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La consistance des crises. Autour de Michel Dobry 

En avril 2018, les Presses Universitaires de Rennes publient, avec le soutien du CESSP de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et du LABEX TEPSIS, l’ouvrage dirigé par Brigitte Gaïti et Johanna Siméant-Germanos « La consistance des crises. Autour de Michel Dobry ». L’œuvre de Michel Dobry apparaît comme une des plus singulières et fécondes dans l’univers de la science politique contemporaine. Enrichi d’un entretien inédit, cet ouvrage présente une relecture de ses réflexions, et notamment de Sociologie des crises politiques, récemment réédité.

 

L’œuvre de Michel Dobry apparaît comme une des plus singulières et fécondes au sein de la science politique contemporaine. Son maître livre, Sociologie des crises politiques, est aujourd’hui au soubassement des réflexions d’un nombre considérable d’auteurs de la sociologie politique, française comme internationale. Sur des terrains variés, et tout récemment encore à l’occasion des révoltes arabes, les réflexions tirées de Sociologie des crises politiques, récemment réédité, permettent de saisir les logiques des basculements historiques. Parce que sa sociologie a su renouveler le regard sur ces moments où les repères ordinaires disparaissent, où les espaces sociaux semblent perdre leurs consistance et leurs frontières elle permet de suivre et d’interroger ces phénomènes d’effondrement de légitimité. C’est autour de cette catégorie centrale de crise, et plus encore de la consistance des crises, que les auteurs de cet ouvrage sont rassemblés, afin de mettre au travail les concepts centraux de l’œuvre de Michel Dobry.

Extrait de l’introduction :

« Il faudrait rappeler ce qu’a représenté pour beaucoup de jeunes politistes la sortie du livre de Michel Dobry en 1986. Publié aux Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, Sociologie des crises politiques s’inscrivait d’emblée dans la science politique et pourtant… Il a été lu avec peine car l’écriture en est, on l’a assez dit par la suite, assez aride mais surtout parce que ce livre était et reste d’une facture assez inédite, en France en tout cas : pas vraiment « un terrain » mais des retours récurrents sur des phases évènementielles (février 1934, mai 1958 ou mai 1968 en France, l’Allemagne de Weimar, la révolution iranienne de 1978-1979 etc.) appuyés sur une abondante littérature sociologique et historique, sur des témoignages, des thèses… Les travaux, convoqués pour être aussitôt revisités, insérés dans le raisonnement, contribuaient aux opérations de généralisation et nourrissaient une construction problématique structurée par le repérage et les propriétés des conjonctures fluides. Les réflexions théorico-empiriques sur quelques concepts (l’habitus, la légitimation) et outils d’analyse nourrissaient les chapitres et prenaient presque une consistance narrative. Le rapport aux auteurs et à leurs œuvres était lui-même décapant, comme si une sorte de conversation se nouait devant nous avec les textes, avec les concepts, avec les hypothèses et les dynamiques historiques qu’elles éclairaient : Etzioni, Dahl, Goffman, Weber, Easton, Schelling, autant d’auteurs relus, revus, discutés avec un sérieux, et un enthousiasme peu communs; pas de révérence dans la référence mais une capacité à revisiter, déplacer parfois, les interprétations et les usages les plus routinisés des auteurs connus tout autant qu’à faire découvrir des auteurs jusque-là peu lus en France. »
Lire l’introduction…

 

Pour Brigitte Gaïti et Johanna Siméant-Germanos, Sociologie des crises politiques constitue aujourd’hui un équipement intellectuel de base chez un très grand nombre de politistes français et c’est en ayant cela à l’esprit qu’elle ont choisi de mobiliser des chercheurs qui, sans toujours avoir été des étudiants de Michel Dobry, se reconnaissent dans ses questionnements et travaillent avec son œuvre.
Ont contribué à cet ouvrage : Assia Boutaleb, Yves Buchet De Neuilly, Annie Collovald, Bruno Goyet, Jean-Philippe Heurtin, Brian Jenkins, Lilian Mathieu, Frédérique Matonti, Violaine Roussel, Carole Sigman, Zeev Sternhell, Frédéric Vairel et Sebastiao Velasco e Cruz.

Voici le sommaire :

Brigitte Gaïti, Johanna Siméant-Germanos
Introduction. Saisir la consistance des crises

Bruno Goyet
Le « grand récit de France », récit idéologique de l’extrême droite française

Brian Jenkins
L’historiographie du 6 février 1934. Michel Dobry et les dynamiques relationnelles des crises politiques

Zeev Sternhell
La grande pitié de « la thèse immunitaire »

Jean-Philippe Heurtin
Un épisode de la querelle des universaux. Dobry critique de Passeron sur la possibilité d’une connaissance nomologique en sciences sociales

Assia Boutaleb et Violaine Roussel
Comment le monde vacille ou tient ? Liaisons et ruptures intersectorielles

Frédérique Matonti
Histoire sociale des idées politiques, crises politiques et catégories de perception

Sebastião Velasco e Cruz
Crises et quasi crises. Réflexions sur la sociologie des crises politiques de Michel Dobry à partir de l’expérience historique brésilienne

Carole Sigman
Jeux pervers et charme discret de la planification. Les transformations de la gestion de l’économie dans l’URSS de Khrouchtchev (1962-1964)

Yves Buchet de Neuilly
Février 2012 et l’élargissement de l’Union européenne à la Serbie. Coups imbriqués et connexions d’enjeux

Annie Collovald
Filiation, précédent : quelle continuité dans les mobilisations petit-patronales ? Quelques hypothèses sur les relations du CIDUNATI au poujadisme

Lilian Mathieu
Les vertus du point de vue relationnel. Le cas de l’extrême droite radicale contemporaine

Frédéric Vairel
Les formes autolimitées de l’action collective : sur le fonctionnement de l’espace protestataire marocain

Brigitte Gaïti, Johanna Siméant-Germanos
Conclusion

Entretien avec Michel Dobry