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Congrès organisé en partenariat avec

Section Thématique 19

La profession politique aujourd’hui. Comment sociologiser les transformations  du champ politique ?
Political Profession Today. How to Update the Sociology on Political Field ?

Responsables

Philippe ALDRIN (CHERPA) philippe.aldrin@gmail.com
Marine DE LASSALLE (SAGE) marine.delassalle@misha.fr

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Depuis Max Weber, la sociologie politique définit la profession politique comme l’ensemble des occupations orientées et rémunérées exclusivement par l’activité politique, c’est-à-dire celles s’exerçant au sein des institutions (qui offrent des mandats électifs, des postes de fonctionnaires, de collaborateurs parlementaires ou de cabinet) ou des entreprises engagées dans la compétition électorale (qui salarient divers profils de « permanents »). Historiquement, le fondement de cette définition – devenue canonique – visait à mieux distinguer, d’une part, les acteurs relevant d’une professionnalisation engendrée par la « politique moderne » et, d’autre part, des fonctions politiques occupées « en amateur », de façon occasionnelle ou intermittente, parallèlement en somme avec une activité professionnelle principale. Il y a encore quelques années, un programme de recherche consacré à la « profession politique » pouvait, à juste titre, reprendre à son compte cette distinction fonctionnelle (Gaxie, 1973) et affirmer que « la professionnalisation de la politique est ce long mouvement séculaire durant lequel les acteurs politiques, se spécialisant en politique, se consacrent à plein temps à cette activité. » (Offerlé, 1999 :15). Or, l’évolution récente de l’activité politique, tant localement qu’au niveau gouvernemental ou international (Cohen et al., 2005), fait apparaître qu’il existe aujourd’hui de nouvelles façons de vivre pour et de la politique. L’allongement tendanciel des chaînes de l’activité politique s’est traduit par l’introduction de nouveaux postes et de nouveaux métiers au sein des institutions et des organisations politiques, mais aussi par l’apparition de nouveaux champs d’activités commerciales de service aux interfaces de ces dernières. L’examen des budgets alloués par les divers échelons d’exécutifs à la commande d’études (audits, sondages, diagnostics, etc.), à la communication ou à la concertation des publics (voir les travaux en cours d’Alice Mazeaud et Magali Nonjon) révèle l’existence d’un marché de l’expertise et du conseil politique (Gervais, 2012) constitué à l’extérieur des institutions et des organisations politiques mais largement dépendant des nouveaux champs d’action et des affectations budgétaires de ces dernières. De même, une bonne part des opérations initiées et financées par les fondations (Dakowska, 2014) ou par les think tanks (Medevtz, 2013) témoigne d’une activité expressément dévolue aux affaires publiques.  
 
À ce titre, il est possible de faire l’hypothèse d’une transformation de l’économie sociale des compétences politiques professionnelles et donc du champ politique. La division du travail et l’espace des positions qui structurent la production politique se caractérisent en effet par l’émergence de nouvelles spécialisations qui débordent du cadre propre des institutions et des organisations politiques. La sophistication et l’allongement des chaînes d’interdépendance dans la production politique et l’activité décisionnelle se manifestent par la place de premier plan occupée désormais par les représentants d’intérêt, les experts, les lobbysistes, les avocats, les chargés d’études, les conseillers en stratégie, les spécialistes de communication et de relations publiques, les sondeurs, les journalistes ou les universitaires. Avec d’autres corps professionnels, ils sont de facto partie prenante des univers professionnels où  s’opérationnalisent la compétition politique et les processus décisionnels, comme détenteurs d’une d’expertise spécifique (professionnelle, technique ou académique) ou comme mandataires d’un titre à représenter un secteur d’activité ou un segment de la société.
 
Or, prolongeant une tradition d’analyse marquée par la catégorisation wébérienne, la science politique continue de tenir ces professionnels pour extérieurs à l’espace institutionnel politique, en se fondant soit sur une approche d’inspiration juridique ou organisationnelle soit sur une classification fonctionnelle des rôles et des statuts. Selon la première, il s’agit d’activer les principes dichotomiques opposant classiquement intérêt public / intérêts privés, logiques de l’État / logiques de marché ou encore espace de la représentation politique / espace de la société civile. Dans la seconde, l’opposition repose sur une reconnaissance distinctive des rôles qui discrimine, d’une part, ceux qui relèvent des fonctions disposées et prescrites par les institutions politiques légitimes et, d’autre part, ceux qui appartiennent à d’autres fonctions représentatives, à la représentation d’intérêts ou à la défense de causes.
 
Le maintien d’une telle délimitation de l’espace professionnel du politique, outre ses effets de catégorisation, conduit à penser cette « extériorité » comme concurrente ou alternative, l’antienne de la « dépolitisation » en constituant le point de ralliement et finalement l’impensé. Ainsi certains auteurs peuvent-ils déplorer l’avènement de « post démocraties » (Crouch, 2004, Dinan et Miller, 2007) dans lesquelles les forces libérales auraient asservi et dépossédé les acteurs traditionnels de l’activité politique, quand d’autres s’appuient sur des nouvelles formes de procéduralisation décisionnelle (organisation de la société civile, participationnisme citoyen) pour louer l’avènement de nouveaux modes de gouvernance pensés comme alternatifs aux apories des gouvernements. L’hypothèse programmatique qui guidera cette section thématique est, qu’à l’inverse, les transformations actuelles pourraient s’analyser dans la poursuite du processus historique de monopolisation de production de l’universel (Elias), dont la formalisation renouvelée des lignes de partage serait la condition de pérennisation des moyens de contrôle.
 
En mettant en avant des logiques croissantes de « co-production », de « co-opération », d’« internalisation/externalisation » entre des espaces d’activité, des politistes cherchent à saisir – à partir de leurs terrains d’enquête, paradigmes de référence ou questionnements problématiques respectifs – la recomposition de l’économie du travail politique, afin d’objectiver et traduire sociologiquement ce que la parole d’institution expriment à travers les lexiques de la « gouvernance », de la « démocratie participative » et de la « société civile » et qui consiste aussi en toute une série de mises en dispositifs et d’institutionnalisations de cette coopération avec les agents de l’expertise et de la militance. Ces travaux montrent que, en pratique, la logique d’opposition juridique ou fonctionnelle entre les professionnels de la politique et les autres métiers spécialisés dans les affaires publiques tend à perdre de sa pertinence descriptive et de son intérêt heuristique. Ils sont toutefois segmentés selon les focales et les échelles d’observation, entre types d’activités (médiatique, politique, économique, etc.), niveaux de gouvernement (local, inter ou trans-national) voire selon les paradigmes scientifiques. Le caractère inédit de cette section thématique tient donc à son intention de faire dialoguer des politistes travaillant habituellement sur des terrains et dans des sous-champs différents autour de ce constat, pour tenter de dégager, ensemble, des pistes d’analyse. Il s’agira de tenter de réassembler ce qui se donne à voir et à analyser comme segmenté, et ainsi contribuer à sociologiser à la fois la nouvelle division du travail politique mais aussi les hiérarchies et représentations autour desquelles elle s’organise.
 

Since Max Weber, political sociology has defined politics as a profession by insisting upon the exclusive orientation on politics and on the material retributions of those acting within institutions centered on elective mandates, staff positions, parliamentary staff or cabinet) or organizations involved in electoral competition (such as the permanent staff of parties). Historically, the reason for this canonical definition was to distinguish between the one hand, the professionals of the "modern politics" for whom politics was a primary occupation and on the other, the "amateur" who was occasionally or intermittently involved in politics.
 
Only a few years ago, a research program devoted to the "political profession" could rightly endorse this functional distinction (Gaxie, 1973) and state that "the professionalization of politics is a long secular movement in which political actors, specializing in politics, are dedicated full time to this activity."(Offerlé, 1999: 15). However, recent developments in political activity, both at the local and national or international level (Cohen et al., 2005) show that there are now new ways to live from and for politics. The extension of the activity chain of politics-policy has resulted in the introduction of new positions and new occupations in political institutions or organizations, but also in the emergence, on the periphery of political institutions, of new occupations and new activities allowing new actors to live from politics. A glance at budgets allocated by various political executives to studies (audits, surveys, diagnostics, etc.), communication or public consultation activities reveals the existence of an expertise and advice market (Gervais, 2012) largely dependent on actions and budgets of political institutions or organizations. Similarly, many of the transactions initiated and funded by foundations (Dakowska, 2014) or by think tanks (Medevtz, 2013) represent an activity expressly devoted to public affairs.
 
The purpose of this conference panel is to bring together research that examines structures of the new division in political activities, in terms of professional specializations, functional hierarchies and social representations around which these activities are now organized.


 
Bibliographie

Bézès Philippe, « État, experts et savoirs néo-managériaux », Actes de la recherche en sciences sociales 193, 2012.
Cohen (A.) et al. (dir.), Les formes de l'activité politique. Éléments d'analyse sociologique, XVIIIe-XXe siècle, Paris, PUF, 2005
Crouch, (C.), Post Democracy, Cambridge, Polity Press, 2004
Demazières (D), Le Lidec (P.), Les mondes du travail politique. Les élus et leurs entourages, Rennes, PUR, 2014.
Dakowka (D.), Le pouvoir des fondations. Des acteurs de la politique étrangère allemande, Rennes, PUR, 2014.
Dinan (W.), Miller (D.) Thinker, Faker, Spinner, Spy : Corporate PR and the Assault on Democracy. Pluto Press, London, 2007.
Gaxie (D.), Les professionnels de la politique, Paris, PUF, 1973.
Gervais (J.), « Les sommets très privés de l'État », Actes de la recherche en sciences sociales, 194, 2012
Gervais (J.) « Former des hauts fonctionnaires techniques comme des managers de l'action publique. L'identité managériale, le corps des Ponts et Chaussées et son rapport à l'État », Politix, 79, 2007.
Hély (M.), Les métamorphoses du monde associatif, Paris, PUF, 2009.
Medvetz (T.), « Les think tanks dans le champ du pouvoir étasunien », Actes de la recherche en sciences sociales, 200, 2013.
Faucher King (F.), Changing Parties. An Anthology of British Political Party Conferences, Londres, Palgrave, 2005
Offerlé (M.) (dir.), La profession politique, Paris, Belin, 1999.
Ollion (É.), « Summits of Information. Advocacy Officers, Journalists, and the Making of International Summits », Qualitative Sociology, 33(3), 2010.
Panebianco (A.), Political Parties. Organization and Power, Cambridge, Cambridge University Press, 1988.
Robert (C.) (dir.), « Management » (dossier), Politix, 79, 2007.
Rouban (L.), « l’Etat a l’épreuve du libéralisme. les entourages du pouvoir exécutif de 1974 à 2012 », Revue Française d’Administration Publique, 142, 2012.
Sawicki (F.), Siméant (J.), « Décloisonner la sociologie de l’engagement militant. Note critique sur quelques tendances récentes des travaux français », Sociologie du travail, 51, 2009.
Savage (M), Williams (K) (dir.), « Remembering Elites », The Sociological Review, 56, 2008.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : lundi 22 juin 9h00 – 12h00
Session 2 : lundi 22 juin 14h45 – 17h45

Lieu : informations bientôt disponibles


Programme

Axe 1 / Avec quoi entreprendre en politique ? (Re)compositions morphologiques du capital politique
Présentation des papiers par Philippe Aldrin et Marine de Lassalle
Discutant : Jay Rowell (CNRS, SAGE, Unistra)

1.1 Convertibilité et rentabilité politiques des capitaux sociaux, techniques et militants

1.2 Professions et politiques : filières de recrutement, logiques de carrières

Axe 2 / Avec qui fabriquer du (des) politique(s) ? Le champ politique au-delà de la politique.
Présentation des papiers par Philippe Aldrin et Marine de Lassalle
Discutant : Etienne Ollion  (CNRS,  SAGE, Unistra)

2.1 Nouvelle division du travail politique.

2.2 Politique et expertise : vers une hybridation des champs ?


Résumés des contributions

Disponible en mars 2015


Participants

Achin Catherine achincat@yahoo.com
Aldrin Philippe philippe.aldrin@gmail.com
Benhaim Yohanan yohanan.benhaim@live.fr
Bonnevalle Pierre pierre.bonnevalle@gmail.com
Courty Guillaume courty.guillaume@neuf.fr
Celestine Audrey audrey.celestine@gmail.com
Diallo Rozenn rozenn.diallo@gmail.com 
Gervais Julie gervais_julie@yahoo.fr
Gardon Sébastien gardon.sebastien@gmail.com
Hû Grégory  gregory.hu@wanadoo.fr
Joingant Alfredo alfredo.joignant@mail.udp.cl
Hadj Belgacem Samir samir.hb@gmail.com
Lang Bertram bertilang@gmx.de
De Lassalle Marine marine.delassalle@misha.fr
Lecler Romain romainlecler3@hotmail.com
Leveque Sandrine sandrine.leveque882@orange.fr
Marrel Guillaume guillaume.marrel@univ-avignon.fr
Mazeaud Alice alicemazeaud@yahoo.fr
Nonjon Magalie mnonjon@yahoo.fr
Ollion Etienne etienne.ollion@gmail.com
Robert Cécile cecile.robert@sciencespo-lyon.fr
Savane Lamine lamine.savane@yahoo.fr
Rowell Jay jay.rowell@misha.fr
Verdier Eric eric.verdier@univ-amu.fr

 

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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