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Section Thématique 56

La mise en politique de la biodiversité : éclairages pluridisciplinaires
Politics and Policy of Biodiversity: multidisciplinary perspectives

Responsables

Daniel COMPAGNON (Sciences Po Bordeaux) d.compagnon@sciencespobordeaux.fr
Marie HRABANSKI (CIRAD) marie.hrabanski@cirad.fr
Estienne RODARY (IRD) Estienne.Rodary@ird.fr

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Notion synthétique désignant des réalités emboîtées depuis le gène jusqu’à l’écosystème, voire la biosphère, la biodiversité est un construit scientifique des biologistes ayant remplacé l'ancienne « nature » des philosophes. C'est aussi un construit social (ensemble des représentations, prises de position, décisions publiques et conflits autour de la protection des milieux et des espèces) et en tant que tel le produit de systèmes de valeurs et de normes localisés dans des communautés humaines différenciées. La biodiversité vécue et politiquement controversée s'éloigne bien souvent des représentations savantes. Ce hiatus affecte les modalités de la mise en politique de la biodiversité.
 
L'enjeu de la biodiversité est explicitement présent ou au moins sous-jacent dans un grand nombre de politiques publiques (par exemple en France dans le Grenelle de l’environnement), mais aussi dans un grand nombre de régimes internationaux globaux et régionaux (CITES, CDB, RAMSAR, Convention de Berne sur les oiseaux migrateurs etc.) dont certains sont apparus dès les années 1970, à travers d'importantes directives de l’Union européenne sur les oiseaux migrateurs ou les zones humides, dans les stratégies nationales d'aménagement du territoire (« trame verte et bleu »), ou encore dans la planification urbaine avec la problématique de la biodiversité en ville. En outre, la biodiversité se trouve insérée dans des dispositifs de plus en plus complexes et globalisés de production/dissémination de normes privées ou hybrides, notamment au nom du développement durable (Alphandéry et al. 2012), et dans l'économie politique des chaines de production (Dauvergne et Lister 2010).
 
Cet enjeu est par essence transversal et s'inscrit dans la réalité de la catastrophe écologique globale (Semal 2012), désormais résumée par l’hypothèse de l'anthropocène (Bonneuil et Fressoz 2013). Or, la conservation de la biodiversité entre en conflit avec un grand nombre de politiques sectorielles ; elle est alors systématiquement sacrifiée aux impératifs de la croissance économique et du développement technicien. Les outils juridiques développés depuis les années 1970 apparaissent, à cet égard, très insuffisants, dès lors que la volonté politique fait défaut.
Il en est de même dans les pays du Sud, lancés dans une fuite en avant semblable à celle des pays de l’OCDE, avec une accélération considérable ces dernières années pour les émergents, ce qui les conduit le plus souvent à reléguer l’enjeu de la conservation de la biodiversité au dernier rang de leurs préoccupations. L’importante littérature de sciences sociales qui s’est efforcée depuis 40 ans de penser la contradiction, au plan local comme au plan global, entre conservation et développement (Compagnon et Constantin 2000 ; Rodary, Castellanet et Rossi 2003), en prenant en compte le sort des populations les plus pauvres et marginalisées, a parfois perdu de vue l’importance de l’enjeu biodiversité dans sa spécificité – y compris comme bien commun planétaire. À long terme, le « réalisme » des développeurs est une illusion s’il se paie de la disparition de la biodiversité au rythme où elle s'effectue déjà.
 
Depuis les années 1990, la question de la valorisation économique de la biodiversité est devenue une thématique montante dans les arènes politiques et scientifiques internationales. Les débats préparatoires à Rio+20, et ceux qui ont accompagné le Millenium Ecosystem Assessment en 2005, ont également souligné l'intérêt (ou le danger) d'accorder une valeur économique à la nature pour mieux la protéger, en faisant notamment la promotion des paiements pour services écosystémiques (Pesche et al. 2013 ; Carrière et al. 2013). Cela n’effacera pas les décalages dans les échelles de temps (entre profit à court terme de l’exploitation des ressources et bénéfices à long terme de la conservation) et les conflits entre groupes s’appropriant la valeur sur les « marchés de la biodiversité » (Aubertin, Pinton et Boisvert 2007).
La démocratisation de la gestion de la biodiversité met en jeu le rôle, parfois critiqué, des ONG (Aubertin 2005), mais aussi la dépossession de populations du Sud par des experts de la conservation et des bailleurs de l'aide internationale (Hrabanski et al. 2013), en mettant en question le caractère réellement participatif de la gestion décentralisée des ressources naturelles et aires protégées. La question de la participation populaire aux choix de politiques publiques se pose de façon aussi aigüe dans les pays développés.
 
Or, la biodiversité est une thématique relativement négligée, en particulier en science politique française ou francophone (c’est moins vrai pour le Canada ou la Suisse), encore davantage que la question – également décisive – du réchauffement climatique, voire les problèmes d'environnement en général (Villalba 2006).
S’il existe une littérature sur les politiques publiques nationales ou européennes relatives à la protection des milieux naturels, zones humides et espèces spécifiques, elle apparaît assez largement déconnectée de celle sur les régimes internationaux (Le Prestre 2002). De sorte qu’il n’y a guère de réflexion globale sur la mise en politique de la biodiversité, sur l’articulation des différentes échelles notamment, et donc sur les formes et modalités propres de politisation qui permettraient de mieux comprendre, peut-être, la position subalterne de cet enjeu dans l’agenda politique.
L’approche pluridisciplinaire de cet objet est d’autant plus nécessaire que la littérature pertinente – difficile à recenser exhaustivement ici – est dispersée entre le droit, la sociologie, la géographie, l’anthropologie sociale, l’économie des ressources, les sciences de l’environnement, la political ecology anglo-américaine (Gautier et Benjaminsen 2012) etc. C'est pourquoi ce projet est porté conjointement par une sociologue, un géographe et un politiste.
En outre, ce questionnement  commence à pénétrer le milieu des sciences dures, qui a réalisé combien la dimension humaine de cet enjeu en conditionnait de plus en plus l’appréhension scientifique et, de ce fait, est demandeur de collaborations avec les sciences sociales et notamment la science politique. Ce mouvement ne peut que s’amplifier avec la création au plan international de la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), censée jouer pour la biodiversité le rôle du GIEC pour le climat. À l’échelle internationale, ce dialogue interdisciplinaire s’inscrit dans une cristallisation des Earth System Sciences.
 
L’objectif de cette section thématique est donc de mobiliser un certain nombre de travaux sur la biodiversité, dans le but à relativement court terme, de publier un état des lieux en français sur les politiques de la biodiversité (livre collectif ou numéro spécial de revue) et à moyen terme de favoriser un fonctionnement en réseau des chercheurs intéressés, en facilitant leur collaboration dans des projets de recherche financés par l’ANR ou les dispositifs européens.
 
Les communications seront organisées autour de cinq axes principaux :
- origines et effets politiques de la valorisation économique de la biodiversité ;
­- apport des sciences à la construction de la biodiversité comme problème public ;
- dimension transcalaire des politiques de biodiversité ;
- interactions entre régimes de la biodiversité et complexe de régimes du changement climatique ;
- démocratie et droits humains dans la conception et la mise en œuvre des politiques de biodiversité.


Biodiversity like other environmental issues is both a scientific and a social construct. Pervading, explicitly or implicitly, number of public policies – including at European level – in several domains, biodiversity is also the focus of many international regimes. Furthermore, it is at the core of sustainable development issues, and is affected by the logic of global commodity chains. Moreover, the erosion of biodiversity is a symptom of the global ecological crisis that threatens to engulf humanity in the Anthropocène.
In addition to the literature on CITES, CBD and other biodiversity regimes, there has been a significant debate since the 1980s on conservation and development in the Global South. More recently, the need to better value biodiversity from an anthropocentric perspective led to a growing interest for the ecosystem services approach, and subsequently to renewed debates on the privatisation of biodiversity governance. The demand for a more democratic governance of biodiversity conservation took the shape of indigenous peoples rights’ enhancement in developing countries, and the participatory politics of policy-making in OECD countries.
In spite of the wealth of political questions it can generate, biodiversity issues remain a relatively neglected research field in French (perhaps francophone) political science. The relevant literature is scattered across disciplines and there is insufficient cross-fertility between various social sciences working on this topic. Therefore, this thematic section jointly promoted by a geographer, a sociologist and a political scientist adopts a multidisciplinary approach in line with the Earth System Sciences perspective, and aim at taking stock on existing knowledge on biodiversity politics across the scale.
 
Accepted papers will address some of the following questions:
- origins and political effects of biodiversity economics,
- science inputs in the construction of biodiversity as a policy issue,
- transcalar dimensions of biodiversity policies,
- interactions between biodiversity regimes and the climate change regime complex,
- democracy and human rights in biodiversity policy elaboration and implementation.


Références

Alphandéry P., Djama M., Fortier A. et Fouilleux E. (éds.), 2012, Normaliser au nom du développement durable. Dispositifs, savoirs, politiques, Versailles, éditions Quae.
Aubertin C., 2005, (éd.), Représenter la Nature ? ONG et biodiversité, Paris, Editions de l’IRD.
Aubertin C.,  Pinton F. et Boisvert V. (éds.), 2007, Les marchés de la biodiversité, Paris, Editions de L'IRD.
Bonneuil C. et Fressoz, J.-B., 2013, L'évènement anthropocène, Paris Le Seuil.
Carrière, S. M., Rodary E., Méral P., Serpantié G., Boisvert V., Kull C. A., Lestrelin G., Lhoutellier L., Moizo B., Smektala G. et Vandevelde J.-C., 2013. « Rio+20, biodiversity marginalized », Conservation Letters 6 (1), p. 6-11.
Compagnon D. et Constantin F. (éd.), Administrer l’environnement en Afrique. Gestion communautaire, conservation et développement durable, Paris, Karthala, 2000
Dauvergne P. et Lister J., 2010,  »The Power of Big Box Retail in Global Environmental Governance: Bringing Commodity Chains Back into IR« , Millennium, 39(1) pp. 145–160.
Gautier D. et Benjaminsen T. A. (eds.), 2012, Environnement, discours et pouvoir. L'approche Political Ecology, Versailles, éditions Quae.
Hrabanski M., Bidaud, C., Le Coq, J.-F. et Méral, P. 2013, « Environmental NGOs, policy entrepreneurs of market-based instruments for ecosystem services? A comparison of Costa Rica, Madagascar and France », Forest Policy and Economics, 37, pp. 124-132.
Le Prestre, P. G. (éd.), 2002, Governing Global Biodiversity: The Evolution and the Implementation of the Convention on Biological Diversity, Aldershot, Ashgate,
Pesche D., Méral P., Hrabanski M. et Bonnin M., 2013, « Ecosystem services and payments for environmental services: two sides for the same coin? », in R. Muradian et L. Rival (eds.), Governing the provision of ecosystem services, Springer.
Rodary E., Castellanet C. et Rossi G. (eds.), 2003, Conservation de la nature et développement, l'intégration impossible?, Paris, GRET-Karthala.
Semal L., 2012, Militer à l’ombre des catastrophes. Contribution à une théorie politique environnementale au prisme des mobilisations de la décroissance et de la transition, Thèse de doctorat en Science politique, Université Lille 2.
Villalba B., 2006, «La sociologie politique et l'environnement : questions sur un silence», in C. Beck, Y. Lughinbül et T. Muxart (éds.), Temps et espaces des crises de l'environnement, Paris, éditions Quae, pp. 369-382.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 3 : mardi 23 juin 9h00 – 12h00
Session 4 : mercredi 24 juin 14h00 – 17h00

Lieu : voir le planning des sessions


Programme

Brève présentation de la ST par Daniel Compagnon (Sciences Po Bordeaux - UMR Centre Emile Durkheim)

Axe 1 / La construction de la biodiversité comme problème public
Présidence : Estienne Rodary (IRD - UMR GRED Montpellier)

1.1 Existe-il un régime politique de la biodiversité ?
Discutant : Daniel Compagnon (Sciences Po Bordeaux - UMR Centre Emile Durkheim)

1.2 Comment articuler les échelles ?
Discutante : Marie Hrabanski (CIRAD- UMR Art-dev Montpellier)

Axe 2 / La construction de la biodiversité dans les politiques sectorielles
Présidence : Marie Hrabanski (CIRAD- UMR Art-dev Montpellier)

2.1 Biodiversité et exploitation forestière
Discutant : Estienne Rodary (IRD - UMR GRED Montpellier)

2.2 De la conservation à la valorisation de la biodiversité agricole
Discutant : Estienne Rodary (IRD - UMR GRED Montpellier)


Résumés des contributions

Marc Hufty (IHEID, Genève)
 
Pourquoi la gouvernance environnementale globale ne peut résoudre la crise de la biodiversité: l'hypothèse idéologique

En dépit d'un investissement considérable, à divers niveaux de gouvernance et par une variété de mécanismes, un constat se répète: la biodiversité est en crise au niveau mondial. Depuis le signal d'alarme lancé par Rachel Carson en 1962, nous sommes les témoins, et les acteurs, d'une catastrophe sans précédent. Les causes en sont globalement connues (destruction des habitats, espèces invasives, démographie, pollution et surconsommation), les actions à prendre elles aussi, et les ressources financières, sans être suffisantes sont tout de même conséquentes. Comment expliquer ce fossé entre l'institutionnalisation croissante du « régime international de la biodiversité » et son insuccès sur le terrain? Aucune explication simple n'est suffisante. Parmi plusieurs ensembles de facteurs qui interagissent, je développerai ici ce que je nomme l'hypothèse de l'idéologie. En synthèse, le référentiel, soit le cadre conceptuel qui oriente l'action de la communauté internationale est dominé par la « modernisation écologique », une vision techno-scientifique, statocentriste, capitaliste et néolibérale. Il y a « progrès » par la rationnalisation, le contrôle ou l'internalisation des externalités (e.g. économie verte et services écosystémiques), mais cette visio n'opère pas la rupture nécessaire pour rétablir l'équilibre entre les humains et la biodiversité. Ma démonstration repose sur une analyse critique de discours de la modernisation écologique appliquée à la biodiversité.
 
Why global environmental governance doesn't succeed in solving the biodiversity crisis: The ideological hypothesis

In spite of considerable investments, at various levels of governance and through a variety of mechanisms, biodiversity is in a worldwide crisis. Since Rachel Carson's warning in 1962, we have been the witnesses, and also actors, of an unprecedented catastrophe. The causes of this crisis are known (Habitat loss, Introduced species, Population growth, Pollution, Over-consumption), and so are the actions to be taken, we also have the financial resources, deemed insufficient, yet substantial. How to explain the gap between the growing institutionalization of the "international biodiversity regime" and its failure on the ground? No simple explanation can provide an answer. Among different interacting factors, I present what I call the ideological hypothesis. In short, the conceptual framework that guides the international community's action for biodiversity is dominated by the "ecological modernization" approach, based on a techno-scientific, state-centered, capitalist and neoliberal vision. There is "progress" by rationalization and control and the internalization of externalities (e.g. green economy and ecosystem services), but it is in no way the breakthrough needed to restore the balance between humans and biodiversity. My argument is based on a critical analysis of the discourse of ecological modernization applied to biodiversity.
 
Ana Flavia Barros-Platiau (IREL, Université de Brasilia,  CERIC-DICE / Projet CAPES edital Mar 43) et Sandrine Maljean-Dubois (CNRS, CERIC-DICE CNRS/Aix-Marseille Université)
 

La gouvernance internationale des ressources marines vivantes de la haute mer : vers une cohérence accrue ?

Pour réfléchir en termes de fragmentation/dé-fragmentation de la gouvernance internationale de l’environnement, la question de la conservation des ressources marines vivantes de la haute mer est tout à fait intéressante. En effet, l’enjeu est particulièrement emblématique du fait de la localisation de ces ressources hors des juridictions nationales. Elles sont juridiquement au croisement de nombreux espaces conventionnels relevant du droit de la mer et des pêcheries, du droit de l’environnement, du droit international économique. Pourtant, en dépit de la multiplicité des régimes internationaux, la coopération internationale repose encore aujourd’hui sur des bases fragiles et lacunaires. Au-delà de la question du statut de ces ressources, se pose celle de leur régime, par définition écartelé entre des objectifs contradictoires de conservation et exploitation, et au-delà encore celle de la protection des écosystèmes et du milieu marin dans lesquels elles vivent. Les négociations internationales lancées à Rio+20 à ce sujet, sous les auspices du groupe onusien Biodiversity Beyond areas of National Jurisdiction s’avèrent délicates. Dans un contexte politique et juridique complexe, il n’est pas certain qu’elles débouchent sur un accord socle, porteur d’une nouvelle dynamique de coopération et parvenant à recomposer l’action collective internationale en la matière.
 
International governance of living marine resources in the high seas: towards more integration?

Conservation of biological resources in the high seas is an interesting issue to assess the international environmental governance fragmentation/defragmentation. This matter is particularly emblematic since marine resources are beyond national jurisdiction areas. Therefore, they are at crossings of different legal conventions from the law of the seas, fishing laws, environmental law and international trade law. However, despite several international regimes, international cooperation has a rather fragile and incomplete basis. Questions abound concerning the status of such resources, their regime (torn between contradictory targets of conservation and exploration), their ecosystems and their marine environment. In addition, international negotiations launched at the Rio+20 meeting under the auspices of the UN Biodiversity Beyond areas of National Jurisdiction Group are frail. In a complex political and legal context, it is far from certain that they will lead to an umbrella agreement, bringing up a new cooperation momentum and allowing to rebuild international collective action.

 
Luc Sémal (MNHN, Cesco) et Mathilde Szuba (Cetcopra, Paris 1-Panthéon-Sorbonne)
 
Fragilité d’une mise en politique : la résilience des politiques de conservation dans la récession grecque

Depuis la crise économique de 2008, la Grèce a connu une période prolongée d’intense récession, dont les conséquences sociales et environnementales commencent seulement à être analysées. En matière de biodiversité, la réaffirmation politique d’une urgence économique et sociale a eu pour conséquence la fragilisation des politiques de conservation dans ce pays. En étudiant la priorité donnée aux grands projets d’aménagement, au nom de la relance de la croissance et au détriment de la protection des espaces naturels, nous proposons une réflexion sur la fragilité de la mise en politique de cet objet atypique qu’est la biodiversité. Nous nous appuierons pour cette étude sur une analyse sociologique des conflits environnementaux liés à certains projets d’aménagement particulièrement controversés, ainsi que sur l’analyse de certaines institutions de protection de la nature soumises à d’importantes contraintes budgétaires (ONGE ou Parcs nationaux). Cette approche sociologique fournira la base d’une réflexion plus théorique, dans une perspective de théorie politique environnementale, sur le caractère subalterne de la biodiversité dans la construction des priorités institutionnelles, notamment en temps de crise. Cela nous conduira à soulever la question de la capacité démocratique à concevoir des politiques de conservation de la biodiversité dans une perspective post-croissance, plutôt que dans une perspective de développement durable et de croissance verte.
 
The fragility of biodiversity politics: the resilience of Greek conservation policies in times of recession

Since the 2008 economic crisis, Greece has experienced a period of intense recession, the social and environmental consequences of which have only started to be analysed. Regarding biodiversity, the political reaffirmation of an economic and social emergency has resulted in the weakening of conservation policies in the country. Through a study of the priority given to major development projects, in the name of growth and at the expense of the protection of natural areas, we intend to propose an insight into the fragility of the institutionalisation of a politics of biodiversity, this atypical object This study will be based on a sociological analysis of a series of environmental conflicts related to controversial development projects, as well as on the analysis of some nature protection institutions, like ENGOs or National Parks, that have been subjected to significant budget constraints. This sociological approach will provide the basis for a more theoretical reflection, in a green political theory perspective, about the subordinate nature of biodiversity issues in the elaboration of institutional priorities, especially in times of crisis. This will lead us to raise the issue of the ability of democracy to develop biodiversity conservation policies in a post- growth perspective rather than from a perspective of sustainable development and green growth.

 
Paméla Obertan (CAGI, Université des Antilles) et Fred Reno (CAGI, Université des Antilles)
 
La biodiversité entre emprise étatique et risque d’exclusion des populations : les populations des Antilles et de la Guyane face au projet de loi sur la biodiversité

Partie au Protocole de Nagoya sur l'accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantages découlant de leur utilisation, la France l’a transposé dans son projet de loi-cadre sur la biodiversité. Toutefois, ce dernier crée des tensions notamment dans les régions des Antilles et de la Guyane. Ainsi, dans la version initiale, le pouvoir d’accorder ou non l’accès aux ressources était confié aux services centraux à Paris. Pourtant le Protocole est censé renforcer le contrôle des populations autochtones sur les ressources naturelles locales. 80% de la biodiversité de la France ainsi que 97% des espaces marins se trouveraient en Outre-mer et l'on pourrait s'attendre à une meilleure représentation des collectivités d’outre-mer dans les instances en charge de cette ressource. L’État, paradoxalement, en transcrivant ce protocole en droit français, renforcerait son emprise sur la gestion de la biodiversité et ne respecterait pas l’esprit de Nagoya. Nous analyserons les mobilisations locales pour amender le projet, les stratégies déployées aux différentes étapes d'examen du projet par les autorités locales et nationales, à partir d'une recherche-action. Celle-ci a mis à jour le faible intérêt des forces politiques et sociales instituées pour cet enjeu (en dépit du potentiel de renouveau du mode de développement local), le conflit de référentiels entre experts et acteurs locaux et représentants de l’Etat de participant à la construction de ce problème public.

Biodiversity between state control and marginalization of local communities: West Indies and French Guyanese people and the Biodiversity’s Bill

Party to the Nagoya Protocol on Access to Genetic Resources and the Fair and Equitable Sharing of Benefits Arising from their Utilization France transposed it in a Biodiversity draft bill, which generated criticisms in the French West Indies and French Guyana. For instance, the draft initially entrusted the central state bureaucracy in Paris with the responsibility to decide over the access to natural resources, whereas the Protocol is supposed to enhance the of local communities' control. It is estimated that 80% of France's biodiversity and 97% of its maritime zones are located in French overseas territories, and one could expect a better representation of local government authorities within decision making over these resources. In transposing the Protocol in French law paradoxically the state, it seems, would entrench its control over biodiversity management at odds with the spirit of Nagoya. We will analyse, with a research-action methodology, local mobilisations to amend the project and the strategies adopted at different stages of the project examination by local and national authorities. Our field work exposed limited awareness from institutionalised political and trade union forces for what is at stake--including the potential to rejuvenate the local development model--and the conflict of worldviews (référentiels) between state officials and local experts and people, which all contribute to the construction of biodiversity as a policy issue (problème public).


Emilie Dupuits (Université de Genève, Département de Science Politique, Global Studies Institute)
 
Les réseaux transnationaux de foresterie communautaire : quel rôle dans l’articulation de la diversité des échelles de la biodiversité ?

Depuis les années 1990, les forêts font l’objet d’une globalisation croissante liée aux politiques de conservation de la biodiversité et de lutte contre le changement climatique. Dans ce contexte, des organisations locales gérant les forêts selon un modèle communautaire se sont regroupées sous forme de réseaux transnationaux afin de constituer un intermédiaire direct entre le global et le local. C’est le cas de l’Alliance Mésoaméricaine des Peuples et Forêts (AMPB), réseau créé en 2010 qui regroupe des peuples autochtones et des organisations de foresterie communautaire. L’un de ses principaux défis est la construction de revendications communes parmi des acteurs hétérogènes aux traditions parfois opposées, notamment concernant la biodiversité.
Dans quelle mesure les réseaux transnationaux communautaires contribuent-ils à articuler les échelles de la biodiversité ? A travers une analyse empirique et discursive des revendications de l’AMPB, cet article cherche à étudier comment ses membres parviennent à construire une norme transnationale partagée sur la gestion forestière communautaire et territoriale, et dans quelle mesure l’utilisation qu’ils font de la biodiversité contribue à résoudre certains blocages entre échelles. Au-delà d’une analyse des conflits, cet article vise à porter un regard nouveau sur les possibles articulations entre échelles, acteurs et secteurs de la biodiversité.
 
Transnational networks in community forest management: what is their contribution to the coordination of diverse biodiversity scales?

Since the 1990s, forests are the object of increasing globalization processes linked to challenges of biodiversity conservation and climate change reduction. In this context, local organizations managing forests according to community-based principles created transnational networks with the objective to represent a direct intermediary between the global and the local. This is the case of the Mesoamerican Alliance of Peoples and Forests (AMPB), a network created in 2010 bringing together indigenous peoples and community forestry organizations. One of its main challenges is the construction of common claims among heterogeneous actors with opposite traditions sometimes regarding biodiversity.
To what extent do transnational community-based networks contribute to articulate biodiversity scales? Through an empirical and discursive analysis of the AMPB’s claims, this paper aims to study how its members succeed in building a shared transnational norm on territorial and community-based forest management, and to what extent the use they make of biodiversity contributes to resolve some of biodiversity scales mismatch. Beyond an analysis of conflicts, this paper aims to highlight the possible articulations between biodiversity scales, actors and sectors.

 
Gabrielle Bouleau et Pierre-Luc Marchal (Irstea Cestas Unité "Environnement, territoires, infrastructures")
 
"Mainstreaming" de l’enjeu de biodiversité dans la politique de l’eau en France

La politique européenne de l’eau est un exemple de secteur d’action publique qui a incorporé (mainstreaming) la question de la biodiversité à l’occasion de l’adoption de la directive cadre européenne de l’eau en 2000. Dans cette communication, nous proposons de relater les conséquences de ce choix sur la manière dont la biodiversité aquatique est politisée et gouvernée à travers ce secteur de l’eau. Nous montrons que la position dominante ou subalterne de la biodiversité par rapport aux autres critères d’évaluation de la qualité de l’eau n’est pas donnée. L’association de la biodiversité aux questions d’eau tend à imposer une certification des mesures dans le champ de l’hydrobiologie, ce qui fragilise ce champ d’expertise. A contrario, le risque de contentieux communautaire dans le domaine de l’eau, qui est plus politisé que celui dans le domaine de la biodiversité, a permis aux acteurs publics de la surveillance de la biodiversité aquatique d’obtenir des moyens supplémentaires. Ensuite nous montrons qu’en France, à l’occasion du Grenelle de l’environnement, les promoteurs de la biodiversité en rivière ont obtenu une ambition de restauration écologique des cours d’eau à travers la DCE qui n’a pas d’équivalent en Europe. Pour autant, cette ambition pourrait se retourner contre ses promoteurs qui n’ont pas anticipé le caractère irréversible de certaines dégradations.
 
Mainstreaming biodiversity in French water policy

The European water policy is a case of mainstreaming biodiversity concerns in other policy sectors. Biodiversity is a key element of the European water framework directive adopted in 2000. In this paper, we explore how aquatic biodiversity is politicized and governed through water policy. We show that the relative salience of biodiversity issues vis-à-vis other evaluation criteria of water quality is not a given. On the one hand, treating biodiversity within water issues imposed certification upon freshwater biology assessment providers, which in turn weakened this field of expertise as a profession. On the other hand, the risk of community sanctions against Member States, which is higher in water policy, allowed command and control state services in charge of biodiversity protection to get additional means. In France, the domestic agenda in 2008 favored the setting of high ambition for ecological restoration of watercourses, which has no equivalent in Europe.  Nevertheless, this ambition may hamper further development of biodiversity policy if not attained due to irretrievable degradations.

 
Symphorien Ongolo (Institute for Environmental Decisions, ETH Zurich & CIRAD)


Aux frontières du réformisme environnemental : l’Etat et la gouvernance forestière au Cameroun

Depuis les années 1980, les pays en développement ont régulièrement été sous pression d’un agenda de réformes de leurs politiques publiques, pensées, voire imposées, par les acteurs extérieurs à l’exemple des institutions financières internationales. Dans le secteur environnemental, les pays tropicaux sont notamment exhortés à internaliser une doctrine de « bonne » gouvernance visant à promouvoir la conservation des forêts ; la gestion durable, la décentralisation ou la protection des services éco-systémiques forestiers comme la séquestration du carbone.
En Afrique, cette vague réformiste se heurte d’une part au caractère néo-patrimonial de l’Etat et d’autre part à la montée d’un discours d’ « émergence » où l’exploitation accélérée des ressources naturelles est au centre des ambitions de prospérité économique des gouvernants. L’étude de la mise en œuvre de ces politiques à l’échelle d’un pays offre donc un terrain privilégié d’observation pour comprendre les stratégies de réactions, d’influence et de négociation que déploient les bureaucraties récipiendaires face aux pressions externes de réformes. A travers une étude de cas du Cameroun, cet article vise à comprendre comment un Etat, à ‘‘souveraineté limitée’’, peut se soustraire des contraintes externes de réformes forestières et tenter d’imposer son agenda dans ses politiques publiques.
 
At the frontiers of environmental reformism: statehood and forest governance in Cameroon

Since the 1980s, developing countries have undergone public policy reforms, which have been largely formulated, and even imposed, by external actors such as international financial institutions. In the environmental domain, tropical countries are notably urged to implement a “good” governance agenda fostering forest conservation, sustainable forest management, decentralization, as well as the protection of forest ecosystem services like carbon sequestration.  
In Africa, this wave of reformism faces the neo-patrimonial characteristic of the state on the one hand, and an upsurge of the aspiration to become an emerging nation on the other hand, in which the increasing exploitation of natural resources is at the core of the economic growth rhetoric of decision-makers. Studying the implementation of these policy reforms at a country level thus allows understanding the behaviour, influence and negotiation strategies used by recipient bureaucracies to face external pressure. Taking Cameroon as a case study, this paper aims to understand how a country with limited statehood may skilfully circumvent external pressure for forest policy reforms and try to impose its own agenda in public policy.

 
Cécile Cathelin (CIRAD et Laboratoire Triangle Lyon 2-IEP)
 
La biodiversité, une préoccupation secondaire dans la fabrique par des coalitions du Programme de Paiement pour Services Environnementaux du Costa Rica

Fondée sur une enquête de terrain au Costa Rica, cette communication cherche à montrer en quoi la biodiversité reste une préoccupation secondaire de la politique incitative des forêts privées du pays. Si la diversité biologique constitue une préoccupation centrale de la politique des aires protégées et fait l’objet d’initiatives de valorisation économique, elle est plus périphérique dans le cadre de la politique des forêts privées. A l’aide d’apports théoriques sur les coalitions (Sabatier et Jenkins-Smith 1993, Massardier 2008), cette communication analyse la mise en politique de la biodiversité à travers la mise en législation et la mise en œuvre du Programme de Paiement pour Services Environnementaux. Nous montrerons que la préoccupation pour la préservation de la biodiversité n’est portée dans le PPSE que par une coalition ‘écologiste’ minoritaire. Il s’agira d’expliquer comment les écologistes réussissent à exercer une influence épisodique à travers la suppression temporaire d’un instrument 'PSE de soutien à la production de bois' et la mise en place d’un système de priorisation pour l’instrument 'PSE Conservation' orienté vers la biodiversité, mais échouent à mettre au centre du programme la préoccupation pour la biodiversité du fait de la capture du policymaking du programme par les coalitions ‘bois’.
 
Biodiversity, a secondary concern in the construction of Costa Rica’s Program of Payment for Environmental Services by coalitions

Based on a field study in Costa Rica, this paper aims to highlight that the concern for biodiversity is not a priority in the conservation policy for private forests. While biological diversity is a central concern in protected areas’ policy, and is the focus of several initiatives for economic use, it remains peripheral in the private forest policy framework. Using theoretical inputs from the coalitions theory (Sabatier et Jenkins-Smith 1993, Massardier 2008), this paper analyses the integration of biodiversity into policy through the legislation and the implementation of the Program of Payment for Environmental Services (PPES). We will show that only a weak ‘ecologist’ coalition defends biodiversity preservation as a core element of the PPES. We will explain how this ecologist coalition succeeds from time to time in influencing the PPES policymaking through the temporary suppression of a PES tool supporting wood production and the introduction of a prioritization system for the PES Conservation tool oriented towards biodiversity. However, we will show also how this coalition fails to place the concern for biodiversity at the centre of the program because of the overall domination of PPES’ policymaking by the ‘wood’ coalitions.

 
Denis Ruysschaert (CERTOP, Université Toulouse Jean Jaurès)
 
De la description scientifique "objective" d'une espèce à la "création" d'une rhétorique politique: la construction de l'orang outan de Sumatra "En danger critique d'extinction"

Les chercheurs dans la conservation sont à la fois des scientifiques décrivant l'espèce d'une manière "objective" et des acteurs "stratégiques" dont l'objectif est de sauver l'espèce. Cette étude explique comment les chercheurs résolvent ce conflit d'intérêt apparent pour l'orang-outan de Sumatra.
Pour définir les indicateurs clefs qui décrivent l'espèce (nombre, tendance, territoire, sites prioritaires, unicité, statut sur la Liste rouge de l'UICN), les chercheurs utilisent leurs connaissances sur la biologie de l'espèce et des instruments technologiques. Ils font des suppositions et des interprétations pour chaque indicateur en raison d'une information incomplète et des limitations des méthodes utilisées. Ceci conduit les chercheurs à construire une "rhétorique scientifique/ conservationniste" qui est à la fois "objective" et qui remplit leurs objectifs de conservation. En renforçant les réseaux d'acteurs internationaux au nom de l'urgence d'agir, cette rhétorique a des implications opérationnelles dramatiques sur la population locale.
Cette étude, qui analyse comment la recherche scientifique et les innovations technologiques influencent les valeurs sociales, s'inscrit dans le domaine de la sociologie des sciences et technologies. Elle utilise les articles publiés sur l'orang outan depuis plus de 50 ans, des entretiens semi directifs avec chaque catégorie d'acteurs et l'observation in situ entre 2007 et 2011.
 
From researchers’ "objective" species description to the "creation" of a policy rhetoric: the construction of "the Critically Endangered" Sumatran orang-utan.

Researchers in species conservation are on the one hand, scientists describing the reality in an "objective" manner and on the other hand "strategic" actors aiming to save the species. This study found that researchers could resolve this apparent conflict of interest, at least in the case of the Sumatran orang-utan.
To define the key indicators that describe the species (number, population trend, area, priority sites, uniqueness of species and status on the IUCN Red List of endangered species) researchers use knowledge of species biology and technological tools. They make assumptions and interpretations for each indicator because of incomplete information and limitations of the methods. This leads the researchers to construct a "scientific/conservationist rhetoric" that is both objective and fulfilling their policy conservation goals. By strengthening international actors in the name of urgency to act, this rhetoric has dire operational implications on locals.
Analysing how scientific research and technological innovations affect social values, this research is within the realm of the science and technology studies. It uses material gathered from scientific articles published on orang-utans over 50 years, 46 semi-directed interviews with stakeholders and in situ observation between 2007 and 2011.

 
Mehdi Arrignon (VetAgroSup/ UMR Métafort, Clermont-Ferrand) et Christel Bosc (VetAgroSup/ UMR Métafort,  Clermont-Ferrand)

L’« agro-écologie » ou les valorisations économiques de la biodiversité

La communication analyse le « projet agro-écologique pour la France » tel qu’il a été conçu par le ministère de l’agriculture avant d’être engagé officiellement par Stéphane Le Foll en décembre 2012. L’approche de l’agro-écologie à la française serait-elle la synthèse réussie des impératifs économiques et de biodiversité, tel que l’avance le ministre ? L’objectif de la communication est de déconstruire le discours dépolitisant de la symétrie des enjeux agricoles et environnementaux pour réintroduire les logiques de conflit et de hiérarchisation entre priorités politiques et économiques. La communication déconstruit ainsi le discours officiel du changement en repensant, par une approche diachronique, la filiation historique entre certaines normes et répertoires d’action publique supposés réguler et légitimer l’activité agricole en France.
 
Agro-ecology, or just economic use of biodiversity?

This paper analyses how Stéphane le Foll - current French Ministry of Agriculture - and his entourage conceived the so-called « projet agro-écologique pour la France » in 2012. Is this French vision of ecological farming a balance compromise between biodiversity conservation and economic objectives, as the Minister claims? This paper will first focus on conflicts and tensions between the different policy priorities. Then, it will propose an historical analysis of agricultural public policy in order to put the current changes in the agricultural sector in perspective.


Jean Foyer (ISCC/CNRS) et Marianna Fenzi (EHESS, Centre Alexandre Koyré)
 
Est-ce que les savoirs importent ?  Rendre la conservation de l’agrobiodiversité mexicaine gouvernable

Sur la base d’un couplage entre STS et Sociologie de l’action publique, ce papier propose une analyse d’un programme de conservation de l’agrobiodiversité des maïs mexicains – le Programa de Maíces Criollos (PROMAC)- depuis son dessin au niveau des institutions nationales jusqu’à sa mise en œuvre au niveau local, en passant par l’échelon administratif régional. Nous montrons comment différents types de savoirs mobilisés (scientifiques et traditionnels) contribuent ou non aux diverses opérations pour rendre ce nouveau problème public gouvernable, mais nous soulignons également que d’autres types de facteurs (dépendance au sentier, habitus institutionnels et administratifs, manque de ressources etc.) s’avèrent bien plus déterminants dans la réalisation du programme. A un niveau plus général, nous voulons contribuer au débat sur la pertinence d’une entrée par les savoirs pour décrire les politiques publiques de conservation de la biodiversité en action.

Does knowledge matter ?  making Mexican agrobiodiversity conservation governable

Mixing STS and sociology of public policies perspectives, this paper analyses a program for the conservation of Mexican maize agrobiodiversity--the Programa de Maices Criollos (PROMAC)--from its design at national level to its implementation at local level. We show how different kinds of scientific or traditional knowledge are mobilized (or not) to contribute to the various operations necessary to make this new public problem governable. We also underline the fact that other kind of factors (path dependency, administrative and institutional habitus, lack of resources and so on) are much more pivotal in the implementation of the program. From a broader perspective, we want to contribute to the debate on the relevance of cognitive approaches to describe public policies on biodiversity conservation in action.


Participants

Arrigon Mehdi mehdi_arrignon@yahoo.fr
Barros-Platiau Ana Flavia anaflavia@teaser.fr
Bosc Christel christel.bosc@vetagro-sup.fr
Bouleau Gabrielle gabrielle.bouleau@irstea.fr
Cathelin Cécile cecile.cathelin@cirad.fr
Compagnon Daniel d.compagnon@sciencespobordeaux.fr
Dupuits Emilie Emilie.Dupuits@unige.ch
Fenzi Marianna marianna.fenzi@gmail.com
Foyer Jean foyerjean@gmail.com
Hrabanski Marie marie.hrabanski@cirad.fr
Hufty Marc Marc.Hufty@iheid.ch
Maljean-Dubois Sandrine maljean.dubois@gmail.com
MarchalPierre-Luc  Pierre-Luc.Marchal@irstea.fr
Obertan Paméla pamela.obertan@yahoo.fr 
Ongolo Symphorien ongoloas@student.ethz.ch
Reno Fred fredreno@univ-ag.fr
Rodary Estienne Estienne.Rodary@ird.fr
Ruysschaert Denis denis.ruysschaert@gmail.com
Sémal Luc luc.semal@sciences-po.org
Szuba Mathilde mathildesz@yahoo.co.uk

 

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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