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Section Thématique 34

Former les élus
Training elected officials

Responsables

Anne MEVELLEC (Université d’Ottawa)mevellec@uottawac.ca 
Félix GRENIER (Université d’Ottawa)  fgren027@uottawa.ca 

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

On propose dans cette section thématique d’interroger les processus de professionnalisation politique sous l’angle des divers modes de formation qui visent à socialiser les élus, actuels et futurs, au métier politique. Nous entendons donc couvrir, par ce thème, les programmes de formations formelles et institutionnalisées visant à transmettre une expertise politique, législative et administrative aux acteurs ayant été élus ou se destinant à des fonctions électives. Deux discussions peuvent être conduites. La première concerne la théorie politique et pose la question des conditions de mise en œuvre de la démocratie. Elle s’intéresse particulièrement à la relation entre la légitimité démocratique et celle issue de la possession d’une expertise technique. La seconde interroge les audiences, les conditions de production, les contenus et les effets de ces formations sur la manière dont le mandat et le rôle des élus sont définis et exercés.
 
Dans le sillage des travaux de Weber (1963), la professionnalisation politique admet deux sens, qui sont 1) le fait d’exercer à plein temps une activité politique et d’en tirer sa principale rémunération ; 2) la reconnaissance, sous plusieurs formes, d’un « métier », incluant celle de savoir-faire, d’une déontologie spécifique, ou l’existence d’instances de régulation (Gaxie, 2001). De nombreux auteurs français se sont intéressés au métier politique, particulièrement à partir du milieu des années 1990 (Fontaine et Le Bart, 1994 ; Politix, 1994). La question de la professionnalisation des élus a quant à elle repris du galon à l’aune des recherches internationales (Cotta et Best, 2000 ; Steyvers et Verhelst 2012). Cette section thématique propose de faire le lien entre ces littératures sur le métier et la professionnalisation des élus, en s’interrogeant sur ce « moment » particulier qui est celui des divers modes et espaces formels de formation. Ces « moments » peuvent aller de la simple procédure d’accueil (Assemblée nationale française) à des formations s’étendant sur plusieurs semaines (en Éthiopie par exemple, voir Steinack, 2012). Ils s’étendent également à de potentiels futurs élus à travers des exercices tels que les simulations parlementaires. Ainsi, différentes expériences de formation des élus sont repérables dans une diversité de contextes géographiques (nord-américain, européen, asiatique) et institutionnels (local, national ou fédéral).
 
Ces formations offrent des contenus variés (généralistes ou thématiques), adoptent des méthodes diversifiées (séminaires exécutifs, simulations, exercices en ligne), et sont dirigées vers de multiples audiences (élus en poste, étudiants). Elles sont aussi offertes par diverses instances (par exemple les institutions politiques elles-mêmes, les partis politiques, les associations d’élus,  ou des  firmes de consultants)  et suivent différents modes de participation (volontaires ou obligatoires). Néanmoins, elles ont comme point commun l’idée que l’élu (actuel ou futur) acquiert des compétences expertes afin d’exercer son mandat politique. En d’autres mots, elles incarnent toutes la tension entre les principes démocratiques et experts dans la prise de décision et les choix des élus.
 
Cette section thématique se veut l’occasion de réunir des travaux à la fois empiriques et théoriques, traitant de pratiques internationales, nationales ou locales. Les perspectives historiques et comparées permettront d’enrichir des travaux monographiques. Les contributions s’inscriront dans l’un des deux axes suivants :
 
1. La démocratie et la professionnalisation
Dans la théorie démocratique, l’élection confère à elle seule l’habileté à exercer le mandat politique. À l’inverse, les programmes de formation destinés aux élus se conçoivent en référence à la tension entre les approches démocratiques et technocratiques de la gouverne dans les sociétés démocratiques contemporaines. L’octroi de formations obligatoires, exécutives ou professionnelles représente alors un dispositif augmentant l’importance des savoirs experts dans l’espace décisionnel des élus. Justifiée par la complexité et les exigences croissantes associées aux mandats de ces derniers, cette dynamique est néanmoins en porte-à-faux avec le principe selon lequel tous sont également habilités à gouverner par suite du choix démocratique. À travers l’idée des formations, ce sont ainsi deux modèles de sélection des élus ainsi que de prise de décision qui s’opposent.
Alors que la légitimité de l’élu « amateur » découle du processus démocratique, celle du  « professionnel » (Steyvers et Verhelst 2012) provient de la possession de compétences techniques ou gestionnaires, notamment acquises au moyen des formations.
De même, la prise de décision est sujette à une tension entre les rôles de la connaissance experte et des enjeux politiques. Divers modèles ont été élaborés pour comprendre cette relation. Habermas (1971) a par exemple défini trois modèles de relation entre l’expertise et la politique en termes d’autorité c’est-à-dire la Technocratie, le Décisionisme et le Pragmatisme. Ces modèles représentent alternativement des relations où l’expertise domine la politique, la politique domine l’expertise et l’expertise et la politique sont dans une relation de contre-balancement. D’autres modèles plus récents ont complexifié l’analyse de cette relation. Ils permettent de questionner le caractère technocratique des divers modes et programmes de formation des élus.
 
 
2. Les formations des élus
La section thématique permettra aussi d’étudier les programmes de formation, entendus comme des moments cruciaux dans la définition du métier que les élus vont exercer. Il s’agit, entre autres, de saisir les méthodes, logiques et registres mobilisés par les formateurs, et leur appropriation par les formés. Trois axes de questionnement permettent d’aborder plusieurs de ces dimensions.
Un premier axe porte sur les diverses méthodes (par exemple : séminaires en classe ou en ligne) et modèles de formation ainsi que sur les audiences visées. Cet axe permettra d’interroger les tendances actuelles sur la manière dont les formations sont rendues et/ ou les pratiques innovatrices dans ce domaine.  
Un deuxième axe interroge les conditions de production de ces formations. D’où, et de qui procède cet impératif de formation ? Quel est le rôle des différents acteurs (politiques, corporatistes, privés, etc.) dans la mise en place des formations, la définition du contenu ?
Un troisième axe aborde enfin les effets de ces divers modes de formations sur la manière dont les élus exercent et conçoivent leur rôle. Dans une logique d’évaluation, quels sont les effets à court et à moyen terme de ces formations sur les capacités des élus à exercer leur mandat ?
 

This thematic section studies the process of political professionalization and, in particular, the training activities and programs that aim to socialize elected officials to their political profession. We inquire about the diverse formal training methods and programs that transmit political, legislative, and administrative expertise to current and future elected officials. We advance two main focuses. The first focus is directed at political theory and underlines the tension that exists between democratic and expert legitimacy. The second focus questions the audiences, contexts, and effects that these training activities can have on the ways in which the mandates of elected officials are defined.
Following seminal work of Weber (1963), authors such as Gaxie (2001) have defined the concept of political professionalization through two main functions: first, remuneration for the exercise of political activity on a full-time basis; and second, recognition of the profession, including its specific competences and deontology, by a regulatory organization. In France, several scholars have already studied the political profession (Fontaine and Le Bart 1994; Politix 1994). Questions about the professionalization of elected officials have also been raised elsewhere (Cotta and Best 2000; Steyvers and Verhelst 2012).
This thematic section links repertoires on professionalization and political professions by problematizing specific moments of the political professionalization process—namely, the activities, programs, and spaces associated with formal training. These moments can range from parliamentary simulation to simple welcoming procedures to training programs that are extended over several weeks (e.g. see Steinack 2012). The various audiences, course materials, and methods used in such training activities can represent the diversity of the political professionalization process. The institutional contexts (i.e. parliaments, political parties, professional associations) and modes of participation can also follow different frameworks. Yet, they all converge in the idea that elected officials need to acquire expert competences in order to exercise a political mandate.
Contributions to this thematic section will be associated with one of the following two axes: first, the links between democracy and political professionalization; and second, the contexts and methods associated with training elected officials. The first axis will look at the relationship between diverse training activities and the growing requirement for expert competences to be present in elected officials’ decision-making spaces. Contributions can also underline how the professionalization process transforms the way elected officials are selected.
The second axis is associated with the analysis of training programs as crucial moments in the definition of elected officials’ profession. The objective of this axis is to assess the methods, logic, and repertoires that are mobilized by such training, as well as to evaluate the short- and long-term effects of these training programs on elected officials’ ability to exercise their mandates. Finally, we encourage contributors to combine theoretical and empirical concerns in order to study these questions from local, national, and/or international perspectives.

 
Bibliographie
 
Cotta, M., and H. Best. 2000. Between professionalization and democratization: A synoptic view on the making of the european representative. In Parliamentary representatives in europe 1848-2000: Legislative recruitment and careers in eleven european countries., ed. Cotta, M. & Best, H., 493-525. Oxford: Oxford University Press.
Fontaine, Joseph, and Christian Le Bart, eds. 1994. Le métier d'élu local. Paris: L'Harmattan.
Gaxie, Daniel. 2001. Les enjeux citoyens de la professionnalisation politique. Mouvements 5 (18): 21-7.
Politix. 1994. Être du métier. 7 (28).
Habermas, Jürgen. 1971. The scientization of politics and public opinion. toward a rational society. student protest. In Science and politics., 62-80. Boston: Beacon Press.
Steinack, Kathrin. 2012. Between apathy and enthusiasm: An international comparison of MPs’ attitudes towards parliamentary training. Parliamentary Affairs 65 (june): 541-58.
Steyvers, Kristof, and Tom Verhelst. 2012.  Between layman and professional? political recruitment and career development of local councillors in a comparative perspective . Lex Localis - Journal of Local Self-Government 10 (1): 1-17.
Weber, Max. 1963. Le savant et le politique. Paris: Union Générale d’Éditions.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : lundi 22 juin 9h00 – 12h00

Lieu : voir le planning des sessions


Programme

Président de séance : Sébastien Segas, (Université de Rennes 2, CRAPE)

Discutants : Sébastien Segas, (Université de Rennes 2, CRAPE) et Alain Faure (CNRS-PACTE)


Résumés des contributions

Benjamin Morel (École Normale supérieure de Cachan)

Devenir un bon sénateur

Qu’est-ce qu’un Sénateur ? Pierre Mazet a bien montré que, selon la littérature juridique ou journalistique, le Sénateur ne se définit et ne battit sa légitimité pas tant par sa fonction que par un éthos, une liste de qualités (modération, sagesse, lenteur…), qui sont censées le caractériser. Dans le même temps, l’institution sénatoriale tend à mettre en avant sa légitimité par le rôle fonctionnel (notamment légistique) qu’elle revendique occuper dans le paysage politique. Si l’élection fait un député comme représentant, devenir un sénateur, accueilli comme légitime au sein de la Haute-Assemblée, peut sembler plus complexe. Le but de cette communication sera donc de montrer quels outils sont produits pas l’institution afin de modeler ses nouveaux membres et de saisir l’attitude de ces derniers face à cette tentative de normalisation des comportements.

To become a good senator

What is a good Senator? According to Pierre Mazet, newspapers and constitutional studies draw a simple image of senators. The senatorial “ethos” is constructed with qualities (wisdom, moderation, slowness) usually attributed to the actors but nonetheless the root of their legitimacy. The Senate tends to accept these preconceptions, and use it in the institutional competition. The current faltering legitimacy of French Senate questions its members. This paper observes how the institution receives its new members and how it acts in order to control their behavior and attitude in order to form a “good senator”.


Lamine Savané (Université de Montpellier 1)

La légitimité démocratique en question : les députés analphabètes des élus comme les autres ?

L’Assemblée nationale du Mali est l’une des plus atypiques du fait de sa composition socioprofessionnelle. Elle présente une composition originale qui va des niveaux d’études les plus modestes (analphabètes, primaires) à ceux les plus favorisés, notamment les professions libérales ou considérées comme prestigieuses (avocats, professeurs, médecins etc.). Elle fait figure d’exception en comparaison à d’autres parlements d’Afrique subsaharienne où un niveau d’études minimum est requis.
Sur la question de la professionnalisation politique, Max Weber notait « qu’il y’a essentiellement deux manières de faire de la politique, ou l’on vit " pour " la politique ; ou bien "de " la politique. En règle générale, l’on fait bien plutôt l’un ou l’autre, au plan idéel du moins, la plupart du temps aussi au plan matériel : quiconque vit " pour " la politique en fait sa vie en un sens intime […]. En ce sens intime, tout homme sérieux qui vit pour une cause vit de cette cause. La distinction se rapporte donc à un aspect beaucoup plus grossier du phénomène à savoir son aspect économique. Vit " de " la politique en tant que profession, celui qui cherche à en faire une source permanente de revenu, " pour " la politique celui pour lequel ce n’est pas le cas ».
Cela implique pour les premiers, une certaine indépendance économique, une source de revenu différente de celle que peut procurer la politique. Nous verrons dans quelle mesure au Mali, de riches commerçants et opérateurs économiques, analphabètes pour la plupart, intériorisent les codes du champ politique en utilisant leurs richesses pour en faire une ressource politique dans leurs localités respectives. Cette particularité différencie fondamentalement le pouvoir législatif du pouvoir exécutif. Si la sélection des ministres est basée sur la cooptation et se fait selon un niveau d’études élevé, nous verrons que s’agissant du pouvoir législatif, le seul critère d’un capital culturel élevé ne suffit pas, même si sa prise en compte ne doit pas pour autant être négligée.
En effet, « sociologues comme politologues accordent une importance à deux variables pour comprendre les voies d’accès à la carrière politique dans les démocraties occidentales : le niveau d’étude et la situation professionnelle initiale (c'est-à-dire l’occupation au sens anglo-américain) ». Mais il faut préciser que par rapport à notre terrain empirique, nous avons jugé nécessaire de joindre les deux variables en ce sens que la prise en compte du seul facteur du niveau d’études au Mali est insuffisante pour comprendre toutes les subtilités d’une élection locale. Il faut donc l’associer à la profession au sens où l’attend Mattei Dogan, pour voir en quoi elle favorise une carrière politique. Cette communication ambitionne donc de répondre à la question suivante : sans capital culturel conséquent, quelles ressources politiques ont été mobilisées par ces parlementaires pour leurs élections ? Comment des députés analphabètes parviennent à construire une carrière politique en dépit de leur non maitrise de la langue officielle ? En quoi l’analphabétisme n’est-il pas un frein dans une élection locale ?
Pour répondre à cela, cette communication se base sur des données empiriques recueillies au cours d’enquêtes de terrain réalisées auprès des élites parlementaires maliennes (décembre 2007- janvier 2008 et avril 2011-septembre 2011) ; données empiriques qui ont ensuite été complétées par des données biographiques.
Il s’agit donc ici de tenir compte de certaines caractéristiques socioculturelles, territoriales voire régionales qui peuvent nous servir de pistes de réflexion. Si le « pluralisme politique est l’une des conditions essentielles de la démocratie libérale, laquelle suppose que le peuple choisisse ses gouvernants », il n’en résulte pas moins que l’entrée de parlementaires analphabètes dans l’hémicycle reste une des originalités du Parlement. Des discussions animées apparaissent d’ailleurs à ce propos au sein même de l’Assemblée nationale.
Nonobstant l’ascension politique d’une élite parlementaire très fortement diplômée, nous démontrerons que l’analphabétisme, loin d’être un handicap à l’échelle locale, met en lumière d’autres voies d’ascension politique. Soulignons de prime abord, que d’une manière générale, l’archétype de « l’évolué, l’instruit» ou « de l’intellectuel » et les professions qui l’insinuent, occupe une place cardinale dans la configuration élitaire des régimes politiques africains depuis l’indépendance. Ce constat est à relativiser dans le cadre des élections législatives par l’entrée progressive au sein de l’élite politique de nouvelles figures expliquant les mécanismes permettant de pallier la faiblesse du niveau d’études chez ces députés.
Cette réalité sociologique nous amène à formuler l’hypothèse selon laquelle le niveau d’études, qui est un prérequis dans les démocraties occidentales comme nous le démontre W. Genieys dans son étude comparative sur la composition des parlements occidentaux, est à minimiser au Mali.  En effet, Dogan nous faisait observer « qu’en fait en droit la plupart des professions sont institutionnalisées. Pour pratiquer la médecine il faut disposer d’un titre officiel, pour exercer le métier d’avocat il faut s’inscrire au barreau. Les professeurs sont nommés par une autorité reconnue, mais pour faire de la politique on a besoin d’aucune autorisation. Il faut toutefois suivre une ou plusieurs filières avant d’être perçus comme hommes politiques ». A la lumière de ces éléments et à contrecourant de la description des caractéristiques des élites modernes, on peut conclure que la confusion de « l’élite politique » à « l’élite alphabétisée ou instruite », est  réductrice, en ce sens qu’elle exclue une frange importante de l’élite politique, fusse-t-elle locale.

Democratic legitimacy in question: Are illiterate elected officials just like any other elected official?

The Mali National Assembly is one of the least typical of its kind due to its original socio-professional make-up, ranging from members with the slimmest of educational backgrounds (illiterate or primary education level) to members from the most distinguished walks of life, especially liberal professionals or other prestigious occupations (lawyers, professors, doctors, etc.). The Mali National Assembly stands apart in comparison to other parliaments of Sub-Saharan Africa where a minimum level of education is required.
On the issue of political professionalisation, Max Weber has noted that “there are essentially two ways of doing politics; either one lives 'for' politics; or 'from' politics. In general, one is good at one or the other of these ways of doing politics, at the ideal level at least, and most of the time at the material level too: anyone who lives 'for' politics makes this their life in an intimate way […]. In this intimate sense, any serious person who lives for a cause lives from this cause. The difference is therefore down to a far more crude aspect of the phenomenon, that is its economic aspect. One lives 'from' politics as an occupation when one attempts to make politics a permanent source of income; one lives 'for' politics when this is not the case”.
What this implies for the first set of actors is a certain economic independence, a different source of income from that represented by politics. We will see the extent to which in Mali rich merchants and other economic agents, illiterate for the most part, internalise the codes of the political field by transforming their wealth into a political resource in their respective localities. This particularity sets fundamentally apart legislative power from executive power. Although ministers are coopted according to a high level of education, we will see that when it comes to the National Assembly, the sole criterion of high cultural capital is not enough, even if it shouldn't be overlooked that this does play a certain role.
Indeed, “sociologists and political scientists use two important variables in explaining the successful pursuit of a political career in Western democracies: the level of education and the initial occupation”. But it should be noted that in relation to our empirical research we considered it necessary to merge the two variables in the sense that only taking into account the level of education is insufficient for understanding a local election with all its nuances in the case of Mali. This variable should therefore be associated to professional status as this is understood in Mattei Dogan's work to be able to see in what way it favours the pursuit of a political career. This paper aims to provide answers to the following questions: without substantial cultural capital, what are the political resources drawn upon by these members of parliament in their electoral campaigns? How do illiterate deputies manage to build a political career despite their weak grasp of the official language? In what ways is illiteracy not an obstacle in a local election?
To answer these questions, this paper draws on the empirical data collected during fieldwork interviews carried out with Malian parliamentary elites (December 2007-January 2008 and April 2011 to September 2011). This empirical data was later completed by biographical data.
In this case, it is necessary to take into account a number of socio-cultural, territorial and even regional characteristics that can be used as food for thought. If it is the case that “political pluralism is one of the essential conditions of liberal democracy, which entails that people choose who governs them”, it is no less the case that the election of illiterate parliamentarians remains one of the originalities of Parliament. Indeed, lively debates on this score take place even within the National Assembly itself.
Despite the political rise of a highly educated parliamentary elite, we will show that illiteracy, far from being an obstacle at the local level, shows that other paths to a political career exist. Let us first highlight that, in general, the archetype of “the advanced, the educated” or “the intellectual” and the occupations that imply these qualities, has occupied a central position in the elitist configuration of African political regimes since independence. This assessment should be put into perspective in the case of legislative elections by the progressive entry into the political elite of new figures that shed light on the mechanisms that allow these deputies to compensate for their low level of education.
This sociological reality leads us to formulate the hypothesis according to which the level of education, which is a pre-requisite in Western democracies as shown by W. Genieys in his comparative study on the composition of Western parliaments, should be played down in Mali's case. Indeed, Dogan has already remarked that “in fact most professions are institutionalised. To become a medical doctor one needs an official title, to become a lawyer one needs to be registered at the Bar. Professors are appointed by a reputed authority, but one does not need any kind of authorisation to pursue a political career. It is however necessary to follow one or several paths before one can be perceived as a politician”. In light of the above and contrary to the description of the characteristics of modern elites, one can come to the conclusion that reducing “political elites” to “literate or educational elites” is a restrictive concept, in the sense that it excludes an important fraction of the political elite, albeit at the local level.


Virginie Dutoya (CNRS - Centre Émile Durkheim)


Féminisation et professionnalisation de la vie politique : les enjeux de la formation des élues en Asie du sud

Cette communication vise à analyser les formations à l’intention des femmes élues (ou candidates) en Asie du sud, et plus spécifiquement en Inde. Ces formations se sont développées à partir des années 1990, après la mise en place de quotas pour les femmes dans les institutions politiques locales. Généralement financées en grande partie par des bailleurs de fonds internationaux et mettant en jeux des acteurs divers (États, organisations internationales, ONG locales et internationales, universités, etc.), ces formations mettent en avant un objectif d’ « empowerment des femmes » et d’ « amélioration de la gouvernance locale ». Dans le cadre de ces formations, on assiste donc à l’émergence d’un « métier d’élue » qui vise à subvertir l’ordre genré et politique local. Cette étude vise à analyser les modèles et représentations du travail politique qui sont proposés dans le cadre de ces formations, en insistant sur le rôle des normes et acteurs globaux. Cette présentation est fondée sur une enquête de terrain qualitative menée en Inde depuis 2013 auprès des acteurs de ces formations (entretiens, observations) ainsi que sur l’analyse de la documentation produite dans le cadre des formations (pour tous les pays de l’Asie du sud).

Feminizing and Professionalizing Political Life: The Training of Female Elected Representatives in South Asia
 
This communication analyzes the trainings provided to female elected representatives (or candidates) in South Asia, and more specifically India. These trainings appeared in the nineties, as reservations (quotas) were given to women in local governance bodies. Very often, most of the funding for these trainings is provided by international donors, and the trainings themselves involve a wide array of actors (States, international organizations, local and international NGOs, universities, etc.). The rationale behind those trainings is to “empower women” and “strengthen local governance”. Thus, within these trainings the “profession” (métier) of the elected representative is seen as a way to subvert both the gender and political local order. The object of this communication is to analyze the models and representations of the role and job of the elected representatives that are developed within the trainings, insisting on the role of global norms and actors. This study is based on a qualitative survey (interviews, observations) realized in India since 2013 with the actors of the trainings, as well as on the analysis of the documentation produced in the realm of the trainings (for all South Asian countries).


Félix Grenier et Anne Mévellec (Université d’Ottawa)

Évaluer les effets d’une formation obligatoire aux nouveaux élus municipaux : Complémentarité, professionnalisation ou résistance dans l’apprentissage de leur rôle ?

La pratique des mandats électifs est fortement influencée par une variété de phénomènes tels que la technicisation, la judiciarisation ou la professionnalisation de la politique. Ce faisant, dans bien des contextes, l’élection seule ne semble plus suffire pour être reconnu habile à exercer un mandat électif. La formation des élus, qu’ils soient parlementaires ou municipaux, est ainsi conçue comme une occasion de doter ces derniers des compétences requises pour pouvoir exercer pleinement leurs charges démocratiques (Kinyondo et Pelizzo, 2013). Dans cette communication, nous nous intéressons à la formation des élus municipaux québécois en cherchant à comprendre comment ce type de formation s’inscrit dans une dynamique de professionnalisation des mandats électifs locaux.
Rappelons ici qu’au Québec, cette professionnalisation, au sens de Weber, est loin d’être achevée puisqu’un grand nombre d’élus ne vivent pas de l’exercice de leur mandat. Pour autant, en 2013, le Québec a rendu obligatoire une courte formation en éthique et déontologie municipale, dont la livraison est assurée par les deux principales associations municipales québécoises. L’une d’elles, l’Union des municipalités du Québec, a choisi d’intégrer ce volet obligatoire au sein de sa formation offerte à tous les nouveaux élus issus du scrutin de novembre 2013. Ce faisant, cette formation de deux jours est devenue, implicitement, obligatoire. Il s’agit selon nous d’une occasion de codification des savoirs et savoir-faire associés à l’exercice des mandats locaux. En cela, la formation participe au processus de professionnalisation au sens de Gaxie (2001). Cette configuration originale tant au Canada (Grenier et Mévellec, 2013) qu’en Europe (Guérin-Lavignotte et Kerrouche, 2006) nous offre l’opportunité d’évaluer les effets de cette formation dans le processus d’apprentissage du rôle des nouveaux élus.
Pour ce faire, nous avons retenu deux angles d’analyse complémentaires. Le premier consiste à examiner les principales compétences mobilisées et les formes de socialisation mises de l’avant par les nouveaux élus durant la phase d’apprentissage de leur rôle. Ceci nous permet de situer la formation dans l’éventail des ressources disponibles et activées par les entrants en politique municipale. Le second angle d’analyse s’intéresse à la réception de la formation par ces nouveaux élus en précisant leurs attitudes face à la formation, les types de connaissances apprises ainsi que celles utilisées par les participants au cours de la première année de leur mandat municipal. Cette double entrée nous permet de discuter la place de cette formation dans le processus de professionnalisation politique municipale québécoise, mais aussi de mettre au jour des phénomènes de résistance face à cette même professionnalisation.
Les résultats originaux présentés sont issus d’un sondage distribué aux 800 élus municipaux ayant participé à cette formation en 2013 et 2014 et ayant été distribué en novembre 2014 en partenariat avec l’Union des municipalités du Québec, responsable de cette formation.

Evaluating the effects of mandatory training for local elected officials: Complementarity, professionalization, or resistance in learning a new role?

The practice of elective mandates is strongly influenced by a variety of phenomena like technicization, judiciarization and professionalization of politics. In several cases, the election alone is not sufficient anymore for one to receive recognition of its ability for an elective mandate. Whether it is in the parliamentary of municipal sector, training of elected officials is accordingly conceived as an occasion to provide
the competencies necessary to fully exercise the democratic role (Kinyondo et Pelizzo, 2013). In this presentation, we discuss training to local elected officials in Québec while explaining how this type of activity partakes in the long-term professionalization process of local elected mandates.
In Québec, professionalization (as understood by Weber) is far from being achieved since a large proportion of local elected officials do not live of their political mandate. Nonetheless, the government of Québec made mandatory in 2013 a short training in municipal ethics and deontology, which is delivered by the two main municipal associations in the province. Since November 2013, one of these two associations (the Union des municipalités du Québec) chose to integrate this mandatory dimension in its introductory training program already offered to newly elected local officials. In doing so, this introductory training, which ranging over two days, has practically become mandatory. This provided an opportunity to codify the knowledge associated with the exercise of local elective mandates. Accordingly, this mandatory introductory training contributes to the professionalization process as understood by Gaxie (2001). This original configuration in Canada (Grenier and Mévellec, 2013) and in Europe (Guérin-Lavignotte et Kerrouche, 2006) also offers an opportunity to examine the effects of this training program in the process by which newly elected officials learn their role.
To do so, we have retained two complementary analytical angles. First, we examine the main competencies mobilized and the forms of socialization moved forth by the newly elected officials during the period in which they learn their role. This enables us to situate the training within the range of resources available and activated by newly elected officials. Second, we study the way newly elected officials integrate the training by detailing their attitude vis-à-vis this program, the types of knowledge and know-how they learn, and those being used during the first year of their mandate. These two perspectives enable us to discuss the contribution of this mandatory training in the professionalization process (in the context of municipal politics in Québec), and to highlight some forms of resistance to this process. The original results discussed in this presentation originate from a survey among 800 local elected officials that participated to the aforementioned mandatory training in 2013 and 2014 and that was distributed in collaboration with the Union des municipalités du Québec in November 2014.


Andrew Sancton (University of Western Ontario)


La formation des conseillers municipaux: Une étude de cas de la professionnalisation dans une ville canadienne de taille moyenne

Que peut-on enseigner  aux nouveaux conseillers municipaux quant à leur role dans le gouvernement municipal? Comment? Deux stratégies différentes sont possibles pour approcher Il existe deux stratégie pour répondre à cette question, dont chacune implique une définition spécifique du role de conseiller:
1. Premièrement, il est possible d’encourager les conseillers à travailler à temps partiel en payant de bas salaires, en planifiant des réunions en soirée, en investissant massivement dans les mécanismes administratifs pour répondre aux plaintes et aux requêtes des citoyens, et en considérant les conseillers comme des «amateurs» ou
2. Deuxièmement, il est possible d’encourager les conseillers à travailler à temps plein en payant des salaires élevés, en planifiant des réunions pendant la journée, en confiant la réponse aux plaintes et requêtes des citoyens aux conseillers (ou à leurs employés payés), et en considérant que tous les conseillers sont tenus de suivre un certain code de conduite dans l'exercice de leurs fonctions. Cette deuxième stratégie est étroitement liée à l'idée que le travail d'un conseiller municipal peut être appris par le biais de formation «professionnalisante».
Une des tâches les plus importantes des conseils municipaux est de prendre un certain nombre de décisions qui affectent la manière dont les conseillers vont eux-mêmes exercer leurs fonctions en exerçant par exemple leur mandat à temps plein ou partiel ou en se considérant comme un élu «amateur» ou « professionnel ». Des décisions allant dans le sens d’une professionnalisation  risquent de provoquer un  important débat politique local. Ces discussions sont tout-à-fait appropriées, car elles aident à déterminer la nature de la relation entre un gouvernement municipal et le reste de la communauté.
Ces débats ayant lieu dans différentes muicipalités mènent sans doute à des conclusions également différentes et pouvant varier dans le temps. La partie empirique cette communication permettra d'analyser les débats sur la question de la professionnalisation dans une ville de taille moyenne canadienne (London, Ontario) au cours des 25 dernières années. Le débat, alimenté par de nombreux rapports et études, a été difficile et complexe. La seule décision apparente a été de ne pas rémunérer les conseillers comme s’ils travaillaient à temps plein. Le document mettra l'accent sur ​​la mesure dans laquelle le processus d'orientation des nouveaux conseillers a changé au fil des ans, en particulier à l'égard de la notion de «professionnalisation» .
Laisser les conseils municipaux décider eux même du rôle du conseiller municipal peut constituer un risque. Il est possible qu’une majorité d’élus «professionnalisés» prennent le contrôle d'un conseil et adoptent des décisions égoïstes sur la rémunération et sur les autres conditions de travail. À l’inverse,  il est possible que  seules des personnes qui s’engagent à travailler à temps plein mais pour une faible rémunération, puissent réussir à se faire élire. Le conseil municipal de London, Ontario, est coincé quelque part entre ces deux extrêmes, comme le sont sans doute de nombreuses villes canadiennes et ce, pour encore longtemps.

The Training of Municipal Councillors:  A Case Study of Professionalization in a Mid-sized Canadian City

What can we teach councillors about their role in municipal government? How? There are two quite different strategies in approaching this question, each of which implies a different definition of their role:
First, encourage part-time councillors by paying low salaries, scheduling meetings in the evenings, investing heavily in staff-run mechanisms for fielding citizen complaints and queries, and generally treating councillors as “amateurs”.
Second, encourage full-time councillors by paying high salaries, scheduling meetings during the day, expecting councillors (or their paid staffs) to field most citizen complaints and queries, and expecting all councillors to follow certain established codes of behaviour in carrying out their functions. This second strategy is closely correlated with the idea that the job of being a municipal councillor can be learned through courses of instruction aimed at “professionalization.”
One of the most important tasks of municipal councils is to make for themselves the kinds of decisions that affect whether councillors are more likely to be full-time or part-time, “professional” or “amateur.”  Such decisions are likely to be the subject of fervent local political debate, but these debates are quite appropriate because they help determine the nature of the connection between a municipal government and its wider community.
Different municipalities will likely arrive at different conclusions – and these conclusions will change over time.  The empirical portion of the proposed paper will be to analyze debates on the professionalization issue in one mid-sized Canadian city (London, Ontario) over the past 25 years. The debate has been difficult and complicated, with many reports and studies.  The only apparent decision has been not to pay councillors as though they were working full-time.  The paper will focus on the extent to which the orientation process for new councillors has changed over the years, especially with respect to the concept of “professionalization”.
One potential problem with letting individual municipal councils decide about the role of municipal councillor is that a majority of “professionalized” careerists might gain control of a council and make self-serving decisions about remuneration and other working conditions.  An equally likely – and serious – outcome is that only people who promise to work full-time for little pay will get elected.  The London, Ontario city council is stuck somewhere between these two extremes, a likely outcome in many Canadian cities and one that may be impossible to change.


Participants

Dutoya Virginie virginie.dutoya@sciencespo.fr
Faure Alain Alain.faure@iep-grenoble.fr 
Grenier Félix fgren027@uottawa.ca
Mévellec Anne mevellec@uottawa.ca
Morel Benjamin benjamin.morel@outlook.fr
Sancton Andrew :asancton@uwo.ca
Savané Lamine lamine.savane@yahoo.fr
Ségas Sébastien sebsegas@gmail.com

 

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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