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Section Thématique 52

Politiques mémorielles en contexte « post-conflit » : espaces de production et de manifestation des cadres interprétatifs du conflit
Politics of memory in post-conflict states: interpretative frameworks of conflict related memory

Responsables

Sandrine LEFRANC (ISP) sandrinelefranccnrs@gmail.com
Juliana LIMA (CEESP) ju.lvcpm@gmail.com

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Les politiques mémorielles, et leurs effets sur la construction d’une mémoire capable de forger une identité collective, font l’objet d’une littérature abondante. Les politistes se sont intéressés aux stratégies et mobilisations des acteurs (responsables politiques ou victimes, par exemple) ainsi qu’aux enjeux de pouvoir et de légitimation qui façonnent des « mises en scène du passé » souvent conflictuelles - musées et monuments, hommages aux victimes, commémorations, héroïsation de figures historiques. Dans une perspective plus normative, les chercheurs se sont intéressés aux enjeux de l'écriture d'une histoire officielle du conflit qui réconcilierait bourreaux et victimes. Ces travaux évoquent à la fois une écriture « par le haut », lorsque les autorités favorisent le silence et l'oubli, et une co-écriture d’une « vérité » sur le conflit par des instances officielles, les acteurs des organisations de la société civile, et la population de manière plus large, comme dans le cadre des commissions de vérité et réconciliation.
Les productions artistiques et le réaménagement physique des lieux de conflit ont été négligés. Ces interventions artistiques peuvent être individuelles ou collectives, produites dans l’intimité des ateliers des auteurs ou façonnées dans le cadre de politiques officielles de réconciliation nationale, ou encore d’événements promus par les acteurs de la société civile œuvrant pour la paix (par exemple, des festivals de musique ou le « théâtre participatif » promu par des ONG). Avec les politiques urbaines, elles passent pourtant pour contribuer au façonnement des représentations individuelles et collectives du conflit,  en renforçant une politique de mémoire « officielle » ou en la subvertissant/contestant. En outre, les recherches de sociologie du politique ont fait peu de cas de l’apport d’autres disciplines en sciences humaines et sociales. Cette section thématique s’intéresse ainsi au rôle des productions artistiques (peinture, sculpture, arts graphiques, production cinématographique) en tant que vecteurs à la fois de la transmission de(s) mémoire(s) du conflit et de (ré)interprétation d’un passé violent.
On veut dans le cadre de cette section questionner leur participation à la construction d’une « mémoire collective » des violences passées et/ou à la réinterprétation de l’histoire du conflit, en s’intéressant à la fois au contexte de leur production (artistique) et aux lieux de leur diffusion. En outre, il s’agit d’examiner le rapport entre la reconstruction physique des espaces urbains ou périurbains, et la question mémorielle. Les contextes dits de post-conflit peuvent favoriser une transformation de l’architecture urbaine et des pratiques sociales qui y sont associées, en affectant ainsi les mémoires des violences ancrées dans ces espaces. Qu’est ce que les transformations de l’espace urbain, incitées par les politiques de reconstruction post-conflit, nous disent de la gestion de la mémoire d’un passé conflictuel ? Quels acteurs y sont impliqués (hommes politiques, associations de victimes, associations de quartiers, groupes ethniques, ONG, bailleurs de fond, urbanistes, architectes, etc.) et quelle place accordent-ils à une mémoire du conflit ancrée dans l’espace urbain ?
L’originalité de cette ST repose ainsi à la fois sur les thématiques privilégiées et sur l’interdisciplinarité de l’approche envisagée, qui incite au dialogue entre la science politique et les diverses disciplines des sciences humaines et sociales - sociologie, relations internationales, histoire, littérature, arts plastiques, anthropologie, géographie et urbanisme.

Les deux axes proposés portent tous deux sur la centralité du rôle des acteurs, leurs stratégies et répertoires d’action vis-à-vis de la question mémorielle et du contexte post-conflit, pour souligner le caractère composite des représentations mémorielles et la variété des espaces de production  et de manifestation de cadres interprétatifs du conflit.

Axe 1 -  Production artistique et transmission mémorielle : quel(s) représentation(s) de(s) conflit(s) ?
Il s’agit d’analyser le rôle des productions artistiques en tant que vecteurs à la fois de la transmission de(s) mémoire(s) du conflit et d’une (ré)interprétation d’un passé violent. Comment les récits et ou les messages véhiculés par les diverses productions artistiques s’articulent-ils avec les processus officiels d’écriture de l’histoire et les politiques mémorielles ? Dans quelle mesure, donc, les représentations artistiques façonnent ou subvertissent-elles les récits officiels ? Ou encore, comment la réception de ces œuvres affecte-t-elle les représentations sociales du conflit ?  Comment les romans historiques, entremêlant fiction et réalité, et les biographies d’anciens combattants, participent-ils à la transmission mémorielle ? Quel rôle peut-on attribuer à l’art dans les contextes post-conflit incitant à l’oubli ? Enfin, quels espaces sont privilégiés à la fois pour la production et la diffusion de ces œuvres artistiques (à l’échelle locale et/ou internationale) ; et, in fine qu’est-ce que cela peut nous dire de l’ouverture ou de la fermeture des espaces de parole et de réflexion sur le passé ? Ces interrogations constitueront, entre autres, les fils directeurs communs aux communications de cet axe pour mettre en évidence le caractère composite des représentations mémorielles et des espaces de production ou de manifestation de cadres interprétatifs du conflit.

Axe 2 – Mémoires des lieux, lieux de mémoire : reconstruction post-conflit et transformation urbaine
L’impact des conflits sur les espaces urbains ou périurbains invite à penser le rapport entre leur reconstruction physique et la question mémorielle. Si les lieux de combat sont porteurs de mémoires du conflit, ils ne sont pas pour autant des lieux de mémoire dans le sens envisagé par Pierre Nora. Qu’est-ce que les transformations de l’espace urbain, favorisées par les politiques de reconstruction post-conflit, nous disent de la gestion des mémoires d’un passé conflictuel ? La reconstruction post-conflit pouvant être un vecteur de légitimation politique, quel est l’impact des politiques urbaines sur la transmission d’une mémoire officielle ? Ou, dans un contexte où l’oubli des violences passées est encouragé (s’il peut l’être), comment la mémoire du conflit est-elle effacée de la scène urbaine par des telles politiques ? Dans quelle mesure la réhabilitation des villes et villages détruits par les conflits participe-t-elle à la redéfinition des contours  historiques d’une ville et d’une identité (politique, partisane, ethnique et/ou guerrière) localement ancrée ? Comment les mémoires du conflit intègrent-elles, ou au contraire se trouvent exclues des projets de modernisation esthétique des villes ? Comment les populations des villes touchées par les conflits peuvent-elles, en intervenant dans le paysage urbain, contester les politiques mémorielles du gouvernement ?
Cet axe de la ST évoque ainsi les acteurs (hommes politiques, associations de victimes, associations de quartiers, ONG, bailleurs de fond, urbanistes et architectes) qui participent des projets de reconstruction post-conflit et de leurs stratégies mémorielles. Il s’agit d’interroger la place qu’ils y accordent à la mémoire du conflit et/ou aux représentations du passé et par là, d’évoquer leurs rôles dans la définition des politiques publiques mémorielles et de reconstruction urbaine. Comment ces différents acteurs prennent-ils part – ou non – à la définition des contours de l’héritage du conflit ? Les contributions permettront, en outre, de réfléchir à la question de la création, l’intégration, la destruction de lieux de mémoire, dans la ville reconstruite et peut-être, in fine, de répondre à la question suivante : quelle reconstruction pour quel type de conflit ?
 

This session of panels intends to account for the composite nature of memorial representations within a post-conflict society. It focuses on the role of art and/or urban changes as frameworks for various interpretations of a violent past. We are specially interested in articles that address the different spaces in with those representations are forged - from the creation processes to the presentation of its outcomes. Based on an interdisciplinary perspective we welcome papers from different areas of study such as Political Science, Sociology, International Relations, History, Literature, Art, Anthropology, Geography, Architecture and Urban Planning.
Axe 1: Arts and memorialization : what kind of social representation(s) of conflict ?
This axe intends to question the role of different forms of artistic expressions in the construction of a collective memory of past violence and/or in the interpretation (or reinterpretation) of conflict history. Within a wide range of artistic manifestations (painting, sculpture, literature, graphic arts and/or film production) we are interested in both creation processes and presentations of its outcomes. How do different accounts of conflict emerge within artistic forms of expression and how do they eventually articulate with top-down or dominant history of conflict?  To what extent do artistic representations of conflict shape or subvert official narratives? Can art be a vehicle for contesting public policies regarding memory and memorialization? In what ways do artistic expressions allow to address the past under authoritarian rule? To this regards, it seems interesting to account for the role of art in creating dialogue about the violent past.
Axe 2: Memory of places, places of memory : post-conflict reconstruction and urban transformation
Urban post-conflict reconstruction impacts not only the aesthetics of a city but also social practices that are anchored in urban scenario of conflict affected areas. What effects do these transformations have on local memories of conflict?  To what extent does national reconstruction programs affect living memories of conflicted affected areas by transforming the urban landscape? To this sense, how to urban changes dialogue with memorialization policies? Can urban spaces frame collective memories? Can national reconstruction programs be seen as frameworks that establish a top-down version of history? To what extent can urban population, by their social practices rooted in certain urban areas affected by war, take ownership of their past and challenge governmental memorialization policies? What actors are involved in post-conflict reconstruction programs? We are mostly interested in studies that question individual and collective representations of the past within a specific urban landscape and thereby try to articulate those representations with both urban reconstruction and memorialization.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 3 : mardi 23 juin 9h00 – 12h00
Session 4 : mercredi 24 juin 14h00 – 17h00

Lieu : informations bientôt disponibles


Programme

Axe 1/ Patchworks de mémoires. Production artistique et transmission mémorielle

Présidente : Juliana Lima (CEESP, Université de Paris I/CNRS)
Discutante : Frédérique Matonti (Université de Paris I, CEESP)

Communications présentées

1.1.L’art vecteur d’occultation et de (contre-)mémoire

1.2. L’art de coudre ensemble des passés éclectiques, dissonants, conflictuels

Papiers présentés et inclus dans la discussion

(1.1.)

(1.2.)

Axe 2 / « Dessine-moi une ville monumentale… ». Mémoires des lieux, lieux de mémoire : reconstruction post-conflit et transformation urbaine

Présidente : Sandrine Lefranc (CNRS/Université de Paris Ouest)
Discutantes : Aude Merlin (CEVIPOL/ULB) et Taline Papazian (ISP/Université de Paris Ouest)

Communications présentées

Papiers présentés et inclus dans la discussion


Résumés des contributions

Cécile Goncalvès (EHESS)

« A Filha Rebelde » (« La Fille Rebelle ») ou les plaies vives de la mémoire portugaise

Adaptée du livre de José Pedro Castanheira et Valdemar Cruz, journalistes à l'Expresso, la pièce « A Filha Rebelde » raconte le destin d'Annie Silva Pais, fille unique du directeur de la Pide, qui, en 1965, quitta son quotidien pour s'engager dans la Révolution cubaine. Si la parution de l'ouvrage en 2006 n'avait soulevé aucune objection des Silva Pais, son adaptation au théâtre en mai 2007 a suscité l'indignation de la famille. En cause, un court passage du spectacle où était évoqué la responsabilité de Fernando Silva Pais dans le meurtre en 1965 du général Delgado, opposant politique du régime salazariste. Fonseca Santos, metteur en scène, le directeur artistique du Théâtre National Dona Maria II, Carlos Fragateiro et son adjoint José Manuel Castanheira, ont été démis de leurs fonctions. Loin d'être anecdotique, ce procès montre que les plaies du passé salazariste restent vivaces. Il reflète le phénomène de « judiciarisation » de l'appréhension de l'histoire et l'absence de politiques publiques mémorielles au Portugal. Pour palier à cette carence de transmission, l'art pourrait constituer une arme contre l'oubli. Toutefois, les artistes tombent sous le coup de la législation promulguée après les évènements de 1975 toujours en vigueur, les dissuadant d'aborder certains sujets sensibles. Cette communication se propose ainsi d'aborder comment les artistes portugais détournent ce « consensus mou » pour faire œuvre de « mémoire collective ».

« A Filha Rebelde » (« The Rebellious Daughter »)

Adapted from the book written by Expresso journalists José Pedro Castanheira and Valdemar Cruz, the play « A Filha Rebelde » tells the fate of the only daughter of the former PIDE director, Annie Silva Pais who, in 1965, left her everyday life to enlist in the Cuban Revolution. If the publication of the work in 2006 had raised no objection from the Silva Pais family, its theatrical adaptation in May, 2007 aroused her indignation. In question, a short scene of the show where was evoked the responsibility of Fernando Silva Pais in the murder, in 1965, of General Delgado, political opponent of the salazarist regime. The director Fonseca Santos, the artistic director of the National Theater Dona Maria II, Carlos Fragateiro, and his assistant, José Manuel Castanheira, were dismissed from their posts. Far from being anecdotal, this trial shows that the wounds of the salazarist past remain long-lived. It reflects the phenomenon of « judicialization » of the apprehension of History and the lack of memory public policies in Portugal. To overcome this transmission deficit, art could constitute a weapon against forgetting. However, artists are punishable for libel under the legislation promulgated after the 1975 events and still in effect, dissuading them from raising certain sensitive subjects. This paper will try to explain how Portuguese artists hijack this "soft consensus" to make up our "collective memory".
   

Alex MacLeod et Dan O’Meara (Université du Québec à Montréal)

« You’re History, Buddy »! La mémoire et l’oubli dans le cinéma de guerre hollywoodien

Chaque culture nationale véhicule des modes d’expression qui lui sont propres, et à travers lesquels divers ensembles de « courtiers culturels » parviennent à inscrire dans la mémoire collective le sens, la structure et le contenu du passé qu’ils ont eux-mêmes élaborés. Aux États-Unis, la « mémoire culturelle » est, dans une large mesure, façonnée par une attitude singulière à l’égard du passé. Dans cette culture forgée en grande partie par des immigrants ayant fui des sociétés à l’histoire lourde d’horreurs, l’histoire et le passé sont considérés comme non pertinents, ne pouvant donc constituer une source de problèmes : puisque l’avenir n’est nullement défini par le passé, tout devient possible; et le passé est ainsi mis au service du présent.
Le cinéma est, depuis près d’un siècle, le principal vecteur d’une mémoire collective américaine et, tout aussi important, le vecteur de l’oubli des dynamiques qui se répètent tout au long de l’histoire du pays. Notre communication examinera le rôle du cinéma de guerre dans la construction culturelle du passé américain. L’analyse portera particulièrement sur les représentations hollywoodiennes des guerres au Viêt Nam et en Irak et exposera diverses avenues qu’ont prises ces films pour miner ou renforcer les récits officiels de ces conflits.

You're History Buddy! Remembering and Forgetting in the Hollywood war movie

Every national culture embodies its own unique modes of expression through which various sets of "culture brokers" succeed in inscribing in the collective memory particular meaning, structure and content about the past. In the United States this "cultural memory" is significantly shaped by the peculiarly American attitude towards history. In a country peopled largely by the descendants of immigrants in flight from the horrors of the past of their own countries of origin, history and the past are frequently reduced to the status of irrelevant (and hence, unproblematic): that which counts is the blank slate of the future and the past serves the present and the future.
For almost a century the cinema has been one of, if not the, most important vector through which Americans collectively "remember" and, equally importantly, "forget" enduring aspects of US history. This paper examines the role of the war film in the cultural construction of meaning about the American past. Focusing particularly on the evolving and contested cinematic representation of the wars in Vietnam and Iraq, the paper explores the different ways in which Hollywood movies worked both the undermine and to reinforce official narratives of these wars.


Karine Michel (IDEMEC, Aix)

L’espace mémoriel de Berlin, entre Shoah et communisme

Au travers d’une visite guidée dans le temps et l’espace mémoriel berlinois, il s’agira d’expliciter la mémoire évoquée (essentiellement celle de la Shoah), le choix monumental opéré et les réceptions de ces espaces, notamment par les juifs du Berlin d’aujourd’hui. La mémoire urbaine de Berlin fut élaborée en plusieurs temps, révélateurs du traitement mémoriel différencié entre est et ouest. Ainsi, selon la période et selon le lieu, les monuments créés ne répondent pas à la même logique politique. L’inscription des lieux de mémoire aujourd’hui dans la ville est éloquente, et les politiques mises en place pour « gommer » ou « rééquilibrer » ce paysage sont-elles même visibles.
La description de certains lieux de mémoire berlinois, dans leurs caractéristiques et leurs significations, permet d’expliciter la politique mémorielle mise en place, son évolution et sa réception au fil du temps. Ce papier suivra donc le cours historique des instaurations de monuments dans Berlin, de l’après-guerre à aujourd’hui, pour mettre en exergue les différents conflits et revendications politiques ayant accompagné leur création. Il fera également une part importante à la réception de ces lieux de mémoire par les acteurs urbains, au travers d’extraits d’entretiens, et aux débats qu’ils suscitent, au travers d’éléments de presse.   

The memorial space of Berlin, between Shoah and communism

Through a guided tour in space and memorial space of Berlin, I’ll explain about the memory (mainly the one of the Shoah), the monumental choice operated and the reception of these spaces, in particular by the Jews living in Berlin today. The urban memory of Berlin had been worked out in many different times, revealing a different memorial treatment between east and west. So, according to time and place, monuments created don’t answer to the same political logical. The inscription of memorial places today in the town is expressive, and the politics established to “erase” or “reequilibrate” this landscape are themselves visible.         The description of some memory places of Berlin, in theirs characteristics and theirs significations, is a way to explicit the memorial politic established, its evolution and reception through time. This paper will follow the historical course of monuments establishment in Berlin, from the after-war till today, to highlight the different conflicts and political claiming given rise by their creation. A big part of this paper will also discuss the reception of these memorial places by the urban actors, through interviews abstracts, and debates they arouse, through press elements.
  
  
Lionel Baixas (CERI, CNRS/FNSP)

Conflit des origines et Origine du conflit : Le rôle de la littérature, du théâtre et du cinéma et de leurs représentations de la violence dans la reconstruction de l’imaginaire et de la mémoire collective de la Partition en Inde et au Pakistan.

Rompant avec la tyrannie du silence qui a longtemps régné sur l’expérience humaine des violences provoquées par la Partition de l’Empire britannique des Indes et favorisé la perpétuation de l’animosité entre les élites indiennes et pakistanaises tout en empêchant toute réconciliation entre les populations des deux pays, la troupe de théâtre pakistanaise Ajoka a explicitement représenté ces violences dans nombre de ses productions artistiques présentées dans le cadre d’un réseau transfrontalier d’artistes, l’APPAN, appartenant aux deux Pendjab indien et pakistanais, province elle-même divisée entre l’Inde et le Pakistan qui fut l’épicentre des violences, en vue de mettre en œuvre un processus transnational de transmission mémorielle en rupture avec les processus officiels nationaux d’écriture de l’histoire et susceptible d’engendrer une mémoire collective populaire apaisée et réconciliée. Afin d’appréhender le rôle et de mesurer l’impact de ces représentations artistiques de la violence dans l’émergence d’une telle mémoire et la promotion d’un processus de réconciliation, seront étudiés le traitement spécifique de la violence dans les pièces de théâtre d’Ajoka, en parallèle à sa représentation dans d’autres œuvres littéraire et cinématographiques majeures, et l’espace transnational de leur diffusion d’une part, les modalités d’articulation et d’interaction entre ces productions artistiques et les processus officiels d’écriture de l’histoire en Inde et au Pakistan d’autre part.

Conflict of Origins and Origins of Conflict: The Role of Literature, Theatre and Cinema and their Representations of Violence in the Rebuilding of the Imaginary and the Collective Memory of Partition in India and Pakistan.

Breaking with the tyranny of silence which reigned during a long time over the human experience of the violence provoked by the British Indian Empire’s Partition and fostered the perpetuation of animosity between Indian and Pakistani elites while preventing any reconciliation between the two countries’ populations, the theatrical troupe Ajoka has explicitly represented these violent events in several of their artistic productions presented in the frame of a cross-border network, APPAN, of artists belonging to both Indian and Pakistani Punjab, a province itself divided between India and Pakistan which was the epicentre of violence, so as to initiate a transnational process of memory transmission at odds with the official national process of history writing and likely to generate a pacified and reconciled popular collective memory. In order to apprehend the role and to measure the impact of these artistic representations of violence in the emergence of such a memory and in the promotion of a process of reconciliation, we will analyse the specific treatment of violence in Ajoka’s plays, parallel to its representation in other major literary and cinematic works, and the transnational space of their diffusion on the one hand, the patterns of articulation and interaction between these artistic productions and the official processes of history writing in India and Pakistan on the other.


Paola Diaz (Centre d’études des mouvements sociaux, EHESS)

Voix d’enfants. Mémoire, filiation et critique.  Les représentations du passé dictatorial chilien dans les œuvres de Macarena Aguiló et Alejandra Costamagna

Cette communication porte sur les représentations de la violence politique dans les œuvres des artistes chiliennes Macarena Aguiló et Alejandra Castamagna. Leurs œuvres respectives témoignent de cette violence dans des registres différents. Aguiló adopte un registre documentaire dans son film « El edificio de los chilenos » (La maison des Chiliens, 2011). Elle compose un récit qui interroge l’héritage et la transmission du passé à travers la mise en scène de trois générations. De son côté, Costamagna choisi le registre de l’écriture. Les ouvres qui nous intéressent ici sont la nouvelle « En voz baja » (En voix basse, 1996) et le conte « Nunca nadie se acostumbra » (Jamais personne ne s’habitue, 2011). Il s’agit de narrations fictionnelles qui donnent voix à une jeune fille dont les expériences personnelles et familiales se lisent sur le fond de l’histoire politique du pays.
D’une part, ces œuvres, dans leur composante testimoniale, se distinguent des récits de dénonciation sans toutefois cesser d’inviter le spectateur/lecteur à interroger et à critiquer le passé autoritaire et ses effets sur la vie quotidienne et politique. D’autre part, elles participent de la constitution d’un site absent des récits sur les violences politiques : le site et la voix des enfants. Personnage secondaire de l’histoire politique des adultes, l’enfant a expérimenté la violence et s’est constitué en agent de transmission d’un héritage trouble.

This paper focuses on the representation of political violence in the works of Chilean artist Macarena Aguiló and Alejandra Castamagna. Their works testify this violence in different registers. Aguiló adopts a documentary register in his film "El edificio de los chilenos" (Chilean’s Building, 2011). She composes a narrative that interrogates the past's legacy and transmission through the staging of three generations. Alternatively, Costamagna chose the register of writing. The works that interest us here are the novel "En voz baja " (In a low voice, 1996) and the story "Nunca nadie se acostumbra" (No one ever gets used, 2011). Both are fictional narratives that give voice to a girl whose personal and family experiences can be read against the backdrop of the country's political history.
On the one hand, these works, in their testimonial dimension, are different from the denunciating stories but continue to invite the viewer / reader to question and criticize the authoritarian past  and its impact on daily and politics life in the present. On the other hand, they participate in the formation of an absent site of stories and history about political violence: the site and the voices of children. As secondary characters in the adult's political history, children have experienced violence and served as agents of transmission of an uncanny heritage.

 
Dorothée Delacroix (Université Toulouse II Jean Jaurès, LISST-CAS)

La fabrique de la victime andine. Enjeux des commémorations de la guerre (1980-2000) à Lima (Pérou)

Le mémorial de L’Œil qui pleure (El Ojo que Llora) a été érigé en hommage aux victimes de la guerre au Pérou (1980-2000). Il est l’œuvre de l’artiste Lika Mutal en coordination avec divers militants des droits de l’Homme, et s’inscrit dans la continuité du travail effectué par la Commission de la Vérité et Réconciliation. J’aimerai m’intéresser, dans cette communication, au dispositif sémantique de la mémoire de la guerre qui est construit autour de ce mémorial. J’en aborderai deux aspects : la manière dont le passé préhispanique et la « cosmologie andine » ont été mobilisés par l’artiste. Les principales victimes de la guerre ayant été les paysans quechuaphones des Andes, nous verrons que l’élaboration de l’œuvre dans son ensemble participe d'une mise en scène de l’ethnicité dans le but de « valoriser » cette catégorie de victimes et de tendre vers leur « réintégration » à la société nationale. A partir d’observations répétées des cérémonies qui se tiennent sur ce site, complétées par des entretiens avec l’artiste et les militants des droits de l’Homme, je décrirai les différents supports visuels utilisés pour évoquer la guerre et ses protagonistes. J’interrogerai pour finir les effets sociaux et politiques de cette production artistique.

"The Making of the Andean victim. Issues of the commemorations of the war (1980-2000) in Lima (Peru)."

The Eye Crying (El Ojo que Llora) memorial was erected in tribute to the victims of the war in Peru (1980-2000). This is the work of the artist Lika Mutal, in coordination with various militants of Human rights, and is in continuity of the Commission of Truth and Reconciliation work. I will develop, in this communication, the semantics device of the war's memory that is built around the memorial. I will approach two aspects: the way that the pre-Hispanic past and the "Andean cosmology" were mobilized by the artist. The quechuaspeakers pesants from Andes were the main victims of the war, that is why we will see the development of the whole work contribute to a staging ethnicity in order to "enhance" this category of victims and to reach their "reintegration" in the national society. From repeated ceremonies' observations which took place on this site, completed by interviews with the artist and activists of Human rights, I will describe the different visual supports used to evoke the war and its protagonists. Finally, I will ask the social and political effects of this artistic production.


Chloé Josse-Durand (LAM - Les Afriques dans le Monde, Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux)

Quand la ville se fait le théâtre de luttes mémorielles : reconstructions urbaines et mémoires plurielles au Kenya après les violences post-électorales de 2007

Depuis le retour du pluralisme en 2002, les musées, mémoriaux, statues, squares et rues nommés après des héros nationaux se multiplient au Kenya. Souvent implantés au cœur même des centres urbains, ces nouveaux « lieux de mémoire » (Pierre Nora) contribuent à refaçonner le visage de Nairobi mais aussi des plus petites villes du pays. Véritables « puzzles socio-culturels » (Neino Chaibou), ils dévoilent au chercheur la complexe articulation des mémoire(s) locale(s) à la mémoire nationale. Ces espaces jouent également un rôle actif dans la reconstruction de la nation kényane suite aux violences post-électorales de 2007, qui firent 1100 morts et 600000 réfugiés intérieurs, autant qu’ils portent les stigmates des directives mises en place par le gouvernement de Grand Coalition, une alliance politique de sortie de crise suggérée par l’ONU. Cette communication vise à mettre en évidence les reconstructions urbaines découlant de politiques mémorielles post-conflit, en abordant la mémoire des violences politiques au travers des monuments et des traces de ces conflits passés qui fleurissent dans l’espace urbain. Cette présentation explorera également le rôle ambigu joué par la mise en exergue du patrimoine national, ainsi que les tensions produites par l’identification controversée de nouveaux héros par la Taskforce on National Heroes and Heroïnes déployée depuis 2007, à l’origine d’une fragmentation des imaginaires nationaux et de vives compétitions pour l’accès à l’espace public kényan.

Cities as Battlegrounds in Memory Struggles: Urban Reconstruction and Plural Memories in Kenya after the 2007 Post-electoral Violence

Since the return of pluralism in 2002, museums, memorials, statues, squares and streets named after national heroes are on a tremendous rise in Kenya. Often located at the very core of city centers, these new “lieux de mémoire” (Pierre Nora) are contributing to reshape the capital city Nairobi, as well as smaller towns within the country. Considered as “crucial socio-cultural puzzles” by Neino Chaibou, they reveal to researchers the complex linkage of local and national memories. While playing a great role in the reconstruction of the memory of the nation after the 2007 post-electoral acts of violence which left around 1,100 dead and 600,000 Internal Displaced People, these spaces are heavily influenced by the efforts of the Grand Coalition government, a political alliance overseen by the UN as a resolution to the crisis. This presentation aims at highlighting the urban reconstructions arising from these post-conflict “memo-policies”, by questioning the memory of political violence through monuments and remnants of the conflicts from the past that are flourishing in the urban space. It will also explore the ambiguous role played by the promotion of national heritage, as well as the tensions produced by the controversial identification of the new heroes of the nation. Led indeed by a governmental Taskforce on National Heroes and Heroines since 2007, this process generates a fragmentation of the national imagination as well as vivid competitions to access the public space in Kenya.

 
Julie Lavielle (ISP, CNRS/Université de Paris Ouest)

Transformer la ville en reconnaissant les victimes: politique mémorielle et urbanisme social à Medellín (Colombie)

Depuis 2003 et la démobilisation des groupes paramilitaires, la municipalité de Medellin a fait de sa politique d’urbanisme social un outil clef de la pacification de la ville. La reconnaissance des victimes du conflit armé va de pair avec le remodelage de leur cadre de vie afin de les inclure dans l’image d’une nouvelle ville devenue « innovante » et « résiliente ». Fruit de ce processus, le Musée-Maison de la Mémoire a pour objectif de mettre en récit le conflit à partir du témoignage des victimes et s’insère dans un plan de réaménagement urbain et de relogement de 125 familles d’un quartier ouvrier portant les stigmates du conflit et du narcotrafic.
A partir des résultats d’un travail ethnographique et sociohistorique mené au sein du musée, de son environnement et auprès des habitants relogés, cette communication interroge l’articulation entre la politique mémorielle municipale et les mémoires locales. Alors que le musée porte les mémoires des victimes dans l’espace public, le processus de gentrification, en dispersant les habitants du quartier, participe à l’effacement des mémoires et du patrimoine locaux.
En s’intéressant aux tensions et aux croisements entre les mémoires révélées et les mémoires occultées, on montre comment le façonnement architectural et symbolique d’une nouvelle Medellin s’appuie sur la valorisation de certains récits pouvant authentifier un post conflit qui reste pourtant à construire.

Transforming the city by recognizing victims: the politics of memory and social urbanism in Medellin (Colombia)

Since the beginning of the paramilitary demobilization process in 2003, Medellin’s local council has given its politics of social urbanism prominence to pacify the city. Recognizing the victims of the armed conflict and remodelling their living environment go hand in hand so that they fade in a new city’s background:  an “innovative” and “resilient” city. As a result, the House of Memory Museum aims at narrating testimonies given by conflict victims and it fits in an urban development re-housing project of 125 families, in a working-class neighbourhood that bears the scars of conflict and drug trafficking.
Based on the findings of a socio-historical and ethnographic study carried out in the museum, its environment and among the re-housed inhabitants, this communication questions the interface between the municipal politics of memory and the local memories. While the museum brings the victims’ memories out in the public sphere, the gentrification process disperses the neighbourhood residents and contributes to the obliteration of local memories and heritage.
By focusing on the tensions and the junctions between revealed memories and eclipsed memories, it shows how the architectural and symbolic shaping of a new Medellin relies upon some stories that can authenticate a post conflict which is yet to be built.

 
Federica Rossi (EHESS, Laboratoire Interdisciplinaire d’Etudes sur la Réflexivité- LIER)


Luttes de plaques. Analyse des controverses interprétatives des « années de plomb » italiennes à travers les plaques commémoratives à Bologne et à Milan

Les années 1970, caractérisées en Italie par la radicalisation des groupes politiques d’extrême gauche, mais aussi par des attentats explosifs d’origine néofasciste dans des lieux publics, sont encore aujourd’hui au centre de nombreuses controverses. Cette communication étudie deux cas de polémiques entourant des plaques commémoratives d’événements remontant à ces années. La plaque apposée à la gare de Bologne en souvenir de l’attentat du 2 aout 1980, a été contestée à plusieurs reprises au cours des vingt dernières années par des élus de droite pour l’usage de l’adjectif fasciste dans son inscription « Victimes du terrorisme fasciste ». En revanche, la plaque commémorant la mort de l’ouvrier anarchiste Giuseppe Pinelli, « tombé » d’une fenêtre de la préfecture de Milan en 1969, a eu, depuis sa première apposition en 1975 par des anarchistes milanais, une vie très difficile. Les vives controverses autour de cette mort se reproduisent ainsi encore aujourd’hui dans les polémiques concernant la plaque commémorative. Ces deux cas fournissent un exemple de comment des « lieux de mémoire » peuvent être fortement investis d’une valeur politique et traduire aussi bien des concurrences interprétatives du passé, que des oppositions politiques actuelles. Les plaques représentent en effet non seulement un moyen d’inscrire la mémoire d’un événement dans l’espace urbain, mais aussi de façonner l’identité politique d’une ville et de re-signifier les événements passés»

Plaque struggles. Analysis of contentious interpretations of the Italian « years of lead » through the commemorative plaques in Milan and Bologna.

The 1970s, characterized in Italy by the radicalization of far left political groups, but also by far right bombings in public spaces, are still today a subject of strong controversies. This paper will study two cases of contentions about commemorative stones of events happened during that period. The plaque at the station of Bologna in commemoration of the bombing on the 2nd August 1980 has been contested several times over the last twenty years by right-wing politicians for the adjective “fascist” used on its inscription “Victims of the fascist terrorism”. On the other hand, the memorial stone in memory of the death of the anarchist worker Giuseppe Pinelli, “fallen” from a window of the police station in Milan in 1969, has had a very difficult existence since it has first been put in 1975. Thus, the past controversies about this death are still continuing today in relation to its memorial stone. These two cases offer an example of how « places of memory » can be highly charged with political meanings and reveal competitive interpretations of the past as well as contemporary political oppositions. Plaques represent not only an attempt to inscribe the memory of an event in the urban space, but also to shape the political identity of a city and to re-signify past events.


Juan E. Serrano Moreno (Université de Murcie)

Célébrer la victoire, oublier la défaite. Les mémoires de la Guerre Civile dans les politiques de la ville de Murcie dans l’après-guerre (1939-1945) et la transition à la démocratie (1975-1982).

L’étude comparée de la gestion des symboles historiques, politiques et religieux présents dans la voie publique réalisée par les autorités locales pendant les périodes dits de « l’après guerre » (1939-1945) et de la « transition à la démocratie » (1975-1982) permet d’éclairer les mécanismes de production des représentations partagées d’un conflit armé et son rôle dans construction d’une topographie légendaire d’une ville. À partir d’une étude de cas centré dans la ville de Murcie, nous nous interrogerons sur l’ancrage dans l’espace urbain des différentes mémoires de la Guerre Civile marquées par l’oscillation entre la politisation et dépolitisation des récits. Ainsi, nous tenterons d’éclairer dans le temps long à partir de l’analyse des configurations d’acteurs la tension existante entre les récits officiels qui ont célébré la victoire et la Croisade, puis la réconciliation, et ceux qui ont cherché à commémorer le combat pour la liberté et la démocratie promus par des acteurs politiques outsiders jusqu’à leur accession au pouvoir lors des premières élections libres locales en 1979.

Celebrate the victory, forget the defeat.The memories of the spanish civil war in the urban policies of the city of Murcia during the post-war period (1939-1945) and the transition to democracy (1975-1982).

The comparative study of the management of historical, political and religious symbols present in the urban areas of Spain carried out by local authorities during the "post war" (1939-1945) and the "transition to democracy" (1975-1982) periods brings the opportunity to analyze the production of shared representations of war and its role in building a legendary topography of a city. From a case study centered in the city of Murcia, we will question the integration in the urban space of the memories of the Civil War marked by the oscillation between politicization and depoliticization. Thus, we will analyze in the long term the configurations of actors and the tensions between official narratives that celebrated the victory, Crusade and reconciliation, and those who sought to commemorate the fight for freedom and democracy promoted by outsiders political players until they came to power in the first local free elections in 1979.


Roberta Caldas (Brandenburg University of Technology)

L'expressions artistique et le patrimoine gênant: le cas de l'East Side Gallery. Artistic expressions and uncomfortable heritage: the East Side Gallery case

The East Side Gallery is an open air gallery set in the longest remaining stretch of the Eastern side of the Berlin Wall also known in the GDR as the “antifascist wall”. Since its early years, the  Berlin Wall has attracted art expressions with or without political subjects on its Western side surface. Right after its opening in 1989, art trespassed to the Eastern side of the Wall, a white  canvas previously unreachable to East Germans. This paper presents the case of the East Side  Gallery as an open air art gallery consequence of the political violence and separation perpetrated by the GDR during its dictatorship ruling. The paper discusses the memorialization of this Wall stretch situated in the middle of a coveted piece of Berlin’s land and the recent efforts for its conservation and interpretation. The article is based on research performed for  the author’s Master’s thesis.

Anélie Prudor (LISST-Centre d'Anthropologie Sociale)

Entre volonté(s) mémorielle(s) et enjeux politiques et sociaux actuels : la construction d’un monument républicain dans la ville de Huesca en Espagne

Le « Parc des Martyrs de la Liberté », inauguré à Huesca en décembre 2014, est un projet financé par la mairie de la ville dans le cadre d’un projet européen de réhabilitation urbaine. Le monument en hommage aux « défenseurs de la liberté », qui en constitue le point culminant, a été porté par le Cercle républicain Manolín Abad et la Confédération nationale du travail (CNT, anarchiste), soucieux de réinvestir ce lieu où furent fusillées et enterrées 545 personnes entre 1936 et 1945. Cette construction s’inscrit dans une ville où les « lieux de mémoire » républicains (monuments, cimetières et plaques) sont déjà nombreux. Il est donc indispensable de prendre en compte la succession, voire la superposition spatiale et chronologique des événements commémorés afin de comprendre les motivations qui conduisent à ce retour des mémoires. Mais cet édifice a aussi contribué au rapprochement entre deux groupes aux relations jusqu’alors rares, voire inexistantes. Ce sont donc aussi deux rapports à la récupération de la mémoire et à la (ré)appropriation de l’histoire qui sont à interroger pour mieux comprendre ce que signifie, près de 70 ans après les événements, cette « mémoire historique », qui s’exprime de diverses manières dans cette ville d’Aragon. Au travers d'une ethnographie précise, il s’agit de proposer une lecture originale des enjeux mémoriels à l’œuvre sur ce territoire après une longue période de silence, mais aussi des engagements bien plus actuels qu’ils sous-tendent.

Between memorial will(s) and current political and social issues: building a republican monument in the city of Huesca (Spain)

The “Park of Martyrs of Freedom”, inaugurated in Huesca in December 2014, is a project financed by the city council as part of an European project of urban rehabilitation. The monument in tribute to “The defenders of freedom”, which constitutes its climax, was initiated by the Republican Circle Manolín Abad and the National Confederation of Labour (anarchists), who care about reinvesting this place where 545 people were shot and buried between 1936 and 1945. This construction is added to a city where republicans’ “sites of memory” (monuments, cemeteries, plaques) are already manifold. So, it’s essential to consider the succession, even the spatial and chronological superimposition of the commemorated events to understand the motivations leading to this return of memories. But this building also participated to the rapprochement between two groups whose relations were previously infrequent or totally absent. Therefore, there are two relations with the recovery of memory as well as the (re)appropriation of the history, we can question in order to better understand what means this “historical memory”, expressed in various ways in this city of Aragon, almost seven decades after the events. Through a precise ethnography, we’re aiming at proposing an original reading of memory issues at stake in that territory after a long period of silence, but also of currents commitments underlying.


Participants

Baixas Lionel   lionel.baixas@gmail.com
Ball Jeremy   ballj@dickinson.edu   
Caldas Roberta   robertacaldas@gmail.com     
Delacroix Dorothée   dorothee.delacroix@gmail.com
Diaz Paola   paola.diaz@ehess.fr   
Goncalvez Cécile goncalvescecile1@gmail.com   
Gonzalez Johanna   johisg@yahoo.com
Josse Durand Chloé   chloe.jossedurand@gmail.com    
Merlin Aude   amerlin@ulb.ac.be   
Michel Karine   Michel@mmsh.univ-aix.fr   
Lavielle Julie   julie.lavielle@gmail.com   
Lefranc Sandrine   sandrinelefranccnrs@gmail.com   
Lima Juliana   ju.lvcpm@gmail.com
MacLeod Alex   macleod.alex@uqam.ca   
Matonti Frédérique   frederique.matonti@wanadoo.fr   
Papazian Taline   taline.papazian@sciencespo.fr   
O'Meara Dan   r25304@er.uqam.ca   
Prudor Anelie   a.prudor@gmail.com   
Rabearimanana Lucile   srlucile@gmail.com   
Ragaru Nadège   nadege.ragaru@sciencespo.fr    
Rossi Federica   rossifred@yahoo.fr
Serrano-Moreno Juan   juane.serrano@yahoo.fr   
Vynokurov Igor   igor.vynokurov@eui.eu
Zsolt Jakab Albert jalbertzsolt@yahoo.com

 

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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