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Section Thématique 2

Politique des temps ordinaires et politique des temps électoraux
Politics in Ordinary Times, Politics in Election Times

Responsables

Florent GOUGOU (Université libre de Bruxelles, Cevipol) florent.gougou@ulb.ac.be 
Vincent TIBERJ (Centre d’études européennes de Sciences Po) vincent.tiberj@sciencespo.fr

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

A ce jour, une grande partie des connaissances que la science politique a produites sur les citoyens sont issues d’enquêtes quantitatives et qualitatives réalisées lors des élections, ces moments particuliers qui les amènent à exercer (ou non) leur droit de vote. La validation empirique du modèle d’explication du vote qui domine encore les études électorales, « l’entonnoir de causalité » forgé par A. Campbell et ses collègues de l’Université du Michigan dans The American Voter (1960), a été ainsi obtenue à partir d’enquêtes sur des échantillons représentatifs de la population américaine réalisées soit dans le mois précédent, soit dans le mois suivant les élections présidentielles.
Depuis deux décennies, une attention grandissante porte sur les campagnes électorales et leurs dynamiques (Brady, Johnston, 2006 ; Lau, Redlaswk, 2006 ; Cautrès, Muxel, 2008 ; Tiberj, Denni, Mayer, 2013). La généralisation des enquêtes pré-électorales universitaires et le recours de plus en plus fréquent aux enquêtes par panel ont permis de faire progresser la compréhension de l’avant-élection. Cependant, le déficit de connaissances reste flagrant dès qu’il s’agit de comprendre le rapport au politique des citoyens quand ils ne sont pas proches d’une échéance électorale. Ce constat est aujourd’hui largement partagé au sein des études électorales françaises, comme en ont témoigné les échanges lors du module transversal sur le futur des études électorales en France au congrès AFSP de 2013. D’ailleurs, de nombreux dispositifs ont été mis en place depuis les élections de 2012 pour combler cet angle mort de l’analyse électorale.
La politique dans les temps ordinaires est donc un champ essentiel. Certains chercheurs postulent que « les électorats n’existent pas en dehors des élections » (Martin, 2000). Ce seraient les campagnes électorales qui (re)créeraient les logiques d’opposition, qui (ré)animeraient les valeurs, qui (re)hiérarchiseraient les priorités et qui (re)modèleraient les préférences. Cette idée mérite d’être interrogée. Un citoyen est-il de gauche ou de droite uniquement lors des élections ? Quelle est la nature du rapport au politique des individus entre les périodes électorales ? Quel est le lien exact entre campagnes électorales et politisation des électeurs ?
L’objectif de cette section thématique est d’apporter certaines clés de compréhension dans la conjugaison entre les temps politiques ordinaires et les temps électoraux. Pour ce faire, la réflexion portera à la fois sur la relation qu’entretiennent les citoyens au politique en dehors des élections (axe 1) et sur la manière dont chaque élection modèle les électeurs (axe 2).
 
Axe 1. Quelle politique pour les temps ordinaires ?

Cette première session de la section thématique vise à discuter d’un point de vue théorique comme d’un point de vue empirique la question du rapport au politique des citoyens entre les périodes électorales.
La figure du citoyen « rationnel-actif » (Almond, Verba, 1963) telle qu’elle a été décrite par les théoriciens de la démocratie représentative a depuis longtemps été contestée par les travaux de sociologie politique. Seule une minorité des citoyens déclare s’intéresser à la politique, alors qu’une très grande majorité se caractérise par son faible investissement dans la chose publique, par l’incohérence de ses opinions et par l’instabilité de ses préférences (Converse, 1964 ; Gaxie, 1978). Dans ce cadre, il serait nécessaire de questionner l’existence même d’une relation au politique hors des élections.
Cependant, d’autres manières de concevoir le citoyen sont envisageables, parmi lesquelles celle du « monitorial citizen » (Schudson, 1998) : en dehors des périodes d’élections, le citoyen vaquerait à ses activités tout en « gardant un œil sur la scène » au cas où il serait nécessaire de réinvestir la scène politique. Derrière cette conception se trouve le modèle de « l’électeur raisonnant » (Sniderman, Brody, Tetlock, 1991), cet électeur sensible aux divers événements qui surviennent dans l’actualité, et notamment aux « alertes au feu » produites par les élites (Popkin, 1991). Sur cette base, il conviendrait d’interroger les mécanismes par lesquels il est possible de susciter l’attention de nombreux citoyens en dehors des échéances électorales.
Ces différentes manières de penser le citoyen-électeur posent également un défi quand on passe au niveau macropolitique. Les travaux sur la démocratie thermostatique (Wlezien, 1995) et le « public policy mood » (Stimson, 1991) ont montré que les préférences agrégés des citoyens entre les élections évoluent de manière cohérente, généralement dans le sens inverse des politiques proposées par les gouvernements en place. Cette réaction est parfois très rapide (Soroka, Wlezien, 2010) et touche l’ensemble des individus, indépendamment de leurs principales caractéristiques sociopolitiques (Enns, Kellstedt, 2008 ; Stimson, Tiberj, Thiébaut, 2009). Comment concilier ces résultats avec ce qu’on sait du citoyen ordinaire, de son attention limitée ou de ses pratiques médiatiques ?  

Axe 2. Comment (re)devient-on électeurs ?

Cette seconde session de la section thématique vise à mieux comprendre comment se joue la politisation des électeurs lors des périodes électorales. A la suite des réflexions engagées sur l’influence des campagnes électorales (Gerstlé, Magni-Berton, 2014), elle interrogera les dynamiques d’agenda, les dynamiques de mobilisation, et les dynamiques de formation des préférences politiques et électorales. Elle posera notamment la question des mécanismes qui poussent les électeurs à se rendre ou non aux urnes, et des logiques qui leur permettent d’arbitrer entre leurs préférences. Il s’agira aussi de comprendre comment ces dynamiques interagissent avec les propriétés sociales des individus et leurs principales caractéristiques politiques (compétence, défiance, idéologie).
Cette session privilégiera une approche comparative des types d’élections. Les logiques du vote sont-elles différentes entre les élections de premier ordre (présidentielle, législatives) et les élections de second ordre (municipales, départementales, régionales, européennes) ? Les électeurs sont-ils influencés par la nature du scrutin et par la nature de la question qui leur est posée ? Cette réflexion permettra d’apporter des premières réponses à des problématiques cruciales soulevées par la transformation des liens entre gouvernés et gouvernants. Les élections locales sont-elles moins politisées que les élections nationales ? Comment penser l’intermittence du vote ? Comment interpréter les variations du niveau de la participation entre l’élection présidentielle et les autres élections ? Un nouveau rapport à la citoyenneté est-il est en train d’émerger (Dalton, 2007) ou les partis sont-ils simplement incapables de créer du lien politique en dehors des conjonctures les plus exceptionnelles ?
 


Most of what we know about citizens comes from surveys on the field around elections. Since two decades, a growing attention has been paid to campaigns and campaign dynamics. The generalization of pre-electoral surveys and the reemergence of panels have greatly contributed to our understanding of what happens before voting. Nevertheless we know little about citizen politics between elections.
This situation is widely recognized among scholars, as shown and demonstrated in the AFSP 2013 thematic module about the future of electoral research in France. This panel aims at contributing to our understanding of politics in election times and politics in ordinary times. We will collectively address the citizens’ relationships to politics between elections (session 1) and the ways through which elections shape electorates (session 2).
The first session (“What is politics in ordinary times?”) aims at investigating citizens when they are not voters - both theoretically and empirically. It is well-known that only a minority of citizens stay tuned with politics, most of them being rather politically uninterested and inconsistent regarding their preferences. Yet, the macro-polity approach has demonstrated that publics are actually reacting to political developments. This puzzle will be the main issue of this session.
The second session (“How to (re-)become a voter?”) aims at understanding how politization of ordinary citizens happens in election times. Agenda dynamics, voter mobilization and preferences formation will be addressed. A great attention will be devoted to the mechanisms of electoral mobilization. Within this framework, a comparative approach of elections will be developed, in particular regarding first-order and second-order elections.


Références

Almond Gabriel, Verba Sidney (1963), The Civic Culture: Political Attitudes and Democracy in Five Nations, Princeton, Princeton University Press
Brady Henry, Johnston Richard (dir.) (2006), Capturing Campaign Effects, Ann Arbor, The University of Michigan Press
Campbell Angus, Converse Philip E., Miller Warren E., Stokes Donald E. (1960), The American Voter, New York, John Wiley
Cautrès Bruno, Muxel Anne (dir.) (2008), Comment les électeurs font-ils leur choix ?, Paris, Presses de Sciences Po
Converse Philip (1964), ‘The Nature of Belief Systems in Mass Publics’, in D. Apter (dir.), Ideology and Discontent, New York, Free Press
Dalton Russell J. (2007), The Good Citizen: How a Younger Generation is Reshaping American Politics, Washington, CQ Press
Enns Peter K., Kellstedt Paul M. (2008), ‘Policy Mood and Political Sophistication: Why Everybody Moves Mood’, British Journal of Political Science, 38 (3), 433-454
Gaxie Daniel (1978), Le cens caché : inégalités culturelles et ségrégation politique, Paris, Seuil
Gerstlé Jacques, Magni-Berton Raul (dir.) (2014), 2012, la campagne présidentielle. Observer les médias, les électeurs, les candidats, Clichy, Pepper
Lau Richard, Redlawsk David (2006), How Voters Decide: Information Processing During Electoral Campaigns, Cambridge, Cambridge University Press
Martin Pierre (2000), Comprendre les évolutions électorales, Paris, Presses de Sciences Po
Popkin Samuel (1991), The Reasoning Voter: Communication and Persuasion in Presidential Campaigns, Chicago, The University of Chicago Press
Schudson Michael (1998), The Good Citizen, New York, The Free Press
Sniderman Paul, Brody Richard, Tetlock Philip (dir.) (1991), Reasoning and Choice: Explorations in Political Psychology, Cambridge, Cambridge University Press
Soroka Stuart, Wlezien Christopher (2009), Degrees of Democracy: Politics, Public Opinion and Policy, Cambridge, Cambridge University Press
Stimson James (1991), Public Opinion in America: Moods, Cycles, and Swings, Boulder, Westview Press
Stimson James, Tiberj Vincent, Thiébaut Cyrille (2010), ‘Le mood, un nouvel instrument au service de l’analyse dynamique des opinions : application aux évolutions de la xénophobie en France’, Revue Française de Science Politique, 60 (5), 901-926
Tiberj Vincent, Denni Bernard, Mayer Nonna (2013), ‘Un choix, des logiques multiples’, Revue française de science politique, 63 (2), 249-278
Wlezien Christopher (1995), ‘The Public as Thermostat: Dynamics of Preferences for Spending’, American Journal of Political Science, 39, 981-1000


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 3 : mardi 23 juin 9h00– 12h00
Session 4 : mercredi 24 juin 14h00 – 17h00

Lieu : voir le planning des sessions


Programme

Axe 1 / Quelle politique pour les temps ordinaires ?

1.1 Le rapport au politique hors des élections
Discutant.e : à confirmer

1.2 Des conjonctures extraordinaires en temps ordinaires
Discutant.e : à confirmer

Discussion collective
Introduction : Florent Gougou et Vincent Tiberj

Axe 2 / Comment (re)devient-on électeur ?

2.1 Du citoyen à l’électeur
Discutant.e : à confirmer

2.2 Les électeurs face au choix
Discutant.e : à confirmer

Discussion collective
Introduction : Florent Gougou et Vincent Tiberj


Résumés des contributions

Adrien Degeorges (Centre d’études européennes de Sciences Po et Sciences Po Bordeaux)

Des temps ordinaires peu ordinaires : les conséquences politiques de la défiance envers l’Etat en France depuis 2012

Cette contribution vise à analyser les ressorts de la défiance des Français envers l’Etat et ses conséquences électorales depuis l’élection de 2012. Définie comme l’écart entre les attentes normatives des citoyens et leur évaluation de la capacité de l’Etat à agir avec probité et dans l’intérêt du plus grand nombre (Miller 1974 ; Stokes 1962), la confiance politique est historiquement pensée par la littérature comme une attitude essentielle au fonctionnement de la démocratie (Almond et Verba 1963). Son déclin est régulièrement analysé par certains auteurs comme le signe d’une crise de la légitimité du régime dans son ensemble (Miller 1974) ; elle contribuerait notamment à l’essor de la violence et à la baisse de la participation politique (Levi et Stoker 2000). Pour d’autres, la défiance ne serait qu’une attitude rituelle du mécontentement politique des citoyens face aux élites en place, loin de l’idée d’un attribut figé d’aliénation sociale et politique (Citrin 1974 ; Dalton 2004). Sans grandes conséquences sur la stabilité du régime, elle serait de fait un pauvre indicateur de l’adhésion des citoyens aux valeurs démocratiques et pourrait au contraire encourager la participation (Gamson 1975). A travers l’utilisation du panel Dynamob, cette contribution analyse le profil sociodémographique et attitudinal des citoyens défiants (ou qui le sont devenus) depuis 2012. Enfin, elle se penche sur l’effet de la défiance sur la participation et le vote aux élections de 2014.
 
Ordinary Times Are Not Ordinary: the Political Consequences of Distrust in Government Among French Citizens Since 2012

This paper aims at analyzing the political consequences of distrust in government among the French electorate since 2012. Political trust is defined as the gap between citizens’ normative expectations and their actual evaluation of government’s ability to act with integrity and for the benefit of all (Miller 1974; Stokes 1962). It is often considered by the literature as an attitude that is critical to the functioning of democracy (Almond and Verba 1963). Its decline is seen by some authors as a threat to the legitimacy of the democratic system (Miller 1974) most notably by fostering violent activism and by depressing political participation (Levi and Stoker 2000). Other authors consider distrust as a ritual discontent expressed towards politicians in office which would distinguish it conceptually from a fixed and rooted alienation (Citrin 1974; Dalton 2004). Distrust would therefore be seen as a poor indicator of regime support and could on the contrary potentially increase participation (Gamson 1975). By using panel data from 2012 onwards, I first analyze the sociodemographic and attitudinal profile of distrusting French voters (or those who became so) since 2012. Finally, I turn to an assessment of the effect of distrust on participation and voting during the French intermediary elections of 2014.

 
Alexis Ferrand (Université de Lille 1 - Clersé)

L’opinion plurielle avant  l’élection présidentielle de 2012 : une explication relationnelle

Les enquêtes TriElec révèlent que des enquêtés, nombreux et banals, envisagent de pouvoir voter pour plusieurs candidats différents dans les mois qui précèdent l’élection présidentielle de 2012. Ils expriment une opinion plurielle. Certains enquêtés ont proposé des combinaisons bizarres qui défient le sens commun politique. On montre la fréquence inattendue des classements ex-aequo,  qui unissent parfois des candidats de bords opposés et que ces préférences étranges sont cependant articulées de manière cohérente à des attitudes politiques et à des jugements sur les candidats. Ces choix répondent à des logiques politiques que nous devons découvrir. Une seconde partie, adossée à l’interactionnisme structural et à l’analyse des réseaux personnels, formule des hypothèses qui expliquent que l’opinion plurielle et les choix bizarres sont possibles lorsque, pour se former une opinion, des acteurs engagent des discussions politiques dans des cercles sociaux idéologiquement hétérogènes et structurellement disjoints. On soutient ainsi que certains acteurs peuvent avoir deux « vraies » opinions très différentes selon les contextes. La conclusion invite au développement de recherches sur les conditions relationnelles des choix politiques.
 
Plural opinion before 2012 presidential election: a relational explanation

The TriElec surveys show that numerous and common respondents can consider voting for several different candidates during months preceding 2012 presidential election. They disclose a plural opinion. Some respondents have quoted weird combinations which challenge political common sense. The unexpected frequency of ex-aequo rankings – linking sometimes candidates of opposite political sides – is shown and the fact that these strange choices are nevertheless coherently linked to political attitudes and judgments on candidates. These choices involve political rationalities that we have to discover. A second part, grounded on structural interactionism and personal networks analysis, proposes hypothesis explaining that plural opinion and weird choices are possible when actors, to form an opinion, start political discussions in ideologically heterogeneous and disconnected social circles. We maintain that some actors can have two “true” opinions very different depending on contexts. Conclusion encourages developing researches on relational conditions of political choices.

 
Vincent Tiberj (Sciences Po Paris - Centre d’études européennes de Sciences Po)


Stabilité et changement des préférences poltiiques dans la France des années 2010

Longtemps l’instabilité des préférences politiques a été considéré comme un effet de l’incompétence politique (Converse, 1964). Pourtant on a pu constater dans les dernières années en France et ailleurs que les électeurs ont un rapport de plus en plus distancié et mouvant à l’égard des composantes de l’offre politique (Chiche Haegel, Tiberj, 2002 Tiberj, Denni, Mayer, 2013). On se posera donc la question de qui « bouge » et pourquoi. Il s’agira d’analyser la part d’explication apportée par la compétence politique mais mises en concurrence. On s’interrogera ainsi sur deux pistes. Le renouvellement générationnel a-t-il un impact sur ces changements, notamment à travers les transformations du rapport au politique qui l’accompagne (mobilisation cognitive, défiance, montée du vote conjoncturel) ? On testera également l’hypothèse des réseaux de discussion dans lesquels s’insèrent les individus, et notamment de leur hétérogénéité, car trop souvent l’analyse reste cantonnée à une approche atomistique (Braconnier, 2010). Pour ce faire on utilisera l’enquête Dynamob qui permet de suivre les mêmes individus entre septembre 2013 et le printemps 2015 et de mesurer le changement à la fois sur le positionnement gauche/ droite, la proximité partisane, le vote et les probabilités de vote.
 
Change and stability of the political preferences in contemporary France

Usually changes in political preferences are considered as the consequence of low level of political sophistication (Converse 1964). Yet in the recent decades French voters have shown a greater propensity to change their political alignments and to distant themselves form the political offer (Chiche Haegel, Tiberj, 2002 Tiberj, Denni, Mayer, 2013). Hence we will focus on the following questions: who moves and why? Obviously political sophistication will count among the hypotheses tested, beside two others ones. What is the weight of generational replacement on this phenomenon? Post-baby-boomers can have a very different relationship to politics, notably regarding their distrust toward politicians.  Last but not the least, we will try to investigate the role of personal networks on political preferences stability and change, trying to treat individuals outside the atomistic approach (Braconnier, 2010). The dynamo panel will be used. This survey is particularly suitable since it follows the same individuals from September 2013 to spring 2015 so far and included measure of left/ right selfplacement, partisan proximity, votes and voting probabilities.


Julien Boyadjian (Université Montpellier 1 - Cepel)


Les facteurs dispositionnels et contextuels de production de messages politiques sur Twitter

Dans quelle mesure l’intensité du contexte politique influe sur le nombre de messages politiques publiés par les internautes sur les réseaux sociaux ? Afin de répondre à cette question de recherche, nous avons constitué un panel représentatif d’inscrits au réseau social Twitter. Nous avons pour ce faire administré un questionnaire à un échantillon aléatoire de 10 300 comptes. Nous avons ensuite enregistré à l’aide de notre logiciel la totalité des tweets publiés par les répondants (n = 608) durant une période de 18 mois, du 1er mars 2013 au 30 septembre 2014. Trois principaux résultats ressortent de l’analyse. Premièrement, le niveau de production de messages politiques publiés sur le réseau est très inégal dans le temps et dépend de l’intensité du contexte politique. Deuxièmement, cette hausse de la production messages en période de haute intensité concerne toutes les catégories de producteurs, et pas uniquement les plus politisés. Enfin, troisièmement, quelle que soit l’intensité de la séquence étudiée, les individus les plus politisés publient toujours davantage de messages politiques. Le niveau de production de messages politiques sur Twitter est donc déterminé tout à la fois par des facteurs dispositionnels et contextuels.
 
Dispositional and contextual factors of the production of political tweets

To what extent the intensity of the political context influences the number of political messages published by users on social networks? To answer this research question, a representative panel of Twitter users was built. A questionnaire was sent to a random sample of 10,300 accounts. Then, all tweets published by respondents (N = 608) were recorded for a period of 18 months from 1 March 2013 to 30 September 2014. Three main results emerge from the analysis. First, the number of political messages depends on the intensity of the political context. Second, all categories of users increasingly generate messages in that context, and not only the most politicized of them. Nevertheless, these most politicized users always publish more political messages. The level of production of political tweets is determined by both dispositional and contextual factors.


Caroline Patsias (Université du Québec à Montréal), Sylvie Patsias (Sciences Po Aix), Maude Benoit (Université Montpellier 1, Université Laval)

Le comité Parc-Extension à Montréal, en-dehors et durant la campagne montréalaise municipale de 2013. Les campagnes électorales à l’échelle municipale sont-elles encore le momentum privilégié pour une discussion politique chez les citoyens ?

L’objectif de cette réflexion est de saisir l’articulation entre le rapport ‘ordinaire au politique’ et le rapport électoral d’habitants d’un quartier défavorisé de Montréal, se réunissant dans un comité de citoyens hebdomadairement. L’ambition est d’éclairer d’une part, la façon dont ces citoyens ont dessiné un rapport politique via leurs interactions ‘ordinaires’ au monde et d’autre part, comment ce rapport au politique est transformé par, et réciproquement, altère leur participation à une campagne électorale - ici la campagne municipale montréalaise de 2013. Cet objectif général est décliné en trois sous-objectifs. Il s’agit de :
1) Pointer les façons dont les actions et interactions relevant de la vie civile contribuent aux visions du politique et de la démocratie des citoyens.
2) Souligner la façon dont des citoyens s’adaptent aux transformations institutionnelles de la gouvernance via de nouveaux rapports et comportements politiques.
3) Mieux saisir les articulations entre sphère ‘privée ou civile’ et sphère politique et publique.
Cette réflexion s’appuie sur une observation participante menée su sein du comité de citoyens entre les années 2008 et 2015. Cette observation a été complétée par deux focus groupes avant la campagne (octobre 2013) et après la campagne décembre (2014).

The Park-Extension Citizens’ Committee in Montreal before and after the electoral campaign in 2013. Do municipal political campaigns still remain a special time to talk politics?

This reflection aims to grasp how citizens talk politics in everyday life and how they do it during an electoral campaign. What are the links between both moments? On the one hand, the objective is to shed light on how citizens have drawn a political link to the wider world via their daily life and, on the other hand, how these links to the wider world are transformed by and shift their participation in an electoral campaign (here the municipal campaign in 2013). This overall lens is specified by three sub-propositions:
1) To point out how daily actions and interactions among citizens contribute to the citizens’ political visions and democracy
2) To underscore how citizens adapt to governance change via new political behaviours.
3) To grasp the links between the private and public sphere
This reflection is based on a participatory observation carried out within the Park-Extension Citizens’ Committee between 2008 and 2015. This observation was complemented by two focus groups before (October 2013) and after (December 2013) the campaign.

 
Collectif Spel (Eric Agrikoliansky et alii.)


Comprendre les conditions de l’effervescence électorale : un dispositif d’entretiens panélisés

Cette contribution vise à présenter quelques résultats de l’enquête menée par le collectif SPEL (Pour une sociologie politique des élections) entre 2011 et 2013. En suivant près de 70 électeurs interrogés à plusieurs reprises (pour un total de près de 180 entretiens panélisés et approfondis) dans des contextes de différente intensité électorale (plusieurs mois avant, pendant la campagne des élections présidentielles puis législatives, et plus d’un an après l’élection),cette enquête éclaire la conjugaison des temps politiques ordinaires et des temps électoraux, entre poids des dispositions ordinaires à l’égard du politique et dimensions contextuelles de l’intéressement et de l’attention à la politique. Cette communication discutera en particulier des questions de méthode et notamment des apports d’une telle approche qualitative à la compréhension des mécanismes de la politisation et de la participation politique. Les entretiens répétés et approfondis permettent en effet de ne pas réduire les ancrages sociaux à quelques indicateurs simples, mais de les affiner et de les restituer dans leur dimension biographique. De la même manière la répétition des entretiens durant la campagne offre d’appréhender la complexité des contextes, mouvants, dans lesquels les préférences sont formées et exprimées. Ce faisant ce dispositif méthodologique permet de penser la construction des rapports au politique et les logiques des choix électoraux dans une perspective processuelle et, ce faisant, de mieux comprendre leurs ancrages sociaux.

Understanding electoral excitement through repeated interviews (2011-2013)

This contribution will share some results of the collective survey SPEL (Sociologie Politique des Elections). This qualitative inquiry was undertaken from 2011 to 2013. During this period, seventy voters from divers social groups were repeatedly interviewed. A total of one hundred and eighty in depth-interview were completed. Interview schedule was constructed to compare low and high-intensity electoral context. Thus, respondents were contacted during 2012 presidential and legislative elections, but also months before and after it. This contribution will question in-depth interviews’ help to understand politicization and political participation. Indeed, such a methodology leads to a more accurate apprehension of social grounds, which are not reduced to few items, but biographically considered. Above all, repeated interviews during electoral campaign offer to embrace the complexity of such a moving context. It makes possible some general conclusions regarding the processual dimension of interest toward politics, mobilization, and political preferences.

 
Lorenzo Barrault-Stella (Cnrs - Sage), Nazli Nozarian (Université Paris 1 - CESSP)

La formation collective des préférences politiques dans différentes conjonctures. Une analyse localisée de l’encastrement social des rapports au politique d'électeurs « ordinaires » dans un quartier au peuplement diversifié

Cette communication aborde l’articulation des temps ordinaires et des temps électoraux sous l’angle de l’inégale activation (ou mise en sommeil) des dispositions politiques d’électeurs de milieux sociaux contrastés, de manière variable selon les propriétés des situations politiques (électorales ou non, avec diverses modalités d’intensité). Elle se fonde sur une enquête menée depuis l'automne 2013, qui a pour objectif, d'une part, d'étudier le lien entre sociabilités et pratiques politiques ; d'autre part, de comparer à la fois des conjonctures (avant, pendant et après la campagne politico-médiatique) et des scrutins d'inégale intensité et d'inégal intérêt pour les électeurs (les élections municipales et européennes, qui ont respectivement eu lieu en mars et mai 2014). L'enquête se concentre, comme étude de cas, sur l'analyse d'un territoire socialement contrasté : deux quartiers d'un arrondissement du nord de Paris, permettant d'analyser un contexte marqué par une importante diversité sociale et « raciale », et d'étudier l'influence éventuelle des phénomènes de « gentrification » et de ségrégation sociale sur les pratiques politiques. Afin d'étudier comment se prend la décision de voter ou de ne pas voter, de voter pour tel ou tel candidat ou de s'abstenir, d'être ou non inscrit sur les (bonnes) listes électorales, et l'évolution des mobilisations politiques selon les temporalités, l'analyse s’appuie sur la complémentarité de matériaux qualitatifs (entretiens panélisés avec des habitants du quartier) et quantitatifs (près de 5000 questionnaires sortie d'urnes exploitables).
 
"The collective forming of political preferences in various situations. A local analysis of the relations of « ordinary » citizens to politics and their social embedding in a diverse neighborhood

This communication articulates ordinary times and electoral times under the angle of the uneven activation of the political capacities of voters from contrasted social backgrounds, in a variable way according to the properties of the political situations (electoral or not, with diverse degrees of intensity). A survey has been conducted since autumn 2013, with the objective, on one hand, to study the link between sociability and political practices; on the other hand, to compare both situations (before, during and after the political and media campaign) and ballots with uneven intensity and uneven interest for the voters (the municipal and European elections, which respectively took place in March and May 2014).The survey focuses on the study of a socially contrasted territory, composed by two districts in North-Paris, allowing to analyze a context marked by an important social and "racial" diversity, and to study the potential influence of "gentrification" and social segregation on political practices. To study how is taken the decision to vote or not to vote, to vote for such or such candidate or to abstain from voting, to be registered or not on the electoral rolls, and the evolution of political mobilizations according to the temporality, the analysis leans on the complementarity of qualitative (interviews with a panel of local residents) and quantitative (about 5000 questionnaires from an exit poll).

 
Simon Willocq (Université libre de Bruxelles - Cevipol)

Des choix différents pour des niveaux de pouvoir différents. Le « vote fractionné » lors des élections fédérales, régionales et européennes de 2014 en Belgique

Ce papier analyse le phénomène du « vote fractionné » (split-ticket voting) lors des élections fédérales, régionales et européennes organisées en Belgique le 25 mai 2014. Sur base des données de l’enquête électorale PartiRep 2014, nous évaluerons le pourcentage d’électeurs qui ont opéré des choix électoraux différents selon les niveaux de pouvoir. Nous examinerons si ces électeurs ont, conformément à la logique des élections de « second ordre », accordé leur voix à des grands partis de gouvernement à l’échelon fédéral et à des petits partis d’opposition aux échelons régional et européen. Plus fondamentalement, l’objectif de notre étude sera d’identifier les facteurs permettant d’expliquer pourquoi de nombreux électeurs ont fractionné leur vote à l’occasion de ce triple scrutin. A cette fin, nous comparerons les caractéristiques sociodémographiques de ces électeurs à celles des électeurs ayant voté pour un même parti aux trois niveaux de pouvoir. Nous tenterons également de déterminer si des variables comme l’intérêt pour la politique, le niveau de connaissance politique, la confiance politique et le degré de satisfaction par rapport au bilan du gouvernement, peuvent influencer la probabilité d’exprimer un « vote fractionné ». Ce papier devrait apporter une contribution au débat théorique portant sur le profil du ticket splitter. Est-ce un électeur mal informé et peu intéressé par la politique ou s’agit-il, au contraire, d’un électeur rationnel, bien informé et très politisé ?
 
Different choices for different offices. Split-ticket voting during the 2014 Belgian federal, regional and European elections

This paper examines the phenomenon of split-ticket voting during the federal, regional and European elections held in Belgium on 25th May 2014. Using data from the 2014 PartiRep Voter Survey, we will measure the proportion of voters who made distinct electoral choices depending on the level of power. We will investigate whether those voters behaved in accordance with the logic of “second-order” elections by voting in favour of big parties at the federal level and in favour of small opposition parties at the regional and European levels. More fundamentally, our study aims to identify the factors which may explain why many voters have split their ballot. To this end, we will compare their socio-demographic characteristics with those of voters who voted for the same party at the three levels of power. In addition, we will try to determine whether some variables such as political interest, the level of political knowledge, political trust or the degree of satisfaction with government performances, may influence the probability of ballot splitting. This paper should bring some insights in the theoretical debate about the profile of the ticket splitter. Is the ticket splitter a politically uninformed and uninterested citizen or is he (or she) a rational, well informed and highly politicized voter?


Bruno Cautrès (Sciences Po Paris - Cevipof), Jean Chiche (Sciences Po Paris - Cevipof)

Le temps court de la campagne électorale des européennes 2014. Une analyse par une enquête Roll-up

L’analyse des élections européennes est largement dominée dans la littérature académique par un modèle explicatif, le « modèle des élections de second ordre ». Ce modèle pose un diagnostic pessimiste sur l’effet de mobilisation des élections européennes. Il renvoie à la difficile affirmation d’un « European voter » et d’un espace public européen. Nous souhaitons revenir sur ces questions à partir des données d’une enquête « Roll-up » (corpus de 10 vagues) réalisée lors de la campagne des élections européennes de 2014 par le CEVIPOF (en partenariat avec Le Monde et IPSOS): lors de cette campagne, les motivations des électeurs (motivations nationales versus motivations européennes) et leurs intentions de vote (analyse des flux électoraux) ont-elles évolué et ont-elles évolué vers une affirmation des préoccupations de politique nationale ou au contraire (et en opposition à ce que prédit le modèle des élections de « second ordre ») vers une affirmation des préoccupations européennes ? Les données du « Roll-up » montrent-elles également une attribution de responsabilité à l’Europe ou au gouvernement vis-à-vis de la crise économique ? Cette question se pose d’autant plus que les élections européennes de 2014 ont été les premières pour lesquelles un enjeu européen, la désignation du futur président de la Commission, a fait l’objet, durant la campagne électorale en France, d’un investissement partisan. Nous proposerons également un bilan méthodologique de l’intérêt d’une telle enquête pour la recherche académique.
 
The short time of the election campaign for the 2014 European elections in France: An analysis by a Roll-up survey

The analysis of European elections is largely dominated in the academic literature by an explanatory model, the “second order elections model”.  This model presents a pessimistic diagnosis on the mobilizing effect of the European elections. It refers to the difficult affirmation of an "European voter" and an European public space. We would return to these questions from the “Roll-up” survey (a corpus of 10 waves) produced during the European election campaign in 2014 by the CEVIPOF (in partnership with Le Monde and IPSOS): during this campaign, have the voter motivations (national versus European motivations) and their voting intentions (analysis of electoral flows) evolved and evolved towards an affirmation of national politics or otherwise towards an affirmation of European issues (and in opposition to what the ‘second-order elections’ model predicts ). Are also the data from the "Roll-up" survey showing signs of attribution of responsibility to Europe or to the Government vis-à-vis the economic crisis? These questions important since the 2014 European elections were the first in which a European issue, the designation of the future President of the Commission, has seen, during the election campaign in France, a partisan investment. We will also propose a methodological assessment of the value of such a panel “Roll-up” survey for academic research.


Antoine Jardin (Sciences Po Paris - Centre d’études européennes de Sciences Po)

2012-2015 : les sources de la démobilisation électorale de la gauche

L’élection présidentielle de 2012 a vu le retour de la gauche au pouvoir. Majoritaire en voix dans le pays pour la première fois depuis les élections régionales de 2004, la gauche connaît ensuite une série de défaites électorales importantes des municipales de 2014 aux départementales de 2015. Les données agrégées témoignent notamment de la chute de la participation dans les territoires qui ont fait la victoire de François Hollande en 2012. Ces espaces sont très divers, ils recoupent à la fois le littoral ouest de la France, les banlieues marginalisées des grandes agglomérations et les zones industrielles en déclin. La défiance globale à l’égard du gouvernement trouve sa déclinaison dans les résultats locaux.  Pour en rendre compte, on mobilisera d’abord les données agrégées électorales et sociales pour présenter l’évolution politique de la période 2012-2014. On modélisera d’abord les évolutions des résultats électoraux, avant d’analyser les changements d’attitudes des groupes sociaux fidèles à la gauche lors de la première vague du panel Dynamob. Derrière les évolutions territoriales, ce sont surtout des logiques sociales qui sont à l’œuvre. La combinaison des résultats électoraux et des données de panel permet de mettre en évidence le désaveu brutal et prolongé de l’électorat de gauche à l’égard de ses représentants.

2012-2015 : The roots of the left vote decline ?

The left won back the 2012 presidential election. While gaining a majority of the votes in the country for the first time since the 2004 regional elections, the left was beaten severely during the following local and European elections in 2014 and 2015. Electoral aggregate data display a sharp turnout decline in places that were key strongholds for François Hollande in 2012. Those regions are very diverse, mixing the western part of the country, deprived neighbourhoods across the nation and declining industrial areas. The global opposition toward the government finds it outcome in the electoral results. To explain this pattern, we will first use social and political aggregate data to describe the general political evolution between 2014 and 2015. We will model the main electoral trends and then analyse shifting attitudes among key social groups supporting the left with the help of the Dynamob panel data. Behind the changing political geography, social logics remain mostly at play. The combination of electoral results and panel data give us the ability to underline the sharp and profound divorce between the left-wing voters and their elected officials.


Participants

Agrikoliansky Eric eric.agrikoliansky@dauphine.fr
Barrault-Stella Lorenzo lorenzobarrault@yahoo.fr
Benoit Maude maude.benoit.1@ulaval.ca
Boyadjian Julien julien.boyadjian@hotmail.fr
Cautrès Bruno bruno.cautres@sciencespo.fr
Chiche Jean jean.chiche@sciencespo.fr
Degeorges Adrien adrien.degeorges@sciencespo.fr
Ferrand Alexis alexis.Ferrand@univ-lille1.fr
Gougou Florent florent.gougou@ulb.ac.be
Jardin Antoine antoine.jardin@sciencespo.fr
Nozarian Nazli nazli30@yahoo.com
Patsias Caroline patsias.caroline@uqam.ca
Patsias Sylvie sylvie_patsias@yahoo.fr.
Tiberj Vincent vincent.tiberj@sciencespo.fr
Willocq Simon simon.willocq@ulb.ac.be

 

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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