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Section Thématique 7

Les appropriations méthodologiques d'internet dans la recherche sur des objets politiques
The methodological uses of the internet for research on political objects

Responsables

Fabienne GREFFET (Université de Lorraine, IRENEE-Nancy et Pacte-CNRS Grenoble) Fabienne.Greffet@univ-lorraine.fr
Anaïs THEVIOT (Sciences-Po Bordeaux, Centre Emile Durkheim) a.theviot@gmail.com

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Cette section thématique s'adresse aux chercheurs qui utilisent internet pour le recueil ou l'analyse de matériaux empiriques, sans exclusive d'appartenance infra-disciplinaire ou de méthode employée – qualitative ou quantitative, uniquement en ligne ou combinant recherche en ligne et hors ligne -. Il s'agit de réfléchir collectivement et de façon transversale aux enjeux que les appropriations méthodologiques des technologies numériques recèlent pour les sciences sociales, en s'appuyant sur des expériences concrètes de recherches sur des objets politiques.
 
Les technologies numériques offrent de nombreuses potentialités méthodologiques. Les manifestations les plus publicisées de ces potentialités résident dans la construction de protocoles informatisés d'analyse des traces numériques, autrement dit la "Big Data Science", qui a fait l'objet de publications récentes (par exemple Margetts et Sutcliffe, 2013 ; Mayer-Schönberger et Cukier, 2013) et d'un module pédagogique et professionnel au dernier congrès de l'AFSP. Parallèlement, la nécessité de fonder une réflexion spécifique sur les méthodes à mobiliser sur des terrains web a été soulignée et documentée aussi bien en France (Barats, 2013 ; Rouquette, 2009) que dans la littérature internationale (Fielding et alii, 2011 ; Rogers, 2013).
Cette section thématique propose à la fois de restreindre et d'élargir les perspectives déjà ouvertes. Restreindre dans la mesure où il s'agit ici de s'intéresser prioritairement à des objets intéressant la science politique ; élargir, puisque la session invite à envisager l'ensemble des  appropriations méthodologiques d'internet,  particulièrement dans des dimensions peu explorées jusqu'ici.
 
Trois questions seront proposées dans cette session thématique.
La première est celle des enjeux méthodologiques de la production et de l'analyse des données grâce à internet.
Les données numériques peuvent bien sûr résulter des multiples traces déposées par les internautes sur des dispositifs web non contrôlés a priori par les chercheurs. On pourra présenter des "manières de faire" permettant de constituer des corpus et de maîtriser la profusion de ces traces, dans la lignée des travaux antérieurs sur différentes méthodes, de l'observation "netnographique" (Kosinets, 2002) à l'analyse de tweets (Boyadjian, 2014).
Nous souhaitons ouvrir également la discussion sur d'autres données produites via internet, qui résultent d'un travail de conception plus direct des chercheurs, par exemple lorsque sont utilisés des dispositifs de questionnaires en ligne (Theviot, 2013). Des interrogations peuvent aussi être formulées quant aux échantillons d'internautes constitués, aux processus de diffusion des enquêtes, aux effets sur les réponses que peut produire l'auto-administration d'un questionnaire derrière un écran, ou à la capacité heuristique de dispositifs comme les applications d'aide au vote ou les "bulletin boards online". La session sera l'occasion de débattre des procédures de collectes de données appuyées sur des dispositifs numériques.
 
La deuxième question porte sur l'articulation entre dimension en ligne et dimension hors ligne de la recherche.
Il est possible d'utiliser internet pour aborder un objet de recherche analysé essentiellement hors ligne, ou pour prendre contact. En ce qui concerne les terrains de recherche éloignés géographiquement, le recours au numérique peut être envisagé afin de conserver des contacts dans les périodes d'interruption de la présence sur ces terrains. On peut donc supposer que de nombreux chercheurs utilisent, au moins de manière exploratoire, les technologies numériques dans le cadre de leurs enquêtes. Nous souhaitons que cette session contribue à rendre visibles ces pratiques et leurs implications pour l'analyse. Dans cette optique, on pourra notamment s'intéresser aux entretiens réalisés à distance  ou  aux collectes d'informations menées via des réseaux sociaux numériques.
 
La troisième question porte sur les enjeux éthiques des méthodes en ligne.
G. Latzko-Toth et S. Proulx (2013, p. 41) soulignaient récemment "l’ambivalence du statut privé ou public" des écrits recueillis sur internet ; émerge en effet un "web en clair obscur" (Cardon, 2010) caractérisé par une mise en visibilité de ce qui était auparavant de l'ordre de la conversation privée.
Dans le cas où le compte est "ouvert",  le chercheur doit-il agir avec le consentement explicite des enquêtés, comme l’y invitent les orientations actuelles de la recherche en sciences sociales (Greffet, 2013) ? Que faire de la question du "droit à l’oubli" sur internet, qui semble impliquer la capacité pour tout acteur de retirer ses traces numériques, à rebours des tendances récentes à constituer des archives du web qui pourront être conservées à destination des (futurs) historiens (Brügger, 2012) ? Il s’agit ici de questionner les méthodes d’investigation à l’aune de la collecte des "données sensibles" souvent induites par des objets de recherche politiques, de leur confidentialité et de leur durabilité.
 
En somme, nous souhaitons avec cette session thématique contribuer à une réflexion sur les règles et protocoles possibles concernant les "cyber-méthodes" à travers la présentation de retours d’expériences sur des terrains et des objets de recherches diversifiés.


This session is devoted to researchers that use the internet to collect and analyse empirical material and data, whatever their discipline or method – qualitative or quantitative, online or combining online and offline analysis. The aim of the session is to collectively address the issues created by the methodological uses of the internet within the social sciences. To do so, researchers are invited to present their concrete experiences of internet research work on political objects.
 
Digital technologies provide a lot of methodological opportunities. Recent publications have mostly focused on "Big Data Science" and databases. The need of a specific elaboration on methods to be used has also been underlined.
 
This session offers both to expand and restrict these perspectives. The session is restricted to political objects. But is expands the existing online method field by taking into account dimensions of internet research that have been less explored until now. Three main themes would be discussed in this session.
 
Methodological issues in online data production and collection
Digital data mainly result from various digital footprints produced by net-users outside of the researcher control. In this session, social scientists are invited to present the way they build and analyse these footprints. We are also interested in data that result from the construction of specific devices, for instance online questionnaires. Specifically, this part of the session would be an opportunity to discuss sampling, validity, the effects of the self-administration of the questionnaires or the interest of voting advice applications or bulletin boards online.
 
Mixing online and offline methods
Internet can be used to explore an object of research that is actually mainly analysed offline. For instance, some researchers use it to make or keep contact with specific groups or people. When working on geographically distant fields, the internet can complement their physical presence. We hope this part of the session to be a place where these practices might become visible and discussed. We would be particularly interested in online interviews or on (biographical) information collected through the internet.
 
Ethical issues of online methods
There is some kind of ambivalence of the internet materials, between the public and the private sphere. In that case, should researchers always get an explicit consent of the people they study, as current trends in the social sciences lead them to? What about the "right to be forgotten", that imply the possibility of any net-user to remove some digital footprints, contrarily to the ambition of building internet archives for (future) historical work? We aim at interrogating confidentiality and data sustainability in the context of research on political topics.


Références citées

Barats C., dir. (2013), Manuel d’analyse du web en sciences sociales, Paris, A. Colin, coll. « U ».
Boyadjian, J. (2014), « Twitter, un nouveau « baromètre de l'opinion publique« ? », Participations. Revue de sciences sociales sur la démocratie et la citoyenneté, vol. 1.
Brügger, N. (2012), « L'historiographie de sites Web : quelques enjeux fondamentaux », Le Temps des médias 1(n° 18), p. 159-169.
Cardon, D. (2010), La démocratie internet, Paris, Seuil/La République des idées.
Fielding, N. Lee, R.M. Blank, G., eds. (2008). The Sage Handbook of Online Research Methods, London, Sage.
Greffet, F. (2013), "Pas d'éthique au pays d'Astérix ? Quelques reflexions sur la situation française", dans C. Barats (dir.), Manuel d'analyse du web, Paris, A.Colin, p. 48-52.
Kozinets, R.V (2002). "The Field Behind the Screen: Using Netnography for Marketing Research in Online Communities", Journal of Marketing Research, 39 (1), p. 61-72.
Latzko-Toth, G. et Proulx, S. (2013), "Enjeux éthiques de la recherche sur le web" dans C.Barats (dir.), Manuel d’analyse du web en sciences sociales, Paris, A. Colin, coll. "U", p. 32-48.
Margetts, H. et Sutcliffe, D. (2013) "Editorial: Addressing the policy challenges and opportunities of “Big data"", Policy and Internet, Special Issue, vol. 5, n°2, p. 139-146.
Mayer-Schönberger, V. et Cukier, K. (2013). Big Data: A Revolution that Will Transform How We Live, Work and Think, Londres, John Murray.
Rogers, R (2013), Digital Methods, Cambridge (M.A),  the MIT Press.
Rouquette, S. (2009), L’Analyse des sites internet. Une radiographie du cyberesp@ce, Bruxelles, De Boeck/Ina.
Theviot, A. (2013), « Qui milite sur Internet ? Esquisse du profil sociologique du ‘cyber-militant’ au PS et à l’UMP », Revue française de science politique, vol. 63, n°3-4, p. 663-678.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : lundi 22 juin 9h00 12h00
Session 2 : lundi 22 juin 14h45 – 17h45

Lieu : voir le planning des sessions


Programme

Axe 1/ Articuler recherche en ligne et recherche hors ligne
Discutant : Olivier Costa (Sciences po Bordeaux, CED)

Axe 2/ Renouveler les études électorales et d'opinion
Discutante : Nathalie Dompnier (Université Lumière Lyon-2, Triangle)

Axe 3/ Explorer les dynamiques des réseaux du web
Discutant : Jean-Yves Dormagen (Université de Montpellier, CEPEL)

Axe 4/ Risques et expérimentations en situation d'enquête
Discutant : Jean-Gabriel Contamin (Université de Lille, CERAPS)


Résumés des contributions

Guillaume Marrel (Université d'Avignon, LBNC / CHERPA), Vincent Labatut (Université d'Avignon, LIA), Marc Elbèze (Université d'Avignon, LIA)
 
Le Web comme miroir du travail politique quotidien ? Reconstituer l'écho médiatique en ligne des événements d'un agenda d'élu
 
Le Web peut-il être appréhendé comme un espace de mise en scène du travail politique ordinaire ? Que restitue-t-il des événements de l'emploi du temps d'un élu ? Quelles traces le travail politique quotidien d'un maire laisse-t-il sur la toile, en dehors des campagnes électorales ? On se propose dans cette contribution de présenter la démarche et les premiers résultats d'une enquête expérimentale et pluridisciplinaire en cours entre science politique et informatique, sur l'extraction et l'exploitation des données du Web concernant l'agenda personnel d'un leader politique local. La recherche postule que l'activité d'un élu est plus ou moins commentée en ligne par les professionnels de la politique et de l'information, mais aussi de plus en plus par des « citoyens ordinaires », sur les pages institutionnelles, les blogs et les réseaux sociaux. Il s'agit alors, à partir d'une base de données d'un agenda électronique personnel récent, de fouiller le Web le plus largement possible pour y recenser l'ensemble des informations, communications et commentaires relatifs aux divers événements de son emploi du temps. Le Web est ainsi saisi comme un corpus, et idéalement comme un miroir pouvant refléter l'activité politique et en réalité, du fait de certaines réfractions, comme un prisme déformant. La maîtrise de cette déformation médiatique devient un enjeu stratégique de premier ordre avec l'Internet dont la dimension conversationnelle change vraisemblablement le rapport des leaders aux instruments de contrôle de leur image, à tel point que l'e-réputation fait aujourd'hui l'objet de conseils spécialisés. L'objectif de la recherche est donc de parvenir à objectiver ces déformations pour ensuite les interpréter et, à terme, dégager les variables de l'écho web-médiatique du travail politique dans les années 2010. Les chargés de communication des politiques et les médias classiques communiquaient relativement peu sur l'emploi du temps des élus et sur leurs agendas. L'idéal de transparence conduit désormais certains acteurs à jouer le jeu de la communication sur leur activité, souvent pour mieux dissimuler ce qui restera quoi qu'il arrive de l'ordre du secret d’alcôve. Le média Web vient donc potentiellement recomposer ce jeu autour de la mise en scène du travail politique, les stratégies de communication, la gestion de la transparence, le rapport au secret jusqu'à l'organisation même de l'agenda possiblement affecté de manière rétroactive par d'éventuels calculs sur l'augmentation du risque médiatique (ne plus rencontrer tel type d'interlocuteur susceptible de ternir l'image de l'élu, ou de perturber la mise en œuvre d'une politique…). Que se joue-t-il donc entre l'entreprise politique en action et la nébuleuse communicationnelle du Web ? Qu'est-ce que le Web laisse au final transparaître de l'activité concrète de ces personnalités publiques particulières que sont les élus en cours de mandat ? Le Web peut-il être saisi comme un espace de dévoilement de certaines dimensions du travail politique ? La contribution analysera 1) les implications méthodologiques de l'usage du Web comme corpus de données pour la détection et la reconstitution d'événements, dans le champ du traitement automatique du langage naturel, 2) l'articulation entre recherche en ligne et recherche qualitative plus classique hors-ligne et 3) les implications éthiques des dispositifs utilisés.
 
The web as a mirror of the daily political work? Rebuilding the online media coverage of the events of a politician's agenda
 
Can the Web be seen as a space for staging regular political work? What traces does the daily political work of a mayor leave on the Web, beyond electoral campaign periods? This contribution presents the approach and preliminary results of an ongoing experimental and multidisciplinary investigation, between political science and computer science, on the extraction and exploitation of Web data concerning the personal agenda of a local political leader. We postulate that the activities of politicians are more or less commented online by political or media professionals, but also increasingly by "ordinary citizens", on institutional pages, blogs and social networks. Based on the data extracted from a recent personal organizer, we aim to mine the Web as widely as possible, in order to enumerate all the occurrences, in all the multiplicity of their forms (articles, communications, comments...), of the events constituting the schedule. The Web is considered as a corpus, ideally as a mirror that can reflect the political activity, but in fact as a distorting prism, due to refractions. Web as a media is potentially reshuffling the game of political work staging, communication strategies, management transparency, and the relationship to the political secret. The organization of the agenda can even be affected retroactively by potential calculations related to media risk increase. The goal of this research is to describe these deformations in an objective way, then interpret and ultimately identify the variables in the Web media coverage of political work in the 2010s.

 
Julien Boyadjian (Université de Montpellier, CEPEL)
 
Panéliser Twitter, une méthode hybride de mesure des opinions politiques
 
Les milliers de messages publiés quotidiennement sur internet constituent autant d’indices de pratiques, d’attitudes et d’opinions exprimées sur de nombreux sujets, dont la politique. Ces messages peuvent être alors appréhendés comme un véritable matériau d’analyse du monde social. Ils présentent néanmoins une certaine spécificité par rapport à d’autres types de données : ils ne sont pas générés dans le cadre d’un protocole de recherche. Contrairement aux enquêtes déclaratives (Bourdieu, 1973), les verbatims étudiés présentent alors la garantie de ne pas être des artefacts d’enquête. Cependant, les propriétés sociologiques des auteurs de ces messages restent bien souvent méconnues des chercheurs (Jungherr, 2014). Afin de pouvoir situer ces individus dans le monde social « réel », nous avons administré un questionnaire à un échantillon représentatif de 1 228 usagers « politiques » du réseau social Twitter. L’analyse longitudinale de ce panel permet premièrement d’établir une sociologie de cette population, deuxièmement d’analyser leurs logiques sociales de production et troisièmement d’analyser les dynamiques d’opinion qui parcourent le réseau.
 
Create a panel of Twitter users, a hybrid method for measuring political opinion
 
Thousands of texts daily published on the Internet indicate practices, attitudes and opinions on plenty of issues, politics included. They can be considered a real material to analyze the social world. These digital texts are quite specific, with regard to other types of data: they are not generated by a research protocol. Unlike declarative survey (Bourdieu, 1973), e-verbatims are not artefacts. Therefore, the researcher ignores the sociological properties of their authors (Jungherr, 2014). In order to identify these authors in the real social world, I built my own methodological plans to panelize the members of the social network Twitter. The longitudinal analysis of this panel allows in the first place to establish a sociology of this population, secondly to identify social logics of production and thirdly to analyze the dynamics of opinion.

 
Anne Jadot (Université de Lorraine-IRENEE / CEVIPOF), Pierre Lefébure (Université Paris 13-SPC / LCP)
 
Recruter des répondants pour des enquêtes en ligne grâce à une « Voting Advice Application ». Les enjeux méthodologiques de la ‘panélisation’ d’utilisateurs de la Boussole Présidentielle 2012.
 
Cette contribution propose une réflexion méthodologique sur le recrutement de répondants pour un panel en ligne grâce à un dispositif de type « Voting Advice Application » (VAA), en l’occurrence l’opération « La Boussole Présidentielle 2012 » développée au CEVIPOF avec des collègues néerlandais concepteurs de l’application (Vrije Universiteit, Amsterdam). Dans un contexte où la littérature sur les VAA connaît un développement important, plusieurs enjeux méthodologiques ont déjà été bien établis, notamment les biais de représentativité de ces populations d’utilisateurs volontaires en ligne mais aussi la capacité à cumuler un nombre très élevé de répondants de telle sorte que, avec certaines précautions statistiques, des sous-catégories spécifiques peuvent être traitées alors qu’elles sont généralement trop petites dans les échantillons des sondages classiques. Ici, il s’agira d’apporter un éclairage approfondi sur les possibilités de ‘panéliser’ certains utilisateurs de la Boussole pour mener des recherches ultérieures.
En effet, par le caractère spontané de la participation des répondants et l’obtention d’un résultat personnalisé pour chacun (sur leur position dans l’espace politique), les VAA engagent un sens de la satisfaction de leurs usagers qui peut être converti en motivation à répondre à de futurs questionnaires. C’est cette potentialité que nous examinons en termes stratégie de ‘recrutement’ et de recherche. En procédant ainsi avec un module complémentaire de « La Boussole Présidentielle », c’est un véritable panel que nous avons mis en place, avec jusqu’à quatre ré-interrogations entre 2012 et 2014.
Nous présentons d’abord les enjeux pratiques et légaux d’un tel recrutement pour des enquêtes électorales en ligne. Puis nous nous interrogerons sur les limites en termes de représentativité des répondants effectifs du panel, plus intéressés par la politique et plus mobilisés par les élections mais pas forcément moins critiques vis-à-vis de la politique. Nous observons des critères sociodémographiques, politiques mais aussi d’usages des médias (classiques et NTIC). Nous comparons ce panel, d’une part, à l’échantillon initial de plusieurs centaines de milliers d’usagers de la Boussole et, d’autre part à des échantillons ad hoc représentatifs, interrogés dans d’autres cadres mais au même moment que certains de nos terrains, parfois également en ligne, ce qui neutralise les effets du mode d’administration. Cela permet d’interroger les conditions de fiabilité et de validité des données collectées dans le panel dérivé de « La Boussole Présidentielle ». Enfin, nous discutons l’intérêt et les limites de ce mode d’administration en ligne à faible coût et à large recrutement en vue de proposer des innovations pour de futures enquêtes, en considérant notamment la réactivité des interrogations par rapport au contexte politique qu’elles traitent, l’inclusion facile de questions ouvertes et d’expérimentations (si elles sont souhaitées par les chercheurs). Il s’agit ainsi de promouvoir la complémentarité entre les VAA et les enquêtes électorales classiques.
 
Recruiting for an online survey via a Voting Advice Application. Methodological issues in turning some users from La Boussole Présidentielle 2012 into panel members.
 
This paper tackles the methodological implications of recruiting respondents for an online panel from an application known as a Voting Advice Application. It takes the example of the tool called La Boussole Présidentielle 2012 which was developed at CEVIPOF with Dutch colleagues from the Vrije Universiteit of Amsterdam who had originally created the “Vote Compass” model. In the growing literature about VAAs, several methodological issues have already been well established, such as the representativity biases inherent to data collected online from voluntary users, but also the potential to attract huge number of respondents so that specific sub-categories, usually too small in classic opinion polls samples, can be studied in-depth, providing adequate statistical precautions. Here, the paper goes beyond and presents the potential for subsequent research of turning some users of La Boussole into panel members.
Thanks to the voluntary participation of their users and to the ‘tailored’ result that each of them can visualise on line (about his/her own position in the political space), VAAs indeed generate a satisfactory feeling that can be converted into a motivation to answer further questionnaires. This potentiality is studied here in terms of recruitment strategy and research possibilities. Starting from La Boussole to complement it wih an ‘add-on module’, it is a real panel we have built, with up to 4 subsequent waves between 2012 and 2014.
We cover first the legal and practical aspects of this recruitment for online surveys. Then we will question the statistical limits of the panel: the effective respondents form a non-representative population in terms of political interest and electoral mobilisation, even though they are not necessarily less critical of politics. We will encompass socio-demographic aspects as well as political attitudes and media usage (both classic and ICT). We will compare panel members, on the one hand, to the initial pool of several thousands of La Boussole users and, on the other hand, to ad-hoc representative samples who were surveyed elsewhere but with fieldwork implemented at the same time as our own, sometimes questioned online too, which neutralises the impact of the mode of administration. This will enable us to question under which conditions the data collected in this ‘ad-on module’ from La Boussole can yield reliable and valid data. Finally, we will discuss the merits and limits of such an online panel, which is relatively cheap, reaches vast audiences, can field questionnaires very reactive to the political context they cover, and which can easily include (if so wished by researchers) open-ended questions and experiments. We strongly advocate for a synergy between VAAs and classic national electoral studies.

Christophe Piar (Institut CSA, LCP)
 
Internet et la transformation de la recherche sur les effets persuasifs de la communication politique et des médias
 
Cette contribution vise à expliquer comment Internet et le questionnaire autoadministré en ligne ont transformé le travail des chercheurs spécialisés dans l’étude des mécanismes persuasifs de la communication politique et des médias. L’une des principales méthodologies utilisées dans ce domaine a longtemps été l’expérimentation en laboratoire, qui consiste à faire venir des individus dans une salle (souvent au sein des universités) pour regarder un programme télévisé ou lire un article de presse écrite avant de remplir un questionnaire. Si l’expérimentation en laboratoire a permis aux chercheurs d’explorer les effets d’agenda, d’amorçage, de cadrage ou encore de cynisme et de (dé)mobilisation, elle présente néanmoins le défaut de rendre difficile la généralisation des résultats observés. Le nombre réduit de participants et la non-représentativité de l’échantillon (a fortiori lorsqu’il s’agit d’étudiants) limitent en effet la validité externe de ce type d’enquête.
Mais Internet permet désormais de répondre à cette critique en réalisant des expérimentations auprès de vastes échantillons, qui peuvent même idéalement être représentatifs de la population. Il est ainsi possible d’inviter des individus à s’exposer en ligne à des messages sous forme écrite ou audiovisuelle, puis de leur administrer un questionnaire afin d’évaluer l’éventuel impact de ces messages sur leurs jugements politiques. L’expérimentation en ligne est utilisée aux Etats-Unis, en particulier dans le cadre du dispositif TESS (Time Sharing Experiments for the Social Sciences) lancée notamment sous l’impulsion de Diana Mutz (Université de Pennsylvanie) et d’Arthur Lupia (Université du Michigan), mais également en Europe.
Cette communication présente la méthodologie de l’expérimentation sur Internet et ses points communs et différences avec l’expérimentation en laboratoire traditionnelle, à partir d’une enquête réalisée quelques jours avant les élections européennes du 25 mai 2014. Un échantillon de 500 individus a été constitué selon la méthode des quotas (sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle de la personne interrogée) à partir de l’Access Panel de l’institut de sondages CSA. Ces 500 personnes ont été assignées aléatoirement dans deux conditions expérimentales différentes. Elles ont ainsi regardé un reportage télévisé différent avant de répondre au même questionnaire en ligne, chaque groupe constituant donc le groupe de contrôle de l’autre (between subjects, post test only design).
Cette enquête, qui constitue la première expérimentation en ligne réalisée en France sur les effets des médias sur les choix politiques, permet ainsi de souligner l’un des multiples intérêts d’intégrer Internet dans les protocoles de recherche.
 
Internet and the transformation of academic research on the persuasive effects of political communication and the media
 
This contribution aims to explain how the Internet and the online self-administered questionnaire transformed the work of researchers in the study of persuasive mechanisms of political communication and the media. One of the main methodologies used in this area has long been laboratory experiment, which consists in bringing individuals into a room (often in universities) to watch a TV program or to read a newspaper article before filling a questionnaire. If the laboratory experiment allowed researchers to study agenda-setting, priming, framing, cynicism and (de)mobilization effects, the generalization of the results is nevertheless difficult. Indeed, the small number of participants and non-representative samples (especially samples of students) limit the external validity of this type of experiments.
But with the Web, it is now possible to solve a part of this problem by conducting experiments with larger samples, which can even ideally be representative of the real population. It is thus possible to ask citizens to watch or read messages online, before asking them to complete a questionnaire to assess the impact of these messages on their political opinions. Online experimentation is used in the United States, thanks particularly to TESS (Time Sharing Experiments for the Social Sciences) launched by Diana Mutz (University of Pennsylvania) and Arthur Lupia (University of Michigan) among others, but also in Europe.
This paper presents the methodology of online experiment and its similarities and differences with the traditional laboratory experiment, with an online survey conducted a few days before the 2014 European elections. A sample of 500 individuals was set up with the quota method (gender, age, socio-professional category of the respondent) from the Access Panel of the polling firm CSA. These 500 individuals were then randomly assigned in two different experimental conditions. They watched different television news reports before completing the same questionnaire, each group being the control group of the other (between subjects, post only design test).
This study is the first online experiment conducted in France on the effects of the media on political choices and highlights one of the many benefits of using Internet in research on political objects.


Dominique Cardon (SENSE, Orange Labs et LATTS, Université de Marne la vallée), Jean-Philippe Heurtin (SAGE/Université de Strasbourg – LIER/IMM/EHESS)
 
Propositions méthodologiques pour une analyse des formes critiques dans les conversations ordinaires sur Facebook
 
Dans cette intervention, on souhaite présenter le cadre méthodologique et les premiers résultats d’une expérimentation visant l’étude des pratiques conversationnelles sur Facebook. Dans le cadre du projet ANR, « Politique des algorithmes » (Algopol – CAMS/CNRS, Liafa/Paris 7, Linkfluence, Orange Labs) qui réunit informaticiens et sociologues dans un ensemble de travaux portant sur les formats des artefacts computationnels qui organisent l’information numérique dans les différents espaces du web, nous avons conçu une application d’enquête destinée à collecter des données et à constituer un large panel d’enquêtés sur Facebook (pour plus d’informations, voir le site du projet Algopol : http://algopol.fr). De cette initiative dont le lancement a eu lieu début décembre 2013, on voudrait souligner les enjeux, ainsi que la manière dont nous avons essayé de trouver de fragiles parades aux difficultés que pose la mise en place d’un protocole d’enquête sur Facebook. On reviendra ainsi sur un certains nombre de difficultés que soulèvent la mise en œuvre de digital methods.
Le questionnement scientifique qui anime le projet ALGOPOL voudrait comprendre la structure des liens sociaux existant au sein de réseaux égocentrés à partir du contenu des échanges et des liens partagés sur Facebook. Il est incontestable que les traces des échanges enregistrées par Facebook offrent un matériel original et d’une incomparable richesse pour aborder, à nouveaux frais, des questions de recherche qui traversent depuis longtemps les travaux des sociologues. Après avoir présenter le cadre méthodologique de l’expérimentation Algopol, on prêtera attention à une dimension des données recueillies lors de cette enquête relative à la forme d’expression de la critique ordinaire dans les énonciations conversationnelles sur Facebook. On fait l’hypothèse que l’accroissement de la réflexivité des individus (avec celui de leur scolarisation), les représentations transformées du monde social, les capacités renouvelées à tisser des liens sociaux (ou plutôt : à s’y insérer), à reconnaître des injustices et à s’engager dessinent, de manière sans doute privilégiée sur FB, une métamorphose des formes de la critique et des voies de son expression publique. Nous souhaitons, ainsi, à partir, donc, des « conversations FB », analyser la variété des expressions critiques, depuis ses formes « traditionnelles » (commérage, scandales, affaires), jusqu’à celles, sans doute plus caractéristiques du désarmement de la critique sociale, marquée par l’ironie ou le sarcasme.
 
Methodological proposals for an analysis of critical forms in ordinary conversations on Facebook
 
In this intervention, we would like to present the methodological framework and preliminary results of an experiment for the study of conversational practices on Facebook. As part of the ANR project “Policy algorithms” (Algopol - CAMS / CNRS, Liafa / Paris 7, Linkfluence, Orange Labs) which brings together computer scientists and sociologists in a set of inquiries on computational artifacts formats that organize the digital information in the different areas of the web, we have designed an application survey to collect data and build a broad panel of respondents on Facebook (For more information, see the Algopol project website: http://algopol.fr). In this initiative, launched in early December 2013, we would like to highlight the issues of any investigation protocol on digital data, and how we have tried to find fragile parries to the challenges of such a survey setting on Facebook. More generally, we will return to a number of difficulties involved the implementation of digital methods.
The scientific questioning that animates the ALGOPOL project would understand the structure of social linkages within egocentric networks, as it can be seized from the content of exchanges and the shared links on Facebook. It is indisputable that the traces of exchanges recorded by Facebook offer original and very rich materials to address, anew, the research questions that have long crossed the work of sociologists. After having presented the methodological framework of the Algopol experimentation, attention will be paid to a dimension of the data collected in this survey on the form of expression of criticism in the ordinary conversational utterances on Facebook. It is assumed that the increase of individuals’ reflexivity (correlated with the longer periods of education), the transformation of the representations of the social world, the renewed capacity to forge social bonds (or rather to insert oneself in them), to recognize injustices and to commit oneself, draw, so probably favored on FB, a metamorphosis of forms of criticism and the ways of its public expression. We wish, and hence from the “FB conversations” discuss the variety of critical expressions, from there “traditional” forms (gossip, scandals, case), to those, probably more characteristic of the disarmament of social criticism, marked by irony or sarcasm.

 
Benjamin Loveluck (Université Paris 7 Denis Diderot, Géomedia) , Laurent Beauguitte (CNRS, UMR IDEES)


Traces du Web et sphère publique transnationale. Approches méthodologiques et apports épistémologiques
 
Cette communication propose une réflexion à la fois méthodologique et théorique sur la sphère publique transnationale telle qu’elle se déploie sur le Web, et sur les enseignements qu’il est possible de tirer à partir de la collecte et de l’analyse de deux formes de traces : les hyperliens et les flux RSS. Nous nous appuierons pour cela sur deux projets ANR auxquels nous avons collaboré : le projet e-Diasporas (2009-2012) dirigé par Dana Diminescu, et le projet Géomédia (2013-2016) dirigé par Claude Grasland.
Le projet e-Diasporas (www.e-diasporas.fr) a permis de mener des analyses topologiques de réseaux de sites diasporiques sur le Web, à partir d’une trentaine de corpus. L’objectif du projet Géomédia (http://geomedia.hypotheses.org/ ), toujours en cours, est de mener une recherche sur les échanges contemporains de flux d’information médiatique au niveau international, à partir d’une base de données stockant les fils RSS associés aux articles publiés par une centaine de journaux en différents points du monde.
Notre contribution voudrait revenir tout d’abord sur les difficultés concrètes que pose la collecte de données « nativement numériques », aussi bien s’agissant :
-      de la mise en œuvre pratique ;
-      du codage de l’information ;
-      de la production de métadonnées permettant d’exploiter ces informations.
Dans un second temps, nous souhaitons ouvrir une discussion sur ce que ces deux projets nous apprennent de la sphère publique transnationale, à partir de la formation ou de la transformation d’identités collectives diasporiques d’un côté, et de la circulation des événements de l’actualité internationale de l’autre. Il s’agit notamment d’interroger le sens qui peut être donné aux « traces du Web » à partir de deux démarches très différentes, et leurs apports épistémologiques respectifs.
 
Traces of the Web and transnational public sphere. Methodological approaches and epistemological contributions
 
This paper offers both a methodological and a theoretical contribution towards understanding the transnational public sphere as it unfolds over the Web, and on the lessons which can be derived from the collection and analysis of two kinds of traces: hyperlinks and RSS feeds. To do so, we will draw on two ANR projects which we have been involved in: the e-Diasporas project (2009-2012) coordinated by Dana Diminescu, and the Geomedia project (2013-2016) coordinated by Claude Grasland.
The e-Diasporas project (www.e-diasporas.fr <http://www.e-diasporas.fr> ) has sought to conduct topological analyses of networks of diasporic websites, based on a set of about thirty corpora. The aim of the Geomedia project (http://geomedia.hypotheses.org), which is still in progress, is to research contemporary exchanges of media information flows at the international level, based on a collection of RSS feeds published by over 100 newspapers throughout the world.
We would first like to discuss the very concrete hurdles facing the collection of “digitally native” data, at different levels:
-      The initial setup
-      The coding of the information
-      The production of metadata to work with this information
Secondly, we wish to open a discussion about the transnational public sphere. It will draw on both these projects and on the insights they provide on the formation and transformation of collective diasporic identities on the one hand, and the international circulation of events in the media on the other. We will focus on the meaning which can be given to the “traces of the Web” from two very different approaches, and evaluate their respective epistemological contributions.

 
Pierre Ratinaud (Université Toulouse 2, LERASS), Nikos Smyrnaios (Université Toulouse 3, LERASS)
 
Une méthode pour articuler analyse des réseaux et des discours sur Twitter autour des controverses politiques

Depuis quelques années déjà les réseaux socionumériques sont le terrain d’expression des nombreuses controverses. Parmi ces réseaux, Twitter semble être l’un de plus adapté à une expression publique d’opinions et à la circulation d’informations autour des faits politiques. Du Printemps arabe jusqu’au Mariage pour tous, tous les événements d’actualité et politiques d’envergure ont été débattus, de manière plus ou moins polémique, sur cette plateforme qui, selon les études les plus récentes, concentre une population davantage politisée que la moyenne avec notamment une forte présence du personnel politique, de journalistes, d’activistes etc.
La méthode que nous proposons et que nous avons déjà mise en œuvre de manière expérimentale (Smyrnaios, Ratinaud, 2014) vise à collecter quantités de messages postés sur Twitter autour des controverses de nature politique et d’y effectuer un double traitement : d’abord une analyse de graphes afin de déceler la structure des relations qui se développent entre utilisateurs et repérer des agrégats qui correspondent à des communautés fondées sur des positionnements politiques communs ; ensuite une analyse lexicométrique de tweets qui permet la définition des classes de discours qui sont sous-représentées ou surreprésentées auprès des communautés spécifiques.
D’un point de vue technique, nous mettons en œuvre un dispositif de collecte de tweets en grande quantité avec le logiciel DMI TCAT développé à l’université d’Amsterdam, puis nous utilisons le logiciel Gephi afin de visualiser les graphes correspondant à des réseaux d’échange sur Twitter. Enfin, nous utilisons le logiciel Iramuteq pour l’analyse lexicometrique et l’obtention des principales classes de discours. L’originalité de notre démarche réside dans l’articulation des ces outils de manière à montrer quelles sont les classes de discours les plus représentatives de chaque communauté et comment elles évoluent dans le temps.
Notre communication propose de présenter la méthode à partir d’un cas précis, celui de Charlie Hebdo et des réactions qu’il a suscitées sur Twitter. Ces premiers résultats de notre analyse contredisent, au moins partiellement, l'idée que l'attaque contre Charlie Hebdo a produit un point de vue unanime. On s’aperçoit d’abord que les échanges sur Twitter à ce sujet ont été structurés fortement par une logique d’homophilie politique. Ensuite, si la condamnation et l'indignation semblent constituer la norme pour la grande majorité des commentaires, il apparaît aussi que le positionnement politique demeure un puissant facteur de différenciation du discours adopté mais aussi des thématiques et des sources privilégiées.
 
A method to combine networks and discourse analysis over political controversies on Twitter
 
For some years now the Social Networking Sites (SNS) are the field of expression of political controversies. Among them Twitter seems to be the more suited to public expression on politics and news. From the Arab Spring to the opposition on gay marriage in France, all the major political events are discussed and commented on this platform which attracts a population more politicized than average including a strong presence of politicians, journalists, activists, etc.
The method we propose, and we have already implemented experimentally (Smyrnaios, Ratinaud, 2014) aims to collect big quantities of messages posted on Twitter about controversies of political nature and to perform a double treatment: first a network analysis in order to visualize the structure of interactions among users and identify clusters that correspond to communities based on common political positions; then a lexicometric analysis of the content of tweets that allows the definition of discourse classes that are underrepresented or overrepresented among specific communities.
From a technical point of view, we are implementing a large quantity tweets collection device with the DMI TCAT software developed at the University of Amsterdam, and then we use the Gephi software to visualize the graphs corresponding to networks of interactions on Twitter. Finally, we use the Iramuteq software for lexicometric analysis. The originality of our approach lies in the combination of these tools in order to show what are the most representative classes of discourse for each community of users and how they evolve over time.
Our paper aims to present the method based on a specific case study, that of the Charlie Hebdo attacks and the reactions to it on Twitter. The first results of our analysis contradict, at least partially, the idea that the attack against Charlie Hebdo produced a unanimous point of view. We notice first that exchanges on Twitter about the events were highly structured by political homophily. Then, if condemnation and outrage seem to be the norm for the vast majority of comments, it also appears that political positioning remains a powerful differentiator when it comes to the kind of discourse used as well as privileged themes and news sources.


Virginie Descoutures (Sciences Po, CDSP et Université Paris-Descartes, Cerlis), Guillaume Garcia (Sciences Po, CDSP), Thibaut Rioufreyt (Sciences Po, CDSP), Karim Souanef (Sciences Po, CDSP et Université Paris Dauphine, IRISSO)
 
Mettre en ligne des enquêtes qualitatives en sciences sociales. Enjeux scientifiques et déontologiques autour de l’anonymisation des données
 
Depuis plus de dix ans, les projets de collecte et de mise à disposition des données d’enquêtes qualitatives en sciences sociales se sont multipliés, et ce dans différents pays. En France, beQuali a été créé en 2010 au sein du Centre de données socio-politiques (CDSP) de Sciences Po et repose sur une ambition scientifique, celle de rendre possible la réutilisation des données qualitatives, jusque-là très peu pratiquée en  France. Outil à vocation nationale, bequali s’inscrit dans la politique patrimoniale de conservation des données de la recherche. Ses objectifs sont pédagogiques (mise en visibilité de la diversité des démarches) et scientifiques (permettre l’analyse secondaire). Dans ce cadre a été mis en place un site web permettant l’exploration en ligne et le téléchargement – sous conditions d’accès strictes – de matériaux d’enquêtes de science politique et de sociologie.
Depuis 2010, le projet s’est heurté à plusieurs obstacles parmi lesquels l’indifférence de certains chercheur·e·s et leurs réticences à la mutualisation. Au titre de ces réticences, est apparue avec force la question des enjeux déontologiques que soulève le partage de leurs matériaux d’enquêtes avec d’autres, via leur mise en ligne, quand bien même celle-ci est contrôlée. La communication proposée porte sur les enjeux autour de l’anonymisation des données d’enquêtes mises en ligne sur Internet. Le web est ici appréhendé moins comme un terrain de recherche en soi que comme un outil permettant d’accéder aux données d’enquêtes « premières » afin de procéder à de nouvelles recherches. Nous voudrions montrer que la mise à disposition des données d’enquêtes « originales » recueillies dans le cadre d’entretiens ou d’observations ethnographiques oblige à repenser cette question de l’anonymisation .
La diffusion des données, même si elle ne concerne qu’un public restreint, pose d’abord des problèmes déontologiques et juridiques. D’ailleurs, ces derniers émergent à l’occasion des phases qui précèdent la mise en ligne des données. Au cours d’abord de la négociation avec le(s) chercheur(s) pour accéder et collecter leurs matériaux d’enquêtes. Le risque pour la ou le chercheur est de voir se briser le contrat de confiance entre l’enquêteur ou l’enquêtrice et l’enquêté·e (et en somme sa réputation), auprès de « son terrain » mais aussi auprès de la profession, si le cadre déontologique primordial du respect de l’anonymat n’était pas garanti. De plus, certaines recherches sont soumises à l’approbation de comités d’éthique qui exigent l’autorisation des enquêté·e·s lorsque cela s’avère nécessaire. Pour pouvoir anonymiser de telles données en vue de leur diffusion, il est également nécessaire de savoir comment les chercheur·e·s ont traité la question en amont, notamment en vue de la publication des résultats.
Dans le même temps, les données brutes doivent être mises à disposition le plus fidèlement possible à l’original pour la réutilisation. Il s’agit là d’une contrainte scientifique forte : préserver la richesse sociologique des données. Cela aussi bien dans une visée d’administration de la preuve que d’analyse secondaire, etc.
La gestion de ces contraintes est au cœur du travail de notre équipe. C’est pourquoi beQuali est à considérer comme un outil de mise à disposition de données qualitatives sur le web, mais aussi, et surtout, comme un espace de réflexivité. Cette contribution entend restituer les questions concrètes auxquelles nous nous sommes confrontés autour du travail d’anonymisation des données. Nous mettrons en évidence les tensions qui en découlent, entre intérêt scientifique (volonté de conserver la richesse sociologique de l’entretien) et enjeux déontologiques comme juridiques (conservation de l’anonymat, préservation du contrat de confiance). Nous proposons d’y répondre à partir d’une réflexion collective basée aussi bien sur l’examen croisé de plusieurs cas de figure d’enquêtes déjà traitées ou en cours de traitement, que sur l’examen de la manière dont d’autres chercheurs, dans la littérature notamment, ont affronté cette question.
Nous souhaitons à travers cette communication susciter une discussion qui intéresse au plus haut point la science politique à une époque où les technologies numériques renouvellent fortement ses méthodes de recherche.
 
Online dissemination of qualitative data. Scientific and ethical issues around the anonymisation of data
 
For over ten years, many countries have initiated projects which aim to collect, to process and to disseminate qualitative data surveys made by researchers in the social sciences. In France, beQuali was created in 2010 within the Centre de données socio-politiques (CDSP) de Sciences Po. Its scientific ambition is to make possible the reuse of qualitative data. beQuali has a national scope and is part of the preservation of research data policy. Its objectives are both educational (make visible the diversity of methodological approaches) and scientific (allow secondary analysis). For this purpose a website was set up to give secondary users the means to explore online and to download - under strict access conditions – various materials from political science or sociology research surveys.
Since 2010, the project has encountered several obstacles including the indifference of some researchers and their reluctance to share their data. Among these reluctances, there are particular ethical issues raised by the fact of sharing with others some data online, even if it is highly controlled.
This communication deals with the anonymization issue when it comes to anonymyze online data. The web is here apprehended in itself less as a field research and more as a tool for accessing the original survey data to conduct further research. We want to show that the dissemination of "original" survey data collected through interviews or ethnographic observations requires to rethink the issue of anonymization.
Dissemination of data, even if it concerns only a small audience, first raises ethical and legal issues. These problems arise during the first negotiation with the (s) researcher (s) to access and collect their survey materials. The risk is breaking the trust between the interviewer and the interviewee, if the essential ethical framework of the respect for anonymity was not guaranteed. In addition, some research is subject to the approval of ethics committees that require the authorization of the respondents when necessary. To anonymize such data for dissemination, it is also necessary to know how the original researchers treated this issue, especially for the publication of results.
At the same time, raw data should be made available as closely as possible to the original for reuse.
This is a strong scientific constraint: preserve the sociological potential of data, in order to make them reusable.
The beQuali team must manage these constraints for each survey to be disseminated. beQuali should be considered not only as a tool for dissemination of qualitative data on the web, but also, and especially, as an arena of scientific debate. This paper intends to discuss the concrete issues we are facing when it comes to anonymizing data. We will highlight the resulting tensions between scientific and ethical or legal issues.
We propose to respond from a collective reflection based on the cross-examination of several surveys already processed or being processed, as a review of how other researchers in literature in particular have faced this question. We hope, through this communication, to generate a discussion that is of outmost importance for political science at a time when digital technologies strongly renew their research methods.

 
Jérémy Bouillet (IEP de Grenoble, PACTE)

 
L’opinion publique en action : le Bulletin Board Online (BBOL) au croisement des logiques d’engagement, de publicité et de conflit sur les problèmes publics
 
Réduite dans son usage le plus régulier à son acception behaviorale, procédant par simple sommation des opinions individuelles, l’opinion publique se retrouve souvent prise dans un procès de définition et de méthodes. Car du fait de la puissance du l’outil quantitatif, la « reine du monde » de Pascal est souvent rabattue sur une « opinion sondée » – selon les termes de Joëlle Zask. Et indéniablement, elle gagne en extension ce qu’elle perd en relief. L’outil quantitatif fonctionne littéralement comme un coup de sonde : l’opinion, préexistante, est à pécher.
Le Bulletin Board Online (BBOL) a été développé pour éviter cette réduction. A mi-chemin entre une démarche par entretiens semi-directifs et un focus group, il s’agit d’un outil « designé » pour favoriser les principes d’ambigüité et de réponse mis en avant par John Zaller. La communication a pour ambition de revenir sur les possibilités et les limites offertes par cet outil. Bien contrôlé, il permet notamment de faire varier les scènes d’expression de l’opinion publique (de la scène à la coulisse pour reprendre un vocabulaire goffmanien), d’observer la formation de coalitions locales et éphémères (ou à l’inverse parfois durables et générales) pour engendrer la conviction ou la persuasion du groupe ou encore de mesurer le concernement des individus sur un sujet donné.
Dans le cas d’objets politiques placés au bas de la hiérarchie des enjeux car peu visibles à travers les sondages, le BBOL permet de voir les registres argumentatifs développés ou repris tels quels par les individus et les expériences et savoir-faire discursifs mobilisés. Il ouvre ainsi une voix à une analyse de la compétence politique en termes de compétence discursive et linguistique, ainsi qu’à une lecture plus dynamique de l’opinion publique toujours en formation : sur certains problèmes publics, des pans de récits publics sont endossés sans discussion, alors que d’autres font l’objet de politisation, de jeux de (dé)codages idéologiques, etc. L’instrument met ainsi en lumière ce que le sondage réussit difficilement à faire : l’ajustement entre des prédispositions de long terme et des effets de cadrages et de contexte ou des effets de controverse.
Il s’agit également de bien saisir les limites de l’outil. La comparaison entre un BBOL mené sur plusieurs mois durant la campagne présidentielle de 2012 et un BBOL couplé à un sondage en régime de routine, en région PACA, souligne les limites de cet instrument.
 
Public opinion in action: logics of commitment, publicity and conflict on public problems in a Bulletin Board Online
 
Often reduced in its most common use to its behavioral meaning as an addition of individual opinions, the notion of public opinion is regularly taken in a trial of definition and methods. The power of the quantitative methods being seducing, Pascal’s ‘queen of the world’ is regularly reduced to a ‘pooled opinion’ (Joëlle Zask). But unmistakably, it gains in extension what it loses in density as the quantitative methods works as a probe: pre-existing somewhere, public opinion would wait to be fished.
The Bulletin Board Online (BBOL) was here designed to avoid this reduction. Halfway between semi-directive interviews and focus groups, the tool does not try to hide the ambiguity and response principles highlighted by John Zaller. This communication shows the possibilities and limits offered by the BBOL. Well controlled, it allows a variation of the scenes in which the opinions are expressed (from back-stage to front-stage to use of goffmanian vocabulary), but also the observation of local and short-lived coalitions (or sometimes, on the contrary, long-lasting and more general ones) that may provoke group conviction or persuasion phenomenon. It also permits to measure the interviewed commitment towards given topics.
Some political issues are often neglected, being at the bottom of issues considered important in classic polls, and thus appearing less visible. But the BBOL allows to reproduce argumentative registers developed but some, resumed by others, and to see the importance of personal experiences and discursive know-how. It may pave a way to an analysis of political competence in terms of linguistic skills, as well as to a more dynamic reading if an always-in-formation public opinion. Indeed, on certain public problems, parts of public narratives are taken for granted without any discussion, while others are objects of politicization, political de- and recoding. The tool manages to see aspects on which classic polls are often blind: the adjustment between long-term predispositions, priming, framing and effects of public controversies.
This work also tackles the question of the tool’s limits. The comparison between one forum led for several months during the 2012 French presidential elections and another during a moment of ‘routine’ in Provence-Alpes-Côte d’Azur highlights it well.


Participants

Beauguitte Laurent beauguittelaurent@hotmail.com
Bouillet Jérémy jeremy.bouillet@sciencespo-grenoble.fr
Boyadjian Julien julien.boyadjian@hotmail.fr
Cardon Dominique dominique.cardon@gmail.com
Contamin Jean-Gabriel jean-gabriel.contamin@univ-lille2.fr
Costa Olivier o.costa@sciencespobordeaux.fr
Descoutures Virginie virginie.descoutures@sciencespo.fr
Dompnier Nathalie Nathalie.Dompnier@univ-lyon2.fr
Dormagen Jean-Yves Jean-Yves.Dormagen@univ-montp1.fr
Elbèze Marc marc.elbeze@univ-avignon.fr
Garcia Guillaume guillaume.garcia@sciencespo.fr
Greffet Fabienne fabienne.greffet@univ-lorraine.fr
Heurtin Jean-Philippe jpheurtin@unistra.fr
Jadot Anne anne.jadot@univ-lorraine.fr
Lefébure Pierre pierre.lefebure@univ-paris13.fr
Labatut Vincent vincent.labatut@ univ-avignon.fr
Loveluck Benjamin b.loveluck@gmail.com
Marrel Guillaume guillaume.marrel@univ-avignon.fr
Piar Christophe christophepiar@hotmail.fr
Ratinaud Pierre ratinaud@univ-tlse2.fr
Rioufreyt Thibaut thibaut.rioufreyt@sciencespo.fr
Smyrnaios Nikos smyrnaios@free.fr
Souanef Karim k.souanef@yahoo.fr
Theviot Anaïs a.theviot@gmail.com

 

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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