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Section Thématique 45

Les logiques sociales de sélection du personnel politique en Europe Centrale et Orientale et leurs transformations historiques
The Social Logics of Political Recruitment in Central and Eastern Europe and their Historical Transformations

Responsables

Valentin BEHR (Université de Strasbourg /UMR 7363 SAGE) valentin.behr@gmail.com
Cédric PELLEN (Université Libre de Bruxelles / CEVIPOL) cedric.pellen@yahoo.fr

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

L'identification des logiques sous-tendant la sélection des responsables politiques constitue l'une des préoccupations les plus anciennes de la science politique. Dès le début du XXe siècle, des auteurs désormais classiques se sont attachés à saisir les transformations induites par l'avénement alors récent de la démocratie représentative en Europe occidentale sur les modalités de recrutement des dirigeants politiques (Pareto, 1916 ; Weber, 1919 ; Mosca, 1939). A la suite de ces travaux fondateurs, les questions des conditions de l'accès - et du maintien - à une position de pouvoir politique ont donné lieu à de fructueuses recherches, particulièrement dans le cadre de la sociologie des élites (Coenen-Huther, 2004 ; Genieys, 2011). Outre la mise en évidence d’une tendance à la monopolisation de la représentation par un groupe de « spécialistes » aux profils relativement homogènes, cette riche littérature a permis d'éclairer les déterminants de la professionnalisation politique, ainsi que leurs éventuelles variations selon les partis, les pays, les époques ou encore les régimes. Si la grande majorité des études a porté sur les démocraties représentatives d'Amérique du Nord et d'Europe occidentale (Dogan, 1989 ; Norris, 1997 ; Best & Cotta, 2000), certains auteurs se sont précocement donnés pour objectif d'affiner la connaissance du personnel politique dans d'autres contextes politiques et géographiques. C'est notamment le cas du courant de recherches sur les dirigeants des régimes d'Europe Centrale et Orientale, initié par Barrington Moore (Moore, 1944). En interrogeant les logiques de constitution et de reproduction d'une élite politique professionnelle en URSS et dans les « Démocraties populaires », les auteurs s'y rattachant ont contribué de manière décisive à une meilleure compréhension de l'organisation et de la circulation du pouvoir au sein des Etats communistes (Armstrong, 1959 ; Farrell, 1970 ; Hough, 1980).
 
Loin de disparaître avec l'effondrement du « bloc soviétique », cette tradition de recherche sur les dirigeants politiques « à l'Est » est restée vivace jusqu'à aujourd'hui. La plupart des observateurs se sont en effet entendus pour pointer le rôle majeur joué par les élites dans les processus de « transition » vers la démocratie à l'oeuvre dans la plupart des pays de la région après 1989 (Best & Becker, 1997 ; Heurtaux & Zalewski, 2012). L'attention des spécialistes s'est particulièrement portée sur les dynamiques de l'affirmation de nouveaux responsables politiques « démocratiques » (Wasilewski, 1999 ; Higley & Lengyel, 2000 ; Bozoki, 2003), de leur professionnalisation (Shabad & Slomczynski, 2002 ; Ilonszki & Edinger, 2007) mais aussi de l'adaptation et de la  « reconversion » des anciens cadres communistes à la nouvelle configuration (Staniszkis, 1990 ; Mink & Szurek, 1999).
 
Si les apports de ces travaux sont indéniables, force est de constater que la tendance de la plupart des auteurs à se focaliser sur les logiques de constitution et de structuration d'une « élite consensuelle », s'accordant pour considérer la démocratie comme « the only game in town » (Przeworski, 1991, 26), s’est accompagnée de la marginalisation d’une série de questionnements perçus comme connexes, particulièrement ceux ayant traits aux logiques sociales du recrutement politique (Heurtaux, 2004). La démocratisation institutionnelle des anciennes Républiques socialistes s'est-elle accompagnée d'une démocratisation de l'accès aux positions politiques ? Quelles sont les ressources pertinentes pour les carrières politiques ? En quoi les déterminants sociaux de l’entrée en politique sont-ils spécifiques aux pays de la région ? Quelles sont les potentielles influences du passé communiste sur les carrières des responsables politiques après 1989 ? L'adhésion de certains pays de la région à l'Union européenne s'est-elle accompagnée d'une redéfinition des logiques de sélection de leur personnel politique?
 
Autant d'interrogations qui sont restées jusqu'à présent étonnamment peu traitées dans le contexte centre-et-est européen et auxquelles cette section  thématique entend  fournir des éléments de réponse en réunissant des contributions portant sur des terrains de recherche variés, partageant tous le même souci de production de données empiriques originales. Trois pistes de réflexion complémentaires sont privilégiées : l'identification et l'analyse de potentiels filtres sociaux dans les processus de sélection du personnel politique en Europe Centrale et Orientale (1), leurs transformations historiques (2) et le rôle d'espaces professionnels connexes dans la définition des logiques de recrutement et de légitimation du personnel politique (3). Cette section thématique sera l'occasion de réunir des chercheurs français et étrangers travaillant sur ces objets afin de les faire échanger sur les acquis des travaux consacrés au recrutement social des élites politiques, leurs apports et limites à l’épreuve des terrains en Europe Centrale et Orientale, et les perspectives de développement de nouveaux axes de recherche qu'ils ouvrent.
 
 
The identification of mechanisms underlying the recruitment of political leaders is one of the oldest concerns of political science. Already in the early 20th century, authors who are now regarded as classics intended to highlight the changes in the patterns of political recruitment which had been brought about by the advent of representative democracy in Western Europe (e.g. W.Pareto, M.Weber or G. Mosca). This rich literature has clearly pointed out that political offices have tendency to concentrate in the hands of a group of "specialists" with relatively homogeneous social characteristics. It has also provided fruitful insights into the process of professionalisation of politics and its variations among political parties, states but also regimes. Indeed, although most studies have focused on Western European and North American democracies, some authors have tried to assess in a comparative perspective the bases of political recruitment in different political and geographical contexts, including Central and Eastern European countries (CEEC).
 
During the cold war, this subfield would prove to be one of the most prolific and stimulating of Sovietology. Far from having disappeared with the collapse of the Soviet Bloc, political elite studies have continued to grow as an extremely dynamic subfield in the literature on politics in CEEC. Most observers have indeed agreed to point out the central role played by elite in determining trajectories of democratic transition and consolidation after regime change. The attention of scholars has been mainly drawn to three interrelated processes: the rise and assertion of new "democratic" political elite, the professionalisation of post-communist politicians and the adaptation of former communist leaders to the new political and economic situation.
 
While focusing on the building of a post-authoritarian « consensual elite », authors have yet tended to neglect other issues related to political elite selection and formation in CEEC. Thus, up to now, the social base of post-communist political recruitment has been only rarely studied. To what extent has democratization altered the social profile of politicians? Is there a social gap - or a gender gap - between elected officials and their voters? What characteristics and social resources are the most needed to pursue a successful political career in nowadays CEEC? How do post-communist political fields interact with "adventitious fields", that can be defined drawing on Offerlé as social spaces that are gathering all the persons who do not directly intervene in the [political] field's affairs but are yet essential to its functioning (e.g. journalists, intellectuals, judges or bureaucratic officials...)?
 
These are the main questions that will be discussed in this section. More specifically, attention will be paid to the following themes: the social mechanisms underlying the selection of elected officials in post-communist CEEC; continuities and changes in political recruitment patterns in CEEC; the influence of "adventitious fields" in defining the patterns of political recruitment and legitimation in CEEC.


Bibliographie

Armstrong John A., The Soviet Bureaucratic Elite, London, Stevens & Son, 1959.
Best Heinrich & Becker Ulricke (eds), Elites in Transition. Elite Research in Central and Eastern Europe, Opladen, Leske & Budrich, 1997.
Cotta Maurizio & Best Heinrich (eds.), Parliamentary Representatives in Europe 1848-2000. Legislative Recruitment and Careers in Eleven European Countries, Oxford, Oxford University Press, 2000.
Bozoki Andras, « Theoretical Interpretations of Elite Change in East Central Europe », in Dogan Mattei (ed.), Elite Configurations at the Apex of Power, Leiden, Brill, 2003, p.215-248.
Coenen-Huther Jacques, Sociologie des élites, Paris, Armand Colin, 2004.
Dogan Mattei (ed.), Pathways to Power: Selecting Rulers in Pluralist Democracies, Boulder, Westview Press, 1989.
Farrell R. Barry (ed.), Political Leadership in Eastern Europe and the Soviet Union, London, Butterworths, 1970.
Genieys William, Sociologie politique des élites, Paris, Armand Colin, 2011.
Heurtaux Jérôme, « Démocratie populaire versus démocratie élitaire. Les inégalités politiques et leurs justifications en Pologne », La Nouvelle Alternative, vol.19, n°62, 2004, p.39-50.
Heurtaux Jérôme & Zalewski Frédéric, Introduction à l'Europe postcommuniste, Bruxelles, De Boeck, 2012, p.151-177.
Higley John & Lengyel Gyorgy (ed.), Elites configuration after State socialism : Theories and Analysis, Lanham, Rowman & Littlefield, 2000.
Hough Jerry F., Soviet Leadership in Transition, Washington D.C., Brookings Institution, 1980.
Ilonszki Gabriella & Edinger Michael, « MPs in Post-Communist and Post-Soviet Nations: A Parliamentary Elite in the Making », The Journal of Legislative Studies, Volume 13, Issue 1, 2007, p.142-163.
Moore Barrington Jr., « The Communist Party of the Soviet Union: 1928-1944: A Study in Elite Formation and Function , American Sociological Review, Vol. 9, No. 3, 1944, p.267-278.
Mosca Gaetano, The Ruling Class, New York, McGraw Hill, 1939.
Norris Pippa (ed.), Passages to Power: Legislative Recruitment in Advanced Democracies, Cambridge, Cambridge University Press, 1997.
Offerlé Michel, Sociologie de la vie politique française, Paris, coll. Repères, La Découverte, 2004.
Pareto Vilfredo, Trattato di Soiologia Generale, Firenze, G. Barbèra, 1916.
Przeworski Adam, Democracy and the Market: Political and Economic Reforms in Eastern Europe and Latin America, Cambridge, Cambridge University Press, 1991.
Shabad Goldie & Slomczynski Kazimierz M., “The Emergence of Career Politicians in Post-Communist Democracies: Poland and the Czech Republic », Legislative Studies Quarterly , Vol. 27, n°3, 2002, p.333–359.
Staniszkis Jadwiga, “Political Capitalism” in Poland, East European Politics & Societies, vol. 5,  December 1990, p.127-141.
Wasilewski Jacek , “The Integration of the Polish Post-Transition Elite”, The Soviet and Post-Soviet Review, vol.26, 1999, p.139-180.
Weber Max, Le Savant et le Politique, Paris, Plon, 1959 (1919).


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : lundi 22 juin 9h00 – 12h00
Session 2 : lundi 22 juin 14h45 – 17h45

Lieu : voir le planning des sessions


Programme

Axe 1 / Sociologie du personnel politique centre-est européen

Président de séance : Cédric Pellen (Université Libre de Bruxelles, CEVIPOL)
Discutant : Georges Mink (Collège d’Europe et ISP)

Axe 2 / Professionnalisation politique et transformations du champ politique

Président de séance : Valentin Behr (Université de Strasbourg, SAGE)
Discutant : Jérôme Heurtaux (Université Paris-Dauphine, IRISSO)


Résumés des contributions

Alexandra Iancu (Université de Bucarest)
 
Démocratisation et recrutement : les élites politiques roumaines entre personnalisme et professionalisation (1990-2014)

Dans les démocraties consolidées le rôle des élites fut renforcé par la personnalisation du pouvoir (Poguntke &Webb 2005). Cependant, les profils des acteurs politiques sont plus importants pour les contextes transitionnels qui demandent le remplacement des élites et la négociation des nouveaux critères d’accès au pouvoir (Dogan&Higley 1998). Or, dans le postcommunisme, on peut identifier à la fois : un désenchantement par rapport à la politique et des difficultés quant à la capacité des dirigeants politiques à incorporer des valeurs et des pratiques démocratiques dans l’exercice du mandat (Edinger 2010). Il est ainsi difficile à saisir en quelle mesure l’autonomisation des élites dévoile une logique de la professionnalisation ou, au contraire, il s’agirait plutôt dans ces cas d’une légitimité fabriquée qui cache des rémanences du passé ou encore des principes d’oligarchisation du pouvoir. Jusqu’à présent, très peu de conclusions furent tirées quant aux mécanismes sous-jacents, souvent cachés, qui expliquent les ressorts du recrutement politique. En partant du cas des élites ministérielles roumaines (1990-2014), notre recherche soulignera l’antinomie entre les indicateurs classiques (suggérant des processus graduels de professionnalisation) et de la continuité d’une logique de personnalisme en réseau semi-privé.
 
Democratization and Recruitment: Romanian political elites between personalism and professionalization

The personalization of power increased the roles of political elites in consolidated democracies (Poguntke & Webb 2005). Nevertheless, the importance of elite profiles remains higher in transitional contexts, which require the elite replacement and the negotiation of new criteria of recruitment (Dogan & Higley 1998). Post-communist countries exhibit both a process of disenchantment with politics and new difficulties in the elites’ ability to incorporate democratic values ​​and practices (Edinger 2010). In this vein, it remains difficult to understand to what extent elite empowerment and autonomy in the ECE region are conducive towards the professionalization of politics or conversely, they produce a manufactured legitimacy, a cover-up of intertwined networks of the past and oligarchic logics of selection. Few studies until now have tackled these hidden mechanisms of selection. Starting from the analysis of the Romanian ministerial elites (1990-2014), the paper points to the inherent contradiction between the traditional indicators of elite recruitment (suggesting a gradual process of professionalization) and the continuity of hidden logics of ‘personalism’ based on semi-private networks of power.


Fernanda Flacco (Université Libre de Bruxelles, CEVIPOL) et Camille Kelbel (Université Libre de Bruxelles, CEVIPOL)
 
Les députés européens des PECO : Quels mécanismes de sélection des candidats pour quels profils ?

Les élargissements de 2004 et 2007 ont considérablement modifié l'organisation, le fonctionnement et l'image des institutions européennes en général, et du Parlement européen en particulier. La clé de voûte de ces changements est sans nul doute constituée par les acteurs qui les incarnent: les députés européens des PECO. Mais qui sont ces députés et comment cette nouvelle élite politique a-t-elle émergé? La littérature a largement étudié la place occupée par les ‘politiciens de carrière’ au sein du Parlement européen. Pourtant, ces études conçoivent presque invariablement le recrutement politique (‘qui’ est recruté) uniquement comme résultant des profils des aspirants (leurs caractéristiques biographiques et leurs trajectoires de carrière) et de la décision des électeurs (puisque ces études se concentrent généralement sur les élites élues).  Dans la mesure où les partis politiques demeurent les principaux gardiens de l’accès aux fonctions électives, ce papier soutient toutefois que le ‘sélectorat '- c.-à-d. ‘qui choisit ‘ - constitue le  ‘chaînon manquant’. En effet, les processus intra-partisans ne devraient pas être a priori rejetés, étant donné que les tentatives pour devenir candidat peuvent être largement encouragées, découragées ou même interdites par les partis politiques. Ce document examine donc si et comment le profil des députés des PECO est déterminé par la dimension principale des processus de sélection, à savoir qui est en charge de sélectionner les candidats. Empiriquement, le papier combine une nouvelle base de données détaillant les méthodes de sélection des candidats utilisées dans les 62 partis politiques des PECO représentés dans la 8ème législature du PE, avec une prosopographie de leurs 201 députés  dans la législature actuelle (réalisée par la collecte de CVs, et complétée par des interviews).
 
MEPs of the CEECs : Which candidate selection mechanisms for which profiles?

The so-called ‘Big Bang’ enlargement has significantly altered the organization, functioning and the image of European institutions in general and of the European Parliament in particular. Key to these changes is undoubtedly the actors who embody them; the MEPs from the CEECs. Who are these MEPs and how did this new political elite come about? A vast amount of literature has investigated the growth of career politicians in the European Parliament. Yet, these studies almost invariably conceive the outcome of political recruitment (who is recruited) only as determined by contenders’ profile (biographical variables and career trajectories) and, obviously, the electorates’ decisions (since these studies focus on the elected elites). Since political parties are the main gatekeepers to elected office, however, this paper argues that the ‘selectorate’ – i.e. ‘who selects’ – is the ‘missing link’. To put it bluntly, intra-party processes should not be a priori dismissed since attempts to stand as candidates can largely be encouraged, discouraged or even prohibited by political parties. This paper hence examines whether and how the profile of CEECs’ MEPs is determined by the main dimension of the selection processes, namely who is in charge of selecting the candidates. Empirically, this paper combines a unique dataset recording the candidate selection methods used in the 62 CEECs’ political parties having gained representation in the post-2014 EP, with a prosopography (multiple career-line analysis) of their corresponding 201 MEPs (realized through the collection of CVs and interviews) in the current legislature.

 
Agnieszka Kuczala (Université Lille 2 et KSAP Varsovie)
 
Nostalgies aristocratiques dans le post-communisme. Recrutement et stratégies de légitimation des sénateurs polonais

L’examen du recrutement et des stratégies de légitimation des sénateurs polonais doit prendre en considération, d’abord, la spécificité du Sénat, étant une seconde chambre en quête de vocation, et, ensuite, la discontinuité de l’histoire polonaise marquée par une transition politique. Le Sénat polonais restauré en 1989 était alors la première institution issue entièrement de l’élection démocratique. Ainsi, malgré sa riche tradition aristocratique, l’institution du Sénat est devenue un avant-coureur de la démocratisation.
Pourtant, le manque d’une vision cohérente du bicamérisme polonais contribue à la dégradation de la position du Sénat. Le fait que la composition politique du Sénat est très proche à celle de la Diète suscite le débat sur la légitimité de cette institution et interroge le rôle du sénateur. Le mode de recrutement au Sénat restreint la possibilité de la différenciation politique de deux chambres parlementaires. Néanmoins, le profil sociologique du sénateur n’est pas nécessairement le même que celui du député. En outre, l’analyse qualitative montre que les sénateurs n’acceptent pas d’être une sorte de député de second rang. Ils ont développé des stratégies de légitimation menant à la construction d’une identité sénatoriale singulière. Paradoxalement, dans le discours des sénateurs, l’accentuation de la dimension démocratique du mandat sénatoriale va de pair avec  la mise en valeur de son caractère élitiste.
 
Aristocratic nostalgia in the post-communism. Recruitment and legitimization strategies of Polish senators

The analysis of recruitment and legitimization strategies of Polish senators should take into account the position of the Senate, as a second chamber in search of vocation, and also the discontinuity of Polish history marked by a political transition. The Polish Senate restored in 1989 was then the first institution issued from fully democratic election. Thus, despite its rich aristocratic tradition, institution of Senate became a forerunner of democratization.
However, the lack of a coherent vision of the Polish bicameralism contributes to the degradation of the position of the Senate. The fact that the political composition of the Senate is very close to that of the Diet sparks a debate on the legitimacy of this institution and questions the role of the senator. The recruitment process in the Senate restricts the political differentiation of two parliamentary chambers. Nevertheless, the sociological profile of senator is not necessarily the same as that of the deputy. In addition, qualitative analysis shows that senators have not accepted to be a sort of second rank deputy. They developed legitimization strategies leading to the construction of a singular senatorial identity. Paradoxically, in senators’ discourse, the emphasis on the democratic dimension of the senatorial mandate goes along with an appreciation of its elitist character.

 
Anna Sterczynska (Sciences Po, CERI)
 
Le mode de sélection des conseillers politiques et ses recadrages. Une illustration polonaise

Les conseillers politiques constituent une catégorie sous-étudiée d’acteurs de la politique polonaise de l’après 1989. Selon quelle procédure sont-ils sélectionnés ? Sur la base de quels critères ? Quelles sont leurs caractéristiques professionnelles et idéologiques ? Ces questions seront étudiées au prisme de trois facteurs de changement liés à la dynamique de la construction démocratique. Le premier facteur relève du recadrage institutionnel : l’instauration des cabinets ministériels en 1996 a formalisé le positionnement des conseillers au sein de l’administration centrale. Le second facteur est l’alternance politique, qui a fortement marqué le champ politique en Pologne, où se sont succédé au pouvoir les partis nés sur les cendres du parti communiste et ceux issus du mouvement Solidarnosc. Le regard sur ces alternances permet de s’interroger sur la persistance du clivage post-communiste dans le choix de conseillers et experts. Si cette ligne de partage évolue, c’est aussi sous l’effet d’un troisième facteur : le renouvellement générationnel, avec l’arrivée de jeunes professionnels de la politique qui deviennent agents de changement et attirent au service public leurs pairs. Ce processus est plus manifeste dans l’expertise technique que dans le conseil politique stricto sensu, où persiste la prévalence de la confiance fondée sur la proximité idéologique ou les expériences biographiques partagées.
 
The mode of selection of political advisers and its reframing. An illustration from Poland

Political advisers constitute an understudied category of political actors in post-1989 Poland. How are they selected? According to what criteria? What are their professional and ideological features? These questions will be analysed through the prism of three factors of change, related to the dynamics of the young democracy. It is first of all the institutional reframing, and the creation of political cabinets in 1996, which formalized the advisers’ positioning within central administration. The second factor is political realignment, which strongly affected the Polish political arena, where elections were interchangeably won by post-communist and post-Solidarity parties. A closer look at these realignments allows to reflect on the durability of the post-communist divide in the selection of advisers and experts. If this divide has evolved, it is also under the influence of the third factor: the generational replacement, the arrival of young professionals who become agents of change and attract their peers to public service. This process is more evident in the domain of technical expertise than in political counsel in the strict sense of the term, where persists the prevalence of trust founded on ideological proximity or shared biographical experiences.

 
Jana Vargovcikova (Université Paris Ouest Nanterre La Défense et Université Charles de Prague)
 
Le lobbying, une vraie carrière ? Sélection et professionnalisation des lobbyistes en Pologne et en République tchèque

Dans les pays de l’Europe centrale et orientale, le lobbying professionnel représente un nouveau débouché aux abords de la sphère politique lorsqu’il apparaît avec la libéralisation des marchés et l’arrivée des investisseurs étrangers dans les années 1990. Qui investit cette occupation très peu institutionnalisée et ambiguë aux yeux de l’opinion publique, et avec quelles attentes ? Peut-on y « faire carrière »? Et qu’indiquent les difficultés qu’ont ces acteurs à cheval entre les secteurs public et privé de se forger un statut professionnel, sur la place des acteurs privés, les clients des lobbyistes, dans le secteur public? Une typologie des lobbyistes et leur analyse en tant que groupe professionnel permettent de mieux comprendre ces difficultés, les deux associations nationales de public affairs, d’ailleurs, ne présentant qu’une activité très limitée. En même temps, cette typologie, ensemble avec une analyse des pratiques des lobbyistes et de leurs discours sur leur travail, expose une tension fondamentale entre leur proximité à la sphère politique et l’attraction qu’elle exerce sur eux, et la réticence des acteurs politiques de leur reconnaître un statut fondé sur cette proximité, ce qui mène les lobbyistes à un effort de construction d’un statut intermédiaire. Effort hésitant, puisque la mobilité verticale et horizontale demeurent très réduites sur le marché du lobbying, et que l’occupation reste principalement envisagée comme une étape à défaut de mieux d’une carrière.
 
Lobbying, a real career? Selection and professionalization of lobbyists in Poland and the Czech Republic

In the countries of Central and Eastern Europe, professional lobbying has represented a new job outlet near the political sphere since it appeared with the liberalization of markets and the arrival of foreign investors in the 1990s. Who enters this occupation, very little institutionalized and ambiguous in the eyes of public opinion, and with what expectations? Can one make a career out of it? And what do the difficulties that these actors astride the public and private sectors encounter when trying to forge a professional status, tell us about the role of private actors, their clients, in the public sector? A typology of lobbyists and their analysis as a professional group allow for a better understanding of these difficulties - the two national associations of public affairs, for instance, showing very limited activity. At the same time, this typology, together with an analysis of the practices of lobbyists and their discourse on their work, expose a fundamental tension between their proximity to the political sphere and the attraction it exerts on them, and the reluctance of political actors to recognize them on the basis of this proximity, which leads to their effort at constructing an intermediary status. A hesitant effort, nonetheless, since the vertical and horizontal mobility remain very low on the job market and the occupation is mostly seen as a stage in a career by default, rather than a career in itself.


Participants

Behr Valentin valentin.behr@gmail.com
Flacco Fernanda fernanda.flacco@ulb.ac.be
Heurtaux Jérôme jheurtaux@yahoo.fr
Iancu Alexandra alexandra.ionascu@fspub.unibuc.ro
Kelbel Camille camille.kelbel@ulb.ac.be
Kuczala Agnieszka agnieszka.kuczala@etu.univ-lille2.fr
Martynau Alexander Alex.Martynau@uni-duesseldorf.de
Mink Georges mink@u-paris10.fr
Pellen Cédric cedric.pellen@yahoo.fr 
Sterczynska Anna anna.sterczynska@sciencespo.fr
Vargovcikova Jana jana.varg@gmail.com

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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