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Congrès organisé en partenariat avec

Section Thématique du groupe de projet PopAct

Opinion Publique et Politiques européennes
Public Opinion and European Policy

Responsables

Céline BELOT (PACTE / Sciences Po Grenoble) celine.belot@sciencespo-grenoble.fr
Laurie BOUSSAGUET (Université de Rouen et Centre d’Etudes Européennes de Sciences Po) laurie.boussaguet@sciencespo.fr
Charlotte HALPERN (Centre d’Etudes Européennes de Sciences Po) charlotte.halpern@sciencespo.fr

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Cette section thématique s’inscrit dans les activités du groupe de projet (GP) AFSP PopAct “Opinion publique et Action publique”. Elle se veut à la fois l’occasion d’un bilan des travaux réalisés dans le cadre de ce GP depuis sa création fin 2012 et d’ouvrir de nouvelles pistes de questionnement et des perspectives pour la poursuite de ces travaux au-delà du GP. Cette ST se propose d’aborder la question des relations entre opinion publique et action publique au sein du système politique européen.
 
L’Union européenne (UE) constitue un cas particulièrement pertinent pour qui s’intéresse à la relation entre opinion publique et action publique. L’impératif de transparence dans la fabrique de l’action publique constitue, au niveau européen, une réponse privilégiée aux mises en causes récurrentes de sa légitimité. Des principes de droit, des objectifs et instruments de politiques publiques, ainsi que des modes de gouvernance spécifiques ont été adoptés depuis la parution du Livre blanc sur la gouvernance. Mieux que d’autres arènes institutionnelles, le système politique européen permet de saisir les enjeux au cœur de la relation entre gouvernants et gouvernés, entre représentants et représentés.
En l’absence d’un espace public européen, l’UE et ses institutions jouent un rôle prégnant dans la construction d’une « opinion publique européenne » et de publics particuliers. A travers les Eurobaromètres et la commande plus ponctuelle de dispositifs tels les sondages délibératifs, elle met en scène l’opinion comme au cœur de l’action publique. Elle offre ce faisant des moyens de creuser cette relation. Les nombreux dispositifs participatifs – y compris le dernier avatar en date, l’initiative citoyenne européenne – offrent également des possibilités d’investigations plus poussées de la relation entre opinion publique et action publique que dans certains systèmes politiques nationaux.
Du côté de l’action publique aussi, la quête de légitimité et les besoins continus d’expertise et d’information autres que ceux pouvant être relayés par les Etats membres et leurs administrations ont conduit à multiplier les dispositifs concrets de consultation et participation de publics intéressés à la fabrique de l’action publique européenne. Ces initiatives vont de l’invitation ponctuelle de différents groupes d’intérêts « citoyens » à leur représentation formalisée en tant que « partie prenante » au sein de la comitologie communautaire. Par ailleurs l’UE, comme pourvoyeur de fonds de recherche, a financé de nombreux programmes visant à mesurer le degré d’européanisation des politiques publiques, des institutions et des partis des Etats membres qui ont constitué les bases de données dont le matériau est particulièrement riche pour l’étude des relations entre opinion et action publique.
 
A partir du cas spécifique que constituent les politiques de l’UE, cette section thématique centre l’analyse sur le jeu d’influence réciproque entre opinion publique et action publique. Les communications articuleront les deux questionnements au cœur de la ST:
1. Un questionnement méthodologique sur la prise en compte de la dimension temporelle dans la relation entre opinion publique et politiques européennes. Comment produire des données longitudinales sur l’opinion publique et les politiques européennes ? Quels indicateurs privilégier et comment dépasser le caractère parfois schématique des indicateurs privilégiés pour mesurer les effets de l’opinion sur l’action publique (dépenses publiques, réglementation) ?
2. Un questionnement analytique sur les effets de cette relation sur le gouvernement de l’UE. Comment ces effets sont-ils opérationnalisés (légitimation, efficience/efficacité, inclusion/exclusion, etc.) ? Comment les dispositifs de participation du public et de mesure de l’opinion sont-ils intégrés dans des registres de justification, de légitimation et de labellisation qui structurent la fabrique des politiques européennes, à la fois en tant que contraintes et opportunités, et comment, en retour, l’action publique dans ces différentes dimensions est-elle perçue ?

 
The European Union (EU) is a particularly relevant case study for those interested in the relationship between public opinion and state action. As transparency is the key word when public policy is implemented, it is used as a means to counter the repeated criticism of the EU. Since the White Paper on governance was published, legal principles, public policy objectives and instruments, and specific ways of governing have been adopted.  And the European political system reflects better than other institutions the stakes at the heart of the relationship between government and the people it governs, between representatives and those represented.
In the absence of a European public space, the EU and its institutions play an essential role in the building up of a « European public opinion » and other specific “publics”. Through the Eurobarometers and the occasional ordering of consultative devices such as deliberative surveys, Europe places public opinion at the heart of public action, thus providing the means to improve the latter. Numerous participative schemes – including the latest avatar, The European citizen initiative – also offer, within a legal framework, the possibility to carry out better in-depth investigations into the relationship between public opinion and public action than in certain national political systems.
With regards to public action, the search for legitimacy and continued expertise and information other than that relayed by the Member States and their administrations, has led to an increase in the number of concrete schemes for consulting people interested in European public action and allowing them to participate in shaping policy-making. These initiatives range from people being occasionally invited to participate in different « citizens » interest groups, to their formal participation as stakeholders within the Community commitology. Besides, the EU, as a provider of research funding, has financed numerous programmes aiming at measuring the degree of European-ness of public policy, of institutions and of the Member States’ parties, which have formed data bases which are particularly rich for the study of the relationship between opinion and public action.
 
Starting from the specific case of EU policies, this thematic session explores the reciprocal game of influence between public opinion and public action. Participants to the thematic session will address two main issues:
1.     The methodological question of how to take the temporal dimension into account in the relationship between public opinion and European policy.
2.    The analytical issue of the effects of this relationship on the government of the EU.


Bibliographie

Aldrin, Philippe (2010), « L’invention de l’opinion publique européenne. Genèse intellectuelle et politique de l’Eurobaromètre (1950-1973) », Politix - Revue des sciences sociales du politique, vol. 23, 89, p. 79-101
Aldrin, Philippe, Hubé, Nicolas (2011), “”Devenir les ambassadeurs de l’Europe’, Les enjeux politiques d’une première expérimentation communautaire de démocratie délibérative, Politique européenne, vol.34, p.95-143.
Beaudonnet, Laurie (2012), A Threatening Horizon? Social Concerns, the Welfare State and Public Opinion Towards  Europe, PhD, European University Institute.
Franklin, Mark, Christopher Wlezien (1997), “The Responsive Public: Issue Salience, Policy Change, and Preferences for European Unification”, Journal of Theoretical Politics, vol.9, p.347-63
Hobolt, Sara, Tilley, James (2014), Blaming Europe? Responsibility Without Accountability in the European Union, Oxford: OUP.
Kumlin, Staffan, Stadelmann-Steffen, Isabelle eds (2014), How Welfare States Shape the Democratic Public: Policy Feedback, Participation, Voting, and Political Attitudes, Cheltenham: Edward Elgar Publishing.
Kumlin, Staffan (2011), “Blame Claiming and Credit-Giving: Unintended Effects of How Government and Opposition Frame the Europeanization of Welfare”, European Union Politics, vol.12 n°4, p.575-595.
Smith, Andy (1998), « La Commission et 'le peuple'. L'usage politique de l'Eurobaromètre », in P. Brechon & B. Cautrès, Les enquêtes Eurobaromètres. Analyse comparée des données socio-politiques, Paris, l’Harmattan.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : lundi 22 juin 9h00 – 12h00
Session 2 : lundi 22 juin 14h45 – 17h45

Lieu : voir le planning des sessions


Programme

Axe 1 / Opinion publique et intégration européenne

Axe 2 / Produire une « opinion publique européenne » : des enjeux contradictoires

Axe 3 / L’UE, un système politique “responsable” ?

Axe 4 / Quelle relation entre l’opinion publique et les politiques publiques européennes ? Policy Responsiveness and/or policy feebacks


Résumés des contributions

Celine Belot (PACTE / Sciences Po Grenoble), Laurie Boussaguet (Université de Rouen / CEE, Sciences Po), Charlotte Halpern (CEE, SciencesPo)

Gouverner (avec) l’opinion au niveau européen, une introduction

L’Union européenne (UE) constitue un cas particulièrement pertinent pour qui s’intéresse à la relation entre opinion publique et action publique. L’impératif de transparence dans la fabrique de l’action publique constitue, au niveau européen, une réponse privilégiée aux mises en causes récurrentes de sa légitimité. Des principes de droit, des objectifs et instruments de politiques publiques, ainsi que des modes de gouvernance spécifiques ont été adoptés depuis la parution du Livre blanc sur la gouvernance. Mieux que d’autres arènes institutionnelles, le système politique européen permet de saisir les enjeux au cœur de la relation entre gouvernants et gouvernés, entre représentants et représentés. Ce papier dresse un état des lieux des relations entre opinion publique et action publique au sein du système politique européen. Il montre comment l’UE et ses institutions jouent un rôle prégnant dans la construction d’une « opinion publique européenne » et de publics particuliers (Eurobaromètres, commande de sondages délibératifs, etc.), ainsi que le recours croissant, dans ses politiques publiques sectorielles, aux instruments de connaissance de soi. Il met en lumière le processus continu d’accumulation de ressources informationnelles, qui constitue une caractéristique majeure des rapports entre gouvernants et gouvernés au niveau européen.  

Governing (with) public opinion at EU level.

The European Union (EU) is a particularly relevant case study for those interested in the relationship between public opinion and policy-making. As transparency is the key word when public policy is implemented, it is used as a means to counter the repeated criticism of the EU. Since the White Paper on governance was published, legal principles, public policy objectives and instruments, and specific ways of governing have been adopted. And the European political system reflects better than other institutions the stakes at the heart of the relationship between government and the people it governs, between representatives and those represented. Based on a systematic literature review, this paper explores evolving relationships between public opinion and policy-making at EU level. It maps out the way in which the EU and its institutions actively contribute to the building up of a « European public opinion » and other specific “publics” (Eurobarometers, deliberative surveys etc.). It also considers why and how the EU placed public opinion at the heart of policy-making, through the increasing use of informational tools throughout its policies and programmes – a feature that has become a major characteristic of evolving relationships between the governing and the governed.


Teresa Pullano (Europainstitut, University of Basel)
 
La citoyenneté démocratique et la reconfiguration du rapport Etat-territoire en Europe dans un contexte post-crise économique.
 
La citoyenneté européenne a été considérée, depuis sa formalisation avec le Traité de Maastricht en 1992, comme la promesse d’une ‘démocratie à venir’, en raison de sa dimension supra- ou post-nationale. Vingt ans après, la condition dans laquelle verse le continent européen paraît bien moins encourageante. La crise économique qui s’est déclenchée en 2008 a amplifié les différences entre les États membres : les conditions économiques et sociales des citoyens européens ont considérablement divergé à partir de l’introduction d’une monnaie commune en 2000, et les anciens préjugés nationaux, associés à une manque de confiance les uns envers les autres, sont à nouveau présents en tant qu’arguments dans les débats et les controverses publiques. Cette intervention analyse les modalités à travers lesquelles la citoyenneté européenne et le droit de libre circulation, définis à la fois comme pratiques sociales, politiques et juridiques, contribuent à la production d’un espace quasi-étatique différentiel et inégal à l’échelle continentale, à travers une redéfinition des territoires nationaux et régionaux également. En prenant appui sur cette analyse, il sera ensuite question de discuter des nouveaux parcours et des nouvelles possibilités pour une opinion publique et des pratiques de citoyenneté démocratiques qui prennent en compte ces divisions et inégalités spatiales et territoriales à l’échelle européenne.
 
Democratic Citizenship and the Restructuring of State-Space relations in Europe: New Perspectives from the Crisis?
 
Since its formalization in 1992, European citizenship as a membership status detached from nationality has been regarded as a promise of a ‘democracy to come’. Twenty years later the present state of Europe seems to be much less encouraging. The economic crisis that started in 2008 has amplified the differences among EU member states: the economic and social conditions of European citizens have significantly diverged since the introduction of the common currency in 2000, and old stereotypes and mistrust have reappeared in the public debates and controversies. This paper analyses how EU citizenship and free movement policies contribute to the restructuring of spatial and territorial divisions and relations at the continental level, thus producing a redefined state/space at both the national and the European scale. Building on this analysis, it elaborates new possible dimensions and patterns for democratic participation and for public opinion of citizens at the continental level, and it explores how the crisis can be an opportunity for democratizing citizenship at the European level.

 
Philippe Aldrin (CHERPA / IEP Aix en Provence), Nicolas Hubé (CESSP/CMB / Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
 
Genèse du « moment participatif » européen. La politique européenne de l’opinion saisie par le participationnisme
 
En moins de quinze d’années, l’Union européenne (UE) s’est muée en parangon de la démocratie participative. La participation va progressivement s’imposer comme la référence et la norme incontournables dans tous les processus décisionnels européens. Le dispositif d’initiative citoyenne européenne introduit par le traité de Lisbonne parachève cette conversion de l’UE au participationnisme en lui donnant la force du droit. Par-delà les actes d’institution emblématiques, solennels et médiatiques de ce « tournant participatif », c’est un travail lent, continu et imperceptible qui est opéré au sein des univers institutionnels de l’Europe politique pour y instaurer ce nouveau paradigme décisionnel. Cette réinvention des modalités et des procédures de l’activité communautaire ne procède en rien d’une pente historique naturelle. Elle a été portée par différentes catégories d’acteurs investis dans les affaires européennes, à l’intérieur des institutions de l’Europe politique comme à leur immédiate périphérie. A travers cette enquête démarrée en 2007, notre communication entend donner à comprendre l’imposition progressive de l’idée participationniste dans le gouvernement de l’Europe politique, en revenant sur le travail de ses entrepreneurs de cause. Nous insisterons sur le processus historique de conversion des institutions européennes, sur le processus de théorisation de cette refondation à la fois rhétorique et procédurale de l’action politique supranationale, avant de nous focaliser sur la mise en œuvre de l’Initiative citoyenne européenne (ICE).
 
Origins of the European "participatory turn". The European opinion policy and the participationism
 
Within fifteen years, the European Union (EU) has turned into a model of participatory democracy. Participation has gradually become the reference and indispensable standard in each European decision-making process. The European Citizens' Initiative (ECI) introduced by the Lisbon Treaty completes the EU conversion to the participationism, giving it the force of Community law. Beyond the symbolic and mediatic legitimation of this "participatory turn", we have to look at the slow, continuous and imperceptible legitimation process that has taken place in the institutional universe of political Europe. The aim of the paper is to understand how this new decision paradigm has been introduced. These modalities and procedures reinventions of EU political activities are not the result of a natural historical slope. It has been driven by different categories of stakeholders invested in European affairs, within the institutions as their immediate periphery. Through this survey started in 2007, our communication aims to understand the progressive enforcement of the participationist idea in the European government. We are especially looking at the work of the participatory cause entrepreneurs. We will insist on the historical conversion process taking place in the European institutions, on the theorization process that justify this new supranational policy-making and, finally, on the implementation of the European Citizens' Initiative (ECI ).

 
Robert C. Luskin (University of Texas at Austin), Peter C. Mohanty (Stanford University), James S. Fishkin (Stanford University)
 
Cross-National Deliberation within the EU
 
There have now been two more pan-European Deliberative Polls (DPs): Tomorrow’s Europe (2007) and Europolis (2009). A random sample from all 27 member states (as the count then was) spent a weekend discussing policy issues in small groups and questioning policy experts and policy makers. The participants were interviewed before and after. The DPs shared some topics, notably climate change and immigration, as well as some questionnaire items. They also shared the topic of immigration and some questionnaire items with a regional DP in Torino, Italy. One major difference, however, between the two transnational DPs and all others is that the small groups contained participants from multiple countries. (The discussions involved simultaneous interpretation). Normally, the small groups are randomly assigned and thus far more attitudinally and demographically heterogeneous than most people’s discussion partners in real life. Here each group also contains up to five different nationalities (the most our simultaneous interpretation could handle)—an additional, and possibly even more counterfactual layer of heterogeneity. This study aims to look, for the first time, at the distinctive contributions made by extending the “public sphere” across national boundaries. Focusing on immigration and climate change, we consider the effects on learning, policy attitude change, policy attitude polarization, attitudes toward other groups and countries, and national (versus European) identities. We use the data from the Tomorrow’s Europe, Europolis, and Torino DPs.
 
La délibération transfrontalière en Europe

Il existe, maintenant, deux sondages délibératifs (SDs) paneuropéens: Tomorrow’s Europe (2007) and Europolis (2009). Les participants, sélectionnés au sein des 27 Etats membres (à l’époque) sur la base d’un échantillon aléatoire,ont passé un week-end à discuter des enjeux de politique publique en petits groupes et à questionner des experts et des décideurs. Les participants ont été interviewés avant et après. Les SDs ont abordé des sujets communs (notamment le changement climatique et l’immigration), et ont également partagé certains aspects des questionnaires. Un SD régional mené à Turin, en Italie, partageait aussi un sujet similaire (immigration) et certains aspects du questionnaire. En revanche, une différence majeure distinguait ces deux SDs paneuropéens de tous les autres : les petits groupes contenaient des participants en provenance de multiples pays. (Il y avait de l’interprétariat simultané). D’habitude, les petits groups rassemblent des participants répartis au hasard et rassemblent donc, pour la grande majorité des gens, des interlocuteurs beaucoup plus hétérogènes (attitudes, démographie) que dans la vie réelle. Dans le cas présent, chaque groupe contenait jusqu’à 5 nationalités différentes (le maximum possible pour notre interprétariat simultané), ajoutant ainsi une couche additionnelle - et peut-êtremême davantage contrefactuelle - d’hétérogénéité. Ce papier s’interroge, pour la première fois, sur cesdifférentes contributions dans un cadre de « sphère publique » qui dépasse les frontières nationales. A partir d’une analyse centrée sur lesenjeux liés à l’immigration et au changement climatique, nous étudions les effets sur l’augmentationde connaissance, l’évolution des attitudes sur les enjeux de politique publique, la polarisation de ces attitudes,les attitudes envers d’autres groupes et pays, et les identités nationales (versus européennes). Nous travaillons avec les donnés issues des SDs Tomorrow’s Europe et Europolis, ainsi que le SD de Turin.

 
Bruno Cautrès (CEVIPOF, Sciences Po)


L’Eurobaromètre et l’analyse longitudinale des opinions vis-à-vis de l’UE

La prise en compte du temps et du longitudinal dans l’analyse des opinions des citoyens vis-à-vis de l’UE est à la fois un point central, objet d’analyses de plus en plus fréquentes et un point faible de ce type d’analyses. Cela est largement dû à la richesse et aux fortes limites des données les plus habituellement analysées, les enquêtes Eurobaromètres notamment. En effet, les enquêtes de l’Eurobaromètre, qui ne sont pas des données de panel, ne sont pas adaptées à l’analyse des trajectoires individuelles d’opinions vis-à-vis de l’UE, que l’on pourrait mettre en relation avec des évolutions des politiques publiques ou réglementations européennes.  Etablir un lien causal entre évolutions des politiques publiques et évolutions des opinions n’est donc pas aisé. A défaut de données de panel, la comparaison longitudinale permet de comparer des évolutions agrégées. Cette communication présente une réflexion sur la nature des données Eurobaromètres dans leur rapport au temps (leur relative faiblesse vis-à-vis des panels) et dans leur rapport à l’analyse du lien entre opinion publique et préférences de politiques publique ; puis une réflexion sur les méthodes quantitatives utiles lorsque l’on dispose de données dans le temps, pour mesurer le changement d’opinion (effet avant/après le changement de politique publique) ; enfin, il s’agit de proposer  des « best practices » de ce qui devrait être engagé afin de favoriser l’analyse longitudinale des opinions vis-à-vis de l’UE
 
The Eurobarometer and the longitudinal analysis of opinions towards EU

Taking time and longitudinal perspective in consideration in the analysis of citizens attitudes vis-à-vis EU is both a central point being analyzed more and more frequently and a weak point of this type analysis. This is largely due to the richness but also strong limits of the most commonly analyzed data series, the Eurobarometer surveys. Eurobarometer surveys, which are not panel data, are not suited to the analysis of individual opinions trajectories vis-à-vis the EU that could be correlated with policy developments or European regulations changes. Establishing a causal link between policy developments and evolutions of opinions is thus not easy. In the absence of panel data, the longitudinal comparison compares aggregate-levels figures. This paper presents a reflection on the nature of the Eurobarometer data in their relation to time (their relative weakness as compared to panels) and in their relation to the analysis of the relationship between public opinion and public policy preferences; then the quantitative methods useful when the data are aggregated time series, to measure the change of opinion (before / effect after the change in public policy); finally, it proposes "best practices" of what should be engaged to promote the longitudinal analysis of the opinions towards EU.

 
Abel François (Université de Strasbourg - Unistra), Cal Le Gall (Salzburg University, SCEUS), Raul Magni Berton (PACTE, Université de Grenoble)
 
L’attribution de responsabilité dans un système de gouvernance multi-niveau: Un jeu à somme nulle?
 
La théorie du vote sur conditions économiques montre que les individus jugent les gouvernements nationaux, ainsi que l’Union Européenne sur des critères économiques tels que le chômage et l’inflation. Néanmoins, peu d’informations permettent de rendre compte de l’articulation entre les deux niveaux de gouvernance. Une approche stato-centrée considère l’Union Européenne comme ne portant pas atteinte à l’autonomie des gouvernements nationaux, tandis qu’une approche multi-niveaux décrit une situation où l’autorité est partagée entre niveaux de gouvernance. Afin de voir si l’Union Européenne est perçue comme un niveau de gouvernement à part entière au niveau individuel, il est possible de comparer le soutien envers les gouvernements nationaux et l’UE lorsque cette dernière acquiert un statut officiel de gouvernant et exerce un impact formel sur le corps législatif national. Cette étude se base sur les données d’opinion Eurobaromètre qui ont été collectées avant et après l’accession de dix nouveaux États membres en 2004. Dans ce cadre, nous analysons le soutien à l’égard de l’UE et des gouvernements nationaux en fonction de la variation des conditions économiques. Nos résultats montrent que les variables macroéconomiques n’ont pas d’impact sur le soutien à l’UE avant l’adhésion, tandis qu’elles ont un impact après adhésion. Dans le même temps, le soutien aux gouvernements nationaux ne connaît pas de variation en fonction des conditions économiques, montrant ainsi que l’Union Européenne ne menace pas la responsabilité perçue des gouvernements nationaux.
 
Attribution of responsibility within a multi-level system of governance: A Zero–sum game?
 
Economic-voting literature has shown that citizens evaluate both national governments and EU according to the state of the economy - notably through unemployment and inflation. Nevertheless, the extent to which EU is challenging national sovereignty is still uncertain. A state-centric approach views the EU as non-challenging the autonomy of national governments while a multi-level approach describes a situation where authority is shared across different levels of governments. To identify whether EU is viewed as a proper ruler by citizens, we need to compare EU and national governments’ support when the EU formally affects national legislatures and when it does not. Based on Eurobarometer surveys which were carried out before and after the 2004 wave of accession, we analyze economic support for national governments and EU in the ten countries which joined European institutions during this period of time. We find that macroeconomic variables did not affect EU support before accession and that they considerably altered EU support after 2004, while it kept constant for national governments, showing that EU is not challenging national responsibility.

 
Heinz Brandenburg (University of Strathclyde, Glasgow), Marcel van Egmond (ASCoR, University of Amsterdam), Robert Johns (University of Essex)
 
Close friends or distant relatives? Distance and satisfaction with democracy at national and EU-level
 
Previous research on attributions of responsibility has been dominated by issue competences: that is, which level or institution is responsible for policies or outcomes in a certain area? However, there are other contexts in which citizens might be called on to assign responsibility. One of these, highlighted in our own previous research, is the representativeness of the party system. We have shown that satisfaction with democracy at the national level is driven not only by outcomes or by whether a preferred party is in government, but also by what we call representational distance: i.e. the ideological distance between a citizen and their nearest party. Both satisfaction and representational distance contain a multi-level element: respondents' satisfaction with democracy can apply to the European Union, and the party systems differ often if we consider European elections or representation along an EU integration policy dimension. This raises the attribution question: Do citizens distinguish between the EU and national levels when it comes to party system representativeness and satisfaction with democracy? In particular, which level gets the blame for a lack of choice on the key European issue: the national level, the European level, or both? Using data from the European Election Studies covering the last two decades for virtually all EU countries, we are able to address these questions and thus to assess citizens' motivation and ability to distinguish between arenas when judging their political choices.

 
Robert C. Luskin (University of Texas at Austin), Peter C. Mohanty (Stanford University)

European versus National Identity and Attitudes toward the EU: Cross-National Patterns and Changes (at the Dawn of the Financial Crisis)

Two transnational Deliberative Polls (DPs), based on probability samples from all (then) 27 member states, asked, among other things, about the respondents’ identification with Europe versus their home countries and about their attitudes toward the extent to which decisions in various policy spheres should be made at the EU versus the national level. Here we use the initial, pre-Deliberation measurements to examine the patterns in identifications and attitudes toward Europe and the EU as they vary across countries. In addition, since the first of these DPs was in 2007, and the second in 2009, the contrast affords a view of the effects of the early stages of the recent (arguably still current) financial crisis, commonly thought to have soured many Europeans on Europe and the EU. Using a mixture of individual-, country-, and multi-level analyses, we consider the effects of the financial crisis, as gauged by national-level economic indicators, alongside those of other macro-level variables and individual-level ones like political knowledge and left-right orientation.

Renaud Dehousse (SciencesPo, CEE), Nicolas Monceau (Université de Bordeaux, CMRP)

La réactivité démocratique de l’Union européenne : le cas des politiques européennes de l’environnement et des questions sociales
 
Cette contribution se propose d’étudier les influences réciproques entre opinion publique et politiques dans le système politique européen. Si de nombreuses études ont été consacrées au lien entre opinion et politiques publiques sur le plan national, notamment aux Etats-Unis, très peu semblent en effet s’être penchées sur la question de la réactivité démocratique du « gouvernement de l’Union européenne ». Trois questions principales seront traitées : Dans quelle mesure les politiques européennes prennent en compte les opinions des citoyens ? Peut-on observer une évolution dans le temps des influences réciproques entre opinions et politiques de l’UE et si oui, dans quels domaines ? Comment expliquer les convergences, ou au contraire les décalages, entre les priorités communautaires en termes de politiques publiques et les préférences des citoyens ? La démarche entreprise conduira à identifier les priorités de l’agenda institutionnel de l’UE à partir de plusieurs indicateurs puis de les comparer avec les attentes jugées prioritaires des citoyens européens. En mobilisant les enquêtes d’opinion, dont les Eurobaromètres, l’approche retenue s’inspirera du modèle « thermostatique » des préférences populaires (Soroka et Wlezien) afin de l’appliquer au cas d’étude européen. Les politiques communautaires et leur évolution seront étudiées à partir de plusieurs indicateurs, en particulier la production législative et le budget européen. Deux domaines de politiques communautaires seront analysés : l’environnement et les politiques sociales.
 
Democratic responsiveness of the European Union. The case of European Environmental and Social Issues Policies

Thispaper aims at assessing the mutual influencesbetweenpublic opinion and EU policiesin the European politicalsystem. Whereas a bound of research have been devoted to democratic responsiveness on the national level, in particular in the USA, very few indeed have addressed the issue of democratic responsiveness on the European level, by focusing on the "European government". Three main questions will be addressed in the presentation : To what extent the EU public policies, and particularly those of the Commission and Parliament, take into account the expectations of citizens ? Can be observed a shift of the democratic responsiveness of the EU according to the periods and if so, in what areas ? How to explain the similarities, or the shifts, between the European Community priorities in the fields of public policies and the citizens' preferences ? This paper will attempt to identify the priorities of the EU's institutional agenda with several indicators and compare them with the priorities of European citizens. The method will focuse on the “thermostatic” model of SorokaandWlezien in order to apply it to the European case. Several indicators will be analysed, such as the legislative production and the evolution of EU budget. Opinion surveys, in particular Eurobarometers, will also be used. Twoareas ofEU policies will beparticularlyaddressedin this paper : environmentalandsocial policies.

 
Claire Dupuy (Sciences-Po Grenoble, Pacte), Virginie Van Ingelgom (F.R.S. – FNRS, Université catholique de Louvain/ ISPOLE)
 
‘Policy Feedbacks’ ou ‘Responsiveness’ ? Les politiques européennes et leur influence sur les attitudes des citoyens

Dans le domaine des études européennes, les recherches qui portent sur les relations entre les attitudes des citoyens européens et les politiques publiques s’appuient largement sur la notion de « responsiveness » (e.g. de Vries et Arnold, 2011; Toshkov, 2011), selon laquelle l’action publique répond aux changements de préférences des citoyens. Mais ces travaux ne produisent pas d’analyses qui permettent d’exclure que ce n’est pas la relation inverse qui est (aussi – les deux relations n’étant pas exclusives l’une de l’autre) à l’œuvre, celle selon laquelle ce sont les politiques publiques qui contribuent à façonner les préférences des citoyens. Cette communication se donne pour objet d’examiner empiriquement cette question, en explorant tout particulièrement cette relation alternative, et jusqu’à présent peu documentée, à partir de la notion d’effet retour des politiques publiques (policy feedbacks) (Campbell, 2012; Kumlin, 2004; Mettler & Soss, 2004; Soss & Schram, 2007). Cette communication s’appuie sur des données comparées dans six pays européens (la France, l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, les Pays-Bas et l’Espagne) et plusieurs secteurs d’action publique (agriculture, éducation, environnement, politiques sociales). La communication utilise l’index d’européanisation des législatures nationales (Brouard, and al. 2012), et des données d’enquêtes d’opinion (Eurobaromètre et InTune) pour tester respectivement les hypothèses de « responsiveness » et de « policy feedbacks » sur les mêmes jeux de données.

Policy feedback and/or responsiveness? European policies and their impact on citizens’ attitudes

In EU studies, the investigation of the public policy – public opinion nexus mainly draws from the notion of ‘responsiveness’ (e.g. de Vries et Arnold, 2011; Toshkov, 2011), which studies whether and how shifts in citizens’ preferences lead to policy changes. However, this research offers inconclusive results and does not rule out the possibility that the other side of the public policy – public opinion nexus is (also) at play, namely that European policies have shaped citizens’ preferences. This paper empirically investigates this issue, and tests both ‘responsiveness’ and ‘policy feedback’ hypotheses on the same datasets.The paper relies on comparative data on six European countries (France, Germany, Belgium, Italy, the Netherlands and Spain) and several policy sectors. The paper is based on the Europeanization index of domestic legislatures (Brouard, and al. 2012), as well as on survey data (Eurobarometers and InTune).


Participants

Aldrin Philippe philippe.aldrin@gmail.com
Belot Céline celine.belot@sciencespo-grenoble.fr
Boussaguet Laurielaurie.boussaguet@sciencespo.fr
Brandenburg Heinzheinz.brandenburg@strath.ac.uk
Cautres Bruno bruno.cautres@sciencespo.fr
Dehousse Renaud renaud.dehousse@sciencespo.fr
Dupuy Claire claire.dupuy@sciencespo-grenoble.fr
Egmond Marcel van vanEgmond@uva.nl
Fishkin James jfishkin@stanford.edu
François Abel abel.francois@unistra.fr
Halpern Charlotte charlotte.halpern@sciencespo.fr
Hubé Nicolas Nicolas.Hube@univ-paris1.fr
Johns Robert rajohn@essex.ac.uk
Luskin Robert rluskin@mail.utexas.edu
Magni Berton Raul raul.magniberton@sciencespo-grenoble.fr
Mohanty Peter pmohanty@stanford.edu
Monceau Nicolas nicolas.monceau@u-bordeaux4.fr
Pullano Teresa teresa.pullano@unibas.ch
Van Ingelgom Virginie virginie.vaningelgom@uclouvain.be

 

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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