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Section Thématique 21

Adoption, organisation et diffusion des primaires ouvertes. Une approche comparée
Adoption, organization and diffusion of open primaries. A comparative approach

Responsables

Remi LEFEBVRE (CERAPS Universite de Lille 2) remi.lefebvre@univ-lille2.fr
Eric TREILLE (CRAPE Rennes) eric.treille@laposte.net

Présentation scientifiqueDates des sessions Programme Résumés Participants

 

Présentation scientifique

Longtemps réservées au système politique américain, les primaires se développent depuis quelques années comme un mode de désignation alternatif à la sélection traditionnelle des candidats par les instances dirigeantes des partis ou des conventions. Elles tendent même à devenir un des éléments centraux dans la définition du jeu politique des organisations partisanes.
 
En Amérique Latine et en Europe occidentale notamment, on observe ainsi le passage de méthodes de sélection fermées ou confinées à des procédures de désignation plus inclusives impliquant, à travers des votes directs, les adhérents ou les sympathisants, sans que l'adhésion partisane soit un prérequis (primaires dites ouvertes).
 
La France n’échappe pas à ce processus. Fortement médiatisées, les expériences américaines et italiennes ont ainsi été érigées en modèle de démocratie et de participation par les partisans des primaires, tout particulièrement au PS. Résultat : après la tenue de primaires semi ouvertes en 2006, des systèmes de primaires dites ouvertes ont été adoptés pour désigner le candidat socialiste à l'élection présidentielle en 2011 pour ensuite être diffusés dans d'autres organisations partisanes comme l'UMP ainsi qu’à l'échelle locale comme par exemple lors des élections municipales de 2014.
 
On le voit donc : si les primaires s’inscrivent dans une tendance historique à la « démocratisation » et à « l’individuation » de la sélection des candidats, elles n’en constituent pas moins une rupture profonde pour la vie d’organisations politiques marquées par la tradition parlementaire et militantes. Le recours à une technologie sociale -le vote- mobilisant des sympathisants remet profondément en cause l’identité organisationnelle ainsi que les pratiques internes des partis puisque les adhérents, et à travers eux, les partis, perdent le monopole de la désignation des candidats. Surtout, il apparait que les usages politiques des primaires ne doivent pas être considérés comme réductibles à ceux d’un dispositif qui n’aurait pour but que de sélectionner un candidat : techniques électorales de règlement privé non publiquement réglementées, les primaires sont aussi mobilisées comme un outil de production de leadership, de conquête des suffrages, de pré-mobilisation de l’électorat au-delà du seul cercle des adhérents et in fine de communication externe.
 
L'objectif de cette section thématique est alors de revenir sur les processus qui ont conduit à l'adoption - de la pression réformiste à la délégimation des modes de sélection traditionnels -, à l’organisation – de l’organisation matérielle du vote aux modalités pratiques de la campagne - et la diffusion - des effets de mimétisme et/ou d’entraînement aux impacts médiatique - de cette nouvelle technologie de désignation des candidats.
 
Quand, pourquoi, comment et selon quelles règles les primaires ouvertes ont-elles été adoptées? Des entrepreneurs de réformes ont-ils joué un rôle particulier dans ce processus d’adoption ? Quelle efficacité électorale est prêtée à cette méthode de désignation ? Quels types de controverses ont pu faire naître le choix d’adopter un système de primaires ? Pourquoi des partis de tradition militante en viennent à déposséder leurs membres de la fonction partisane traditionnelle de sélection des élites politiques? Pourquoi les élites dirigeantes se privent-elles (en apparence ?) d’un pouvoir de désignation qu’elles maîtrisaient jusque là ? Comment ont été définies les règles notamment juridiques encadrant la consultation électorale et ses usages (modes de scrutin, calendrier, financements, définitions de l’électorat…) ? Que veut dire faire campagne dans un cadre partisan ? En quoi les primaires peuvent-elles être sources d’innovation politique, notamment dans le domaine des techniques de mobilisations électorales ? Qui sont les participants aux primaires ? Est-ce que la sociologie électorale des votants diffère de celle des adhérents de partis ? En quoi l’étude des primaires peut enrichir la sociologie électorale ? Pourquoi les dynamiques de diffusion des primaires prennent-elles des formes différenciées selon les pays et selon les échelles géographiques (faible diffusion locale en France mais effet de contagion interpartisane comme par exemple entre le PS et l’UMP) ? De quelles manières les primaires peuvent elles renouveler les relations entre les organisations partisanes et les médias ?
 
Divers facteurs sont pris en compte dans l’analyse des processus d’adoption : les régulations imposées par les luttes internes aux partis politiques, la mobilisation d'entrepreneurs de réformes, les stratégies des dirigeants, l'efficacité électorale prêtée à cette méthode de désignation. L'ouverture du processus de désignation est largement maîtrisée par les élites dirigeantes qui modifient les règles en fonction du contexte politique et des rapports de forces. Certes la décision d’adopter le principe de primaires ouvertes constitue un basculement mais le processus de définition des règles précises encadrant la consultation électorale (modes de scrutin, timing, définition de l’électorat…) est sans doute plus décisive encore. La codification de ces règles est constitutive d’enjeux stratégiques de premier plan qu’il faut analyser. Le fait que les primaires demeurent souvent « privées », c'est à dire non publiquement réglementées, permet une redéfinition fonctionnelle des règles électorales par les élites du parti en fonction du contexte. En somme la règle ne règle pas son usage. L’adoption des primaires est le plus souvent le produit de décisions sous contraintes ou de bricolages organisationnels dans des conjonctures de crise. Des variables communes se dégagent : dans un contexte de discrédit et d’affaiblissement militant des partis politiques, le recours aux primaires ouvertes apparaît comme un moyen de réguler les divisions internes, de produire un leadership, de légitimer électoralement le candidat et de donner une image plus démocratique aux partis politiques. Ce sont bien néanmoins les élites qui ont la main sur les règles de désignation et qui ne concèdent les primaires que pour éviter l'éclatement du parti tout en prenant en compte les conséquences négatives de ce choix. Si les outsiders jouent un rôle souvent décisif dans le processus, les élites en place cherchent à le maîtriser à travers le contrôle des règles du jeu notamment. La demande de primaires ouvertes peut être interprétée comme un instrument pour mettre en cause le pouvoir de leaders en place en mobilisant la rhétorique de la démocratie. La procédure institutionnelle est ainsi largement définie par ses usages et par les investissements politiques et stratégiques dont elle fait l’objet. Elle ne produit pas d’effets mécaniques. Piergiorgio Corbetta et Rinaldo Vignati (2013) écrivent à propos de l’Italie, leur analyse valant pour la France : « une tendance est à l’œuvre au Parti Démocrate pour organiser des primaires mais il faut éviter d’interpréter cette dynamique comme une loi sociologique qui tendrait naturellement vers plus d’ouverture et de démocratie partisane ». Les auteurs invitent à appréhender cette tendance de manière plus « réaliste et politique » comme « le résultat de luttes entre différents acteurs animés d’objectifs eux mêmes différents qui luttent pour conquérir ou conserver le pouvoir ».
 
La section thématique interrogera les primaires dans des aires géographiques diverses (Amérique Latine, Etats-Unis, Europe, Russie). Un regard comparatif sur l’objet primaires fait apparaître que le processus d’adoption des primaires ouvertes n’est selon les pays étudiés ni univoque ni linéaire et ni irréversible mais peut aussi être spécifique à chaque configuration nationale et partisane. La section interrogera à la fois les contextes d’adoption des primaires, leurs modes d’appropriation, et les effets qu’elles génèrent sur les systèmes politiques.
 
 
Being reserved to the american political system for a long time, primaries have been developing for a few years. They constitute a method of appointment alternative to the traditionnal recruitment of the candidates by the ruling authorities of parties or conventions. They even tend to become one of the main features in the definition of the political policy of the parties.
In latin America and in western europe particularly it is observed that the exclusive and enclosed selection have become more inclusive proceedings of recruitment. They involve, through direct votes, the members or the supporters. France doesn’t escape this process. The american and italian experiments widely covered by the media have been taken by the primaries supporters as an exemplary democracy particularly in the socialist party. As a result : after the half-open primaries in 2006, processes of so-called open primaries have been adopted to appoint the socialist candidate to the presidential election in 2011, to be the spread in other partisan organization like UMP as well as at the local scale like for example the municipal election in 2014 in ten towns.
 
The aim of this AFSP section is then to come back over the process which has led to the adoption –from the reformist pressure to the delegitimation of traditionnal selective process- of this rule, to analyze the organization, the effects and the diffusion of the open primaries.
 
When, why, how and with which rules the open primaries have been adopted ? Which electoral efficiency is given to this method of selection ? Which kinds of controversy have been able to lead to the choice of adopting a primary system ? How have the rules, mainly legal rules supervising the electoral advising and its uses, been defined ? What does campaigning in open primaries means ? To which extent can the primaries be sources of political innovation ? Mainly in the field of techniques of electoral mobilization ? Who are those taking part to the primaries ?


Sessions

Les travaux de la Section Thématique se dérouleront sur les sessions suivantes :
Session 1 : lundi 22 juin 9h00 – 12h00
Session 2 : lundi 22 juin 14h45 – 17h45

Lieu : voir le planning des sessions


Programme

Introduction
Remi Lefebvre (Université de Lille 2 CERAPS), Eric Treille (CRAPE Rennes)

Axe 1 / Les processus d’adoption

Discutante : Florence Haegel (Sciences Po Paris, CEE)

Axe 2 / Le déroulement des primaires

Discutante : Florence Faucher (Sciences Po Paris, CEE)

Axe 3 / Effets et transformations

Discutante : Carole Bachelot (Université de Lorraine, IRENEE)


Résumés des contributions

Dimitrios Kosmopoulos (Université Paris-Dauphine)
 
L’adoption des primaires ouvertes : entre logiques de concurrence interpartisane et intrapartisane. Le cas du Mouvement Panhéllenique Socialiste (PASOK) en Grèce, 2004- 2009     
 
En 2004, le PASOK devient le premier parti de Grèce à introduire et utiliser le système des primaires ‘ouvertes’ pour désigner son Président. L’article présent situe l’adoption des primaires ouvertes au croisement de deux logiques entrelacées. Ainsi, sous l’angle de la concurrence interpartisane, les primaires constituent un « stimulus » pour la réorganisation du mécanisme de mobilisation partisane, l’activation des réseaux locaux pour inscrire des nouveaux sympathisants et l’introduction dans le débat public du thème de la « démocratie participative » comme une arme dans la concurrence électorale. Au-delà de cette fonction de mobilisation immédiate, leur adoption, sous le concept générique de la « démocratie participative », constitue à la fois l’outil et le tournant d’un processus d’autonomisation de l’élite partisane et de dévalorisation de l’appareil partisan traditionnel. Ce processus est marqué par une série de changements organisationnels : participation des sympathisants aux élections internes ; réorganisation des instances locales ; mutations au processus de prise de décisions ; changements concernant la pratique de l’investiture. Ceux-ci marquent durablement le travail politique du PASOK et offrent des pistes de réflexion sur son effondrement organisationnel et électoral à partir de 2010.
 
In 2004, PASOK became the first party in Greece to introduce and use the system of open primaries to designate its President. The present article sets the adoption of open primaries at the intersection of two interlaced logics. Thus, in terms of interpartisane competition, open primary constitute a "stimulus" for the reorganization of partisan mobilization mechanism, the activation of local networks to enroll new supporters and the introduction of "participatory democracy" in the public debate as a weapon in electoral competition. Beyond this immediate mobilization function, their adoption by the generic concept of "participatory democracy" is both the tool and the turning point of an empowerment process for the partisan elite and a devaluation process for the traditional partisan structure. This process is marked by a series of organizational changes: involvement of supporters in internal elections; reorganization of local committees; mutations in the decision making process; changes concerning the candidates’ nomination practice. These phenomena mark the further political work of PASOK and provide mental stimulus for thinking its organizational and electoral collapse from 2010.

Vanessa Jérome (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, CESSP)

D’une primaire à l’autre. Les Verts-EELV entre ouverture partisane et légitimation politique

Depuis leur constitution en parti politique en 1984, Les Verts-EELV ont concouru cinq fois à l’élection présidentielle française. Si l’on en croit l’histoire militante, ils ont à chaque fois été fidèles à la tradition qui animait déjà les écologistes lors des élections de 1974, et qui faisait, de leur candidat, le vainqueur d’une « primaire ». Cette appétence pour ce mode de sélection des candidat-e-s ne peut pourtant s’envisager qu’au regard de la relation ambiguë que les écologistes entretiennent à la fois avec les logiques du champ politique et avec celle de l’élection présidentielle. Dans ce cadre, et alors que l’enjeu pour eux consiste essentiellement dans la réalisation d’un score leur permettant d’imposer à leurs partenaires le rapport de force le plus favorable, l’exercice de la primaire pend une signification toute particulière. Prendre au pied de la lettre la volonté des écologistes d’apparaître comme des pionniers de cet exercice, invite ainsi à préciser, pour chacune des élections, les modalités pratiques de désignation et les contours des corps électoraux qui ont permis aux écologistes, puis aux Verts-EELV stricto sensu, de sélectionner, pour chaque élection présidentielle, leur candidat-e. Cette part de l’analyse permet de percevoir, au-delà des processus d’institutionnalisation et de présidentialisation relative du parti, les stratégies de déplacement de la frontière partisane auxquelles se livrent les acteurs, et de s’interroger, au-delà de la question de l’(il)légitimité des candidatures, sur les effets de ces stratégies du point de vue du collectif militant. Par ailleurs, cette volonté invite également à s’interroger sur le rapport pratique que les militants entretiennent avec le/la politique au moment choisir leur candidat-e et qui conditionne largement les modalités de mise en œuvre de chacune des primaires et les critères de choix des candidat-e-s. L’analyse des primaires écologistes permet ainsi de montrer comment Les Verts-EELV, rompus aux candidatures présidentielles « de témoignage », utilisent les primaires dans l’objectif de réaliser, autour d’eux, une unification des organisations qui composent l’écologie politique qu’ils mythifient d’autant plus qu’elle n’a jamais existé. Ils font ainsi la preuve de leur rapport semi-professionnalisé au politique, acceptant d’un côté de se soumettre à la logique – à la fois politique et médiatique - « rassembleuse » de l’élection présidentielle, et refusant, de l’autre, de prendre le risque de la faire aux dépends de leurs propres intérêts organisationnels du moment.
 
Of one « primary election » in the other one.  Les Verts-EELV between partisan opening and political legitimization
 
Since their constitution as a political party in 1984, Verts-EELV competed five times to the French presidential election. According to the militant history, they were every time faithful to the tradition which already livened up the ecologists during the elections of 1974, and which made, of their candidate, the winner of one « primary election ». This desire for this candidate mode of selection can nevertheless be envisaged only with regard to the ambiguous relation which the ecologists maintain at the same time with the logics of the political arena and with that of the presidential election. In this context, and while the stake for them consists essentially in the realization of a score allowing them to impose to their partners the most favorable balance of power, the exercise of « primary election » hangs a quite particular meaning. To take literally the will of the ecologists to appear as pioneers of this exercise, also invites to specify, for each kind of election, the practical modalities of designation and the outlines of the electorates which allowed the ecologists, then the Verts-EELV strictly speaking, to select, for every presidential election, their candidate. This part of the analysis allows to perceive, beyond the processes of institutionalization and relative presidentialization of the party, the strategies of movement of the partisan border in which are engaged the actors, and to wonder, beyond the question of (il)legitimacy of candidacies, on the effects of these strategies from the point of view of the militant collective. Besides, this will also invites to wonder about the practical relation that the activists maintain with politic at the moment to choose their candidate and witch conditioned widely the choice criteria of their candidates. The analysis of the ecologist « primary election » so allows to show how Verts-EELV, worn-out to the presidential candidacies " of testimony ", make « primary election » the occasion to realize, around them, a unification of the organizations which compose the political ecology which they mythicize especially as it has never existed. They so give evidence of their semi-professionalized relation in politics, agreeing on one hand to submit itself to the political and mediactic "unifier" logics of the presidential election and refusing, the other hand, to take the risk of making it in depend on their own organizational interests of the moment.


Paulo José Canelas Rapaz (Université Paris 2 Panthéon Assas)

Les primaires ouvertes du Partido Socialista : une manœuvre politique sans lendemain ou une novation durable dans le système politique portugais

Le 28 septembre dernier, António José Seguro, Secrétaire Général du Parti Socialiste portugais (PS), a perdu les premières primaires « ouvertes » ayant eu lieu dans le pays. Il les avait pourtant mises en place pour contrer son adversaire interne, António Costa. En d’autres termes, si le premier a considéré, dans une perspective rationnelle, cette nouvelle procédure comme une voie pour se maintenir à la tête du parti, c’est un échec. Cumulé à la surprise qu’a constituée l’irruption de cette procédure dans la vie politique portugaise et ce qu’elle devait déterminer, « candidat au poste de Premier Ministre », cet échec rend crédible les soupçons de volonté manipulatoire du Secrétaire Général.  
Il est vrai que cette procédure s’inscrit dans une évolution des scènes politiques vers une plus grande personnalisation du choix électoral et « présidentialisation » des titulaires de fonctions gouvernementales/exécutives. Il est vrai que le PS portugais a été le premier à établir l’élection directe de son leader par le suffrage universel de ses adhérents dès les années 90, contrairement aux autres partis de gouvernement qui attendirent la moitié de la décennie passée. Cependant, selon un regard comparé, les primaires n’ont pas été établies ni pour légitimer et donner un « momentum » à un leader ni pour passer outre des blocages de la démocratie interne du parti. De plus, les élections législatives ne se déroulant qu’en septembre 2015, l’éventuel bilan de ces premières primaires ne peut pas être encore totalement appréhendé. Reste que le double surgissement des primaires et « du candidat au poste de PM »,  même sans lendemain et malgré ses origines, ont en lui-même constitué une novation dans le système politique portugais, notamment au regard de l’organisation de ses pouvoirs publics.     

Partido Socialista’s «open» primaires : a one-time political ploy or a lasting innovation within the Portuguese political system?

Last September the 28th, António José Seguro, the Socialist leader, lost the first Portuguese «open» primaries. That day, he might have wished he had not set them up to counter the leader of his inside opposition, António Costa. In other words, from a rational choice point of view, if the former António thought of this new procedure as a way to stay in power, it is a failure. Adding to the storming newness of the primaries and their functional aim – choose a «Prime Minister candidate», another unknown “device” in Portuguese politics – this un-success gives credit to the allegations of political maneuvering weighing on António José Seguro’s shoulders.  
On the other hand, the «open» primaries are in line with the «personalization»/«presidentialization» of politics. In fact, the Partido Socialista was also the first – in the mid-90’s – to choose a direct election of its leader by all party’s members; the other governing parties waited until the mid-00’s. Nevertheless, from a comparative stand, these primaries do not fit well with «ratification»/«competitive» primaries’s categories, neither did they aimed to give electoral momentum to the winner, or were they set up to overcome some internal gridlock. Furthermore, general elections are yet to come and, thus, a firm assessment on these first Portuguese «open» primaries has to partially wait. Despite these singularities and shortcomings, whether the «open» primaries last and expand or not, they are – as the new «Prime Mister candidate» – indubitably an innovation within the Portuguese political system, notably regarding its core political institutions.     
                   

Agnès Alexandre-Collier (Université de Bourgogne)

L'expérience des primaires ouvertes pour la sélection des candidats parlementaires au parti conservateur britannique »

Dès 2003, une série de primaires ouvertes a été introduite par le parti conservateur britannique pour la sélection de ses candidats aux élections législatives, sous la forme d'"assemblées-primaires" et de deux primaires postales dans les circonscriptions de Totnes et Gosport. Partie intégrante de son programme de modernisation, cette innovation a été conçue par David Cameron comme un moyen de démocratiser l’organisation partisane et d'en accroître la représentativité, dans la lignée des réformes organisationnelles de 1998. Partant de la thèse de Richard Katz sur la sélection des candidats dans le cadre du parti-cartel (Katz, 2001), il s'agira de démontrer qu'en établissant une relation directe entre les électeurs et les futurs candidats, les primaires ouvertes, placées sous le contrôle étroit du leadership, portent non seulement atteinte aux structures intermédiaires du parti et modifient l’équilibre des pouvoirs mais elles créent une illusion démocratique en octroyant aux électeurs de nouvelles attributions tout en privant les adhérents de leurs prérogatives. En tant qu'agenda partisan, l'expérience de ces primaires ouvertes introduit aussi de nouvelles hypothèses sur la gestion du parti par Cameron. Leur nombre très limité, à l'approche des élections de mai 2015, tend a suggérer que l'initiative est en train d'échouer et restera sans doute expérimentale. En termes de motivations partisanes, l'expérience illustre les changements organisationnels à l’œuvre au sein du parti mais son échec apparent est plus révélateur que le dispositif lui-même. Il s’agira en effet de montrer que les primaires ouvertes illustrent un nouveau style de gestion partisane qui est plus sensible au risque et symptomatique d'une faiblesse décisionnelle. Associée à un usage récurrent du référendum comme nouveau mode de pratique gouvernementale, les primaires ouvertes peuvent être perçues, dans le cas de David Cameron, comme le signe d'une faible résistance à la pression de la base électorale et d'une vulnérabilité accrue aux divisions internes (sur l'Europe) et aux concurrents externes (UKIP).
 
Open primaries in the British Conservative Party: a failed experiment?
 
In 2003, a series of open primaries was launched by the British Conservative party to select parliamentary candidates at the local level, essentially in the form of "primary meetings" with the exception of two all-postal primaries in the constituencies of Totnes and Gosport. This innovation was designed by David Cameron as part of his modernisation agenda and a means of democratising party organisaiton and enhancing representativeness in the wake of the organisational reforms introduced in 1998. This paper will discuss Katz's thesis of candidate selection as applied to his cartel party model (Katz, 2001) to argue that by creating a direct relation between voters and future candidates, open primaries undermine intermediary party organs and alter the distribution of power, but they also create an illusion of democracy with voters empowered at the expense of party members and party leadership closely controlling the whole process. As part of a party leadership's agenda, open primaries allow wider hypotheses about the nature of party management under Cameron. Their limited number in the run-up to the 2015 general election tends to suggest that the whole initiative is failing or will at least remain experimental. Looking at primaries solely from the perspective of party motivations will allow us to understand how open primaries reveal party organisational changes and why their apparent failure may say more about Cameron's style of leadership than about the innovation itself. Therefore, this paper will further argue that open primaries are indicative of a new style of party management which is more sensitive to risk but consequently weaker in decision-making. Together with an increasing use of referenda as a new government practice, open primaries can indeed be viewed, in the case of David Cameron, as one among several signs of a leader who may be less resistant to grassroots pressure and more vulnerable when faced by divisions (on Europe) or challengers (UKIP).

 
Romain Rambaud (Université Pierre Mendès-France, CRJ)
 
Les primaires ouvertes : une approche juridique

Les élections primaires ouvertes ne sont pas qu’un phénomène politique : leur analyse serait incomplète si l’on essayait de les analyser en faisant abstraction de l’environnement juridique dans lequel elles se situent et qu’elles impactent également. Plusieurs points pourraient retenir l’attention ici, mais on s’arrêtera sur le point le plus sensible : le financement des primaires ouvertes, et leur articulation avec le système des comptes de campagne règlementés. De ce point de vue, en effet, le droit n’est pas stabilisé, et cela n’est pas sans conséquence. Alors qu’au départ, la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) ne faisait pas la distinction entre primaire fermée et primaire ouverte, elle a commencé à faire la différence à partir de l’élection présidentielle de 2012 en intégrant certains dépenses de la primaire ouverte dans le compte de campagne de François Hollande à hauteur, mais seulement, de 350.000 euros. Plus tard, le Conseil d’Etat aura une conception beaucoup plus extensive et considérera, dans un avis du 31 octobre 2013, que toutes les dépenses des primaires doivent être imputées dans les comptes de campagne, selon des règles très complexes dans les villes à statut particulier, organisées en secteurs électoraux, comme Paris, Lyon et Marseille. Pourtant, la CNCCFP n’a pas suivi cet avis et continue d’avoir une politique d’imputation de ces dépenses au cas par cas. L’application de ces règles ne se fait toutefois pas sans difficulté, et de ce point de vue, c’est bien sûr le rejet de six comptes de campagne sur huit à Marseille, par la CNCCFP en novembre 2014 puis par le tribunal administratif de Marseille en février 2015 qui pose question. Peut-on envisager l’hypothèse selon laquelle ce serait un problème lié à la primaire ouverte qui aurait entraîné le rejet des comptes ? À défaut de certitudes, la lecture du dossier, incomplète en raison des réticences de la CNCCFP à faire la transparence sur ses procédures d’instruction, entraîne des soupçons : cherche-t-on à cacher des difficultés sur l’imputation des dépenses des primaires ouvertes ? La question est dans les tous les cas très importante juridiquement, financièrement, mais aussi politiquement : la plus-value politique des primaires ne peut s’apprécier sans la mettre en perspective avec son impact, ou son absence d’impact, sur le financement de la campagne d’un candidat, à la fois au niveau local et au niveau national.  

The organization of open primary elections by the political parties is a recent phenomenon in France. This system was adopted by the Parti Socialiste (PS) for the first time for the presidential election in 2012 with success. It was used as well for some local elections by both the PS and the Union pour un Mouvement Populaire (UMP) in 2014. It is likely be chosen by these two parties for the presidential election in 2017. This paper deals with new legal problems as there is an important issue today as regards the articulation between these new political tools, the political finance and the electoral law. Open primary elections are not a political phenomenon only. They have to be analyzed including their legal environment. Several legal issues exist on this field, but we will focus on the main difficulty: the articulation between these primary elections and the system of campaign accounts. The French law is very strict as regards to political campaign expenses. Besides, the problem to know if (and how) the costs of primary elections have to be included, or not, into the campaign accounts is not so clear. The interpretation of the judges and of the administrative authorities are different. A special difficulty is pending at the moment concerning the city of Marseille, because some campaign accounts have been rejected by the administrative authority (commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, CNCCFP) and by the administrative judge of Marseille, maybe because of these difficulties concerning these primary elections. This paper deals with two crucial points. The first one is an explanation of the rules in political finance in France concerning open primary elections. The second one is a description of the potential effects of these rules on the political competition in France before the next presidential election. It is very likely there will be an important factor of limitation of open primary elections because of French law and this will influence the future political choices.

Laurent Olivier (Université de Lorraine, IRENEE)
 
La trace des primaires socialistes : Appropriation locale et temporelle d'une procédure nationale et ponctuelle  en Meurthe et Moselle
 
La primaire, procédure d'apparente démonopolisation partisane de l'investiture s'inscrit a priori dans une logique globale d'évolution des modes de légitimation et de régulation de l'institution partisane au niveau du « central office ». Elle apparaît comme une élection directe, hors sol, sans enjeux spécifiquement locaux. Pourtant, on peut localement se pencher sur la portée concrète, à court et à plus long terme, de ce dispositif. Le processus des primaires a été l'enjeu de logiques territoriales, puis le support de la construction mythifiée d'un nouveau militantisme. On interrogera alors la trace qu’il a pu laisser, comme par effet de rémanence, comme un label, voire une franchise, dont certaines  modalités de mobilisations peuvent être reproduites sur les pratiques militantes et électorales ultérieures. Ainsi au-delà de sa dimension conjoncturelle et événementielle, la procédure des primaires du PS a pu révéler l'invention d'un territoire électoral original, comme lieu de combinaison des enjeux nationaux et locaux. L’élection primaire est aussi le révélateur de multiples paramètres électoraux et militants (influence des élus et des militants à différents niveaux, trace des affrontements partisans lors des congrès. En définitive on s’interrogera sur la portée du capital d’expertise et d’apprentissage que le dispositif a généré, et sur sa capacité à 'constituer un réservoir de sympathisants susceptible d’alimenter les effectifs du parti et faire évoluer ses pratiques militantes.
 
The footprint of socialist primary election. Local and temporal appropriation of a national and ponctual in Meurthe-et-Moselle
 
The primary election, as a procedure of apparent partisan demonopolization of nomination is a priori part of a global logic of changing modes of legitimation and regulation of party institution at the "central office". It appears as a direct « above ground » election, without specifically local issues. Nevertheless we can analyse at a local level the short and longer term concrete scope of this device. The process of primary election has been the issue of territorial logics and the support of the mythical construction of a new activism. Then, we question the trace it could leave, as by remanence, as a label or a franchise, whose some modes of mobilizations can be replicated on subsequent activists and electoral practices. Thus beyond its cyclical  dimension, the procedure of the primary PS might have revealed the invention of an original electoral territory as a place of combination of national and local issues. The primary election also reveals multiple electoral and activists parameters (influence of elected officials and activists at different levels, traces of the party confrontations during conferences). Ultimately we will consider the scope of the capital of expertise and learning that the device has generated, and its ability to 'constitute a tank of supporters likely to make the party membership growing and to change its activist practices.

 
Giulia Sandri (Université catholique de Lille) Antonella Seddone (Université de Cagliari)
 
Adhérents de partis et votants aux primaires: différents profils, différents comportements de vote ? Le cas Italien

Le degré d’inclusivité des modes de sélection des candidats aux élections (présidentielles, locales, législatives) et des modes de désignation du leader du parti est en train d’augmenter non seulement aux Etats-Unis, mais aussi dans plusieurs pays Européens. Les adhérents, les militants et parfois les électeurs ou les sympathisants sont aujourd’hui intégrés dans ces procédures de sélection et ont la possibilité, sinon de décider, du moins d’influencer la procédure en faisant entendre leur voix (Treille et Faucher-King, 2003 ; Cross et Katz, 2013). Dans le cas des primaires dites ouvertes, tant les adhérents que les sympathisants sont intégrés au processus de sélection, sans que l'adhésion partisane soit un prérequis. Certains auteurs soulignent que, dans les partis qui ont adopté ces procédures très inclusives de désignation des leaders et des candidats, ces changements organisationnels semblent affecter les structures partisanes en réduisant les marges pour différencier clairement entre le rôle et le profil des adhérents et ceux des sympathisants (Katz, 2001 ; Bolleyer, 2009).
Notre papier se propose donc de se pencher de façon tant empirique que théorique sur cette question et d’explorer en particulier les profils, attitudes et motivations des deux groupes de participants aux primaires ouvertes, les adhérents et les votants/sympathisants. Cette réflexion nous amène aux questionnements suivants: qui sont les participants aux primaires? Est-ce que la sociologie électorale des votants diffère de celle des adhérents de partis ? De plus, la littérature américaine a montré l’existence d’un lien entre le caractère inclusif des procédures de sélection des candidats et le positionnement idéologique des votants (Norrander, 1989 ; Kaufmann et al., 2005). Les votants aux primaires semblent être idéologiquement plus polarisés que l’électorat général mais moins que les adhérents de parti. Toutefois, la nature de cette relation est plutôt controversée. D’ailleurs, les différences entre adhérents et votants/sympathisants seront explorées non seulement en termes de profil sociodémographique et politique, mais aussi en termes de comportement et de motivations de vote.
Afin d’explorer empiriquement ces questionnements et les hypothèses formulées par la littérature américaine nous nous focalisons sur un cas d’étude spécifique, c’est-à-dire les partis de gauche en Italie et le Parti Démocrate plus spécifiquement. Ce parti a utilisé des primaires ouvertes pour désigner son leader et sélectionner les candidats aux élections depuis sa fondation en 2007. Nous développerons nos analyses à partir d’une base de données empirique originale élaborée sur base de données d’enquête ‘sortie des urnes’ lors des élections primaires de 2012 pour désigner le candidat premier ministre de la coalition de centre-gauche guidée par le PD et lors des élections primaires de 2013 pour sélectionner le leader du PD.

Party members and primary voters: different profiles, different voting behaviour? The Italian case

The degree of inclusiveness of procedures for selecting party leaders and candidates for elections (presidential, parliamentary, local) has been recently and significantly growing. This phenomenon concerns specifically European parties, but also more generally parties in Asian, Latin American and North American countries. Party members, supporters and voters are nowadays often integrated in intra-party decision making; they have been endowed with extensive instruments for making their voice heard by party elites and can influence –if not determine- the procedure for selecting parties’ internal mandates and candidates for election (Scarrow, 2014; Treille & Faucher-King, 2003 ; Cross & Katz, 2013).
In the case of open primaries, where both party members and supporters or sympathizers can take part in the internal ballot, formal enrolment in the party is not a prerequisite anymore for voting. Previous studies have shown that parties which have adopted such inclusive procedures for selecting leaders and candidates sometimes end up facing significant organizational change as a consequence of internal democratization processes (Katz, 2001 ; Bolleyer, 2009). For instance, direct democracy instruments trigger significant modifications in the role and behaviour of grassroots members. The distinction between the role and profiles of members and supporters has become blurred in serval cases of parties using intra-party democracy instruments (Sandri and Pauwels, 2010).
In this paper, thus, we consider the effect of the adoption of open primary elections on party membership and electoral behaviour. The paper focuses on voting behaviour and party attachment of two different groups of primary voters, namely party members and supporters. This paper aims at exploring the differences among the two groups, particularly with regard to socio-political and ideological profiles, political behaviour and party loyalty. What is the difference between members and supporters with regard to voting behaviour and motivations in primary elections? And what is the difference with regard to voting intentions in general elections? In fact, the literature developed on the American case has argued the existence of a link between the inclusive nature of democratic procedures for choosing candidates and leaders such as open primaries and the ideological positioning of both voters and selected nominees (Norrander, 1989; Kaufmann et al., 2005). Primary voters are often considered by scholars as more ideologically polarized than the general electorate, but less than enrolled members.
The case of the Italian centre-left parties, and particularly the Democratic Party, is in this sense relevant, as for over a decade, they have been reaching out to supporters in order to integrate them into decision-making processes, such as selecting the party leader, candidates or the chief executive candidate. We will examine these issues using survey data collected in 2012 during the centre-left coalition’s primary elections and in 2013 during the PD’s party primary for selecting the leader. Through this original dataset, evidence can be found regarding the consequences of the differences in the political profiles between members and supporters regarding their voting behaviour and motivations.

 
Julien Audemard, David Gouard (Université de Montpellier 1, CEPEL)
 
Les primaires citoyennes d’octobre 2011 : entre logique censitaire et influences partisanes locales
 
Cet article propose une explication du vote aux scrutins des primaires citoyennes ayant désigné François Hollande comme candidat du Parti socialiste lors de l’élection présidentielle française de 2012. L’objectif ici est d’interroger la nature et les effets électoraux de l’entreprise de démocratisation proposée par ce type de scrutin ouvert à l’ensemble des citoyens français sympathisants de gauche. Notre démonstration se fonde sur une enquête par questionnaires menée à la sortie de différents bureaux de vote de la ville de Montpellier ainsi que sur une analyse quantitative combinant données électorales et données sociologiques pour l’ensemble des bureaux de vote de la ville. Nos résultats mettent en lumière les logiques censitaires à l’œuvre lors de ce scrutin – ce qui induit une limitation de sa portée démocratique – ainsi que le rôle des structures partisanes dans l’encadrement de la mobilisation et de l’orientation générale des votes.
 
The 2011 primary elections of the French socialist party. Between censal logic and local partisan influences.
 
This paper offers an explanation to the vote at the 2011 primary elections which have designed François Hollande as the candidate of the French socialist party for the 2012 French presidential election. Our goal is to put into question the nature and the electoral effects of this kind of democratic mobilization – for an election opened to all the French citizens who were sympathizers of the socialist party. Our demonstration is based on an exit polls survey driven in Montpellier and on a quantitative analysis of electoral and sociological data for all the polling stations of the city. Our results putt the lights on the censal logics of this election – that imply a limitation of its democratic significance – and the role of the partisan structures in the framing of the mobilization and the orientation of vote.

 
Giuliano Bobba (Université de Turin)
 
Le rôle des primaires dans le débat public : une comparaison entre France et Italie
 
Au cours de la dernière décennie, les élections primaires sont devenues centrales dans la vie politique française et italienne. Ce papier vise à étudier comment les primaires ont été représentés par les systèmes des medias des deux pays. En particulier, l’analyse porte sur le principaux medias traditionnelles, à savoir la télévision et la presse. Pour avoir une vision la plus large possible des diffèrent types de sources ont été considéré : les journaux télévises, la presse quotidienne nationale, la presse hebdomadaire, l’information satirique. Ces différentes sources ont été étudiées pendant les 8 semaines qui précèdent le jour du scrutin.
L’analyse de la couverture médiatique permet de comparer France et Italie par rapport à des thèmes très débattus comme le rôle du parallélisme politique, de la personnalisation et de la « peopolisation » de la politique, ainsi que mieux comprendre si les primaires atteignent leur objectif d'améliorer l'image des partis et, plus en générale, de la politique.
 
The role of primary elections in the public debate: a comparison between France and Italy
 
During the last decade, primary elections became central in the French and Italian political life. This paper aims to study how primary were covered by the media systems of both countries. In particular, the analysis focuses on the major traditional media, including television and the press. To have the widest possible view of different types of sources we considered: TV news bulletins, national daily press, weekly press as well as satirical information. These sources were studied during the 8 weeks before the Election Day.
The analysis of media coverage allows to compare France and Italy as regards several highly debated topics such as the role of political parallelism, personalization and popularization of politics policy. It also allows to understand whether primaries reach their goal of improve the image of the parties and, more in general, that of politics.

 
Hélène Combes (Sciences Po Paris, CERI)
 
Carrière d’une procédure : 20 ans d’élections internes et primaires au sein du Parti de la révolution démocratique au  Mexique

Primaries, Internal elections and democratic transition: the case of the Party of the Democratic Revolution in Mexico (1989–2000)

This article examines the introduction and consequences of internal and primary elections in the Party of the Democratic Revolution (PRD) during Mexico’s democratic transition. The PRD adopted the primary and internal election system in 1993 to select candidates (from mayors to the President), as well as party officials at the local and national levels. In1996 the PRD participation became very inclusive, both for citizens and for candidates: any Mexican citizen became eligible to vote and the requirements to stand for office were reduced to a minimum. The first section discusses the symbolic function the internal democratisation of a party’s organisation had for the overall process of democratic transition. The second section analyses the mechanisms and the functional dimension of intra-party democracy. This section points out that internal elections and primaries were used by the different internal factions to attempt to consolidate their position of power within the PRD. The third section seeks to demonstrate that the methods chosen had significant consequences for the party in terms of costs, electoral results, internal power structure, party discipline and shifts in partisan loyalties.
 
Walter Nique Franz (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, CESSP – CRPS/ Capes Foundation – Brésil)
 
Les petits partis et les primaires ouvertes en Argentine : entre contraintes et opportunités. Le cas de la coalition Proyecto Sur – UNEN
 
Par la réforme électorale du 2009 les partis argentins ont été dépossédés de leur monopole dans le processus de sélection de candidats aux postes nationaux. Les candidatures sont désormais dirimées dans des élections primaires simultanées, ouvertes et obligatoires. Cet article a un double objectif. D'une part nous souhaitons revenir sur le processus sinueux de mis en place des élections primaires afin de faire ressortir les enjeux et les luttes politiques qu’y sont subjacents. D'autre part, nous nous intéressons aux implications du nouveau cadre réglementaire sur les petits partis politiques et nous réfléchissions aux usages stratégiques qui en font les acteurs. Le suivi de la campagne de l’un d’entre eux nous permettra de rendre compte empiriquement des difficultés pratiques affrontées par les acteurs.
 
By the electoral reform of 2009, Argentine’s parties were dispossessed of their monopoly in the selection process of candidates for national positions. Nominations are now settle in simultaneous primary elections, open and mandatory. This article is twofold. On one hand we aim to return to the winding process established primary elections to highlight the issues and political struggles that are subjacent. On the other hand, we consider the implications of the new regulatory framework for small political parties and reflect on the strategic uses that make the actors. The observation of the campaign of one of the smalls parties will expose in an empirical way the practical difficulties faced by the actors.
 
Clémentine Fauconnier (Sciences Po Paris, CERI)
 
Des primaires dans un système non-compétitif ? Usages et effets de la mise en concurrence entre les candidats du parti Russie Unie »
 
Cette contribution s’intéresse aux processus d’adoption et de mise en place de primaires ouvertes au sein du parti Russie Unie ainsi qu’à leurs effets sur les dynamiques de construction partisane.
Créé en 2001 pour soutenir le Président Vladimir Poutine, Russie Unie domine largement le paysage politique russe. Disposant de plus de la moitié des sièges à la Chambre basse du parlement depuis 2003, le parti est également majoritaire dans l’ensemble des régions aussi bien dans les branches exécutives que législatives du pouvoir. Depuis le tournant des années 2000, la formulation d’une voie spécifique de construction de la démocratie a constitué un argument central dans les discours de légitimation des dirigeants tandis que ces derniers présentent toute critique des gouvernements occidentaux à l’égard du système russe comme une volonté d’ingérence étrangère au détriment des intérêts nationaux. Pourtant, l’exemple des partis politiques étrangers joue un rôle un rôle central dans la structuration du parti pro-présidentiel. En témoigne la mise en place à partir de 2007 de « primaires », appelées en russe praïmeriz en référence à la prononciation anglo-saxonne. Si les instigateurs de cette opération se réclament ainsi de l’exemple américain, les primaires à la russe s’en distinguent en premier lieu par le fait que ces votes internes ne concernent pas la désignation du candidat à la présidentielle mais les candidats à la députation aussi bien à l’assemblée nationale - la Douma - que dans les parlements régionaux.
Quels sont les enjeux de l’organisation de primaires pour un parti comme Russie Unie qui, en raison de caractère non-compétitif du système politique russe, ne participe pas aux élections à égalité avec l’opposition et voit sa victoire quasi assurée à chaque scrutin ?
Cette contribution s’appuie sur une enquête empirique menée en Russie auprès des candidats des primaires du parti. Elle vise à contribuer à une réflexion comparative sur la diffusion des primaires dans différents organisations partisanes et contextes politiques en interrogeant trois dimensions principales de la mise en place des votes internes de sélection des candidats dans le parti pro-présidentiel russe :
 -    Le rôle de la circulation et la réappropriation de dispositifs étrangers dans la structuration d’un parti dans un système non-compétitif : quelle place occupe la mise en place de primaires – et les références aux organisations partisanes occidentales qui l’accompagnent – dans les arguments de légitimation des représentants du parti ?
-    La question de la porosité des frontières partisanes dans un parti pro-présidentiel de centre-droit qui valorise moins l’investissement militant que le soutien unanimiste à Vladimir Poutine. Quels débats et tensions provoque  au sein du parti le fait que des candidats non-membres de Russie Unie peuvent participer aux primaires ?
-    Les effets de ces opérations - tenues de façon régulière depuis 2007 pour l’ensemble des élections dans la branche législative du pouvoir - dans le recrutement et la professionnalisation du personnel politique : dans quelle mesure l’organisation de primaires s’accompagne-t-elle d’un renouvellement des élus et/ou d’une forme de socialisation aux activités politiques pour les candidats-profanes?
 
Primary elections in a non-competitive system : What is at stake in the competition between the candidates of the United Russia party ?

This contribution focuses on the adoption and implementation of primary elections within the United Russia party and their effects on partisan construction.
Created in 2001 to support President Vladimir Putin, United Russia dominates the Russian political landscape. With more than half the seats in the lower house of parliament since 2003, the party is also majoritarian in all regions in both the executive and legislative branches of power. Since the turn of the 2000s, the formulation of a specific path of democracy building was a central argument in the Russian leader’discourse, presenting any criticism of Western governments with regard to the Russian system as willingness of foreign interference at the expense of national interests. Yet the example of foreign political parties play a crucial role in the structuring of the pro-presidential party, as evidenced by the introduction of primaries («praïmeriz » in Russian in reference to the Anglo-Saxon pronunciation) from 2007. If the instigators of these operations align themselves with the American example, the Russian primaries are distinguished by the fact that these internal votes do not involve the appointment of a presidential candidate but candidates for deputies both in the National Assembly - the State Duma - as in regional parliaments.
What is at stake in the implementation of primary elections in a party that – given the non-competitive nature of the Russian political system - does not participate in elections on equal terms with the opposition?
This contribution is based on an empirical survey conducted in Russia from the candidates of the party's primaries. It aims to contribute to a comparative reflection on the diffusion of primary party organizations in different political contexts and by questioning three main dimensions of the implementation of internal votes to select candidates in the Russian pro-presidential party:
- The role of the circulation and appropriation of foreign processes in the structuring of a party in a non - competitive system: what role plays the organization of primaries - and references to Western partisan organizations that accompany it - in the discourses of legitimization of party representatives?
- The porosity of partisan borders for a pro-presidential center-right organization that values support for Vladimir Putin more than partisan activism. What debates and tensions does the fact that non-members of United Russia candidates may participate in the primaries create within the party?
- The effects of these primaries – that are regularly held since 2007 for all elections in the legislative branch of power - in the recruitment and professionalization of elected officials : to what extent does the organization of primaries contributes to the renewal of elected officials and/or provides some political socialization for new candidates?


Christine Zumello (Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle)
 
Primaires et partis politiques aux Etats-Unis: une homothétie démocratique variable. Retour sur le 20ème siècle »
 
Les élections primaires présidentielles américaines sont apparues au tout début du vingtième siècle comme un système alternatif à un processus de désignation des candidats sclérosé (smoke filled room nomination) et anti-démocratique. Elles ont très rapidement, dès la fin de la Première Guerre Mondiale, décliné. Très vite transformées en « concours de beauté », elles ont été vidées de leur sens par les machines politiques partisanes et disséminées par le terrain du fédéralisme. Ce n’est qu’à partir de la fin des années 1960, sous l’effet conjugué de la Guerre du Vietnam, des luttes pour les droits civiques et les révoltes urbaines, que le parti Démocrate entame un long processus de réforme tous azimuts du fonctionnement des élections primaires. Une série de chocs homothétiques, qui seront théorisés, parcourent ainsi les élections primaires présidentielles au cours du vingtième siècle. Des éléments techniques sont codifiés, les barycentres fédéraux sont aussi remis en cause, sans véritablement aboutir, grâce à l’adoption du Super Tuesday en 1988. Cette primaire nationale – une fronde fédéraliste – ne parvient pas à déloger l’Iowa et le New Hampshire de leur « primauté calendaire », anti-représentative, qui est aussi une caractéristique paradoxale des élections primaires présidentielles. Les batailles partisanes engagées par le Tea Party, au sein du parti républicain, depuis 2009, continuent, un temps, de rappeler l’homothétie, ici déformante, entre l’existence des partis américains dans les états (grassroots) et leur présence nationale, qui est tout l’enjeu de l’élection présidentielle. Le « spin » nécessaire à cette translation est exacerbé par la communication virale portée par internet qui prend tout son essor à partir de l’élection présidentielle de 2008, précédée par la stratégie de Howard Dean en 2004.
Cette communication analysera les élections primaires présidentielles comme objet d’abord alternatif, puis rapidement vidé de son sens, et, aujourd’hui à la fois iconoclaste et légitimant d’un processus électoral démocratique.
 
Presidential Primaries in the United States : The democratic homothetic game. Reflexions on the 20th century
 
American presidential primary elections were « invented » at the very beginning of the 20th century as an alternative system to a sclerotic and anti-democratic nomination system dominated by « smoke filled room decisions ». They nonetheless very quickly declined and were deprived of their original intent right after the WWI. Dubbed ‘beauty contests’, they were again taken over by partisan political machines and disseminated by the workings of federalism. Towards the end of the 1960s, under the impetus of the Viet Nam War, the Civil Rights Movement and urban riots, the revamping of ‘representation in nominations’ led the Democratic party into a long reform process of presidential primary elections. A series of homothetic shocks, which we will theorize, pervade the story of presidential primaries during the 20th Century. Technical elements are increasingly codified, federal barycenters are questioned, fumbling with elusive solutions, and lead to the adoption of a pseudo ‘national’ primary in 1988, aptly named Super Tuesday. This attempt at organizing a national primary could not dislodge Iowa and New Hampshire of their chronological precedence which is both a paradoxical idiosyncrasy of the primary season and a clear mark of its lack of national representativeness. The partisan battles that have been waged by the Tea Party since 2009 are, again, a reminder of the paradoxical homothetic relation that binds national political parties in the United States and their grassroots existence. The necessary spin that goes into that translation is exacerbated by the viral communication of the Internet which comes in full bloom in the presidential election of 2008 but which had been foreshadowed by Howard Dean’s strategy in 2004.
This paper will analyse presidential primaries as an initial alternative object, which was rapidly stripped of any political significance to rise again as an iconoclast and legitimizing political and democratic process towards the end of the century.


Participants

Alexandre-Collier Agnès Agnes.Collier@u-bourgogne.fr
Audemard Julien julien_audemard@yahoo.fr
Bachelot Carole carole.bachelot@univ-lorraine.fr
Bobba Giuliano giuliano.bobba@unito.it
Canelas Rapaz Paulo José canelasrapaz@gmail.com
Combes Hélène helene.combes@sciencespo.fr
Faucher Florence florence.faucher@sciencespo.fr
Fauconnier Clémentine klimintine@gmail.com
Gouard David gouardd@yahoo.fr
Haegel Florence florence.haegel@sciencespo.fr
Jérome Vanessa vanessa0jerome@gmail.com
Kosmopoulos Dimitrios dimitrioskosmopoulos@yahoo.com
Lefebvre Remi remi.lefebvre@univ-lille2.fr
Nique Franz Walter nique_franz@hotmail.com
Nostitz Felix-Christopher von fv206@exeter.ac.uk
Olivier Laurent laurent.olivier@univ-lorraine.fr
Rambaud Romain Romain.Rambaud@upmf-grenoble.fr
Sandri Giulia giulia.sandri@univ-catholille.fr
Seddone Antonelle antonella.seddone@unito.it
Treille Eric eric.treille@laposte.net
Zumello Christine christine.zumello@univ-paris3.fr

 

13ème Congrès de l’AFSP à Aix-en-Provence du 22 au 24 juin 2015 à Sciences Po Aix

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