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Congrès organisé en partenariat avec

Section Thématique 15

Quelle économie politique pour quelle « crise » ?
What political economy for what ‘crisis’ ?

Responsables

Matthieu ANSALONI (CED, Université de Bordeaux) matthieuansaloni@yahoo.fr
Andy SMITH (CED, Université de Bordeaux) a.smith@sciencespobordeaux.fr

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

En dépit de son ampleur, la récession économique actuelle a suscité bien peu d’analyses de la part des politistes français. Il est symptomatique qu’aucun article n’ait été publié à ce sujet dans la principale revue de la discipline, la Revue Française de science politique. À notre connaissance, seulement deux revues françaises –Pouvoirs et Politique européenne ont consacré à cette thématique des numéros thématiques. En revanche, hors de l’Hexagone, les « causes » et « conséquences » de la « crise » économique font l’objet d’analyses de science politique, à la fois riches et nombreuses : à l’initiative de Colin Crouch (2011) notamment, les analystes s’interrogent sur le point de savoir pourquoi les « recettes » néolibérales qui ont engendrée la crise financière, immobilière et économique perdurent aujourd’hui encore et ce, particulièrement en Europe (Blyth, 2013 ; Schafer et Streeck, 2013 ; Schmidt et Thatcher, 2013 ; Hay et Wincott, 2012). Si le silence de la science politique française peut s’expliquer par la grande attention portée par les chercheurs de l’Hexagone à la production de données empiriques originales, il témoigne surtout du désintérêt profond de la science politique française à l’égard de l’activité économique. Souligné à de multiples reprises, le gouffre qui sépare la discipline en France et l’analyse économique a pu être interprété comme la conséquence d’une spécialisation disciplinaire excessive, la science politique française gardant ses distances tant vis-à-vis de la sociologie économique (François, 2011) que vis-à-vis de l’économie institutionnaliste, par exemple la théorie de la régulation (Jullien et Smith, 2012 ; Théret, 1995).Les politistes délaissant les questions économiques, les commentaires académiques actuels comme les enseignements adressés aux étudiants sont principalement dévolus aux économistes.

Pourtant, la science politique française dispose d’atouts considérables qui pourraient lui permettre d’offrir une contribution originale aux débats nationaux et internationaux sur la « crise » et, plus encore, de participer au renouveau de l’économie politique à l’échelle internationale. Trois atouts – intimement liés les uns autres, car tenant à la proximité de la science politique française avec la sociologie – peuvent être distingués :
D’abord, au sein de la science politique française, la sociologie de l’action publique constitue un courant particulièrement développé. Logiquement, de telles analyses seraient à même de saisir les jeux d’acteurs qui ont soit provoqué la « crise », soit participé à son traitement à travers la production de programmes d’action publique (Hassenteufel, 2011). Au-delà, la sociologie de l’action publique pourrait être à l’origine de connaissances originales sur la construction des problèmes publics attribués, à tort ou à raison, à la « crise ».
Ensuite, la relation particulièrement resserrée de la science politique française avec la sociologie fait que la plupart des politistes français se refuseraient à une approche essentialiste de la « crise » pour, au contraire, la problématiser comme un moment de l’histoire qui découle autant de continuités que de ruptures (Dobry, 1986). La formation sociologique des politistes français leur permettrait de tirer profit de la rigueur méthodologique propre à notre discipline voisine, mais aussi des acquis de la sociologie des organisations et de la sociologie économique.
Enfin, et peut-être surtout, il est très probable que toute analyse de la « crise » effectuée par un politiste français accorderait une place importante à la contingence, donc à la décision politique. Refusant le fatalisme qui caractérise certaines analyses économiques et nombre de discours ordinaires, l’analyse des processus de décision appelle à des études diachroniques fines et historiquement situées.
En somme, cette section thématique poursuit trois objectifs. Premièrement, rassembler les travaux en cours portant soit sur la « crise » et son traitement, soit sur des enjeux connexes, susceptibles de l’éclairer « de biais ». Deuxièmement, et plus fondamentalement, participer à la reconstruction de l’économie politique comme un courant méritant une place affirmée au sein de la science politique française. Enfin, contribuer avec imagination sociologique au débat international sur l’économie politique.

 

Despite the depth and the enduring character of the current economic crisis, French political science has yet to analyse it directly in any concerted way. Indeed, contrary to colleagues working in other countries, the silence of our discipline is deafening. The main reason for this is that since the 1980s political economy has been virtually deserted by political scientists in France. Rather than just lament this dire situation, this panel is based on the hypothesis that in fact political science in France has three strengths which make it particularly relevant to rebuild political economy in this country, and this using the current crisis as concrete source of motivation. First, our discipline in France is particularly strong in the sociology of public policy-making. This angle of attack could usefully be deployed in order to generate data on the actors who influence the politics of the economy, notably through their problematizations and instrumentations. Secondly, the important links between French political science and sociology mean that key lessons from economic sociology and organizational theory can also easily be placed at the forefront of the approaches developed. Finally, this interdisciplinary linkage also means that political scientists in France are well-equipped to avoid fatalistic and deterministic analyses of the economy. By focusing instead upon contingency, they are thus well-positioned to grasp the causes of the structuration, framing and regulation of the economy.
In summary, this panel has three objectives: bring together the isolated political scientists in France working on the current ‘crisis’, create a sustained dialogue between their respective approaches as a means of rebuilding political economy in this country and, from this solid basis, then ‘export’ their added-value into international debates within and without our discipline.

 
Références

Crouch C. (2011), The Strange non death of neoliberalism, Cambridge, Polity press.
Dobry M. (1986), Sociologie des crises politiques. La dynamiques des mobilisations multisectorielles, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques.
François P. (2011), « Sociologie économique et politiques publiques », in Boussaguet L., Jacquot S., Ravinet P. (dir.), Dictionnaire des politiques publiques, Paris, Presses de Sciences-po, pp. 502-509.
Hall P. (1986), Governing the economy. The politics of State intervention in Britain and France, New York, Oxford, Oxford University press.
Hay C., Wincott D. (2012), The political economy of welfare capitalism, Basingstoke, Palgrave Macmilan.
Hassenteufel P. (2011), Sociologie politique : l’action publique, Paris, Armand Colin.
Jullien B., Smith A., (2012), « Le gouvernement d’une industrie : vers une économie politique institutionnaliste renouvelée », Gouvernement et action publique, Vol. 1, 1, 2012, pp. 107-128.
Lascoumes P., Le Galès P. (dir.) (2003), Gouverner par les instruments, Paris, Presses de Sciences-po.
Schafer A., Streeck W. (2013), Politics in the age of austerity, London, Polity press.
Schmidt V., Thatcher M. (eds.) (2013), Resilient neoliberalism in Europe’s political economy, Cambridge, Cambridge University press.
Théret B. (dir.) (1995), L’Etat, la finance et le social. Paris, Presses universitaires de France.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 3 : mardi 23 juin 9h00– 12h00
Session 4 : mercredi 24 juin 14h00 – 17h00

Lieu : voir le planning des sessions


Programme

Axe 1 / Des économies politiques vues à travers la crise

Axe 2 / La crise vue à travers des économies politiques


Résumés des contributions

Christophe Bouillaud (IEP de Grenoble/PACTE) et Clément Fontan (Centre de recherche en éthique, Université de Montréal)

L'éléphant dans la pièce, comment analyser le rôle joué par les grandes banques françaises dans la crise de la zone euro ?

Depuis la faillite de Lehmann Brothers, un consensus surprenant réunit en France élites politiques et économiques : la crise financière aurait permis aux banques françaises, plus résilientes et compétitives que leur concurrentes, de démontrer la supériorité du modèle de la « banque universelle ». Pourtant, de nombreuses études (anglophones) ont montré, sans pourtant en faire une analyse systématique, que le modèle de banque universelle adopté par les banques françaises les avaient plutôt transformées en « colosses aux pieds d'argile » ayant fortement pesé sur le déclenchement de la crise et sur les solutions choisies pour y répondre. Après avoir montré que cette perspective constitue un angle mort des analyses politiques et économiques françaises les plus répandues sur la crise de la zone euro, cette communication se penche sur le rôle joué par les grandes banques françaises dans la construction des positions gouvernementales nationales au sein des institutions européennes pendant le cadrage et le processus de résolution de crise. De manière générale, nous cherchons à montrer comment une meilleure prise en compte des enjeux d'économie politique renforcerait théoriquement et épistémologiquement les études européennes et internationales francophones.

The elephant in the room: how should we analyze the role played by the major French banks in the Eurozone crisis?

Since the bankruptcy of Lehmann Brothers, French political and economic elites have reached a surprising consensus: according to them, French banks have proved themselves to be the most resilient and competitive within the Eurozone, thus concluding that their model of universal banking should not be questioned. By contrast, numerous major (English-speaking) studies have shown, although in a non-systematic way, that French banks are better understood as « colossus with feet of clay » that played a significant role in triggering the crisis as well as in the crisis resolution process. Following the latter perspective, we first show that most publicized French political and economic analyses of the crises have neglected these features. Then we explain how the major French banks have been heavily influencing the French government positions within Eurozone governance, and this right from the framing of the crisis to the choice of policy-solutions. Finally, we set out a wider claim on the need to adopt political economy perspectives in order to strengthen the theoretical and epistemological frameworks of (French-speaking) European and IR studies.

 
Colin Hay (CEE, Sciences Po Paris)

Good in a crisis? L’institutionnalisme constructiviste et l’économie politique du déséquilibre

Cette communication vise à établir la spécificité de l’ontologie de l’institutionnalisme social qui sous-tend le constructivisme social comme approche de l’économie politique. Elle appréhende le constructivisme social comme une modalité profondément normative pour investiguer l’économie politique, qui entend discerner, interroger et élucider la contingence du changement social, politique et économique – reconnectant le politique (au sens large) à des processus et des pratiques perçues comme inévitables, nécessaires et incontestables. De manière plus controversée peut-être, cette communication appréhende le constructivisme social, après Berger, Luckmann et Searle, comme une ontologie institutionnaliste. Le constructivisme social trouve ses origines dans une tentative pour établir la particularité ontologique des institutions comme des faits sociaux, et non pas des faits naturels ou bruts. Cela conduit à une compréhension distincte de la relation entre les acteurs et leur environnement (naturel et social) dans lequel ils se trouvent et à souligner la dimension cognitive des médiations qu’implique cette relation. Cela mène à une analyse particulière des dynamiques de l’économie politique, qui transparait à travers l’accent mis sur la construction sociale de la nécessité sociale et économique et du déséquilibre. Cette argumentation est illustrée et développée à partir l’élucidation des implications d’un tel constructivisme social pour l’analyse de la période de crise dans laquelle nous reconnaissons vivre.
 
Good in a crisis? Constructivism’s institutionalism and the political economy of disequilibrium

This paper seeks to recover and establish the distinct (and distinctly) institutionalist social ontology that underpins social constructivism as an approach to political economy.  It views social constructivism as a profoundly normative mode of political economic inquiry which seeks to discern, interrogate and elucidate the contingency of social, political and economic change – restoring politics (broadly understood) to processes and practices typically seen to be inevitable, necessary and uncontestable.  More controversially, perhaps, it also sees social constructivism, after both Berger and Luckmann and Searle, as ontologically institutionalist.  Social constructivism, it is argued, has its origins in the attempt to establish the ontological distinctiveness of institutions as ‘social’ (as distinct from natural or ‘brute’) facts.  This leads it to a distinct understanding of the relationship between actors and the environment (both natural and social) in which they find themselves and to its characteristic emphasis on the ideational mediation of that relationship.  That in turn leads it to a particular type of analytical purchase on political economic dynamics, reflected in its distinctive emphasis on the social construction of social and economic necessity and on disequilbrium.  The argument is illustrated and developed further through an elucidation of the implications of such a social constructivism for the analysis of the period of crisis through which we now acknowledge ourselves to be living.   

 
Christakis Georgiou (CEPEL, Montpellier)

La crise de la zone euro de 2010/13 et le big business européen. Une approche par les acteurs

De nombreuses analyses d’économistes indiquent le caractère politique de la « crise de la zone euro ». Le récit qui s'est imposé est celle d'un déséquilibre institutionnel généré par la juxtaposition d'une politique monétaire centralisée et d'une politique fiscale décentralisée. Si l'on accepte cette analyse, il devient nécessaire d'expliquer ce déséquilibre institutionnel. Je propose des éléments de réponse à cette question à partir de l'hypothèse centrale qui a structuré ma thèse : le processus d'intégration européenne est étroitement lié à la problématique de la généralisation de la production à grande échelle et de la forme organisationnelle qui lui est associée, le « big business ». Il en découle que les contours du processus sont calqués sur les stratégies et préférences des grandes firmes européenne. Cette prise de vue se situe dans le sillon d'un récent mouvement en économie politique institutionnelle consistant à concentrer l'analyse davantage sur les stratégies des acteurs que sur les dispositifs institutionnels censés les contraindre. Après une brève présentation de l'hypothèse centrale et de l'approche, cette communication analysera la construction du régime macroéconomique européen ayant conduit à la « crise de la zone euro ». Il sera question de la façon dont l'évolution des préférences des grandes firmes européennes à partir des années quatre-vingt a conditionné cette construction. Le troisième temps de la communication se concentrera sur la façon dont la gestion de la crise peut se comprendre à travers les préférences contradictoires des grandes firmes européennes.

2010/13 Eurozone crisis and European big business. An actor-centred approach

Many economists have underlined the political nature of the “Eurozone crisis”. The latter is seen as the result of an institutional imbalance caused by the juxtaposition of centralized monetary policy and decentralized fiscal policies. If one accepts this analysis then one needs to address the issue of how this imbalance emerged. This paper seeks to make a contribution towards that end on the basis of the central hypothesis informing my PhD thesis: European integration is closely linked to the generalization of large-scale production and the organizational form associated with it, i.e. big business. It follows from this that the contours of the process can be traced to the strategies and preferences of large European firms. The approach adopted in this paper reflects recent turn in institutional political economy consisting of focusing more on actors' strategies than on the institutions that are supposed to constrain them. After a short presentation of the central hypothesis and the approach, the paper will propose an analysis of the building of the European macroeconomic regime that led to the “Eurozone crisis”. Here the focus will be on the way in which change in the preferences of large European firms from the 1980s onwards influenced this process. Finally, I will focus on how the management of the crisis can be understood with reference to the contradictory preferences of large European firms.

 
Andy Smith (FNSP, CED, Université de Bordeaux)

Que fait l’Etat ? L’apport d’une économie politique constructiviste, institutionnaliste et centrée sur les valeurs

Cette communication présentera un nouveau cadre d’analyse constructiviste, institutionnaliste et weberien conçu pour saisir le rapport entre la politique et l’activité économique, ainsi que deux illustrations empiriques, tirées d’un ouvrage actuellement en préparation. Le cadre repose sur une définition précise et hétérodoxe de la politique : la mobilisation ou la suppression de valeurs en vue de changer ou de faire reproduire les institutions économiques. Du moins dans le champ économique, quatre valeurs se trouvent constamment en tension : la liberté, l’égalité, la sécurité et la tradition. Notre hypothèse centrale est que c’est en étudiant l’invocation et les hiérarchisations de ces valeurs que la recherche pourrait pleinement saisir l’encastrement de la politique dans les réinstitutionalisations économiques spécifiques. Afin d’illustrer cette thèse et de contribuer à un débat sur le rôle économique de l’Etat contemporain, deux illustrations seront développées. Portant sur les interventions étatiques en faveur du véhicule électrique, la première revisite le concept du patriotisme économique. Animée par la question de l’impact des interventions étatiques sur les ressources humaines, le deuxième exemple concerne des politiques d’emploi des Etats norvégien et français. Le propos global défendu est que si, face à ces deux séries d’enjeu, le rôle de l’Etat français est aujourd’hui particulièrement « modeste », c’est avant tout en raison des choix de valeurs fondamentaux et fortement institutionnalisés.

What does the State do? The contribution of a constructivist, institutionalist and weberian political economy focused on values

This paper presents a new constructivist, institutionalist and Weberian analytical grid designed for explaining the relationship between economic activity and politics. Its cornerstone is a definition of politics as the mobilization or silencing of values in order to change or reproduce economic institutions. At least in the field of economic activity, four values constantly compete and conflict with each other: freedom, equality, security and tradition. Our central hypothesis is that the invoking and prioritization of these values is the cause of each instance of economic reinstitutionalization that can empirically be observed. In order to illustrate this claim and, moreover, contribute to the scientific debate on the role played by the contemporary state in the economy, two cases studies will be presented. Centred upon state intervention in favour of electric cars in France, the first revisits the concept of economic patriotism. The second case chosen concerns the state’s involvement in labour markets via employment policies in the French wine industry as compared to those applied to Norwegian aquaculture. The overall finding of the paper is that when faced with both these sets of issues, the ‘modesty’ of the French states role is above all caused by the fundamental and institutionalized value choices made by its representatives.
 
Samuel Faure (CERI, Paris)

L’A400M au Mali malgré la ‘Grande récession’. Expliquer l’élaboration de la décision par une approche relationnelle

Cette communication explique l’élaboration de la décision prise par la France en 2003 d’acquérir l’avion de transport militaire A400M. Pourquoi la France a-t-elle emprunté le chemin décisionnel européen plutôt que national, comme pour l’achat de l’avion Rafale, ou transatlantique lors de l’acquisition du drone Reaper ? Dans le prolongement des approches néo institutionnalistes, l’argument théorique est de type relationnel : les relations qui lient les décideurs comptent pour expliquer le processus décisionnel. Le concept de « configuration » d’Elias est utilisé et l’hypothèse centrale est ainsi formulée : plus les décideurs gouvernementaux et industriels entretiennent des relations politiques étroites au niveau national (configuration exclusive), plus il est probable que l’Etat décide de ne pas coopérer au niveau international et de réaliser un programme national. En revanche, plus les décideurs industriels s’autonomisent des décideurs gouvernementaux (configuration « désencastrée »), plus il est probable que l’alternative de la coopération internationale soit choisie, ce qui est le cas de l’A400M. Outre les sources secondaires, cette étude s’appuie sur des données de première main obtenues lors de 161 entretiens semi-directifs auprès des principaux décideurs gouvernementaux et industriels français qui ont été parties prenantes de l’élaboration de ce programme. Ces données sont traitées à partir de deux méthodes qualitatives : la reconstitution de processus (process-tracing) et l’analyse contrefactuelle.

Flying to Bamako by A400M via the ‘‘Great Recession’’ ? The Power of « loose ties » as a hypothesis

This communication explains the decision taken by France in 2003 to buy the A400M military aircraft. Why did France take the European option rather than national or transatlantic ones? Based on neo-institutionnalist premises and Elias’ notion of « configuration », the argument here is relational: social ties between policy-makers matter to explain decision making. The main claim is formulated as follows: the more governmental and industrial decision-makers are closely linked by political relations at the national level (an exclusive configuration), the more likely it is that the government decides to not cooperate at the international level and to choose the national path. In contrast, the more industrial elites are disembedded from governemental leaders (a « disembedded » configuration), the more likely it is that the government takes the international option as in the case of the A400M. Beyond secondary sources, this study is based on primary data obtained through161semi-structured interviews with key French governmental and industrial decision makers. This data is processed using two qualitative methods: process-tracing and counterfactual analysis.

 
Hélène Baillot (Paris 1/CESSP)

La résilience des experts des institutions financières internationales  face à la crise de la dette des pays pauvres

Cette communication s’intéresse à la crise de la dette des pays pauvres. Les dispositifs de traitement de cette dette sont, au début de la décennie 1990, soutenus par des institutions puissantes au premier rang desquelles figurent le FMI et la Banque mondiale. Mais pour puissantes qu’elles soient, ces institutions ne constituent pas un lieu à part, au-dessus du monde social. La campagne anti-dette internationale Jubilé 2000 constitue une épreuve pour les institutions internationales au cours de la laquelle la problématisation dominante de la dette dont elles étaient porteuses se voit questionnée et fragilisée – mais sans pour autant être remise en cause dans ses fondements. Croisant sociologie des problèmes publics, sociologie de l’action collective transnationale, et sociologie économique, cette communication interroge donc la capacité des experts des institutions financières internationales à maintenir leur légitimité face à la « crise ». L’attention sera portée sur les ressources (matérielles, sociales, savantes) et les stratégies des différents groupes porteurs de problématisations de la dette différentes afin de mieux cerner les mécanismes par lesquels la dette est non seulement devenue un problème- une crise- mais surtout ce problème public spécifique auquel les institutions financières internationales (et le G7) ont répondu en 1999 par le lancement de l’ « initiative pays pauvres très endettés renforcée » (PPTE-R).

The resilience of the experts of international financial organisations faced with the debt crisis experienced by poor countries

This communication focuses on the poor countries’ debt crisis. Since the early 1990s, the international debt regime have been sustained by powerful institutions, at the forefront of which stand the International Monetary Fund (IMF) and the World Bank (WB). Even though they are powerful, those institutions are not however surrounded by hermetically sealed borders and should thus be analyzed as regards the social world in which they are embedded. The anti-debt international campaign -Jubilee 2000- has made life difficult for the international financial institutions. During this period their dominant problematization of the debt issue has been undermined and weakened – but never totally called into question. Drawing on the sociology of public problems, sociology of transnational collective action and economic sociology, this communication questions the ability of WB and IMF experts to cope with the debt crisis and maintain their legitimacy. Particular attention is paid to the resources (material, social, intellectual) and the strategies mobilized by different groups of actors who defend different problematizations of the debt issue. Our objective is to better understand the mechanisms through which the debt issue has not only become a problem – a crisis- but how the specific definition of public problem to which financial institutions responded led to the launch of an enforced initiative for highly indebted poor countries (E-HIPC) in 1999.


Fabien Escalona (Sciences Po Grenoble/PACTE)

La famille sociale-démocrate européenne face à la crise du capitalisme dans sa phase néolibérale

Cette communication présentera des réflexions issues de l’ouvrage collectif  European social democracyduring the global economiccrisis. Etudier une famille de partis en temps de crise nécessite d’utiliser une grille de lecture cohérente des faits économiques. Nous considérons ainsi que la phase ouverte depuis 2008 est celle d’une crise structurelle de la configuration néolibérale des économies capitalistes. Une telle prémisse détermine fortement l’appréciation des réponses apportées par la social-démocratie. En retour, nos analyses peuvent nourrir des travaux d’économistes sur la persistance de la « grande crise » et ses effets d’un pays à l’autre. La sociologie d’un parti de gouvernement, la nature d’un système partisan, le cadre institutionnel qui contraint les acteurs politiques sont en effet des variables essentielles à prendre en compte. Les causes et les conséquences de la trajectoire de la social-démocratie depuis 2008 illustrent donc bien la fécondité d’un dialogue entre science politique et économie politique. Pour autant, cette communication n’entend pas se contenter d’une ode convenue à l’interdisciplinarité. Nous défendrons que les dialogues les plus stimulants sont à attendre grâce à certaines approches et certains paradigmes. En particulier, nous pensons que la science politique sensible à l’institutionnalisme historique pourra d’autant plus s’accorder aux courants hétérodoxes de la discipline économique (postkeynésiens, régulationnistes, néo-marxistes), qu’ils ont en commun une ontologie du social, une conception du temps et l’intérêt porté aux institutions.

The European social-democrat family versus the crisis of capitalism during the neoliberal period

This communication will present some reflections drawn from the edited book European social democracy during the global economic crisis. On one hand, assessing the direction taken by a party family in times of crisis requires a coherent analytical framework with which to interpret economic facts. For instance, we assume that a phase has been opened since 2008 which is a structural crisis of the neoliberal stage of capitalist economies. Such a premise strongly shapes the way we assess social democratic responses. On the other hand, our analyses could help the economist reflecting on the persistence of the “great crisis” and its varied impacts from one country to another. Indeed, some important non-economic variables should be taken account, such as the sociology of a ruling party, the type of party system or the institutional framework that constrains political actors. The causes and consequences of social democratic trends since 2008 therefore illustrate how much the dialogue between political science and political economy can be fruitful. However, we do not wish to content ourselves with a naive ode to interdisciplinarity. We argue instead that the most stimulating dialogue will be held between some scientific approaches and paradigms. More precisely, we think that a political science anchored in historical institutionalism and heterodox strands of economics (post-Keynesians, Regulationists, neo-Marxists) are even more compatible when they share similar social ontologies, time approaches and interest in the institutions.

 
Cyril Benoît (CED-Université de Bordeaux)

De quoi l’Economie Politique est-elle le nom ? Revue de quelques usages d’une affiliation disciplinaire

Si le terme d'Economie Politique est encore peu ancré dans l'université française, un bref examen de la récurrence de son emploi par des travaux anglo-saxons suffit généralement à convaincre de la position centrale qu'il occupe dans la littérature. Une lecture plus approfondie révèle toutefois la grande hétérogénéité des objets de recherche ainsi regroupés: analyse du vote et des comportements électoraux, politiques fiscales et mécanismes de redistribution, la régulation de secteurs économiques…. Cette variété des thèmes se dédouble d'une forte segmentation théorique. Au-delà de la division disciplinaire entre économistes et politistes, une forte divergence méthodologique entre approches par le modèle et par l'enquête entretient le sentiment d'un champ aux ramifications multiples, rendant périlleux tout nouvel usage du terme « Economie Politique ». Afin de mieux cerner ces enjeux, la présente contribution opère une analyse de ses principaux usages dans la littérature et cherche à en dégager des implications. Examinant les publications du domaine en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis au moyen d'outils quantitatifs, l'étude met au jour la principale ligne de front qui le structure depuis une trentaine d'années : les héritiers du premier institutionnalisme américain et de la seconde de l’économie néoclassique. D'apparence secondaire, cette opposition révèle en creux deux moyens distincts de problématiser le politique. A l'appui de ce constat, nous formulons quelques pistes de réflexions sur le positionnement des recherches françaises au sein des débats contemporains.

In the name of political economy? Review of uses of a disciplinary affiliation

It the term ‘political economy’ is still weakly anchored within French universities, cursory examinations of its usage in Anglo-saxon research generally lead one to conclude that it has a much more central position in other countries. However, a deeper reading of what is presented as political economy reveals considerable heterogeneity amongst the topics it to which it is applied: electoral behaviour, fiscal and redistributive policies, the regulation of sectors… This thematic variety is supplemented by strong theoretical segmentation. Over and above the disciplinary separation between economists and political scientists, strong divergence exists between model-based and case study-based approaches, difference which reveals a field possessing many ramifications that makes any new usage of the term ‘political economy’ particularly perilous. In order to better grasp such issues, this paper analyses the principal usages of political economy in the literature and identifies its implications. By examining publications in this domain in Great Britain and the US using quantitative tools, we highlight the principal cleavage that has structured political economy over the last thirty years: between the descendants of the first American institutionalism and the second belonging to neo-classical economics. Seemingly of secondary importance, this cleavage reflects two very different ways of problematizing politics. On the basis of this finding, and in order to better target French research within contemporary debates, several points for reflection will be identified.


Participants

Baillot Hélène hbaillot@gmail.com
Benoît Cyril cyril33000@gmail.com
Bouillaud Christophe christophe.bouillaud@iep-grenoble.fr
Escalona Fabien fabien.escalona@iepg.fr  
Faure  Samuel samuel.bh.faure@gmail.com
Fontan Clément clement.fontan@gmail.com
Georgiou Christakis christakis.georgiou2@gmail.com
Hay Colin colin.hay@sciencespo.fr
Smith Andy a.smith@sciencespobordeaux.fr

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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27 rue Saint-Guillaume 75337 Paris Cedex 07 France
Téléphone : 01 45 49 77 51
Courriel : afsp@sciencespo.fr