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Section Thématique du groupe de projet GRePo

Au-delà du mandat : pour une approche globale de la représentation politique
Beyond the mandate: for a global approach of political representation

Responsables

Virginie DUTOYA (CNRS/Centre Émile Durkheim)
Emilie FRENKIEL (Université Paris 12)
Samuel HAYAT (Cnam)
Stéphanie TAWA LAMA-REWAL (CNRS/CEIAS)
Yves SINTOMER (Université Paris 8)
grepogroupeafsp@gmail.com

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Ces dernières années, outre la sociologie électorale classique, un nombre important de travaux de sociologie historique ont bouleversé les vues conventionnelles de l’élection. Ils ont permis de mieux comprendre la variété des logiques sociales qui ont sous-tendu celle-ci dans différents contextes temporels et sociaux (A. Garrigou, O. Ihl, Y. Deloye), ainsi que la diversité des « prétentions à la représentation » (M. Saward) manifestées à travers l’élection, prétentions qui dépassent largement l’idée du mandat donné à des élus pour agir au nom d’électeurs censés avoir décidé en leur for intérieur quels seraient les meilleurs représentants. Les mutations du gouvernement représentatif ont également été explorées sous un angle plus théorique (B. Manin, P. Rosanvallon). Parallèlement, à travers les travaux sur le champ politique, une réflexion s’est engagée pour intégrer les analyses du « cens caché » (D. Gaxie) dans une conceptualisation plus globale de ce que peut signifier la représentation, intégrant les analyses sur le « fétichisme de la délégation » (P. Bourdieu) mais aussi les formes de « politique de la présence » (A. Phillips, I. Young) à l’œuvre dans les revendications de parité hommes/femmes en politique ou de représentation des minorités. De plus, nombre de travaux sur les dynamiques de représentation politique dans le « Sud global » ont apporté des contributions essentielles pour provincialiser certains de nos réflexes (localement) conditionnés (J.F. Bayart, C. Jaffrelot). Enfin, des travaux issus de l’histoire et de la sociologie des sciences ont insisté sur les parallèles potentiels entre la représentation scientifique et la représentation politique (B. Latour, M. Callon).
 
Dans la perspective de ces travaux et des discussions qui ont eu lieu dans le cadre du GrePo durant les trois dernières années, cette section thématique vise à dépasser une vision de la représentation uniquement focalisée sur le mandat unissant représentant et représentés pour l’envisager de façon plus globale, en incluant ses dimensions sociologiques, symboliques et culturelles. En particulier, nous aimerions orienter nos discussions autour de deux ensembles de questions qui renvoient à deux dimensions de la représentation cruciales mais sous-étudiées.
 
1. De l’étude de la représentation-mandat à l’analyse des systèmes représentatifs
Envisager la représentation à l’échelle systémique est une idée importante de l’ouvrage séminal d’Hannah Pitkin, The Concept of Representation. Elle y propose deux conceptions de la représentation politique qui constituent en réalité deux échelles de la représentation. Selon la première, qui a été la plus utilisée, la représentation politique relie un représentant et une circonscription (constituency) représentée : un bon représentant est alors celui qui agit pour le représenté de façon réactive, c'est-à-dire qui défend ses intérêts en étant réactif à l'expression de ses souhaits. Dans, une seconde conception, qui selon Pitkin devrait primer, la réactivité se mesure au niveau systémique ; le système politique dans son ensemble doit fonctionner dans l'intérêt des représentés et réagir à l'expression de leurs souhaits, et cette réactivité systémique n’est pas simplement l’addition des dispositions des représentants individuels. Paradoxalement, cette piste a été encore peu explorée. Elle rejoint pourtant des pistes qui insistent sur la pluralisation des voies de la légitimité et de la représentation démocratique.
 
Penser la représentation comme système est de première importance pour analyser les développements contemporains de la démocratie représentative, notamment parce que cela permet d’intégrer des éléments habituellement considérés comme hors de la représentation (les dispositifs participatifs, les mouvements sociaux), comme ce sera le cas de plusieurs communications présentées dans le cadre de cette section thématique. Par ailleurs, d’autres communications portant sur des objets plus classiques des études sur la représentation (comme l’Assemblée nationale et le Sénat), montreront également le besoin d’élargir la focale au-delà du mandat afin de saisir la complexité des dynamiques de représentation.
 
2. Charisme et représentation symbolique
Une seconde direction explorée dans cette section thématique sera celle des aspects symboliques de la représentation politique, parfois envisagée dans les communications proposées au travers de la notion de charisme. Comme l’a mis en lumière Pierre Bourdieu (s’inscrivant par là dans une tradition de pensée qui remonte à Hobbes), c’est en partie le représentant qui fait le représenté au nom duquel il parle. En cela, les dispositifs institutionnels et les prétentions à la représentation des groupes participent à ce que L. Boltanski a appelé l’« unification symbolique » des représentations sociales de ces groupes. Cette thématique est au cœur des analyses proposées par la théorie politique allemande (G.Göhler, R.Hitzler) et permet de penser à nouveaux frais le rôle de la représentation dans la construction des communautés politiques. Parce que la représentation comporte toujours une part de monstration, de mise en scène (R.Chartier), elle met en jeu des processus esthétiques dont il faut rendre compte : les formes de « représentation du pouvoir » sont consubstantielles du « pouvoir de la représentation » (L.Marin) et de ceux qui se font reconnaître comme représentants légitimes.
 
Intégrer la dimension symbolique à l’analyse de la représentation pourra passer par des études empiriques ou théoriques posant (notamment) ces questions : Quelle part joue la représentation symbolique, et dans quelle mesure est-elle distincte de la représentation-mandat ? Dans une perspective de construction sociale de la réalité, comment analyser les dynamiques et les effets de l’incarnation du groupe dans le ou les représentants qui sont censés le représenter ? Quelle est la part de « représentation » - au sens de la mise en scène – dans la légitimité des représentants, et dans quelle mesure le concept wébérien de « charisme » peut-il être mobilisé pour la compréhension de ce phénomène ?
 
Plusieurs contributions s’attacheront ainsi à analyser le rôle des qualités personnelles attribuées aux individus dans la construction de la représentation, notamment dans le cadre des campagnes électorales. D’autres communications s’intéresseront aux processus de légitimation de leaders et représentants en dehors du cadre électoral, par exemple dans des mouvements sociaux, ou dans le cadre du community organizing.

For the last few years, alongside standard electoral sociology, a great number of sociological studies have dramatically transformed conventional understandings of elections. They have permitted to better comprehend the variety of the social logics underlying elections in different temporal and social contexts (A. Garrigou, O. Ihl, Y. Deloye). They have also given a better grasp of the diversity of the ‘representative claims’ (M. Saward) made in electoral times. And these claims have gone way beyond the single idea of the mandate given to elected representatives for them to act in the name of voters, who are supposed to have deep inside made up their minds about who the best representatives would be. The transformations of the representative government have also been explored from a more theoretical perspective (B. Manin, P. Rosanvallon). Meanwhile, with studies on the political field, a reflection aimed at integrating analyses of the ‘hidden census’ (D. Gaxie) within a more global conceptualization of the possible meaning of representation, was initiated. It takes into account analyses of the ‘fetichisation of delegation’ (P. Bourdieu) as well as forms of ‘politics of presence’ (A. Phillips, I. Young) which are at play when gender parity in politics or the representation of minorities are claimed. Besides, many studies on the dynamics of political representation in the ‘global South’ have made an essential contribution to provincializing some of our (locally) conditioned reflexes (J.F. Bayart, C. Jaffrelot). To finish, studies in history and sociology of science have emphasized the possible parallels that can be made between scientific and political representation (B. Latour, M. Callon).
 
In line with the aforementioned studies and the discussions which have taken place for the last three years in our GRePo seminar, this thematic section aims at going beyond views of representation solely focused on the mandate which unites the representative and the represented and at considering it from a more global angle, also embracing its sociological, symbolic and cultural dimensions. More specifically, we would like to tackle two main sets of questions referring to two critical but understudied dimensions of representation: 1/ the shift from studying mandate-representation to analysing representative systems; 2/ charisma and symbolic representation


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 3 : mardi 23 juin 9h00 – 12h00
Session 4 : mercredi 24 juin 14h00 – 17h00

Lieu : voir le planning des sessions


Programme

Axe 1 / Penser la représentation comme système

Discutant-e-s : Yves Sintomer (Université Paris 8), Stéphanie Tawa Lama-Rewal (CNRS/CEIAS) et Virginie Dutoya (CNRS/Centre Émile Durkheim)

Axe 2 / Charisme et représentation symbolique

Discutant-e-s : Emilie Frenkiel (Université Paris 12) et Samuel Hayat (Cnam)


Résumés des contributions

Clément Arambourou (Centre Emile Durkheim/Université de La Rochelle) et Fanny Bugnon (Centre Émile Durkheim/Sciences-Po Bordeaux)
 
Contraintes de rôle et politisation des questions sexuelles dans la campagne municipale d'Alain Juppé (2013-2014) : une analyse du travail d'unification de la représentation symbolique

Dans la lignée des approches interactionniste et bourdieusienne, la sociologie de la représentation politique peut recourir à la mobilisation d'une métaphore théâtrale de la scène politique. C’est dans cette perspective que nous analysons la campagne menée par l'équipe d'Alain Juppé à l'occasion de l'élection municipale bordelaise de 2014, cela en nous focalisant sur la politisation des questions sexuelles. En effet, marqué par les mobilisations d'opposition à l'ouverture du droit au mariage aux couples de même sexe et à ladite « théorie du genre », le scrutin de 2014 constitue un terrain d'enquête particulièrement riche pour saisir la construction d'une offre politique en tension entre enjeux locaux et questions nationales. Cette communication se base sur une enquête ethnographique (observations participantes, entretiens, suivi de la presse locale, etc.) de neuf mois auprès de femmes et d'hommes engagé.e.s dans la campagne d'A. Juppé. Elle montre comment cet entrepreneur politique parvient à rassembler des soutiens aux aspirations contradictoires. L'union des contraires caractérise cette opération. En effet, le rassemblement se fait à la fois malgré et grâce aux questions sexuelles qui, de principes de division particulièrement conflictuelles au niveau national, deviennent, dans le cadre de ce scrutin municipal et de cette équipe politique, des principes d'unification déconflictualisés.
 
Role constraints and politicization of sexual issues in 2013-2014 Alain Juppé's municipal campaign : an analysis of the unification process of symbolic representation

Following the  general perspective of interactionnist and bourdieusian sociology, political representation can be studied through the metaphor of political theatre., We aim at investigating the 2014 Bordeaux municipal campaign led by Alain Juppé’s team byfocusing on the politicizaation of sexual issues. Indeed, this election took place in a context of mobilisation against gay marriage and the so-called « gender theory ». As such, this political context constitutes a fruitful opportunity to analyze the construction of a political offer caught between the local and national level. This paper is based on a 9 month ethnographic inquiry based on various materials (participant observation, interviews, local press, etc) embedded in A. Juppé's team. We show that a political entrepreneur can succeed in aggregating different supporters with  divergent and even contradictory expectations. This operation rests on what could be called the union of opposites: indeed, the aggregation of support is realized both because of, and in spite of gender issues. What was at the national level a key factor of division and conflict becomes at the local level and in this municipal political enterprise a deconflictualized principle of unification.

 
Emmanuelle Bouilly (CESSP, Université Paris 1)

« Avoir des gens derrière soi ». La politique du nombre ou la représentation politique comme performance au Sénégal

Cette communication entend explorer la représentation politique au double sens du terme : entendue classiquement comme la capacité à mettre en forme et porter les revendications d’individus ou de groupes, et définie comme une performance. Par-delà le mandat électif, il s’agit d’analyser les formes symboliques et matérielles d’incarnation d’intérêts sociaux par des individus non-élus. Cette réflexion s’appuie sur l’étude d’une mobilisation de femmes au Sénégal dont la porte-parole use d’un mode d’action singulier mais routinier dans le paysage national : « la politique du nombre » (Offerlé, 1998). A l’occasion d’événements publics variés (meetings, visites de bailleurs etc.), cette leader draine une foule d’individus et met en scène leur présence par une scénographie et des dispositifs matériels spécifiques (chants, danses, vêtements, minibus, etc.) afin d’obtenir de ses interlocuteurs extérieurs la satisfaction de certaines demandes sociales et politiques. Cette mise en scène du nombre « apparaît comme un facteur de représentativité (part du groupe que l’on a derrière soi) et de légitimité (capacité de nuisance matérielle ou symbolique de tel groupe par rapport aux autres) » (Offerlé, 1998 : 110 ). Derrière la capacité à mobiliser ou à donner l’illusion du nombre, se jouent la faculté d’individus non-élus à être reconnus et demeurés représentatifs, ainsi que les imaginaires politiques et définitions populaires ou institutionnelles de ce qu’est un représentant légitime.    
 
The politics of number or political representation as performance in Senegal.

This communication aims to explore political representation both as the ability to shape and bring the claims of individuals or groups, and as a performance. Beyond the electoral mandate, the symbolic and material forms of incarnation of social interests by non-elected individuals will be analysed. This reflection is based on the study of a women’s movement in Senegal where a spokesperson uses a singular but routinised mode of action: the "politics of numbers" (Offerlé, 1998). During various public events (meetings, donor visits etc.), this female leader gathers a crowd of people, and demonstrates its presence by a specific scenography and material culture (songs, dances, clothing, minibus, etc.) to obtain satisfaction of social and political demands. This symbolical staging of the number "appears as a factor of representativeness (a group behind oneself) and of legitimacy (material or symbolic ability to cause trouble compared to other people)" (Offerlé 1998: 110). Behind the ability to mobilize people or to give this illusion, lays the ability of unelected individuals to be recognized and remained representative, as well as political imaginaries and popular or institutional definitions of what constitutes a legitimate representative.


Aïcha Bourad (LaSSP/IEP Toulouse) et Julien Fretel (CESSP/Paris 1)
 
La représentation par le charisme « ordinaire »

L’action du porte-parole en politique est un « coup de force symbolique » qui permet à ce représentant de « faire le groupe qui le fait » (Bourdieu 1984). Vu sous cet angle, il est intéressant d’envisager la domination charismatique comme un cas possible de ce travail de représentation. Cette communication propose d’analyser les rapports charismatiques impliquant des « personnalités ordinaires » dans le paysage politique. Il s’agira d’analyser d’une part la candidature de José Bové durant la campagne présidentielle de 2007 et d’autre part le leadership partisan incarné par François Bayrou au sein du Modem. Le premier a été candidat à la magistrature suprême en 2007 sans être soutenu par un parti politique. Il a ainsi bravé la prétention représentative exclusive des partis dominants pour incarner le « mouvement social » dans le champ politique. Il a exercé un rapport de domination charismatique sur une partie de ses militants. Le second préside de façon très incarnée un mouvement politique composé d’individus prédisposés à le soutenir avec foi. Si de l’extérieur, sa magistrature paraît routinière, au sein de son organisation c’est de charisme dont il est question dans les échanges. Sur la base de deux enquêtes approfondies, cette communication propose un regard croisé sur le « charisme ordinaire » de dirigeants politiques, sur le type de représentation qu’il implique mais aussi sur les fondements de la croyance des entourages et soutiens qui l’accréditent.
 
The representation by the "ordinary" charisma

The action of the spokesman in politics is a "symbolic coup" that allows this representative to "make the group that makes him" (Bourdieu 1984). Seen from this perspective, it is interesting to consider the charismatic domination as a possible case of this advocacy work. This communication aims to analyse the charismatic rapports involving "ordinary persons" in the political landscape. It will analyse on one hand the candidacy of José Bové during the 2007 presidential campaign. On the other hand, it will look at the partisan leadership embodied by François Bayrou inside the Modem. The first was a 2007 presidential candidate without the support of a political party. He has challenged the pretended exclusive representativity of the dominant parties and has embodied the "social movement" in the political field. He has developed a charismatic domination relationship with some of its militants. The second chairs and embodies a political movement made up of individuals predisposed to support him with faith. From the outside, its judiciary seems conventional; inside his organisation however, it is all about charisma. Based on two detailed investigations, this paper offers a fresh perspective on the "ordinary charisma" of political leaders, not only about the type of representation involved, but also on the basis of the belief of the circles and supports that give him credit.


Paula Cossart (CERAPS) et Andrea Felicetti (Université catholique de Louvain)

Quand « la loi de la représentation n’est pas admise » (Tocqueville). La culture délibérative des Town Meetings de Nouvelle Angleterre (17e-19e siècles)

La politique pratiquée dans les Town Meetings a fasciné des générations de chercheurs sur la démocratie. Nous nous centrerons sur ces assemblées de la Nouvelle-Angleterre du 17ème au 19ème siècle, où les habitants délibèrent sur les affaires communes et prennent des décisions qui touchent la collectivité. Tocqueville, dans De la démocratie en Amérique, s’émerveillant de la forme prise par ces assemblées communales, écrit que « dans la commune, la loi de la représentation n’est pas admise ». Mais à quoi renvoie ici cette « loi de la représentation » ? L’article aborde deux questions principales : l'émergence de ces assemblées dans le cadre des colonies et la mesure dans laquelle ces organes ont été démocratiques. Les débats autour de l'émergence de la politique des Town Meetings et de leur qualité démocratique nous offrent une étude de cas très intéressante pour explorer la question des « cultures délibératives ». L’interrogation sur comment des traits relevant d’une culture spécifique ont déterminé le développement de pratiques démocratiques de délibération a marqué le champ de recherche sur la démocratie délibérative. Sass et Dryzek, par exemple, ont appelé à une investigation systématique pour savoir si et comment les pratiques de délibération se manifestent dans différentes cultures. L'analyse historique joue un rôle primordial dans cet effort pour mieux comprendre la question des « cultures délibératives ». Les communes, souvent dépeintes comme des instances de délibération démocratique, ont émergé au sein de communautés plutôt homogènes, marquées par peu de dissidences et régies par ce qui a été décrit comme une théocratie. Dans quelle mesure le gouvernement via les Town Meetings a-t-il répondu à une question de pure nécessité ou bien à une spécificité culturelle des colons ? Quel rôle a joué la culture politique et religieuse dans l'établissement de ces organes ? Et quel rôle la culture des colons a joué dans l'établissement et la protection des assemblées communales comme délibératives et démocratiques, d'une part, et dans le développement de leurs aspects non démocratiques, de l'autre ?
 
When "the law of representation is not allowed" (Tocqueville). Deliberative culture in New England Town Meetings (17th-19th centuries)

Town Meeting politics fascinated generations of scholars of democracy. We’ll focus on these assemblies of New England from the 17th to the 19th century, where the inhabitants deliberate upon common affairs and take decisions affecting the community. Tocqueville in De la démocratie en Amérique, marveling at the form taken by the municipal assemblies, writes that “in the municipality, the law of representation is not admitted”. But what is this “law of representation”? The paper will address two main questions: the emergence of these assemblies in the context of colonial settlements and the extent to which these bodies were democratic. The debates around the emergence of Town Meeting politics and their democratic quality provides us with a very interesting case study to explore the issue of “deliberative cultures”. The issue of how culture-specific traits have determined the development of deliberative democratic practices has characterized the field of deliberative democracy. Sass and Dryzek for instance have called for a systematic investigation of whether and how deliberative practices manifest themselves in different cultures. Historical analysis has a primary role in this effort to better understand the issue of “deliberative cultures”. Towns, often portrayed as deliberative democratic bodies, emerged in the middle of rather homogenous communities with little dissent and governed by what has been described as a theocracy. To what extent Town Meeting government responded to a matter of pure necessity or to a cultural specificity of the settlers? What role did political and religious culture play in establishing these bodies? And what role did the settlers’ culture play in establishing and protecting Town Meetings deliberative democratic qualities, on the one hand, and its undemocratic aspects, on the other?

 
Fred Jérémie Medou Ngoa (Université de Douala)


Quand le corps présidentiel représente : analyse de la garantie symbolique de l’ordre politique et de la nation

Cette étude montre que le corps présidentiel représente. Une double articulation est retenue pour en rendre compte. D’une part, il apparaît que la protection de l’ordre politique et de la nation est tributaire de la garantie sécuritaire du corps présidentiel. Et ladite protection est une condition fondamentale de la régularité de la représentation politique. En témoignent dans le cas d’espèce et à titre d’illustration les cas américain, rwandais et ivoirien. Par ailleurs, il y a ou il y aurait une fragilité notable de ladite représentation par celle du corps présidentiel, d’un point de vue clinique. D’autre part, la lecture de la représentation se fait à l’aune de la mise en scène du corps présidentiel, et en exergue de son abri officiel. Dès lors, sont convoquées, la question de l’entretien de la mémoire collective, et celle de la mise en scène du corps présidentiel et de la construction de son image. De plus, l’articulation entre corps et palais présidentiel permet de donner sens à ce que le ‘‘palais de l’Unité’’ veut dire, du point de vue de la représentation politique, en prenant notamment le Cameroun comme emblème des sociétés plurielles et plurales.
 
When the presidential body represents: an analysis of the symbolic guarantee of political order and the nation

This study shows that the presidential body represents. A double articulation is adopted to analyse this assertion. On the one hand, it is apparent that the protection of the political order and the nation is dependent on the security guarantee of the presidential body. This protection is a fundamental requirement for due political representation. Evidence of such a situation and as an illustration is the case of America, Rwanda and Ivory Coast. Furthermore, there is or there would be a significant fragility of this representation by that of the presidential body from a clinical point of view. On the other hand, an analysis of representation is done in terms of the dramatization of the presidential body and with emphasis on his official residence. Thus, the issue of managing the collective memory and that of the dramatization of the presidential body and the construction of his image. In addition, the relationship between the body and the presidential palace makes it possible to give meaning to the term “Unity Palace” from the point of view of political representation, with Cameroon as an symbol of a composite and plural societies.

 
Benjamin Morel (Ecole Normale Supérieure de Cachan)
 
Le représenté introuvable, tentatives et paradoxes de la construction d’une représentation sénatoriale en France

Le rôle, constitutionnellement établit du Sénat français est de représenter les collectivités territoriales. Selon une typologie classique des secondes chambres, il devrait donc être appréhendé comme une structure fédérale. Pour autant, cette mission peut sembler des plus paradoxales dans une France connue comme étant un modèle d’État centralisé. Ce papier aura donc pour objet d’envisager le rôle de représentation du Sénat tel qu’il est conçu par ses membres. À dessein, nous considérerons la question sous une double approche. À travers une analyse quantitative des actes législatifs, nous évaluerons l’existence d’une spécificité sénatoriale dans le traitement des questions portant sur les collectivités. Par le biais d’une analyse qualitative, nous étudierons les conceptions de l’institution mise en œuvre dans les discours lors des différentes réformes de son mode de représentation depuis 2002. Dans un premier temps, nous verrons la prégnance de cette question tant dans les actes que dans la parole des acteurs. Ensuite, nous examinerons, au-delà de l’apparent unanimiste, les profondes fractures qui animes les conceptions d’une institution représentative, sans représentés définis.
 
Representation without represented entity

The French Senate constitutional function is to represent local institution. According to classical typology of second chambers, it should be classified as a federal structure. This mission may seem paradoxical in France, country known as an archetypal centralized country. This paper object will be to examine the role of representation of the French Senate as conceived by its members. It will be served by a double methodological approach: a quantitative survey to identify the specificity of the second chamber approach of local institutions; a qualitative analyze of their reform from 2002. Firstly, I will consider the importance of the representative mission in act and discourse. Secondly, I will examine the hidden dissensions and deep fractures that characterize a representation activity without represented institutions.


Julien Talpin (CNRS – CERAPS/Université Lille 2)

Construire l’unité symbolique des classes populaires. Le travail de représentation des organisations communautaires à Los Angeles

Le déclin du mouvement ouvrier à partir des années 1980 s’est traduit par le reflux de la participation et de la représentation – symbolique et politique – des classes populaires. De nombreux travaux ont ainsi souligné l’éclatement des classes populaires, fragmentées selon des clivages professionnels, territoriaux, sociaux ou raciaux. Cette question a pris une tournure particulière aux Etats-Unis, autour de la notion d’ « underclass », qui fait débat au sein des sciences sociales depuis vingt ans. Les classes populaires américaines seraient polarisées, entre des « bons pauvres », qui travaillent et arrivent encore à sortir la tête de l’eau, et les plus marginalisés, sans emploi et tombant progressivement dans la déviance. Le community organizing vise précisément à l’unification des catégories populaires, par-delà ces clivages. Ce travail d’unification s’incarne dans certaines pratiques discursives autour de la notion de « communauté ». Il passe également par le cadrage des revendications en des termes – sociaux et territoriaux – qui peuvent être partagés par tous les résidents des quartiers pauvres ciblés. Cette étude donne ainsi à voir les conditions de construction de l’unité symbolique des classes populaires en prenant à bras le corps la question de la fragmentation et de l’inter-sectionnalité des identités. Cette communication est le fruit d’une enquête ethnographique d’un an menée au sein de deux organisations communautaires à Los Angeles en 2012-2013.
 
Building poor people’s symbolic unity. Representation work in community organizations in Los Angeles

The decline of the labor movement since the 1980s has resulted in the fading of the symbolic and political representation of poor people. Several scholars have emphasized the fragmentation of poor people, divided along professional, territorial, social or racial line. This question has been framed along the concept of “underclass” in the US, highly debated among social scientists. Poor people would be divided between “good families”, still having a job and a decent life, and the underclass, jobless, marginalized and characterized by deviant behavior. While not sharing such conceptualization, it appears that community organizing precisely aims at unifying poor people beyond these differences. This unification work is embodied by certain internal discursive practices through the use of the notion of “community”. It also implies the framing of certain claims along social and territorial lines, so as to be shared by all residents of the ghetto. This enquiry thus investigates the conditions of the symbolic unity of poor people by tackling the question of the intersectionality of identities. This paper is based on a one-year ethnographic study carried out along two community organizations in Los Angeles in 2012-2013.


Cécile Vigour (CNRS, Sciences Po Bordeaux - Centre Emile Durkheim)
 
La représentation parlementaire au-delà du mandat électif : le point de vue des députés à l’Assemblée nationale

De qui un parlementaire est-il le représentant ? A cette question classique, mais controversée, s’est substituée une interrogation sur la pluralité et la légitimité des différents modes de représentation. Cette communication s’appuie sur les réponses de 40% des députés à l’Assemblée nationale à un questionnaire administré en face-à-face qui s’est poursuivi par un entretien semi-directif avec une trentaine d’entre eux entre 2009 et 2011 au sein du projet LEGIPAR coordonné par O. Costa. Sur la base d’une analyse factorielle et d’une classification descendante hiérarchique portant sur les conceptions et pratiques du travail parlementaire des députés, je montrerai qu’une pluralité de logiques de représentation coexiste dans la compréhension du mandat électif (représentation de la nation, d’un parti, de la circonscription ou/et des électeurs), qui permettent de complexifier les rôles représentationnels identifiés dans la littérature (trustees, délégués - identifiés par Wahlke & al. 1962, représentants des partis et une figure hybride entre les deux derniers). Le fait de privilégier un modèle de représentation tient à l’appartenance partisane (qui influence la nature du lien au parti et le rapport au local), et au volume des ressources politiques (expérience politique, ancienneté dans la députation, nombre et nature des autres mandats électifs exercés simultanément ou antérieurement, responsabilités exercées au sein de l’Assemblée nationale, socialisation politique familiale).
 
Parliamentary representation beyond the elective mandate. The view of French Deputies

Who do Members of Parliament represent? This classic, but controversial question is challenged by an interrogation into the plurality and respective legitimacy of different types of representation. Despite the social homogeneity of MPs across European legislatures, this paper will argue that representatives often have extremely divergent interpretations of parliamentary representation and the work and roles of an MP. Factor- and cluster analysis based on data collected during face-to-face interviews with 40% of French deputies during the 2007-2012 term using open- and closed questionnaires, has pointed up four main MP profiles: trustees (including political heirs and “Parliamentary men”–Searing 1994), delegates (to borrow these two descriptions developed by Wahlke et al. 1962), party representatives, and hybrid figures that combine attributes from the two preceding ideal-types, with dual allegiance to their party and constituency. MPs’ profiles are shaped by their political leaning (which influences how tied they are to their party or constituency) and resources (political experience, seniority as an MP, whether they hold several mandates, and their family-based political resources).


Participants

Arambourou Clément arambourouclement@yahoo.fr   
Bouilly Emmanuelle emmanuelle.bouilly@yahoo.fr
Bourad Aïcha aichabourad@gmail.com 
Bugnon Fanny fanny.bugnon@gmail.com
Cossart Paula cossart.paula@free.fr
Dutoya Virginie virginiedutoya@yahoo.fr
Andrea Felicetti felicettia@gmail.com
Frenkiel Emilie anmingli@gmail.com
Fretel Julien freteljulien@yahoo.fr
Hayat Samuel samuel.hayat@cnam.fr
Medou Ngoai Fred Jérémie medjermi@yahoo.fr
Morel Benjamin benjamin.morel@outlook.fr
Talpin Julien julien.talpin@univ-lille2.fr
Tawa Lama-Rewal tawalama@ehess.fr
Vigour Cécile c.vigour@sciencespobordeaux.fr

 

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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