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Section Thématique 51

Sociologie politique des interventions internationales : Ce que les « terrains » font aux acteurs de la paix
Political sociology of international interventions: What does « the field » do to peacebuilders?

Responsables

Grégory DAHO (CESSP - Université Paris I Panthéon Sorbonne) gregda@free.fr
Nathalie DUCLOS (ISP - Université François Rabelais de Tours) nduclos@club-internet.fr
Cécile JOUHANNEAU (Art-Dev - Université Paul Valéry Montpellier) jouhanneau.c@gmail.com

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Abondante, la littérature scientifique sur les interventions internationales se polarise autour des débats sur la paix libérale. D’un côté, face à ce qu’ils qualifient d’Etats « faibles », « effondrés » ou « faillis », les « problem-solvers » se montrent soucieux de l’efficacité des programmes d’intervention. Cherchant à identifier les bonnes pratiques et les acteurs légitimes des processus de transition politique, y compris au moyen de méthodes statistiques et comparatives, ils participent de l’entretien de l’illusion nomologique de l’analyse du « post-conflit ». De l’autre, les « critical scholars », prompts à dénoncer les rapports de domination générés par ces programmes, préviennent que la « sécurité humaine » promue par les principaux Etats et Organisations Internationales constitue une ressource politique nouvelle et typique du biopouvoir. Ces deux types de travaux ont incontestablement permis une connaissance plus fine de la transformation des rapports de force internationaux depuis la fin de la guerre froide : en insistant sur le caractère multidimensionnel des « crises » et l’hétérogénéité des acteurs impliqués, ils participent d’une obsolescence bienvenue de certaines visions stato-centrées des Relations Internationales. En revanche, bien que présentant le mérite de s’attaquer à la domination, thème central des sciences sociales, ce débat n’offre que peu de prises empiriques sur les acteurs et les organisations qui incarnent et font les interventions de paix. Leur opposition semble davantage idéologique que méthodologique. Qu'elles se revendiquent du libéralisme, du marxisme ou d'une pensée foucaldienne, ces deux approches ont en commun de penser les relations entre des acteurs « internationaux » de l'intervention et des acteurs « locaux » des sociétés « récipiendaires » sur le mode de la confrontation. Ainsi, les « problem-solvers » voient fréquemment dans les interventions de paix des entreprises bien intentionnées se heurtant à des « obstructionnistes » ou des « spoilers » locaux, et les approches dites critiques dénoncent quant à elles les interventions de « paix libérale » comme autant d'impositions « internationales » de préceptes qui seraient éloignés des conceptions des récipiendaires et face auxquels ces derniers déploieraient leur agency, l’arme des faibles. Au final, ces approches nous apprennent peu de chose sur ce qui se passe concrètement entre les acteurs sur le terrain et surtout ce que leurs « rencontres », souvent fortuites, parfois improbables, transforment de leurs relations et de leurs représentations.

L’originalité de cette Section Thématique repose sur le renversement de perspective : nous nous demandons ce que les terrains d’intervention font aux acteurs de la paix plutôt que ce que les interventions font aux terrains. Faute de travaux empiriques suffisamment nombreux, les acteurs de la paix  restent largement méconnus et sont trop souvent envisagés comme un ensemble homogène. En les plaçant au centre de l’analyse, nous espérons éclairer sous un jour nouveau les interventions elles-mêmes. Ce questionnement fait écho à l’émergence de manifestations scientifiques réfutant à la fois l’extraterritorialité des Relations Internationales, les théories macrosociologiques et les explications téléologiques. Divers, ces travaux collectifs sont avant tout reliés par la perspective résolue d’une investigation empirique centrée sur les acteurs et les organisations au moyen d’outils « ordinaires » des sciences sociales. Cette section vise donc aussi à contribuer à une articulation des pistes de recherche sur la sociologie des acteurs de la paix très dynamique ces dernières années, en particulier dans trois domaines. En premier lieu, l’étude des Organisations Internationales a permis de souligner les jeux d’acteurs, les formes d’actions collectives, les transferts d’instruments et le fonctionnement des arènes de négociation. Par ailleurs, des travaux récents consacrés, dans une perspective interactionniste, aux carrières des combattants/militants mais aussi des « pacificateurs » ont signalé la portée heuristique de l’étude des trajectoires des acteurs engagés dans la sortie de conflit. Enfin, les débats épistémologiques sur le choix et la complémentarité des angles d’observation – le siège et le terrain, « par le haut » et « par le bas », le local et l’international – constituent un dernier pan de recherche fécond qui permet notamment d’interroger l’incidence des relations entre « l’opérationnel » et le « bureaucrate » sur les prises de décisions, les arrangements bureaucratiques et les « mises à jour » des programmes d’intervention. L’ambition de cette Section Thématique est de contribuer à réunir ces orientations de recherche autour d’une sociologie politique des interventions de la paix qui se concentre sur l’observation et l’explication des effets des « terrains » sur les acteurs et les groupes, les doctrines et les programmes, les organisations et les décisions relatives à la fabrication de la paix.

Cette section thématique articule trois questionnements transversaux.

Premièrement, que font les terrains d’intervention aux acteurs et aux groupes investis dans la construction de la paix ? Certaines communications analyseront les effets d’un ou de terrains d’intervention sur les trajectoires individuelles et les carrières professionnelles mais aussi sur les formes de mobilisations collectives, et notamment intersectorielles, entre acteurs de la paix. Elles mettront en évidence les phénomènes de socialisation et de « rencontres » qui se déroulent sur les terrains et les opérations de cumul et de conversion des capitaux qui y sont tirés et/ou investis. Elles s’attacheront enfin à cerner les contours de groupes professionnels notamment à partir des identités et des représentations communes mais aussi des répertoires d’action et des techniques collectives.

Deuxièmement, que font les terrains d’intervention aux doctrines et aux programmes de construction de la paix ? Certaines contributions retraceront la fabrication et la circulation des doctrines et des programmes d’intervention. Il s’agira alors d’analyser, toujours à partir des effets d’un ou de terrains, les processus de traduction, de réappropriation, de légitimation et finalement d’objectivation des normes, techniques et savoir-faire promus et mis en œuvre par différents types d’acteurs internationaux aux premiers rangs desquels les OI, les Etats et les organisations privées et associatives.

Troisièmement, que font les terrains d’intervention aux organisations et aux prises de décisions relatives à la construction de la paix ? Certaines contributions évalueront enfin l’impact des interventions sur l’évolution des relations entre organisations, en termes de coopération et de compétition pour l’allocation de ressources, de réformes, de changement institutionnel et de managérialisation des administrations. Elles questionneront également l’impact des enseignements tirés par les bureaucraties d’un ou de terrains sur la configuration décisionnelle, la division du travail, la coopération multinationale et la délimitation des compétences.  



The scientific literature dedicated to international interventions is as abundant as it is divided with regards to liberal peace. On the one hand, “problem-solvers” focus on the efficiency of the intervention programs that are deployed in what they brand as “weak” or “failed” states. As these authors seek to identify good practices and legitimate actors in post-conflict situations by resorting to statistical methods and large-N comparisons, they often succumb to a nomologic illusion. On the other hand, “critical scholars” are eager to denounce the relations of domination that these programs produce. They warn against the promotion of “human security” which they consider as a new biopolitical resource in the hands of the dominating states and international organisations. Undeniably, both approaches have deepened our knowledge of the transformations of international power relations since the end of the cold war. However, they offer few empirical insights into the actors and organisations that embody and conduct peace interventions. The opposition between these two approaches is indeed more ideological than methodological. No matter whether they draw on liberal, Marxist or Foucaldian thought, they share a conception of the relations between “international” intervention actors and “local” societies as being confrontational. Rarely do they explore the interactions that happen concretely between the actors on the field, nor do they investigate the ways in which these fortuitous and sometimes unlikely “encounters” transform the actors’ relations and representations.  

Therefore, this panel advocates an inversion of perspective: rather than asking how peace interventions shape “the field”, we wonder how “the field” shapes peace actors. Indeed, due to the scarcity of empirical works, peace actors remain largely unknown and are too often envisaged as a homogeneous group. By placing them at the very centre the investigation, this panel hopes to generate new insights into peace interventions themselves. Drawing on political sociology, the communications will investigate how social interactions on the field affect 1/ the actors’ professional careers and biographical trajectories, 2/ the peacebuilding doctrines and programs, and 3/ the organisations’ patterns of cooperation and conflict, and their decision-making routines.


Bibliographie

Ambrosetti, David et Buchet de Neuilly, Yves (2009). « Les organisations internationales au cœur des crises. Configurations empiriques et jeux d’acteurs », Cultures et Conflits, n°75, p. 7-14.
Autesserre, Séverine (2014). Peaceland. Conflict resolution and the everyday politics of international intervention. Cambridge, Cambridge University Press.
Blieseman De Guevara, Berit, dir. (2012). Statebuilding and State-Formation: The Political Sociology of Intervention. Londres, Routledge.
Campbell, Susanna, Chandler, David et Sabaratnam, Meera, dir. (2011). A Liberal Peace? The Problems and Practices of Peacebuilding. Londres, Zed.
Chandler, David (2010). International Statebuilding. The Rise of Post-Liberal Governance. Londres, Routledge.
Dauvin, Pascal, Siméant Johanna (2002). Le travail humanitaire. Les acteurs des ONG, du siège au terrain, Presses de Science Po, Paris.
Debos, Marielle (2013). Le métier des armes au Tchad. Le gouvernement de l’entre-guerres. Paris, Karthala.
Dezalay, Sara (2008). « Des droits de l’homme au marché du développement. Note de recherche sur le champ faible de la gestion de conflits armés », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, n° 174, p. 70-79.
Doyle, Michael et Sambanis, Nicholas (2006). Making War and Building Peace: United Nations Peace Operations. Princeton, Princeton University Press.
Duclos, Nathalie, dir. (2010). L'adieu aux armes? Parcours d'anciens combattants. Paris, Karthala.
Duffield, Mark (2007). Development, Security and Unending War: Governing the World of Peoples. Cambridge, Polity Press.
Howard, Lise Morjé (2008). UN Peacekeeping in Civil Wars. Cambridge, Cambridge University Press.
McGinty, Roger (2011). International Peacebuilding and Local Resistance. Hybrid Forms of Peace. Houndmills, Palgrave.
Mitchell, Audra et Richmond, Oliver P. (2011). Hybrid Forms of Peace. From Everyday Agency to Post-Liberalism. Londres, Palgrave MacMillan.
Müller, Birgit (2012). « L'anthropologie des organisations internationales », Critique internationale, n°54.
Neal, Derrick, et al. (2011). Capability Development in Support of Comprehensive Approaches. Transforming International Civil-Military Interactions. Washington DC, Center for Technology and National Security Policy, Institute for National Strategic Studies, Decembre.
Page Fortna, Virginia (2008). Does Peacekeeping Work? Shaping Belligerents' Choices After Civil War. Princeton, Princeton University Press.
Paris, Roland (2004). At War's End: Building Peace After Civil Conflict. Cambridge, Cambridge University Press.
Richmond, Oliver P. (2011). A post-liberal peace. The infrapolitics of peacebuilding. Londres, Routledge.
Seybolt, Taylor B. (2007). Humanitarian Military Intervention. The Conditions for Success and Failure. Oxford, Oxford University Press.
Stedman, Stephen J. (1997). « Spoiler Problems in Peace Processes », International Security, vol. 22, n°2, p. 5-53.
Petiteville, Franck et Smith, Andy (2006). « Analyser les politiques publiques internationales », Revue française de science politique, vol. 56, n°3, p. 357-366.
Tenenbaum, Charles (2009). « La médiation des organisations intergouvernementales : Un maillon essentiel », in Devin, Guillaume, dir. Faire la paix. La part des institutions internationales. Paris, Presses de Sciences Po, p. 101-131.


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : lundi 22 juin 9h00 – 12h00
Session 2 : lundi 22 juin 14h45 – 17h45

Lieu : informations bientôt disponibles


Programme

Axe 1 / Ce que les « terrains » font aux trajectoires, aux représentations et aux identités des acteurs de la paix

Discussion : Sandrine Lefranc (CNRS/ISP)

Discussion : Marielle Debos (Université Paris Ouest Nanterre/ISP)

Axe 2 / Ce que les « terrains » font aux organisations et aux doctrines de construction de la paix

Discussion : Yves Buchet de Neuilly (Université de Lille/CERAPS)

Discussion : Richard Banégas (Sciences Po Paris/CERI)


Résumés des contributions

Séverine Autesserre (Université de Columbia)

Les terrains de la paix : une ethnographie des interventions internationales

Pourquoi les interventions internationales de paix parviennent-elles si rarement à atteindre leur plein potentiel? Se basant sur plusieurs années d'enquête ethnographique dans les zones de conflit à travers le monde, cette contribution démontre que les éléments de la vie quotidienne – tels que les habitudes sociales des expatriés, les procédures de sécurité, et les approches habituelles de collecte d'informations sur la violence – influencent fortement l'efficacité des efforts internationaux.
Bien que venant de toutes les régions du monde et de tous milieux, et ayant a priori fort peu de choses en commun, les acteurs de terrain partagent un certain nombre de pratiques, habitudes et récits quand ils se retrouvent dans une zone de conflit. Ces divers éléments permettent aux faiseurs de paix internationaux de fonctionner au jour le jour. Concurremment, ces pratiques communes ont aussi de nombreuses conséquences imprévues qui réduisent fortement l'efficacité des initiatives internationales. A travers cette analyse en profondeur de la vie et du travail quotidien des intervenants de paix sur le terrain, cette contribution suggère des façons innovantes de mieux aider les populations d’accueil à construire une paix durable.

Peaceland: An Ethnography of International Intervention

This paper suggests a new explanation for why international peace interventions often fail to reach their full potential. Based on several years of ethnographic research in conflict zones around the world, it demonstrates that everyday elements – such as the expatriates’ social habits and usual approaches to understanding their areas of operation – strongly influence peacebuilding effectiveness.
Individuals from all over the world and all walks of life share numerous practices, habits, and narratives when they serve as interveners in conflict zones. These common attitudes and actions enable foreign peacebuilders to function in the field, but they also result in unintended consequences that thwart international efforts. Certain expatriates follow alternative modes of thinking and doing, often with notable results, but they remain in the minority. Through an in-depth analysis of the interveners’ everyday life and work, this paper proposes innovative ways to better help host populations build a sustainable peace.


Catherine Goetze (Université de Nottingham)

Apprendre du terrain ? Analyse structurelle des espaces d’apprentissage dans les missions complexes de consolidation de la paix

Les travaux les plus récents sur la construction de la paix mettent l’accent sur la relation entre les ‘locaux’ et les ‘internationaux’. On entend souvent l’argument que le ‘peacebuilding’ pourrait devenir plus efficace, avoir plus de succès et correspondre mieux aux besoins si les constructeurs de la paix prêtaient plus attention aux locaux et s’ils apprenaient du terrain. Je vais explorer cet argument dans le cadre de la communication. Je m’intéresserai tout particulièrement aux conditions structurelles de possibilité de l’apprentissage par le terrain et je poserai la question de savoir si les organisations peuvent, en effet, apprendre. En me référant aux théories relevant de la sociologie des organisations qui mettent l’accent sur la communication, la narration et l’échange à l’intérieur de l’organisation, je propose un modèle de ‘nœuds d’apprentissage’. Pour que l’information de terrain puisse passer du niveau local au niveau international de la prise de décision, il est nécessaire que l’organisation ait institutionnalisé des espaces transversaux de critique et d’évaluation. En plus, les organisations doivent permettre aux employé-e-s de s’exprimer tout en promouvant leur carrière. Une analyse approfondie des carrières et des structures d’emploi dans la construction de la paix, en particulier au sein de l’ONU, montre que de tels espaces n’existent pas. La manière dont sont organisées les institutions de la construction de la paix empêche l’apprentissage par le terrain.

Learning from the field. Structural analysis of spaces of learning in complex peacebuilding missions

Recent research in peacebuilding has developed a strong focus on the relations between internationals and locals. Many argue that peacebuilding could be more effective, more successful and more adequate if peacebuilders were to listen better to the locals and if they would learn from the field. This paper will examine this claim closer. Most notably I am interested in the structural conditions for such learning processes and whether organisations in peacebuilding, most notably the UN, fulfill those conditions. Drawing on organisational and sociological theories of learning, the paper models the learning process as a social process of communication, adaptation and organisational story telling, in which a space for learning needs to be institutionally secured. The model postulates that organistions need transversal spaces of critique so that information can pass from the local level to the international level of decision making if an organisation, or several are supposed to ‘learn from the field’. Furthermore, the people in the organisation need to be incentivised to pass on experiences and to learn – this means very often that a space for critical knowledge and negative evaluations needs to be created and institutionally secured. A subsequent analysis of employment and career structures in peacebuilding, and most notably of the UN, will show that such ‘learning nodes’ do not exist or, if so, only coincidentally. The way most organisations, and most notably the UN are structured, impedes seriously on their capacity to learn from the field.


Christophe Wasinski (Université Libre de Bruxelles/REPI)

Acteurs de la paix, production autobiographique et culture militariste populaire : le cas des témoignages des militaires britanniques déployés en Afghanistan

Le but de cette contribution est d'enquêter sur la façon dont les opérations militaires dont l'ambition est de créer les conditions nécessaires pour la paix dans des États étrangers produisent une culture populaire militariste qui, par ricochet, contribue à légitimer plus d'actions militaires. Depuis deux décennies environ, les approches constructivistes, critiques et sociologiques en relations internationales ont proposé une nouvelle interprétation concernant l'utilisation de la force. Plutôt que d'insister sur des intérêts nationaux ou bureaucratiques réifiés, ces approches ont montré que le recours aux forces armées (que ce soit pour le « maintien de la paix » ou la « contre-insurrection ») sur la scène internationale repose largement sur l'existence de représentations sociales qui confèrent de la légitimité aux options militaires. Cette présentation cherche à montrer que le processus de légitimation ne s'appuie pas uniquement sur les discours officiels mais aussi sur des représentations populaires. L'analyse que nous proposons est basée sur une lecture des récits autobiographiques des soldats britanniques qui ont été déployés en Afghanistan.

Peacemakers, autobiographical production and popular militaristic culture : the case of militay testimonies by British soldiers deployed in Afghanistan

This contribution aims at investigating how contemporary military operations whose ambition is to create the necessary condition for peace in foreign land produce a popular militaristic culture that, in turn, contributes to the legitimation of further military actions. For two decades approximately, the constructivist, critical or sociological approaches in International Relations have proposed a new interpretation pertaining to the use of armed force. Rather than insisting on reified national or bureaucratic interests, these approaches have shown that armed forces recourse (be it for « peacemaking » or « counterinsurgency » purposes) on the international scene largely rests on the existence of social representations confering legitimaticy to military options. This presentation makes the case that legitimacy is not only construed by official speeches but also by popular representations. The demonstration is based on an analysis of some British soldiers' autobiographies narrating their tours of duty in Afghanistan.
  

Isaline Bergamaschi (Université des Andes, Bogotá)

Courtiers de la paix ? Les agents locaux de la Minusma

Cette communication propose une sociologie des « contrats locaux » du maintien de la paix au Mali, c’est-à-dire des maliens qui travaillent pour la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) créée par le Conseil de Sécurité par sa résolution 2100 du 25 avril 2013. Cette communication part de l’hypothèse que prendre les acteurs maliens de la paix – les contrats locaux de la Minusma affectés à des postes civils - permet d’éclairer plusieurs dimensions du maintien de la paix et de rendre compte de l’influence du terrain sur les opérations et bureaucraties internationales. Elle se fixe deux objectifs:
1) Comprendre comment l’institution onusienne intègre du personnel malien dans le but de « nationaliser » la mission
On s’intéressera aux mesures actives prises en ce sens (incitations à l’embauche nationale, respect d’un équilibre entre personnel du Nord et du Sud du Mali dans les recrutements) autant qu’aux débats, ajustements, arbitrages (entre la quête de légitimité et d’expertise d’une part, et le principe de neutralité du personnel, par exemple) qui résultent de cette démarche.
2) Décrire les carrières, trajectoires et la professionnalisation des agents maliens de la Minusma
Quelle est leur formation initiale ; leur positionnement dans la société malienne ; leur rapport à l’international? Pour traiter ces différents points, nous utilisons la notion de « courtiers », utilisée dans des travaux d’anthropologie du développement (Bierschenk, Chauveau et Olivier de Sardan 2000, Mosse et Lewis 2006). Comment, par leur insertion dans la société, leur proximité (ou pas) avec l’appareil d’Etat ou la classe politique, participent-ils à la (de-)légitimation de la mission, à son adaptation au contexte malien ?

Peace brokers ? Local staff in the UN stabilisation mission in Mali

This article adopts a sociological approach to international interventions through the study of the « local staff » of the UN stabilization mission in Mali.  While the literature often draws a distinction between the « internationals », expatriate peace-builders and « local populations », this article focuses on the Malian citizens who work in and for a peace mission in their own country. Its purpose is two-sided :
1) Understand how the UN has tried to « nationalise » its mission in Mali so as to gain legitimacy and relevance
2) Inform the careers and trajectories of this “local staff”, including: their educational and professional training, relation to the Malian State and politics, their position within the UN mission. I draw on the notion of “brokers” used in the literature of development anthropology (Bierschenk, Chauveau et Olivier de Sardan 2000, Mosse et Lewis 2006) in order to trace whether or not, and how, the local staff contributes to the adaptation, legitimation or embedding of the mission in the national context.


Sandrine Vinckel  (Université Paris I Panthéon Sorbonne/IMAf)

Ce que les organisations internationales et les ONG font aux carrières des professionnels de la paix. Le cas des anciens étudiants du DESS en droits de l’homme et résolution pacifique des conflits de la Chaire Unesco du Burundi
A partir d’une analyse prosopographique des anciens étudiants du DESS en « droits de l’homme et résolution pacifique des conflits » de la Chaire UNESCO du Burundi, la communication montre que l’évolution des carrières des acteurs de la paix burundais est liée à l’état respectif du champ des organisations internationales et ONG internationales de la paix et des champs locaux du droit et de la sécurité, et des opportunités en termes d’emploi qui se créent ou disparaissent dans l’un ou l’autre champ. Les nombreuses organisations internationales et ONG, qui sont arrivées au Burundi au début des années 2000, ont constitué un espace de professionnalisation pour des Burundais, nés au début des années 1970, pour qui la fonction publique, et en particulier la magistrature, ne permettait plus une ascension sociale. Dix ans plus tard, du fait de la baisse ou de la réorientation des financements des bailleurs de fonds, et de son corollaire, la diminution des emplois dans les organisations internationales, nombre de ces acteurs locaux – à l’exception de ceux engagés dans des opérations de maintien de la paix – et de nouveaux acteurs, nés à la fin des années 1970 et au début des années 1980, travaillent à nouveau dans des organisations locales. Ils y réinvestissent des compétences et ressources acquises dans un espace extraverti, comme l’atteste, par exemple, l’apparition depuis la fin des années 2000 des avocats-consultants ou des consultants indépendants spécialisés dans des thématiques portées par les acteurs internationaux de la paix.

What international organizations and NGOs do to peacebuilders’ careers. The case of the alumni of the DESS in Human rights and peaceful conflict resolution of the Unesco Chair in Burundi.

Based on a prosographical analysis of the former students of the DESS in “human rights and peaceful resolution of conflicts” of the UNESCO Chair in Burundi, this paper shows that the career evolution of the Burundian peace​building actors is linked to the respective state of the international peacebuilding field and the legal and security local fields and the employment opportunities in either field. The many international organizations and NGO’s that arrived in Burundi in the early 2000s were a professionalization space for Burundian, born in the early 1970s, who could no longer benefit from an upward carrer mobility in public service, and particularly in the judiciary. Ten years later, because of the decrease or reorientation of external funding and the subsequent decline of jobs in international organizations, many local actors – except for those who are engaged in peace support operations – and new actors, born in the late 1970s and the early 1980s, return to work in local organizations. They reinvest there skills and resources gained in an extraverted space, as demonstrated by, for example, the increase, since the late 2000s, of laywers-consultants or independent consultants who are specialised in certain topics promoted by international peacebuilding actors.


Nathalie Duclos (Université de Tours/ISP) et Cécile Jouhanneau (Université Paul Valéry Montpellier/ART-Dev)

A l’écoute de la population? Les incidences des terrains ex-yougoslaves sur l’ethos et les pratiques professionnels des gendarmes français

Cette communication prend pour objet les expériences des gendarmes français partis en opérations extérieures (Opex) en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo dans les années 1990 et 2000. A partir d’entretiens semi-directifs et de témoignages écrits collectés aux printemps 2014 et 2015, on s’interroge sur les façons dont l’expérience des terrains ex-yougoslaves a affecté les représentations de soi et de sa mission, les interprétations du conflit et les pratiques professionnelles des gendarmes expatriés. Du fait de leur socialisation professionnelle, les gendarmes français valorisent le fait de se montrer à l’écoute de la population, en France comme à l’étranger. Il s’agit à la fois de prêter attention aux besoins des habitants – notamment ceux des zones rurales – qui s’avèrent particulièrement nombreux dans les périodes de guerre, mais aussi d’user de cette proximité pour mener un travail de renseignement devant servir leur mission de maintien de l’ordre public. Si les enquêtés ont tâché de déployer cet ethos et les pratiques professionnelles afférentes en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo, leurs interactions avec leurs hôtes, interprètes et collègues sur les terrains ex-yougoslaves ont généré des tensions et des dilemmes qui ont reconfiguré en retour leurs représentations de leur rôle de gendarme, du conflit et de la construction de la paix.

In tune with the people? The effects of field experiences in the former Yugoslavia on the professional ethos and practices of French gendarmes

This presentation deals with the experiences of French gendarmes who participated in exterior operations (Opex) in Bosnia and Herzegovina and in Kosovo in the 1990s and 2000s. Drawing on semi-structured interviews and written testimonies gathered in Spring 2014 and Spring 2015, we wonder how their experience on the former Yugoslav field affected the expatriated gendarmes’ self-representations, interpretations of the conflict and professional practices. Due to their professional socialisation, French gendarmes place high value on tuning in to the local population, whether in France or abroad. This refers both to being attuned to the inhabitants’ needs, and to monitoring the people so as to gather intelligence and maintain the public order. Our interviewees endeavoured to apply their ethos and the corresponding professional practices in Bosnia and Herzegovina and in Kosovo. However, their interactions with local hosts, interpreters and colleagues on the field generated tensions and dilemmas that reconfigured, in turn, their representation of their role as a gendarme, their interpretation of the conflict and their understanding of peacebuilding.  


Anne Bazin et Charles Tenenbaum (Institut d’Etudes Politiques de Lille/CERAPS)

L’Union par le terrain. Evolutions et adaptations des stratégies européennes de pacification internationale

Au Mali, au Moyen Orient comme aux frontières de l’Europe, la participation de l’Union européenne et de ses Etats membres à des opérations de pacification internationale se multiplie. La diversité des modalités d’interventions illustre la forte présence des acteurs européens de la paix sur le terrain des conflits contemporains ainsi que la disparité des mécanismes à l’œuvre.
En proposant d’inverser la perspective habituellement adoptée pour étudier le rôle des institutions de l’UE dans la construction de la paix, cette proposition montrera de quelle manière les terrains eux-mêmes déterminent les évolutions de la stratégie européenne de pacification. Au sein de la Commission européenne et notamment du Service européen d’action extérieure, lors de négociations entre Etats-membres mais aussi dans l’interaction avec des ONG, on observe des logiques d’adaptation qui répondent aux spécificités d’un terrain d’opérations donné. De la particularité de ces terrains émanent, par ailleurs, opportunités et contraintes politiques liées à la nature des interactions avec la diversité des organisations internationales également engagées. Nous montrerons dans quelle mesure ces relations d’interaction entre les différentes institutions internationales à vocation pacificatrice influencent, en retour, les programmes et mécanismes européens dédiés à la gestion et à la résolution des conflits.

Forging the Union from the Ground-up. European peace strategies and their transformations

In the Middle East, in Western Africa as well as at the borders of Europe, EU Member States, as well as the European Union itself, have steadily increased their participation to international peace operations. While an illustration of a new and strong European involvement in peace interventions, these operations are also characterized by their inherent diversity.
This presentation will focus on the influence gained by field interventions on the evolution of peacemaking strategies of the European Union. By looking closely at the policy making dynamics within the European Commission and the European External Action Service, but also at negotiations between Member States as well as at the expert advocacy work conducted by NGOs, we will show how important institutional transformations are actually caused by evolutions in the field. Their particularities tend to have an impact on the interactions between international institutions, private and public. We will demonstrate to what extent these interactions at the global level have, in turn, a direct influence on programs and mechanisms dedicated to conflict management and resolution.

Ardijan Sainovic (Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux/Centre Emile Durkheim)

L’impact du terrain sur les acteurs de paix : transformations capacitaires et développement de partenariats hybrides. Les conséquences de l’expérience yougoslave sur les organisations régionales européennes

L’objectif de cette contribution est de mettre en évidence le double impact du terrain sur les acteurs de paix, en particulier sur l’Union Européenne. Notre analyse montrera d’abord que les transformations initiées par l’UE en matière de paix sont une « réaction à l’échec » des conflits dans les Balkans qui ont révélé ses défaillances et instruit un processus d’apprentissage et de réflexion. Ensuite, cette (in)action sur le terrain a des répercussions en retour sur l’UE en concourant à la transformer à deux niveaux et dans deux types d’interactions: local et central (international), en interne et dans les relations à son environnement. Cela se manifeste par des mutations organisationnelles, capacitaires et doctrinales ce qui conduit l’UE à une implication croissante en matière d’opérations de paix pour être à la hauteur des exigences du terrain. Ce dernier contribue également à l’évolution dans le temps et dans l’espace des partenariats inter-organisationnels caractérisés par la spécialisation et la division du travail fondées sur les avantages comparatifs de chaque Organisation et à des tentatives d’institutionnalisation de cette coopération par souci de clarté, cohérence et complémentarité. Le terrain impacte aussi les relations avec les populations locales en réadaptant les stratégies des acteurs de paix suivant les leçons apprises et les objectifs avec des divergences concernant la mise en pratique du concept de paix libérale.

The impact of the field on peacebuilders: capability transformations and the development of hybrid partnerships. The consequences of Yugoslav experiences on European regional organizations

The objective of this paper is to highlight the double impact of the field on peace actors, in particular the European Union. First, our analysis will show that changes initiated by the EU in terms of peace are a « reaction to the failure » of conflicts in Balkans, which revealed his weaknesses and instructed a learning and reflection process. Then this (in)action on the field has feedback repercussions on the EU in contributing to the transformation at two levels and two types of interactions : local and central (international), internally and in relations to his environment. This is manifested by organizational, capabilities and doctrinal mutations which led the EU to increasing involvement in peace operations in order to be at the height of field requirements. It also contributes to the transformation in times and space of inter-organizational partnerships characterized by specialization and division of labor based on the comparative advantages of each Organization and attempts to institutionalize cooperation for sake of clarity, coherence and complementarity. The field also impact relationships with local populations by rehabilitating strategies of peace actors according to lessons learned and goals with differences on implementation of the concept of liberal peace
.

Hewane Serequeberhan (Université Paris II Panthéon Assas/IRSEM)

Ce que le terrain fait à un processus décisionnel européen. La bataille congolaise relative à la réforme du secteur de la sécurité (2003-2006)

Cette communication vise à expliquer comment le terrain congolais a influé sur les logiques concurrentielles des acteurs européens au sujet de la réforme du secteur de la sécurité (RSS) en RDC, sachant que leur lutte de pouvoir avait pour enjeu la délimitation de leurs compétences respectives en matière de RSS au Congo et ailleurs. Un détour par la variable explicative du terrain implique de replacer ces logiques dans le contexte plus large du processus électoral congolais de 2006. Par le biais de l’enjeu électoral, le terrain a joué sur la configuration décisionnelle, en procurant à un acteur de terrain des ressources de pouvoir et relationnelles à l’appui desquelles, il s’est positionné comme un interlocuteur politique incontournable et a déployé une stratégie de prise de contrôle dans un des secteurs de la RSS. Cette démarche « par le bas » permet de mettre en lumière le poids des rapports de forces entre acteurs de terrain et acteurs du siège et souligne l’incidence concrète de leurs luttes sur les contours et la teneur d’une politique européenne de post conflit.

Field Impact on European Decision-making Process. The Congolese Battle over Security Sector Reform (2003-2006)

During the Congolese transition a bureaucratic battle took place between European actors over jurisdiction delimitation in Security Sector Reform (SSR) in Congo and elsewhere. This paper argues that the field influenced this struggle and aims at explaining how. Taking into account the field implies to replace this Congolese turf battle into the electoral context of 2006. Through election issue, the Congolese field influenced stakeholders configuration: by providing strong asset to a field actor (power and relational resources), it enabled that actor to position itself as a key political interlocutor and adopt a takeover strategy in the SSR European Policy. Follow this “bottom up” approach shed light upon competitive relations between field actor and headquarters actors in bureaucratic power struggle and underline their immediate impact on the form and content of a European post conflict Policy.


Maxime Godefroy (Université de Lille/CERAPS)

Ce que le terrain fait à un programme des Nations Unies. Le cas de la formation des policiers au Tchad

Le mandat principal de la Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad (Minurcat- 2008-2010) était de maintenir la sécurité dans et autour des camps de réfugiés implantés à l’Est du Tchad et au Nord-Est de la République centrafricaine. Ces camps accueillent depuis 2004 l’arrivée de réfugiés venus principalement du Darfour. Pour ce faire, un des objectifs de cette mission des Nations unies était la formation d’un Détachement intégré de sécurité (DIS). Composé de policiers et gendarmes tchadiens sélectionnés, formés et équipés par la Minurcat, le DIS assurerait la sécurité dans les camps tandis que la Minurcat assurerait la sécurité autour des camps. Très vite, cependant, ce programme é été l’objet de nombreuses modifications lors de sa mise en œuvre pour finalement devenir la principale stratégie de sortie de la Minurcat. Pour expliquer cette évolution du DIS, nous analyserons les interdépendances entre les groupes sociaux impliqués dans sa mise en œuvre (qu’ils soient du « siège » ou du « terrain », locaux ou internationaux). Nous verrons que les conditions sociales ayant permis sa décision ont durablement affecté la mise en œuvre de ce programme et les interactions entre acteurs de terrain.

What the field does to a United Nations program. The case of policemen training in Chad

The UN Peacekeeping operation in Central African Republic and Chad (Minurcat – 2008-2010) was established in order to maintain security in and around the refugees camps deployed in eastern Chad and north-eastern CAR. Those camps welcomed refugees - mainly from Darfur - since 2004. To fulfill its objectives, one main goal of the Mission was the setting up of the Détachement intégré de sécurité (DIS) : consisting of chadian policemen recruited, trained and equiped by the Minurcat. They should maintain the security in the camps while the Minurcat should maintain it around the camps.  However, the DIS program has quickly been modified during its implementation stage. It was so much amended that it became the only exit strategy of the Minurcat. To explain DIS’s evolution, we analyse the interdependance between the social groups involved in ist implementation (groups from the « field » or the « head office », locals or internationals). We’ll show that the social conditions that allowed its decision have affected lasting its implementation and interaction between actors on the ground.


Jan Verlin (Université Paris Ouest Nanterre/ISP)

Ce que Haïti fait à la Minustah

La
 mission 
de
 paix 
pour 
la
 stabilisation
 d'Haïti (MINUSTAH),
 installée 
après 
le 
coup 
d'Etat contre 
l'ex-président Aristide
 en 
2004,
 se 
situe 
dans 
la 
continuité 
de 
Missions 
onusiennes plus anciennes, présentes
 depuis 
déjà 
20 
ans 
dans
 le 
pays.
 La 
MINUSTAH
 ne 
survit 
pas seulement,
 avec 
son 
mandat
 continuellement 
prolongé 
pendant
 une décennie, 
à 
ses 
quatre
 prédécesseurs, 
 elle 
 est 
 aussi 
 la 
 plus
 grande 
 force 
 armée 
 onusienne 
 jamais déployée
 en Haïti. Mais
 au 
cours 
du 
temps, 
la 
justification 
de 
son 
mandat 
s'est 
transformée
 radicalement.
 Tandis qu’au 
départ, 
c’est 
le 
conflit 
entre 
les 
guérilleros 
anti-Aristide, 
des 
militants
 pro-Aristide
 Lavalas 
et la 
police 
haïtienne,
 qui 
a 
justifié
 son installation
 
– 
ce 
qui
 a
 donné
 lieu
 à un 
combat militaire
 “anti-gang”
 – 
la
 mission a
 finalement été
 réorientée, 
à 
la 
suite 
des
 ouragans de 
2008
 et du 
séisme 
de 
2010, vers 
 une 
 action 
 purement 
 humanitaire. 
 Cette 
communication  s'intéresse
 aux légitimations
 variables des acteurs onusiens et plus spécifiquement 
aux 
acteurs 
de 
la 
MINUSTAH
 face 
à 
l'évolution 
de
 leur 
terrain 
d'action. Elle s'interroge plus 
particulièrement
 sur 
les changements en
 termes 
de discours publics (présentation en 
ligne, brochures,
 résolutions, 
documentation)
 et en 
termes 
de réformes organisationnelles 
(partenariats, distribution de 
ressources
 et de 
personnels,
 prise 
de 
décisions).

What Haiti does to the Minustah

The UN peace mission for the stabilization of Haiti, deployed after the coup against ex-President Aristide in 2004, stands in a long continuity of 20 years of former UN missions. The Minustah does not only outlive its predecessor by the continuous prolongation of its mandate over ten years, it is also the biggest armed force of the United Nations ever deployed in Haiti. Over time the justification of its mandate changed however radically. Even though the mission was set up in order to stabilize Haiti in the context of violence between pro and anti-Aristide fractions and the Haitian police, it was reoriented towards almost purely humanitarian actions after the 2008 hurricanes and the 2010 earthquake.
This paper is interested in the varying legitimization of United Nations staff and more specifically the peace mission MINUSTAH itself in relation to the transformation of their field of action. It will study the change in public discourse (online presentations, brochures, resolutions, documentations) and the organizational reform (partnerships, allocation of resources and personnel, decision making).


Marie-Joëlle Zahar (Université de Montréal/CERIUM)


De l’impact du contexte malien sur les dynamiques organisationnelles au sein de la MINUSMA

La littérature spécialisée sur le peacebuilding décrie depuis plusieurs années le projet de 'paix libérale' dont les institutions internationales, notamment les Nations Unies, seraient porteuses dans les états ayant vécu des conflits armés. Les critiques ont notamment porté sur l'adéquation du modèle aux sociétés (Donais 2009; Sending 2009), sur ses multiples limites (Paris 1997, 2010) et dérives (Pugh 2005; Richmond 2006), et sur son adaptation qui donnerait lieu à diverses 'hybrides' (MacGinty 2011, Hellmüller 2014). Cette littérature se base sur un postulat implicite, celui de l'asymétrie entre les intervenants externes et les sociétés dans lesquelles ils agissent. Cette asymétrie serait porteuse de rapports de pouvoir qui favoriseraient les intervenants aux dépens des sociétés. Nous basant sur nos travaux antérieurs qui ont remis en cause le postulat de l'asymétrie et se sont intéressés à la manière dont les acteurs locaux peuvent instrumentaliser, voir pervertir, les normes et objectifs des interventions internationales (Zahar 2012), nous proposons d'élargir la lorgnette et d'interroger l'impact des terrains sur les intervenants externes. Nous basant sur une expérience personnelle de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA), dans le cadre de plus de six missions de terrain entre Septembre 2013 et Septembre 2014, nous documentons l'impact de la situation malienne sur la MINUSMA, en retraçant notamment la manière dont elle a contribué à des positionnements d'acteurs et à des mobilisations collectives au sein de la mission et la manière dont elle a influencé les relations entre les Nations-Unies, les organisations régionales et sous-régionales, et les principaux acteurs régionaux et internationaux impliqués dans les efforts de sortie de crise au Mali.

The Malian Context and its Impact on Organizational Dynamics Inside MINUSMA

For the past couple of years, the peacebuilding literature has criticized the 'liberal peace' project that international organizations, including the UN, have been implementing in post-conflict settings. Critics have underlined the inappropriateness of the liberal model for these societies  (Donais 2009; Sending 2009), its multiple failings (Paris 1997, 2010) and excesses (Pugh 2005; Richmond 2006), and its adaptation to context which results in 'hybrid peace' (MacGinty 2011, Hellmüller 2014). The literature implicitly accepts the assumption of asymmetry between foreign interveners and the societies in which they intervene. Such asymmetry reflects power relations and would give interveners the upper hand. Based on earlier research that questions this assumption and that focuses on the manner in which local actors can instrumentalize and pervert the norms and objectives of international interventions (Zahar 2012), I propose to take a broader perspective and to ask what, if any, is the impact of the field on foreign interveners. Building on observations culled in the context of six deployments as an expert (September 2013 - November 2014) in support of  MINUSMA, I document the impact of the situation in Mali on the UN mission, by focusing on the manner in which context contributed to the positioning of actors and to collective mobilization within the mission, as well as the manner in which context affected relations between the UN, regional and sub-regional organizations and the major regional and international actors involved in peace efforts in Mali.


Participants

Autesserre Séverine sa435@columbia.edu
Banégas Richard richard.banegas@sciencespo.fr
Bazin Anne bazinbegley@gmail.com
Bergamaschi Isaline i.bergamaschi@uniandes.edu.co
Buchet de Neuilly Yves yves.buchetdeneuilly@univ-lille2.fr
Debos Marielle debos@u-paris10.fr
Daho Grégory gregda@free.fr
Duclos Nathalie nduclos@club-internet.fr
Godefroy Maxime godefroy.maxime@gmail.com  
Goetze Catherine c.goetze@sussex.ac.uk 
Jouhanneau Cécile jouhanneau.c@gmail.com
Lefranc Sandrine sandrinelefranccnrs@gmail.com  
Sainovic Ardijan s.arnest@hotmail.fr
Serequeberhan Hewane hewane.serequeberhan@gmail.com  
Tenenbaum Charles charles.tenenbaum@sciencespo-lille.eu
Verlin Jan janworlein@gmail.com
Vinckel Sandrine sandrine.vinckel@mailoo.org  
Wasinski Christophe christophe.wasinski@ulb.ac.be  
Zahar Marie-Joëlle marie-joelle.zahar@umontreal.ca

 

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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