for the influence of other variables. Results from a postelectoral survey indicate that immigrants initially had less political information, which could explain this heterogeneous impact. Our findings suggest that get-out-the-vote campaigns can successfully increase immigrants' political participation even when they do not target them. More widely, our results illustrate the complementarity between observational studies and field experiments to study the determinants of political behavior.

 
Aux Etats-Unis comme en Europe, les immigrés votent bien moins que les autres. Nous comparons sur ces deux groupes l’impact d’un stimulus identique d’encouragement au vote. Pendant le campagne des élections régionales en France, en 2010, 23 800 citoyens ont reçu aléatoirement des visites de militants politiques. Dans le groupe de contrôle, qui ne reçut pas de visite, le taux de participation des immigrés n’était pas significativement différent des autres, une fois les autres caractéristiques des individus contrôlées. Cependant, dans le groupe traité, le porte-à-porte accrut la participation des migrants, mais pas celle des autres même une fois contrôlées les autres variables. Les résultats d’un sondage post-électoral indiquent que les immigrés avaient initialement moins d’informations politiques, ce qui peut expliquer cet impact hétérogène. Nos résultats suggèrent que les campagnes de mobilisation peuvent accroître la participation des migrants même s’ils ne sont pas spécifiquement visés. Plus généralement, ces résultats illustrent la complémentarité entre sondages et expériences de terrain pour comprendre les déterminants des comportements électoraux.

Christine Fauvelle-Aymar (Université de Tours) et Abel François (Université de Strasbourg)

Mobilization, cost of voting and turnout: a natural randomized experiment with double elections

This article uses a peculiarity of French local elections to test the influence of mobilization factors and the cost of voting on electoral turnout. At local elections, half of the constituencies have to vote in a single election (regional elections), whereas the other half cast two ballots (a departmental election and a regional election). Since these two categories of constituencies are distributed randomly, this context provides the conditions of a natural randomized experiment. Comparison of the turnout rates in both types of constituencies allows us to assess in a particularly robust way the significant impacts of mobilization activities and of the cost of voting on turnout. We estimate the average impact of an additional election at the national level on turnout to be around four percentage points, but this impact is much higher at the local level.

 
Cet article utilise une particularité des élections locales françaises pour tester l’influence de facteurs de mobilisation et de coût du vote sur la participation. Pour les élections locales, la moitié des cantons votent pour une seule élection (les élections régionales), l’autre moitié pour deux (élections départementales et régionales). Ces deux catégories de cantons étant choisies aléatoirement, ce contexte fournit les conditions d’une expérience naturelle randomisée. La comparaison des taux de participation permet d’estimer de manière robuste l’impact des efforts de mobilisation et du coût du vote. Nous estimons l’impact moyen d’une élection additionnelle au niveau national à près de quatre points de participation, mais cet impact est bien plus élevé pour des élections locales.
 
Vincent Tiberj (Sciences Po, Paris)

Les expériences en survey research : modèles, techniques et résultats

Dans la période 1985-1995 la recherche sur l’opinion publique aux Etats-Unis a connu une révolution. Elle s’ancre à la fois sur le terrain théorique avec l’émergence du modèle l’électeur raisonnant et  sur le terrain empirique avec le développement des techniques de CATI. Cette convergence a créé les conditions nécessaires à la mise en place d’expérimentation dans les enquêtes d’opinion. Dans cette intervention il s’agira de revenir sur cet ancrage théorique puis de présenter différentes techniques d’expérimentations et d’en dresser un bilan.
 
From 1985 to 1995, public opinion research in the U.S. has unvergone a revolution. This revolution is both theoretical, with the reasoning voter model, and empirical, with the development of telephone interview techniques. This convergence provided the necessary conditions to implement experimentation in opinion polls. In this presentation, this theretical background will be presented before presenting various experimental techniques and a general assessment of their contribution to the field.

Nonna Mayer (Sciences Po, Paris)

Comment questionner sur des sujets sensibles : l’apport des expérimentations

Les approches cognitives ont renouvelé l’approche de l’opinion publique et un courant expérimental né aux Etats Unis (Zaller, 1992 ; Sniderman, 1993) a contribué à faire évoluer l’entretien de sondage, en  le rendant interactif (arguments pour/contre, persuasion, en jouant sur la formulation et le cadrage des questions, split sampling). On s’interroge ici sur l’apport et les limites de ce type d’expérimentation pour explorer les opinions sur des sujets sensibles : les attitudes envers la démocratie d’une part (sondage « Démocratie 2000 », expérience de la « pommade » in Grunberg, Mayer, Sniderman, 2002),  le racisme et la xénophobie d’autre part  (sondage annuel pour la CNCDH, expérience de « la liste »).

Cognitive approaches have renewed public opinion research. A new strand of experimental research born in the U.S. (Zaller, 1992 ; Sniderman, 1993) has fostered the evolution of interviews in opinion polls, making it interactive (pros and cons, persuasion, by playing on formulation and framing of questions, or split-sampling). We assess the contributions and the limits of this type of experimentation to ask questions on sensitive issues: attitudes towards democracy on the one hand (Democracy 2000 project, Grunberg, Mayer, Sniderman, 2002), racism and xenophobia on the other (yearly poll for the CNCDH, list experiments).
 
Pavlos Vasilopoulos (CEVIPOF)

Experimental Political Psychology: An Overview

This presentation presents an overview of experimental methods in political psychology. It discusses issues of causality, validity and reliability compared to survey techniques. Special emphasis is placed on the emerging topic of the impact of emotions on political behavior and future avenues for experimental political research in France.

 
Cette présentation propose un panorama des approches expérimentales en psychologie politique. Elle discute des enjeux de causalité, de validité et de fiabilité, en comparaison des techniques de sondage. Une attention particulière est portée sur le sujet du rôle des émotions sur les comportements politiques and sur les possibilités de développement des approches expérimentales en France.

George Marcus (Williams College)

When Conservatives and Liberals Experience the Same Feelings and When They Don’t: The Effects of Context on Explanations for Interest in Novel Information

Political engagement often begins with a first step which, when taken, changes one’s status from subject to citizen. In this examination we explore what prompts people after having read a story to then become interested in learning more. To understand when people take that initial move we focus on both distal and proximal factors. For the first we use ideological identification and for the latter the emotional reactions people report after reading their assigned story. It has been claimed that conservatives differ from liberals by, among other differences, in their unwillingness to entertain change and their greater need for closure. This then suggests that liberals are more inclined to be responsive.
But we are principally concerned with exploring how context shapes when and how distal impacts the proximal. We begin by proposing a taxonomy of contexts. We augment Prospect Theory’s two-fold taxonomy by adding the context of novelty to the contexts of expected gains and of expected loss.
In two national survey-experiments context impacts when and how liberals and conservatives react with either enthusiasm or aversion. But context does not impact on when they report anxiety nor is there any apparent ideological bias in interest in obtaining novel information about the story they have read. And that is important as we find just one factor that consistently encourages people to seek novel information, and that factor is anxiety.

 
L’engagement politique débute souvent par une première étape, qui, quand elle est franchie, change le statut de la personne de sujet à celle de citoyen. Dans cette étude, nous explorons ce qui fait que les gens, après avoir lu une histoire, deviennent intéressés par en savoir plus. Pour comprendre comment les gens font ce premier pas, nous prenons en compte des facteurs distaux et proximaux. Pour le premier, nous utilisons l’identification idéologique et pour le second les réactions émotionnelles que les gens reportent après avoir lue l’histoire donnée. On a suggéré que les conservateurs diffèrent des libéraux par, entre autres, leur réticence au changement et leur plus grand besoin de fermeture. Ceci indique que les libéraux doivent être plus enclins à répondre au stimulus.
Mais nous sommes principalement intéressés par explorer comment les contextes déterminent quand et comment le distal impact le proximal. Nous commençons par proposer une taxonomie des contextes. Nous élargissons la classification en deux groups de la théorie du prospect en additionnant le contexte de la nouveauté à ceux des gains et des pertes espérés.
Dans deux expériences dans des sondages nationaux, le contexte a un impact sur quand et comment libéraux et conservateurs réagissent avec enthousiasme ou aversion. Mais le contexte n’a pas d’impact quand c’est le l’anxiété qui est mentionnée ni quand il y a un biais idéologique apparent pour obtenir de l’information supplémentaire à propos de l’histoire qui vient d’être lue. Et ceci est important dans la mesure nous trouvons qu’un seul facteur encourage systématiquement les gens a recherché de l’information, et ce facteur est l’anxiété.


Participants

Braconnier Céline celine.braconnier@sciencespo-saintgermainenlaye.fr
Fauvelle-Aymar Christine christine.fauvelle-aymar@univ-tours.fr
François Abel abel.francois.abel@gmail.com
Laslier Jean-François jean-francois.laslier@ens.fr
Marcus George E. gmarcus@williams.edu
Mayer Nonna nonna.mayer@sciencespo.fr
Pons Vincent vinpons@gmail.com
Sauger Nicolas nicolas.sauger@sciencespo.fr
Tiberj Vincent vincent.tiberj@sciencespo.fr
Vasilopoulos Pavlos pavlos.vasilopoulos@sciencespo.fr

 

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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