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Section Thématique 4

Investiguer le bureau de vote. Réflexions épistémologiques et mutualisation des expériences de terrains
Investigating the polling station. Epistemological Issues and Field Experiences Mutualisation

Responsables

Julien AUDEMARD (CEPEL, Université de Montpellier) julien_audemard@yahoo.fr
David GOUARD (CEPEL, Université de Montpellier) gouardd@yahoo.fr

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Cette section thématique s’intéresse à la question des approches scientifiques et des modalités pratiques d’enquête prenant, directement ou indirectement, le bureau de vote comme unité d’analyse. Fondées sur des expériences empiriques, les neuf interventions se donnent pour objectif une réflexion critique sur l’application d’enquêtes de type quantitative ou qualitative organisées autour du ou des bureaux de vote. Si depuis une dizaine d’années l’étude du bureau de vote offre des perspectives scientifiques prometteuses en sociologie électorale, elle soulève aussi plusieurs difficultés techniques, scientifiques et pédagogiques. Cette section thématique entend précisément faire dialoguer les résultats et réflexions de différents groupes de chercheurs aguerris à cet objet de recherche.  
 
Le programme d’interventions se décompose en trois parties. Dans un premier temps, il s’agira d’entamer une réflexion sur le bureau de vote en tant qu’espace géographique de production des données en réponses aux perspectives et aux limites ouvertes par l’ANR Cartelec. Christèle Marchand, Didier Josselin et Soumaya Yahiaoui de l’Université d’Avignon proposent un projet d’extraction des informations géographiques permettant une délimitation plus précise des différents bureaux de vote métropolitains. La méthode proposée par Joël Gombin rend compte d’une autre procédure originale de géolocalisation automatique et actualisée des bureaux de vote grâce à la Base adresses nationales ouverte (BANO).
La deuxième partie propose une réflexion sur les méthodes d’investigation du bureau de vote. Trois groupes de chercheurs reviendront alors sur leurs expériences de recherche en sociologie électorale. Sur la base de leur douze années d’investigation menée sur différents espaces électoraux franciliens et provinciaux, Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen proposent une réflexion critique sur les avantages et limites du recours aux approches multi-méthodes et longitudinales à partir du bureau de vote. Au-delà des gains en matière de réalisme sociologique permis par ce type d’approches comparativement aux enquêtes nationales à vocation représentative, les deux chercheurs insistent également sur les articulations possibles entre les échelles microsociologique et mesociologique. La contribution de Laura Giraud et de Christine Pina revient sur une expérience de recherche collective menée dans trois bureaux de vote niçois à l’occasion de l’élection présidentielle de 2012. Les passations de questionnaires à la sortie des bureaux de vote, pour lesquelles elles ont systématiquement été accompagnées de leurs étudiants, ont révélé l’intérêt de l’articulation entre approche quantitative et qualitative. Elle apparaît à la fois le meilleur garde-fou face aux risques de surinterprétation et une occasion exceptionnelle de formation concrète des étudiants aux difficultés et coulisses de la recherche. La troisième contribution, de Lorenzo Barrault et de Nazli Nozarian, interroge la légitimité de la participation active des étudiants très souvent sollicités par les enseignants-chercheurs à l’occasion des différentes élections. Sur la base de leurs propres expériences scientifiques et pédagogiques menées lors des élections municipales et des élections européennes de 2014, les deux chercheurs reviennent sur toute une série de difficultés pratiques et déontologiques rencontrées tout au long du protocole d’enquête.
La dernière partie de cette section sera finalement consacrée à la présentation des résultats de quatre travaux. L’étude menée par Christèle Marchand, Didier Josselin et Laura Bernard s’intéresse au phénomène croissant de la mal-inscription à partir d’un traitement statistique et cartographique pour différentes échelles territoriales (bureau de vote, ville, département, région) de la région PACA. Le résultat principal de leur étude montre que la mal-inscription n’est pas toujours facteur d’abstention électorale. L’explication tient à la fois au fait que la distance entre lieu de résidence et lieu de vote est le plus souvent réduite, mais aussi qu’il existe des formes de ritualisation sociale et de déplacement collectif adoptées par ces électeurs pour anticiper le coût du déplacement. Ces derniers auraient donc des effets incitatifs compensant plus que largement les effets dissuasifs de la distance. L’étude socio-historique menée par Eric Savarese se fonde sur l’examen des listes d’émargements de plusieurs bureaux de vote du département d’Oran en Algérie sous le régime de la IIIème République conservées aux Archives Nationales d’Outre Mer. Par le croisement de ces données d’ordre électoral relatives à l’inscription et à la mobilisation, des données d’ordre démographique (nombre et densité de Juifs, de Français d’Algérie et de Musulmans) et des variables contextuelles (périodes de réactions antisémites), l’objectif de l’auteur est de montrer l’importance de l’opposition sociale des Français d’Algérie aux Juifs récemment citoyens électeurs dans leur apprentissage de la pratique et de la mobilisation électorale. Le travail mené par Baptiste Coulmont s’intéresse à un objet assez peu investi par la sociologie du vote : la question du recours à la procuration. À partir des listes d’émargements de trois bureaux de vote parisiens examinées pour les élections municipales et européennes de 2014, Baptiste Coulmont montre l’intérêt d’une objectivation d’un rapport réticulaire entre différents électeurs pour mieux réencastrer le geste électoral dans le système de relations sociales. Enfin, l’analyse proposée par Julien Audemard, François Buton et Nicolas Ferran interroge empiriquement une question jusqu’ici peu traitée par la sociologie électorale : celle du renouvellement de l’électorat à l’échelle du bureau de vote d’un scrutin à l’autre. Réalisé à partir de l’étude exhaustive des listes d’émargements des 131 bureaux de vote de la ville de Montpellier à l’occasion des élections municipales de 2014, l’article propose de répondre à trois interrogations. Premièrement, dans quelles proportions un électorat urbain comme celui de Montpellier se renouvelle-t-il entre deux élections municipales ? Ensuite, - et à partir de la comparaison des différents bureaux de vote étudiés -, quelles logiques sociales et politique contraignent ce renouvellement ? Le turn-over est-il plus ou moins important selon les caractéristiques sociales et politiques des électeurs et de leurs environnements d’appartenance ? Enfin, quelles conséquences cela implique-t-il sur l’élection elle-même ? Dans quelle mesure le renouvellement de l’électorat structure-t-il le résultat final de l’élection, notamment en termes de report de voix ?
 
 

This section focuses on the issue of scientific approaches and survey methods that consider, directly or not, the polling station as a unit of analysis. Based on empirical experiences, the nine presentations aim to develop a critical reflection on the practical application of qualitative or quantitative surveys organized around one or many polling stations. Since about ten years now, the study of the polling station offers many promising scientific perspectives in electoral sociology; it raises also many technical, scientific and pedagogical issues. Therefore, this section intends to open a discussion about these issues between different scholars who already have investigated this research object.
Our program is divided in three parts. The first one opens a discussion about the polling station as a geographic space where data are produced. C. Marchand, D. Josselin and S. Yahiaoui propose a project of geographic data extraction allowing a more accurate definition of urban polling stations boundaries. The method proposed by J. Gombin gives a report on another procedure of automatic and updated geolocation of polling station through the national addresses open data base.
The second part offers a reflection on the survey methods related to the polling station. C. Braconnier and J-Y. Dormagen propose to open a discussion about the advantages and the limits of multi-methods and long-term approaches. L. Giraud and C. Pina go back on a collective research led in three polling stations of Nice during the 2012’s French presidential election. L. Barrault and N. Nozarian put into question the accuracy of an active participation of students to election surveys.
The last part is devoted to the presentation of empirical results. C. Marchand, D. Josselin and L. Bernard focus on the effects of growing phenomenon of being not correctly registered on voting lists. The socio-historic study of E. Savarese is based on the analysis of the voting lists of the department of Oran in Algeria during the IIIrd French Republic. B. Coulmont is interested in the question of the proxies. Finally, J. Audemard, F. Buton and N. Ferran put into question the issue of the renewal of an electorate from an election’s round to another.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 3 : mardi 23 juin 9h00– 12h00
Session 4 : mercredi 24 juin 14h00 – 17h00

Lieu : voir le planning des sessions


Programme

Axe 1 / Méthodes d’analyse et dispositifs d’enquête autour du bureau de vote
Président de séance : Julien Audemard (CEPEL, Université de Montpellier)
Discutants : Jean Rivière (IGARUN, Université de Nantes) et David Gouard (CEPEL, Université de Montpellier)

Axe 2 / Présentation de résultats de recherche.
Président de séance : David Gouard (CEPEL, Université de Montpellier)
Discutants : Anne Jadot (CEVIPOF, Université de Nancy) et Nicolas Ferran (CEPEL, Université de Montpellier)


Résumés des contributions

Soumaya Yahiaoui (LIA, Université d’Avignon), Didier Josselin (ESPACE, Université d’Avignon), Eric San Juan (LIA, Université d’Avignon), Christèle Marchand-Lagier (LBNC, Université d’Avignon)
 
Délimitation des bureaux de vote à partir des textes juridiques et d'information géographique numérique : enjeux et difficultés
 
La recherche développée ici vient compléter les travaux de référence ayant amené à la constitution récente d'une base de données spatialisées des bureaux de vote à l'échelle nationale, réalisée dans le cadre du projet ANR CARTELEC. Dans notre cas, nous partons de l'hypothèse que l'analyse des textes juridiques officiels décrivant les délimitations des bureaux de vote pourrait suffire à extraire une géométrie complète et cohérente des découpages électoraux. Cette analyse se traduit par une méthode et un traitement informatisés, visant à être génériques, car s'appuyant sur la lecture de textes relativement formatés et l'existence de bases de données géographiques intégrant les noms des rues et la topologie des réseaux. En utilisant les expressions régulières pour associer les informations de localisation incluses dans les textes juridiques à la géométrie des bureaux de vote, via l'odonymie, nous proposons un outil de reconstruction et de vérification automatiques des limites des bureaux de vote. Cet outil s'intègre dans le système d'information QuantumGIS/PostGIS et devrait déboucher sur l'édition d'un plugin libre dans cet environnement logiciel de cartographie et d'analyse spatiale. Nous présentons la structure de l'algorithme, des résultats de qualité variable selon divers cas traités. Nous précisons les apports et les limites de la méthode. Nous expliquons les difficultés rencontrées et les causes de certaines erreurs géométriques, pouvant provenir tour à tour du caractère équivoque des textes juridiques, d'erreurs ou d'incertitudes dans les bases de données géographiques. Nous concluons en ouvrant sur des pistes méthodologiques de nature à améliorer la qualité des découpages électoraux, pistes soulignant la bonne complémentarité entre une approche géométrie-centrée versus texte-centrée.
 
Area of polling stations from legal texts and from geographical information system: challenges and limitations
 
The proposition is related to the research developed in the project Cartelec that aims at providing a recent French exhaustive polling partition. In this complementary paper, we make the assumption that it is possible to generate consistent and complete polling delineations by analysing only the official legal texts that may contain all necessary information. This leads to a computation method which is generic due to the regular format of these texts and also to the availability of geographical databases with road names and network topology.
Using regular expression processing and geographical data about networks and addresses, we propose an automatic computation to verify and to (re)draw polling boundaries. Developed within a GIS (QuantumGIS/POSTGIS), this method will provide a free plugin for spatial analysis. We present the structure of the algorithm, some results of different quality on different cases. Contributions and limitations of the results are discussed. More precisely, we explain the main reasons why some geometrical errors appear in the boundary accuracy, due, on the one hand, to uncertainty in the context of the legal texts, on the other hand, to some mistakes in the spatial data handled. We conclude on possible open ways to improve the quality of electoral delineations. Those methods highlight how complementary are geometry-centered vs text-centered approaches.


Céline Braconnier (CESDIP, IEP Saint-Germain-en-Laye), Jean-Yves Dormagen (CEPEL, Université de Montpellier)

Les approches localisées dans la durée : avantages et limites méthodologiques. Retour critique sur treize ans de terrain (2002-2015)

Dans cette communication, nous proposons un bilan critique des études localisées des comportements électoraux que nous mettons en œuvre de façon continue depuis 2002 dans un quartier populaire de Saint-Denis, dans le cadre d’une comparaison menée en collaboration avec d'autres chercheurs (programme PAECE, 2006-2010), et que nous avons prolongé depuis sur certains sites. Cinq avantages de ce type d'approches seront développés : 1) que les approches localisées peuvent atteindre des aspects du vote difficilement accessibles par les sondages traditionnels; 2) qu'elles permettent de produire à moindre coût et sur un mode artisanal une multitude de données de nature différente (questionnaires, données de la statistique publique, entretiens formels et informels, observation directe, travail sur listes d'émargement...) ; 3) que cette accumulation permet de nombreux types de croisement, donc de contrôler les données par les données de manière à gagner en réalisme sociologique, 4) que ces approches se prêtent particulièrement bien à des analyses longitudinales qui peuvent être mises en œuvre sur les questionnaires sortie des urnes, sur les listes d'émargement mais aussi à partir d'entretiens répétés dans le temps; 5) qu'elle offrent un cadre adapté à la prise en compte de certaines variables contextuelles, via l'exploration des environnements résidentiels et des groupes qui les structurent, au premier rang desquels figure la famille. Sur chacun de ces points, les limites que soulève ce type d'approche seront également analysées. Enfin, nous interrogerons les conditions de la "montée en généralité" sur la base de terrains localisés.

Longitudinal case studies approach: methodological advantages and limitations. Thirteen years of research in field analysis (2002-2015)

In this paper, we propose a critical assessment of electoral case studies approach we have started to produce in 2002 in a working class neighborough of Saint-Denis, in scientific framework with other researchers (PAECE program 2006-2010). Five advantages of this type of approaches will be particularly developed: 1) the localized approaches can achieve aspects of voting inaccessible with traditional surveys; 2) they allow to produce at lower cost several kind of data (questionnaires, official statistics, formal and informal interviews, direct observation, electoral registers...); 3) that this accumulation allows many types of crossover in order to improve sociological realism, 4) that these approaches are particularly suited to build longitudinal analysis thanks to questionnaires exit polls, electoral registers but also interviews over time; 5) it provides a suitable framework to take into account  contextual variables through the exploration of residential environments and groups, above all family. On each of these points, limitations of this approaches will be analyzed. Finally, we will examine the conditions of generalization of the scientific results from localized fields.

 
Laura Giraud (ERMES, Université de Nice-Sophia Antipolis), Christine Pina, ERMES (Université de Nice-Sophia Antipolis)
 
« C’est ici qu’on vote ? » ou les leçons inattendues d’un questionnaire ‘sortie des urnes’

Cette contribution fait état de l’enquête menée dans trois bureaux de vote à Nice à l’aide d’un « questionnaire sortie des urnes » (QSU) lors de l’élection présidentielle de 2012. Dans une démarche de formation à la recherche, des étudiants de la filière Science politique de l’Université de Nice y ont été associés. Nous souhaitons démontrer que le QSU, d’outil de production d’informations à finalité quantitative, est devenu un support d’analyse qualitative d’une technique de collecte de données.
De ce fait, le travail par « questionnaire sortie des urnes » a incontestablement été enrichissant d’un point de vue pédagogique (le pédagogue étant également lui-même enseigné par l’expérience), en particulier parce qu’il a mis en lumière des éléments inattendus.
Tout d’abord, cette recherche a été l’occasion de sensibiliser les étudiants à la distance séparant une recherche « rêvée » dans les ‘cuisines’ de cours de méthodologie et une recherche réalisée, avec ses difficultés et les compromis qu’elle génère. Ensuite, elle a permis de souligner que les modalités d’enquête variaient d’un BV à l’autre, malgré un protocole commun, rendent tangible et objectivable l’existence de différents contextes de production des votes et de leur déclaration. Enfin, et c’est sur ce point que nous souhaiterions davantage insister, cette enquête a mis en lumière la distance importante séparant les résultats escomptés et les données recueillies.  
 
« Are we voting here? » or the unexpected lessons from an ‘exit poll’ study
 
Our contribution states the survey led in three polling stations in Nice during the 2012 presidential election thanks to exit polls (EP). In a training research process, the political science students of Nice University were involved. In this communication, we wish to demonstrate that EP are more than tools for production quantitative results. They are efficient medium of qualitative analysis, when the researchers wonder about data gathering methods. Therefore, exit polls survey was unmistakably dopping from an educational point of view, because it revealed unexpected elements.
First of all, this survey was a real opportunity to show students the difference between a dreamed survey in class of social sciences methods and a survey which is conducted with its own limits and its compromises. Next, we observed that the procedures and the practices for the inquiry were changing from one polling station to another, despite a same research protocol. From then on, the study of data production conditions (votes, statements…) constitutes an inspiring field of research. Finally, we want to underline that this exit polls survey highlighted the difference between the expected results and the obtained data, which could stay almost dumb without information on their production conditions.

 
Lorenzo Barrault-Stella (SAGE), Nazli Nozarian (CESSP, Université Paris 1)
 
« Vous n’avez pas assez d’argent, donc vous proposez à vos étudiants de vous aider pour le quanti ? ». Intérêts et limites de la participation d’étudiants à une enquête sur la politisation.
 
Dans le cadre d’une recherche sur les inégalités de politisation dans deux quartiers en cours de « gentrification », nous avons tenté de croiser des matériaux ethnographiques (une soixantaine d’entretiens panélisés et diverses observations sur le long terme) avec des données quantitatives, récoltées sans ressources économiques auprès d’électeurs de six bureaux de vote à l’occasion des élections municipales et européennes de 2014 (N = 4775). Cette communication revient sur les enjeux de la participation d’étudiants à la fabrique de nos matériaux statistiques dans une perspective de mutualisation des savoir-faire empiriques. Après un retour sur les logiques (épistémologiques, économiques et pédagogiques) nous ayant conduit à recruter des étudiants pour le volet quantitatif de l’enquête, le texte aborde, de manière réflexive et critique, les difficultés, les intérêts et les limites rencontrées lors des phases de collecte et de saisie des questionnaires sortis d’urne. Malgré les imperfections du protocole, de telles modalités artisanales de collecte d’un large matériel statistique de première main permettent de contrôler toute la chaîne de production des données, par contraste avec nombre d’études quantitatives en sociologie politique, nous autorisant au passage à éprouver relationnellement la portée des différentes méthodes mobilisées.
 
“You do not have enough money, so you offer your students to help you for the quantitative study?”.  Interests and limits of the students’ participation to a survey on politicization.
 
As part of a research on the inequalities of politicization in two neighborhoods under "gentrification", we tried to cross ethnographic materials (about sixty focused interviews and various observations) with quantitative data, collected without economic resources on voters from six polling stations during local and European elections in 2014 (N = 4775). This communication goes back on the issues of students’ participation in the construction of our statistical materials with a perspective of sharing empirical know-how. After returning to the logics (epistemological, economical and educational) that lead us to recruit students for the quantitative part of the survey, the text tackles difficulties, interests and encountering limitations during phases of collection and inputting of questionnaires. Despite the imperfections of the protocol, such home-made methods of collection of a wide firsthand statistical material make it possible to control the entire production chain data, by contrast with many quantitative studies on political sociology, allowing by the way to feel relationally the impact of various mobilized methods.


Laura Bernard, Didier Josselin, Romain Louvet (ESPACE, Université d’Avignon) et Christèle Marchand-Lagier (LBNC, Université d’Avignon)
 
Pistes pour mesurer la nature de la mal-inscription et comprendre ses effets différentiels sur la participation électorale
 
Investissant la problématique de la mal-inscription, devenue centrale dans l'analyse des comportements électoraux, cette communication touche également à la question du MAUP (Modifiable Areal Unit Problem) (Openshaw, 1994) ou de l'effet écologique d'agrégation (Robinson, 1950) communes à la géographie et la science politique à partir de la problématique de la mal-inscription. Elle propose d'explorer, à titre expérimental, sur la région PACA, des méthodes permettant de mesurer l’ampleur de cette mal-inscription et ses effets différentiels sur la participation. Le protocole d'enquête expérimenté croise les données des enquêtes sur l’inscription et la participation électorale de l’INSEE (Présidentielle et législatives de 2012) et le relevé des listes d'émargement et boîtes aux lettres recueillis sur 7 bureaux de vote avignonnais contrastés socialement (Municipales 2014). L’information majeure qui ressort de ces études est que la mal-inscription est avant tout infra-départementale, puisque la majorité des mal-inscrits le sont dans un rayon de 20 km de leur domicile. La jointure des enquêtes participation et inscription de l'INSEE, doublée d'une analyse des données qualitatives sur les 7 bureaux de vote suggère, contre toute attente, que ce ne sont pas nécessairement les individus qui sont inscrits près de chez eux qui votent le plus.
  
Series of methods to estimate the bad voter’s registration and understand its distinct effects on electoral participation
 
This paper deals with the problem bad voters registration which is the current key issue in the electoral surveys. It is also related to the Modifiable Areal Unit Problem (Openshaw, 1994) and ecological inference fallacy (Robinson, 1950), common to geography and political science. We propose a series of methods to estimate the bad voters registration and its distinct effects on electoral participation in the PACA region. We combine the data from INSEE on registration and vote (Presidential and legislative elections in 2012) with the study of signature lists and letterbox addresses about 7 different polling stations in Avignon (local elections in 2014). It is surprising to notice that most of the people who are bad registered live within a radius of 20 km (corresponding approximately to the “French department”, i.e. the Nut 2). The combination of those data with qualitative information on the 7 polling stations suggests, against all odds, that it is not necessary the people who are registered near their home who vote the most.


Julien Audemard, François Buton, Nicolas Ferran (CEPEL, Université de Montpellier)

Une analyse du renouvellement d’un électorat : le cas des élections municipales 2014 et des élections départementales 2015 à Montpellier

Cette communication interroge empiriquement une question jusqu’ici peu traitée par la sociologie électorale : celle du renouvellement de l’électorat à l’échelle du bureau de vote d’un scrutin à l’autre. Réalisé à partir de l’étude exhaustive des listes d’émargements des 134 bureaux de vote de la ville de Montpellier à l’occasion des élections municipales de 2014 et des élections départementales de 2015, la présentation propose de répondre à trois interrogations. Premièrement, dans quelles proportions un électorat urbain comme celui de Montpellier se renouvelle-t-il entre deux tours  d’une élection locale ? Ensuite, - et à partir de la comparaison des différents bureaux de vote étudiés -, quelles logiques sociales et politique contraignent ce renouvellement ? Le turn-over est-il plus ou moins important selon les caractéristiques sociales et politiques des électeurs et de leurs environnements d’appartenance ? Enfin, quelles conséquences cela implique-t-il sur l’élection elle-même ? Dans quelle mesure le renouvellement de l’électorat structure-t-il le résultat final de l’élection, notamment en termes de report de voix ?
 
An analysis of an electorate renewal: the case of French local elections 2014 and 2015 in Montpellier

This presentation offers to answer a question which hasn’t been treated so much by social scientists: the renewal of an electorate from one round of an election to another. Realized by the study of voting lists of the 134 voting stations of the city of Montpellier during 2014 and 2015 French local elections, the presentation offers to answer three main questions. First of all, in what proportion an urban electorate as the one of Montpellier renews itself between two rounds of a local election? Then, and through a comparison between the different polling stations studied, what kind of social and political logics shape this renewal ? Is the electoral turnover more or less important according to social and political characteristics of voters and of their environments? Last, what consequences this implies on the election itself? In what extent this electorate renewal structures the final outcome of the election, mainly in terms of voices transfer?

 
Baptiste Coulmont (CRESPPA, Université Paris 8)
 
Les relations au bureau
 
Les listes électorales contiennent plusieurs caractéristiques individuelles : date de naissance, lieu de naissance, moment de l’inscription sur ces listes, adresse. Mais elles ne donnent que très peu d’informations sur les relations sociales. La connaissance ethnographique du bureau de vote permet de recomposer des ménages [Buton et al., 2012] et d’inscrire les pratiques électorales dans le cadre de ces ménages. Des informations relationnelles secondaires peuvent être extraites des listes au prix d’hypothèses de travail : la combinaison d’une même adresse et d’un même nom de famille peut ainsi indiquer un ménage. Le « nom marital » (pour les femmes) est un indicateur supplémentaire. Au mieux, donc, ces listes n’indiquent que des possibilités de relations. Mais ces listes sont librement accessibles.
Les listes d’émargement contiennent d’autres informations : elles recensent les votes réalisés, mais aussi un indice de relation effective sous la forme des procurations.
Les procurations sont enregistrées sur les listes d’émargement : elles sont indiquées sous la forme d’une note manuscrite à la suite du nom et du prénom et la personne mandatée doit signer au stylo rouge.
En consultant ces listes, l’on peut savoir à qui Sophie Durand a donné procuration, mais aussi – au prix d’un déchiffrement des signatures – si Sophie a finalement voté ou si son mandaté s’est dispensé d’accomplir sa promesse.
L’enregistrement des procurations donne ainsi accès à un extrait des relations sociales au sein d’un bureau de vote, voire entre bureaux de vote.
Les procurations sont des relations orientées : Sophie mandate Guillaume. Elles sont indexées dans le temps et la durée (certaines procurations valent pour un an, d’autres simplement pour un tour). Elles sont localisées (l’on connaît l’adresse du mandant et celle du mandaté). Mais elles sont peu nombreuses.
 
Precinct relations
 
French electoral rolls contain several individual characteristics: date of birth, place of birth, time of registration and address. But social relationships are not directly indicated. Ethnographic knowledge of the polling station is sometime used to reconstruct households [Buton et al., 2012] and to describe electoral practices in the context of these households. Secondary relational informations can be extracted from these electoral rolls: the combination of the same address and the same family name can be constructed as a proxy for a household. The "family name of the husband" (for married women) is an additional indicator. At best, therefore, these lists indicate the possibilities of relationships. But these lists are accessible to any registered voter.
The lists of actual voters contain other information: they identify the direct votes, and they also identify relationships through the votes par procuration (proxy voting).
Proxies are recorded on the lists of actual voters: we know who is the actual voter (as an agent for the principal, as a  representative for the registered voter who is unable to physically vote) and who is the principal (the registered voter).
By consulting these lists, you can know to whom Sophie Durand gave power of attorney, but also - at the cost of deciphering the signatures - if Sophie finally voted or if she did fulfill his promise to vote.
Proxies provides for access to an extract of the social relations within a polling station, or even between precincts.
Proxies are oriented relations: Sophie is the principal and Guillaume is her agent. They are indexed in time and duration (some proxies are valid for one year, others just for the first or the second ballot). They are located (we know the address of the principal and that of the agent). But they are few.

 
Eric Savarase (CEPEL, Université de Montpellier)
 
La mobilisation électorale en contexte colonial. L’exemple de la commune d’Oran, en Algérie, sous la IIIe République
 
L’analyse de la mobilisation électorale en France métropolitaine permet de montrer comment le vote, saisi comme une opération matérielle, tend a progressivement devenir l’expression d’une opinion politique individuelle, libre et éclairée. Or, le cas de l’Algérie coloniale permet de renouveler les questionnements sur le sens du vote, car non seulement la mobilisation électorale est plus tardive dans la colonie qu’en métropole, mais elle se produit dans une colonie de peuplement où les statuts juridiques des individus sont définis par dérogation à l’universalisme républicain (Français non citoyens pour les musulmans, citoyenneté électorale pour les juifs et les chrétiens).
Dans ces conditions, l’analyse de la mobilisation électorale (inscriptions sur les listes, taux de participation, taux de mobilisation) à partir d’une sélection de bureaux de vote de la ville d’Oran (commune d’un département qui, plus qu’Alger ou Constantine, compte un très grand nombre de Français d’Algérie) sous la III e République, permet de montrer qu’elle dépend tendanciellement de variables démographiques (implantation géographique des juifs et des chrétiens par bureaux/quartier) et contextuelles (périodes d’antisémitisme). Il s’agit notamment de tester l’hypothèse selon laquelle la mobilisation électorale des Français d’Algérie se fait pour partie contre les juifs devenus électeurs, donc de se demander si les Français d’Algérie sont devenus électeurs citoyens en tant que chrétiens.
 
The electoral mobilization in colonial context. The example of Oran, in Algeria, during the Third French Republic

The study of the electoral mobilization in metropolitan France allows to demonstrate how the vote seems gradually signify an individual political opinion – free and reasoned. But the case study of colonial Algeria can allows a critical re-appraisal of the question « how did they became voters », because the electoral mobilization in the colony occurs later than in the metropolis, and it occurs in a colony of settlement – where the juridical statutes of individuals are defined by exemption with the republican universalism (French but no citizens for the Muslims, French and citizens for the Christians and the Jews).
So, the study of the electoral mobilization (electoral rolls, participation, mobilization) considering certain polling stations of the city of Oran (located in a French department where there are several French citizens), during the third French republic, allows to know if the electoral mobilization depends on demographic variables (residence of Jews and Christians) and contextual variables (crisis with anti-Semitism). It’s necessary to look if the electoral mobilization of the French citizens is built against Jews, and to investigate the sense of citizenship for the French in Algeria: did they became voters and citizens as Christians?


Participants

Audemard Julien julien_audemard@yahoo.fr
Barrault Lorenzo lorenzobarrault@yahoo.fr
Bernard Laura laura.bernard@alumni.univ-avignon.fr
Braconnier Céline celine.braconnier@sciencespo-saintgermainenlaye.fr
Buton François frbuton@gmail.com
Coulmont Baptiste baptiste.coulmont@univ-paris8.fr
Dormagen Jean-Yves jean-yves.dormagen@univ-montp1.fr
Ferran Nicolas nicolasferran@hotmail.fr
Giraud Laura lauragiraud@live.fr
Gombin Joël joel.gombin@gmail.com
Gouard David gouardd@yahoo.fr
Jadot Anne anne.jadot@univ-lorraine.fr
Josselin Didier didier.josselin@univ-avignon.fr
Louvet Romain romain.louvet@alumni.univ-avignon.fr
Marchand Christèle christele.marchand@univ-avignon.fr
Musquet Gaël gael.musquet@ratzillas.com
Nozarian Nazli nazli30@yahoo.com
Pina Christine pina@unice.fr
Rivière Jean jean.riviere@univ-nantes.fr
San Juan Eric eric.sanjuan@univ-avignon.fr
Savarese Eric eric.savarese@wanadoo.fr
Yahiaoui Soumaya yahiaoui.soumaya@gmail.com

 

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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Courriel : afsp@sciencespo.fr