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Congrès organisé en partenariat avec

Section Thématique 57

Sociologie politique de l’international
International Political Sociology

Responsables

Laurent BONELLI (Université Paris-Ouest-Nanterre) laurent.bonelli@u-paris10.fr
Laurent JEANPIERRE (Université 8-Saint-Denis-Vincennes) laurent.jeanpierre@univ-paris8.fr

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Cette section thématique accueille des communications articulant la science politique et la sociologie en proposant des analyses empiriquement fondées des institutions, des acteurs et des processus qui composent l’ordre international. A distance des approches « réalistes » ou « néo-réalistes » des relations internationales, comme de celles formulées en termes exclusifs de normes et de valeurs, la SPI s’intéresse avant tout aux pratiques dans et par lesquelles les acteurs sociaux agissent au delà de leurs frontières. Elle s’appuie sur une approche historicisée et relationnelle des processus qui traversent et transforment l’ordre international. Etudier les interactions et les interdépendances qui façonnent le sens pratique des acteurs individuels et collectifs de même que la manière dont leurs dispositions sociales trouvent à s’investir dans certaines configurations, mettre au jour les répertoires d’action qu’ils peuvent déployer (du droit à l’action collective), permet d’apporter un regard renouvelé sur des thèmes classiques des relations internationales ou bien sur des objets aussi divers que la « globalisation », la « construction européenne », les « migrations internationales » et de nombreux autres.
Pour le congrès 2015 de l’AFSP, qui prolonge des sessions thématique des précédents congrès, deux lignes d’enquête sont privilégiées à l’intérieur de cette démarche générale : l’analyse de l’économie et de la finance internationale depuis 2008 et une réflexion méthodologique et épistémologique (ou historique) sur les manières de dé-disciplinariser l’étude des questions internationales pour mieux prendre en compte la variété des échelles.

1. Economie et finance internationale en temps de « crise »
La première session s’intéresse aux recherches sociologiques ou socio-historiques portant sur l’économie politique, en particulier sur les relations, dans ce domaine, entre l’échelle internationale et les sociétés nationales. L’enjeu est d’accueillir des travaux essayant d’hybrider la sociologie politique de l’international avec l’économie politique internationale. Le politiste et le sociologue sont attentifs à l’encastrement de la vie économique et des politiques économiques dans des institutions, des configurations d’acteurs et des structures sociales de pouvoir ayant une spatialité variable. Ils sont en outre sceptiques face à l’opposition entre États et marchés héritée des paradigmes économiques. L’objectif de cette session est donc de rassembler des communications ayant cette perspective générale comme point d’appui.
Deux éléments importants de la conjoncture économique actuelle et de la « mondialisation » en cours pourront retenir l’attention : (1) le traitement politique et idéologique de la « crise » financière de 2008 et de ses suites ; (2) les politiques dites de développement et la transformations du rapport entre Nords et Suds. Les recherches proposées pourront donc provenir d’enquêtes portant sur les changements plus récents dans les organisations internationales ou les institutions nationales et régionales en charge de la régulation des échanges et des marchés, en particulier des marchés financiers, mais aussi des politiques monétaires et budgétaires, en particulier des politiques fiscales. Les travaux sur les accords et les conflits internationaux concernant les taux de change, la finance internationale et l’endettement public et privé dans la période la plus récente sont aussi bienvenus.
Trois autres pistes générales paraissent intéressantes : l’étude des phénomènes de circulations internationales des politiques publiques et de leurs instruments ainsi que conflits d’expertises entre professions ou entre groupes élitaires afin d’imposer une représentation de la réalité économique et financière ; les approches ethnographiques observant la vie quotidienne des agents ou des institutions participant aux « réformes » en matière de politique économique internationale ; l’analyse des controverses autour des statistiques, des indicateurs, des mesures et des métriques de l’économie et de la finance internationale.

2. Dé-disciplinariser l’international ?
La spécialisation sans cesse accrue des savoirs académiques conduit, en science politique mais aussi en sociologie et en histoire, à l’autonomisation de sous-disciplines spécifiquement dédiées à « l’international » (ou au « transnational ») par opposition au « national » ou au « local ». Le risque est celui d’un cloisonnement des problématiques et des références intellectuelles. Les problèmes d’articulation entre échelles reflètent ici la division du travail scientifique. Comment, dans ce contexte, faire tenir ensemble l’étude de l’activité de fonctionnaires d’une organisation internationale chargée du développement, celle des administrations d’Etat qui en reçoivent les aides et les injonctions et celle d’acteurs locaux qui en sont les destinataires ? Quels sont les espaces pertinents de calcul ou de projection de chacun de ces acteurs alors que « l’international » allonge les chaînes d’interdépendance dans lesquelles ils sont pris ? Comment saisir les trajectoires individuelles et collectives de ces acteurs internationaux qui ont souvent traversé de multiples espaces sociaux ? Cette session aimerait ainsi donner de la place à des contributions capables de traiter de manière réflexive de ces questions et d’exposer les méthodes et les outils d’enquête mobilisées pour les résoudre en partie. L’enjeu est d’explorer les pistes méthodologiques et épistémologiques permettant de dé-disciplinariser l’international afin de rendre compte le plus fidèlement possible des différentes échelles de la vie sociale et politique des acteurs et des processus étudiés. Les réflexions historiques sur la disciplinarisation de l’international et les manières d’y échapper sont également bienvenues.
 
This session welcomes papers that make use of both political science and sociology in empirically rich analyses of the actors, institutions and processes that build the international order. Differing from realist and neo-realist approaches and from constructivist approaches putting to the fore norms and values leading the world order international political sociology (IPS) deals in priority with the various practices through which social actors reach out beyond their national borders. Inspired by a relational and processual methodology IPS insists on questioning the assumptions of IR concerning the boundaries of the international, the vision of politics at the core of political science, and the methodological nationalism concerning society of a majority of sociologists. For the 2015 AFSP Congress, two themes have been privileged:
1. International economy and finance in times of “crisis”
The first session welcomes papers dealing with the current situation in political economy and working on the relations between the international scale and national societies. It aims at bridging a gap between research conducted within the framework of international political economy and IPS. Two dimensions of the current economic conjuncture and of the globalization process may be emphasized: (1) The political and ideological responses to the 2008 financial “crisis” and its consequences, (2) Current transformations in economic and political relations between the West and the Rest. Recent changes within international national and regional organizations in charge of market, finance or trade regulations as well as in monetary, budgetary or fiscal policies are some the topics of interests for this session. The organizers are particularly interested in analyses dealing with the international circulation of public policies and the conflicts between expert or elite groups to impose their views about the nature of economic or financial reality.
2. De-disciplinarising IR
Should the study of international relations be specialized? The progressive autonomisation of a discipline dedicated solely to the study of IR might have had some epistemic costs. Still today, political science and other social sciences are too often divided between researchers dealing with the international scale and others dealing with national or local levels of social and political activities. Problems and references that could or should be mixed are still too often separated. Scales of analysis are not easily articulated. Yet some policymaking processes involve international high civil servants, State bureaucracies and local actors. This session expects papers dealing with these problems with methodological tools, epistemological reflections or case studies framed in order to think critically about the division of labor within political science and political sociology.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 3 : mardi 23 juin 9h00 – 12h00
Session 4 : mercredi 24 juin 14h00 – 17h00

Lieu : voir le planning des sessions


Programme

Axe 1 / Economie et finance internationale en temps de « crise »
Présidents : Laurent Jeanpierre (Université 8-Saint-Denis-Vincennes) et Jef Huysmans (Open University et co-rédacteur en chef de International Political Sociology)

Axe 2 / Dé-disciplinariser l’international
Présidents : Laurent Bonelli (Université Paris-Ouest-Nanterre)  et Jef Huysmans (Open University et co-rédacteur en chef de International Political Sociology)


Résumés des contributions

Frédéric Lebaron (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)

Les politiques d'austérité en Europe : quelques hypothèses sociologiques

Pour comprendre le basculement de la politique économique européenne dans l'orthodoxie budgétaire en 2010, il convient de rapporter ces évolutions aux dynamiques propres au champ de la gouvernance économique européenne.
Dans celui-ci, la politique "keynésienne" de relance impulsée en 2008-2009 pour faire face à la crise, n'a jamais été complètement acceptée, loin de là, ne serait-ce que parce qu'elle contrevenait aux traités européens en matière de déficit budgétaire et d'endettement public.
Au sein des institutions dominantes dans le champ (BCE, Commission, ministères des finances), les acteurs les plus réticents face au stimulus fiscal profitent très rapidement du contexte de "reprise" annoncée pour imposer un alignement brutal sur l'orthodoxie budgétaire, en réactivant avec vigueur le cadre juridique établi, et en exigeant même son renforcement.  Après avoir facilement remporté  la bataille du changement de politique économique, ils vont aussi déterminer les réponses face aux mouvements de spéculation qui visent plusieurs Etats fortement endettés et la gestion de la "crise des dettes souveraines".
Dominants pendant toute la crise, mais conduits à accepter un choc monétaire et budgétaire sous la pression des événements, ces acteurs, dont les trajectoires d'experts économiques seront analysées en détail, voient leur position se renforcer durant toute la période qui suit, en profitant de mécanismes multiples: pouvoir des créanciers, recentrage de la gestion de l'instabilité financière sur la banque centrale européenne, montée en puissance des ministères des finances au sein des gouvernements, renforcement du poids des experts économiques...
On insistera en particulier sur le paradoxe de politiques économiques de moins en moins soutenues dans le champ académique international, au point de susciter une lutte symbolique entre les gardiens de l'orthodoxie (parfois qualifiés de "faucons budgétaires") et leurs critiques néo-keynésiens.
 
Vincent Gayon (Université Paris Dauphine)

Quand la prophétie réussit : The Welfare State in Crisis de l'OCDE

Un rapport de l’OCDE, intitulé The Welfare State in Crisis et publié en 1981, sert aujourd'hui commodément à attester une lame de fond internationale frappant les « États-Providence » dans cette période. Loin de considérer ce document comme l'enregistrement par un centre d'expertise économique indépendant de la « réalité » de l'évolution de l’État social, cette communication souhaite le ressaisir en action comme un des pôles de définition de cette « réalité critique ». Sur la base d'archives originales, le regard porte sur son énonciation dans l'espace bureaucratique de l'OCDE et sur sa réception, sur l'instant, dans l'espace des organisations internationales. Sont étudiés les principes d’intelligibilité de la « crise » de l’État social, en particulier ceux que promeuvent les nouvelles statistiques portant sur les « dépenses sociales » et ceux que délimite le nouveau cadre macroéconomique et financier stabilisé à l'OCDE, au FMI et au G5-G7 depuis la fin des années 1970.

When Prophecy succeeds : The Welfare State in Crisis of the OECD

An OECD report, entitled The Welfare State in Crisis and published in 1981, is commonly used to signal the international groundswell against the « Welfare States » in that period. Far from considering this document as a record of the « reality » by an international and independent think tank concerning the evolution of Welfare States, this communication considers the making of that report that participated in  (re)defining this « critical reality ». Based on original archives, the analysis focuses on the production of the report in the OECD bureaucratic field and on its reception in the field of international organizations. The  intelligibility principles of the “crisis” of the Welfare State are then reexamined. more specifically, the paper puts the emphasis on the intelligibility principles promoted through the new statistical database on the “social costs”, and those delimited by the new macroeconomic and financial order stabilized at the OECD, IMF and G5-G7 at the end of the 1970s.

 
Samuel B.H. Faure (Sciences Po Paris / CERI)

Drone « Reaper » : quand la France achète aux Etats-Unis. Sociologie d’une économie politique internationale

Cette communication explique l’élaboration de la décision prise par la France en 2013 d’acquérir le drone militaire de surveillance américain Reaper. Pourquoi la France a-t-elle emprunté le chemin décisionnel transatlantique plutôt que national comme pour l’achat de l’avion de combat Rafale ou européen lors de l’acquisition de l’avion de transport A400M ? Dans le prolongement des approches néo institutionnalistes, l’argument théorique est de type relationnel : les relations qui lient les décideurs comptent pour expliquer le processus décisionnel. Le concept de « configuration » d’Elias est utilisé et l’hypothèse centrale est ainsi formulée : plus les décideurs gouvernementaux et industriels entretiennent des relations politiques étroites au niveau national (configuration exclusive), plus il est probable que l’Etat décide de ne pas coopérer au niveau international et de réaliser un programme national. En revanche, plus les décideurs industriels s’autonomisent des décideurs gouvernementaux (configuration « désencastrée »), plus il est probable que l’alternative de la coopération internationale soit choisie, ce qui est le cas du Reaper. Outre les sources secondaires, cette étude s’appuie sur des données de première main obtenues lors de 161 entretiens semi-directifs auprès des principaux décideurs gouvernementaux et industriels français. Ces données sont traitées à partir d’une méthode qualitative principale à savoir la reconstitution de processus (process-tracing).
 
Reaper Military Drone : when France deals with the USA. Sociology of an International Political Economy
 
This communication explains the decision taken by France in 2013 to buy the Reaper military drone. Why did France take the transatlantic decisional path rather than the national or european ones ? To follow up the neo-institutionnalists, the argument, based on the Elias’ notion of « configuration », is relational : the social ties between policy-makers matter to explain the decision making. The main assumption is formulated as follow : the more the governemental and industrial decision-makers are closely linked by political relations at the national level (exclusive configuration), the more likely it is that the government decides to not cooperate at the international level and to choose the national path. In contrast, the more the industrial elites are disembedded to the governemental leaders (« disembedded » configuration), the more likely it is that the government takes the international option as in the Reaper case. Beyond the secondary sources, this study is based on primary data obtained by 161 semi-structured interviews with key French governmental and industrial decision makers. This data is processed from the process-tracing method.

 
Jean-Baptiste Pons (Mines-Paristech)

Dévoiler les espaces de la finance internationale : l’expérience pionnière des euromarchés

Les récentes controverses portant sur la finance internationale ont souligné la difficile appréhension et l’opacité des pratiques financières offshore. L’inintelligibilité qui semble les caractériser pose la question de leurs métriques et mesures, conditions nécessaires tant de la mise en place d’un espace de débat ou de calcul que de leur stabilisation. L’étude se centre sur l’analyse du processus d’explicitation statistique et comptable des euromarchés dans les années 1960, alors que ces derniers symbolisent les prémices de l’internationalisation financière de l’après-guerre. Les controverses concernant les eurotransactions tournent alors autour de la qualification et de la quantification de ce qui semble potentiellement relever d’un espace financier international et de la détermination des moyens statistiques appropriés qui permettent d’en expliciter les mécanismes et de les stabiliser. Il s’agira pour cela de s’intéresser de près à la manière dont sont construits les dispositifs de quantification et les innovations qui y sont afférentes; sans jamais prendre les chiffres quantifiant et qualifiant les euromarchés et l’espace financier international comme donnés a priori mais comme le résultat de négociations, de controverses et d’épreuves de stabilisation. L’étude, sur la période 1960-1965, se penche sur les travaux de la Banque des Règlements Internationaux, de la Banque de France, ainsi que sur la circulation et la mise en controverse des notions relatives aux euromarchés au sein de la presse financière de la période.
 
Unveiling the spaces of international finance : the pioneering experience of the euromarkets

Recent controversies over international finance have underlined the obscurity of financial offshore transactions. The opacity that surrounds this realm of finance raises the question of its measures and metrics since these are necessary conditions to both the constitution of calculation spaces and the stabilization of practices. This case study aims at analysing the trial of statistical explicitness surrounding the euromarkets in the 1960s when eurotransactions were regarded as the epitome of post-war financial internationalization. Besides issues of qualification and quantification of what appeared to be a new international financial environment, controversies surrounding eurotrasanctions also encompassed the determination of specific statistical means that would both stabilize the market and account for its underlying mechanisms. The aim of the study will hence be to understand how quantifying devices and innovations relative to the euromarkets were built. Such an approach requires that the numbers that qualify and quantify the euromarkets and their international spatiality must not be taken for granted but considered instead as the result of negotiations, controversies and trials of explicitness. Our study, which focuses on the period between 1960-1965, is based on evidence gathered from the archives of the Bank for International Settlements, the French central bank, as well as material collected from the financial press of the time.

 
Simeng Wang (Ecole normale supérieure / Université de Nantes)

Des pratiques transnationales économiques à l’ère des nouveaux medias. Ethnographie d’une nouvelle génération de commerçants chinois en France

Cette communication s'interroge, à plusieurs échelles territoriales, sur les conditions politiques et sociales rendant possible la genèse d’une nouvelle génération de commerçants chinois en France. Il s’agit de migrants qualifiés spécialisés dans les échanges commerciaux de marchandises, de services, de savoirs et de techniques entre la Chine et la France. Leurs pratiques au-delà des frontières étatiques, émergées ces dernières années, se distinguent du commerce «classique» des prêt-à-porter, longtemps tenu par des migrants chinois dit « Wenzhous », dont la plupart non qualifiés, dans le sens unique de la Chine vers la France.
Afin d’appréhender ces nouvelles activités de pratiques économiques transnationales, cette communication s’appuie sur une approche à la fois historicisée et ethnographique. Dans un premier temps, notre approche historicisée vise à appréhender trois phénomènes à l'origine de l’apparition de cette nouvelle génération de commerçants : d’abord la transformation des relations Nords-Suds, plus précisément, de la place de l’économie dans la chaine de production à l’échelle mondiale; ensuite l’usage des nouveaux médias à grande ampleur dans la société chinoise, notamment dans le domaine de la transaction économique à distance ; et enfin, l’évolution de la composition démographique et sociologique de la population chinoise en France.
En second lieu, s’appuyant sur des matériaux empiriques collectés depuis 2010 sur les expériences migratoires de Chinois à Paris, cette communication examine les conditions sociales et politiques dans lesquelles les activités commerciales transnationales se développent, telles que l’accès au titre de séjour et les politiques d’immigration en France, la recherche de fonds de commerce en Chine et en France, les politiques d’accompagnement mises en œuvre par la Chine et la France.

Transnational economic practices in new media age Ethnography of a new generation of Chinese traders in France

This communication questions at several territorial scales the political and social conditions enabling the genesis of a new generation of Chinese traders in France. It deals with skilled migrants involved in the commercial exchanges of goods, services, knowledge and technology between China and France. Their practices beyond states' borders, emerged in recent years, distinguish themselves from "classic" ready-to-wear trading, for a long time held by Chinese migrants called "Wenzhous" mostly unskilled, in the one-way China towards France.
In order to understand these new activities of transnational economic practices, this communication is based on an approach both historicized and ethnographic. Firstly, our historicized approach aims to understand three phenomena which may be jointly the source of emergence of this new generation of traders: first of all the processing North-South relationships, especially China's role in the global manufacturing chain; then the use of new media at large scale in Chinese society, particularly in the domain of e-trade; and finally, the demographic and social composition’s changes of the Chinese population in France.
Secondly, based on empirical material collected since 2010 on migration experiences of Chinese in Paris, this communication examines the social and political conditions promoting the development of their transnational commercial activities, such as the access to the residence permit and immigration policies in France, the search for goodwill in China and France, the accompanying policies implemented in China and France.


Jérôme Lamy et Arnaud Saint-Martin (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)

Internationale ou globale ? Sociologie politique de l’observation spatiale de la Terre

L’observation de la Terre avec des moyens satellitaires occupe une place particulière dans les pratiques techniques et scientifiques. Fondée sur une technologie régalienne, menée par des équipes internationales de chercheurs et d’ingénieurs, inscrite dans des cadres politiques à échelle variable, elle reconfigure aujourd’hui la question des échanges scientifiques à valence géopolitique. La multiplication des données spatiales relatives à l’état de l’atmosphère, aux circulations océaniques, aux évolutions des écosystèmes ainsi qu’aux phénomènes météorologiques a-t-elle produit une globalisation de l’observation de la Terre, entendue comme une extension maximale de la Cité savante ? Cette contribution propose d’interroger, à partir de l’étude du programme européen d’observation de la Terre Copernicus, les processus à l’œuvre dans les montages des politiques scientifiques mettant aux prises un grand nombre de pays (ici l’Union Européenne) autour d’un projet centré sur la saisie de données couvrant l’ensemble du globe.
Nous envisageons, dans cette communication qui reprendra les éléments d’une enquête en cours (et au long cours), de dégager les lignes de force du processus de constitution d’une politique européenne d’observation de la Terre. En nous centrant sur les pratiques politiques d’organisation de la recherche (via le financement de recherches finalisées, la définition d’utilisateurs privilégiés et l’organisation d’un script législatif européen), nous proposerons une analyse des jeux d’échelle et d’emboîtement entre les logiques nationales de définition des politiques de recherche et les enjeux conçus comme globaux autour de l’observatoire de la Terre. De ces tensions multiples entre des instances politiques et scientifiques aux périmètres très divers, il résulte une tentative de maintenir l’observatoire de la Terre dans le champ du « global ». Cette idée d’une appréhension totale, holistique, induite par l’objet même des recherches (la Terre) et les instruments satellitaires dont le point de vue est précisément d’être large, se heurte à des politisations de la recherche qui, elles, ne cessent de jouer des frontières existantes. Ainsi les propositions de la Commission européenne (qui a en charge Copernicus) en matière d’observation de la Terre s’opposent-elles aux logiques intergouvernementales de l’Agence Spatiale Européenne (qui, elle, dispose de la maîtrise technique pour monter puis opérer les satellites). Notre communication envisagera donc une analyse fouillée de ces points de friction entre l’international et le global. Ces deux catégories seront d’ailleurs examinées non seulement dans leur efficace politico-sémantique, mais également dans leur performativité supposée par les acteurs qui les emploient.

Delphine Lecombe (CERI-Sciences Po)

« Lieux » et « espace de la cause des victimes » : penser l’imbrication des échelles dans la politique colombienne de sortie de conflit

En Colombie, la démobilisation des combattants paramilitaires et les pourparlers entamés en 2003 avec le gouvernement Uribe suscitent la mobilisation d’une grande diversité d’acteurs dans la production de la politique colombienne de sortie de conflit. Comment comprendre les interactions et les logiques d’action d’acteurs qui franchissent avec aisance les frontières d’espaces sociaux, politiques et géographiques différenciés ? A partir de l’observation de « lieux » de rencontre entre ces différents acteurs (congrès internationaux,  réunions militantes, etc.), il est possible d’identifier le rôle d’intermédiaires ou de « brokers » dans la fabrique des normes et des dispositifs de la sortie de conflit colombienne. En faisant l’intermédiation entre les organisations des droits de l’homme et les bailleurs de fonds internationaux ou encore le gouvernement colombien, ces acteurs font circuler des ressources et traduisent des savoirs et pratiques au sein d’un « espace de la cause des victimes » où logiques nationales et internationales sont imbriquées.
 
« Places » and « space of the victims’ cause » : thinking the intertwining of scales in the colombian peace politicy

In Colombia, the demobilization of paramilitary combatants and the 2003 peace talks with the Uribe government did mobilize a wide variety actors interested in participating in the definition of the Colombian peace policies. Therefore, how can we understand the interactions and the logics of action of actors who easily cross the borders of social, political and geographical spaces? Based on the observation of “places” of meeting (international congress, activist meetings, etc.), we have identified actors who behave as intermediaries or “brokers” in the production of Colombian peace norms and disposals. Making the intermediary between human rights organizations, international donors and the Colombian government, those actors circulate resources, knowledge and best practices in a “space of the victims’ cause” where national and international logics are intertwined.

 
Raphaëlle Parizet (Université Paris-Est Créteil)  

Du village indien aux Nations unies : l’international peut s’étudier dans le local

Cette communication propose de partir de l’étude des politiques de développement pour mettre en perspective quelques uns des enjeux épistémologiques et méthodologiques de la SPI. Loin d’être un seul cadre cognitif, et plus qu’une idée qui serait imposée par des acteurs « développeurs » d’en haut à ceux « développés » du bas, le développement se traduit dans des pratiques concrètes et plus complexes que certaines analyses ne tendent à le montrer, qui tantôt dénoncent ses effets « pervers », tantôt adoptent une approche bienveillante et sympathisante à l’égard des plus démunis, et traduisent une forme de basisme. Comment faire tenir ensemble l’activité de fonctionnaires et agents onusiens qui élaborent des dispositifs de développement, réappropriés par des fonctionnaires dans des espaces nationaux loin d’être vierges de ces pratiques, et celle des publics destinataires de ces dispositifs ?
Afin de saisir la variété des échelles, de les penser comme complémentaires plutôt que comme opposées, et de comprendre comment l’international peut s’étudier dans le plus local, deux dimensions seront étudiées. La première concerne plus généralement l’analyse du développement. À rebours des travaux se concentrent sur un des « niveaux » de leur élaboration ou mise en œuvre, à partir du cas mexicain et des politiques de développement qui concernent des groupes de populations disqualifiées socialement, les populations autochtones, cette communication propose une analyse croisée des trois espaces impliqués (onusien, national et local) dans l’élaboration des politiques dispositifs de développement qui les concernent. Il s’agit d’observer les configurations d’acteurs et les dynamiques d’échanges qui relient différents « univers institutionnels » et sociaux du développement.
Ensuite, nous souhaitons revenir sur les aspects méthodologiques et l’approche nécessairement réflexive de la sociologie politique de l’international. Le choix d’une analyse ethnographique du développement découle d’une proposition théorique selon laquelle les dispositifs de développement existent concrètement à travers ce qu’en font les individus : pour les groupes sociaux (les villages, les communautés, les familles), ces dispositifs n’existent pas sous la forme d’« orientations privilégiées » ou de « bonnes pratiques » des institutions de développement, mais au travers des espaces de leur mise en œuvre, des acteurs et des expériences qui les rendent concrets. Nous reviendrons enfin sur les conditions de l’enquête multi-située : tout comme comme les dispositifs de développement et les acteurs que nous étudiions circulaient entre ces différents espaces, nous y circulions à notre tour, et ajustions nos comportements et discours en fonction de nos interlocuteurs.
 
From Indigenous Village to the United Nations: International can be studied at the local level

Based on the study of development policies, this communication proposes to put into perspective some of the epistemological and methodological challenges of IPS. Far from being a single cognitive framework, and an idea that would be imposed by “developers” actors from above to those “developed” from the bottom, development traduces more complex practices that some studies tend to show.
Rather than considering as disjointed and opposed scales and in order to understand how International can be studied in “local” spaces, two dimensions will be studied. The first concerns the analysis of development in general. In opposite of works focused on development “levels”, from the Mexican case and indigenous peoples development policies, this paper proposes a cross-analysis of three involved areas (UN, national and local) in the design of development policies. It comes to observe configurations of actors and exchanges’ dynamics that link different institutional and social development universes. Secondly, I will focus on methodological aspects and what I consider as a necessary reflexive approach of IPS. I will focus on the conditions of the multi-situated investigation: as development policies and actors I studied circulated between different areas, at the same time I circulated in these areas, and my behavior and speech according to my interlocutors and social spaces.

 
Yohann Morival Centre Maurice Halbwachs (ENS-EHESS)

Une double absence. La définition contestée du rôle de délégué permanent du MEDEF à Bruxelles

Cette communication analyse la définition contestée d’une position internationale au sein d’un groupe défini nationalement. Pour ce faire, nous étudions l’activité des employés du bureau situé à Bruxelles du Mouvement des entreprises de France (MEDEF) depuis 1973. Malgré un double positionnement international et national, ces délégués permanents peinent à légitimer leur position à la fois au sein de l’espace européen et dans le MEDEF. Afin d’expliquer cette particularité, nous présentons les conflits autour de la définition du rôle de délégué permanent dans l’organisation nationale ainsi que leurs pratiques quotidiennes au sein de l’espace européen. En articulant différents espaces d’analyse sur plusieurs dizaines d’années, cette communication saisit l’international par ceux qui le font exister sans toutefois parvenir à en tirer une légitimité particulière.
 
A dual absence. A contested definition of the position of the MEDEF’s Permanent Delegate in Brussels.

This communication aims to analyze the contested definition of an international position within a nationally defined group. For this purpose, we focus on the French peak employers’ organization (the MEDEF) Brussels office since 1973. Despite a dual – international and national – location, these employees are struggling to legitimate their position both within Europe and within the MEDEF. In order to explain this phenomenon, we analyze the debates around the definition of the role of the Permanent Delegate within the National Organization and their daily practices at the European level. By combining, different spaces of analysis over many decades, this communication captures the “international” by those who make it exist without, however, reaching a particular legitimacy.

 
Philippe Bonditti (IRI/PUC-Rio)

Dé-disciplinariser l’International : l’exemple des études de sécurité

Dans cette contribution d’ordre programmatique, nous proposons une réflexion épistémologique et méthodologique à propos de la nécessité d’inclure dans l’étude de la sécurité par le divers de ses pratiques, celle plus spécifique des concepts. Nous le ferons à partir d’une critique de la Securitization Theory, plus spécifiquement encore de sa détermination, en dernière instance, par l’idéalisme épistémologique de la tradition néo-réaliste des Relations Internationales. Nous travaillerons ensuite à éclairer la place et l’apport possible d’une étude des concepts dans une approche de sociologie politique de l’International en développant notamment à propos du statut épistémologique des « pratiques », leur rapport à la « connaissance », aux « savoirs-faires » et aux concepts. Plus spécifiquement, nous proposons d’intégrer les concepts parmi les objets d’une « sociologie politique internationale de la sécurité » telle que l’a notamment proposée Didier Bigo. D’un point de vue méthodologique, nous montrerons l’utilité d’une archéologie foucaldienne dont la mise en œuvre ne doit pas seulement permettre d’établir le diagnostique de la dé-disciplinarisation de l’International et de ses objets historiques, mais d’y contribuer pratiquement.  
 
De-disciplinarizing the International : the case of security studies

This programmatic-oriented contribution offers an epistemological and methodological reflection about the necessity to include the study of concepts into the study of security when the latter is assumed to be conducted from a ‘practice perspective’. I will first develop a critique of the ‘Securitization Theory’, in fact of its determination, in the last instance, by the epistemological idealism of the IR neo-realist tradition. I will then highlight the place and possible contribution of the study of concepts to an International Political Sociology approach, developing more particularly about the epistemological status of ‘practices’, their relation to ‘knowledge’, ‘know-how’ and concepts. More specifically, I will propose to bring the concepts among the traditional objects of study of an IPS of security as Didier Bigo developed it. From a methodological perspective, I will suggest the utility of a foucauldian archaeology, the deployment of which – I will argue – should not just help establish the diagnosis of the de-disciplinarisation of the International and of its historically associated objects, but practically contribute to it.


Participants

Bonditti Philippe philippe.bonditti@gmail.com
Bonelli Laurent laurent.bonelli@u-paris10.fr
Faure Samuel B.H. faure@g.harvard.edu
Gayon Vincent vince_gayon@hotmail.com
Huysmans Jef Jef.Huysmans@open.ac.uk
Jeanpierre Laurent laurent.jeanpierre@univ-paris8.fr
Lamy Jérôme jerome.lamy@laposte.net
Lebaron Frederic frederic.lebaron@uvsq.fr
Lecombe Delphine delphine.lecombe@sciences-po.org
Morival Yohann y.morival@gmail.com
Parizet Raphaëlle raphaelle.parizet@gmail.com
Pinto Aurélie aurelie.pinto@free.fr
Pons Jean-Baptiste jean-baptiste.pons@mines-paristech.fr
Saint-Martin Arnaud arsaintmartin@gmail.com
Wang Simeng simeng.wang@ens.fr

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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