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Section Thématique 30

« Penser l’action publique » en contexte africain
Thinking Public Policy” in Africa

Responsables

Clothilde HUGON (Sciences Po Bordeaux, Les Afriques dans le Monde / LAM) clohugon@gmail.com
Olivier PROVINI (Université de Pau et des Pays de l’Adour, Les Afriques dans le Monde/ LAM) olivier_provini@yahoo.fr

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

L’analyse des politiques publiques connaît, depuis les années 1990, un essor sur le continent africain. Les études empiriques sectorielles (politiques de santé, d’éducation, foncières, environnementales, urbaines, etc.), qu’elles proviennent des universitaires, des chercheurs, des bailleurs de fonds ou des pouvoirs publics, se multiplient. Nous utilisons la notion d’« action publique » plutôt que de « politiques publiques » pour souligner la construction partagée entre un ensemble d’acteurs, étatiques et non-étatiques, de réponses à des problèmes au sein d’une société.
 
Une analyse en action publique en Afrique considère l’Etat comme un acteur parmi de nombreux autres dans la construction collective de programmes d’action publique. Cette approche est particulièrement pertinente dans un contexte d’aide internationale où l’on observe « une action publique éclatée » (Lascoumes, 1996 : 334), c’est à dire marquée par une multitude de programmes, de projets dans différents secteurs concernés à priori peu régulés par un acteur étatique aux faibles capacités. Ces analyses multi-acteurs et niveaux de l’action publique permettent de considérer la marge de manœuvre de l’Etat vis-à-vis des autres acteurs, notamment internationaux, du fait de sa « liberté sous contrainte » (Enguéléguélé, 2008 : 13). Cela ne signifie pas pour autant une absence de prise en charge collective d’un problème, ni absence ou retrait de l’Etat, mais bien que cette action publique est structurée par des espaces de négociation et de compromis entre des acteurs multiples. Cette approche permet d’appréhender l’action publique comme mobilisant des acteurs très hétérogènes, qui s’attachent à des enjeux pluridimensionnels et mouvant qui combinent des registres d’actions très diversifiés. L’action publique se caractérise ainsi « par du bricolage, de l’enchevêtrement de réseaux, de l’aléatoire, une multiplication d’acteurs, des finalités multiples, de l’hétérogénéité, de la transversalité des problèmes, des changements d’échelles et des territoires de référence » (Lascoumes et Le Galès, 2004 : 23). Enfin, une attention particulière sera accordée aux approches cognitives des politiques publiques pour comprendre comment les idées et matrices normatives participent aux systèmes de représentations et aux intérêts des acteurs. Cette conception d’action publique permet de se focaliser non seulement sur la construction des problèmes et des enjeux, mais également sur l’élaboration des agendas, les représentations et les interactions Etat/société.
 
Mener une analyse d’« action publique » sur un terrain africain soulève en effet un certain nombre d’interrogations dans la mesure où la quasi-totalité du corpus théorique s’est construit autour d’expériences sectorielles nord-américaines puis européennes. Est ce que « penser l’action publique » (Duran, 1999) en contexte africain consiste à mobiliser des concepts issus du « Nord » en les confrontant à des terrains au « Sud » ? Comment ces cadres théoriques s’adaptent-ils au contexte africain ? Que ce soit les apports des travaux sur la réforme de l’Etat en Afrique ou sur la pluralisation des normes, nous estimons plutôt que l’intérêt scientifique réside dans l’articulation entre les sociologies de l’action publique et de l’Etat. Comment analyser une action publique dans des Etats « néopatrimoniaux », « autoritaires », « faibles » ou « faillis », où les bureaucraties sont « fragmentées, sous-bureaucratisées et personnalisées » (Darbon, 2009 : 29, 30) ? Quelles sont les spécificités sur les acteurs qui interviennent dans le processus de politiques publiques ? Sont-ils les mêmes selon les différents secteurs ? Et, au final, en quoi l’étude de cas sectorielle sur le continent nourrit-elle le contexte théorique général de l’action publique ?
Nous proposons dans cette section thématique d’étudier l’action publique à travers la matrice de l’Etat en Afrique, et inversement, de voir comment l’action publique est une bonne grille de lecture pour comprendre l’Etat. Pour reformuler, nous discuterons la lecture de l’action publique par une sociologie de l’Etat (politics make policies) et de l’Etat par une sociologie de l’action publique (policies make politics). Nous estimons que c’est autour de cette articulation Etat/action publique et action publique/Etat que réside la nouveauté de notre approche pour appréhender l’action publique et revisiter la sociologie de l’Etat sur le continent africain. En effet, les réflexions sur l’Afrique s’éloignent le plus souvent des analyses de politiques publiques sur deux postulats non exclusifs l’un de l’autre : elles préfigurent la primauté de la politique sur les politiques et elles affirment la globalité et l’unicité du politique et de l’action publique (Darbon, 2004). Pourtant c’est bien souvent les caractéristiques de l’Etat (ses acteurs, ses instruments, ses interactions) qui permettent de comprendre certaines configurations et articulations de l’action publique, notamment dans les processus de (non)changement.
 
A travers une approche comparée entre différents secteurs et pays, l’ambition de cette section thématique est de réunir des chercheurs travaillant sur des problématiques d’action publique en Afrique  en confrontant les concepts et analyses développés à partir de données empiriques pour déterminer certaines hypothèses de recherche et cadres méthodologiques. Nous en avons identifiés cinq :

i) l’articulation entre les sociologies de l’Etat et de l’action publique pour étudier l’action publique à travers la matrice de l’Etat en Afrique, et inversement, comprendre comment l’action publique est une grille de lecture heuristique pour appréhender l’Etat.
ii) la sociologie des acteurs mutlipositionnés pour décrire la gouvernance hybride en s’intéressant à la fois à l’expansion du pouvoir de l’Etat en Afrique, mais également aux interactions entre une myriade d’acteurs (locaux, nationaux, régionaux, internationaux, publics et privés) positionnés au sein de différents espaces et niveaux de la fabrique et de mise en œuvre de l’action publique.
iii) la sociologie de « l’Etat en action » pour analyser, dans une démarche plus anthropologique, au fonctionnement même de l’Etat c’est-à-dire une approche où l’Etat est au travail, qui fait et met en forme. Ce quotidien de l’Etat permet de repérer et décrypter les lieux concrets de rencontre entre les services étatiques (déconcentrés et décentralisés) et leurs usagers mais également de saisir les espaces où l'Etat est concurrencé et court-circuité, dans son intervention quotidienne, par les bureaucraties parallèles.
iv) les transferts de politiques publiques pour s’interroger sur la circulation des contenus de politique publique comme aux instruments organisationnels de mise en œuvre d’une politique. Les capacités financières, administratives et institutionnelles des Etats en Afrique interrogent les processus de diffusion et de greffe des agendas et des prescriptions des organisations et bailleurs internationaux.
v) l’articulation entre les sociologies de l’action publique et de l’action collective pour s’intéresser au poids des contestations et des (dé)mobilisations dans les processus de négociations de l’action publique dans des contextes de régimes hybrides ou sous « contrainte ».
 

Since the 1990s, a lot of research has been done on public policy in Africa, focusing on several policy sectors: for instance the analysis of waste and land management, or education and health reforms. These contributions shape an important collection of empirical and theoretical data which we argue deserves examination.

Researchers are confronted with a renewal in the configuration of public policies in a context where states often adopt “strategies of extraversion” and seem to have limited capacities and weak institutions. For example the involvement of international aid agencies in projects in various sectors (education, health, land management, environment, etc.) has diversified the configurations of actors, norms and values in the policy-making process. In this thematic section we suggest an analysis of the two-way relationship between policies and politics: we are aiming to study policy-making through the theoretical lens of state-building (politics makes policies) and vice versa (policies make politics). More precisely, we argue that an analysis of state actors, instruments and their interactions helps us to understand the various policy configurations; and conversely, by studying different steps of policy-making, we can shed light on state-building in Africa.

The paradigm of public policy considers the state as one actor among others in the various policy processes. Policy forums are characterized by a variety of actors who negotiate on different policy levels. The challenge is to understand the complex relations between new actors (private entrepreneurs, religious associations, administrative brokers, mediators, etc.) and conventional stakeholders (international and bilateral organizations, donors, civil services, etc.). These interactions form new areas of compromise where policies are produced. Thus, the policy-making process is characterized by multiple and heterogeneous players who make decisions on different policy levels (international, national and local).

Scholars analysing public policy in various African countries tend to apply theoretical concepts produced in the "North" to rethink the policy-making processes in an African context. How can these concepts help us to understand policy-making in our disciplines? To what extent do our empirical results contribute to rethinking these frameworks? The aim of this section is to bring together researchers working on issues of public policy in Africa, inviting them to share their empirical data in order to debate these theoretical issues. By exploring a diversity of concepts and fieldwork settings, the objective is to conduct a comparative analysis among different sectors (health, education, land, energy, resources, environment, economy, etc.) in order to uncover problematic assumptions and to improve methodological approaches.

This section is open to the analysis of all policy sectors.

Bibliographie

Darbon D. (2004), « Peut-on relire le politique en Afriques via les politiques publiques ? », dans A. Triulzi, A. et C. Ercolessi (Ed.), State, Power, and New Political Actors in Postcolonial Africa, Milan, Fondazione Giangiacomo Feltrinelli Milano, p. 175-199.
Darbon D. (2009), « Modèles et transferts institutionnels vus des Afriques : Les nouveaux villages Potemkine de la modernité ? », dans D. Darbon (Dir.), La politique des modèles. Simulation, dépolitisation, appropriation, Paris, Karthala, p. 245-283.
Duran P. (1999), Penser l’action publique, Paris, LGDJ.
Enguéléguélé M. (2008), « Quelques apports de l’analyse de l’action publique à l’étude du politique en Afrique subsaharienne », Politique et Sociétés, vol. 27, n° 1, p. 3-28.
Lascoumes P. (1996), « Rendre gouvernable : de la « traduction » au « transcodage ». L‘analyse des processus de changement dans les réseaux d‘action publique », La gouvernabilité, CURAPP, Paris, PUF, p. 325-338.
Lascoumes P. et Le Galès P. (Dir.) (2004), Gouverner par les instruments, Paris, Presses de Sciences Po.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 3 : mardi 23 juin 9h00 – 12h00
Session 4 : mercredi 24 juin 14h00 – 17h00

Lieu : voir le planning des sessions


Programme

Axe 1

Président de séance : Olivier Provini (Université de Pau et des Pays de l’Adour, Les Afriques dans le Monde - LAM)
Discutant : Gilles Massardier (Cirad)

Axe 2

Présidente de séance : Clothilde Hugon (Sciences Po Bordeaux, Les Afriques dans le Monde - LAM)
Discutant : Philippe Zittoun (Université de Lyon, LET-ENTPE/PACTE)


Résumés des contributions

Hélène Charton (CNRS, Les Afriques dans le Monde-LAM)
 
La fabrique du consensus scolaire au Sénégal. Acteurs et pratiques de l’action publique en contexte international
 
Depuis une vingtaine d’années, l’enchâssement croissant des politiques publiques d’éducation dans les programmes internationaux de développement (Objectifs du Millénaire pour le Développement, Programmes d’Education pour Tous), a fait de l’éducation un objet d’expertise en soi, au cœur d’une importante production documentaire et de la structuration de réseaux et de communautés épistémiques (Haas, 1992 ; Boussy et Evrard, 2008).
L’enjeu de cette communication est de retracer la genèse et les modalités de construction de ce type de communauté dans le secteur de l’éducation, à l’échelle d’un pays le Sénégal, à partir des trajectoires professionnelles de ses acteurs. Répondant à un besoin croissant d’information et d’expertise de la part d’une grande variété d’acteurs engagés dans le secteur de l’éducation (ONG organisations internationales, agences de développement, pouvoirs publiques), l’une des principales fonctions de l’expertise est de  produire des savoirs légitimes auxquels sont adossées les décisions politiques (Gutierrez Ruiz et Sibille, 2008). L’interpénétration des réseaux politiques, syndicaux et administratifs qui caractérise ces communautés se traduit par une forte endogamie, qui met en évidence le rôle des dynamiques locales et nationales dans leur constitution. Ce constat invite à questionner les logiques et les politiques ‘d’appropriation’ (Bergamaschi, 2008) mises en avant par les programmes exogènes, au regard des stratégies de lutte hégémoniques de ces groupes (Gramsci, 1974). La confrontation des différentes logiques d’échelles qui sont à l’œuvre dans la production de savoirs légitimes en éducation, permet enfin d’interroger les critères de professionnalisation de ces réseaux et l’ingénierie qui les sous-tend (Jampy, 2012) mais également, les rôles respectifs des logiques institutionnelles et des stratégies de carrières, dont les articulations sont précisément au cœur de la fabrique de l’école.
Cette communication est basée sur l’analyse d’une vingtaine d’entretiens approfondis (récits de vie) menés auprès d’acteurs et d’experts du champ éducatif et l’observation de leurs positionnements et de leurs prises de paroles en différents espaces de débats et de décision nationaux et internationaux. On s’efforcera de montrer à partir de ce matériaux la manière dont interagissent les dynamiques nationales et internationales dans la structuration de communautés épistémiques et le rôle des individus et des institutions qu’ils servent dans la constitution d’un référentiel commun et la production de savoirs légitimes et hégémoniques alimentant les politiques d’éducation tant aux niveaux locaux que internationaux.

The making of school consensus in Senegal. Actors et practices of public action in an international context

Over the last twenty years, the embedding of public education policies within international development programs (MDG’s, EFA) has strengthen the development networks and epistemic communities focusing on education. This presentation aims at analyzing the ways such communities were built up in one African country, Senegal, in which I have been conducting my latest researches, and the role they play in the production of “legitimized knowledge” on education. This research perspective should help to understand “ownership” logics and modes of circulation of education norms and models as well as the articulation of local and international dynamics but also the competition between individual and institutional strategies. It will draw upon in-depth individual interviews of education actors, operating within governmental (both central and local), international (aide agencies and international organisations) and non-governmental organisations based in Dakar, with special attention given to their professional trajectories and circulation between different positions.

 
Philippe Lavigne-Delville (IRD, UMR GRED)

La mise sur agenda des réformes des politiques publiques en Afrique de l’Ouest, entre politics et extraversion. Eau potable et foncier rural (Bénin, Burkina Faso)

Cette communication discute la question des politiques publiques en Afrique, à travers une analyse comparée de la mise sur agenda de processus récents de réforme sur deux secteurs contrastés, l’eau potable en milieu rural et périurbain, et le foncier rural, au Bénin et au Burkina Faso. Ce comparatisme de proximité met à jour des processus contingents, ancrés dans des histoires politiques et institutionnelles différentes, dans une sectorisation de l’action publique, impulsés par des réseaux d’acteurs qui traversent les frontières entre Etat, bailleurs de fonds, experts, société civile. L’analyse des processus de mise sur agenda et d’élaboration de ces différentes réformes met à jour des configurations d’acteurs très différentes, et un degré de pilotage politique varié. Les liens entre modèles internationaux et réformes nationales sont assez directs dans le secteur de l’eau, où le passage de l’étatique au communautaire, puis à la délégation au secteur privé, a été quasiment simultané dans les deux pays, mais avec des interprétations sensiblement différentes. Inversement, s’ils se situent aussi dans une problématique globale d’ajustement global/sectoriel, les processus de réforme foncière suivent des trajectoires très contrastées d’un pays à l’autre, tant en termes de chronologie et de processus que de choix politiques, ce qui traduit le poids des enjeux politiques de ce secteur.

Agenda setting in West Africa public policies: between politics and extraversion. Water supply and rural land tenure (Benin, Burkina Faso)

This communication deals with the issue of public policies in Africa, through a comparative analysis of recent policy reforms in two contrasted sectors (water supply in rural and peri-urban contexts, and land tenure in rural areas) in Benin and Burkina Faso. Such a “close comparatism” shows contingent processes, embedded in different political and institutional histories, in a sectorisation of public action, in policy networks which cross over borders between state, donors, experts and civil society. Analysing agenda setting processes highlights quite different patterns of actors’ networks and political support. Links between international models and reforms are quite direct in water supply, where policies shifts from community management to delegation to private sector have been almost simultaneous in both countries, but with appreciably different interpretations. Land tenure reforms are also part of a global/sector adjustment, but they follow contrasted processes in terms of both chronology and political choices, that translates the weight of the political stakes in this sector.

 
Clément Soriat (Université de Lille 2, CERAPS)

L’implication des acteurs associatifs béninois dans l’action publique de lutte contre le sida : entre domestication et prise de pouvoir
 
Cette communication se fonde sur une enquête de terrain de type ethnographique réalisée au Bénin entre 2009 et 2013. L’idée développée est que, comme dans la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest et centrale, le processus d’intégration des acteurs associatifs béninois dans l’action publique de lutte contre le sida est moins le fruit de mobilisations collectives que le résultat d’injonctions internationales. L’action associative apparaît comme façonnée par des instruments véhiculés par les financements internationaux. Les acteurs associatifs sont davantage des partenaires « domestiqués » de l’action publique que des militants. Leur légitimité à prendre part à l’action publique est fondée sur leur capacité à s’adapter à l’impératif de la « professionnalisation ». Pour autant, ils ne subissent pas passivement les contraintes imposées. Nous verrons comment les structures associatives sont dès leur création investies par des acteurs représentatifs de la figure de l’« akowé », groupe social dominant dans le contexte du Bénin. Cet investissement leur procure par ailleurs de nouvelles ressources, mobilisées en vue de l’acquisition et/ou du renforcement de tout un ensemble de positions de pouvoir. Ce faisant, ils renforcent leur multipositionnalité. Ils deviennent ainsi des leaders d’un genre nouveau, les leaders associatifs. Il apparaîtra ainsi que la lutte contre le sida contribue à la reconfiguration des espaces politiques et sociaux dans lesquels elle se déploie.
 
The involvement of the associative actors in HIV/AIDS public action: between domestication and take over
 
This paper is based on an ethnographic field research carried out in Benin between 2009 and 2013. The main idea is that, in most of West and Central African French speaking countries, the integration process of the Beninese associative actors in the HIV/AIDS public action is due to international injunction rather than the result of collective mobilizations. The associative actions appear to be shaped by international donors promoted tools. Associative actors are more“domesticated partners” than activists. Their legitimacy to contribute to the public action is based on their ability to deal with the imperative of professionalization. However, they do note passively conform to the enforced constraints. We will demonstrate how the « akowé » (a dominant social group in the Beninese context) hold positions in associations, right from their establishment. Additionally, this involvement provides them with new resources, through which they gain or strengthen positions of power. They also strengthen their multipositionality. Meanwhile, they create a new kind of leadership, becoming “associative leaders”. Finally, the fight against HIV/AIDS contributes to redefine the political and social spaces in which the associative actors are established.

 
Magalie Bourblanc (CIRAD UMR G-EAU (Montpellier)/ GovInn, University of Pretoria)

Etat contractuel ou Dédoublement de l’Etat ? Le recours à la sous-traitance dans les administrations publiques sud-africaines, un phénomène singulier ?
 
Le recours de plus en plus massif à la sous-traitance dans tous les aspects de l’action publique que ce soit dans la mise en œuvre des politiques publiques, l’organisation de la consultation sur un projet de loi, ou même dans la conception des politiques publiques est un phénomène relativement frappant dans l’Afrique du Sud contemporaine. Cette communication se propose à partir d’une approche inductive, c’est-à-dire en partant du matériau empirique collecté, de s’interroger sur la singularité de ce phénomène. Nous examinerons trois hypothèses :
1) En le resituant dans le cadre de la transition démocratique sud-africaine, nous nous demanderons dans quelle mesure ce phénomène serait en fait conjoncturel, alimenté par le manque de qualification du personnel administratif et politique nouvellement recruté dans le cadre de la politique dite de transformation des administrations publiques, qui organise le remplacement des élites blanches par des élites noires.
2) En écho aux travaux de sociologie de l’Etat en Afrique, nous nous demanderons dans quelle mesure ce phénomène pourrait relever de pratiques de type néo-patrimonial, et s’il est pertinent de faire un parallèle avec la figure du courtier en développement pour les pays les moins développés.
3) Enfin la dernière hypothèse sera de considérer que ce phénomène relève de dynamiques également repérables dans les pays du Nord, ce qui soulève la question de la circulation éventuelle de modèles d’action publique au niveau global, avec notamment l’imposition du New Public Management.
Nous nous pencherons plus particulièrement sur les trajectoires spécifiques des Department of Water Affairs et Department of Environmental Affairs.

A Contract State or State duplication? Outsourcing in South African Public Administrations, a singular phenomenon?
 
Resorting to private consultants has increasingly been a striking feature of public policies in contemporary South Africa. This is true for all aspects of public policies, their implementation, the organisation of public consultations on a White papers or even the drafting of new policy strategies. Based on empirical case studies, this paper will use an inductive approach to question the specificity of such phenomenon. Three hypotheses will be discussed:   
1)    Against the background of South African democratic transition and more specifically within the context of Public Administrations’ “Transformation”, this phenomenon should be considered as a temporary one, fed by the lack of qualifications of newly recruited political and administrative staff -White elites having to be replaced by Black elites-.
2)    Echoing research works on the sociology of the state in Africa, we wonder to what extent this phenomenon can be related to neo-patrimonial practices, and if it would be relevant to draw a parallel with the role of development brokers in less developed countries.
3)   Our last hypothesis considers that such phenomenon is not specific to South Africa but follows a trend noticeable in the Western world a well. This raises the question of public policies transfers around the globe and in particular the dissemination of the model of New Public Management.
We will build on two case studies, one of the Department of Water Affairs and the other on the Department of Environmental Affairs.

 
Dominique Darbon (Sciences Po Bordeaux, Les Afriques dans le Monde- LAM)

Les politiques publiques peuvent elles exister sans Etat? L'Etat fantôme a-t-il une ombre?

Des politiques publiques sans Etat ? La confrontation de l’analyse des politiques et de l’action publique avec des situations d’Etat fragiles ou faibles notamment sur les espaces africains conduit à poser notamment la question de l’existence de politiques publiques en l’absence d’Etat. L’Etat via ses différentes expressions à certes perdu sa place centrale dans l’analyse des politiques publiques et notamment de l’action publique mais il n’a jamais disparu. Peut-on produire des politiques publiques sans Etat ? L’interrogation vise à montrer à travers des politiques sectorielles confrontées à des situations d’Etat fragile que les processus de production des politiques publiques et de formation de l’Etat sont indissociables et que l’ombre de l’Etat fantôme plane toujours au-dessus de ces processus.

Public policy without a State ? Can a ghost State produce policies?

Can public policies exist without a State? Confronting public policy and public action analysis to weak or fragile states and societies contexts in Africa open up unexpected questions including one discussing the case of public policies making without a State. In the developed world, the role of the State in public policy making has been played down. It is no longer a leading or central figure and is a number of cases an actor among others. However, its role is still essential. What can happen in such cases where the State withers away or is so weak that it has no capacity and is not institutionalized? Can genuine public policy be produced and processed in such contexts? The paper aims at discussing those cases comparing different sectorial policies in a few African states. It aims to show that public policy making and State formation processes are closely related and that the shadow of the ghost state overhang.

 
Marième N’Diaye (Université de Montréal, CERIUM)
 
La politique du droit de la famille au Sénégal. L’Etat face au défi du pluralisme normatif
 
Le code de la famille sénégalais (1972) était présenté comme un symbole de la modernité en construction. Ainsi, bien qu’en matière de mariage et de succession le code reconnaisse les règles de droit musulman, la plupart de ses dispositions restent largement inspirées du code civil français. Le droit officiel est cependant largement ignoré ou contourné et souffre d’un réel déficit de légitimité.  Pour le combler, l’Etat sénégalais a mis en place une politique en faveur d’un meilleur accès au droit (2004). Concrètement, l’Etat agit par le biais de deux leviers : d’une part en s’appuyant sur le pluralisme normatif, nié dans le discours mais légitimé par la pratique des tribunaux et maisons de justice ; d’autre part en déléguant les activités de médiation à des acteurs issus de la société civile (association de femmes juristes).
Il s’agira de discuter l’impact de la politique menée sur le processus d’institutionnalisation de l’Etat. A priori l’acceptation implicite de normes concurrentes et le recours à des acteurs non étatiques peuvent apparaître comme le signe d’un renoncement de l’Etat à exercer son autorité sur la sphère familiale. En réalité, c’est parce qu’il n’ignore plus mais intègre la question du pluralisme dans la définition de sa politique que l’Etat réussit à diffuser plus largement la norme officielle, qui se voit par ailleurs renforcée par l’implication croissante d’acteurs issus de la société civile dans sa promotion.

The Senegalese family law policy. How does the state address the challenge of legal pluralism?

The Senegalese Family Law (1972) has been presented as a symbol of modernity under construction. Most of its rules are indeed directly inspired by the French civil code, even if it recognizes Islamic Law regarding marriage and inheritance. However, the official law remains widely unknown and bypassed, and thus suffers from a lack of legitimacy. To address this issue, the Senegalese state has promoted a policy to facilitate access to the law. Concretely, the state has two strategies: on the one hand, it uses legal pluralism as a resource in the Courts and Houses of Justice - even if it denies it in its official narrative. On the other hand, the state delegates its activities of mediation to actors coming from civil society (association of women lawyers).
In this paper, I will discuss the impact of this policy on the state-building process. A priori, the implicit approval of competing norms and the call to non-state actors could appear as signs that the state renunciates to its authority regarding family law. In reality, it is because the state does not ignore pluralism anymore and uses it in its policy that it does succeed in promoting widely the official law, which is also reinforced by the growing involvement of non-state actors in its promotion.


Participants

Bourblanc Magalie magalie.bourblanc@cirad.fr
Charton Hélène h.charton@sciencespobordeaux.fr
Darbon Dominique d.darbon@sciencespobordeaux.fr
Hugon Clothilde clohugon@gmail.com 
Lavigne Delville Philippe philippe.lavignedelville@ird.fr
Massardier Gilles gilles.massardier@cirad.fr
N’Diaye Marième m-ndiaye@hotmail.fr
Provini Olivier olivier_provini@yahoo.fr
Soriat Clément csoriat@yahoo.fr
Zittoun Philippe pzittoun@gmail.com

 

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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Courriel : afsp@sciencespo.fr