Accueil

Inscriptions

Programme

Sessions
(ST, MTED, CP)

Evénements

Index

Partenaires

Infos pratiques
(accès, transports, hébergement)

Contacts

Congrès organisé en partenariat avec

Section Thématique 32

Le process-tracing comme méthode d’analyse des politiques publiques
Process-tracing as a method for Public Policy Analysis

Responsables

Philippe Bezes (CNRS, Centre d’études et de recherches de sciences administratives et politiques) bezes@hotmail.com
Bruno Palier (CNRS, Centre d’études européennes (CEE) de Sciences Po) bruno.palier@sciencespo.fr
Yves Surel (Université Paris 2 Panthéon-Assas) yves.surel@aliceadsl.fr

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Cette section thématique vise à discuter les caractéristiques et apports d’une méthode d’analyse des phénomènes politiques pratiquée depuis quelques années en relations internationales et pour l’analyse des politiques publiques sous le nom générique de process-tracing. Même s’il est toujours difficile de mettre en avant une généalogie précise des concepts, l’acception et l’usage récents de cette notion de process-tracing sont le plus souvent rattachés aux travaux de George et Bennett (George, Bennett, 2005), qui ont notamment produit plusieurs définitions aujourd’hui acceptées de la notion, avançant en particulier l’idée qu’il s’agit là d’une “method [that] attempts to identify the intervening causal process - the causal chain and causal mechanism - between an independent variable (or variables) and the outcome of the dependent variable” (George, Bennett, 2005, p. 206).La méthode proposée entend ainsi répondre à plusieurs objectifs : établir des relations causales qui ne soient pas uniquement basées sur des données quantitatives, mais sur l’étude de processus politiques et sur l’enchaînement des phases qui le caractérisent ; traiter ainsi de la temporalité des phénomènes étudiés sans adopter l’analyse historienne classique fondée sur des « récits véridiques » selon l’expression de Paul Veyne (Veyne, 1996) ; offrir enfin un cadre possible à une analyse comparative centrée sur l’identification et l’analyse de trajectoires variées dans les cas étudiés.
La méthode ainsi dessinée suppose plus précisément de respecter trois prescriptions générales :
a) il s’agit tout d’abord de construire les objets de recherche de telle sorte qu’ils s’inscrivent dans un cadre temporel suffisamment long pour isoler plusieurs séquences ou phases, dont il faut expliquer la succession. Les études de cas réalisées doivent en outre se faire « en profondeur » (in-depthcase studies), afin de disposer d’éléments suffisants pour qualifier les déterminants, le rythme et les caractéristiques majeures du processus étudié ;
b) par ailleurs, le process-tracing est souvent présenté, on l’a dit, comme une méthode apte à mettre en avant des mécanismes causaux en partant de matériaux qualitatifs. Contrairement aux méthodes quantitatives, qui visent à établir des relations de causalité ou des corrélations « robustes » sur la base de régressions statistiques, le process-tracing suppose de constituer un récit explicatifplausible, capable d’identifier les facteurs déterminants et les enchaînements causaux dans l’occurrence d’une crise internationale ou d’une réforme politique majeure ;
c) enfin, la méthode proposée permet également d’intégrer les dimensions temporelle et comparative de façon dynamique en mettant par exemple des trajectoires de réformes variables. Elle suppose de mener des small-n studies et de comparer non seulement les cas choisis, mais également les séquences identifiées.
Au-delà de ces prescriptions générales, il apparaît que cette (nouvelle) méthode entretient des liens avec d’autres travaux ou courants d’analyse. Le process-tracing a souvent été associé par exemple au néo-institutionnalisme historique parce qu’il permet d’identifier les mécanismes à travers lesquels les institutions influencent l’action et les réformes. Il est aussi particulièrement heuristique pour des analyses qui s’intéressent à la dimension temporelle des politiques publiques, des réformes et des processus de changement et des phénomènes politiques en général, les écrits de Paul Pierson (2004) constituant ici une référence évidente. C’est le cas, par exemple, d’approches attentives aux cycles de vie des politiques publiques (Howlett, Ramesh, 1995 ; Howlett, 2009), au modèle des « trois I », qui suppose d’interpréter l’analyse d’une politique publique de façon séquentielle (Palier, Surel, 2005) ou aux perspectives prenant au sérieux les trajectoires de réforme (Bezes, Parrado, 2013).

This thematic section aims at discussing the core characteristics and the contribution of process tracing, a method developed in the last years in international Relations and for Public Policy Analysis. Even if it is difficult to trace back to its origin, the common understanding of this method is attributed to works by George and Bennett (George, Bennett, 2005), who have stated that it is a “method [that] attempts to identify the intervening causal process - the causal chain and causal mechanism - between an independent variable (or variables) and the outcome of the dependent variable” (George, Bennett, 2005, p. 206).
More precisely, this method supposes three general principles :
 a) to elaborate objects of research in a way that they are circumscribed in a time framework long enough to allow the identification of various sequences or phases of developments that requires explaining how they are causally linked to each other. Case studies must be « in depth », so that enough material is gathered to qualify the determining elements, the rhythm and the main characteristics of the process under study ;
 b) Highlight causal mechanisms though qualitative analyses. Contrary to quantitative methods that aim at finding robust correlations between quantified variables, process-tracing relies on a causal narrative, identifying the causal mechanisms that lead to, for instance, a major reform or an international crisis;
 c) this method allows to integrate comparative and temporal dimensions in a dynamic way by identifying «various « reform trajectories ». Based on small-n studies, it allows the comparison of various case studies through the comparison of similar (or different) series of sequences.
 This method has often been associated to historical neo-institutionalism because it allows to identify mechanisms through which institutions shape public action and reforms. It is also key for any work paying attention to the causal dimension of time (See Paul Pierson's work for instance). One can also refer to work paying attention to public policies’life cycle (Howlett, Ramesh, 1995 ; Howlett, 2009), or to the three « i » type of policy analysis, which relies on sequential analysis (Palier, Surel, 2005) or to those analysing « reform trajectories » (Bezes, Parrado, 2013).

Bibliographie

Bezes, P., Parrado, S., 2013, “Trajectories of Administrative Reform: Institutions, Timing and Choices in France and Spain”, West European Politics, Vol. 36, 1, 2013, pp. 26–53.
George A., Bennett A. (dir.), Case Studies and Theory Development in the Social Sciences, Cambridge, MIT Press, 2005.
Howlett M., “Process Sequencing Policy Dynamics: Beyond Homeostasis and Path Dependency”, Journal of Public Policy, 29, 2009, pp 241-262
Palier B., Surel Y., « Les « trois I » et l’analyse de l’État en action », Revue française de science politique, Vol. 55, n° 1, 2005, pp. 7-32.
Pierson P., Politics in Time, Princeton, Princeton University Press, 2004.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 3 : mardi 23 juin 9h00 – 12h00
Session 4 : mercredi 24 juin 14h00 – 17h00

Lieu : informations bientôt disponibles


Programme

Discutant : Thomas Lindemann

Discutant : Patrick Hassenteufel


Résumés des contributions

Camille Bedock (IEP de Bordeaux)

Les mécanismes des réformes institutionnelles : comprendre l’échec et l’adoption de réformes démocratiques par le process-tracing

Cette contribution s’intéresse à la manière dont le process tracing comme méthode d’analyse permet une analyse comparative de l’adoption – ou de la non-adoption – de réformes, en s’appuyant sur l’exemple des institutions démocratiques. L’analyse se concentre sur ce qui se passe après que des grappes de réformes (définies comme des réformes affectant de multiples dimensions de l’architecture institutionnelle liées explicitement par les réformateurs) soient mises sur agenda. On se penche sur trois séquences de réformes démocratiques : le passage du septennat au quinquennat et la réforme du calendrier électoral en France (2000-2001), les réformes électorale et constitutionnelle en Italie (2003-2006), et les multiples réformes lancées en Irlande depuis 2011. L’intérêt de cette méthode est ici double : mettre à jour des mécanismes causaux complexes et des interactions entre variables, et mettre en évidence une typologie de ces mécanismes permettant de généraliser au-delà de ces trois séquences. Cette étude permet d’identifier deux types de réforme selon le niveau de soutien dont elles bénéficient (consensuelles et conflictuelles). Deuxièmement, la comparaison met à jour une distinction entre processus de réforme majoritaires, supermajoritaires et externalisés selon leur niveau d’inclusion. En croisant ces deux variables, on montre que l’issue finale des réformes dépend de la conjonction entre nature des réformes et processus choisi pour tenter de les adopter. Il apparaît que les réformes conflictuelles sont guidées avant tout par des logiques d’intérêt et que leur issue finale dépend principalement de la capacité des réformateurs à surmonter les différents joueurs de veto en construisant une coalition suffisamment large. Les réformes consensuelles obéissent à une logique de type credit-claiming : leur issue dépend de la capacité d’une majorité des acteurs à s’arroger le mérite d’une réforme populaire.

Cyril Benoît (IEP de Bordeaux)

La nature de l’inférence causale dans la méthode du process-tracing : une perspective Bayésienne

Dans la littérature portant sur les politiques publique, la méthode du Process-Tracing fut régulièrement vue comme une alternative aux approches quantitatives usuelles. Toutefois, de récents articles constatèrent une forte similarité entre les inférences produites dans ce cadre et celles mobilisées par les statisticiens « bayésiens », dont les recherches s’opposent aux méthodes classiques de l’inférence. La découverte de cette proximité offre aux comparatistes de nouvelles possibilités pour discriminer entre les preuves de la cause d’événements historiques semblables. Sur la base d’une relation statistique connue entre le développement d’agences d’évaluation des médicaments et le poids de l’industrie pharmaceutique en France et en Angleterre, nous mettons à l’épreuve les propriétés bayésiennes du Process-Tracing. Bien que compatibles, on verra que la segmentation des données quantitatives et qualitatives grève une partie des possibilités que laisserait entrevoir une meilleure intégration de ces approches : on soutiendra en conclusion que la méthode "Bayésienne" du Process Tracing gagnerait en effet à mieux combiner ces catégories de données.
 
The nature of causal inference in Process-Tracing: A Bayesian perspective
 
In Policy Analysis literature, Process-Tracing was regularly viewed as an alternative to standard quantitative approaches. However, recent articles noted a strong similarity between inferences generated in this framework and that mobilized by “Bayesian” statisticians, whose researches are opposed to classic (“frequentist”) approaches to causal inference. The discovery of this proximity offers new possibilities to comparatists to discriminate between evidences of causes of similar historical events. On the basis of a known relationship between the development of drugs assessment agencies and the weight of the pharmaceutical industry in France and in England, we test the Bayesian properties of Process-Tracing. Albeit compatible, we shall see that the segmentation of quantitative and qualitative data weakens some of the capacities that would allow a better integration of these approaches: in conclusion, we will argue that the Bayesian approach to Process-Tracing would benefit from a greater combination of these categories of data.


Antoine Maillet (Institut des Affaires Publiques – Université du Chili), Pierre-Louis Mayaux (CIRAD, EGE Rabat)

Construire et tester des hypothèses causales : apports du process-tracing

Les discussions autour de la méthode du process-tracing offrent l’opportunité d’une réflexion systématique sur la nature de la causalité, abordée ici à travers un questionnement sur le statut des hypothèses causales dans les recherches qualitatives. Le recours au process-tracing contraint en effet à se poser systématiquement des questions telles que : quel est le degré de plausibilité de l’hypothèse considérée ? Dans quelle mesure les observations dont elle ne rend pas compte en affaiblissent-elle la pertinence? Toutes les hypothèses alternatives ont-elles bien été prises en compte? Ces interrogations amènent à questionner précisément l’ensemble des mécanismes causaux complexes par lequel une combinaison de variables produit ses effets. A partir d’études de cas de politiques publiques au Chili et au Brésil, nous montrerons que le process-tracing permet une mise en ordre des interrogations sur la causalité au cours de différentes séquences, plus logiques que nécessairement chronologiques, de recherche.

Juliette Fontaine (Université Paris 1 – CESSP/CRPS)

La méthode du process-tracing appliquée à la réforme éducative du régime de Vichy

Dès les premiers jours du régime de Vichy, le nouveau gouvernement dirigé par le Maréchal Pétain, annonce une rupture dans la politique éducative. Contre l’école républicaine et ses valeurs, accusées d’être responsables de la démoralisation et de la défaite du pays, ce sont l’ordre, l’autorité et la hiérarchie qui doivent désormais guider l’institution scolaire. S’impose donc, dans les discours, un changement radical des finalités données à la politique éducative. Pourtant, rares sont les changements qui s’observent dans le quotidien des classes. Hormis la propagande maréchaliste, l’école républicaine ne semble pas affectée par des réformes structurelles. Dès lors comment expliquer ce décalage entre le changement annoncé et cette permanence observée ? C’est par la méthode du process-tracing, par le suivi de deux instruments – ici, les programmes scolaires et le corps des instituteurs – auxquels nous appliquons la grille de Jones (Palier 2005) que nous proposons de le comprendre. Cette communication se propose ainsi de montrer que si la rupture éducative est brutale (rapidité de la mise à l’agenda politique) car préparée de longue date, les nouvelles idées prônées n’en sont pas restées à l’ordre du discours et se sont incarnées dans des décisions politiques. La réforme ne s’en tient donc pas à un effet symbolique (Berlivet 1997). Mais, si certains de ces instruments sont modifiables rapidement – les programmes scolaires – d’autres, pour être remaniés, demandent un temps plus long : c’est le cas du corps des agents chargés de la mise en œuvre des politiques (Lipsky 1980), qui dans notre cas – les instituteurs – sont a priori hostiles au régime.
 
Process-tracing applied to the educational reform of the Vichy regime
 
In August 1940, the new government ruled by Marshal Pétain, announces an educational reform. Against republican education, held responsible of the demoralization and defeat of the country, its order, authority and hierarchy that must now lead the educational institution. So, a new educational discourse is promoted. However, except marechalist propaganda, the republican education does not seem to be affected by structural reforms. So, how to explain this gap between this discourse et what we can observe ? Here, we propose to understand this gap using process-tracing method : we propose to follow two instruments - school programs and teachers training – and to apply Jones’ sequential analysis (Palier 2005). This paper aims to show that if educational reform is brutal, because it was prepared for a long time, new ideas are indeed embodied in some instruments: Beyond the discourse, practical means are set up by the new government to ensure this new vision of the educational institution. So, the reform is not only symbolic (Berlivet 1997). But if some of these instruments can be modified quickly - the school programs - others to be reworked, take a longer time: it is the case of the street level bureaucrats responsible for the implementation of the reform (Lipsky 1980) which here - the teachers - are mainly opposed to the regime.


Charlotte Halpern (FNSP-CEE), Julie Pollard (Université de Lausanne)

La concertation produit-elle des effets sur l’action publique ? Analyse comparée et longitudinale des effets du Grenelle de l’environnement sur les politiques de gestion des déchets et du logement

La relation entre concertation et action publique a suscité de nombreuses analyses en science politique. Pour une majorité de travaux, l’enjeu a longtemps consisté à rendre compte de l’évolution des formes de participation politique et des modalités concrètes d’inclusion des citoyens ordinaires et d’intérêts faiblement organisés dans la fabrique de l’action publique. Les analyses portant plus spécifiquement sur les effets de la concertation sur l’action publique sont, en revanche, restées peu développées et principalement mesurées à l’aune des résultats obtenus en termes de réglementation, budgets, procédures (outputs). Ainsi, les effets sur les dynamiques de l’action publique (outcomes), et plus généralement, sur le changement (ou l’absence de changement) dans les politiques publiques, restent peu étudiée. Cette contribution propose de réinterroger la relation entre concertation et action publique à partir d’une analyse comparée et longitudinale des effets du Grenelle de l’environnement sur deux politiques publiques – gestion des déchets et logement. Plus précisément, l’interrogation suivante est au cœur de la réflexion : ce dispositif de concertation constitue-t-il la principale variable explicative des effets observés en termes de recompositions de l’action publique ? Le recours à la méthode dite du process-tracing peut contribuer au développement des hypothèses robustes sur les effets comparés de la concertation sur l’action publique. Pour rendre compte des effets du Grenelle de l’environnement sur ces deux secteurs, nous avons considéré une période d’analyse suffisamment longue (25-30 ans) pour ne pas surestimer les effets de la concertation. Cette méthode nous permet d’identifier les mécanismes causaux des changements observés en distinguant ceux relevant de la dynamique propre à la concertation sur les deux secteurs (small-n analysis) de ceux relevant de la dynamique propre à chaque politique publique (within case analysis). Nous montrons que ce dispositif constitue non pas la principale variable explicative des changements observés, mais une variable intermédiaire, qui structure les dynamiques propres à l’action publique dans les deux domaines.
 
What are the effects of consultation processes on policy making ? A longitudinal and comparative analysis of the effects of the ‘Grenelle de l’environnement’ on waste and housing policies.

Analyzing the relationship between participatory devices and public policy-making constitutes a hotly debated topic in comparative policy research. For a large majority of scholars, the aim is to examine the long term-evolution of participatory devices and policies, in order to understand if and how ordinary citizens and neighborhood committees could become policy insiders and be, as such, fully integrated in the policy-making process. In this perspective, the respective impact of variables such as socioeconomic characters, the distribution of resources and changes in action repertoires, as well as the devices’ features, was analyzed into details in order to understand the devices’ outputs that is, a change in regulations, budgets and procedures. By contrast, little attention was devoted to the transformative impact of participatory devices in terms of policy outcomes that is, the way through which participatory devices offered an opportunity to challenge existing forms of policy-making by fostering or resisting policy changes. In most cases, the lack of cross-sectoral comparative data or of longitudinal datasets was highlighted as a major constraint. Drawing on an original dataset on the Grenelle de l’environnement, this paper questions the transformative impact of this unprecedented participatory device on forms of policy-making in two contrasted policy areas: waste and housing policies. More precisely, it examines whether or nor this participatory device matters by examining its long-term impact on forms of policy-making. We used process-tracing in order to develop robust hypotheses on the transformative impact of participatory devices on policy-making processes over time and across two sectors. In order not to overestimate the transformative impact of the Grenelle de l’environnement as opposed to policy dynamics, we looked at the long-term evolution of forms of policy-making in both sectors over 25-30 years. This research design allowed identifying two types of causal mechanisms in order to account for policy changes: those resulting from the participatory device itself (small-n analysis) and those related to policy dynamics (within case analysis) that is, relationship between policy insiders and policy outsiders, forms of collective action and issue framing. This article shows that the ‘Grenelle de l’Environnement’ should not be accounted for as the main independent variable conducive to policy change in these two sectors. Rather it operates as an intermediary variable that produces effects of its own that can be observed in both policy areas as well as it contributes to structuring long-term policy dynamics, thus explaining remaining differences in terms of policy outcomes.


Bénédicte Laumond (UVSQ-CESDIP)

L’Etat face à la droite radicale : la méthode du process-tracing pour reconstituer le traitement du radicalisme de droite en France

Cette communication s’intéresse à une étude de cas mobilisant la méthode du process-tracing. Elle s’insère dans le cadre d’un travail doctoral interrogeant les réponses des États français, allemand et britannique à la droite radicale. Nous défendrons la position selon laquelle notre réflexion ne peut se développer qu’à la manière des peintres impressionnistes: essayer de rendre, par petites touches, au fil de la collecte des données et à l’aide du process-tracing, un snapshot (Collier, 2011) de la manière dont l’État agit face à la droite radicale.
Afin d’opérationnaliser cette ambition, nous basons notre analyse des mesures luttant contre la droite radicale à partir de la théorie des « 3 I », qui identifie trois principales dimensions intervenant dans la formulation et la mise en œuvre de politiques publiques. Il s’agit des idées, des intérêts des acteurs et des institutions (Palier, Surel, 2005). Il s’agira donc d'abord d’identifier les principaux mécanismes à l’œuvre dans les trois dimensions précitées. Dans un second temps, nous chercherons à analyser les processus à l’œuvre, donc à voir la manière dont les problèmes sont régulés, en hiérarchisant le poids des différentes dynamiques identifiées tout au long du cycle des politiques publiques afin de dégager des régularités. Cela devrait nous permettre d’obtenir un séquençage des dynamiques ayant un impact important sur les mesures formulées et mises en œuvre contre la droite radicale.
Notre intervention reposera sur des données collectées lors d’une enquête de terrain effectuée durant l’année 2014. Le corpus de données empiriques utilisé sera principalement constitué d’entretiens menés avec les acteurs jouant un rôle dans la formulation et la mise en œuvre des mesures luttant contre la droite radicale en France.

Natasha Wunsch (University College London)

Le process-tracing comme méthode comparative. Usage de l’Europe pendant le processus d’adhésion

Cette communication propose d’appliquer le process-tracing, qui est traditionnellement une méthode utilisée pour des études de cas individuelles, de manière comparative. Elle étudie les ‘usages de l’Europe’ par les ONG dans différents pays candidats à l’adhésion à l’Union européenne, s’interrogeant sur les mécanismes d’empowerment utilisés par les ONG locales afin d’influer sur les processus de réforme dans le domaine de l’Etat de droit. Comparant les situations en Croatie, en Serbie et au Monténégro, l’article expose une variété de mécanismes tant au niveau national qu’au niveau européen qui permettent d’expliquer comment les nouvelles opportunités créées par l’ouverture des négociations d’adhésion permettent aux ONG de renforcer leur position sur la scène nationale.
En appliquant le process-tracing à une question de recherche concrète, cette communication expose à la fois les forces d’une approche comparative et les difficultés qui résultent de la nécessité de formuler un processus en termes suffisamment généraux pour être étudié à travers une multitude de cas, mais suffisamment précis pour ne pas réduire le pouvoir explicatif qui distingue le process-tracing d’autres méthodes comparatives plus traditionnelles.
 
Comparative process-tracing – usages of Europe during the EU accession process
 
This paper proposes an application of comparative process-tracing, contrasting with the traditional use of this method for single case studies. It studies the ‘usages of Europe’ by NGOs in different EU candidate countries, exposing the mechanisms of empowerment used by domestic NGOs aiming to influence the reform process in the area of rule of law. Comparing the situations in Croatia, Serbia, and Montenegro, the paper points to a variety of mechanisms both at the national and the European level that enable a fuller understanding of how the new opportunities created by the opening of accession negotiations allow NGOs to reinforce their position on the domestic scene.
By applying process-tracing to a concrete research question, this paper demonstrates both the strengths of a comparative approach and the difficulties resulting from the need to formulate a process in sufficiently general terms to be studied across cases, yet in a sufficiently precise way so as not to reduce the explanatory power that distinguishes process-tracing from more traditional comparative methods.


Lucie Béraud-Sudreau (Université Panthéon-Assas/CERSA)

Réformes des politiques d’exportation d’armement en France et en Suède depuis les années 1990 : le process-tracing comme historicisation d’un objet d’étude

Les réformes des politiques d’exportation d’armement menées en Suède et en France depuis les années 1990 ont par moments renforcé les institutions en charge du contrôle des exportations, mettant ainsi en avant des enjeux de sécurité et d’éthique ; et à d’autres moments renforcé celles du soutien à l’export, favorisant les enjeux économiques et industriels. Comment expliquer ces évolutions contradictoires ? Ces changements sont d’autant plus surprenants qu’ils apparaissent à des timings différents. Au début des années 1990, la Suède développe ses institutions de soutien, tandis qu’à la fin de cette même décennie, la France renforce ses procédures de contrôle. A la fin des années 2000, la France renforce ses institutions de soutien, tandis que le gouvernement suédois crée en 2010 une agence de soutien à l’export et charge en 2012 une commission parlementaire de renforcer les procédures de contrôle. La méthodologie du process tracing doit permettre à la fois d’identifier les processus qui ont mené à chacune de ces réformes, et de tester les différentes théories permettant d’expliquer les différences de timing et de contenu dans les réformes des politiques d’exportation d’armement en France et en Suède.
 
Arms export policy reforms in France and Sweden since the 1990s: the use of process-tracing to historicize an object of study
 
Arms export policy reforms undertaken in France and Sweden since the 1990s have at times strengthened arms export control institutions, which underlines the security and ethical stakes of arms exports; and at other moments strengthened arms export promotion institutions, which favours economic and industrial stakes. How is it possible to explain these opposite evolutions? These changes are all the more surprising that they occur with different timings. At the start of the 1990s Sweden develops export promotion institutions, while at the end of the decade France strengthens its export control processes. At the end of the 2000s France strengthens its export promotion institutions, while Sweden creates in 2010 an export promotion agency and in 2012 launches a parliamentary investigation to reinforce export control rules. The process tracing method can enable both to identify the processes leading to each of these reforms, and to test the various theories that could explain the differences of timing and content in French and Swedish arms export policy reforms.


Participants

Allé Camille camille.alle@sciencespo.fr
Bedock Camille camille.bedock@gmail.com
Benoît Cyril cyril33000@gmail.com
Béraud-Sudreau Lucie lucie.beraudsudreau@gmail.com
Bezes Philippe bezes@hotmail.com
Fontaine Juliette Juliette.Fontaine@univ-paris1.fr
Halpern Charlotte halperncharlotte@gmail.com
Hassenteufel Patrick patrick.hassenteufel@free.fr
Laumond Bénédicte benedicte.laumond@gmail.com
Lindemann Thomas lindemannt@yahoo.com
Maillet Antoine av.maillet@gmail.com
Mayaux Pierre-Louis pierrelmayaux@yahoo.fr
Palier Bruno bruno.palier@sciencespo.fr
Pollard Julie pollard.julie@gmail.com
Surel Yves yves.surel@aliceadsl.fr
Wunsch Natasha natasha.wunsch@sciencespo.fr
 

 

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

© Copyright 2014 Association Française de Science Politique (AFSP)
27 rue Saint-Guillaume 75337 Paris Cedex 07 France
Téléphone : 01 45 49 77 51
Courriel : afsp@sciencespo.fr