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L’improbable unité de la discipline (1989-1998)

Avec le recul, probablement insuffisant du fait que cette décennie soit encore très proche du temps présent et, plus encore, du temps biographique du rédacteur de cette notice, l’activité de l’Association Française de Science Politique semble avoir trouvé dans les années 1990 son rythme de croisière (ce dont atteste à sa manière la périodicité et la dimension nouvelle de ses Congrès nationaux [Paris, 23-26 septembre 1992 ; Aix-en-Provence, 23-26 avril 1996]) et témoigne de l’adéquation qui existe désormais entre l’offre scientifique proposée par le Conseil d’administration de l’AFSP et les attentes et spécificités nouvelles de ses membres.
iepaixDe ce point de vue, le répertoire d’action scientifique de l’association reflète assez bien les transformations d’une discipline devenue professionnelle et en train de connaître alors un processus de diversification thématique qui rend de plus en plus improbable la possibilité de penser l’unité de la discipline1. Là est probablement le paradoxe de cette période : la professionnalisation de la discipline est acquise, avec notamment l’avènement de nouvelles générations d’enseignants et de chercheurs ayant été formés par et pour la science politique ; mais cette professionnalisation se traduit aussi par une différenciation de plus en plus poussée tant du point de vue méthodologique que des domaines de recherche des membres de l’AFSP2. D’où une tendance largement vérifiée aujourd’hui à proposer une programmation presque entièrement tournée vers ceux qui vivent de et pour la science politique3 et un penchant fort à spécialiser par sous-disciplines (les relations internationales, la sociologie électorale, l’analyse des mouvements sociaux, la vie politique locale, les politiques publiques, les institutions politiques…) les activités de l’AFSP. Le développement récent des sections d’étude et des groupes de travail de l’association trouve dans ce processus de spécialisation l’un de ses vecteurs principaux4. Ce processus trouve aussi son origine dans l’ouverture de la science politique de cette époque aux autres sciences sociales. Cette ouverture n’est pas nouvelle comme le montre les autres notices décennales de ce site mais elle prend une ampleur inégalée du fait de l’apparition au sein même de la discipline d’une hybridation disciplinaire ouverte tant au métier de sociologue (ouverture largement engagée dans la décennie précédente) qu’au métier d’historien. Insensiblement le dialogue interdisciplinaire5 est complété par le développement d’une approche transdisciplinaire faite de multiples braconnages méthodologiques, empiriques ou conceptuels6. Ce point mérite d’autant plus d’être souligné qu’il atteste de la possibilité de concilier l’impératif de professionnalisation de la discipline avec un refus de tout repli universitaire ou académique sur une définition fermée de la corporation des politistes7.

À sa manière l’AFSP des années 1990, présidée respectivement par Georges Vedel (jusqu’au Congrès national de Paris en septembre 1992), puis par Jean Leca qui quittera son poste, le 15 septembre 1994, pour rejoindre la présidence de l’AISP-IPSA et sera remplacé par Jean-Louis Quermonne, va accompagner cette mutation rapide qui rend assez vite obsolète certaines classifications opérées quelques années auparavant. Il conviendrait notamment ici de relire les développements que consacrait Pierre Favre, lors de la Journée du 19 juin 1980, aux divisions paradigmatiques qui traversaient alors la science politique française pour prendre la mesure de l’évolution accomplie dès la fin des années 1980. Parmi les six problématiques relevées alors par l’auteur8, plusieurs ont d’ores et déjà quitté l’agenda de la discipline : c’est notamment le cas des problématiques « marxistes » et « psychanalitiques ». Les « problématiques constitutionalistes », encore largement présentes dans la décennie précédente, se sont estompées sans toutefois disparaître9. À l’inverse, les problématiques « empiristes » et « sociologistes » se sont largement diversifiées et en viennent à remplir l’essentiel de l’espace scientifique de la science politique10. Ces transformations contribuent au tournant idiosyncrasique que connaît alors la discipline (notamment symbolisé, mais pas seulement, par le développement des travaux de sociologie historique interprétative témoignant du « goût de l’archive » désormais partagé par les politistes et les historiens) et, ce souvent au détriment des « problématiques extensives » repérées par P. Favre dans son rapport de 1980.

En raison du caractère largement silencieux de cette révolution paradigmatique, le répertoire d’action de l’AFSP reste marqué par des éléments de continuité forts qui reflètent la volonté de l’association de contribuer patiemment à la production et à la diffusion d’un savoir cumulatif en science politique. Quittant toutefois régulièrement ses « sentiers de dépendance », le Conseil d’administration de l’AFSP saura aussi encourager de nombreuses ouvertures disciplinaires et ainsi nourrir une certaine « imagination » politologique qui doit beaucoup au caractère de son Secrétaire général de l’époque : Jean-Luc Parodi ((À la mort de Georges Lavau, Jean-Luc Parodi acceptera de cumuler sa fonction de Secrétaire général de l’AFSP avec celle de directeur de la rédaction de la RFSP à partir de 1991. Poste qu’il occupe jusqu’à la fin de l’année 2008.)). Du côté cumulatif, il convient notamment de souligner l’importance encore largement accordée à la thématique électorale11, désormais abordée – plus que dans le passé – dans des perspectives comparées :

  • 14 février 1989 : Journée d’études à propos de l’enquête du CEVIPOF sur « Les Français et la politique en 1988. Premiers résultats » ;
  • 7-8 juin 1990 : Colloque « Entrées dans l’âge adulte et politique » (sous la responsabilité scientifique d’Annick Percheron) ;
  • 15-16 novembre 1990 : Colloque « Les agriculteurs aux urnes » (organisé en partenariat avec l’Association des Ruralistes Français) ;
  • 24-25 janvier 1991 : Colloque « Voter en Amérique latine » (sous la responsabilité scientifique de Georges Couffignal) ;
  • 27 mars 1991 : Colloque « La ré-invention démocratique : les premières élections en Europe de l’Est » (sous la responsabilité scientifique de Jacques Rupnik) ;
  • 3-4 juin 1993 : Colloque sur « Les écologistes et la perturbation du système politique » ;
  • 8 avril 1994 : Journée d’études sur « Les élections législatives en Italie » (sous la responsabilité scientifique d’Hughes Portelli) ;
  • 27-29 avril 1994 : Colloque sur « Les primaires ou la sélection des candidats présidentiels » (sous la responsabilité scientifique de Claude Emeri et Jean-Luc Parodi) ;
  • 17-19 janvier 1996 : Colloque sur « Les indicateurs socio-politiques aujourd’hui » (sous la responsabilité scientifique de Jean-Luc Parodi et Elisabeth Dupoirier) ;
  • 13-14 novembre 1997 : Colloque sur l’« Analyse comparative des données socio-politiques : les enquêtes Eurobaromètres » (sous la responsabilité scientifique de Pierre Bréchon et Bruno Cautrès).

Cette préoccupation électoraliste traditionnelle, présente depuis la fondation de l’AFSP, n’interdit pas de parcourir d’autres sentiers en s’ouvrant notamment aux problématiques anthropologiques ou socio-historiques relatives notamment à la représentation politique :

  • 17-19 octobre 1990 : Colloque sur « La popularité politique » ;
  • 14-15 mars 1991 : Colloque sur « Héritage politique et parenté. Une approche locale de la reproduction du personnel politique » (sous la responsabilité scientifique de Claude Patriat et Jean-Luc Parodi) ;
  • 8-9 décembre 1992  : Colloque « L’acte du vote en question. Expériences françaises et étrangères de la pratique électorale » (en partenariat avec le CRPS et sous la responsabilité scientifique d’Yves Déloye et Olivier Ihl) ;
  • 22-24 janvier 1998 : Colloque « Cuisine et politique » (en partenariat avec l’IEP de Bordeaux et le CEAN, sous la responsabilité scientifique de Christian Coulon).

Cette ouverture à l’anthropologie historique du politique se traduit aussi par l’inscription sur l’agenda scientifique de l’association d’un Colloque original consacré au « For intérieur » (13-14 octobre 1994, en partenariat avec le CURAPP et sous la responsabilité scientifique de Claudine Haroche) et, dans la foulée, par celui portant sur « Le protocole ou la mise en forme de l’ordre politique » (en partenariat avec le CRPS et sous la responsabilité scientifique d’Yves Déloye, Claudine Haroche et Olivier Ihl, 7-9 juin 1995). L’activité politique non conventionnelle fait l’objet d’investigations neuves dans le cadre de la Journée d’études sur « Les mobilisations collectives en France aujourd’hui » organisée le 28 janvier 1993. De son côté, le monde syndical fait l’objet d’un important colloque international bientôt suivi d’une publication, les 9-10 mars 1989, en portant l’accent sur « La crise des syndicats en Europe occidentale » (sous la responsabilité scientifique de Geneviève Bibes et de René Mouriaux et avec le partenariat du CERI).

Les dimensions locales de la vie politique sont aussi particulièrement présentes particulièrement à l’initiative du Groupe « Local et politique », fondé en 1988 à l’initiative d’Albert Mabileau :

  • 30-31 mai 1991 : Colloque « Le local dans les sciences sociales» (sous la responsabilité scientifique d’Albert Mabileau) ;
  • 17-18 octobre 1991 : Colloque « 1972-1982-1992 : deux décennies de régionalisation » (en partenariat avec le Conseil régional de Picardie et Le Monde).
  • 4 novembre 1994 : « L’identité politique locale » ;
  • 25 et 26 septembre 1997 : Colloque sur les « Politiques locales et transformations de l’action publique en Europe » (en partenariat avec le CERIEP de l’IEP de Lyon et le CERAT) ;
  • 24 et 25 novembre 1994 : Colloque sur les « Séparatismes ou protestations territoriales en Europe occidentale ? » (en collaboration avec l’Equipe de recherches sur les Mutations de l’Europe et de ses sociétés, sous la responsabilité scientifique de Christian Bidegaray).

En plus des activités régulières du Groupe d’études des relations internationales [GERI12], plusieurs manifestations importantes intéressent la vie politique internationale : Journées d’études sur « Politique extérieure et opinion publique » (7-8 décembre 1989, sous la responsabilité de Michel Girard) ; Colloque sur « L’international sans territoire » (16-17 mars 1995). Cette dimension internationale est également particulièrement présente dans le Colloque proposé par Samy Cohen et consacré aux « Questions de méthode : interviewer les élites dirigeantes en France » (14-15 mars 1996). Prolongeant les acquis de la décennie précédente, plusieurs manifestations contribuent aussi au développement des problématiques relatives à l’analyse des politiques publiques qui occupent une place de plus en plus forte dans la discipline :

  •  7-8 février 1991 : Colloque « Le modèle français d’administration est-il en crise ? » (sous la responsabilité scientifique de Pierre Muller) ;
  • 11-12 avril 1991 : Colloque « Le gouvernement des universités : Perspective comparative » (en collaboration avec le CSO et sous la responsabilité scientifique d’Erhard Friedberg et Christine Musselin) ;
  • Février 1994 : Journée d’études du Groupe « Politique en Grande-Bretagne » sur « Les réseaux de politique publique » (en partenariat avec le CERAP et sous la direction scientifique de Patrick Le Galès et de Mark Thatcher) ;
  • 23-24 mars 1994 : Colloque « Politiques publiques en Europe » (sous la direction scientifique d’Yves Mény, Pierre Muller et Jean-Louis Quermonne) ;
  • 11 octobre 1996 : Colloque sur « Les politiques de sécurité en France et en Grande-Bretagne » (sous la responsabilité scientifique de Claude Journès et du Groupe de travail « Politique en Grande-Bretagne ») ;
  • 11-12 décembre 1996 : Colloque du 25e anniversaire du Ministère de l’Environnement : « Vingt-cinq ans d’administration de l’environnement ».

sorbonneL’ouverture internationale de l’AFSP se traduit aussi par une présence forte des thématiques comparatives et des études consacrées aux aires culturelles13 dans l’agenda de l’association et notamment dans celui des deux Congrès nationaux de l’AFSP de 1992 et de 1996 ((A titre d’exemple, citons la Table ronde du Congrès national d’Aix-en-Provence des 23-26 avril 1996 proposée par Michel Camau et consacrée aux « Voies et moyens d’une banalisation d’une aire culturelle : approches du politique dans le monde arabe et musulman » ou encore le colloque international organisé, en partenariat avec le CERI les 6 et 7 décembre 1996 sur  « Les « néo-communistes » dans les transitions démocratiques est-européennes ».)). Rétrospectivement, à la veille du départ de Jean-Luc Parodi du Secrétariat général de l’AFSP qui sera remplacé après le Congrès de Rennes par Pierre Muller, la programmation scientifique de cette décennie atteste amplement des métamorphoses de la discipline et de l’intensification de sa vie associative. Alors que, lors des premières décennies de son histoire, l’association organisait annuellement deux parfois trois manifestations qui débouchaient sur un nombre limité de publications, le rythme des rencontres scientifiques et des publications collectives dont elle est responsable atteint un seuil impressionnant dont atteste le graphique ci-dessous. Si, à son origine, la création de l’AFSP précède l’existence de la discipline qu’elle a vocation à représenter (et par là-même à faire alors exister de manière artificielle) ; désormais, la science politique est suffisamment reconnue sur un plan institutionnel et scientifique pour s’incarner dans une association qui a toutefois su rester ouverte aux autres sciences sociales.

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Notice historique rédigée par Yves Déloye


Notes


  1. Cette diversification thématique se reflète notamment dans l’éclatement du paysage éditorial des revues rattachées à la discipline dans les années 1990-2000. Longtemps représenté principalement par la Revue Française de Science Politique, éditée conjointement depuis 1951 par la FNSP et l’AFSP, ce paysage éditorial est désormais complété par plusieurs revues spécialisées dont la revue Cultures et Conflits en 1990 ; la Revue Internationale de Politique Comparée, créée en 1994 ; Pôle Sud, créée la même année par le CEPEL à Montpellier ; Critique Internationale, créée en 1998 par le CERI ; Raisons Politiques, fondée en 1998 et plus récemment Politique Européenne fondée en 2000. Un autre indicateur de cette spécialisation se trouve dans les débats relatés par l’ouvrage publié en 1998 par Pierre Favre et Jean-Baptiste Legavre au nom de l’Association des Enseignants et Chercheurs en Sciences Politique (AECSP) : Enseigner la science politique, Paris, L’Harmattan, 1998. 

  2. Cette professionnalisation se traduit aussi par une intensification de la concurrence entre les candidats aux métiers de la science politique qui, faute de voir le nombre de postes proposés par les Universités ou les laboratoires suivre l’évolution des effectifs des doctorats en science politique soutenus, entrent dès ce moment dans une situation de précarisation qui ne cessera de se renforcer. Pour ces derniers, la participation aux activités scientifiques de l’AFSP devient de plus en plus cruciale et explique la transformation démographique d’une association de plus en plus ouverte aux jeunes générations. Cette dynamique démographique sera aussi à l’origine de la création en 1996 de l’Association Nationale des Candidats aux Métiers de la Science Politique ANCMSP, qui se donnera justement comme but de favoriser le développement de la transparence dans le recrutement des postes en science politique. Cette nouvelle association sera régulièrement partenaire des activités de l’AFSP visant à promouvoir l’emploi scientifique (Assises de la discipline, Salons des thèses…). 

  3. Comme en atteste le procès-verbal du Conseil d’administration de l’AFSP en date du 21 février 1994, le public qui se déplace pour suivre les activités scientifiques de l’association a changé de nature. Si, à son origine, l’association accueille un public varié tant du point de vue de leur origine disciplinaire (droit, sociologie, histoire, économie…) que de leur occupation professionnelle (enseignants, chercheurs, journalistes, fonctionnaires, hommes politiques…), elle tend progressivement à devenir un milieu associatif beaucoup plus homogène où les spécialistes et professionnels de la science politique (les titulaires de l’enseignement supérieur, de la recherche au CNRS ou à la FNSP avec de plus en plus à partir des années 1980 une ouverture vers les étudiant(e)s de la discipline) occupent une place dominante. Cette transformation morphologique explique que l’association mette fin dans le milieu des années 1990 aux « spectacles scientifiques » (nous citons ici le procès-verbal mentionné plus haut) que représentaient les matinées de l’AFSP. La disparition de ces rendez-vous ouverts à un public d’amateurs éclairés est aussi causé par la multiplication de l’offre scientifique de l’AFSP qui affecte l’assiduité à ces manifestations. 

  4. Dans les années 1990, outre le GETUPAR dont l’activité est particulièrement soutenue (avec notamment la Journée d’études consacrées en 1989 aux « Assemblées révolutionnaires et [à] la formation des pratiques parlementaires françaises »), l’AFSP soutient les activités du Groupe Local et Politique fondé par Albert Mabileau à la fin de l’année 1988 ; celle du Groupe d’études sur les relations internationales (GERI, ancêtre de l’actuelle SEI) ; celles du Groupe de travail sur le Référendum approuvé par le Conseil d’Administration de l’AFSP dès 1985 mais dont le lancement officiel a été retardé et interviendra le 10 novembre 1988. Animé par Jean-Luc Parodi, avec la collaboration de Marie-France Toinet et de Laurence Morel, ce groupe  organisera notamment le 27 juin 1997 un Colloque sur « Le référendum, extension ou limite de la démocratie de demain » (sous la responsabilité scientifique de Bernard Manin, Jean-Luc Parodi et Pasquale Pasquino), celles du GEME (Groupe d’Etudes sur les Mouvements Ecologistes) animé par Daniel Boy et Agnès Roche. Patrick Michel, de son côté, pilote le Groupe de travail « Religion, démocratie, démocratisation » qui organisera, les 6-7 juin 1994, un Colloque sur « Religion et démocratisation. Nouvelles situations, nouvelles approches ». De son côté, le Groupe de travail « Politique en Grande-Bretagne » propose notamment le 23 septembre 1994 un Colloque sur « Nation, cultures et relations interethniques ». 

  5. Dialogue interdisciplinaire dont atteste, par exemple, l’organisation, les 19-20 janvier 1989, de deux journées d’étude consacrées aux « Aspects récents de la recherche en psycho-sociologie politique (en collaboration avec la Section de psychologie sociale de la Société Française de Psychologie dirigée alors par Alexandre Dorna). La même volonté de dialogue interdisciplinaire se retrouve les 15-16 mai 1998 à propos du Colloque sur « Coppet, creuset de l’esprit libéral. Les idées politiques et constitutionnelles du groupe de Madame de Staël » (sous la direction scientifique de Lucien Jaume et en partenariat avec l’Association Française des Constitutionnalistes) ou encore dans l’organisation du Colloque « A la recherche de la démocratie continue » organisé à Montpellier, les 2-3 avril 1993, sous la responsabilité scientifique de Dominique Rousseau. 

  6. L’événement éditorial le plus révélateur de cette ouverture aux sciences sociales est probablement le lancement en mars 1987, à l’initiative de l’AESPP (Association des Etudiants en Science Politique de Paris I créé en 1984), du premier numéro de la revue Politix, alors sous-titré Science Politique Sorbonne. Se professionnalisant très vite, cette publication étudiante deviendra, dès l’hiver 1988, Politix. Travaux de science politique. La revue sera successivement éditée par les Presses de la FNSP, L’Harmattan et les publications Hermès Sciences. En 1997, elle devient Politix. Revue des sciences sociales du politique et est désormais éditée par Armand Colin. Sur l’hybridation avec le savoir historique, qu’on me permette de renvoyer à Y. Déloye & B. Voutat, dir., Faire la science politique. Pour une analyse socio-historique du politique, Paris, Belin, 2002 et, récemment, M. Offerlé & H. Rousso, dir., La Fabrique interdisciplinaire. Histoire et science politique, Rennes, PUR, 2008. 

  7. Sur cette nécessaire ouverture, on lira avec profit le manifeste contemporain d’I. Wallerstein, Ouvrir les sciences sociales. Rapport de la Commission Gulbenkian, Paris, Descartes & Cie, 1996. 

  8. Archives AFSP, Fonds J.-L. Parodi, carton 2 AFSP 2, 1ère version du rapport signé par Pierre Favre, « La science politique française et ses problématiques », p. 26-42

  9. Citons ici à titre d’exemple l’important Colloque organisé, les 2-4 mars 1989, sur « 1789 et l’invention de la Constitution » (sous la responsabilité scientifique de Lucien Jaume et Michel Tropper) ou encore celui organisé au moment du 40ème anniversaire de la Constitution de la Ve République à Paris les 7-9 octobre 1998 avec le concours de la Faculté de Droit et Sciences Politiques de Reims et le partenariat de l’Association Française des Constitutionnalistes : « Lectures et relectures de la Constitution de la Ve République ». 

  10. Voir ici l’analyse que propose D. Gaxie de ce tournant sociologique : « La science politique dans les sciences sociales », in É. Darras & O. Philippe eds, La science politique une et multiple, Paris, L’Harmattan, Coll. « Logiques politiques », 2004, p. 127-153. 

  11. L’importance de cette thématique électorale chère à Jean-Luc Parodi se traduit aussi par l’organisation de plusieurs manifestation visant à décrypter la vie électorale française ou européenne : Journée d’études consacrée à « Comprendre les élections régionales » (13 mars 1992) ; Journée de commentaire à chaud des élections régionales et cantonales des 22 et 29 mars 1992 (31 mars 1992) ; Colloque sur « Les élections britanniques de 1992 » (20-21 novembre 1992 en collaboration avec Le British Council) ; Réunion consacrée aux élections prud’homales (27 novembre 1992) ; Journée de commentaire à chaud des élections législatives (30 mars 1993) ; Journée d’études sur « Les élections européennes » (15 juin 1994) ; Conférence de Jack Hayward « Retour sur l’élection présidentielle » le 11 janvier 1996. Signalons aussi ici le Colloque d’hommage à « Frédéric Bon et la science politique française » organisé tant à Grenoble qu’à Paris les 17-18 juin 1992 (sous la responsabilité scientifique d’Yves Schemeil). En mars 1997, l’AFSP lancera un Groupe d’Analyses et de Recherches Electorales (GARE) dont la responsabilité sera assurée par Jean-Philippe Roy. En 2000, à l’initiative d’Annie Laurent, ce groupe deviendra l’actuel Groupe d’Analyses Electorales (GAEL). 

  12. Le GERI sera à l’origine de la Journée d’études sur « La ratification des accords de Maastricht. Analyse comparative » tenue à Paris le 8 janvier 1993 ; de celle consacrée à la « Mondialisation : mythe ou réalité ? » (18 juin 1994, sous la direction scientifique de Marcel Merle) ; de celle du 21 janvier 1995 à propos de « La chute du mur de Berlin : cinq ans après » ; de celle questionnant les articulations entre « Démocratie et relations internationales » le 23 mai 1997 et de celle portant sur la « La démocratie face aux défis de la politique extérieure » du 16 janvier 1998. 

  13. Du 3 au 5 juillet 1989, l’AFSP, en collaboration avec le CEDEJ organise une Rencontre franco-égyptienne sur « L’étude du monde arabe contemporain : approches globales et approches spécifiques ». En mai 1993, l’AFSP accueille à Paris une Conférence de l’AISP-IPSA sur « The Role of Legislatures and Parliaments in Democratizing and Newly Democratic Regime ». 

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