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Section Thématique 22

Les alternances politiques au local
Change in power in local politics

Responsables

Virginie ANQUETIN (SAGE UMR 7363 CNRS / Université de Strasbourg) virginie.anquetin@misha.fr
Audrey FREYERMUTH (CHERPA EA 4261 CNRS, Sciences Po Aix / SAGE UMR 7363) audrey.freyermuth@hotmail.fr
Alice MAZEAUD (CEJEP EA 3170, Université de La Rochelle) alicemazeaud@yahoo.fr

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

À l’instar des régionales de 2004 et de 2010, les élections municipales du mois de mars 2014 ont replacé au cœur de l’actualité la question de l’alternance au local. Au-delà de cas emblématiques – l’élection de Ségolène Royal en Poitou-Charentes en 2004, d’Éric Piolle à Grenoble en 2014 ou les villes gagnées par le FN – les journalistes et les élus mobilisent généralement une lecture en terme d’« élections intermédiaires » (Parodi, 2004) dans leurs affrontements pour la mise en sens du scrutin et la définition des verdicts électoraux (Lehingue, 2005). Aux vagues roses des élections locales précédentes succéderait – inévitablement serait-on tenté de dire – une vague bleue supposée sanctionner la présidence Hollande. Cette négation de l’autonomie du local trouve un écho dans l’hypothèse désormais classique sur la standardisation des politiques territoriales. Déclin des idéologies (Arnaud, Le Bart, Pasquier, 2006), professionnalisation des élus et de leurs entourages (Koebel, 2006), interdépendances des territoires et faible autonomie de compétences sont autant de facteurs qui empêcheraient les élus de mener des politiques territorialement et politiquement différenciées. Les alternances sans alternative constitueraient l’horizon inévitable de la vie politique, en particulier locale.
Peu de travaux scientifiques ont été menés sur les alternances politiques, en particulier au local (Mazeaud, 2010). Analyser l’effet de la compétition politique sur les politiques publiques consiste souvent, notamment dans la littérature anglo-saxonne, à rechercher des corrélations quantifiables entre les variables partisanes et les politiques publiques, principalement analysées par les choix budgétaires (Ferreira, Gyourko, 2009 ; Solé-Ollé, Viladecans-Marsal, 2013). Cette conception de la relation entre politics et policies appelle à être dépassée.
D’une part, que ce soit à travers l’étude des équilibres coalitionnels (Bué, Desage, 2009), des temporalités électorales (De Maillard, 2006 ; Freyermuth, 2013), du rôle des entourages et des coalitions réformatrices (Evrard, 2012), ou à travers l’analyse décisionnelle des processus de réforme (Irondelle, 2011), les travaux récents invitent à analyser de manière plus fine la dimension politique de l’action publique. D’autre part, on ne peut rendre compte des effets de la variable politique sur l’action publique à travers le seul prisme des variations budgétaires ou des modes de gestion des services publics. Le choix des instruments comme supports du changement de politique publique (Mazeaud, 2014) et/ou de mobilisation électorale (Anquetin, Freyermuth, 2008) manifeste les effets de la compétition politique et du changement de majorité sur la conduite de l’action publique. L’intensification du travail de communication publique et au-delà, la production collective d’une « façade » municipale (Anquetin, 2012) requièrent de s’interroger sur les usages et les effets des opérations de production symbolique de l’action publique (Aldrin et al., 2013).
À l’occasion de cette ST, nous aimerions donc nous interroger sur les manières d’analyser collectivement les alternances politiques au local en abordant ces changements de majorité à l’aune des recherches récentes qui offrent les moyens de penser à nouveaux frais les articulations entre les oppositions objectivistes politics/policies et local/national.
Que se passe-t-il lorsqu’une équipe accède aux fonctions exécutives dans une collectivité ? Comment les nouveaux élus prennent-ils leur rôle ? Comment s’efforcent-ils de satisfaire leurs soutiens déclarés avant et après les élections ? Comment les promesses de campagnes sont-elles façonnées puis assumées ou reformulées ? Observe-t-on une dynamique des « cent jours » et dans ce cas que s’y passe-t-il ? Comment une nouvelle équipe construit-elle son assise politique ? Quelles ressources mobilise-t-elle pour fidéliser ses électeurs et pérenniser cette position avantageuse ? Comment un changement de majorité (ou la perspective d’un changement de majorité) pèse-t-il sur les carrières des personnels administratifs et des auxiliaires politiques  avant et après l’élection ? Comment les budgets sont ils construits, négociés et mis en forme ? Comment se négocie la mise en œuvre des politiques réputées nouvelles ? Comment « l’alternance » est-elle mobilisée vis-à-vis de l’administration de la collectivité conquise et dans la compétition politique ? Comment s’articulent le local et le national ? Comment les élus locaux intègrent-ils la dimension partisane, locale et nationale ?
Finalement, ces interrogations apparaissent incontournables pour quiconque réfléchit au pouvoir local, à ses dynamiques, ses modalités de constitution, ses articulations avec le pouvoir central et ce, quels que soit le terrain d’enquête et l’aire géographique étudiés.
 
 
Journalists and politicians usually comment local elections as "midterm elections": local elections allow voters to sanction their government by voting against the candidates associated with it. From this point of view, local elections would systematically tend to favour the main oppositional party. This denial of the autonomy of local politics finds an echo in the classical hypothesis of the standardization of territorial policies. Decline of ideology, professionalization of politicians and their entourages, interdependency between territories and a low level of independent expertise vis-à-vis the central administration, are factors that are supposed to prevent local political actors from pursuing territorially and politically diverse policies. Even when local political power is taken by another party, no change would come out of it.
Analysing the effects of political competition on public policies often means, especially in the Anglo-Saxon studies, looking for correlations between measurable variables and partisan public policy. In this panel, we would like to move beyond a conception of the relationship between electoral competition and public action that tends to be shaped by objectivist oppositions such as politics/policies or local/national. The effects of political competition, the change in political majority, can be analysed through the choices of tools that support or help the implementation of new public policies. Yet, the intensification of the municipal public communication, and even more, the collective production of a « municipal facade », lead the analyst to consider the uses and effects of the symbolic production of public action.
What happens when a political team takes up executive functions at local government level ? How do the newly elected team seizes the new role? How do the team members strive to meet their political supporters’ demands before and after the elections?
How are campaign promises formulated or rewritten? Is there a "one hundred days" dynamic and if so, what happens? How does a new team build up a political base? Which resources does it mobilize in order to retain its voters and maintain this advantageous position? How does a change of majority influences the careers of administrative personnel or auxiliary staff before and after the election? How are the budgets constructed, negotiated? How is negotiated the implementation of « new » policies? How is « the political changeover » mobilized vis-à-vis the municipal administration and in the political competition? How are the local and national levels articulated? How does the elected personnel incorporate the partisan dimension both locally and nationally? Finally, these questions appear essential to understand the dynamics of local authority, its constitution, its linkages with the central government, whatever the field survey or the geographical area studied.

 
Références 
 
ALDRIN (P.) et al. (dir.), Les mondes de la communication politique, Rennes, PUR, 2013.
ANQUETIN (V.), FREYERMUTH (A.) (dir.), La figure de l’« habitant ». Sociologie politique de la « demande sociale », Rennes, PUR, 2008.
ANQUETIN (V.), « Un « bon » maire. La fabrication de la façade mayorale dans une grande ville », Sociétés contemporaines, n°88, 2012, pp. 99-124.
ARNAUD (L.), LE BART (C.), PASQUIER (R.), Idéologies et action publique territoriale. La politique change-t-elle les politiques ?, Rennes, PUR, 2006.
BUÉ (N.), DESAGE (F.), « Le « monde réel » des coalitions. L’étude des alliances partisanes de gouvernement à la croisée des méthodes », Politix, n°88, 2009, pp. 9-37.
DE MAILLARD (J.), « La conduite des politiques publiques à l’épreuve des temporalités électorales », Pôle Sud, vol. 25 n°2, 2006, pp. 39-53.
EVRARD (A.), « Political Parties and Policy Change : Explaining the Impact of French and German Greens on Energy Policy », Journal of Comparative Policy Analysis, vol. 14 n°4, 2012, pp. 275-291.
FREYERMUTH (A.), « L’offre municipal de sécurité : un effet émergent des luttes électorales. Une comparaison des configurations lyonnaise, niçoise, rennaise et strasbourgeoise (1983-2001), Revue internationale de politique comparée, vol. 20, n°1, 2013, pp. 89-116.
IRONDELLE (B.), La réforme des armées en France. Sociologie de la décision, Paris, Presses de Sciences Po, 2011.
KOEBEL (M.), Le pouvoir local ou la démocratie improbable, Bellecombe-en-Bauges, Éditions du Croquant, 2006.
LEHINGUE (P.), « Mais qui a gagné ? », In Lagroye (J.), Lehingue (P.), Sawicki (F.), Mobilisations électorales. Le cas des élections municipales de 2001, Paris, PUF, 2005, pp. 323-358.
MAZEAUD (A.), La fabrique de l’alternance. La démocratie participative dans la recomposition du territoire régional (Poitou-Charentes 2004-2010), Thèse pour le doctorat en science politique, direction Brigitte Gaïti, Université de La Rochelle, 2010.
MAZEAUD (A.), « Marquage emblématique de l’alternance et contingences de l’action publique. L’action agricole et environnementale de la région Poitou-Charentes (2004-2010) », in ALDRIN et al., Sociologie des alternances politiques, Paris, Karthala, à paraître.
PARODI (J.-L.), « Les élections « intermédiaires » du printemps 2004 : entre structure et événement », RFSP, vol. 54, 2004/4, pp. 533-543.
SOLÉ-OLLÉ (A.), VILADECANS-MARSAL (E.), « Do Political Parties Matter for Local Land Use Policies ? », Journal of Urban Economics, 78, 2013, pp. 42-56.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : lundi 22 juin 9h00 – 12h00

Lieu : voir le planning des sessions


Programme

Axe 1 / L'alternance au pouvoir : négocier, fabriquer le changement

Discutant : Guillaume Gourgues (CRJFC (EA 3225) / Université de Franche-Comté)

Axe 2 / Devenir ou rester professionnel de la politique à travers les alternances

Discutant : Nicolas Bué (ERMES-UNICE)


Résumés des contributions

Anouk Flamant (TRIANGLE UMR 5206 CNRS/ENS/Université Lyon 2)
 
Le temps de l’arrivée au pouvoir : un moment propice aux variations de l’action municipale. L’exemple du dossier de l’« intégration des étrangers » à Lyon et à Strasbourg (2001-2008)
 
En 2001, les exécutifs municipaux de Lyon et de Strasbourg connaissent une alternance politique, respectivement de droite à gauche et de gauche à droite. C’est à nouveau le cas à Strasbourg en 2008. Ces moments d’alternance permettent d’interroger la façon dont la participation politique des populations étrangères se construit (ou non) comme un enjeu politique local. Si cette question n’est pas un enjeu médiatisé lors des campagnes municipales de 2001 et de 2008, elle le devient quelques mois après les prises de fonction des nouveaux exécutifs. Ces derniers mobilisent alors deux types de registres pour justifier cette construction d’un enjeu public : celui de la dénonciation, en présentant l’action conduite par l’équipe précédente comme « communautaire », et celui de la proximité à établir avec leurs concitoyens. En revanche, en l’absence d’alternance partisane, comme à Lyon en 2008, la participation des étrangers à la vie de la cité disparaît des préoccupations centrales des équipes. Les moments d’une arrivée au pouvoir favorisent bien des positionnements partisans concernant la place des étrangers dans la ville. Cette dynamique est renforcée par l’émergence dans l’espace national de la lutte contre les discriminations ethno-raciales et d’un positionnement partisan contre les orientations du gouvernement d’alors. Cette communication mettra en valeur l’importance à étudier en détails l’installation de nouvelles équipes municipales pour identifier le changement dans l’action publique locale.  

Political alternatives:  an accurate timing to understand changes in local public actions. The example of political participation of migrants in Lyon and in Strasbourg (2001-2008)
 
In Lyon and in Strasbourg, the 2000s were characterised by changes of political majorities. A socialist majority now ruled Lyon after decades of conservative majorities. In Strasbourg, two majorities, one leaded by conservatives (2001-2008) and one from by the socialist party (2008-2014) were in charge of the city. The elections of new majority are interesting times to understand in which conditions political participation of migrants can be an issue. As a matter of fact, if it was not an issue during the campaigns, after few months of power, new elected majorities built it as an issue. At the same time, new majorities denounced former local action as being in favour of « communities » and pleaded for closeness with citizens. However, when the majority is re-elected, political participation of migrants is not anymore an issue for politicians. These local dynamics were reinforced in the 2000s with the emerging national debate on the fight against ethnic discriminations and national political speech on migration. As a consequence, this paper will demonstrate how political alternatives are interesting timing to identify and to understand change in local policies.

  
André Fazi (LISA UMR 6240 CNRS/Université de Corse)
 
Bouleversement politique et continuité administrative ? Les élections municipales de Bastia en 2014

Parmi les changements de majorité municipale survenus en 2014, le cas de Bastia a suscité une attention particulière pour une ville de cette catégorie, du fait de l’accession d’un nationaliste corse à la fonction de maire, avec le soutien d’une coalition hétéroclite. Bien avant le scrutin, il apparaissait que l’un des enjeux-clés de cette alternance serait la gestion politique des personnels. Cela renvoie à la politisation de l’administration et des modes de recrutement, mais aussi à l’évolution des usages et de l’efficacité du clientélisme, dans un territoire où ce dernier est traditionnellement un moyen puissant de mobilisation politique, et dans un contexte de baisse de finances publiques qui limite les capacités distributives des élus.
La majorité précédente, au pouvoir depuis 1947, ayant été très souvent dénoncée pour un clientélisme généralisé et oppressif, cette recherche s’attache principalement aux questions de la continuité administrative et de la construction/déconstruction de la loyauté des agents dans le cadre des alternances locales. Elle s’appuie sur une enquête qui ne se limite pas aux cadres supérieurs, mais considère l’ensemble des catégories des personnels communaux, et permet de signifier en quelle mesure la nouvelle majorité : 1/ s’assure-t-elle la loyauté administrative de l’ensemble des personnels ; 2/ cherche-t-elle à s’attacher de nouvelles loyautés politiques ; 3/ modifie-t-elle l’équilibre entre spoil system et merit system.
  
Political upheaval and administrative continuity? The 2014 municipal election of Bastia
 
Among the municipal majority switches occurred in 2014, the case of Bastia has attracted, for a city of this size, a special attention. This attention was due to the assumption of the mayor’s office by a Corsican nationalist, supported by a heterogeneous coalition. Well before the polls, it appeared that one of the key challenges would be the political management of human resources. This issue relates to the politicisation of the administration, but also to changes in uses and effectiveness of clientelism. We must remember that in Corsica, clientelism is traditionally a powerful means of political mobilisation, but the context of financial restrictions impacts the distributional capabilities of local representatives.
Considering that the previous majority, in office since 1947, was frequently denounced for a generalized and oppressive clientelism, this research mainly focuses on administrative continuity and on the construction/deconstruction of agents’ loyalty in a context of majority switch. It is based on a qualitative survey, which – far beyond the special case of top-managers – covers all the categories of municipal employees. Finally, this contribution shows to which extent the new majority: 1/ ensures the administrative loyalty of the all staff; 2/ tries to gain new political loyalties; 3/ modifies the equilibrium between spoil system and merit system.

 
Gilles Pinson (Centre Emile Durkheim UMR 5116/Sciences Po Bordeaux)
 
Un spoil system métropolitain ? Alternance politique et mobilités bureaucratiques au Grand Bordeaux
 
Les travaux français sur le gouvernement urbain ont longtemps été caractérisés par deux inclinations problématiques. La première inclination est celle consistant à voir dans les espaces intercommunaux des espaces peu politisés voués à la gestion opaque d’un consensus gestionnaire. La seconde est l’intérêt intermittent, à éclipses, porté aux rapports entre politique et administration à l’échelle urbaine alors que, s’agissant des espaces politiques nationaux, cette dimension est demeurée un domaine d’investigation constant.
L’alternance politique qu’a connue la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) nous donne l’occasion d’aborder, en les croisant, ces deux dimensions. A partir d’une enquête de terrain menée à base d’entretiens semi-directifs, cette communication propose d’analyser l’impact sur les technocraties urbaines bordelaises du changement de majorité et de présidence intervenu au sein du conseil communautaire de la CUB. Plus précisément, il s’agira d’observer si l’alternance a engendré un spoil system métropolitain, autrement dit un remplacement des cadres les plus haut placés de l’administration communautaire mais aussi des dirigeants des structures satellites de la communauté urbaine (agences, sociétés d’économie mixte, sociétés publiques locales, etc.). Il s’agit par-là de tester l’hypothèse d’une politisation grandissante des espaces intercommunaux, politisation qui se traduirait par une volonté croissante de la majorité de mieux contrôler un dispositif d’action publique devenu plus puissant et plus visible. Il s’agit aussi de tester l’hypothèse d’une évolution graduelle des rapports entre pouvoir politique et pouvoir technique dans les villes dans le sens d’une reprise en main politique des administrations et notamment des postes techniques stratégiques.
 
A metropolitan spoil system ? Political power and bureaucratic mobility in the metropolitan authority of Bordeaux
 
French literature on urban government has long been characterized by two problematic inclinations. The first inclination is that of viewing inter-municipal cooperation authorities as spaces characterized by a low level of politicization and dedicated to the opaque management of a technical consensus. The second is the intermittent interest for the relationship between politics and administration at the urban scale, whereas, in the case of national political spaces, this dimension has remained a constant investigation field.
The political change experienced by the Urban Community of Bordeaux (CUB) gives us an opportunity to correct those two inclinations by crossing two dimensions. From a field survey based on semi-structured interviews, this paper aims to analyze the impact of political change at the metropolitan level on the metropolitan technostructure. Specifically, we analyze whether the political change has been accompanied by a spoil system i.e. the replacement of the most senior managers to the CUB but also of the leaders of the satellite structures of the urban community (agencies, local public companies, etc.). It will allow us to test two hypotheses. The first is one of a growing politicization of metropolitan spaces that would result in a growing willingness of the majority to better control the policymaking process at a scale that is considered as increasingly powerful and visible. The second hypothesis is one of a gradual evolution of the relationship between political power and technical power in the cities in the sense of renewed grip of political actors on appointments at strategic administrative posts.

 
Anne-France Taiclet (TRIANGLE UMR 5206 CNRS/ENS/Université Lyon 2)
 
Entre renouvellement et ancrage : conditions de production et usages d’une situation d’alternance autour d’une sortante-dissidente. Les élections municipales de 2014 dans un arrondissement lyonnais.
 
La communication analyse une situation singulière d’alternance à l’échelle d’un arrondissement, avec le succès d’une liste conduite par la maire sortante de l’arrondissement entrée en dissidence et soutenue par une coalition entièrement renouvelée. Bien que menée par la maire sortante, la liste se trouvait en position de challenger, position productrice d’incitations fortes à l’investissement programmatique et à la formulation de projets identifiants en matière d’action publique locale. Etayée par toute une série de projets, l’affirmation générale était celle de la construction d’une « alternative » et d’un « laboratoire » d’action publique et politique locale. Si cette posture à la fois critique et programmatique découlait d’un effet de position relativement classique, elle a produit un effet certain d’entraînement et d’engagement. La question du passage en position de gestion s’est alors posée de façon aigüe pour cette équipe. La situation d’alternance peut dès lors être appréhendée en termes d’apprentissage et de professionnalisation politique. L’observation de la première année d’occupation des positions municipales laisse apparaître des rapports différenciés à cette professionnalisation, qui se mesurent notamment en termes d’investissement et de prise de rôle dans la conduite de l’action publique mais aussi de projection dans l’avenir politique. L’attachement à la production de politiques publiques semble un passage perçu comme obligé dans la consolidation d’un capital politique territorialisé. Cette « micro alternance localisée » constitue aussi le ferment de stratégies d’alternance à plus long terme. Le trophée du 1er arrondissement sert de socle à des stratégies de recomposition d’alliances à gauche, auxquelles l’espace local est perçu comme propice.
 
An outgoing mayor running as a challenger. The local conditions of political change, between renewal and territorial anchorage.

The paper examines a peculiar case of political change in a Borough Council. The outgoing borough mayor ran as a dissident, heading an entirely renewed list of co-candidates. This (eventually winning) list was in a challengers’s position, which produced strong incentives to elaborate distinctive policy proposals. Based on a number of documented policy projects, their programme claimed the ambition to make the borough a laboratory for alternative political action. Here, the dynamics of political change are entwined with those of political professionalization. The involvement in mandate activities and the relations to professionnalization appear variable among the new Council members. For the most committed, gaining credibility through policy-making is perceived as a defining challenge. Another stake raised by political change is its continuation, in terms of individual careers, of political organizations as well as local government. The victory in this borough election is expected to stir the experimentation of new coalitions between left-wing parties.

 
Adeline Denis (CMH-ETT, EHESS/ENS)
 
Les ennemis d'hier sont peut-être les amis de demain

Cette communication propose d'explorer certaines logiques politiques et sociales qui président aux alliances et aux oppositions en période de campagne électorale, à travers l'analyse de données ethnographiques récoltées lors des dernières municipales de 2014. En particulier, nous examinons le rôle joué par les entourages d'élus et de candidats dans la construction des coalitions électorales. Nous privilégions deux pistes de réflexion : d'abord, nous nous intéressons à la construction des listes et au travail de rapprochement opéré entre listes, par des entourages qui exacerbent ou neutralisent les différend(ce)s en fonction d'intérêts multiples. Les coalitions apparaissent moins comme le fruit de stratégies partisanes et idéologiques longuement mûries que comme des bricolages précaires entre « anciens ennemis » amenés à s'unir, la configuration locale allant parfois à l'encontre des directives nationales. Ensuite nous étudions les implications de l'alternance sur les carrières de ces entourages. Nous montrons dans quelle mesure ces « entrepreneurs de coalition » se révèlent être les acteurs les plus professionnalisés, ceux disposant de davantage de ressources, d'expériences, et d'issues favorables possibles dans l'espace politique local.

Former enemies may become tomorrow's friends

This communication aims at exploring the political and social logics that prevail in the building of alliances and oppositions during electoral campaigns. For that purpose, we rely on data from an ethnographic research conducted in several municipalities in the suburbs of Paris. We focus on the role played by political staff surrounding elected officials and candidates in shaping successful coalitions. We organize our reflection along two lines. First, we examine how each staff conceives the candidates' list, and works to draw concurrent lists closer, by exacerbating or neutralizing disputes, according to their respective interests. Coalitions turn out to be less the result of long- considered partisan and ideological strategies than precarious arrangements between “former enemies” who join forces. In some cases, the local configuration happens to be at odds with the national instructions. Secondly, we study the changeover's implications on staff members' careers. We show to what extent those “coalition entrepreneurs” are the most professionalized actors, i-e the ones who are endowed with more resources, experiences and favorable opportunities in the local political space.

 
Grégory Hû (SAGE UMR 7363 CNRS/Université de Strasbourg)
 
Stratégie de contrôle d’un camp partisan en configuration d’alternance : devenir notable au PS
 
Cette communication interroge les conditions de la mise en discipline d’un camp partisan en configuration d’alternance. L’analyse est localisée sur une communauté d’agglomération où le PCF détient durablement les communes de taille moyenne tandis que le PS reconquiert plusieurs communes à la droite à partir de 2001. Cette analyse s’appuie sur des archives (de presse, du parti socialiste) et des entretiens semi-directifs avec des élus socialistes de l’agglomération.
On considère souvent qu’en phase de conquête, les acteurs politiques délaissent la marque partisane au profit d’autres marqueurs moins visibles (l’Union des Elus Socialistes et Républicains) pour contrôler leur camp partisan. Or, après avoir reconquis plusieurs communes de droite, les socialistes modifient leur stratégie politique en disputant les positions politiques détenues par les communistes (Communauté d’agglomération, position de conseillers généraux, municipalités). Les ressources liées à la marque partisane socialiste sont alors réévaluées. Dans cette configuration politique, on assiste à une repartinisation de la compétition politique locale. La notabilisation de l’entrepreneur politique local détenteur de la marque socialiste tient dans sa capacité à attribuer (ou non) des investitures en réactivant notamment l’instance partisane locale (le comité de circonscription). Au total, l’analyse localisée contribue à l’étude du renouvellement des formes de mise en discipline des entrepreneurs politiques territoriaux.
 
Control strategies of a political coalisation: Becoming a local leader of the French Socialist Party
 
This presentation focuses on the disciplinarization of a political coalition during a changeover of political power between the two main parties in France (alternance). The fieldwork is based on a local political institution (called communauté d’agglomération) where the French Communist Party has been rooted in medium-sized towns while the French Socialist Party (PCF) has reconquered since 2011 towns which used to be governed by the Right. This analysis is based on archives (from the local press and the Socialist Party) as well as semi-directive interviews conducted with elected socialists.
It is often considered that in phase of conquest, politicians tend to outshine their partisan label in exchange of less dividing markers (The Union of Socialist and Republican Elected Representatives for example) in order to establish and control a political coalition. Nonetheless, after reconquering right-wing cities, the socialists changed their political strategy by pitching political positions to Communists (“Communauté d’agglomération”, general council, municipality). Thus, resources associated with the Socialist Party are re-evaluated. In this political configuration, there is a repartinisation process of local political competition. The notabilisation of socialist leader depends on its ability to give (or not) investitures by using the local partisan structure (called “comité de circonscription”). In so doing, this local scale analysis contributes to the study of a renewal of the forms of political discipline.


Participants

Anquetin Virginie virginie.anquetin@misha.fr
Bué Nicolas nicolas.bue@unice.fr
Denis Adeline adenis@phare.normalesup.org
Fazi André fazi@univ-corse.fr
Flamant Anouk anouk.flamant@sciencespo-lyon.fr
Freyermuth Audrey audrey.freyermuth@hotmail.fr 
Gourgues Guillaume guillaume.gourgues@hotmail.com
Hû Grégory gregory.hu@wanadoo.fr
Mazeaud Alice  alicemazeaud@yahoo.fr
Pinson Gilles g.pinson@sciencespobordeaux.fr
Taiclet Anne-France Anne-France.Taiclet@univ-lyon2.fr

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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